CHAPITRE 77 (Orléans) (Deux jours plus tard)
« Chambre de soins intensifs »
Bip ! Bip ! Bip !
Flavien s’essuie pour la énième fois les yeux, de voir son petit frère dans cet état depuis qu’il est à l’hôpital lui devient insupportable et pourtant rien ni personne ne pourrait lui faire quitter la chambre où le petit bout d’homme est sous assistance respiratoire plongé dans un coma de plus en plus profond.
***/***
« Plus tôt dans la matinée, chez les Dufour »
Arnault se lève tout juste et sort de la chambre d’ami en faisant attention de ne pas réveiller ses copains mais en baillant quand même à s’en décrocher la mâchoire, il entre dans la salle de bains quand la sonnerie de l’entrée retentit.
« Dring ! Dring ! »
Il entend des pas aller ouvrir la porte ainsi que quelques mots qu’il ne comprend pas, la porte se referme et les pas reprennent le chemin inverse, la voix plus claire de la mère de Flavien se fait alors entendre.
- Je n’avais pourtant rien commandé ??
- (Son mari) Regarde qui est l’expéditeur ??
- il n’y a pas de noms !! En plus c’est adressé à Flavien !!
- (Son mari) Et bien voilà l’explication !! C’est sans doute lui qui s’est acheté quelque chose !!
Arnault se rappelle soudainement une certaine conversation avec le fils de son patron, qui lui avait semblé pour le moins bizarre et qu’il avait fini par oublier sur les conseils avisés de son collègue qui l’a prévenu de ne surtout pas faire confiance en quoi que ce soit qui viendrait justement de ce garçon.
Pourtant il ne lui avait pas semblé bien méchant, ce serait même tout le contraire et il se passe un doigt en soupirant sur le dessus de sa main, précisément à l’endroit où le jeune rouquin la lui a caressée.
Un frisson le prend au souvenir de ce moment assez spécial pour qu’il s’en rappelle précisément et lui fasse machinalement mettre sa main sous ses yeux pour regarder l’endroit précis de cette caresse qui lui avait semblé humide sur le coup et qui longeait sa cicatrice comme s’il voulait la suivre d’un bout à l’autre.
Quelque chose le gène soudainement et qu’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, c’est suffisamment important lui semble-t-il pour qu’il cherche dans sa mémoire ce que cela peut bien être et le flash lui vient subitement quand ses yeux passent une nouvelle fois sur le dos de sa main accidentée autrefois et qui lui a valu cette marque qui n’est plus qu’un mauvais souvenir de sa jeunesse au manoir.
Ses yeux deviennent ronds de stupeur quand il la cherche en vain alors qu’elle aurait dû être là, lui revient alors les paroles du rouquin et il fonce dans la cuisine où il prend le paquet des mains de la mère de son ami.
- Il faut qu’on aille à l’hôpital !! Tout de suite !!
- (Henriette surprise) Mais explique-toi voyons !!
- Ce que contient ce paquet peut sauver Ludovic !!
- (Bastien ahuri) Qu’est-ce que tu racontes mon garçon ??
Arnault va prendre un couteau dans un tiroir et ouvre le colis qui révèle alors son contenu, une enveloppe qu’il prend d’abord pour y lire le nom de Flavien et qu’il tend aux parents de celui-ci, puis bien emballer dans du papier journal il trouve un petit pot, une fiole puis enfin un ensemble d’injection neuf emballé dans son cellophane.
Bastien ouvre le courrier et le lit à haute voix.
« Courrier »
Flavien !! Si tu veux guérir « Ludo », tu dois respecter à la lettre ce qui suit.
A) : Demande à Arnault de te montrer sa cicatrice qu’il a sur le dessus de la main droite, tu t’apercevras qu’elle a disparu et que donc ce qui va suivre n’est pas une plaisanterie.
***/***
Bastien relève les yeux sur Arnault l’œil interrogateur, celui-ci lui montre sa main où plus rien de visible n’apparaît alors que tous savent bien qu’elle était là pour en avoir demandé l’explication lors de leur première rencontre avec celui-ci.
Médusé, Bastien reprend la lettre et poursuit sa lecture, cette fois sa voix chevrotante montre bien qu’il commence à prendre au sérieux la missive qu’il tient entre les mains.
CHAPITRE 78 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
***/***
« Reprise de la lecture »
B) : Donc vous commencez à me croire Hi ! Hi !!
C) : J’espère que vous recevrez ce colis à temps avant que l’opération de Ludovic ne commence, la tumeur qu’il a est inopérable et les médecins qui vous diront le contraire sont des charlatans, demandez donc à ce spécialiste Parisien quelle chance il donne à votre fils et s’il est honnête, il vous répondra qu’il y a bien trop d’aléas sur une telle intervention pour vous donner une estimation.
D) : Tu dois mettre le contenu de la fiole dans la seringue et l’injecter dans l’artère jugulaire de ton petit frère, si tu ne t’en sens pas capable et je te comprendrais, envoie le produit dans le tuyau du goutte à goutte le plus près possible de la perfusion pour qu’il profite du produit sans que celui-ci ne se délaye trop (s’il est transfusé, c’est dans celui-là qu’il faut privilégier l’injection)
E) : Maintenant il faut laisser le temps d’agir !! Demande à tes parents de revenir sur la décision d’opérer le temps qu’ils répondent à quelques questions que tu trouveras en tournant la page et qui vous montrera combien ils seront incapables d’y répondre.
F) : Si le colis arrive trop tard et que ton petit frère est encore parmi nous, il te faudra faire la même chose le plus discrètement possible parce que ce sera différent quant aux réactions des chirurgiens quand ils s’en apercevront.
G) : Tu comprends mon grand qu’il te faut faire très vite si tu veux éviter l’opération qui de toute façon n’apportera rien de bon.
H) : Une question parmi les milliers que tu te poses Hi ! Hi ! À quoi sert donc le pot d’onguent ? En fait elle ne sert qu’à prouver mes dires et tu dois t’en servir pour croire en moi, car je me doute bien de tes pensées actuelles et ce même si ne l’oublie pas, la cicatrice d’Arnault a disparu.
I) : Donc voilà comment faire, trouve quelque chose d’apparent sur quelqu’un de proche (Alexie a peut-être toujours son acné récurrente) et applique en une petite couche en massant bien, l’effet ne devrait pas se faire attendre et te conforter dans le sérieux de ma démarche pour sauver « Ludo ».
Un ami qui saura se faire connaître quand le moment sera venu.
Ps : Je croise les doigts pour vous tous en espérant sincèrement que ce colis soit arrivé à temps
F.DB
***/***
La porte claque en faisant sursauter Henriette et Bastien qui s’aperçoivent alors qu’Arnault n’est plus près d’eux mais qu’il a filé dans sa chambre qu’il partage avec leur neveu et Marc le temps où il est parmi eux.
Il ne faut pas deux minutes avant qu’il réapparaisse avec Alexie encore la tête en vrac à chercher à comprendre ce qu’il lui arrive.
- (Arnault) Assieds-toi et laisse-toi faire !!
Alexie voit son ami prendre un pot sur la table près de ce qui ressemble à un colis qu’ils viennent de recevoir.
- (Alexie) Mais !! Qu’est-ce que tu fais ??
- (Arnault) C’est un médicament pour ta peau !!
- (Alexie) Pfffttt !!! Encore un !!! J’en ai essayé tellement que je n’y crois plus tu sais !!
- (Bastien) Laisse faire ton copain, tu pourrais être surpris sur ce coup-là !!
Alexie voit bien l’air sérieux de son oncle, il voit aussi la tête que fait sa tante et qui suit les gestes de son copain qui maintenant lui étale le produit sur le visage avec une curiosité marquée par une vive anxiété.
Arnault applique bien la crème en faisant attention de ne pas arracher involontairement les parties du visage de son ami infectées par l’acné qui n’a pas besoin de ça et doit déjà supporter depuis plusieurs années ce mal qui l’enlaidit en lui donnant un air suffisamment repoussant pour qu’il en perde la plupart de ses anciens amis.
- (Alexie) Il y a quoi là-dedans ? Putain !! Ça chatouille !!!
- (Arnault) Ne touche à rien, je reviens !!
Pendant qu’Arnault retourne dans la salle de bain pour y trouver de quoi laver le visage de son ami, celui-ci regarde son oncle et sa tante avec étonnement, la tête qu’ils font le laissant sans comprendre ce qu’il se passe.
- Vous en faites une tête ??
- (Henriette) Mon Dieu !!
- (Bastien) Et bien ça alors !!
- Quoi ?? Qu’est-ce qu’il y a ??
- (Henriette) Ton visage !!
- Eh bien oui quoi !! Arnault l’a couvert de crème et alors ?
Une voix derrière lui le fait se retourner, Arnault le regarde sidéré en tenant le gant de toilette humide dans une main et la petite bassine pleine d’eau dans l’autre.
- Wouahh !!! Ça marche on dirait !! Mais alors !! Nous attendons quoi là ??
- (Bastien) Comment ça ??
- La lettre !! Il faut vite rejoindre Flavien à l’hôpital !! Ils l’opèrent quand « Ludo » ?
- (Henriette) En début de soirée, pourquoi ?
- Mais enfin quoi !! Il n’y a que moi qui comprends que ce qui est écrit jusque-là a été l’exacte vérité et qu’il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement pour le reste ??
CHAPITRE 79 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
« Hôpital d’Orléans, fin de matinée »
Ils sont tous les six dans le couloir pendant qu’une infirmière donne la toilette et les soins à Ludovic, leurs regards remplis d’espoir après ce qu’ils ont fait un peu plus tôt dans la matinée.
Flavien lit pour la dixième fois au moins cette lettre que ses parents lui ont amenée en même temps que ce que sa mère cachait avec précaution dans son sac à main.
La main d’Arnault, la lecture de la lettre et le visage d’Alexie l’ont tout de suite convaincu que de toute façon c’était la dernière chance pour que son petit frère puisse s’en sortir et ce n’est pas ce qu’il a entendu depuis qu’il le veille, qui le fera changer d’avis bien au contraire.
C’est donc sans trembler avec la détermination qui le caractérise dans ces cas-là, qu’il a choisi la première solution et qu’il a injecté le produit dans l’artère du cou de son petit frère, avant de rendre la seringue vide à sa mère et d’attendre depuis avec eux que les choses se passent.
L’infirmière sort soudainement, les regarde sans les voir et s’éloigne en courant avec sa main devant sa bouche pétrifiée de stupeur.
Ils se regardent tous incrédules, restant assis rien que parce que la lumière rouge est toujours affichée au-dessus de la porte.
- (Henriette) Qu’est ce qui lui a prise de partir en courant ?
Alexie caresse de deux doigts son visage et son sourire montre le bonheur qu’il ressent depuis qu’il est débarrassé de ses impressionnants boutons qui le défiguraient.
Il ricane alors à une idée qui vient de lui traverser l’esprit.
- Y’a peut-être « Ludo » qui lui a mis une main au cul va savoir Hi ! Hi !
Personne n’a le temps de répondre que les choses bougent autour d’eux, l’infirmière qui revient aussi rapidement qu’elle était partie mais accompagnée cette fois par deux hommes que Flavien reconnaît comme deux des internes de l’hôpital qui suivent le chirurgien s’occupant de son frère et qui à la tête qu’ils font, semblent préoccupés par ce qu’ils vont découvrir.
Ils rentrent dans la chambre en refermant derrière eux, sans même avoir la chose de leur parler et les laissant ainsi dans la méconnaissance totale de ce qu’il peut bien se passer à l’intérieur.
***/***
« Dans la chambre »
L’infirmière montre les courbes enregistrées par les différents appareils.
- Alors ?? Je n’ai pas raison ??
Les deux internes se regardent médusés, l’un d’entre eux va pour vérifier les instruments pendant que l’autre s’approche de l’enfant pour vérifier son rythme cardiaque et ses réactions pupillaires.
- Il est bien en phase de réveil !! Je ne comprends pas comment c’est possible !!
- Nous devons le transporter tout de suite au scanner et vérifier comment se comporte la tumeur, il est possible qu’elle ait bougé en libérant un peu de pression sur son cerveau !!
- Ne perdons pas de temps !!
L’interne se tourne vers l’infirmière en souriant.
- Ton analyse était bonne, préviens tout de suite le professeur que nous emmenons le gamin en salle de scan !! S’il se réveille vraiment, ça risque de compliquer les choses pour l’opération !!
- (L’infirmière curieuse) Et pourquoi donc ?
- Parce qu’il va falloir l’endormir artificiellement et ce n’est pas le mieux pour ce genre d’intervention !! Déjà que les chances sont quasi nulles qu’il s’en sorte sans séquelles graves et encore je dis ça !! S’il s’en sort !!
CHAPITRE 80 (Orléans) (Deux jours plus tard) (fin)
«Dans le couloir de l’hôpital »
La porte de la chambre s’ouvre et un des internes en sort en tirant avec lui le lit où est allongé Ludovic, l’autre interne apparaît ensuite en tenant les perfusions dans ses mains et ils prennent le couloir jusqu’à l’ascenseur, sans une seule parole à la famille qui les voit passer avec une inquiétude proche de la panique.
Deux minutes se passent et c’est au tour de l’infirmière de sortir, cette fois elle est interpellée par Bastien qui est décidé à avoir des réponses avant qu’elle aussi disparaisse à l’angle du couloir.
- Mademoiselle s’il vous plaît ?? Pourrions-nous savoir ce qu’il se passe avec notre fils ??
Il voit bien qu’elle est surprise de se faire interpeller et surtout qu’elle cherche ses mots avant de répondre.
- Une petite complication, mais rien de grave rassurez-vous !! Nous devons juste lui refaire des analyses avant l’opération.
***/***
« Salle de scanners, dix minutes plus tard »
L’appareil bourdonne, la lumière bleutée illumine le visage pâle de l’enfant pendant que le chirurgien observe attentivement l’écran.
Ce qu’il voit le laisse plus que perplexe et ne serait-ce la dangerosité d’exposer une deuxième fois le cerveau du bambin, il ne se serait pas privé de faire une nouvelle passe pour être certain qu’il ne rêve pas.
Un des deux internes restés près de lui pose la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment déjà devant les mimiques ahuries du professeur.
- Un problème monsieur ?
L’homme se tourne vers lui, perplexe et le front plissé par la réflexion.
- Croyez-vous aux miracles ??
- Pardon ??
- Je vous demande si vous croyez aux miracles mon garçon ?? Parce que si vous me répondez non, je vais vous prouvez le contraire !!
- Plait-il docteur ??
Le chirurgien clique sur la souris et se lève pour aller jusqu’à la photocopieuse couleur au fond de la salle où une feuille au format A3 apparaît lentement, il attend la minute nécessaire à ce que l’impression se termine et revient avec en la posant sur la table.
- Voilà un cas d’école pour vous deux messieurs !! Donnez-moi votre diagnostic sur cette coupe cervicale.
Les deux internes se penchent sur la photo pendant un moment qui semble très long à l’homme qui les observe avec attention.
- Alors ??
- Il doit y avoir une erreur docteur, ce cliché ne montre aucune anomalie !!
- Vous en êtes certains ?
- Certain docteur !!
- Donc ce que vous avez en ce moment sous les yeux, comment appelez-vous ça ??
Voyant qu’ils restent sans voix, il va ouvrir le dossier du jeune Ludovic et en sort un cliché identique à un « détail » près, l’énorme tache sombre de la tumeur grosse comme un œuf de pigeon qui comprime le cerveau de l’enfant à l’intérieur de sa boîte crânienne.
- Ce cliché a été pris hier après-midi, j’en avais fait la demande pour que le chirurgien qui doit arriver incessamment puisse travailler dessus avant d’entreprendre son acte chirurgical.
- !!!!!!!
***/***
« Retour dans le couloir de l’hôpital, une bonne heure plus tard »
Flavien tremble de tout son corps, il commence à se demander si ce qu’il a fait à son petit frère ne va pas plutôt avoir l’effet inverse que ce qu’il y avait de noté dans la lettre.
Bastien et son épouse en sont au même point et leurs visages décomposés ne sont pas loin de la crise de nerfs, seul Arnault qui a toujours sous les yeux le visage d’Alexie reste serein et ce même si ces dernières minutes à se morfondre dans le couloir lui semblent des heures.
Un cri perçant au bout du couloir leur fait tous lever la tête avec une crispation douloureuse au cœur et à l’estomac, Flavien quand il voit le petit bonhomme en pyjama apparaître pieds nus à l’angle du couloir en tombe à genoux, les mains tendues vers celui qu’il aime par-dessus tout et qui vient se jeter en courant dans ses bras le visage rayonnant de joie pour venir nicher sa petite tête blonde dans le cou de son grand frère chéri.
« Chambre de soins intensifs »
Bip ! Bip ! Bip !
Flavien s’essuie pour la énième fois les yeux, de voir son petit frère dans cet état depuis qu’il est à l’hôpital lui devient insupportable et pourtant rien ni personne ne pourrait lui faire quitter la chambre où le petit bout d’homme est sous assistance respiratoire plongé dans un coma de plus en plus profond.
***/***
« Plus tôt dans la matinée, chez les Dufour »
Arnault se lève tout juste et sort de la chambre d’ami en faisant attention de ne pas réveiller ses copains mais en baillant quand même à s’en décrocher la mâchoire, il entre dans la salle de bains quand la sonnerie de l’entrée retentit.
« Dring ! Dring ! »
Il entend des pas aller ouvrir la porte ainsi que quelques mots qu’il ne comprend pas, la porte se referme et les pas reprennent le chemin inverse, la voix plus claire de la mère de Flavien se fait alors entendre.
- Je n’avais pourtant rien commandé ??
- (Son mari) Regarde qui est l’expéditeur ??
- il n’y a pas de noms !! En plus c’est adressé à Flavien !!
- (Son mari) Et bien voilà l’explication !! C’est sans doute lui qui s’est acheté quelque chose !!
Arnault se rappelle soudainement une certaine conversation avec le fils de son patron, qui lui avait semblé pour le moins bizarre et qu’il avait fini par oublier sur les conseils avisés de son collègue qui l’a prévenu de ne surtout pas faire confiance en quoi que ce soit qui viendrait justement de ce garçon.
Pourtant il ne lui avait pas semblé bien méchant, ce serait même tout le contraire et il se passe un doigt en soupirant sur le dessus de sa main, précisément à l’endroit où le jeune rouquin la lui a caressée.
Un frisson le prend au souvenir de ce moment assez spécial pour qu’il s’en rappelle précisément et lui fasse machinalement mettre sa main sous ses yeux pour regarder l’endroit précis de cette caresse qui lui avait semblé humide sur le coup et qui longeait sa cicatrice comme s’il voulait la suivre d’un bout à l’autre.
Quelque chose le gène soudainement et qu’il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, c’est suffisamment important lui semble-t-il pour qu’il cherche dans sa mémoire ce que cela peut bien être et le flash lui vient subitement quand ses yeux passent une nouvelle fois sur le dos de sa main accidentée autrefois et qui lui a valu cette marque qui n’est plus qu’un mauvais souvenir de sa jeunesse au manoir.
Ses yeux deviennent ronds de stupeur quand il la cherche en vain alors qu’elle aurait dû être là, lui revient alors les paroles du rouquin et il fonce dans la cuisine où il prend le paquet des mains de la mère de son ami.
- Il faut qu’on aille à l’hôpital !! Tout de suite !!
- (Henriette surprise) Mais explique-toi voyons !!
- Ce que contient ce paquet peut sauver Ludovic !!
- (Bastien ahuri) Qu’est-ce que tu racontes mon garçon ??
Arnault va prendre un couteau dans un tiroir et ouvre le colis qui révèle alors son contenu, une enveloppe qu’il prend d’abord pour y lire le nom de Flavien et qu’il tend aux parents de celui-ci, puis bien emballer dans du papier journal il trouve un petit pot, une fiole puis enfin un ensemble d’injection neuf emballé dans son cellophane.
Bastien ouvre le courrier et le lit à haute voix.
« Courrier »
Flavien !! Si tu veux guérir « Ludo », tu dois respecter à la lettre ce qui suit.
A) : Demande à Arnault de te montrer sa cicatrice qu’il a sur le dessus de la main droite, tu t’apercevras qu’elle a disparu et que donc ce qui va suivre n’est pas une plaisanterie.
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Bastien relève les yeux sur Arnault l’œil interrogateur, celui-ci lui montre sa main où plus rien de visible n’apparaît alors que tous savent bien qu’elle était là pour en avoir demandé l’explication lors de leur première rencontre avec celui-ci.
Médusé, Bastien reprend la lettre et poursuit sa lecture, cette fois sa voix chevrotante montre bien qu’il commence à prendre au sérieux la missive qu’il tient entre les mains.
CHAPITRE 78 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
***/***
« Reprise de la lecture »
B) : Donc vous commencez à me croire Hi ! Hi !!
C) : J’espère que vous recevrez ce colis à temps avant que l’opération de Ludovic ne commence, la tumeur qu’il a est inopérable et les médecins qui vous diront le contraire sont des charlatans, demandez donc à ce spécialiste Parisien quelle chance il donne à votre fils et s’il est honnête, il vous répondra qu’il y a bien trop d’aléas sur une telle intervention pour vous donner une estimation.
D) : Tu dois mettre le contenu de la fiole dans la seringue et l’injecter dans l’artère jugulaire de ton petit frère, si tu ne t’en sens pas capable et je te comprendrais, envoie le produit dans le tuyau du goutte à goutte le plus près possible de la perfusion pour qu’il profite du produit sans que celui-ci ne se délaye trop (s’il est transfusé, c’est dans celui-là qu’il faut privilégier l’injection)
E) : Maintenant il faut laisser le temps d’agir !! Demande à tes parents de revenir sur la décision d’opérer le temps qu’ils répondent à quelques questions que tu trouveras en tournant la page et qui vous montrera combien ils seront incapables d’y répondre.
F) : Si le colis arrive trop tard et que ton petit frère est encore parmi nous, il te faudra faire la même chose le plus discrètement possible parce que ce sera différent quant aux réactions des chirurgiens quand ils s’en apercevront.
G) : Tu comprends mon grand qu’il te faut faire très vite si tu veux éviter l’opération qui de toute façon n’apportera rien de bon.
H) : Une question parmi les milliers que tu te poses Hi ! Hi ! À quoi sert donc le pot d’onguent ? En fait elle ne sert qu’à prouver mes dires et tu dois t’en servir pour croire en moi, car je me doute bien de tes pensées actuelles et ce même si ne l’oublie pas, la cicatrice d’Arnault a disparu.
I) : Donc voilà comment faire, trouve quelque chose d’apparent sur quelqu’un de proche (Alexie a peut-être toujours son acné récurrente) et applique en une petite couche en massant bien, l’effet ne devrait pas se faire attendre et te conforter dans le sérieux de ma démarche pour sauver « Ludo ».
Un ami qui saura se faire connaître quand le moment sera venu.
Ps : Je croise les doigts pour vous tous en espérant sincèrement que ce colis soit arrivé à temps
F.DB
***/***
La porte claque en faisant sursauter Henriette et Bastien qui s’aperçoivent alors qu’Arnault n’est plus près d’eux mais qu’il a filé dans sa chambre qu’il partage avec leur neveu et Marc le temps où il est parmi eux.
Il ne faut pas deux minutes avant qu’il réapparaisse avec Alexie encore la tête en vrac à chercher à comprendre ce qu’il lui arrive.
- (Arnault) Assieds-toi et laisse-toi faire !!
Alexie voit son ami prendre un pot sur la table près de ce qui ressemble à un colis qu’ils viennent de recevoir.
- (Alexie) Mais !! Qu’est-ce que tu fais ??
- (Arnault) C’est un médicament pour ta peau !!
- (Alexie) Pfffttt !!! Encore un !!! J’en ai essayé tellement que je n’y crois plus tu sais !!
- (Bastien) Laisse faire ton copain, tu pourrais être surpris sur ce coup-là !!
Alexie voit bien l’air sérieux de son oncle, il voit aussi la tête que fait sa tante et qui suit les gestes de son copain qui maintenant lui étale le produit sur le visage avec une curiosité marquée par une vive anxiété.
Arnault applique bien la crème en faisant attention de ne pas arracher involontairement les parties du visage de son ami infectées par l’acné qui n’a pas besoin de ça et doit déjà supporter depuis plusieurs années ce mal qui l’enlaidit en lui donnant un air suffisamment repoussant pour qu’il en perde la plupart de ses anciens amis.
- (Alexie) Il y a quoi là-dedans ? Putain !! Ça chatouille !!!
- (Arnault) Ne touche à rien, je reviens !!
Pendant qu’Arnault retourne dans la salle de bain pour y trouver de quoi laver le visage de son ami, celui-ci regarde son oncle et sa tante avec étonnement, la tête qu’ils font le laissant sans comprendre ce qu’il se passe.
- Vous en faites une tête ??
- (Henriette) Mon Dieu !!
- (Bastien) Et bien ça alors !!
- Quoi ?? Qu’est-ce qu’il y a ??
- (Henriette) Ton visage !!
- Eh bien oui quoi !! Arnault l’a couvert de crème et alors ?
Une voix derrière lui le fait se retourner, Arnault le regarde sidéré en tenant le gant de toilette humide dans une main et la petite bassine pleine d’eau dans l’autre.
- Wouahh !!! Ça marche on dirait !! Mais alors !! Nous attendons quoi là ??
- (Bastien) Comment ça ??
- La lettre !! Il faut vite rejoindre Flavien à l’hôpital !! Ils l’opèrent quand « Ludo » ?
- (Henriette) En début de soirée, pourquoi ?
- Mais enfin quoi !! Il n’y a que moi qui comprends que ce qui est écrit jusque-là a été l’exacte vérité et qu’il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement pour le reste ??
CHAPITRE 79 (Orléans) (Deux jours plus tard) (suite)
« Hôpital d’Orléans, fin de matinée »
Ils sont tous les six dans le couloir pendant qu’une infirmière donne la toilette et les soins à Ludovic, leurs regards remplis d’espoir après ce qu’ils ont fait un peu plus tôt dans la matinée.
Flavien lit pour la dixième fois au moins cette lettre que ses parents lui ont amenée en même temps que ce que sa mère cachait avec précaution dans son sac à main.
La main d’Arnault, la lecture de la lettre et le visage d’Alexie l’ont tout de suite convaincu que de toute façon c’était la dernière chance pour que son petit frère puisse s’en sortir et ce n’est pas ce qu’il a entendu depuis qu’il le veille, qui le fera changer d’avis bien au contraire.
C’est donc sans trembler avec la détermination qui le caractérise dans ces cas-là, qu’il a choisi la première solution et qu’il a injecté le produit dans l’artère du cou de son petit frère, avant de rendre la seringue vide à sa mère et d’attendre depuis avec eux que les choses se passent.
L’infirmière sort soudainement, les regarde sans les voir et s’éloigne en courant avec sa main devant sa bouche pétrifiée de stupeur.
Ils se regardent tous incrédules, restant assis rien que parce que la lumière rouge est toujours affichée au-dessus de la porte.
- (Henriette) Qu’est ce qui lui a prise de partir en courant ?
Alexie caresse de deux doigts son visage et son sourire montre le bonheur qu’il ressent depuis qu’il est débarrassé de ses impressionnants boutons qui le défiguraient.
Il ricane alors à une idée qui vient de lui traverser l’esprit.
- Y’a peut-être « Ludo » qui lui a mis une main au cul va savoir Hi ! Hi !
Personne n’a le temps de répondre que les choses bougent autour d’eux, l’infirmière qui revient aussi rapidement qu’elle était partie mais accompagnée cette fois par deux hommes que Flavien reconnaît comme deux des internes de l’hôpital qui suivent le chirurgien s’occupant de son frère et qui à la tête qu’ils font, semblent préoccupés par ce qu’ils vont découvrir.
Ils rentrent dans la chambre en refermant derrière eux, sans même avoir la chose de leur parler et les laissant ainsi dans la méconnaissance totale de ce qu’il peut bien se passer à l’intérieur.
***/***
« Dans la chambre »
L’infirmière montre les courbes enregistrées par les différents appareils.
- Alors ?? Je n’ai pas raison ??
Les deux internes se regardent médusés, l’un d’entre eux va pour vérifier les instruments pendant que l’autre s’approche de l’enfant pour vérifier son rythme cardiaque et ses réactions pupillaires.
- Il est bien en phase de réveil !! Je ne comprends pas comment c’est possible !!
- Nous devons le transporter tout de suite au scanner et vérifier comment se comporte la tumeur, il est possible qu’elle ait bougé en libérant un peu de pression sur son cerveau !!
- Ne perdons pas de temps !!
L’interne se tourne vers l’infirmière en souriant.
- Ton analyse était bonne, préviens tout de suite le professeur que nous emmenons le gamin en salle de scan !! S’il se réveille vraiment, ça risque de compliquer les choses pour l’opération !!
- (L’infirmière curieuse) Et pourquoi donc ?
- Parce qu’il va falloir l’endormir artificiellement et ce n’est pas le mieux pour ce genre d’intervention !! Déjà que les chances sont quasi nulles qu’il s’en sorte sans séquelles graves et encore je dis ça !! S’il s’en sort !!
CHAPITRE 80 (Orléans) (Deux jours plus tard) (fin)
«Dans le couloir de l’hôpital »
La porte de la chambre s’ouvre et un des internes en sort en tirant avec lui le lit où est allongé Ludovic, l’autre interne apparaît ensuite en tenant les perfusions dans ses mains et ils prennent le couloir jusqu’à l’ascenseur, sans une seule parole à la famille qui les voit passer avec une inquiétude proche de la panique.
Deux minutes se passent et c’est au tour de l’infirmière de sortir, cette fois elle est interpellée par Bastien qui est décidé à avoir des réponses avant qu’elle aussi disparaisse à l’angle du couloir.
- Mademoiselle s’il vous plaît ?? Pourrions-nous savoir ce qu’il se passe avec notre fils ??
Il voit bien qu’elle est surprise de se faire interpeller et surtout qu’elle cherche ses mots avant de répondre.
- Une petite complication, mais rien de grave rassurez-vous !! Nous devons juste lui refaire des analyses avant l’opération.
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« Salle de scanners, dix minutes plus tard »
L’appareil bourdonne, la lumière bleutée illumine le visage pâle de l’enfant pendant que le chirurgien observe attentivement l’écran.
Ce qu’il voit le laisse plus que perplexe et ne serait-ce la dangerosité d’exposer une deuxième fois le cerveau du bambin, il ne se serait pas privé de faire une nouvelle passe pour être certain qu’il ne rêve pas.
Un des deux internes restés près de lui pose la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment déjà devant les mimiques ahuries du professeur.
- Un problème monsieur ?
L’homme se tourne vers lui, perplexe et le front plissé par la réflexion.
- Croyez-vous aux miracles ??
- Pardon ??
- Je vous demande si vous croyez aux miracles mon garçon ?? Parce que si vous me répondez non, je vais vous prouvez le contraire !!
- Plait-il docteur ??
Le chirurgien clique sur la souris et se lève pour aller jusqu’à la photocopieuse couleur au fond de la salle où une feuille au format A3 apparaît lentement, il attend la minute nécessaire à ce que l’impression se termine et revient avec en la posant sur la table.
- Voilà un cas d’école pour vous deux messieurs !! Donnez-moi votre diagnostic sur cette coupe cervicale.
Les deux internes se penchent sur la photo pendant un moment qui semble très long à l’homme qui les observe avec attention.
- Alors ??
- Il doit y avoir une erreur docteur, ce cliché ne montre aucune anomalie !!
- Vous en êtes certains ?
- Certain docteur !!
- Donc ce que vous avez en ce moment sous les yeux, comment appelez-vous ça ??
Voyant qu’ils restent sans voix, il va ouvrir le dossier du jeune Ludovic et en sort un cliché identique à un « détail » près, l’énorme tache sombre de la tumeur grosse comme un œuf de pigeon qui comprime le cerveau de l’enfant à l’intérieur de sa boîte crânienne.
- Ce cliché a été pris hier après-midi, j’en avais fait la demande pour que le chirurgien qui doit arriver incessamment puisse travailler dessus avant d’entreprendre son acte chirurgical.
- !!!!!!!
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« Retour dans le couloir de l’hôpital, une bonne heure plus tard »
Flavien tremble de tout son corps, il commence à se demander si ce qu’il a fait à son petit frère ne va pas plutôt avoir l’effet inverse que ce qu’il y avait de noté dans la lettre.
Bastien et son épouse en sont au même point et leurs visages décomposés ne sont pas loin de la crise de nerfs, seul Arnault qui a toujours sous les yeux le visage d’Alexie reste serein et ce même si ces dernières minutes à se morfondre dans le couloir lui semblent des heures.
Un cri perçant au bout du couloir leur fait tous lever la tête avec une crispation douloureuse au cœur et à l’estomac, Flavien quand il voit le petit bonhomme en pyjama apparaître pieds nus à l’angle du couloir en tombe à genoux, les mains tendues vers celui qu’il aime par-dessus tout et qui vient se jeter en courant dans ses bras le visage rayonnant de joie pour venir nicher sa petite tête blonde dans le cou de son grand frère chéri.