CHAPITRE 63 (Chez les De Bierne, Paris) (suite)
Ming regarde effaré la bouille qui vient apparaître derrière son fils, elle est si comique qu’il éclate de rire sans pouvoir se contrôler.
- Un peu quand même Hi ! Hi ! S’il n’y a que ça, on dira que ça compte à moitié Hi ! Hi !
- Cool alors !! Avec la branlette ça fait un et demi ou ça compte que pour un ?
Hellènes et Ming restent un instant sur le cul d’un tel aveu, aveu dit sans se départir de son sourire comique par le petit rouquin qui ne les quitte pas de ses yeux en bille de loto d’un vert intense braqué sur eux deux et attendant visiblement une réponse de leur part.
- (Hellènes) Florian, allons !! Qu’est-ce que c’est que ces paroles ?
- Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? Je posais juste une question ?
Ming arrive vaille que vaille à retrouver un semblant de sérieux, la façon d’être de Florian le désarçonnant par ces paroles dites de manière visiblement naturelle, sans complexe ni tabou sur des sujets qu’il n’a pas forcement l‘habitude d’entendre ni surtout à en donner son avis.
- Ce n’est pas bien méchant Hellènes, nous aurions pu entendre pire.
- Vous auriez préféré qu’on vous mente ?
Yuan ne sait plus où se mettre, c’est le genre de conversation qui si elle n’est pas officiellement tabou avec son père, n’est tout simplement jamais abordé et d’entendre Florian parler de ça sur le ton de la plaisanterie, le met dans une gêne telle qu’il aimerait être une petite souris pour se cacher dans le premier trou venu.
- (Ming) Bien sûr que non mon garçon, c’est juste que ces choses-là restent en général dans la sphère privée de ceux qui les pratiquent. Ta mère et moi avons juste été surpris que tu en parles aussi librement, c’est tout !!
- Je comprends !! Excusez-moi d’avoir été aussi peu pudique mais c’est un peu ma marque de fabrique, du moins dans ma façon d’être réel. Heureusement que je ne vous ai pas dit le pied que nous avons pris Hi ! Hi ! Pas vrai « Yu » ?
Ming une nouvelle fois éclate de rire.
- Eh bien comme ça, c’est fait Hi ! Hi !
- Oups !! Je ferai mieux d’aller prendre ma douche !! Tu viens « Yu » ? Si tu as peur de tomber, tu pourras toujours t’accrocher à la barre Hi ! Hi !
- (Yuan sidéré) Quelle barre ?
Je me décale de derrière lui pour montrer mon caleçon où popaul à se frotter contre ses cuisses a pris un certain « essor »
- Celle-là tiens donc !!
Je pars en courant mort de rire sous les yeux ahuris de ceux qui restent plantés comme deux ronds de flan.
- Dépêche-toi le bridé Hi ! Hi ! Y’a du taf à astiquer tout ça Hi ! Hi !
Yuan n’en revient toujours pas de l’aplomb de son copain, d’ailleurs il n’est pas le seul et son père comme Hellènes restent bouche bée à regarder la porte de la cuisine d’où Florian vient de disparaître.
- Eh bien celui-là alors !!
Ming referme sa bouche, se secoue et reporte son regard sur son amie, un sourire ironique au coin des lèvres.
- Je pense qu’il va nous falloir nous y faire !! Pfftt !! C’est sûr que ce n’est plus le Florian des mauvais jours que j’ai toujours connu !!
- (Yuan) Je préfère de loin celui-là p’pa !!
Ming regarde son fils en acquiesçant de la tête, il aperçoit alors quelque chose qui lui fait mordre ses lèvres pour ne pas une fois encore partir en live.
- On dirait bien, oui !! Tu ne le rejoins pas sous la douche ? Tu devrais pourtant !!
- Pourquoi tu dis ça p’pa ?
- Parce que… voyons voir !! Comment il a dit ça déjà ?? Ah, oui !! Tu vas avoir du taffe à astiquer tout ça !!
Yuan suit le regard de son père vers son entrejambe, pique un fard maison en mettant ses deux mains devant ce que lui désigne son père des yeux.
- Oh!!
CHAPITRE 64 (Chez les De Bierne, Paris) (fin)
Ming regarde son fils filer en vitesse mort de honte et laisse enfin son amusement éclater au grand jour, il reporte son attention vers son amie qui est maintenant rouge cramoisie de ce qu’elle vient d’entendre et surtout de voir.
- Reviens en ma grande Hi ! Hi ! Mon petit doigt me dit que tu n’as pas fini d’en entendre avec ton loustic !!
- Lui qui était si pudique !!
- Il est mort celui-là et tu ferais bien de l’oublier !!
Une grosse rigolade leur parvient alors de la salle de bains.
- Nos fils sont heureux, tu devrais en éprouver de la joie toi aussi !!
- Oh !! Mais je suis heureuse !! Juste que je ne suis pas habituée à… mais ce sont des garçons et c’est peut-être eux qui ont raison, après tout ils ne font ni ne disent rien de plus que ce que nous avons fait ou dit à leur âge, nous sommes peut-être tout simplement coincés.
- Et bien avec ton rouillé ça va vite dégripper sévère j’ai l’impression Hi ! Hi !
- Je vois que ça t’amuse beaucoup en tout cas ?
- Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est exact !! Cet air de fraîcheur qu’insuffle ton fils autour de lui me fait un bien fou.
- Peut-être parce que tu n’en as pas perçu encore toutes les conséquences ?
- Je ne vois pas ce que tu veux dire par là Hellènes ?
- Yuan semble ressentir les mêmes sentiments que « Flo » pour lui, il me semble ?
- Oui et alors ?
- Crois-tu vraiment qu’il voudra repartir en Chine maintenant que la personne qu’il aime est ici en France ? Rappelle-toi ce que Florian nous a raconté hier soir ? Qu’il couchait dans ton appartement chaque fois qu’il avait à faire à Paris, ton fils si je me rappelle bien ses paroles était là lui aussi ?
Hellènes suit alors toutes les pensées de son ami rien qu’aux expressions de son visage, tout d’abord soucieux, puis sérieux pour redevenir enfin souriant.
- Je préfère le savoir ici et heureux plutôt que comme toutes ces années, solitaire et triste, je sais que ce ne sera pas facile pour moi d’être loin de mon fils !! Je devrais m’y faire et puis rien ne m’empêchera de venir quand j’en aurai envie !! Si j’ai gardé depuis toutes ces années cet appartement, c’est sans doute que je sentais bien qu’il pourrait avoir son utilité un jour ou l’autre et le jour semble être arrivé, un peu plus tôt que prévu c’est tout !!
Ils en sont là dans leurs discussions quand les deux jeunes sortent de la douche, frais et affamés, s’installant l’un près de l’autre à table pour prendre leur petit-déjeuner.
- (Ming) Alors vous vous sentez mieux les garçons ?
- Pour ça oui !!
- Vous aviez l’air de bien vous amuser en tout cas, on vous entendait depuis la cuisine !!
- Bah oui Hi ! Hi ! C’est juste parce qu’on a…
- (Yuan) Florian !!!
- Quoiiii ???
- (Yuan) S’il te plaît !!!
- J’ai rien dit !!
- (Yuan) Mais tu allais le faire ?
- Meuh non !!!
- (Ming curieux) Quoi encore ?
- (Yuan) S’il te plaît p’pa !! Ne t’y mets pas non plus, tu ne vois pas qu’il ne demande que ça !!
- (Ming amusé) Que ça, quoi ?
Il voit bien le petit rouquin faire l’innocent en buvant son café, la curiosité est trop forte pour Ming bien qu’il s’attende encore une fois au pire venant de sa part.
- Alors ? Quoi ?
Je lui fais un clin d’œil en lui montrant trois de mes doigts.
- (Ming) Et ça veut dire quoi, ça ? Trois quoi ?
- Disons qu’on a doublé la mise de tout à l’heure Hi ! Hi !
- (Yuan) Florian !! Tu m’avais promis !!
- J’ai rien dit !! Fallait bien astiquer la barre, non ? D’accord !! On a peut-être forcé un peu, mais elle est toute propre maintenant !! Vous voulez voir ?
Trois voix résonnent dans la cuisine en même temps.
- Nonnnn!!
CHAPITRE 65 (Départ pour Aix en Provence)
« Deux jours plus tard »
Ming et Yuan sont repartis depuis la veille au soir, j’ai un peu le cafard sur ce coup-là mais je sais que ce n’est que temporaire, car Yuan m’a promis de s’inscrire en fac à Paris dès la prochaine rentrée.
Il doit également nous rejoindre, Antoine et moi pour les vacances d’été à Aix, il faut juste qu’on s’organise pour savoir comment aménager la chambre pour nous recevoir tous les trois, le temps que la chambre d’ami se libère si toutefois l’un d’entre nous veut bien l’utiliser.
Antoine quand je l’ai appelé n’a pas semblé surpris plus que ça d’apprendre qu’avec « Yu » on avait recollé les morceaux, étant déjà au courant de l’envoi du colis miracle et bien sûr des résultats obtenus, quand mon père a prévenu mes grands-parents pour le leur annoncer.
Ma mère termine mes valises qu’elle dépose dans l’entrée rejoindre les deux sacs à dos qui devraient leur suffire à eux qui ne restent que quelques jours, voire une semaine au grand maximum car mon père doit remplacer Franck pendant ses congés et ma mère comme chaque année m’a-t-elle dit, le suit dans tous ses déplacements trop heureuse de voyager de par le monde en restant près de son mari.
- Tu devrais aller vérifier dans ta chambre que je n’ai rien oublié !
- Bah !! Je n’ai pas besoin de grand-chose en fait, juste la rechange nécessaire entre deux lessives !!
- (Hellènes) Remarque que s’il te manque quelque chose, il te suffira d’aller l’acheter ou d’en parler à tes grands-parents pour qu’ils le fassent. J’y pense d’un coup !!! Tu as besoin d’argent ?? Depuis que tu es sorti de l’hôpital, tu ne nous en as pas demandé !!
- Non t’inquiète, ça ira !! Au pire je trouverai bien un petit boulot si j’ai besoin de me payer quelque chose !! Au fait, en parlant de ça !! Tant que j’y pense !!
Je file vite fait dans ma chambre y prendre la boîte en métal qui était planqué tout en haut de l’armoire à linge.
- Tiens !! Je pense que ça vous revient pour une part !! Le reste !! Eh bien vous en ferez ce que bon vous semble !!
- (Hellène surprise) Qu’est-ce que c’est ??
- Regarde Hi ! Hi !
Hellènes ouvre la boîte métallique, jette un œil à l’intérieur et pousse un cri de stupeur.
- Mon Dieu !! Mais qu’est-ce que c’est que tout cet argent ??
- Si c’est à moi que tu demandes ça m’man !! Comment veux-tu que je te réponde ? Sans doute les économies que faisait l’ancien moi sur votre dos !!
- (Hellènes) Mais la boîte est pleine !!
- Presque !! Si tu regardes en dessous des billets tu verras qu’il n’y a pas que ça, trente mille euros en liquide et de la came pour au bas mot la même somme.
- (Hellènes) Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Le mieux serait sans doute de s’en débarrasser, imagine si les flics tombent dessus ? Pour l’argent et bien il est à vous, ça remboursera une partie de celui qu’il vous a soutiré pendant tout ce temps.
Hellènes referme la boîte et la tend à son fils qui la regarde faire les yeux grands ouverts de surprise.
- Tu verras ça avec ton père quand il rentrera !!
- Mais !!
- Écoute mon chéri !! Tu vois ça avec ton père !! Il te dira certainement de garder l’argent pour tes besoins personnels et pour le reste il prendra la décision qui lui semblera la meilleure pour notre tranquillité à tous.
Je lui reprends la boîte pour aller la déposer bien en évidence sur la table du salon, je reviens ensuite vers ma mère pour la prendre dans mes bras.
- Je ne veux pas de cet argent !! Dis-le bien à papa et je te le redis encore une fois, je n’ai besoin de rien !! Vous en faites déjà bien assez pour moi comme ça !!
- Mais enfin mon chéri !! C’est notre rôle de parents, il faut bien que tu puisses t’acheter quelque chose si tu en as envie !! Du moins tant que tu seras en études, après je ne dis pas !!
- Je vais être majeur dans quelques semaines m’man !! Je ferai comme beaucoup d’autres avant moi, je chercherai un petit boulot voilà tout !!
- Mais enfin Florian !! Ce n’est pas comme si nous n’en avions pas les moyens !! À quoi ça sert que ton père bosse comme il le fait si ce n’est pas pour que sa famille en profite.
- Je vais te dire une chose m’man !! Pour moi l’argent n’a jamais compté vraiment et pourtant une partie de moi en a gagné beaucoup, plus encore que tu ne pourrais l’imaginer,
Hellènes ne dit plus rien, elle regarde son fils repartir tranquillement dans sa chambre, un sourire tout en tendresse apparaît alors qui illumine son visage.
Décidément les choses ont bien changé se dit-elle et ce n’est que du bonheur au point qu’elle cherche en vain à retrouver dans sa mémoire le sourire au mieux narquois auquel elle avait droit au quotidien, cette image lui faisant bizarrement défaut.
Elle se reprend en entendant son fils revenir dans le salon avec une pochette à dessins sous le bras.
- Il reste de la place dans une valise m’man ?
- Donne !! Je vais bien te trouver ça !!
- Merci m’man !! Il ne me reste plus qu’à prendre ma douche avant que p’pa ne rentre !!
- Vas-y mon chéri, je m’occupe de terminer les bagages.
Hellènes ouvre une des valises pour y ranger la pochette, la curiosité des femmes n’étant pas une légende elle ne peut s’empêcher de regarder à l’intérieur et sa réaction est à l’image du choc de sa découverte, la première feuille représentant son neveu Antoine d’une façon si réaliste qu’elle en reste la bouche ouverte d’admiration.
Les suivantes les représentent son mari et elle ainsi que Maryse, Michel, et Yuan, d’une ressemblance digne d’une photo prise par le meilleur des professionnels.
Pourtant parmi celles qu’elle feuillette encore, c’est la dernière image qui l’a marqué le plus et le jeune homme souriant qu’elle découvre lui amène un frisson de pure émotion tellement sa beauté a su être mise en valeur, celle d’un ange blond d’une vingtaine d’années à peine aux yeux magnifiques et au sourire rayonnant qui révèle sans erreur possible les sentiments profonds de l’artiste face à son modèle, tout comme la réciprocité qui illumine visiblement le regard du jeune homme.
Hellène émue range avec soin les croquis, comprenant que le jeune homme en question ne peut être que la même personne que celui de la conversation qu’a eu Florian avec son père et que Pierre le soir même encore troublé lui a raconté, ses lèvres prononcent alors tout bas ce prénom qui semble représenter beaucoup pour son fils.
- Thomas??
CHAPITRE 66 (Départ pour Aix en Provence) (fin)
« Bureau de la DBIFC, Paris »
Pierre repose son stylo après avoir signé un nombre invraisemblable de papiers qui démontrent que l’entreprise devient de plus en plus prospère demandant même à s’agrandir, ce qu’il se refuse de faire en arguant que cela multiplierait les risques en cas de gros problèmes d’ordre international.
Et puis pense-t-il, à quoi bon en vouloir toujours plus !! Son fils comme il le lui a bien fait comprendre n’ayant pas l’intention de prendre sa suite, il n’y a donc aucune raison qui le pousse à vouloir développer pour lui léguer une chose qui ne l’intéresse pas.
Franck tout comme lui-même approchant tranquillement vers l’âge de la retraite, il a déjà été question former un futur remplaçant sans pour autant qu’ils aient trouvé la personne qui convienne.
Il n’était alors pas question d’imaginer que le Florian de l’époque, puisse s’y intéresser autrement que pour dilapider l’argent et faire couler l’entreprise.
Pierre sourit, sans doute cherchent-ils tous les deux la perle rare qui n’existe que dans leurs vœux les plus pieux et c’est en soupirant qu’il referme son tiroir avant de se lever pour rejoindre sa famille qui doit déjà commencer à l’attendre avec impatience.
La poignée de mains à ses collaborateurs lui prend encore dix bonnes minutes, souriant comme à chaque fois qu’il tend la main au jeune stagiaire et que celui-ci en tremble d’émotion, visiblement sujet à une timidité maladive.
Justement Pierre se rappelle que dans les papiers qu’il vient de parapher, il y a son accord pour la mutation et l’embauche définitive du jeune homme, aussi c’est donc avec un plaisir évident qu’il le lui annonce.
Pierre apprécie sans pouvoir y trouver une raison particulière ce garçon jovial, du moins aux dires de ses collègues car bien sûr en présence de son patron il perd comme à chaque fois toute son assurance et en devient même pitoyable, comme encore ce jour-là d’ailleurs.
- Ah !! Mickaël !!
- O...ui !! Mon… si… eur !!
- Allons jeune homme !! Je ne vais pas vous manger !! C’était juste pour vous féliciter d’avoir brillamment réussi à vous intégrer dans l’entreprise durant votre stage, j’ai donné mon accord pour votre demande à faire partie de nos collaborateurs de l’agence d’Aix en Provence et je vous souhaite une belle et longue carrière parmi nous, bravo mon garçon !! Continuez comme ça !!
Une salve d’applaudissements résonne alors dans la salle, laissant le jeune Mickaël proche des larmes qui lui piquent les yeux sous le regard bienveillant de Pierre qui sait parfaitement avoir fait le bon choix.
C’est donc avec un certain plaisir qu’il monte dans sa voiture pour retrouver les siens, il met un CD dans l’autoradio et entonne à tue-tête les tubes de son chanteur préféré, sans faire fi des autres automobilistes qui le regarde bizarrement.
Le kit main libre s’enclenche d’une pression du doigt et la voix de la charmante hôtesse de son jet privé remplace agréablement celle éraillée d’un Johnny déchaîné.
- Bonjour patron !
- Bonjour Laure, tout va bien pour vous ?
- Oui patron !! Nous arriverons dans le créneau attendu malgré les turbulences, le temps de faire les pleins et je pense que nous serons prêts à repartir à l’heure prévue.
- Très bien !!
- Autre chose patron ?
- Non, merci beaucoup !! Ça ira !!
La communication s’arrête et la musique reprend, Pierre stoppe à un feu et comme à chaque fois au même endroit son cœur se serre, le jeune garçon qui mendie ici depuis plusieurs mois maintenant le reconnaît et vient vers lui en souriant, sachant qu’il aura droit à sa pièce de la part de cet homme généreux.
- Tiens mon garçon !!
- Merci monsieur !!
Ming regarde effaré la bouille qui vient apparaître derrière son fils, elle est si comique qu’il éclate de rire sans pouvoir se contrôler.
- Un peu quand même Hi ! Hi ! S’il n’y a que ça, on dira que ça compte à moitié Hi ! Hi !
- Cool alors !! Avec la branlette ça fait un et demi ou ça compte que pour un ?
Hellènes et Ming restent un instant sur le cul d’un tel aveu, aveu dit sans se départir de son sourire comique par le petit rouquin qui ne les quitte pas de ses yeux en bille de loto d’un vert intense braqué sur eux deux et attendant visiblement une réponse de leur part.
- (Hellènes) Florian, allons !! Qu’est-ce que c’est que ces paroles ?
- Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? Je posais juste une question ?
Ming arrive vaille que vaille à retrouver un semblant de sérieux, la façon d’être de Florian le désarçonnant par ces paroles dites de manière visiblement naturelle, sans complexe ni tabou sur des sujets qu’il n’a pas forcement l‘habitude d’entendre ni surtout à en donner son avis.
- Ce n’est pas bien méchant Hellènes, nous aurions pu entendre pire.
- Vous auriez préféré qu’on vous mente ?
Yuan ne sait plus où se mettre, c’est le genre de conversation qui si elle n’est pas officiellement tabou avec son père, n’est tout simplement jamais abordé et d’entendre Florian parler de ça sur le ton de la plaisanterie, le met dans une gêne telle qu’il aimerait être une petite souris pour se cacher dans le premier trou venu.
- (Ming) Bien sûr que non mon garçon, c’est juste que ces choses-là restent en général dans la sphère privée de ceux qui les pratiquent. Ta mère et moi avons juste été surpris que tu en parles aussi librement, c’est tout !!
- Je comprends !! Excusez-moi d’avoir été aussi peu pudique mais c’est un peu ma marque de fabrique, du moins dans ma façon d’être réel. Heureusement que je ne vous ai pas dit le pied que nous avons pris Hi ! Hi ! Pas vrai « Yu » ?
Ming une nouvelle fois éclate de rire.
- Eh bien comme ça, c’est fait Hi ! Hi !
- Oups !! Je ferai mieux d’aller prendre ma douche !! Tu viens « Yu » ? Si tu as peur de tomber, tu pourras toujours t’accrocher à la barre Hi ! Hi !
- (Yuan sidéré) Quelle barre ?
Je me décale de derrière lui pour montrer mon caleçon où popaul à se frotter contre ses cuisses a pris un certain « essor »
- Celle-là tiens donc !!
Je pars en courant mort de rire sous les yeux ahuris de ceux qui restent plantés comme deux ronds de flan.
- Dépêche-toi le bridé Hi ! Hi ! Y’a du taf à astiquer tout ça Hi ! Hi !
Yuan n’en revient toujours pas de l’aplomb de son copain, d’ailleurs il n’est pas le seul et son père comme Hellènes restent bouche bée à regarder la porte de la cuisine d’où Florian vient de disparaître.
- Eh bien celui-là alors !!
Ming referme sa bouche, se secoue et reporte son regard sur son amie, un sourire ironique au coin des lèvres.
- Je pense qu’il va nous falloir nous y faire !! Pfftt !! C’est sûr que ce n’est plus le Florian des mauvais jours que j’ai toujours connu !!
- (Yuan) Je préfère de loin celui-là p’pa !!
Ming regarde son fils en acquiesçant de la tête, il aperçoit alors quelque chose qui lui fait mordre ses lèvres pour ne pas une fois encore partir en live.
- On dirait bien, oui !! Tu ne le rejoins pas sous la douche ? Tu devrais pourtant !!
- Pourquoi tu dis ça p’pa ?
- Parce que… voyons voir !! Comment il a dit ça déjà ?? Ah, oui !! Tu vas avoir du taffe à astiquer tout ça !!
Yuan suit le regard de son père vers son entrejambe, pique un fard maison en mettant ses deux mains devant ce que lui désigne son père des yeux.
- Oh!!
CHAPITRE 64 (Chez les De Bierne, Paris) (fin)
Ming regarde son fils filer en vitesse mort de honte et laisse enfin son amusement éclater au grand jour, il reporte son attention vers son amie qui est maintenant rouge cramoisie de ce qu’elle vient d’entendre et surtout de voir.
- Reviens en ma grande Hi ! Hi ! Mon petit doigt me dit que tu n’as pas fini d’en entendre avec ton loustic !!
- Lui qui était si pudique !!
- Il est mort celui-là et tu ferais bien de l’oublier !!
Une grosse rigolade leur parvient alors de la salle de bains.
- Nos fils sont heureux, tu devrais en éprouver de la joie toi aussi !!
- Oh !! Mais je suis heureuse !! Juste que je ne suis pas habituée à… mais ce sont des garçons et c’est peut-être eux qui ont raison, après tout ils ne font ni ne disent rien de plus que ce que nous avons fait ou dit à leur âge, nous sommes peut-être tout simplement coincés.
- Et bien avec ton rouillé ça va vite dégripper sévère j’ai l’impression Hi ! Hi !
- Je vois que ça t’amuse beaucoup en tout cas ?
- Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est exact !! Cet air de fraîcheur qu’insuffle ton fils autour de lui me fait un bien fou.
- Peut-être parce que tu n’en as pas perçu encore toutes les conséquences ?
- Je ne vois pas ce que tu veux dire par là Hellènes ?
- Yuan semble ressentir les mêmes sentiments que « Flo » pour lui, il me semble ?
- Oui et alors ?
- Crois-tu vraiment qu’il voudra repartir en Chine maintenant que la personne qu’il aime est ici en France ? Rappelle-toi ce que Florian nous a raconté hier soir ? Qu’il couchait dans ton appartement chaque fois qu’il avait à faire à Paris, ton fils si je me rappelle bien ses paroles était là lui aussi ?
Hellènes suit alors toutes les pensées de son ami rien qu’aux expressions de son visage, tout d’abord soucieux, puis sérieux pour redevenir enfin souriant.
- Je préfère le savoir ici et heureux plutôt que comme toutes ces années, solitaire et triste, je sais que ce ne sera pas facile pour moi d’être loin de mon fils !! Je devrais m’y faire et puis rien ne m’empêchera de venir quand j’en aurai envie !! Si j’ai gardé depuis toutes ces années cet appartement, c’est sans doute que je sentais bien qu’il pourrait avoir son utilité un jour ou l’autre et le jour semble être arrivé, un peu plus tôt que prévu c’est tout !!
Ils en sont là dans leurs discussions quand les deux jeunes sortent de la douche, frais et affamés, s’installant l’un près de l’autre à table pour prendre leur petit-déjeuner.
- (Ming) Alors vous vous sentez mieux les garçons ?
- Pour ça oui !!
- Vous aviez l’air de bien vous amuser en tout cas, on vous entendait depuis la cuisine !!
- Bah oui Hi ! Hi ! C’est juste parce qu’on a…
- (Yuan) Florian !!!
- Quoiiii ???
- (Yuan) S’il te plaît !!!
- J’ai rien dit !!
- (Yuan) Mais tu allais le faire ?
- Meuh non !!!
- (Ming curieux) Quoi encore ?
- (Yuan) S’il te plaît p’pa !! Ne t’y mets pas non plus, tu ne vois pas qu’il ne demande que ça !!
- (Ming amusé) Que ça, quoi ?
Il voit bien le petit rouquin faire l’innocent en buvant son café, la curiosité est trop forte pour Ming bien qu’il s’attende encore une fois au pire venant de sa part.
- Alors ? Quoi ?
Je lui fais un clin d’œil en lui montrant trois de mes doigts.
- (Ming) Et ça veut dire quoi, ça ? Trois quoi ?
- Disons qu’on a doublé la mise de tout à l’heure Hi ! Hi !
- (Yuan) Florian !! Tu m’avais promis !!
- J’ai rien dit !! Fallait bien astiquer la barre, non ? D’accord !! On a peut-être forcé un peu, mais elle est toute propre maintenant !! Vous voulez voir ?
Trois voix résonnent dans la cuisine en même temps.
- Nonnnn!!
CHAPITRE 65 (Départ pour Aix en Provence)
« Deux jours plus tard »
Ming et Yuan sont repartis depuis la veille au soir, j’ai un peu le cafard sur ce coup-là mais je sais que ce n’est que temporaire, car Yuan m’a promis de s’inscrire en fac à Paris dès la prochaine rentrée.
Il doit également nous rejoindre, Antoine et moi pour les vacances d’été à Aix, il faut juste qu’on s’organise pour savoir comment aménager la chambre pour nous recevoir tous les trois, le temps que la chambre d’ami se libère si toutefois l’un d’entre nous veut bien l’utiliser.
Antoine quand je l’ai appelé n’a pas semblé surpris plus que ça d’apprendre qu’avec « Yu » on avait recollé les morceaux, étant déjà au courant de l’envoi du colis miracle et bien sûr des résultats obtenus, quand mon père a prévenu mes grands-parents pour le leur annoncer.
Ma mère termine mes valises qu’elle dépose dans l’entrée rejoindre les deux sacs à dos qui devraient leur suffire à eux qui ne restent que quelques jours, voire une semaine au grand maximum car mon père doit remplacer Franck pendant ses congés et ma mère comme chaque année m’a-t-elle dit, le suit dans tous ses déplacements trop heureuse de voyager de par le monde en restant près de son mari.
- Tu devrais aller vérifier dans ta chambre que je n’ai rien oublié !
- Bah !! Je n’ai pas besoin de grand-chose en fait, juste la rechange nécessaire entre deux lessives !!
- (Hellènes) Remarque que s’il te manque quelque chose, il te suffira d’aller l’acheter ou d’en parler à tes grands-parents pour qu’ils le fassent. J’y pense d’un coup !!! Tu as besoin d’argent ?? Depuis que tu es sorti de l’hôpital, tu ne nous en as pas demandé !!
- Non t’inquiète, ça ira !! Au pire je trouverai bien un petit boulot si j’ai besoin de me payer quelque chose !! Au fait, en parlant de ça !! Tant que j’y pense !!
Je file vite fait dans ma chambre y prendre la boîte en métal qui était planqué tout en haut de l’armoire à linge.
- Tiens !! Je pense que ça vous revient pour une part !! Le reste !! Eh bien vous en ferez ce que bon vous semble !!
- (Hellène surprise) Qu’est-ce que c’est ??
- Regarde Hi ! Hi !
Hellènes ouvre la boîte métallique, jette un œil à l’intérieur et pousse un cri de stupeur.
- Mon Dieu !! Mais qu’est-ce que c’est que tout cet argent ??
- Si c’est à moi que tu demandes ça m’man !! Comment veux-tu que je te réponde ? Sans doute les économies que faisait l’ancien moi sur votre dos !!
- (Hellènes) Mais la boîte est pleine !!
- Presque !! Si tu regardes en dessous des billets tu verras qu’il n’y a pas que ça, trente mille euros en liquide et de la came pour au bas mot la même somme.
- (Hellènes) Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse de ça ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi !! Le mieux serait sans doute de s’en débarrasser, imagine si les flics tombent dessus ? Pour l’argent et bien il est à vous, ça remboursera une partie de celui qu’il vous a soutiré pendant tout ce temps.
Hellènes referme la boîte et la tend à son fils qui la regarde faire les yeux grands ouverts de surprise.
- Tu verras ça avec ton père quand il rentrera !!
- Mais !!
- Écoute mon chéri !! Tu vois ça avec ton père !! Il te dira certainement de garder l’argent pour tes besoins personnels et pour le reste il prendra la décision qui lui semblera la meilleure pour notre tranquillité à tous.
Je lui reprends la boîte pour aller la déposer bien en évidence sur la table du salon, je reviens ensuite vers ma mère pour la prendre dans mes bras.
- Je ne veux pas de cet argent !! Dis-le bien à papa et je te le redis encore une fois, je n’ai besoin de rien !! Vous en faites déjà bien assez pour moi comme ça !!
- Mais enfin mon chéri !! C’est notre rôle de parents, il faut bien que tu puisses t’acheter quelque chose si tu en as envie !! Du moins tant que tu seras en études, après je ne dis pas !!
- Je vais être majeur dans quelques semaines m’man !! Je ferai comme beaucoup d’autres avant moi, je chercherai un petit boulot voilà tout !!
- Mais enfin Florian !! Ce n’est pas comme si nous n’en avions pas les moyens !! À quoi ça sert que ton père bosse comme il le fait si ce n’est pas pour que sa famille en profite.
- Je vais te dire une chose m’man !! Pour moi l’argent n’a jamais compté vraiment et pourtant une partie de moi en a gagné beaucoup, plus encore que tu ne pourrais l’imaginer,
Hellènes ne dit plus rien, elle regarde son fils repartir tranquillement dans sa chambre, un sourire tout en tendresse apparaît alors qui illumine son visage.
Décidément les choses ont bien changé se dit-elle et ce n’est que du bonheur au point qu’elle cherche en vain à retrouver dans sa mémoire le sourire au mieux narquois auquel elle avait droit au quotidien, cette image lui faisant bizarrement défaut.
Elle se reprend en entendant son fils revenir dans le salon avec une pochette à dessins sous le bras.
- Il reste de la place dans une valise m’man ?
- Donne !! Je vais bien te trouver ça !!
- Merci m’man !! Il ne me reste plus qu’à prendre ma douche avant que p’pa ne rentre !!
- Vas-y mon chéri, je m’occupe de terminer les bagages.
Hellènes ouvre une des valises pour y ranger la pochette, la curiosité des femmes n’étant pas une légende elle ne peut s’empêcher de regarder à l’intérieur et sa réaction est à l’image du choc de sa découverte, la première feuille représentant son neveu Antoine d’une façon si réaliste qu’elle en reste la bouche ouverte d’admiration.
Les suivantes les représentent son mari et elle ainsi que Maryse, Michel, et Yuan, d’une ressemblance digne d’une photo prise par le meilleur des professionnels.
Pourtant parmi celles qu’elle feuillette encore, c’est la dernière image qui l’a marqué le plus et le jeune homme souriant qu’elle découvre lui amène un frisson de pure émotion tellement sa beauté a su être mise en valeur, celle d’un ange blond d’une vingtaine d’années à peine aux yeux magnifiques et au sourire rayonnant qui révèle sans erreur possible les sentiments profonds de l’artiste face à son modèle, tout comme la réciprocité qui illumine visiblement le regard du jeune homme.
Hellène émue range avec soin les croquis, comprenant que le jeune homme en question ne peut être que la même personne que celui de la conversation qu’a eu Florian avec son père et que Pierre le soir même encore troublé lui a raconté, ses lèvres prononcent alors tout bas ce prénom qui semble représenter beaucoup pour son fils.
- Thomas??
CHAPITRE 66 (Départ pour Aix en Provence) (fin)
« Bureau de la DBIFC, Paris »
Pierre repose son stylo après avoir signé un nombre invraisemblable de papiers qui démontrent que l’entreprise devient de plus en plus prospère demandant même à s’agrandir, ce qu’il se refuse de faire en arguant que cela multiplierait les risques en cas de gros problèmes d’ordre international.
Et puis pense-t-il, à quoi bon en vouloir toujours plus !! Son fils comme il le lui a bien fait comprendre n’ayant pas l’intention de prendre sa suite, il n’y a donc aucune raison qui le pousse à vouloir développer pour lui léguer une chose qui ne l’intéresse pas.
Franck tout comme lui-même approchant tranquillement vers l’âge de la retraite, il a déjà été question former un futur remplaçant sans pour autant qu’ils aient trouvé la personne qui convienne.
Il n’était alors pas question d’imaginer que le Florian de l’époque, puisse s’y intéresser autrement que pour dilapider l’argent et faire couler l’entreprise.
Pierre sourit, sans doute cherchent-ils tous les deux la perle rare qui n’existe que dans leurs vœux les plus pieux et c’est en soupirant qu’il referme son tiroir avant de se lever pour rejoindre sa famille qui doit déjà commencer à l’attendre avec impatience.
La poignée de mains à ses collaborateurs lui prend encore dix bonnes minutes, souriant comme à chaque fois qu’il tend la main au jeune stagiaire et que celui-ci en tremble d’émotion, visiblement sujet à une timidité maladive.
Justement Pierre se rappelle que dans les papiers qu’il vient de parapher, il y a son accord pour la mutation et l’embauche définitive du jeune homme, aussi c’est donc avec un plaisir évident qu’il le lui annonce.
Pierre apprécie sans pouvoir y trouver une raison particulière ce garçon jovial, du moins aux dires de ses collègues car bien sûr en présence de son patron il perd comme à chaque fois toute son assurance et en devient même pitoyable, comme encore ce jour-là d’ailleurs.
- Ah !! Mickaël !!
- O...ui !! Mon… si… eur !!
- Allons jeune homme !! Je ne vais pas vous manger !! C’était juste pour vous féliciter d’avoir brillamment réussi à vous intégrer dans l’entreprise durant votre stage, j’ai donné mon accord pour votre demande à faire partie de nos collaborateurs de l’agence d’Aix en Provence et je vous souhaite une belle et longue carrière parmi nous, bravo mon garçon !! Continuez comme ça !!
Une salve d’applaudissements résonne alors dans la salle, laissant le jeune Mickaël proche des larmes qui lui piquent les yeux sous le regard bienveillant de Pierre qui sait parfaitement avoir fait le bon choix.
C’est donc avec un certain plaisir qu’il monte dans sa voiture pour retrouver les siens, il met un CD dans l’autoradio et entonne à tue-tête les tubes de son chanteur préféré, sans faire fi des autres automobilistes qui le regarde bizarrement.
Le kit main libre s’enclenche d’une pression du doigt et la voix de la charmante hôtesse de son jet privé remplace agréablement celle éraillée d’un Johnny déchaîné.
- Bonjour patron !
- Bonjour Laure, tout va bien pour vous ?
- Oui patron !! Nous arriverons dans le créneau attendu malgré les turbulences, le temps de faire les pleins et je pense que nous serons prêts à repartir à l’heure prévue.
- Très bien !!
- Autre chose patron ?
- Non, merci beaucoup !! Ça ira !!
La communication s’arrête et la musique reprend, Pierre stoppe à un feu et comme à chaque fois au même endroit son cœur se serre, le jeune garçon qui mendie ici depuis plusieurs mois maintenant le reconnaît et vient vers lui en souriant, sachant qu’il aura droit à sa pièce de la part de cet homme généreux.
- Tiens mon garçon !!
- Merci monsieur !!