CHAPITRE 55 (Chez les Viala, Reims) (Les trois frères)
« Appartement des Viala, quartier saint Rémi »
Guillaume rentre du lycée, il dépose son sac dans sa chambre et il va pour se diriger vers la cuisine pour y prendre une boisson avant d’aller un peu sur les réseaux sociaux voir ce qu’il s’y passe, quand un petit bruit venant de la chambre de son plus jeune frère le fait sourire et tendre l’oreille en la plaquant contre la porte.
Il reste comme ça une petite minute, comprenant bien ce à quoi s’adonne encore une fois Damien et ne voulant pas plus que ça jouer les voyeurs, il continue son chemin en soupirant d’amusement.
C’est vrai que « Dami » depuis quelques années déjà, n’est pas des plus discrets quand il s’adonne comme en ce moment au plaisir dit « solitaire » et c’est encore pire quand il se croit seul.
Guillaume reconnaît volontiers qu’il n’est pas le dernier non plus à ce genre de jeu, se contentant toutefois d’attendre le soir quand il est bien installé dans son lit et le mouchoir qui lui sert à recueillir le fruit de son plaisir est parfois dans un tel état de raideur, qu’il finit par le jeter dans une poubelle de peur que sa mère ne se rende compte de ce à quoi il sert.
- Ahhhh !!!!
Guillaume retient l’éclat de rire qui menace de le prendre, il sort un second verre en sachant bien la première chose que va faire son cadet en sortant de sa chambre.
Damien n’y manque encore pas cette fois-ci et son visage marque l’étonnement, puis la gêne en comprenant au sourire de son frère qu’il a dû se faire capter.
- (Guillaume amusé) Tu devrais mettre une sourdine quand tu te secoues la bite !!
- (Damien) Pffttt !!! N’importe quoi !!
Guillaume lui tend le verre en haussant les épaules.
- Tu n’as pas à en avoir honte c’est normal à ton âge, je te demandais juste d’être plus silencieux !! Imagine que ce soit les parents qui t’aient entendu ? Ou alors fais comme moi !! Mets de la musique pour couvrir le bruit.
- (Damien surprit) Ah !! Parce que toi aussi, tu…
- (Guillaume) Bien sûr qu’est-ce que tu crois ? Seulement je sais faire attention, moi !!
Damien sourit à son frère, content qu’il lui ait avoué que lui aussi s’adonne à la branlette.
- Pourquoi tu ne m’en avais jamais parlé avant ?
- (Guillaume) Et pourquoi je l’aurais fait ? Tu peux me le dire ? Ce n’est pas une activité qu’on aime à crier sous sur les toits non plus, même si tout le monde le fait !!
- (Damien) Même « Aurel » tu crois ?
- (Guillaume) Il n’est pas autrement fait que les autres garçons tu sais !!
Damien a alors un rictus qui amuse aussi son frère qui comprend le fil de ses pensées.
- (Guillaume) Vas-y !! Dis ta connerie du jour Hi ! Hi !
- (Damien) J’ai du mal à imaginer le grand qui se secoue la queue Hi ! Hi !
- (Guillaume) Et pourquoi donc ?
- (Damien hilare) C’est surtout le fait de secouer tu comprends ? Pour ça il faut une certaine énergie Hi ! Hi !
- (Guillaume) Ça doit sortir tout seul par effet de trop-plein alors Hi ! Hi !
Damien qui était en train de boire s’en étouffe en recrachant sa gorgée d’eau.
- Hi ! Hi ! T’es con !! J’ai avalé de travers Hi ! Hi !
La porte d’entrée s’ouvre à nouveau et met un temps certain avant de se refermer, ce qui amène un nouveau fou rire des deux frères qui se doutent bien de quel membre de la famille il s’agit.
- (Guillaume) On est dans la cuisine « Aurel » !! T’as soif ?
Temps mort, puis une voix emplie de « zenitude » répond.
- Ouaih !! Cool mec !!!
CHAPITRE 56 (Chez les Viala, Reims) (Annie)
« Tribunal de Reims »
Annie est plongée dans ses dossiers, elle réserve toujours ses fins de journée pour traiter les cas les moins difficiles et celui qu’elle lit actuellement est de ceux qu’elle estime qui ne devrait pas arriver jusqu’à son bureau.
Des parents de la haute noblesse qui laissent leur enfant unique poursuivre ses études au demeurant brillantes, en ne lui octroyant que le minimum d’argent pour qu’il ne crève pas de faim.
Quand elle a reçu le jeune Marc, celui-ci lui est apparu si maigre qu’elle en a eu un sursaut de stupeur et le fait est que ce garçon longiligne n’a que la peau sur les os, tout ça sans vraie raison médicale apparemment si ce n’est sans doute les privations qu’il s’oblige pour pouvoir boucler ses fins de mois.
C’est un de ses amis qui a porté l’affaire en justice, un jeune homme à la carrure impressionnante et qui de suite lui a amené sa sympathie, suffisamment en tout cas pour qu’elle accepte de se saisir du dossier et convoque les parents du jeune Marc pour avoir leur version des faits afin de pouvoir ensuite rendre son jugement.
« Dring !! Dring !! »
Annie décroche le téléphone.
- Allô !!
- …….
- Elle-même !! À qui ai-je l’honneur ??
- …….
- (Annie sourit) C’est toi Paul ?? En voilà une surprise !! Depuis le temps !!
- ……
- Tu n’as pas à t’excuser !! Je suis aussi fautive que toi, mais tu sais entre l’installation, les enfants et le travail, le temps passe si vite !!
- …….
- Oui je t’écoute ??
- …….
- Pas de soucis voyons !! Mais qu’a donc ce garçon pour que tu t’y intéresses à ce point ??
- …….
- Je comprends !! Drôle d’histoire !! Tu crois vraiment qu’il est sincère ??
- ……..
- Hum !!! J’ai toujours reconnu tes qualités intuitives, mais là au vu de ce que tu viens de me dire le doute est quand même de mise et permets-moi de te dire que je reste sceptique sur cette amnésie qui tombe à pic, ça sent l’entourloupe à plein nez !!
- …….
- Entendu !! Tu me l’envoies et je traiterais son cas avec impartialité, mais es-tu certain qu’il viendra vraiment poursuivre ses études à Reims ?
- …….
- Ah !! D’accord !! Et bien au cas où, je prendrais ce dossier en charge !! Merci de ta confiance Paul et si tu passes dans la région, n’hésites pas à venir nous voir !!
- …….
Annie raccroche, son front se plisse de réflexion et cherche désespérément dans sa mémoire où elle a déjà entendu ce nom de Florian De Bierne, qui ne lui est pas inconnu mais sans pouvoir toutefois arriver à mettre le doigt dessus.
Paul lui a promis de lui envoyer au plus vite une copie du dossier le concernant, peut-être qu’alors ça lui reviendra en mémoire et elle soupire en replongeant dans le dossier du jeune Marc Antoine De Lamarlière, qui pour l’instant a plus besoin d’elle que ce garçon soi-disant amnésique.
Malgré tout, elle ne peut s’empêcher d’y penser et le fait que ce nom lui parle sans pouvoir s’en rappeler les circonstances l’exaspère particulièrement, aussi c’est en soupirant d’énervement qu’elle referme le dossier et qu’elle quitte son bureau pour rentrer chez elle, se connaissant suffisamment pour savoir qu’elle n’aura plus l’esprit à son travail pour aujourd’hui.
Ce n’est seulement qu’en conduisant, que tout lui revient d’un seul coup et son visage se ferme alors comme une huître, elle revoit le minois angelot mais au combien trompeur du petit rouquin alors qu’elle était encore au tribunal pour enfants à Paris.
C’était quelques mois avant sa demande de mutation et elle avait eu en main cette affaire de viols de jeunes hommes après avoir été drogués et ensuite mis dans les pattes de vieux vicieux contre de l’argent.
Le jeune De Bierne était impliqué comme accusé d’être l’un des principaux protagonistes de ce trafic et si elle a prononcé un non-lieu cette fois-là, c’était la mort dans l’âme car elle était intimement convaincue de sa culpabilité.
Seulement les victimes ne se rappelant de pas grand-chose ont fini par tous retirer leurs plaintes, les avocats de la famille De Bierne leur rappelant insidieusement à la moindre occasion que le manque de preuve flagrante pourrait se retourner contre eux et qu’ils risquaient à leur tour de passer en jugement pour accusations mensongères.
Annie se rappelle très bien maintenant le regard ironique du jeune rouquin fixé dans le sien pendant toute la durée des débats, jamais il n’a baissé les yeux semblant prendre plaisir à se moquer d’elle.
Les autres accusés quant à eux notables notoirement connus, avaient tous de bonnes raisons d’être ailleurs aux moments des événements et elle savait bien dès le départ comment tout cela finirait en fin de compte, le non-lieu qu’elle a dû prononcer ce jour-là lui restant comme un goût amer lui démontrant une fois de plus que pouvoir et argent ne sont pas de vains mots.
CHAPITRE 57 (Chez les Viala, Reims) (Frédéric)
« Université de médecine, Reims »
Frédéric range avec soin son bureau, sa première année comme professeur de chirurgie réparatrice étant terminée et c’est avec le sourire qu’il fait le bilan somme toute positif de ce tournant dans sa carrière, enseigner étant ce qu’il rêvait de faire depuis la sortie de ses études.
Il va pouvoir consacrer ses prochains mois à plein temps au CHU où il y a également un emploi, ses quinze heures de cours n’étant pas et de loin suffisant pour lui qui est un homme ne pouvant pas imaginer un instant rester sans rien faire.
L’année qu’il vient de passer depuis que lui et sa famille ont quitté Paris a été des plus constructives, ses enfants d’abord rébarbatifs à l’idée de quitter leurs amis ont en fin de compte trouvé un épanouissement certain dans leurs nouvelles écoles et dans le quartier où ils se sont fait très vite d’autres connaissances.
Annie qui tout comme lui ne supportait plus la vie parisienne a retrouvé le sourire, son travail semblant moins rébarbatif que le précédent où elle rentrait bien trop souvent sur les nerfs et commençait même à les passer sur eux sans en prendre réellement conscience, jusqu’au jour où la dispute a éclaté manquant de mettre leur couple en péril.
Depuis tout est rentré dans l’ordre au plus grand bonheur de tous, lui-même ayant retrouvé le goût pour son métier depuis que la sérénité est revenue parmi son entourage le plus proche.
Étant lui-même natif de la région, il a pu redécouvrir des amis qu’il avait commencés à perdre de vue et ses week-ends de repos passent bien trop vite à son gré, le bilan de l’année écoulée étant finalement qu’il ne l’a pas vu passer.
***/***
« Une heure plus tard, CHU de Reims »
Frédéric a à peine passé la porte de l’hôpital qu’il remarque aussitôt l’agitation autour de lui, la secrétaire de l’accueil lui fait alors signe de venir dans sa direction.
- Oui ?
- C’est le docteur Maheu qui m’a demandé de vous prévenir dès votre arrivée docteur !!
- Que me veut-il ?
- Il y a eu un grave accident sur la voie rapide, il demande l’aide de tous ceux qui sont disponibles !! Ça m’a l’air sérieux, les ambulances n’arrêtent pas de nous amener de nouveaux blessés.
- Très bien !! Juste le temps de me changer et je le rejoins aux urgences, faites le prévenir s’il vous plaît !!
- Entendu docteur !!
Frédéric repart d’un bon pas cette fois jusqu’au vestiaire, il croise plusieurs de ses collègues visiblement affolés et pour la énième fois depuis un an, se dit qu’il faudrait décidément un vrai patron dans cet hôpital.
Un patron qui sache fédérer le personnel pour ne pas qu’à chaque accident important, un vent de panique s’instaure comme c’est encore le cas aujourd’hui.
***/***
« Vingt heures, chez les Viala »
La famille est à table pour le dîner, bien trop silencieuse au goût de la fratrie qui voit bien que leurs parents sont préoccupés.
- (Guillaume) Vous en faites une tête tous les deux ? Quelque chose qui n’a pas été au boulot ??
- (Frédéric) Le bordel habituel dès qu’il y a un semblant de stress !! Il manque un vrai chef d’orchestre dans cet hôpital, quelqu’un de suffisamment calme et pondéré pour y insuffler un semblant d’ordre.
- (Damien) Pourquoi ça ? Votre patron ne fait pas son travail ?
- (Frédéric) Pfiou !! Celui-là à part pour dire qu’il n’y a pas assez de rentrées d’argent !! Je me demande à quoi il sert !! Mais, bon !! Oublions ça, après tout je suis à la maison et je m’étais promis de ne pas y laisser entrer le boulot !!
- (Annie) Pas facile pourtant, surtout quand on vous remet une vieille histoire dans les bras !! Je pensais bien pourtant ne plus entendre parler de ce gamin infâme !! Paul dit qu’il a changé, comment peut-il croire une chose pareille ??
- (Frédéric curieux) De quelle affaire tu parles ?
- (Annie) L’affaire De Bierne !! Tu sais je t’en avais parlé ? Ce gamin qui était accusé de livrer à des vieux pervers des jeunes hommes trouvés dans la rue après les avoir drogués, pour se remplir les poches avec le fric qu’il leur réclamait.
- (Frédéric horrifié) Ne me dis pas qu’il a recommencé ?
- (Annie énervée) Non !! C’est une histoire de cambriolage de bijouterie cette fois, qui s’est terminé par un accident où une fois de plus il est impliqué !! Le pire c’est qu’il a réussi à faire croire à Paul qu’il ne se souvient de rien et le pire du pire, c’est que Paul l’a cru. Il m’a demandé de le suivre régulièrement jusqu’à sa majorité pour vérifier qu’il est bien revenu dans le droit chemin !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce gamin passe au tribunal plusieurs fois par an depuis des années et il arrive toujours à s’en sortir comme si de rien était !! Le pire c’est que sur le coup je ne me rappelais plus qui était ce Florian De Bierne dont Paul me parlait !!
Aurélien relève un œil en direction de sa mère.
- Tu as bien dit « Florian » De Bierne m’man ?
- (Annie) Oui !! Pourquoi ? Tu le connais mon grand ?
- (Aurélien) Ce mec est le gamin le plus ignoble que nous avions au collège, pourtant tu lui aurais donné le bon Dieu sans confession à voir sa tête mais heureusement il s’est fait virer au bout d’à peine un an, il rackettait les sixièmes et je crois même qu’il en a fait envoyer un à l’hosto !! Une histoire de tesson de bouteille qu’il lui aurait enfoncé dans la cuisse parce que le môme ne voulait pas lui donner son argent de poche si je me rappelle bien.
- (Guillaume) Et bien dis donc !! Il t’a marqué ce mec !!
- (Damien) C’est sûr !! Pour te faire aligner autant de mots en même temps Hi ! Hi ! Je rigole mais c’est un pourri s’il a fait ce genre de trucs, comment ça, ce fait qu’il n’ait pas été envoyé en prison ?
- (Annie) Déjà parce qu’il est mineur, ensuite parce que sa famille est riche comme crésus et peut se payer les meilleurs avocats qui soient !!
- (Damien) Mais c’est dégueulasse !!
- (Annie) Je ne te le fais pas dire, mais c’est comme ça et croyez-moi, il vaut mieux pour vous de ne connaître jamais un garçon pareil et celui-là en particulier!
CHAPITRE 58 (Chez les De Bierne, Paris) (suite)
« Fin de soirée »
L’ambiance depuis l’arrivée de Yuan est remontée de plusieurs crans, le repas du soir aidant à la décontraction mais surtout il permet à leurs invités de réaliser combien Florian est à l’opposé de ce qu’ils s’en rappelaient les rares fois où ils étaient obligés de subir sa présence.
Ming observe attentivement les petits gestes et les mimiques de Florian quand il converse avec une des personnes attablées, ses yeux rieurs n’ont plus rien à voir avec ceux froids et calculateurs qu’il lui connaissait jusqu’alors.
Yuan en est quasiment au même point que son père, à part peut-être quelques questions qu’il se pose encore sur les véritables raisons de ces clins d’œil que lui lance Florian dès que son regard croise le sien.
Pierre tout comme Hellènes ressentent bien eux aussi que l’atmosphère tendue des débuts commence à devenir plus intime, les sourires tout comme les conversations arrivant plus naturellement sur des visages qui jusqu’alors étaient restés quelque peu crispés, démontrant par le fait qu’aussi bien Ming que Yuan commencent à se faire à l’idée d’un possible nouveau Florian.
- (Ming) Au fait Florian ? Quand tu disais qu’avec mon fils vous étiez plus qu’amis, tu voulais dire quoi exactement ? Simplement en pensées ou plus… disons… physique ?
Pierre qui est bien sûr au courant de la liaison qu’ils avaient ensemble, commence à connaître suffisamment son fils pour tendre le dos à sa réponse tout en sachant très bien comment il fonctionne maintenant, tout comme l’honnêteté qu’il a à dire les choses qu’il pense et ce même si ça peut parfois surprendre, voire choquer.
- (Pierre) Ils avaient certainement des liens beaucoup plus fort qu’une simple amitié, c’est sans doute ce qu’a voulu te dire mon fils ! Pas vrai fiston ?
- D’une certaine façon c’est exact en effet, nous étions plus que de simples amis et en fait si vous voulez tout savoir, nous nous aimions, et ce depuis la première minute où nous nous sommes vus, tellement même que dans une des vies que je me souviens avoir vécue nous étions amants.
Yuan sidéré, accuse le coup par un hoquet de surprise.
- De quoi !!!
- Tu as bien entendu le bridé Hi ! Hi ! Dans un autre de mes souvenirs c’était différent, ma maladie t’empêchait d’être vraiment toi-même avec moi et je sentais bien que tu m’aimais sans que ça aille plus loin, mais ça de toute façon tu le savais aussi bien que moi que c’était impossible.
- (Ming) C’est pour le moins surprenant !! Yuan dans nos souvenirs à nous tout du moins t’a toujours détesté et le mot est faible crois-moi !! D’apprendre que dans les tiens vous puissiez être aussi proches me semble ahurissant, pas pour toi ?
- Pas vraiment non !! Quel est le sentiment le plus proche de l’amour sinon la haine et qu’est-ce que la haine sinon bien souvent le contrecoup d’un amour déçu ou inaccessible ? Je suis certain pour ma part que si celui que j’étais avant n’avait pas été aussi minable et cruel, « Yu » aurait été complètement différent quant à ses sentiments vis-à-vis de moi, pas vrai le bridé ??
Étrangement ça fait deux fois déjà que tous entendent Florian appeler Yuan « le bridé » et personne n’y voit plus rien d’humiliant ni de méchant, souriant simplement devant la tête que fait Yuan à entendre toutes ces explications sur les liens qu’ils avaient ensemble dans les souvenirs de Florian.
- Va savoir le grêlé Hi ! Hi !
- Lajaunie !!
- Rouquemoutte !!
- Jaune d’œuf !!
- Têtard !!
Hellène d’abord surprise, éclate finalement de rire quand elle comprend qu’il n’y a plus rien de méchant bien au contraire dans tous les petits noms qu’ils se jettent au visage.
- Mais ce n’est pas bientôt fini vous deux Hi ! Hi ! Quel âge vous avez donc ??
- (Yuan) C’est lui qui a commencé !!
- Oh lui !! Le cafteur !!
Ming sidéré regarde son ami Pierre qui tout comme lui assiste à ce qu’il n’aurait jamais pensé être possible entre leurs deux garçons, il voit bien dans leurs yeux pétillants d’amusement que la barrière qui les séparait est enfin rompue.
Yuan le garçon réservé qu’il a toujours connu l’étonne de la plus belle des façons, il s’est non seulement transformé depuis sa guérison en un magnifique jeune homme que beaucoup envieraient de lui ressembler mais s’exprime maintenant avec une jovialité qui réchauffe le cœur.
« Appartement des Viala, quartier saint Rémi »
Guillaume rentre du lycée, il dépose son sac dans sa chambre et il va pour se diriger vers la cuisine pour y prendre une boisson avant d’aller un peu sur les réseaux sociaux voir ce qu’il s’y passe, quand un petit bruit venant de la chambre de son plus jeune frère le fait sourire et tendre l’oreille en la plaquant contre la porte.
Il reste comme ça une petite minute, comprenant bien ce à quoi s’adonne encore une fois Damien et ne voulant pas plus que ça jouer les voyeurs, il continue son chemin en soupirant d’amusement.
C’est vrai que « Dami » depuis quelques années déjà, n’est pas des plus discrets quand il s’adonne comme en ce moment au plaisir dit « solitaire » et c’est encore pire quand il se croit seul.
Guillaume reconnaît volontiers qu’il n’est pas le dernier non plus à ce genre de jeu, se contentant toutefois d’attendre le soir quand il est bien installé dans son lit et le mouchoir qui lui sert à recueillir le fruit de son plaisir est parfois dans un tel état de raideur, qu’il finit par le jeter dans une poubelle de peur que sa mère ne se rende compte de ce à quoi il sert.
- Ahhhh !!!!
Guillaume retient l’éclat de rire qui menace de le prendre, il sort un second verre en sachant bien la première chose que va faire son cadet en sortant de sa chambre.
Damien n’y manque encore pas cette fois-ci et son visage marque l’étonnement, puis la gêne en comprenant au sourire de son frère qu’il a dû se faire capter.
- (Guillaume amusé) Tu devrais mettre une sourdine quand tu te secoues la bite !!
- (Damien) Pffttt !!! N’importe quoi !!
Guillaume lui tend le verre en haussant les épaules.
- Tu n’as pas à en avoir honte c’est normal à ton âge, je te demandais juste d’être plus silencieux !! Imagine que ce soit les parents qui t’aient entendu ? Ou alors fais comme moi !! Mets de la musique pour couvrir le bruit.
- (Damien surprit) Ah !! Parce que toi aussi, tu…
- (Guillaume) Bien sûr qu’est-ce que tu crois ? Seulement je sais faire attention, moi !!
Damien sourit à son frère, content qu’il lui ait avoué que lui aussi s’adonne à la branlette.
- Pourquoi tu ne m’en avais jamais parlé avant ?
- (Guillaume) Et pourquoi je l’aurais fait ? Tu peux me le dire ? Ce n’est pas une activité qu’on aime à crier sous sur les toits non plus, même si tout le monde le fait !!
- (Damien) Même « Aurel » tu crois ?
- (Guillaume) Il n’est pas autrement fait que les autres garçons tu sais !!
Damien a alors un rictus qui amuse aussi son frère qui comprend le fil de ses pensées.
- (Guillaume) Vas-y !! Dis ta connerie du jour Hi ! Hi !
- (Damien) J’ai du mal à imaginer le grand qui se secoue la queue Hi ! Hi !
- (Guillaume) Et pourquoi donc ?
- (Damien hilare) C’est surtout le fait de secouer tu comprends ? Pour ça il faut une certaine énergie Hi ! Hi !
- (Guillaume) Ça doit sortir tout seul par effet de trop-plein alors Hi ! Hi !
Damien qui était en train de boire s’en étouffe en recrachant sa gorgée d’eau.
- Hi ! Hi ! T’es con !! J’ai avalé de travers Hi ! Hi !
La porte d’entrée s’ouvre à nouveau et met un temps certain avant de se refermer, ce qui amène un nouveau fou rire des deux frères qui se doutent bien de quel membre de la famille il s’agit.
- (Guillaume) On est dans la cuisine « Aurel » !! T’as soif ?
Temps mort, puis une voix emplie de « zenitude » répond.
- Ouaih !! Cool mec !!!
CHAPITRE 56 (Chez les Viala, Reims) (Annie)
« Tribunal de Reims »
Annie est plongée dans ses dossiers, elle réserve toujours ses fins de journée pour traiter les cas les moins difficiles et celui qu’elle lit actuellement est de ceux qu’elle estime qui ne devrait pas arriver jusqu’à son bureau.
Des parents de la haute noblesse qui laissent leur enfant unique poursuivre ses études au demeurant brillantes, en ne lui octroyant que le minimum d’argent pour qu’il ne crève pas de faim.
Quand elle a reçu le jeune Marc, celui-ci lui est apparu si maigre qu’elle en a eu un sursaut de stupeur et le fait est que ce garçon longiligne n’a que la peau sur les os, tout ça sans vraie raison médicale apparemment si ce n’est sans doute les privations qu’il s’oblige pour pouvoir boucler ses fins de mois.
C’est un de ses amis qui a porté l’affaire en justice, un jeune homme à la carrure impressionnante et qui de suite lui a amené sa sympathie, suffisamment en tout cas pour qu’elle accepte de se saisir du dossier et convoque les parents du jeune Marc pour avoir leur version des faits afin de pouvoir ensuite rendre son jugement.
« Dring !! Dring !! »
Annie décroche le téléphone.
- Allô !!
- …….
- Elle-même !! À qui ai-je l’honneur ??
- …….
- (Annie sourit) C’est toi Paul ?? En voilà une surprise !! Depuis le temps !!
- ……
- Tu n’as pas à t’excuser !! Je suis aussi fautive que toi, mais tu sais entre l’installation, les enfants et le travail, le temps passe si vite !!
- …….
- Oui je t’écoute ??
- …….
- Pas de soucis voyons !! Mais qu’a donc ce garçon pour que tu t’y intéresses à ce point ??
- …….
- Je comprends !! Drôle d’histoire !! Tu crois vraiment qu’il est sincère ??
- ……..
- Hum !!! J’ai toujours reconnu tes qualités intuitives, mais là au vu de ce que tu viens de me dire le doute est quand même de mise et permets-moi de te dire que je reste sceptique sur cette amnésie qui tombe à pic, ça sent l’entourloupe à plein nez !!
- …….
- Entendu !! Tu me l’envoies et je traiterais son cas avec impartialité, mais es-tu certain qu’il viendra vraiment poursuivre ses études à Reims ?
- …….
- Ah !! D’accord !! Et bien au cas où, je prendrais ce dossier en charge !! Merci de ta confiance Paul et si tu passes dans la région, n’hésites pas à venir nous voir !!
- …….
Annie raccroche, son front se plisse de réflexion et cherche désespérément dans sa mémoire où elle a déjà entendu ce nom de Florian De Bierne, qui ne lui est pas inconnu mais sans pouvoir toutefois arriver à mettre le doigt dessus.
Paul lui a promis de lui envoyer au plus vite une copie du dossier le concernant, peut-être qu’alors ça lui reviendra en mémoire et elle soupire en replongeant dans le dossier du jeune Marc Antoine De Lamarlière, qui pour l’instant a plus besoin d’elle que ce garçon soi-disant amnésique.
Malgré tout, elle ne peut s’empêcher d’y penser et le fait que ce nom lui parle sans pouvoir s’en rappeler les circonstances l’exaspère particulièrement, aussi c’est en soupirant d’énervement qu’elle referme le dossier et qu’elle quitte son bureau pour rentrer chez elle, se connaissant suffisamment pour savoir qu’elle n’aura plus l’esprit à son travail pour aujourd’hui.
Ce n’est seulement qu’en conduisant, que tout lui revient d’un seul coup et son visage se ferme alors comme une huître, elle revoit le minois angelot mais au combien trompeur du petit rouquin alors qu’elle était encore au tribunal pour enfants à Paris.
C’était quelques mois avant sa demande de mutation et elle avait eu en main cette affaire de viols de jeunes hommes après avoir été drogués et ensuite mis dans les pattes de vieux vicieux contre de l’argent.
Le jeune De Bierne était impliqué comme accusé d’être l’un des principaux protagonistes de ce trafic et si elle a prononcé un non-lieu cette fois-là, c’était la mort dans l’âme car elle était intimement convaincue de sa culpabilité.
Seulement les victimes ne se rappelant de pas grand-chose ont fini par tous retirer leurs plaintes, les avocats de la famille De Bierne leur rappelant insidieusement à la moindre occasion que le manque de preuve flagrante pourrait se retourner contre eux et qu’ils risquaient à leur tour de passer en jugement pour accusations mensongères.
Annie se rappelle très bien maintenant le regard ironique du jeune rouquin fixé dans le sien pendant toute la durée des débats, jamais il n’a baissé les yeux semblant prendre plaisir à se moquer d’elle.
Les autres accusés quant à eux notables notoirement connus, avaient tous de bonnes raisons d’être ailleurs aux moments des événements et elle savait bien dès le départ comment tout cela finirait en fin de compte, le non-lieu qu’elle a dû prononcer ce jour-là lui restant comme un goût amer lui démontrant une fois de plus que pouvoir et argent ne sont pas de vains mots.
CHAPITRE 57 (Chez les Viala, Reims) (Frédéric)
« Université de médecine, Reims »
Frédéric range avec soin son bureau, sa première année comme professeur de chirurgie réparatrice étant terminée et c’est avec le sourire qu’il fait le bilan somme toute positif de ce tournant dans sa carrière, enseigner étant ce qu’il rêvait de faire depuis la sortie de ses études.
Il va pouvoir consacrer ses prochains mois à plein temps au CHU où il y a également un emploi, ses quinze heures de cours n’étant pas et de loin suffisant pour lui qui est un homme ne pouvant pas imaginer un instant rester sans rien faire.
L’année qu’il vient de passer depuis que lui et sa famille ont quitté Paris a été des plus constructives, ses enfants d’abord rébarbatifs à l’idée de quitter leurs amis ont en fin de compte trouvé un épanouissement certain dans leurs nouvelles écoles et dans le quartier où ils se sont fait très vite d’autres connaissances.
Annie qui tout comme lui ne supportait plus la vie parisienne a retrouvé le sourire, son travail semblant moins rébarbatif que le précédent où elle rentrait bien trop souvent sur les nerfs et commençait même à les passer sur eux sans en prendre réellement conscience, jusqu’au jour où la dispute a éclaté manquant de mettre leur couple en péril.
Depuis tout est rentré dans l’ordre au plus grand bonheur de tous, lui-même ayant retrouvé le goût pour son métier depuis que la sérénité est revenue parmi son entourage le plus proche.
Étant lui-même natif de la région, il a pu redécouvrir des amis qu’il avait commencés à perdre de vue et ses week-ends de repos passent bien trop vite à son gré, le bilan de l’année écoulée étant finalement qu’il ne l’a pas vu passer.
***/***
« Une heure plus tard, CHU de Reims »
Frédéric a à peine passé la porte de l’hôpital qu’il remarque aussitôt l’agitation autour de lui, la secrétaire de l’accueil lui fait alors signe de venir dans sa direction.
- Oui ?
- C’est le docteur Maheu qui m’a demandé de vous prévenir dès votre arrivée docteur !!
- Que me veut-il ?
- Il y a eu un grave accident sur la voie rapide, il demande l’aide de tous ceux qui sont disponibles !! Ça m’a l’air sérieux, les ambulances n’arrêtent pas de nous amener de nouveaux blessés.
- Très bien !! Juste le temps de me changer et je le rejoins aux urgences, faites le prévenir s’il vous plaît !!
- Entendu docteur !!
Frédéric repart d’un bon pas cette fois jusqu’au vestiaire, il croise plusieurs de ses collègues visiblement affolés et pour la énième fois depuis un an, se dit qu’il faudrait décidément un vrai patron dans cet hôpital.
Un patron qui sache fédérer le personnel pour ne pas qu’à chaque accident important, un vent de panique s’instaure comme c’est encore le cas aujourd’hui.
***/***
« Vingt heures, chez les Viala »
La famille est à table pour le dîner, bien trop silencieuse au goût de la fratrie qui voit bien que leurs parents sont préoccupés.
- (Guillaume) Vous en faites une tête tous les deux ? Quelque chose qui n’a pas été au boulot ??
- (Frédéric) Le bordel habituel dès qu’il y a un semblant de stress !! Il manque un vrai chef d’orchestre dans cet hôpital, quelqu’un de suffisamment calme et pondéré pour y insuffler un semblant d’ordre.
- (Damien) Pourquoi ça ? Votre patron ne fait pas son travail ?
- (Frédéric) Pfiou !! Celui-là à part pour dire qu’il n’y a pas assez de rentrées d’argent !! Je me demande à quoi il sert !! Mais, bon !! Oublions ça, après tout je suis à la maison et je m’étais promis de ne pas y laisser entrer le boulot !!
- (Annie) Pas facile pourtant, surtout quand on vous remet une vieille histoire dans les bras !! Je pensais bien pourtant ne plus entendre parler de ce gamin infâme !! Paul dit qu’il a changé, comment peut-il croire une chose pareille ??
- (Frédéric curieux) De quelle affaire tu parles ?
- (Annie) L’affaire De Bierne !! Tu sais je t’en avais parlé ? Ce gamin qui était accusé de livrer à des vieux pervers des jeunes hommes trouvés dans la rue après les avoir drogués, pour se remplir les poches avec le fric qu’il leur réclamait.
- (Frédéric horrifié) Ne me dis pas qu’il a recommencé ?
- (Annie énervée) Non !! C’est une histoire de cambriolage de bijouterie cette fois, qui s’est terminé par un accident où une fois de plus il est impliqué !! Le pire c’est qu’il a réussi à faire croire à Paul qu’il ne se souvient de rien et le pire du pire, c’est que Paul l’a cru. Il m’a demandé de le suivre régulièrement jusqu’à sa majorité pour vérifier qu’il est bien revenu dans le droit chemin !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce gamin passe au tribunal plusieurs fois par an depuis des années et il arrive toujours à s’en sortir comme si de rien était !! Le pire c’est que sur le coup je ne me rappelais plus qui était ce Florian De Bierne dont Paul me parlait !!
Aurélien relève un œil en direction de sa mère.
- Tu as bien dit « Florian » De Bierne m’man ?
- (Annie) Oui !! Pourquoi ? Tu le connais mon grand ?
- (Aurélien) Ce mec est le gamin le plus ignoble que nous avions au collège, pourtant tu lui aurais donné le bon Dieu sans confession à voir sa tête mais heureusement il s’est fait virer au bout d’à peine un an, il rackettait les sixièmes et je crois même qu’il en a fait envoyer un à l’hosto !! Une histoire de tesson de bouteille qu’il lui aurait enfoncé dans la cuisse parce que le môme ne voulait pas lui donner son argent de poche si je me rappelle bien.
- (Guillaume) Et bien dis donc !! Il t’a marqué ce mec !!
- (Damien) C’est sûr !! Pour te faire aligner autant de mots en même temps Hi ! Hi ! Je rigole mais c’est un pourri s’il a fait ce genre de trucs, comment ça, ce fait qu’il n’ait pas été envoyé en prison ?
- (Annie) Déjà parce qu’il est mineur, ensuite parce que sa famille est riche comme crésus et peut se payer les meilleurs avocats qui soient !!
- (Damien) Mais c’est dégueulasse !!
- (Annie) Je ne te le fais pas dire, mais c’est comme ça et croyez-moi, il vaut mieux pour vous de ne connaître jamais un garçon pareil et celui-là en particulier!
CHAPITRE 58 (Chez les De Bierne, Paris) (suite)
« Fin de soirée »
L’ambiance depuis l’arrivée de Yuan est remontée de plusieurs crans, le repas du soir aidant à la décontraction mais surtout il permet à leurs invités de réaliser combien Florian est à l’opposé de ce qu’ils s’en rappelaient les rares fois où ils étaient obligés de subir sa présence.
Ming observe attentivement les petits gestes et les mimiques de Florian quand il converse avec une des personnes attablées, ses yeux rieurs n’ont plus rien à voir avec ceux froids et calculateurs qu’il lui connaissait jusqu’alors.
Yuan en est quasiment au même point que son père, à part peut-être quelques questions qu’il se pose encore sur les véritables raisons de ces clins d’œil que lui lance Florian dès que son regard croise le sien.
Pierre tout comme Hellènes ressentent bien eux aussi que l’atmosphère tendue des débuts commence à devenir plus intime, les sourires tout comme les conversations arrivant plus naturellement sur des visages qui jusqu’alors étaient restés quelque peu crispés, démontrant par le fait qu’aussi bien Ming que Yuan commencent à se faire à l’idée d’un possible nouveau Florian.
- (Ming) Au fait Florian ? Quand tu disais qu’avec mon fils vous étiez plus qu’amis, tu voulais dire quoi exactement ? Simplement en pensées ou plus… disons… physique ?
Pierre qui est bien sûr au courant de la liaison qu’ils avaient ensemble, commence à connaître suffisamment son fils pour tendre le dos à sa réponse tout en sachant très bien comment il fonctionne maintenant, tout comme l’honnêteté qu’il a à dire les choses qu’il pense et ce même si ça peut parfois surprendre, voire choquer.
- (Pierre) Ils avaient certainement des liens beaucoup plus fort qu’une simple amitié, c’est sans doute ce qu’a voulu te dire mon fils ! Pas vrai fiston ?
- D’une certaine façon c’est exact en effet, nous étions plus que de simples amis et en fait si vous voulez tout savoir, nous nous aimions, et ce depuis la première minute où nous nous sommes vus, tellement même que dans une des vies que je me souviens avoir vécue nous étions amants.
Yuan sidéré, accuse le coup par un hoquet de surprise.
- De quoi !!!
- Tu as bien entendu le bridé Hi ! Hi ! Dans un autre de mes souvenirs c’était différent, ma maladie t’empêchait d’être vraiment toi-même avec moi et je sentais bien que tu m’aimais sans que ça aille plus loin, mais ça de toute façon tu le savais aussi bien que moi que c’était impossible.
- (Ming) C’est pour le moins surprenant !! Yuan dans nos souvenirs à nous tout du moins t’a toujours détesté et le mot est faible crois-moi !! D’apprendre que dans les tiens vous puissiez être aussi proches me semble ahurissant, pas pour toi ?
- Pas vraiment non !! Quel est le sentiment le plus proche de l’amour sinon la haine et qu’est-ce que la haine sinon bien souvent le contrecoup d’un amour déçu ou inaccessible ? Je suis certain pour ma part que si celui que j’étais avant n’avait pas été aussi minable et cruel, « Yu » aurait été complètement différent quant à ses sentiments vis-à-vis de moi, pas vrai le bridé ??
Étrangement ça fait deux fois déjà que tous entendent Florian appeler Yuan « le bridé » et personne n’y voit plus rien d’humiliant ni de méchant, souriant simplement devant la tête que fait Yuan à entendre toutes ces explications sur les liens qu’ils avaient ensemble dans les souvenirs de Florian.
- Va savoir le grêlé Hi ! Hi !
- Lajaunie !!
- Rouquemoutte !!
- Jaune d’œuf !!
- Têtard !!
Hellène d’abord surprise, éclate finalement de rire quand elle comprend qu’il n’y a plus rien de méchant bien au contraire dans tous les petits noms qu’ils se jettent au visage.
- Mais ce n’est pas bientôt fini vous deux Hi ! Hi ! Quel âge vous avez donc ??
- (Yuan) C’est lui qui a commencé !!
- Oh lui !! Le cafteur !!
Ming sidéré regarde son ami Pierre qui tout comme lui assiste à ce qu’il n’aurait jamais pensé être possible entre leurs deux garçons, il voit bien dans leurs yeux pétillants d’amusement que la barrière qui les séparait est enfin rompue.
Yuan le garçon réservé qu’il a toujours connu l’étonne de la plus belle des façons, il s’est non seulement transformé depuis sa guérison en un magnifique jeune homme que beaucoup envieraient de lui ressembler mais s’exprime maintenant avec une jovialité qui réchauffe le cœur.