CHAPITRE 67 (En vol pour Aix en Provence)
« Deux heures plus tard, à bord du jet »
L’avion vient juste de prendre son envol que l’hôtesse en est encore à essayer de comprendre ce qui la perturbe à ce point depuis que ces trois passagers sont montés à bord.
C’est le pilote qui le lui fait comprendre en lui posant la question dans ses écouteurs.
- Alors ma belle !! T’as pas encore eu droit à la main au cul ? La dernière fois pourtant ça avait fait du foin si je me rappelle bien !!
Laure rougit en fixant du coin de l’œil le fils de son patron qui semble cette fois-ci plutôt inoffensif, tout le contraire de l’année passée où il l’avait regardé fixement avec cette lippe gourmande et obscène qui en prime lui a valu cette main aux fesses avant que son père n’ose le remettre en place, ce qui d’ailleurs s’était terminé par une scène de famille assez déplaisante voire violente pendant le reste du trajet.
Elle s’éclipse subrepticement pour rejoindre les deux pilotes dans leur cabine, referme la porte derrière elle et pousse un gros ouf de soulagement.
- Non mais ! Ça va pas de me balancer des trucs pareils quand je suis en service !!
- Hi ! Hi !
- En plus il trouve ça drôle !! Vous les mecs, vous ne changerez décidément jamais !!
- Et bien ma belle !! Te voilà bien remontée tout à coup !! Ton jeune rouquin s’est désintéressé de toi cette fois-ci ? Ça te vexe ? Tu préférais quand il te faisait ses avances à la hussarde ?
- Change de disque tu veux !! Ça devient lourd à la fin !! Et puis en douce il a bien changé le fils du boss, j’aime assez son nouveau look.
Le pilote regarde son coéquipier avec un sourire plein de sous-entendu grivois.
- Qu’est-ce que je te disais !! Va comprendre les femmes après ça Hi ! Hi !
- C’est pour ça que je n’ai jamais cherché à les comprendre, entre mec c’est beaucoup plus simple.
- Si tu le dis !! Le principal c’est de trouver chaussure à son pied !!
Le pilote sourit à son tout jeune collègue qui ne s’est jamais caché sur ses préférences sexuelles et avec qui en fin de compte il s’entend comme larrons en foire, ayant chacun leur style de conquêtes sans qu’ils soient mis en compétitions lors des escales où lui s’occupe essentiellement de la gent féminine tandis que son collègue en fait autant avec les beaux mâles qu’il rencontre.
Laure travaille avec eux depuis suffisamment longtemps pour les apprécier malgré leurs petits travers, elle aussi ne donne pas sa part au chien et sait profiter de la vie avec les jeunes gens de passage qui tout comme eux, se sentent seuls dans les hôtels où ils s’arrêtent entre deux escales.
- (Le copilote) Alors comme ça, tu aimes bien son nouveau look ?
L’hôtesse amusée du regain d’intérêt de son ami.
- Hum, oui !! Il est même super-craquant je dirais, peut être juste un peu trop jeune mais bon…
- (Le pilote) Ne t’y fie pas ma belle, n’oublie pas que derrière sa petite frimousse se cache un sacré salopard !! Il aurait vite fait d’organiser une tournante avec toi rien que pour se faire du fric, il est d’ailleurs passé en jugement justement pour un truc pas clair dans le même genre.
- (L’hôtesse) C’est aussi ce que j’ai entendu dire, son père a dû encore raquer une sacrée somme pour qu’il soit toujours libre en ce moment !! Maintenant ça me fait bizarre de le dire, mais on dirait que ce n’est plus le même !!
- (Le copilote) Pffttt !!! Un con restera toujours un con !!
- Non, je t’assure !! Va voir par toi-même si tu ne me crois pas ?
- (Le pilote amusé) Je suis sûr que tu n’y verras rien à redire s’il te met une main au cul Hi ! Hi ! J’ai même entendu dire qu’il était monté façon bourricot le rouquemoutte !!
- (Le copilote) Où tu as été pêché ça encore ?
- J’ai une amie qui a une amie qui se fait du fric occasionnellement pour payer ses études, elle a eu à faire avec lui et paraîtrait même qu’elle l’a revu gratos tellement c’était bon !!
Son collègue ôte son casque et se lève, leur faisant un gros clin d’œil en sortant.
- Il faut que j’aille voir ça Hi ! Hi !
Le pilote attend qu’il soit sorti et reprend.
- Ah celui-là, je te jure !! Dès qu’il y a une allusion sur une grosse queue, plus rien ne le retient Hi ! Hi !
- Tu lui as dit ça juste pour l’exciter alors ?
- Non, pas que pour ça !! Seulement je ne lui ai pas tout dit, la copine de mon amie a de fortes tendances masochistes et paraît que c’est un sacré pervers le rouquin !! En plus toujours d’après mes sources, il adore casser du PD !!
- Je croyais que c’était devenu ton ami ?
- Bien sûr qu’il l’est !!
- Alors pourquoi tu essaies de le mettre dans les pattes de l’autre nase ?
- Attends ma grande, tu n’y es pas du tout !! Nous sommes en vol à plusieurs milliers de mètres d’altitudes, que veux-tu qu’il lui arrive ? Je veux juste qu’il se fasse une idée de ce que peut être un vrai pourri et qu’il apprenne à ne pas se fier aux apparences. Il est jeune tu comprends et en plus il a déjà ce qu’il faut niveau conquêtes et il n’est pas en manque!!
CHAPITRE 68 (En vol pour Aix en Provence) (suite)
Pierre discute tranquillement avec sa femme tandis que Florian est en pleine lecture des quelques livres scientifiques qu’il a emprunté à la bibliothèque pour le court voyage entre Paris et Aix, ayant bien l’intention d’en venir à bout avant l’atterrissage.
L’apparition du jeune homme en uniforme lui fait immédiatement quitter sa lecture, cachant avec peine l’énorme surprise qu’il a à le reconnaître et une fois encore les mêmes questions lui reviennent quand un des personnages de son « rêve » se retrouve en face de lui alors qu’il n’en a pas le souvenir lui semble-t-il de sa vie d’infirme.
Ses pensées se bousculent jusqu’au moment où lui revient une visite qu’avaient reçue ses parents quelques années plus tôt.
***/***
« Souvenirs »
« Dring ! Dring ! »
Ce n’est pas tant la sonnerie de la porte d’entrée que l’apparition du couple et des deux tout jeunes ados qu’il revoie, ses parents les ayant fait entrer après une brève conversation sur le pas de la porte.
- (Hellènes) Mais entrez donc !! Nous serons mieux dans le salon pour poursuivre cette conversation.
Il se rappelle bien que l’homme lui avait paru alors pour le moins antipathique avec ses airs supérieurs et guindés, alors que la femme ainsi que les deux garçons au contraire amenaient tout de suite la sympathie.
- (L’homme) Excusez notre visite à une heure si tardive, nous avons eu votre adresse lors d’un dîner à mon club et je tenais à venir me présenter tellement il est peu courant de redécouvrir une lignée telle que la vôtre. Je n’ai donc pu constater que récemment que les De Bierne avaient retrouvé une partie de leur fortune d’antan, je me présente !! Jean Philippe De Lamarlière !! Voici mon épouse Anne Laure ainsi que mon Fils et héritier du nom, Marc Antoine. Arnault ici présent est le fils de notre majordome, nous l’avons amené avec nous pour qu’il visite Paris.
- (Pierre) Enchanté !! Voici mon épouse Hellènes ainsi que mon fils Florian, je n’ai pas très bien compris le but de votre visite et je m’en vois désolé, mais peut-être allez-vous avoir l’amabilité de nous en dire plus.
- (Jean Philippe) Mais très certainement !! Nous formons un club où les membres font tous partis de l’ancienne noblesse, nous nous aidons mutuellement et gardons nos traditions ancestrales, la pureté de notre sang en est une des motivations majeures aussi sommes-nous toujours extrêmement ravis quand nous retrouvons les traces d’une ancienne dynastie et encore plus quand comme la vôtre, elle remonte directement de la plus haute noblesse. Connaissez-vous votre généalogie ?
- (Pierre) En partie, oui !
- (Jean Philippe intarissable) Le duché des De Bierne date des premiers rois Mérovingiens, il n’a jamais été entaché d’opprobres et a perduré jusqu’à la révolution pour ensuite disparaître de nos tablettes, nous avons vraiment pensé que votre lignée s’était éteinte.
- (Pierre sarcastique) Il fallait lire l’annuaire !! Mais peut-être alors n’étions-nous pas assez riches pour trouver une place de choix dans votre « club » ?
- (Jean Philippe) Pour être tout à fait exact, nous étions convaincus que les mésalliances avaient rendu votre nom impur et que vous étiez rentrés dans les rangs du peuple.
Pierre a de plus en plus de mal à garder son calme.
- Vous m’en direz tant !! Puis-je savoir ce qui vous a fait changer d’avis ?
- Vos épouses bien sûr !!
- Vous comprendrez que ça demande des explications, je ne vois vraiment pas ce que font les épouses de ma famille dans toute cette histoire ?
- (Jean Philippe volubile) Après recherches, il s’avère que toutes les épouses des De Bierne depuis la révolution sont de sang noble quoique pour certaines d’entre elles de basse extraction.
- (Pierre stupéfait) Vous êtes certain de vos sources ?
- (Jean Philippe) Demandez donc à votre épouse ?
- (Pierre) Chérie ?
- (Hellènes) Ma grand-mère en avait parlé une fois à mon frère, je n’étais encore qu’une enfant quand lui-même y a fait allusion pour la dernière fois et ensuite j’ai complètement oublié ce détail, je n’en sais pas plus !! D’ailleurs quelle importance à notre époque ? De toute façon nous serons les derniers puisque notre fils n’aura jamais d’enfants.
Jean Philippe semble seulement alors voir réellement le jeune garçon appareillé dans son fauteuil.
- De quoi souffre votre fils ?
- (Hellènes) De myopathie !!
- Peut-être est-il encore temps pour sauver votre lignée ?
- (Pierre) Je ne suis pas certain de vouloir connaître la suite de votre pensée monsieur !! Je respecte le nom que je porte parce qu’il me vient de mes parents, pour le reste je n’en ai que faire et je vous prierai de bien vouloir sortir de chez moi, vous comprendrez bien toutefois qu’il ne me serait pas agréable de vous rencontrer à nouveau!!
CHAPITRE 69 (En vol pour Aix en Provence) (fin)
***/***
« Dans l’avion »
Mon attention revient vers le jeune copilote qui semble plus âgé que dans mes souvenirs, preuve s’il en faut des différences qu’il peut y avoir dans cette réalité.
Pourtant c’était Alexie qui suivait des études pour devenir pilote de ligne, que ce soit Arnault qui se retrouve devant moi me trouble car ce qui semblait jusqu’à maintenant relativement semblable à mes anciens souvenirs commence à dériver et je ne suis plus aussi certain de pouvoir retrouver tout le monde, comme j’en avais l’espoir jusqu’à il n’y a pas encore si longtemps.
Maintenant un fait ne semble pas avoir changé, le regard qu’il porte sur moi me conforte dans ce sens et je reconnais bien sans erreur possible, la lueur intéressée qui brille dans ses yeux alors qu’il me dévisage.
Mais ce n’est pas ça qui m’amène le plus d’espoir, ce serait plutôt le fait que je pourrais en retrouver quand même quelques-uns auxquels je n’avais pensé à première vue et le sourire qui me vient alors, n’est pas destiné qu’à Arnault mais surtout au fait que quelque part je vais pouvoir revoir « Marco ».
***/***
C’est son père qui le fait revenir à la réalité quand il s’adresse à Arnault.
- C’est demain que le petit frère de votre ami se fait opérer ?
- Après-demain patron !! Le chirurgien qui doit s’occuper de Ludovic ne sera disponible que ce jour-là et l’opération semble beaucoup trop compliquée pour celui qui s’occupe de lui habituellement !!
- Nous n’aurons pas besoin du jet ces prochains jours, je vous donne l’autorisation de rejoindre votre ami avec l’équipage en utilisant l’appareil.
- Vraiment patron ?
- Je suis sûr qu’il sera heureux d’avoir une présence rassurante près de lui.
- Merci patron !!
J’attends qu’Arnault se soit éloigné pour rejoindre mes parents devant leur fauteuil.
- Je connais le petit Ludovic p’pa !!
- (Pierre étonné) Comment cela se fait-il ? J’en ai moi-même entendu parler que très récemment ? Pas plus tard qu’hier en fait quand Arnault m’a demandé ces quelques jours de congé !!
- Ils faisaient partie de mes amis là d’où je viens et j’ai déjà soigné une fois la tumeur de « Ludo », alors je me disais que je pourrais très certainement en faire autant ici.
- (Pierre curieux) Comment comptes-tu t’y prendre cette fois-ci ?
- Il faut que j’y réfléchisse p’pa !! Demande juste à « Nono »… enfin je voulais dire à Arnault de passer chez Papi avant de partir demain, d’ici là j’aurais trouvé comment faire.
Mon père acquiesce d’un bref mouvement de tête, je vois bien qu’il est devenu subitement soucieux et je pense en connaître la raison, il craint tout simplement qu’une guérison subite ne fasse se poser des questions et finisse par revenir jusqu’à nous.
- En fin de compte ne dis rien à Arnault, je me débrouillerai autrement !! Il faudra juste que tu me conduises en ville demain.
- (Pierre soulagé) Je préfère cette solution si elle ne permet pas de remonter jusqu’à toi.
- On va faire comme ça alors, j’espère juste que ce ne sera pas trop tard.
Je retourne à ma place l’esprit préoccupé, cherchant comment m’y prendre pour persuader Flavien à donner à son petit frère la solution buvable que je vais lui envoyer.
Il va me falloir trouver les mots qu’il faut et je ne suis pas certain d’y arriver si les choses ici ont trop changé par rapport à ce que je connais de lui et de ses habitudes.
Arnault revient des toilettes, son regard une nouvelle fois se reporte sur moi avec un petit sourire en coin visiblement appréciateur.
Je ne sais pas ce qui me pousse à lui faire signe de venir vers moi, pourtant c’est exactement ce que je fais d’un geste de la main alors que mon cerveau tourne à toute vitesse pour trouver quelque chose de plausible à lui dire.
- Besoin de quelque chose ?
- J’aimerais une bouteille d’eau et comme l’hôtesse semble occupée, je me disais que peut-être vous pourriez m’en apporter une ?
- Pas de soucis, je vais vous chercher ça !!
- Merci beaucoup !!
Pendant qu’il se dirige vers la kitchenette pour aller me chercher ce que je lui ai demandé, je remarque quelque chose qui me fait pousser un gros ouf de soulagement.
Une cicatrice bien visible sur le dos de sa main que je vais vite faire disparaître sans rien dire, il s’en apercevra à un moment ou un autre et peut être que les paroles que je compte lui dire à son retour reviendront à sa mémoire au moment opportun où Flavien devra prendre sa décision.
Arnault revient rapidement en me tendant la bouteille d’eau minérale
- Tenez !!
- Merci beaucoup, c’est gentil de vous être dérangé pour moi.
- Mais non voyons !! Ce n’est vraiment rien, je vous assure !!
Je sors mon doigt de ma bouche, ma main vient alors à la rencontre de la sienne pour attraper la bouteille et je passe doucement mon doigt sur sa cicatrice, il prend ça comme une caresse venant de ma part signifiant que sans doute il m’intéresse et un petit sourire malicieux lui vient en retour.
- Un de vos amis est gravement malade à ce que j’ai cru comprendre ?
- En effet, oui !!
- Je sais que mes prochaines paroles vont vous paraître bizarres, mais son frère va recevoir disons… un colis et vous devrez lui conseiller de faire exactement ce qui sera écrit sur la lettre d’accompagnement.
- Mais !! Je…
Je lui reprends doucement la main pour lui refaire la même caresse qui prête à équivoque sur mes intentions, mais qui m’assure que déjà la cicatrice commence à disparaître.
- Faites juste ce que je vous demande, c’est très important pour « Ludo » !!
Je replonge alors dans mon livre en faisant semblant de ne plus me soucier de lui et il reste debout face à moi quelques secondes avant de rejoindre le cockpit les sourcils froncés d’essayer de comprendre le sens de mes dernières paroles.
« Deux heures plus tard, à bord du jet »
L’avion vient juste de prendre son envol que l’hôtesse en est encore à essayer de comprendre ce qui la perturbe à ce point depuis que ces trois passagers sont montés à bord.
C’est le pilote qui le lui fait comprendre en lui posant la question dans ses écouteurs.
- Alors ma belle !! T’as pas encore eu droit à la main au cul ? La dernière fois pourtant ça avait fait du foin si je me rappelle bien !!
Laure rougit en fixant du coin de l’œil le fils de son patron qui semble cette fois-ci plutôt inoffensif, tout le contraire de l’année passée où il l’avait regardé fixement avec cette lippe gourmande et obscène qui en prime lui a valu cette main aux fesses avant que son père n’ose le remettre en place, ce qui d’ailleurs s’était terminé par une scène de famille assez déplaisante voire violente pendant le reste du trajet.
Elle s’éclipse subrepticement pour rejoindre les deux pilotes dans leur cabine, referme la porte derrière elle et pousse un gros ouf de soulagement.
- Non mais ! Ça va pas de me balancer des trucs pareils quand je suis en service !!
- Hi ! Hi !
- En plus il trouve ça drôle !! Vous les mecs, vous ne changerez décidément jamais !!
- Et bien ma belle !! Te voilà bien remontée tout à coup !! Ton jeune rouquin s’est désintéressé de toi cette fois-ci ? Ça te vexe ? Tu préférais quand il te faisait ses avances à la hussarde ?
- Change de disque tu veux !! Ça devient lourd à la fin !! Et puis en douce il a bien changé le fils du boss, j’aime assez son nouveau look.
Le pilote regarde son coéquipier avec un sourire plein de sous-entendu grivois.
- Qu’est-ce que je te disais !! Va comprendre les femmes après ça Hi ! Hi !
- C’est pour ça que je n’ai jamais cherché à les comprendre, entre mec c’est beaucoup plus simple.
- Si tu le dis !! Le principal c’est de trouver chaussure à son pied !!
Le pilote sourit à son tout jeune collègue qui ne s’est jamais caché sur ses préférences sexuelles et avec qui en fin de compte il s’entend comme larrons en foire, ayant chacun leur style de conquêtes sans qu’ils soient mis en compétitions lors des escales où lui s’occupe essentiellement de la gent féminine tandis que son collègue en fait autant avec les beaux mâles qu’il rencontre.
Laure travaille avec eux depuis suffisamment longtemps pour les apprécier malgré leurs petits travers, elle aussi ne donne pas sa part au chien et sait profiter de la vie avec les jeunes gens de passage qui tout comme eux, se sentent seuls dans les hôtels où ils s’arrêtent entre deux escales.
- (Le copilote) Alors comme ça, tu aimes bien son nouveau look ?
L’hôtesse amusée du regain d’intérêt de son ami.
- Hum, oui !! Il est même super-craquant je dirais, peut être juste un peu trop jeune mais bon…
- (Le pilote) Ne t’y fie pas ma belle, n’oublie pas que derrière sa petite frimousse se cache un sacré salopard !! Il aurait vite fait d’organiser une tournante avec toi rien que pour se faire du fric, il est d’ailleurs passé en jugement justement pour un truc pas clair dans le même genre.
- (L’hôtesse) C’est aussi ce que j’ai entendu dire, son père a dû encore raquer une sacrée somme pour qu’il soit toujours libre en ce moment !! Maintenant ça me fait bizarre de le dire, mais on dirait que ce n’est plus le même !!
- (Le copilote) Pffttt !!! Un con restera toujours un con !!
- Non, je t’assure !! Va voir par toi-même si tu ne me crois pas ?
- (Le pilote amusé) Je suis sûr que tu n’y verras rien à redire s’il te met une main au cul Hi ! Hi ! J’ai même entendu dire qu’il était monté façon bourricot le rouquemoutte !!
- (Le copilote) Où tu as été pêché ça encore ?
- J’ai une amie qui a une amie qui se fait du fric occasionnellement pour payer ses études, elle a eu à faire avec lui et paraîtrait même qu’elle l’a revu gratos tellement c’était bon !!
Son collègue ôte son casque et se lève, leur faisant un gros clin d’œil en sortant.
- Il faut que j’aille voir ça Hi ! Hi !
Le pilote attend qu’il soit sorti et reprend.
- Ah celui-là, je te jure !! Dès qu’il y a une allusion sur une grosse queue, plus rien ne le retient Hi ! Hi !
- Tu lui as dit ça juste pour l’exciter alors ?
- Non, pas que pour ça !! Seulement je ne lui ai pas tout dit, la copine de mon amie a de fortes tendances masochistes et paraît que c’est un sacré pervers le rouquin !! En plus toujours d’après mes sources, il adore casser du PD !!
- Je croyais que c’était devenu ton ami ?
- Bien sûr qu’il l’est !!
- Alors pourquoi tu essaies de le mettre dans les pattes de l’autre nase ?
- Attends ma grande, tu n’y es pas du tout !! Nous sommes en vol à plusieurs milliers de mètres d’altitudes, que veux-tu qu’il lui arrive ? Je veux juste qu’il se fasse une idée de ce que peut être un vrai pourri et qu’il apprenne à ne pas se fier aux apparences. Il est jeune tu comprends et en plus il a déjà ce qu’il faut niveau conquêtes et il n’est pas en manque!!
CHAPITRE 68 (En vol pour Aix en Provence) (suite)
Pierre discute tranquillement avec sa femme tandis que Florian est en pleine lecture des quelques livres scientifiques qu’il a emprunté à la bibliothèque pour le court voyage entre Paris et Aix, ayant bien l’intention d’en venir à bout avant l’atterrissage.
L’apparition du jeune homme en uniforme lui fait immédiatement quitter sa lecture, cachant avec peine l’énorme surprise qu’il a à le reconnaître et une fois encore les mêmes questions lui reviennent quand un des personnages de son « rêve » se retrouve en face de lui alors qu’il n’en a pas le souvenir lui semble-t-il de sa vie d’infirme.
Ses pensées se bousculent jusqu’au moment où lui revient une visite qu’avaient reçue ses parents quelques années plus tôt.
***/***
« Souvenirs »
« Dring ! Dring ! »
Ce n’est pas tant la sonnerie de la porte d’entrée que l’apparition du couple et des deux tout jeunes ados qu’il revoie, ses parents les ayant fait entrer après une brève conversation sur le pas de la porte.
- (Hellènes) Mais entrez donc !! Nous serons mieux dans le salon pour poursuivre cette conversation.
Il se rappelle bien que l’homme lui avait paru alors pour le moins antipathique avec ses airs supérieurs et guindés, alors que la femme ainsi que les deux garçons au contraire amenaient tout de suite la sympathie.
- (L’homme) Excusez notre visite à une heure si tardive, nous avons eu votre adresse lors d’un dîner à mon club et je tenais à venir me présenter tellement il est peu courant de redécouvrir une lignée telle que la vôtre. Je n’ai donc pu constater que récemment que les De Bierne avaient retrouvé une partie de leur fortune d’antan, je me présente !! Jean Philippe De Lamarlière !! Voici mon épouse Anne Laure ainsi que mon Fils et héritier du nom, Marc Antoine. Arnault ici présent est le fils de notre majordome, nous l’avons amené avec nous pour qu’il visite Paris.
- (Pierre) Enchanté !! Voici mon épouse Hellènes ainsi que mon fils Florian, je n’ai pas très bien compris le but de votre visite et je m’en vois désolé, mais peut-être allez-vous avoir l’amabilité de nous en dire plus.
- (Jean Philippe) Mais très certainement !! Nous formons un club où les membres font tous partis de l’ancienne noblesse, nous nous aidons mutuellement et gardons nos traditions ancestrales, la pureté de notre sang en est une des motivations majeures aussi sommes-nous toujours extrêmement ravis quand nous retrouvons les traces d’une ancienne dynastie et encore plus quand comme la vôtre, elle remonte directement de la plus haute noblesse. Connaissez-vous votre généalogie ?
- (Pierre) En partie, oui !
- (Jean Philippe intarissable) Le duché des De Bierne date des premiers rois Mérovingiens, il n’a jamais été entaché d’opprobres et a perduré jusqu’à la révolution pour ensuite disparaître de nos tablettes, nous avons vraiment pensé que votre lignée s’était éteinte.
- (Pierre sarcastique) Il fallait lire l’annuaire !! Mais peut-être alors n’étions-nous pas assez riches pour trouver une place de choix dans votre « club » ?
- (Jean Philippe) Pour être tout à fait exact, nous étions convaincus que les mésalliances avaient rendu votre nom impur et que vous étiez rentrés dans les rangs du peuple.
Pierre a de plus en plus de mal à garder son calme.
- Vous m’en direz tant !! Puis-je savoir ce qui vous a fait changer d’avis ?
- Vos épouses bien sûr !!
- Vous comprendrez que ça demande des explications, je ne vois vraiment pas ce que font les épouses de ma famille dans toute cette histoire ?
- (Jean Philippe volubile) Après recherches, il s’avère que toutes les épouses des De Bierne depuis la révolution sont de sang noble quoique pour certaines d’entre elles de basse extraction.
- (Pierre stupéfait) Vous êtes certain de vos sources ?
- (Jean Philippe) Demandez donc à votre épouse ?
- (Pierre) Chérie ?
- (Hellènes) Ma grand-mère en avait parlé une fois à mon frère, je n’étais encore qu’une enfant quand lui-même y a fait allusion pour la dernière fois et ensuite j’ai complètement oublié ce détail, je n’en sais pas plus !! D’ailleurs quelle importance à notre époque ? De toute façon nous serons les derniers puisque notre fils n’aura jamais d’enfants.
Jean Philippe semble seulement alors voir réellement le jeune garçon appareillé dans son fauteuil.
- De quoi souffre votre fils ?
- (Hellènes) De myopathie !!
- Peut-être est-il encore temps pour sauver votre lignée ?
- (Pierre) Je ne suis pas certain de vouloir connaître la suite de votre pensée monsieur !! Je respecte le nom que je porte parce qu’il me vient de mes parents, pour le reste je n’en ai que faire et je vous prierai de bien vouloir sortir de chez moi, vous comprendrez bien toutefois qu’il ne me serait pas agréable de vous rencontrer à nouveau!!
CHAPITRE 69 (En vol pour Aix en Provence) (fin)
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« Dans l’avion »
Mon attention revient vers le jeune copilote qui semble plus âgé que dans mes souvenirs, preuve s’il en faut des différences qu’il peut y avoir dans cette réalité.
Pourtant c’était Alexie qui suivait des études pour devenir pilote de ligne, que ce soit Arnault qui se retrouve devant moi me trouble car ce qui semblait jusqu’à maintenant relativement semblable à mes anciens souvenirs commence à dériver et je ne suis plus aussi certain de pouvoir retrouver tout le monde, comme j’en avais l’espoir jusqu’à il n’y a pas encore si longtemps.
Maintenant un fait ne semble pas avoir changé, le regard qu’il porte sur moi me conforte dans ce sens et je reconnais bien sans erreur possible, la lueur intéressée qui brille dans ses yeux alors qu’il me dévisage.
Mais ce n’est pas ça qui m’amène le plus d’espoir, ce serait plutôt le fait que je pourrais en retrouver quand même quelques-uns auxquels je n’avais pensé à première vue et le sourire qui me vient alors, n’est pas destiné qu’à Arnault mais surtout au fait que quelque part je vais pouvoir revoir « Marco ».
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C’est son père qui le fait revenir à la réalité quand il s’adresse à Arnault.
- C’est demain que le petit frère de votre ami se fait opérer ?
- Après-demain patron !! Le chirurgien qui doit s’occuper de Ludovic ne sera disponible que ce jour-là et l’opération semble beaucoup trop compliquée pour celui qui s’occupe de lui habituellement !!
- Nous n’aurons pas besoin du jet ces prochains jours, je vous donne l’autorisation de rejoindre votre ami avec l’équipage en utilisant l’appareil.
- Vraiment patron ?
- Je suis sûr qu’il sera heureux d’avoir une présence rassurante près de lui.
- Merci patron !!
J’attends qu’Arnault se soit éloigné pour rejoindre mes parents devant leur fauteuil.
- Je connais le petit Ludovic p’pa !!
- (Pierre étonné) Comment cela se fait-il ? J’en ai moi-même entendu parler que très récemment ? Pas plus tard qu’hier en fait quand Arnault m’a demandé ces quelques jours de congé !!
- Ils faisaient partie de mes amis là d’où je viens et j’ai déjà soigné une fois la tumeur de « Ludo », alors je me disais que je pourrais très certainement en faire autant ici.
- (Pierre curieux) Comment comptes-tu t’y prendre cette fois-ci ?
- Il faut que j’y réfléchisse p’pa !! Demande juste à « Nono »… enfin je voulais dire à Arnault de passer chez Papi avant de partir demain, d’ici là j’aurais trouvé comment faire.
Mon père acquiesce d’un bref mouvement de tête, je vois bien qu’il est devenu subitement soucieux et je pense en connaître la raison, il craint tout simplement qu’une guérison subite ne fasse se poser des questions et finisse par revenir jusqu’à nous.
- En fin de compte ne dis rien à Arnault, je me débrouillerai autrement !! Il faudra juste que tu me conduises en ville demain.
- (Pierre soulagé) Je préfère cette solution si elle ne permet pas de remonter jusqu’à toi.
- On va faire comme ça alors, j’espère juste que ce ne sera pas trop tard.
Je retourne à ma place l’esprit préoccupé, cherchant comment m’y prendre pour persuader Flavien à donner à son petit frère la solution buvable que je vais lui envoyer.
Il va me falloir trouver les mots qu’il faut et je ne suis pas certain d’y arriver si les choses ici ont trop changé par rapport à ce que je connais de lui et de ses habitudes.
Arnault revient des toilettes, son regard une nouvelle fois se reporte sur moi avec un petit sourire en coin visiblement appréciateur.
Je ne sais pas ce qui me pousse à lui faire signe de venir vers moi, pourtant c’est exactement ce que je fais d’un geste de la main alors que mon cerveau tourne à toute vitesse pour trouver quelque chose de plausible à lui dire.
- Besoin de quelque chose ?
- J’aimerais une bouteille d’eau et comme l’hôtesse semble occupée, je me disais que peut-être vous pourriez m’en apporter une ?
- Pas de soucis, je vais vous chercher ça !!
- Merci beaucoup !!
Pendant qu’il se dirige vers la kitchenette pour aller me chercher ce que je lui ai demandé, je remarque quelque chose qui me fait pousser un gros ouf de soulagement.
Une cicatrice bien visible sur le dos de sa main que je vais vite faire disparaître sans rien dire, il s’en apercevra à un moment ou un autre et peut être que les paroles que je compte lui dire à son retour reviendront à sa mémoire au moment opportun où Flavien devra prendre sa décision.
Arnault revient rapidement en me tendant la bouteille d’eau minérale
- Tenez !!
- Merci beaucoup, c’est gentil de vous être dérangé pour moi.
- Mais non voyons !! Ce n’est vraiment rien, je vous assure !!
Je sors mon doigt de ma bouche, ma main vient alors à la rencontre de la sienne pour attraper la bouteille et je passe doucement mon doigt sur sa cicatrice, il prend ça comme une caresse venant de ma part signifiant que sans doute il m’intéresse et un petit sourire malicieux lui vient en retour.
- Un de vos amis est gravement malade à ce que j’ai cru comprendre ?
- En effet, oui !!
- Je sais que mes prochaines paroles vont vous paraître bizarres, mais son frère va recevoir disons… un colis et vous devrez lui conseiller de faire exactement ce qui sera écrit sur la lettre d’accompagnement.
- Mais !! Je…
Je lui reprends doucement la main pour lui refaire la même caresse qui prête à équivoque sur mes intentions, mais qui m’assure que déjà la cicatrice commence à disparaître.
- Faites juste ce que je vous demande, c’est très important pour « Ludo » !!
Je replonge alors dans mon livre en faisant semblant de ne plus me soucier de lui et il reste debout face à moi quelques secondes avant de rejoindre le cockpit les sourcils froncés d’essayer de comprendre le sens de mes dernières paroles.