CHAPITRE XVIII (Suite)
Au centre équestre, c’est l’effervescence. Julie ne sait plus où donner de la tête. Elle est débordée de toute part.
- Hello Julie, tu as vu Johanna ?
- Bonjour Alice. Non pas encore. Elle m’a appelée. Elle sera un peu en retard.
Alice revient vers moi.
- C’est toujours comme ça les jours de grand départ. On va s’occuper de « Voie-Lactée ». Tu viens ?
Main dans la main, je sens le bonheur de mon amoureuse transpirer par tous les pores de ses doigts. Elle est heureuse. Heureuse de m’immerger dans son univers, heureuse aussi que j’y trouve un certain intérêt voire même un amusement. Je vis ce qu’elle vit et je ne me fais nullement violence. Moi aussi, je suis content d’être là et je suis surtout heureux d’être avec elle.
Je remarque qu’il y a essentiellement des femmes. Je n’ai comptabilisé qu’un seul cavalier. L’ambiance est mondaine. Alice ne me présente pas. Elle se contente d’un signe de tête en guise de bonjour et l’écho s’effectue sur le même protocole. En pleine pandémie, il n’y a rien de surprenant. Des regards furtifs au départ et plus insistant par la suite s’attachent rapidement sur ma personne. Je suis dévisagé de haut en bas. J’ai le désagréable sentiment d’être un objet de curiosité, de ne pas être tout à fait à ma place, de faire tache dans ce monde fermé. Ici, tout n’est que paraître. De la dernière voiture flambant neuve au van le plus sophistiqué en passant par les tenues vestimentaires les plus à la mode et le harnachement des chevaux les plus coûteux. On comprend que la grandeur de l’individu se mesure à la taille de son portefeuille. Dans cet océan de bourgeoisie, Alice est un îlot de simplicité.
- Bonjour Alice, tu vas bien ?
- Bonjour Johanna... Je te présente mon ami, Pascal. Je crois que vous vous connaissez.
Johanna se tourne vers moi. Elle marque un temps d’arrêt. Son visage s’est largement empourpré.
- Bonjour Pascal. Ah, c’est vous ? Je … Je m’attendais à vous trouver ici mais je ne savais pas que vous étiez avec Alice. Je suis confuse.
- Bonjour Johanna. Il n’y a pas de quoi. Je vous propose de laisser confusion et vouvoiement aux oubliettes si tu veux bien. Je suis content que tu sois là. Je connais très peu de monde ici et on a au moins un centre d’intérêts en commun, lui dis-je en souriant.
- D’accord, merci Pascal. Vraiment désolée. Sans le savoir j’ai trahi quelques secrets.
- Vous parlerez friperies plus tard. On a « Voie-Lactée » et « Belle-de-jour » à préparer pour le transport s'exclame Alice.
Les filles disparaissent rejoindre leur jument dans leur box. Celui de Johanna est à deux pas de celui d’Alice, dans le même couloir. Je rejoins ma chérie.
- Et pourquoi elle est confuse, la Johanna ?
- Disons qu’on a peu joué au jeu du chat et de la souris. Dans le magasin, vu le contexte, ça s’y prêtait bien.
- Mouais ! Et toi tu n’es pas confus ?
- Moi je trouve ça rigolo.
- Et tu t’es posé la question de savoir si moi j’allais trouver ça rigolo aussi ?
- Tu ne vas pas me refaire ta crise de jalousie ? C’est toi que j’aime. Ce n’est pas une autre !
- Oui mais moi je suis commune, banale, ordinaire. Elles, elles sont jolies. Elles ont des beaux seins. Moi, je n’ai pas tout ça alors…
- Alors quoi ? Arrête ton numéro ! C’est vrai que Johanna et Julie sont mignonnes mais il n’y a pas que la beauté qui compte. J’ai rencontré une nuit de pleine lune une femme qui se dit ordinaire alors qu’elle est extraordinaire. Elle se dit banale et tu es si peu banale que tu m’as conquise du premier regard. Elle se dit encore commune et quand je vois les femmes que j’ai croisées ici, tirées à quatre épingles, je les ai trouvées tellement insipides, tellement guindées que toi, ma petite amazone, tu es encore plus resplendissante dans toute ta simplicité.
- Tu dis ça pour me faire plaisir ?
- Non. C’est ce que je ressens et tu le sais bien mon cœur. Je voudrais juste que tu arrêtes de te dévaloriser et de tout rapporter au physique. Un bisou pour te faire pardonner !
- Je t’aime. J’ai peur de tout cet amour que je ne maîtrise plus.
- Tu n’as pas à avoir peur ma chérie. Juste confiance en nous, en notre amour. Aller, on s’active. On va finir par être en retard. Dis-moi ce que je peux faire ? Tiens, passes moi le licol, je vais la lui mettre.
- Tu ne sauras pas faire.
- Comment ça je ne saurais pas faire ? Regarde.
- Ben t’as appris ça où ?
- Secret de polichinelle !
« Voie-Lactée » est enfin prête. La jument est recouverte d’une chemise. Elle est parée d’un protège queue, de guêtres, de genouillères et d’un protège-nuque. Affublée comme ça on dirait une mémère. Alice fait monter sa jument dans le « van » puis elle donne un coup de main à Johanna. Je regarde les deux femmes, amusé. « Belle-de-jour » se montre plus récalcitrante que « Voie-Lactée » mais au final, tout va bien. Le convoi s’ébranle et c’est Alice qui prend la tête, suivi à distance par Johanna.
Au centre équestre, c’est l’effervescence. Julie ne sait plus où donner de la tête. Elle est débordée de toute part.
- Hello Julie, tu as vu Johanna ?
- Bonjour Alice. Non pas encore. Elle m’a appelée. Elle sera un peu en retard.
Alice revient vers moi.
- C’est toujours comme ça les jours de grand départ. On va s’occuper de « Voie-Lactée ». Tu viens ?
Main dans la main, je sens le bonheur de mon amoureuse transpirer par tous les pores de ses doigts. Elle est heureuse. Heureuse de m’immerger dans son univers, heureuse aussi que j’y trouve un certain intérêt voire même un amusement. Je vis ce qu’elle vit et je ne me fais nullement violence. Moi aussi, je suis content d’être là et je suis surtout heureux d’être avec elle.
Je remarque qu’il y a essentiellement des femmes. Je n’ai comptabilisé qu’un seul cavalier. L’ambiance est mondaine. Alice ne me présente pas. Elle se contente d’un signe de tête en guise de bonjour et l’écho s’effectue sur le même protocole. En pleine pandémie, il n’y a rien de surprenant. Des regards furtifs au départ et plus insistant par la suite s’attachent rapidement sur ma personne. Je suis dévisagé de haut en bas. J’ai le désagréable sentiment d’être un objet de curiosité, de ne pas être tout à fait à ma place, de faire tache dans ce monde fermé. Ici, tout n’est que paraître. De la dernière voiture flambant neuve au van le plus sophistiqué en passant par les tenues vestimentaires les plus à la mode et le harnachement des chevaux les plus coûteux. On comprend que la grandeur de l’individu se mesure à la taille de son portefeuille. Dans cet océan de bourgeoisie, Alice est un îlot de simplicité.
- Bonjour Alice, tu vas bien ?
- Bonjour Johanna... Je te présente mon ami, Pascal. Je crois que vous vous connaissez.
Johanna se tourne vers moi. Elle marque un temps d’arrêt. Son visage s’est largement empourpré.
- Bonjour Pascal. Ah, c’est vous ? Je … Je m’attendais à vous trouver ici mais je ne savais pas que vous étiez avec Alice. Je suis confuse.
- Bonjour Johanna. Il n’y a pas de quoi. Je vous propose de laisser confusion et vouvoiement aux oubliettes si tu veux bien. Je suis content que tu sois là. Je connais très peu de monde ici et on a au moins un centre d’intérêts en commun, lui dis-je en souriant.
- D’accord, merci Pascal. Vraiment désolée. Sans le savoir j’ai trahi quelques secrets.
- Vous parlerez friperies plus tard. On a « Voie-Lactée » et « Belle-de-jour » à préparer pour le transport s'exclame Alice.
Les filles disparaissent rejoindre leur jument dans leur box. Celui de Johanna est à deux pas de celui d’Alice, dans le même couloir. Je rejoins ma chérie.
- Et pourquoi elle est confuse, la Johanna ?
- Disons qu’on a peu joué au jeu du chat et de la souris. Dans le magasin, vu le contexte, ça s’y prêtait bien.
- Mouais ! Et toi tu n’es pas confus ?
- Moi je trouve ça rigolo.
- Et tu t’es posé la question de savoir si moi j’allais trouver ça rigolo aussi ?
- Tu ne vas pas me refaire ta crise de jalousie ? C’est toi que j’aime. Ce n’est pas une autre !
- Oui mais moi je suis commune, banale, ordinaire. Elles, elles sont jolies. Elles ont des beaux seins. Moi, je n’ai pas tout ça alors…
- Alors quoi ? Arrête ton numéro ! C’est vrai que Johanna et Julie sont mignonnes mais il n’y a pas que la beauté qui compte. J’ai rencontré une nuit de pleine lune une femme qui se dit ordinaire alors qu’elle est extraordinaire. Elle se dit banale et tu es si peu banale que tu m’as conquise du premier regard. Elle se dit encore commune et quand je vois les femmes que j’ai croisées ici, tirées à quatre épingles, je les ai trouvées tellement insipides, tellement guindées que toi, ma petite amazone, tu es encore plus resplendissante dans toute ta simplicité.
- Tu dis ça pour me faire plaisir ?
- Non. C’est ce que je ressens et tu le sais bien mon cœur. Je voudrais juste que tu arrêtes de te dévaloriser et de tout rapporter au physique. Un bisou pour te faire pardonner !
- Je t’aime. J’ai peur de tout cet amour que je ne maîtrise plus.
- Tu n’as pas à avoir peur ma chérie. Juste confiance en nous, en notre amour. Aller, on s’active. On va finir par être en retard. Dis-moi ce que je peux faire ? Tiens, passes moi le licol, je vais la lui mettre.
- Tu ne sauras pas faire.
- Comment ça je ne saurais pas faire ? Regarde.
- Ben t’as appris ça où ?
- Secret de polichinelle !
« Voie-Lactée » est enfin prête. La jument est recouverte d’une chemise. Elle est parée d’un protège queue, de guêtres, de genouillères et d’un protège-nuque. Affublée comme ça on dirait une mémère. Alice fait monter sa jument dans le « van » puis elle donne un coup de main à Johanna. Je regarde les deux femmes, amusé. « Belle-de-jour » se montre plus récalcitrante que « Voie-Lactée » mais au final, tout va bien. Le convoi s’ébranle et c’est Alice qui prend la tête, suivi à distance par Johanna.
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