CHAPITRE 104 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
Je le regarde dans les yeux et sa façon qu’il a de tenter d’éviter les miens, me laisse à penser qu’il me cache quelque chose de suffisamment important pour qu’il ne veuille pas m’en parler, peut-être encore un coup de l’ancien Florian qui sait.
- Bon !! D’accord !! Je n’aime pas qu’on me cache les choses et j’espère que si tu le fais, c’est que tu as de bonnes raisons ?
- (Philippe) N’en doute pas !! Tu les connaîtras très vite, c’est juste que je préfère que tu n’en saches rien pour l’instant !!
Je m’installe sans répondre à la table et commence à dessiner en me remettant à l’esprit un des moments les plus heureux que je me souviens d’eux, en arrière-plan Maurice et sa femme avec devant eux Erwan et Ramirez qui tiennent la petite Coralie entre eux, tous les cinq souriants de joie de ce moment où leur petite famille au grand complet et heureuse d’accueillir leurs amis desquels je faisais partie pour l’anniversaire de la petite princesse.
Philippe ébahi voit apparaître petit à petit tous ces gens au fur et à mesure qu’ils sont croqués sur la feuille, merveilleusement dépeints avec un réalisme qui lui en donne le frisson car il connaît à l’avance ce que cette image va occasionner comme perturbations émotionnelles à celui qui y reconnaîtra forcément et ce bien qu’il ait disparu depuis bien avant de pouvoir avoir ce physique d’adulte, son fils Erwan dans toute sa beauté de jeune homme visiblement heureux et amoureux.
Une fois mon dessin terminé, je le tends à Philippe qui me surprend quand je sens que ses mains tremblent lorsqu’il en prend possession.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ?? Si tu me caches quelque chose, dis-le !!
***/***
« Dans la cuisine »
Maurice est trop loin pour comprendre ce qui perturbe autant le couple assis sur le canapé du salon, tout ce qu’il arrive à voir et à saisir de leur conversation, c’est l’immense stupeur qu’il manifeste devant ce qui ressemble à des dessins.
Il voit aussi la grand-mère emmener la jeune fille handicapée à l’étage et ensuite le silence se fait, un long moment passe alors où plus rien ne semble vouloir bouger si ce n’est les exclamations de stupeurs de plus en plus fréquentes venant du salon.
Il tend l’oreille intrigué, le silence ambiant lui permettant de suivre un peu mieux ce qu’il se dit et en plus les timbres de voix l’y aidant beaucoup depuis qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient maintenant seuls dans la pièce et qu’ils ont tout naturellement monté le ton de plusieurs octaves tellement l’émotion de ce qu’ils découvrent leur ôte la retenue qu’ils avaient jusqu’à présent à exprimer trop fort leurs ressentis devant des étrangers.
***/***
« Dans le salon »
- (Marc) Comment est-ce possible ??
- (Anne-Lise) Ce n’est pas la réalité !! Du moins pas la nôtre !!
Marc montre du doigt un point sur l’image la plus marquante apparemment pour lui et qu’il garde en mains depuis déjà un moment.
- Je suis certain pourtant que ce garçon ne peut être qu’Éric, il ressemble trop au gamin de mes souvenirs !! De plus regarde !! Il y a les fils de ton frère et également nos petites-nièces Manon et Amélie, c’est impossible qu’il ait pu les connaître puisqu’elles sont nées bien après qu’il soit parti vivre à Paris !! Et puis il y a encore ce garçon qui tient Chloé par la taille, je ne le connais pas et sa façon de se tenir démontrerait qu’il est parfaitement à l’aise avec nous !!
Anne-Lise tremble d’un coup comme une feuille en tenant une des autres images dans sa main.
- Oh !! Mon dieu !!
- (Marc troublé) Qu’est-ce que tu as ma chérie ??
- (Anne-Lise) C’est Léa !! Tu te rappelles il y a deux ans quand elle est venue voir si Chloé allait mieux !! Ce doit être son frère Mathis à côté d’elle, quel magnifique garçon tu ne trouves pas ?? Quel dommage d’en être arrivé là !! Il est si beau sur ce dessin ? Regarde ses yeux rieurs comme ils sont magnifiques ? Pauvre garçon !! Pourquoi donc a-t-il fait une chose pareille !!
- (Marc) Je commence à me demander si toute cette histoire n’aurait pas un fond de vérité !! C’est impossible sinon de pouvoir reproduire avec autant d’authenticité et de réalisme ce que nous avons sous les yeux !!
***/***
Une exclamation mêlant la surprise la plus totale à la joie la plus pure, se fait entendre alors soudainement, venant de l’étage et très vite suivit de sanglots venant sans doute d’une émotion bien trop forte pour pouvoir être contenue, s’échappant de deux personnes visiblement perturbées au plus haut point par un événement aussi inattendu qu’inespéré.
CHAPITRE 105 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
« A l’étage dans la salle de bains, quelque temps plus tôt »
Maryse attend Chloé qui monte difficilement les marches aidée de sa canne, l’immense espoir que sa petite Chloé puisse enfin redevenir comme avant peut se lire comme à livre ouvert sur son visage marqué par l’âge.
Chloé est devenue au fil des ans une belle jeune fille, la gentillesse de chaque instant qu’elle a toujours eue envers eux a fait qu’ils la considèrent comme leur petite fille et Maryse prie de tout son cœur pour qu’enfin elle puisse retrouver une vie normale.
Ce n’est qu’une fois toutes les deux enfermées dans la salle de bains, que Chloé sort le pot d’onguent que lui a donné ce beau garçon qu’elle n’avait encore jamais vu jusqu’à aujourd’hui.
- C’était qui le garçon aux traits asiatiques mamie ?
- (Maryse amusée) Je ne m’attendais pas à cette question, mais plutôt à ce que contient ce que tu tiens en main Hi ! Hi ! Mais je dois bien reconnaître que Yuan soit suffisamment beau garçon pour qu’une jeune fille s’y intéresse. Pour répondre à ta curiosité, sache qu’il est le fils de Ming un grand ami de mon fils et accessoirement depuis quelques semaines redevenus celui de mon petit-fils.
- (Chloé surprise) Redevenu ??
- C’est une longue histoire, je suis certaine qu’il se fera un plaisir de te la raconter. Maintenant occupons-nous plutôt de mettre cette crème en place pour voir ce que ça va donner, je t’avouerai en être aussi curieuse que toi.
- (Chloé) A vous entendre tous, on pourrait penser que c’est la solution miracle qui va me guérir de sept ans de souffrances ??
- Elle a déjà fait plusieurs fois ses preuves tu sais !! Entre autres sur Yuan puisque nous parlions de lui et aussi sur le père d’Antoine, l’autre garçon que tu as tout d’abord pris pour Florian. Mais nous discutons alors que nous ferions mieux de faire comme il nous l’a été demandé, enlève ton pantalon et donne-moi ta jambe que j’y applique cette pommade.
Ce n’est qu’une fois le pot entièrement vide et qu’une épaisse couche de produit recouvre l’horrible cicatrice qui enlaidit la cuisse de Chloé sur plus de la moitié de sa longueur, que la conversation reprend quand Maryse l’interroge sur ce qu’elle ressent.
- Tu sens quelque chose ?
- (Chloé) Au début c’était froid et maintenant ça me chauffe un peu mais ce n’est pas désagréable !!
- Yuan a dit qu’il fallait que le produit soit entièrement absorbé, il faut donc attendre le temps nécessaire pour qu’il fasse son effet.
- (Chloé) Tu sais mamie il ne faut pas non plus espérer de miracle encore cette fois-ci !! J’ai subi tellement d’opérations depuis… « L’accident », que j’ai fini par ne plus croire pouvoir retrouver la mobilité de ma jambe un jour et ce n’est très certainement pas une simple pommade qui va y changer quoi que ce soit !!
- Attendons que le produit agisse avant de perdre espoir !! Yuan était atteint d’une maladie génétique transmise depuis plusieurs générations dans sa famille, un eczéma purulent qui lui recouvrait le corps presque entièrement pendant de longues périodes chaque année depuis son plus jeune âge et l’empêchait d’avoir une vie normale, rends-toi compte qu’il restait cloîtrer chez lui les trois quarts du temps. Tu dois bien te douter qu’affligé d’un tel problème, il n’avait pas beaucoup d’amis et regarde le maintenant !! Toi-même tu as été conquise tout de suite par sa beauté, ne me dis pas le contraire Hi ! Hi ! J’ai bien vu comment tu le dévisageais !!
- (Chloé surprise) Cette pommade l’a guéri alors ?
- Bien sûr qu’elle l’a guéri et d’après son père, il n’y a fallu que très peu de temps !! Pour le père d’Antoine c’était encore plus grave, son foie ne fonctionnait quasiment plus et il devait subir très rapidement une greffe pour rester en vie, Florian lui a fait prendre en solution buvable le même composé qu’il a mis dans cette crème.
- (Chloé) Et ensuite ?
- Ensuite ? Eh bien plus rien !! Une guérison miraculeuse comme de celles que tu ne crois pas possible et pourtant je te demande de me croire car sa maladie était bien réelle !!
- (Chloé) Ça chatouille maintenant !!
Maryse observe la cuisse de la jeune fille, la couche de pommade s’est déjà réduite de moitié et il lui semble bien que les bords aient déjà commencé à disparaître, comme a disparu la cicatrice car Maryse croit bien se souvenir qu’elle lui semblait beaucoup plus grande qu’à présent.
Elle préfère ne pas encore en faire la remarque, mais plutôt poursuivre la conversation pour que Chloé pense à autre chose et laisse agir entièrement la salive régénératrice de son petit-fils.
- C’est bon signe en général !!
Chloé hoche la tête pas vraiment convaincue, elle revient néanmoins sur la précédente conversation et c’est d’une voix toujours marquée de scepticisme qu’elle demande.
- Alors ce serait Florian qui les aurait guéris ?
- Qui veux-tu d’autre ma grande ?
- (Chloé) Vous croyez donc à son histoire ?
- J’y ai mis le temps tu dois bien t’en douter, mais oui !! J’y crois !!
- (Chloé) Ah !!! C’est comme croire aux extraterrestres Hi ! Hi !
- Il doit bien y avoir une vie ailleurs que sur cette planète ? L’univers est tellement grand !!
- (Chloé amusée) Si je comprends bien, ce serait un autre Florian dans le corps de celui que nous avons connu ? Un Florian avec qui j’étais amie ? C’est quand même difficile à croire, reconnais-le ?
Maryse hausse les épaules.
- C’est certain que vu comme ça avec nos connaissances et nos croyances, l’idée a du mal à faire son chemin mais pourtant depuis que j’y suis confrontée je peux t’assurer que c’est bien de ça qu’il s’agit !!
Maryse en disant ça, regarde à nouveau la cuisse de Chloé et pousse un cri qui fait sursauter la jeune fille en se demandant ce qu’il lui arrive.
- Mon Dieu !!! Ma puce !!! Ta jambe !!! Ta cicatrice !! Elle a disparu, regarde !!
Des larmes de joies coulent sur le visage tout ridé de la brave grand-mère, bientôt suivies par celles de Chloé qui vient juste de constater que plus rien n’apparaît plus sur sa cuisse que sa peau nue à peine plus blanche que le reste de son corps.
CHAPITRE 106 (Paris) (Le SDF)
Le garçon reste recroquevillé derrière les deux énormes poubelles dans la ruelle suffisamment calme et tranquille pour qu’il y ait pris l’habitude de venir y passer ses nuits.
Il observe craintif l’entrée de celle-ci et respire un peu mieux de ne plus apercevoir le manteau gris de cet homme qui reste là quasiment chaque nuit depuis plusieurs semaines, semblant le surveiller en attendant il ne sait quel moment propice pour fondre sur lui tel un prédateur.
Il sait bien qu’il ne pourra rester encore bien longtemps comme ça, à errer tel un fugitif dans cette ville grouillante et que l’hiver prochain sans un toit pour s’abriter, sera certainement le dernier qu’il connaîtra si rien ne vient l’aider à s’en sortir.
Pourtant quelque chose le pousse chaque soir à venir se réfugier à cet endroit précis, un rêve ? Une prémonition ? Un sentiment de réconfort ? Il ne saurait bien sûr y répondre consciemment, mais ce qui est sûr c’est qu’une fois dans cette ruelle il se sent apaisé.
Les quelques argents que lui rapporte sa mendicité au carrefour à quelques dizaines de mètres à peine d’ici, lui donnent tout juste de quoi ne pas mourir de faim et de pouvoir une fois par semaine aller au bain douche pour se laver lui et ses seuls vêtements qu’il porte depuis la disparition de ses parents et qu’il s’est retrouvé dans la rue avec la peur au ventre de se faire arrêter et reconduire à la frontière.
Lentement un œil toujours fixé vers l’entrée de la ruelle qui en fait est une impasse ne servant juste qu’à desservir les commerces donnants sur la rue principale, il finit par s’assoupir et comme chaque nuit, il éprouve une étrange sensation.
Celle de revivre en boucle plus ou moins les mêmes événements sans pour autant en retenir le pourquoi et en voir l’intérêt, souriant néanmoins à chacune des occasions quand son rêve lui amène la vision d’un grand blond magnifique mais surtout d’un jeune rouquin au visage tellement expressif qu’il en rit dans son sommeil.
Dans ses rares moments de bonheur, le jeune mendiant se sent revivre et au réveil le lendemain, ça se ressentira sur sa façon d’être et il le sait pour l’avoir plusieurs fois constater, les gens seront plus généreux qu’à l’ordinaire comme cet homme élégant dans sa belle voiture qui ne manque jamais de lui donner une pièce de deux euros à chaque fois qu’il va lui tendre la main.
Il a été tenté plusieurs fois de lui parler, lui demander un conseil pour qu’il puisse avoir une chance de s’en sortir et d’avoir une vie moins rude, plus en phase avec sa jeunesse et son envie de ne plus traîner les rues, mais les mots n’ont jamais voulu sortir de ses lèvres alors qu’il est convaincu que s’il lui parlait…
Antonin se réveille brusquement, la crainte d’être découvert et chassé le fait se lever d’un bond, son corps est douloureux et son ventre vide gargouille pour réclamer sa pitance qui l’aidera à tenir cette journée de plus, il marche jusqu’à l’angle de la rue et fouille dans sa poche pour en sortir les dernières pièces qui lui reste, la somme totale à peine suffisante pour acheter la baguette de pain qui lui sert bien souvent de petit-déjeuner et de déjeuner, le dîner dépendant essentiellement de la générosité des gens.
Pourtant quelque chose pousse Antonin ce jour-là plus qu’un autre à ne pas écouter son estomac et à aller directement prendre sa place habituelle sur son carrefour de prédilection, bien lui en prend car c’est au moment où il va tendre la main devant la première personne qui passe devant lui, qu’il aperçoit l’homme généreux dans sa voiture lui faisant signe avec un grand sourire.
Antonin s’avance vers lui en lui rendant son sourire et reste un instant étonné quant au lieu d’ouvrir la vitre pour lui tendre sa pièce, l’homme ouvre au contraire la portière du passager avant en lui demandant d’une voix grave et fortement troublée.
- Monte mon garçon !! Fais-moi confiance !! Je peux t’aider à t’en sortir !!
- (Antonin) Moi monsieur ??
Un franc sourire illumine le visage de l’homme quand il lui répond.
- Qui veux-tu d’autre ? Prends vite ta décision car les gens commencent à se poser des questions et je n’aimerais vraiment pas qu’ils pensent des choses qui ne me viendraient même pas à l’idée.
Antonin est déjà dans la voiture que son cerveau en est encore à se poser la question s’il doit monter ou non et suivre cet homme pour lui presque inconnu, la surprise de son geste est tellement évidente que l’homme s’en aperçoit et s’en retrouve troublé à son tour.
Je le regarde dans les yeux et sa façon qu’il a de tenter d’éviter les miens, me laisse à penser qu’il me cache quelque chose de suffisamment important pour qu’il ne veuille pas m’en parler, peut-être encore un coup de l’ancien Florian qui sait.
- Bon !! D’accord !! Je n’aime pas qu’on me cache les choses et j’espère que si tu le fais, c’est que tu as de bonnes raisons ?
- (Philippe) N’en doute pas !! Tu les connaîtras très vite, c’est juste que je préfère que tu n’en saches rien pour l’instant !!
Je m’installe sans répondre à la table et commence à dessiner en me remettant à l’esprit un des moments les plus heureux que je me souviens d’eux, en arrière-plan Maurice et sa femme avec devant eux Erwan et Ramirez qui tiennent la petite Coralie entre eux, tous les cinq souriants de joie de ce moment où leur petite famille au grand complet et heureuse d’accueillir leurs amis desquels je faisais partie pour l’anniversaire de la petite princesse.
Philippe ébahi voit apparaître petit à petit tous ces gens au fur et à mesure qu’ils sont croqués sur la feuille, merveilleusement dépeints avec un réalisme qui lui en donne le frisson car il connaît à l’avance ce que cette image va occasionner comme perturbations émotionnelles à celui qui y reconnaîtra forcément et ce bien qu’il ait disparu depuis bien avant de pouvoir avoir ce physique d’adulte, son fils Erwan dans toute sa beauté de jeune homme visiblement heureux et amoureux.
Une fois mon dessin terminé, je le tends à Philippe qui me surprend quand je sens que ses mains tremblent lorsqu’il en prend possession.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ?? Si tu me caches quelque chose, dis-le !!
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« Dans la cuisine »
Maurice est trop loin pour comprendre ce qui perturbe autant le couple assis sur le canapé du salon, tout ce qu’il arrive à voir et à saisir de leur conversation, c’est l’immense stupeur qu’il manifeste devant ce qui ressemble à des dessins.
Il voit aussi la grand-mère emmener la jeune fille handicapée à l’étage et ensuite le silence se fait, un long moment passe alors où plus rien ne semble vouloir bouger si ce n’est les exclamations de stupeurs de plus en plus fréquentes venant du salon.
Il tend l’oreille intrigué, le silence ambiant lui permettant de suivre un peu mieux ce qu’il se dit et en plus les timbres de voix l’y aidant beaucoup depuis qu’ils se sont rendu compte qu’ils étaient maintenant seuls dans la pièce et qu’ils ont tout naturellement monté le ton de plusieurs octaves tellement l’émotion de ce qu’ils découvrent leur ôte la retenue qu’ils avaient jusqu’à présent à exprimer trop fort leurs ressentis devant des étrangers.
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« Dans le salon »
- (Marc) Comment est-ce possible ??
- (Anne-Lise) Ce n’est pas la réalité !! Du moins pas la nôtre !!
Marc montre du doigt un point sur l’image la plus marquante apparemment pour lui et qu’il garde en mains depuis déjà un moment.
- Je suis certain pourtant que ce garçon ne peut être qu’Éric, il ressemble trop au gamin de mes souvenirs !! De plus regarde !! Il y a les fils de ton frère et également nos petites-nièces Manon et Amélie, c’est impossible qu’il ait pu les connaître puisqu’elles sont nées bien après qu’il soit parti vivre à Paris !! Et puis il y a encore ce garçon qui tient Chloé par la taille, je ne le connais pas et sa façon de se tenir démontrerait qu’il est parfaitement à l’aise avec nous !!
Anne-Lise tremble d’un coup comme une feuille en tenant une des autres images dans sa main.
- Oh !! Mon dieu !!
- (Marc troublé) Qu’est-ce que tu as ma chérie ??
- (Anne-Lise) C’est Léa !! Tu te rappelles il y a deux ans quand elle est venue voir si Chloé allait mieux !! Ce doit être son frère Mathis à côté d’elle, quel magnifique garçon tu ne trouves pas ?? Quel dommage d’en être arrivé là !! Il est si beau sur ce dessin ? Regarde ses yeux rieurs comme ils sont magnifiques ? Pauvre garçon !! Pourquoi donc a-t-il fait une chose pareille !!
- (Marc) Je commence à me demander si toute cette histoire n’aurait pas un fond de vérité !! C’est impossible sinon de pouvoir reproduire avec autant d’authenticité et de réalisme ce que nous avons sous les yeux !!
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Une exclamation mêlant la surprise la plus totale à la joie la plus pure, se fait entendre alors soudainement, venant de l’étage et très vite suivit de sanglots venant sans doute d’une émotion bien trop forte pour pouvoir être contenue, s’échappant de deux personnes visiblement perturbées au plus haut point par un événement aussi inattendu qu’inespéré.
CHAPITRE 105 (Aix en Provence) (Dis !! Tu veux bien redevenir mon amie ?) (Suite)
« A l’étage dans la salle de bains, quelque temps plus tôt »
Maryse attend Chloé qui monte difficilement les marches aidée de sa canne, l’immense espoir que sa petite Chloé puisse enfin redevenir comme avant peut se lire comme à livre ouvert sur son visage marqué par l’âge.
Chloé est devenue au fil des ans une belle jeune fille, la gentillesse de chaque instant qu’elle a toujours eue envers eux a fait qu’ils la considèrent comme leur petite fille et Maryse prie de tout son cœur pour qu’enfin elle puisse retrouver une vie normale.
Ce n’est qu’une fois toutes les deux enfermées dans la salle de bains, que Chloé sort le pot d’onguent que lui a donné ce beau garçon qu’elle n’avait encore jamais vu jusqu’à aujourd’hui.
- C’était qui le garçon aux traits asiatiques mamie ?
- (Maryse amusée) Je ne m’attendais pas à cette question, mais plutôt à ce que contient ce que tu tiens en main Hi ! Hi ! Mais je dois bien reconnaître que Yuan soit suffisamment beau garçon pour qu’une jeune fille s’y intéresse. Pour répondre à ta curiosité, sache qu’il est le fils de Ming un grand ami de mon fils et accessoirement depuis quelques semaines redevenus celui de mon petit-fils.
- (Chloé surprise) Redevenu ??
- C’est une longue histoire, je suis certaine qu’il se fera un plaisir de te la raconter. Maintenant occupons-nous plutôt de mettre cette crème en place pour voir ce que ça va donner, je t’avouerai en être aussi curieuse que toi.
- (Chloé) A vous entendre tous, on pourrait penser que c’est la solution miracle qui va me guérir de sept ans de souffrances ??
- Elle a déjà fait plusieurs fois ses preuves tu sais !! Entre autres sur Yuan puisque nous parlions de lui et aussi sur le père d’Antoine, l’autre garçon que tu as tout d’abord pris pour Florian. Mais nous discutons alors que nous ferions mieux de faire comme il nous l’a été demandé, enlève ton pantalon et donne-moi ta jambe que j’y applique cette pommade.
Ce n’est qu’une fois le pot entièrement vide et qu’une épaisse couche de produit recouvre l’horrible cicatrice qui enlaidit la cuisse de Chloé sur plus de la moitié de sa longueur, que la conversation reprend quand Maryse l’interroge sur ce qu’elle ressent.
- Tu sens quelque chose ?
- (Chloé) Au début c’était froid et maintenant ça me chauffe un peu mais ce n’est pas désagréable !!
- Yuan a dit qu’il fallait que le produit soit entièrement absorbé, il faut donc attendre le temps nécessaire pour qu’il fasse son effet.
- (Chloé) Tu sais mamie il ne faut pas non plus espérer de miracle encore cette fois-ci !! J’ai subi tellement d’opérations depuis… « L’accident », que j’ai fini par ne plus croire pouvoir retrouver la mobilité de ma jambe un jour et ce n’est très certainement pas une simple pommade qui va y changer quoi que ce soit !!
- Attendons que le produit agisse avant de perdre espoir !! Yuan était atteint d’une maladie génétique transmise depuis plusieurs générations dans sa famille, un eczéma purulent qui lui recouvrait le corps presque entièrement pendant de longues périodes chaque année depuis son plus jeune âge et l’empêchait d’avoir une vie normale, rends-toi compte qu’il restait cloîtrer chez lui les trois quarts du temps. Tu dois bien te douter qu’affligé d’un tel problème, il n’avait pas beaucoup d’amis et regarde le maintenant !! Toi-même tu as été conquise tout de suite par sa beauté, ne me dis pas le contraire Hi ! Hi ! J’ai bien vu comment tu le dévisageais !!
- (Chloé surprise) Cette pommade l’a guéri alors ?
- Bien sûr qu’elle l’a guéri et d’après son père, il n’y a fallu que très peu de temps !! Pour le père d’Antoine c’était encore plus grave, son foie ne fonctionnait quasiment plus et il devait subir très rapidement une greffe pour rester en vie, Florian lui a fait prendre en solution buvable le même composé qu’il a mis dans cette crème.
- (Chloé) Et ensuite ?
- Ensuite ? Eh bien plus rien !! Une guérison miraculeuse comme de celles que tu ne crois pas possible et pourtant je te demande de me croire car sa maladie était bien réelle !!
- (Chloé) Ça chatouille maintenant !!
Maryse observe la cuisse de la jeune fille, la couche de pommade s’est déjà réduite de moitié et il lui semble bien que les bords aient déjà commencé à disparaître, comme a disparu la cicatrice car Maryse croit bien se souvenir qu’elle lui semblait beaucoup plus grande qu’à présent.
Elle préfère ne pas encore en faire la remarque, mais plutôt poursuivre la conversation pour que Chloé pense à autre chose et laisse agir entièrement la salive régénératrice de son petit-fils.
- C’est bon signe en général !!
Chloé hoche la tête pas vraiment convaincue, elle revient néanmoins sur la précédente conversation et c’est d’une voix toujours marquée de scepticisme qu’elle demande.
- Alors ce serait Florian qui les aurait guéris ?
- Qui veux-tu d’autre ma grande ?
- (Chloé) Vous croyez donc à son histoire ?
- J’y ai mis le temps tu dois bien t’en douter, mais oui !! J’y crois !!
- (Chloé) Ah !!! C’est comme croire aux extraterrestres Hi ! Hi !
- Il doit bien y avoir une vie ailleurs que sur cette planète ? L’univers est tellement grand !!
- (Chloé amusée) Si je comprends bien, ce serait un autre Florian dans le corps de celui que nous avons connu ? Un Florian avec qui j’étais amie ? C’est quand même difficile à croire, reconnais-le ?
Maryse hausse les épaules.
- C’est certain que vu comme ça avec nos connaissances et nos croyances, l’idée a du mal à faire son chemin mais pourtant depuis que j’y suis confrontée je peux t’assurer que c’est bien de ça qu’il s’agit !!
Maryse en disant ça, regarde à nouveau la cuisse de Chloé et pousse un cri qui fait sursauter la jeune fille en se demandant ce qu’il lui arrive.
- Mon Dieu !!! Ma puce !!! Ta jambe !!! Ta cicatrice !! Elle a disparu, regarde !!
Des larmes de joies coulent sur le visage tout ridé de la brave grand-mère, bientôt suivies par celles de Chloé qui vient juste de constater que plus rien n’apparaît plus sur sa cuisse que sa peau nue à peine plus blanche que le reste de son corps.
CHAPITRE 106 (Paris) (Le SDF)
Le garçon reste recroquevillé derrière les deux énormes poubelles dans la ruelle suffisamment calme et tranquille pour qu’il y ait pris l’habitude de venir y passer ses nuits.
Il observe craintif l’entrée de celle-ci et respire un peu mieux de ne plus apercevoir le manteau gris de cet homme qui reste là quasiment chaque nuit depuis plusieurs semaines, semblant le surveiller en attendant il ne sait quel moment propice pour fondre sur lui tel un prédateur.
Il sait bien qu’il ne pourra rester encore bien longtemps comme ça, à errer tel un fugitif dans cette ville grouillante et que l’hiver prochain sans un toit pour s’abriter, sera certainement le dernier qu’il connaîtra si rien ne vient l’aider à s’en sortir.
Pourtant quelque chose le pousse chaque soir à venir se réfugier à cet endroit précis, un rêve ? Une prémonition ? Un sentiment de réconfort ? Il ne saurait bien sûr y répondre consciemment, mais ce qui est sûr c’est qu’une fois dans cette ruelle il se sent apaisé.
Les quelques argents que lui rapporte sa mendicité au carrefour à quelques dizaines de mètres à peine d’ici, lui donnent tout juste de quoi ne pas mourir de faim et de pouvoir une fois par semaine aller au bain douche pour se laver lui et ses seuls vêtements qu’il porte depuis la disparition de ses parents et qu’il s’est retrouvé dans la rue avec la peur au ventre de se faire arrêter et reconduire à la frontière.
Lentement un œil toujours fixé vers l’entrée de la ruelle qui en fait est une impasse ne servant juste qu’à desservir les commerces donnants sur la rue principale, il finit par s’assoupir et comme chaque nuit, il éprouve une étrange sensation.
Celle de revivre en boucle plus ou moins les mêmes événements sans pour autant en retenir le pourquoi et en voir l’intérêt, souriant néanmoins à chacune des occasions quand son rêve lui amène la vision d’un grand blond magnifique mais surtout d’un jeune rouquin au visage tellement expressif qu’il en rit dans son sommeil.
Dans ses rares moments de bonheur, le jeune mendiant se sent revivre et au réveil le lendemain, ça se ressentira sur sa façon d’être et il le sait pour l’avoir plusieurs fois constater, les gens seront plus généreux qu’à l’ordinaire comme cet homme élégant dans sa belle voiture qui ne manque jamais de lui donner une pièce de deux euros à chaque fois qu’il va lui tendre la main.
Il a été tenté plusieurs fois de lui parler, lui demander un conseil pour qu’il puisse avoir une chance de s’en sortir et d’avoir une vie moins rude, plus en phase avec sa jeunesse et son envie de ne plus traîner les rues, mais les mots n’ont jamais voulu sortir de ses lèvres alors qu’il est convaincu que s’il lui parlait…
Antonin se réveille brusquement, la crainte d’être découvert et chassé le fait se lever d’un bond, son corps est douloureux et son ventre vide gargouille pour réclamer sa pitance qui l’aidera à tenir cette journée de plus, il marche jusqu’à l’angle de la rue et fouille dans sa poche pour en sortir les dernières pièces qui lui reste, la somme totale à peine suffisante pour acheter la baguette de pain qui lui sert bien souvent de petit-déjeuner et de déjeuner, le dîner dépendant essentiellement de la générosité des gens.
Pourtant quelque chose pousse Antonin ce jour-là plus qu’un autre à ne pas écouter son estomac et à aller directement prendre sa place habituelle sur son carrefour de prédilection, bien lui en prend car c’est au moment où il va tendre la main devant la première personne qui passe devant lui, qu’il aperçoit l’homme généreux dans sa voiture lui faisant signe avec un grand sourire.
Antonin s’avance vers lui en lui rendant son sourire et reste un instant étonné quant au lieu d’ouvrir la vitre pour lui tendre sa pièce, l’homme ouvre au contraire la portière du passager avant en lui demandant d’une voix grave et fortement troublée.
- Monte mon garçon !! Fais-moi confiance !! Je peux t’aider à t’en sortir !!
- (Antonin) Moi monsieur ??
Un franc sourire illumine le visage de l’homme quand il lui répond.
- Qui veux-tu d’autre ? Prends vite ta décision car les gens commencent à se poser des questions et je n’aimerais vraiment pas qu’ils pensent des choses qui ne me viendraient même pas à l’idée.
Antonin est déjà dans la voiture que son cerveau en est encore à se poser la question s’il doit monter ou non et suivre cet homme pour lui presque inconnu, la surprise de son geste est tellement évidente que l’homme s’en aperçoit et s’en retrouve troublé à son tour.