CHAPITRE 81 (Aix en Provence) (suite)
« Quelques jours plus tard, bureau de Philippe »
- C’est aujourd’hui que tes parents quittent Aix si mes souvenirs sont bons ?
Je suis assis relax depuis maintenant plus de deux heures dans le bureau de Philippe, comme chaque jour de la semaine où nous passons nos matinées ensemble.
Sa question me surprend car loin de ce que nous étions en train de parler.
- Heu !!! Oui, après le déjeuner !! Je tenais à leur dire au revoir.
- Ça doit te faire un drôle d’effet tous ces souvenirs différents que tu as sur eux ? Tantôt victime d’un accident mortel, tantôt triste devant un fils handicapé et maintenant avec ce que tu vis avec eux ?
- C’est troublant en effet !! J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas que ça, seulement je n’arrive pas à mettre le doigt dessus et c’est énervant.
- Tu penses à quoi en disant « pas que ça » ?
- Je ne sais pas trop en fait, disons qu’il se pourrait que j’aie beaucoup plus de souvenirs que ceux-là de mes parents dans d’autres réalités.
- Tu te rends compte de la signification de telles pensées ?
- Bah !! Ce sont sans doute des conneries !! En plus je n’ai vraiment rien à quoi me raccrocher pour dire ça, si ce n’est les deux expériences que j’ai vécu avant d’être ici !! Je me disais juste pourquoi deux et pas cent ou mille ??
- Tu t’en souviendrais certainement si c’était le cas ?
- Je suis comme toi en ce moment tu sais ? J’ai des doutes et surtout beaucoup de questions auxquelles je ne saurais encore répondre, juste qu’il me semble que les réponses sont à portée de mains sans savoir exactement où aller les chercher.
Philippe voit bien que Florian est vraiment troublé, en tous les cas plus que d’habitude où il passe son temps avec lui en souriant à lui raconter certaines anecdotes de ses précédentes « vies ».
Bien sûr Philippe cherche à comprendre et surtout à démêler le vrai de l’imaginaire car il ne doute pas que pour une grosse part de toute cette histoire, elle ne soit purement et simplement sortie du cerveau alors gravement atteint de celui qu’il considère maintenant comme un ami.
Bien sûr il y a l’histoire du livre ainsi que son asthme qui il doit bien l’avouer, n’est plus apparue depuis qu’il a commencé ces matinées avec Florian.
- J’aurais peut-être une idée pour que tu retrouves tes souvenirs enfouis !!!
- Je vois à quoi tu penses mais ne serait-ce pas beaucoup trop dangereux ?
- Pas si nous prenons des précautions avant de commencer.
- Et si ça se retourne contre toi ?? Rappelle-toi des « dons » que j’ai dans mes souvenirs et si l’un d’eux venait à resurgir soudainement ?? Imagine par exemple si mon esprit sous hypnose se sent soudainement agressé ??
- (Philippe) Il faut bien prendre quelques risques si nous voulons avancer, tu te rends bien compte que nous tournons en rond.
- Alors vas-y mais fais très attention à toi et aux questions que tu vas me poser !!
Philippe prend le temps de sa décision, il ouvre ensuite un des tiroirs de son bureau et en sort le pendule dont il se sert habituellement comme objet de fixation d’attention pour ses séances d’hypnose, il vient s’asseoir ensuite près de Florian qui s’est allongé confiant sur le canapé.
Il prend ensuite le lourd cendrier en acier dans sa main gauche pendant qu’il commence à balancer lentement le pendule devant les yeux du jeune rouquin.
- Fixe bien le pendule et écoute ma voix !! Tu te relaxes lentement, tes yeux deviennent lourds et ton esprit se libère de ses contraintes !! À trois tu t’endormiras et n’entendras plus que ma voix !!! Un !!… Deux !!… Trois !!
Philippe voit bien les yeux de Florian se fermer, il claque dans sa main sans réaction aucune de sa part et sa voix reprend alors dans le même ton apaisant.
- Écoute ce bruit !!
Philippe laisse tomber le cendrier au sol.
***/***
« Vlan !! »
***/***
Il le ramasse et le tient devant lui de ses deux mains, il poursuit alors.
- La prochaine fois que tu entendras ce son, tu te réveilleras immédiatement et tu oublieras tout ce qu’il s’est dit ou passé !! Est-ce bien compris ?
- Oui !!
- Très bien !! Quel est le nom que les gens te donnent ?
- Florian De Bierne !!
- Bien !!! Quel est l’âge de Florian ?
- Bientôt dix-huit ans !!!
- C’est bien ton vrai âge n’est-ce pas ??
- Non !!
Philippe surpris poursuit son questionnement.
- Dis-moi, ou plutôt non !! Montre-moi qui tu es vraiment ??
***/***
« Vlan !! »
***/***
CHAPITRE 82 (Aix en Provence) (suite)
Je me réveille en sursaut, surpris en me demandant bien ce qu’il m’arrive et pourquoi je suis debout au milieu de la pièce, ce n’est qu’en regardant au sol que j’aperçois Philippe tétanisé près du canapé les yeux exorbités.
Je lis la folie dans son regard aussi j’attrape le pendule également au sol et je remémorise sa façon qu’il a eue pour m’hypnotiser, je réitère sur lui ces gestes tout comme ces paroles et ce n’est que quand enfin je vois ses yeux se refermer, que je pousse un ouf de soulagement.
- Philippe, tu m’entends ?
- Oui !!
J’hésite un instant à lui demander ce qui l’a rendu dans cet état de folie, je préfère ne pas lui infliger une deuxième fois le souvenir de cet instant qui a sans doute été l’élément déclencheur de sa perte de raison.
- Je vais compter jusqu’à trois, à trois tu te réveilleras en ne te souvenant plus de rien de ce qu’il vient de se passer ces dernières minutes. Un !!… Deux !!… Trois !!
Ses yeux s’ouvrent immédiatement, son visage marque rapidement l’effarement de se voir allongé par terre avec moi penché au-dessus de lui.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ??
Je lui souris satisfait de voir que son état est redevenu comme avant, déçu également de ne pas connaître la raison de cette démence que j’ai pu y lire dans ses yeux.
- De quoi te rappelles-tu ?
Philippe se redresse, je l’aide à se remettre debout et une fois assis à son tour près de moi, il me sourit en me reprenant le pendule des mains.
- Je n’aurais pas dû, pas vrai ?
- Il semblerait bien que tu aies appris quelque chose que ton cerveau a refusé de croire, j’ai été obligé de t’hypnotiser à mon tour pour te rendre tous tes esprits en te faisant oublier ce qui t’avait mis dans cet état.
- Tu as bien réagi !! Je te dois sans doute beaucoup après ça !!
- Bah !! Nous sommes revenus au point de départ voilà tout.
Je ramasse le cendrier et je le repose sur la table en regardant Philippe avec curiosité.
- C’était pour quoi faire ?
- Disons que c’est grâce à lui si rien de grave ne s’est passé.
- On fait quoi maintenant ?
- (Philippe) Laisse-moi y réfléchir si tu le veux bien !! Nous reprendrons cette séance demain car je pense que pour aujourd’hui c’est bien assez !! Ce qui est sûr maintenant, c’est que tu n’as pas menti et qu’il va nous falloir trouver un moyen pour comprendre ce que tu es vraiment.
- Est ce bien le plus important ?
Philippe surpris par la question.
- Pourquoi donc ?? Tu vois quelque chose de plus important, toi ??
- Oh que oui !! Je dois retrouver mon Thomas et tu m’as promis de m’aider rappelle toi ?
- J’ai déjà commencé quelques recherches, il y avait bien une famille Louvain qui habitait près de chez tes grands-parents.
Je le regarde en dévorant ses paroles.
- Tu sais où ils sont maintenant ?
- Je ne devrais plus tarder à recevoir cette information, il faut seulement que tu saches qu’il n’y a pas de garçon prénommé Thomas dans cette famille.
- De quoi !!!
CHAPITRE 83 (Paris)
« Bureau du directeur de la DST »
L’homme grisonnant enfile son pardessus le front plissé, ce courrier qu’il a reçu n’est pas de ceux qu’il peut mettre d’office à la poubelle car s’il y a une chance même minime que ce qui y est écrit dedans soit exact, il ne peut se permettre de ne pas en tenir compte.
Il pense à la lettre qu’il a envoyée au labo pour analyse par un de ses collaborateurs et sort de son bureau en direction du parking où ses collègues l’attendent déjà, le visage grave de l’intervention qu’ils s’apprêtent à mener.
Maurice monte en voiture en faisant signe à ses hommes tout en leur donnant ses dernières instructions.
- C’est parti les gars !!! Rappelez-vous surtout, pas de vagues !!! Il se pourrait qu’il soit armé !!
- Bien patron !!
Maurice claque la portière, met sa ceinture de sécurité et attrape ensuite le téléphone cellulaire du véhicule de service, il compose un premier numéro attendant avec impatience que ça décroche.
- …….
- C’est Maurice !! Alors où on en est ?
- …….
- Tu leur as bien dit de rester planqués ?
- ……
- Très bien !! Passe-leur le message que je devrais être sur les lieux d’ici une petite demi-heure, d’autant plus qu’ils m’attendent avant d’agir c’est compris ?
- ……
Maurice raccroche pour redécrocher aussitôt pour un nouvel appel.
- ……
- Désmaré !! Vous avez mon renseignement ?
- ……
- De quoi !! Vous êtes certain de ne pas vous tromper ??
- ……
- Sortez-moi son dossier !! Je le veux sur mon bureau à mon retour !!
- ……
Maurice raccroche une nouvelle fois, sauf que cette fois il reste songeur et s’adosse à la banquette pour réfléchir sur ce qu’il vient d’apprendre, bonne idée qu’il a eue de faire analyser la lettre.
- Un souci patron ?
- Je ne sais pas si c’en est un ou pas, nous avons identifié celui qui a certainement envoyé cette lettre.
- Et c’est qui patron ? Un type déjà fiché chez nous pour que ça ait été aussi rapide !!
- Pas chez nous, non !! Par contre à la nationale on peut dire ça comme ça d’après les renseignements que je viens d’avoir sur lui, Florian De Bierne ? Ça vous dit quelque chose ?
Le passager avant se retourne vers lui, visiblement surpris.
- Le rouquin ?? Si c’est bien du même Florian qu’on parle, celui qui vous a renseigné ne vous a pas tout dit alors !!
- (Maurice curieux) Tu m’as l’air bien au courant ?
- Je veux, oui !! Ce gosse est fiché aux mœurs, aux stups et à peu près à tous les autres services de police, chez nous aussi patron mais vous n’étiez pas encore à la tête du service et c’est pour cette raison que son nom ne vous dit sans doute rien, nous le soupçonnions à une époque de servir de « facteur » dans une combine d’argent pas très net.
- (Maurice) Des faux billets ?
- Non !! Disons plutôt une histoire de blanchiment d’argent sale, mais nous avons dû lâcher l’affaire sur ordre de l’ancien patron !! Si j’ai bonne mémoire, ses parents sont très riches et son père a dû faire pression assez haut, si vous voyez ce que je veux dire !!
Maurice reste encore une fois songeur, un mot dans les révélations de son collaborateur lui revient alors en mémoire.
- Vous avez bien dit, « ce gosse » ?
- Oui patron !! À l’époque il était mineur, quatorze ou quinze ans je crois !!
- (Maurice) Et ça date de quand ?
- Oh !! Il y a bien trois voire quatre ans.
- C’est tout ce que vous vous rappelez sur lui ?
- Oui patron !! C’est surtout à cause de son jeune âge que je me suis rappelé de lui et aussi parce que c’était une vraie teigne ce gosse, pourtant à le voir comme ça on lui aurait donné le bon dieu sans confession.
Le conducteur prend la parole à son tour.
- Nous arrivons à l’adresse indiquée, qu’est-ce qu’on fait patron ?
Maurice jette un œil autour de lui et montre une ruelle du doigt.
- Garez-vous là-bas!!
CHAPITRE 84 (Afrique)
« Quelque part dans la jungle, conversation mentale »
- Avez-vous ressenti comme moi le changement dans la trame de l’espace-temps mes frères ?
- Quelque chose s’est passé qui va perturber l’avenir de cette planète !!
- Ne l’avons-nous pas déjà fait par notre intervention ?
- Tant que nous ne nous occuperons pas des affaires des humains qui peuplent cette terre, nous n’agissons en aucune façon sur leur avenir et ce que nous avons fait, n’était que pour éviter justement que ça ne se produise.
- Alors qu’était donc ce que nous avons ressenti ?
- Peut-être d’autres de nos frères qui terminent leur périple ici comme nous l’avons fait !!
- C’est une possibilité quoique très improbable après tout ce temps, mais ce n’est pas la seule !!
- Vous pensez à l’enfant ?
- Nous avons sondé son esprit rappelez-vous !!
- L’étincelle de notre dieu qui est entré en lui est de celle qu’il ne fallait surtout pas rallumer rappelez-vous !!
- Nous nous rappelons !!
- Nous avons fait en sorte qu’elle ne rejoigne jamais la communauté de son esprit une fois redevenu entier, c’est notre mission première.
- Peut-être a-t-elle passé nos barrières ?
- Seule ? Elle est bien trop faible pour ça !!
- De plus le temps n’était pas encore venu !!
- Il reste une possibilité.
- L’âme errante ?
- Celle qui en son temps devra lui redonner sa puissance une fois toutes ses étincelles de vies à nouveau réunies et sa mémoire retrouvée !!
- Prions pour qu’elle n’ait pas intégré celle du jeune humain, nous aurions failli à notre mission.
- Elle arrive bien tard dans cette réalité, le temps lui est compté !!
- Sauf s’il commence à se souvenir.
- Nous aurions ressenti sa puissance !!
- Nous devons envoyer l’un des nôtres pour l’éduquer.
- En a-t-il besoin ? Le fait qu’il soit là implique que son enveloppe humaine sur ce monde a subi un traumatisme fatal et qu’il s’en est emparé pour le guérir sans notre aide.
- L’univers recommence à prier, ne le ressentez-vous pas mes frères ? Beaucoup de peuples croient de nouveau en lui.
- L’empathie avec ses créations lui reviendrait donc ? Peut-être notre sacrifice n’aura pas été vain !! L’expansion pourra alors reprendre quand sa toute-puissance sera revenue.
- Les imposteurs seront chassés !! La paix et la sérénité reprendront son cours normal, les galaxies cesseront de se détruire pour le pouvoir de quelques-uns.
- Il faudra encore qu’il retrouve son âme sœur et que « Thomasss » lui accorde son pardon !!
- Un amour comme était le leur ne peut pas disparaître, les actes passés seront pardonnés.
- L’exil lui a été ordonné sur un moment de colère !!
- De folie plutôt !! Rappelez-vous ce qu’étaient devenus les mondes avant la grande dispersion, le temps n’en a pas encore effacé toutes les cicatrices. Les guerres actuelles en sont la preuve s’il en faut que la sagesse des temps anciens n’est pas encore revenue.
- Combien faudra-il attendre encore ?
- Le temps importe peu pour lui, il doit guérir de tous ses maux avant de reprendre la place qui est la sienne !!
- Et s’il retrouvait sa puissance d’alors ? Sans son humanité ?
- D’autres devraient se sacrifier comme nous l’avons fait ou ce serait la fin de tout ce qui vit, nous n’en sommes pas là et les prières vont dans le bon sens pour que l’espoir soit permis.
- Il faut nous en assurer mes frères !! Trouvons un moyen pour sonder son âme pendant qu’il est encore amnésique de sa véritable nature, le plus fort d’entre nous doit le rejoindre.
- Comment ?
- Il devra transférer son essence dans un corps pouvant réaliser un si long voyage, nous mettrons la puissance de tous s’il le faut pour l’aider dans sa mission.
- Un tel transfert en restant conscient n’est possible que dans des conditions bien particulières, il peut se passer beaucoup de temps à l’échelle de ce monde pour qu’il se réalise et c’est justement ce qu’il nous manque le plus avant qu’une fois encore la transition inéluctable se fasse.
- Nous allons devoir aller contre notre nature pour se faire !!
Un murmure horrifié résonne alors dans cette partie de la jungle, démontrant à quel point l’idée qui vient d’être émise va à l’encontre de ce qu’ils sont.
« Quelques jours plus tard, bureau de Philippe »
- C’est aujourd’hui que tes parents quittent Aix si mes souvenirs sont bons ?
Je suis assis relax depuis maintenant plus de deux heures dans le bureau de Philippe, comme chaque jour de la semaine où nous passons nos matinées ensemble.
Sa question me surprend car loin de ce que nous étions en train de parler.
- Heu !!! Oui, après le déjeuner !! Je tenais à leur dire au revoir.
- Ça doit te faire un drôle d’effet tous ces souvenirs différents que tu as sur eux ? Tantôt victime d’un accident mortel, tantôt triste devant un fils handicapé et maintenant avec ce que tu vis avec eux ?
- C’est troublant en effet !! J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas que ça, seulement je n’arrive pas à mettre le doigt dessus et c’est énervant.
- Tu penses à quoi en disant « pas que ça » ?
- Je ne sais pas trop en fait, disons qu’il se pourrait que j’aie beaucoup plus de souvenirs que ceux-là de mes parents dans d’autres réalités.
- Tu te rends compte de la signification de telles pensées ?
- Bah !! Ce sont sans doute des conneries !! En plus je n’ai vraiment rien à quoi me raccrocher pour dire ça, si ce n’est les deux expériences que j’ai vécu avant d’être ici !! Je me disais juste pourquoi deux et pas cent ou mille ??
- Tu t’en souviendrais certainement si c’était le cas ?
- Je suis comme toi en ce moment tu sais ? J’ai des doutes et surtout beaucoup de questions auxquelles je ne saurais encore répondre, juste qu’il me semble que les réponses sont à portée de mains sans savoir exactement où aller les chercher.
Philippe voit bien que Florian est vraiment troublé, en tous les cas plus que d’habitude où il passe son temps avec lui en souriant à lui raconter certaines anecdotes de ses précédentes « vies ».
Bien sûr Philippe cherche à comprendre et surtout à démêler le vrai de l’imaginaire car il ne doute pas que pour une grosse part de toute cette histoire, elle ne soit purement et simplement sortie du cerveau alors gravement atteint de celui qu’il considère maintenant comme un ami.
Bien sûr il y a l’histoire du livre ainsi que son asthme qui il doit bien l’avouer, n’est plus apparue depuis qu’il a commencé ces matinées avec Florian.
- J’aurais peut-être une idée pour que tu retrouves tes souvenirs enfouis !!!
- Je vois à quoi tu penses mais ne serait-ce pas beaucoup trop dangereux ?
- Pas si nous prenons des précautions avant de commencer.
- Et si ça se retourne contre toi ?? Rappelle-toi des « dons » que j’ai dans mes souvenirs et si l’un d’eux venait à resurgir soudainement ?? Imagine par exemple si mon esprit sous hypnose se sent soudainement agressé ??
- (Philippe) Il faut bien prendre quelques risques si nous voulons avancer, tu te rends bien compte que nous tournons en rond.
- Alors vas-y mais fais très attention à toi et aux questions que tu vas me poser !!
Philippe prend le temps de sa décision, il ouvre ensuite un des tiroirs de son bureau et en sort le pendule dont il se sert habituellement comme objet de fixation d’attention pour ses séances d’hypnose, il vient s’asseoir ensuite près de Florian qui s’est allongé confiant sur le canapé.
Il prend ensuite le lourd cendrier en acier dans sa main gauche pendant qu’il commence à balancer lentement le pendule devant les yeux du jeune rouquin.
- Fixe bien le pendule et écoute ma voix !! Tu te relaxes lentement, tes yeux deviennent lourds et ton esprit se libère de ses contraintes !! À trois tu t’endormiras et n’entendras plus que ma voix !!! Un !!… Deux !!… Trois !!
Philippe voit bien les yeux de Florian se fermer, il claque dans sa main sans réaction aucune de sa part et sa voix reprend alors dans le même ton apaisant.
- Écoute ce bruit !!
Philippe laisse tomber le cendrier au sol.
***/***
« Vlan !! »
***/***
Il le ramasse et le tient devant lui de ses deux mains, il poursuit alors.
- La prochaine fois que tu entendras ce son, tu te réveilleras immédiatement et tu oublieras tout ce qu’il s’est dit ou passé !! Est-ce bien compris ?
- Oui !!
- Très bien !! Quel est le nom que les gens te donnent ?
- Florian De Bierne !!
- Bien !!! Quel est l’âge de Florian ?
- Bientôt dix-huit ans !!!
- C’est bien ton vrai âge n’est-ce pas ??
- Non !!
Philippe surpris poursuit son questionnement.
- Dis-moi, ou plutôt non !! Montre-moi qui tu es vraiment ??
***/***
« Vlan !! »
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CHAPITRE 82 (Aix en Provence) (suite)
Je me réveille en sursaut, surpris en me demandant bien ce qu’il m’arrive et pourquoi je suis debout au milieu de la pièce, ce n’est qu’en regardant au sol que j’aperçois Philippe tétanisé près du canapé les yeux exorbités.
Je lis la folie dans son regard aussi j’attrape le pendule également au sol et je remémorise sa façon qu’il a eue pour m’hypnotiser, je réitère sur lui ces gestes tout comme ces paroles et ce n’est que quand enfin je vois ses yeux se refermer, que je pousse un ouf de soulagement.
- Philippe, tu m’entends ?
- Oui !!
J’hésite un instant à lui demander ce qui l’a rendu dans cet état de folie, je préfère ne pas lui infliger une deuxième fois le souvenir de cet instant qui a sans doute été l’élément déclencheur de sa perte de raison.
- Je vais compter jusqu’à trois, à trois tu te réveilleras en ne te souvenant plus de rien de ce qu’il vient de se passer ces dernières minutes. Un !!… Deux !!… Trois !!
Ses yeux s’ouvrent immédiatement, son visage marque rapidement l’effarement de se voir allongé par terre avec moi penché au-dessus de lui.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ??
Je lui souris satisfait de voir que son état est redevenu comme avant, déçu également de ne pas connaître la raison de cette démence que j’ai pu y lire dans ses yeux.
- De quoi te rappelles-tu ?
Philippe se redresse, je l’aide à se remettre debout et une fois assis à son tour près de moi, il me sourit en me reprenant le pendule des mains.
- Je n’aurais pas dû, pas vrai ?
- Il semblerait bien que tu aies appris quelque chose que ton cerveau a refusé de croire, j’ai été obligé de t’hypnotiser à mon tour pour te rendre tous tes esprits en te faisant oublier ce qui t’avait mis dans cet état.
- Tu as bien réagi !! Je te dois sans doute beaucoup après ça !!
- Bah !! Nous sommes revenus au point de départ voilà tout.
Je ramasse le cendrier et je le repose sur la table en regardant Philippe avec curiosité.
- C’était pour quoi faire ?
- Disons que c’est grâce à lui si rien de grave ne s’est passé.
- On fait quoi maintenant ?
- (Philippe) Laisse-moi y réfléchir si tu le veux bien !! Nous reprendrons cette séance demain car je pense que pour aujourd’hui c’est bien assez !! Ce qui est sûr maintenant, c’est que tu n’as pas menti et qu’il va nous falloir trouver un moyen pour comprendre ce que tu es vraiment.
- Est ce bien le plus important ?
Philippe surpris par la question.
- Pourquoi donc ?? Tu vois quelque chose de plus important, toi ??
- Oh que oui !! Je dois retrouver mon Thomas et tu m’as promis de m’aider rappelle toi ?
- J’ai déjà commencé quelques recherches, il y avait bien une famille Louvain qui habitait près de chez tes grands-parents.
Je le regarde en dévorant ses paroles.
- Tu sais où ils sont maintenant ?
- Je ne devrais plus tarder à recevoir cette information, il faut seulement que tu saches qu’il n’y a pas de garçon prénommé Thomas dans cette famille.
- De quoi !!!
CHAPITRE 83 (Paris)
« Bureau du directeur de la DST »
L’homme grisonnant enfile son pardessus le front plissé, ce courrier qu’il a reçu n’est pas de ceux qu’il peut mettre d’office à la poubelle car s’il y a une chance même minime que ce qui y est écrit dedans soit exact, il ne peut se permettre de ne pas en tenir compte.
Il pense à la lettre qu’il a envoyée au labo pour analyse par un de ses collaborateurs et sort de son bureau en direction du parking où ses collègues l’attendent déjà, le visage grave de l’intervention qu’ils s’apprêtent à mener.
Maurice monte en voiture en faisant signe à ses hommes tout en leur donnant ses dernières instructions.
- C’est parti les gars !!! Rappelez-vous surtout, pas de vagues !!! Il se pourrait qu’il soit armé !!
- Bien patron !!
Maurice claque la portière, met sa ceinture de sécurité et attrape ensuite le téléphone cellulaire du véhicule de service, il compose un premier numéro attendant avec impatience que ça décroche.
- …….
- C’est Maurice !! Alors où on en est ?
- …….
- Tu leur as bien dit de rester planqués ?
- ……
- Très bien !! Passe-leur le message que je devrais être sur les lieux d’ici une petite demi-heure, d’autant plus qu’ils m’attendent avant d’agir c’est compris ?
- ……
Maurice raccroche pour redécrocher aussitôt pour un nouvel appel.
- ……
- Désmaré !! Vous avez mon renseignement ?
- ……
- De quoi !! Vous êtes certain de ne pas vous tromper ??
- ……
- Sortez-moi son dossier !! Je le veux sur mon bureau à mon retour !!
- ……
Maurice raccroche une nouvelle fois, sauf que cette fois il reste songeur et s’adosse à la banquette pour réfléchir sur ce qu’il vient d’apprendre, bonne idée qu’il a eue de faire analyser la lettre.
- Un souci patron ?
- Je ne sais pas si c’en est un ou pas, nous avons identifié celui qui a certainement envoyé cette lettre.
- Et c’est qui patron ? Un type déjà fiché chez nous pour que ça ait été aussi rapide !!
- Pas chez nous, non !! Par contre à la nationale on peut dire ça comme ça d’après les renseignements que je viens d’avoir sur lui, Florian De Bierne ? Ça vous dit quelque chose ?
Le passager avant se retourne vers lui, visiblement surpris.
- Le rouquin ?? Si c’est bien du même Florian qu’on parle, celui qui vous a renseigné ne vous a pas tout dit alors !!
- (Maurice curieux) Tu m’as l’air bien au courant ?
- Je veux, oui !! Ce gosse est fiché aux mœurs, aux stups et à peu près à tous les autres services de police, chez nous aussi patron mais vous n’étiez pas encore à la tête du service et c’est pour cette raison que son nom ne vous dit sans doute rien, nous le soupçonnions à une époque de servir de « facteur » dans une combine d’argent pas très net.
- (Maurice) Des faux billets ?
- Non !! Disons plutôt une histoire de blanchiment d’argent sale, mais nous avons dû lâcher l’affaire sur ordre de l’ancien patron !! Si j’ai bonne mémoire, ses parents sont très riches et son père a dû faire pression assez haut, si vous voyez ce que je veux dire !!
Maurice reste encore une fois songeur, un mot dans les révélations de son collaborateur lui revient alors en mémoire.
- Vous avez bien dit, « ce gosse » ?
- Oui patron !! À l’époque il était mineur, quatorze ou quinze ans je crois !!
- (Maurice) Et ça date de quand ?
- Oh !! Il y a bien trois voire quatre ans.
- C’est tout ce que vous vous rappelez sur lui ?
- Oui patron !! C’est surtout à cause de son jeune âge que je me suis rappelé de lui et aussi parce que c’était une vraie teigne ce gosse, pourtant à le voir comme ça on lui aurait donné le bon dieu sans confession.
Le conducteur prend la parole à son tour.
- Nous arrivons à l’adresse indiquée, qu’est-ce qu’on fait patron ?
Maurice jette un œil autour de lui et montre une ruelle du doigt.
- Garez-vous là-bas!!
CHAPITRE 84 (Afrique)
« Quelque part dans la jungle, conversation mentale »
- Avez-vous ressenti comme moi le changement dans la trame de l’espace-temps mes frères ?
- Quelque chose s’est passé qui va perturber l’avenir de cette planète !!
- Ne l’avons-nous pas déjà fait par notre intervention ?
- Tant que nous ne nous occuperons pas des affaires des humains qui peuplent cette terre, nous n’agissons en aucune façon sur leur avenir et ce que nous avons fait, n’était que pour éviter justement que ça ne se produise.
- Alors qu’était donc ce que nous avons ressenti ?
- Peut-être d’autres de nos frères qui terminent leur périple ici comme nous l’avons fait !!
- C’est une possibilité quoique très improbable après tout ce temps, mais ce n’est pas la seule !!
- Vous pensez à l’enfant ?
- Nous avons sondé son esprit rappelez-vous !!
- L’étincelle de notre dieu qui est entré en lui est de celle qu’il ne fallait surtout pas rallumer rappelez-vous !!
- Nous nous rappelons !!
- Nous avons fait en sorte qu’elle ne rejoigne jamais la communauté de son esprit une fois redevenu entier, c’est notre mission première.
- Peut-être a-t-elle passé nos barrières ?
- Seule ? Elle est bien trop faible pour ça !!
- De plus le temps n’était pas encore venu !!
- Il reste une possibilité.
- L’âme errante ?
- Celle qui en son temps devra lui redonner sa puissance une fois toutes ses étincelles de vies à nouveau réunies et sa mémoire retrouvée !!
- Prions pour qu’elle n’ait pas intégré celle du jeune humain, nous aurions failli à notre mission.
- Elle arrive bien tard dans cette réalité, le temps lui est compté !!
- Sauf s’il commence à se souvenir.
- Nous aurions ressenti sa puissance !!
- Nous devons envoyer l’un des nôtres pour l’éduquer.
- En a-t-il besoin ? Le fait qu’il soit là implique que son enveloppe humaine sur ce monde a subi un traumatisme fatal et qu’il s’en est emparé pour le guérir sans notre aide.
- L’univers recommence à prier, ne le ressentez-vous pas mes frères ? Beaucoup de peuples croient de nouveau en lui.
- L’empathie avec ses créations lui reviendrait donc ? Peut-être notre sacrifice n’aura pas été vain !! L’expansion pourra alors reprendre quand sa toute-puissance sera revenue.
- Les imposteurs seront chassés !! La paix et la sérénité reprendront son cours normal, les galaxies cesseront de se détruire pour le pouvoir de quelques-uns.
- Il faudra encore qu’il retrouve son âme sœur et que « Thomasss » lui accorde son pardon !!
- Un amour comme était le leur ne peut pas disparaître, les actes passés seront pardonnés.
- L’exil lui a été ordonné sur un moment de colère !!
- De folie plutôt !! Rappelez-vous ce qu’étaient devenus les mondes avant la grande dispersion, le temps n’en a pas encore effacé toutes les cicatrices. Les guerres actuelles en sont la preuve s’il en faut que la sagesse des temps anciens n’est pas encore revenue.
- Combien faudra-il attendre encore ?
- Le temps importe peu pour lui, il doit guérir de tous ses maux avant de reprendre la place qui est la sienne !!
- Et s’il retrouvait sa puissance d’alors ? Sans son humanité ?
- D’autres devraient se sacrifier comme nous l’avons fait ou ce serait la fin de tout ce qui vit, nous n’en sommes pas là et les prières vont dans le bon sens pour que l’espoir soit permis.
- Il faut nous en assurer mes frères !! Trouvons un moyen pour sonder son âme pendant qu’il est encore amnésique de sa véritable nature, le plus fort d’entre nous doit le rejoindre.
- Comment ?
- Il devra transférer son essence dans un corps pouvant réaliser un si long voyage, nous mettrons la puissance de tous s’il le faut pour l’aider dans sa mission.
- Un tel transfert en restant conscient n’est possible que dans des conditions bien particulières, il peut se passer beaucoup de temps à l’échelle de ce monde pour qu’il se réalise et c’est justement ce qu’il nous manque le plus avant qu’une fois encore la transition inéluctable se fasse.
- Nous allons devoir aller contre notre nature pour se faire !!
Un murmure horrifié résonne alors dans cette partie de la jungle, démontrant à quel point l’idée qui vient d’être émise va à l’encontre de ce qu’ils sont.