CHAPITRE 23 (Retour à Paris)
« Quelques heures plus tard »
La décision est vite prise de venir m’installer pendant les vacances scolaires chez mes grands-parents, Philippe ayant promis de se libérer pour s’occuper de mon cas de façon exclusive pendant ces deux mois et faisant fi lui-même de ses congés, tellement sa curiosité est forte devant les implications extraordinaires du peu qu’il vient d’apprendre.
C’est donc dans un silence quasi-total bien compréhensible, que nous rentrons mes parents et moi jusqu’à Paris, ma convocation devant le juge ne pouvant être reporté tout comme mon inscription pour les examens du BAC qui sera effectué en candidat libre vu mes notes désastreuses et mon dernier trimestre d’absence.
Ce n’est qu’une fois rendu chez nous que mon père après avoir vérifié qu’il n’avait aucun message urgent à traiter sur sa boîte mail, revient dans le salon pour me parler.
- Il va nous falloir être très prudent tant que nous ne saurons pas exactement à quoi rime toute cette histoire, tu en es conscient j’espère ?
- Bien sûr qu’est-ce que tu crois !!
- Tu dois bien avoir une petite idée quand même sur tout ce qu’il t’arrive ?
- Pas vraiment, non !! Ou alors c’est tellement tiré par les cheveux, que je n’ose même pas y penser !!
- Dis toujours !! De toute façon nous ne sommes plus à ça prêt !!
- Et bien !! Comment te dire ? J’ai comme l’impression d’être une âme qui habite toujours le même corps dès que celui-ci meurt !!
- Un truc temporel comme dans certains films de science-fiction ?
- Ce n’est pas exactement ma pensée, plutôt une vie parallèle car les choses ne sont jamais tout à fait pareilles !! Tu n’as jamais eu cette impression d’une situation que tu vis et que tu as la sensation d’avoir déjà vécue ?
- Si bien sûr !!
- Eh bien c’est un peu ça, tu vois !! En beaucoup plus fort parce que pour moi c’est de toute une vie que je me rappelle !! Et en plus avec celle-là, c’est déjà la troisième !!
- Tu parlais pourtant d’un rêve ? Du moins pour l’une d’entre elles ?
- C’était mon impression en effet !! Sauf que ça a commencé à la mort d’un bébé, pendant que je n’étais plus réellement vivant dans ce que je croyais être ma vraie existence et que j’en suis revenu quand mon corps est sorti du coma !!
- Tu serais donc mort trois fois ? Mais si c’est le cas, d’où te vient ta conscience alors ? Et pourquoi toujours revenir avec cette même identité ?
- Comment veux-tu que je le sache ?? Peut-être même que j’ai eu d’autres vies avant celles-ci ??
- Pourquoi ne te souvenir que des trois dernières dans ce cas ??
- Des deux p’pa !! Je n’ai aucun souvenir de celle-ci rappelle-toi, juste depuis quelques jours pas plus et encore !! Ce ne sont que ceux venant de mon précédent vécu et de ce que je prenais pour un rêve !!
- Je ne le vivrais pas en même temps que toi, je penserais à une vaste fumisterie de ta part et c’est d’ailleurs ce à quoi je croyais au début, avant cette histoire avec Philippe.
Hellènes qui jusque-là s’était contentée d’écouter.
- Il y a aussi Maryse et son étonnante bonne santé depuis sa sortie de l’hôpital !!
- (Pierre) C’est vrai ça !! Comment l’expliques-tu ?
- Ça voudrait dire que mon « don » fonctionne également ici !! Pourtant je sens bien qu’il me manque quelque chose, quelque chose d’important qui m’échappe !!
- Peut-être est-ce lié à ce Thomas dont tu as crié le nom en sortant de l’hôpital ?
Je préfère pour l’instant botter en touche, ne connaissant pas leurs sentiments sur une relation amoureuse de leur fils avec un autre garçon.
- C’était juste un ami dans mon ancienne vie, rien d’important !! En fait je pensais plutôt à d’autres « dons » comme celui de créer des situations réelles, parce que si ce n’était pas un rêve, ça y ressemblait quand même beaucoup !!
- D’où mes paroles de tout à l’heure sur la prudence !! Il va falloir que tu essaies de vivre normalement, si je dis ça, c’est pour ta sécurité !! Imagine un peu si ça venait aux oreilles des médias ?
- C’est déjà arrivé p’pa !!
- De quoi !!!! Ah, oui !! Dans ton « rêve » ?? Sauf que là, il n’y aura personne qui te surveille depuis tout petit pour te protéger !!
- Je ne suis pas sûr que tes paroles soient justes p’pa !! J’ai la conviction au contraire qu’il doit y avoir une surveillance sur ma personne, oh !! Pas pour les mêmes raisons bien sûr, mais je ne serais pas étonné que ce soit là ou les mêmes personnes ou quoi que ce soit d’autre qui en aient la charge !!
- Si c’est le cas, ce n’est certainement pas pour te protéger toi, mais plutôt pour t’empêcher de nuire avec toutes les malversations que tu as commises depuis ses dernières années.
- Justement en parlant de ça !! Il serait peut-être temps de me faire un petit bilan du Florian que j’étais avant cet accident ?
- Installe-toi bien dans le fauteuil alors, parce qu’il y en a à dire crois-moi !!
CHAPITRE 24 (L’ancienne vie)
J’écoute pendant presque une heure sans émettre une seule parole l’histoire de ma vie, ou du moins de celui qui était moi avant que je prenne sa place.
Harcèlements, chantages, vols, drogues, proxénétisme, attaque de diverses boutiques de luxe et j’en passe et des meilleurs, j’écoute mon père et toutes ces infamies que j’aurais commises me laissent sans voix.
Ce n’est que quand enfin mon père se tait, qu’il s’aperçoit de mon air horrifié.
- Hé oui mon fils !! Tel était le Florian d’avant l’accident !!
- Mais enfin, pourquoi ??
- Va savoir ce qu’il se passait dans ta… enfin… sa tête ?
- Je dois avoir un casier long comme un bras !!!
- Pas tant que ça en fait !! J’ai des avocats qui sont particulièrement efficaces et beaucoup de ces accusations sont restées lettres mortes à cause de vices de procédures ou de quelques argents tombés au moment opportun dans de bonnes mains.
- Mais toi !! Enfin je veux dire, vous deux !! Pourquoi vous n’avez rien fait pour l’empêcher ? Un séjour en maison de correction ne m’aurait certainement pas fait de mal !!
- Oh !! Mais tu y es allé !! Pas longtemps je dois bien l’admettre, mais c’était encore pire à ta sortie !! Tu t’étais fait de nouveaux amis encore plus terribles que les précédents !!
- J’ai cru comprendre que tu avais toujours la main au porte-monnaie dès que je voulais te taxer ? Pourquoi ?
- Sans doute parce que tu es mon fils et que malgré toutes tes frasques, j’espérais que tu retrouves la voix de la raison.
- Allons p’pa !! Il doit bien y avoir quelque chose d’autre qui t’y a poussé ?
- (Hellènes) Je crois que tu peux lui dire chéri, je suis certaine qu’il comprendra !
Je regarde mon père dans les yeux, je ressens son hésitation à avouer ce que lui-même n’a jamais voulu faire du moins consciemment.
- Tu n’avais que quelques mois quand je vous ai emmenés ta mère et toi avec moi à un voyage d’affaires, j’étais tellement heureux d’avoir un fils que je ne concevais pas de ne pas le voir grandir chaque jour tu comprends ?
Je lui fais un signe de tête montrant que c’est bien le cas.
- Tes grands-parents disaient que tu étais trop jeune pour un tel voyage et voulaient te garder près d’eux, j’ai refusé et nous sommes partis en Afrique pour faire des relevés topographiques afin de pouvoir négocier par la suite des contrats sur des coupes d’arbres rares.
- Et c’est là que s’est produit l’accident !!
- Comment peux-tu être au courant de ça ? Nous n’en avons jamais parlé à quiconque !!
- Parce que c’est déjà arrivé, comme je te le disais l’histoire se répète même si au final elle n’est jamais pareille. Dans mes souvenirs, vous aviez péri tous les deux et j’ai été recueilli par un tout jeune guerrier Massaï du nom d’Okoumé, mais ça, c’était dans mon rêve. Dans la réalité de mon autre vie, l’accident a été évité grâce à la dextérité du pilote qui a su détourner l’appareil à temps et du coup il n’y a rien eu de grave si ce n’est de t’entendre répéter en boucle des milliers de fois cette histoire à chaque fois que l’occasion se présentait.
- (Pierre) Là ça a été encore différent, plusieurs météorites ont traversé le cockpit pour blesser gravement le pilote et ôter la vie au copilote, j’ai eu le réflexe de prendre le manche pour remonter l’assiette de l’appareil avant qu’il ne s’écrase en pleine jungle et avec l’aide du pilote toujours conscient nous avons réussi à nous poser tant bien que mal dans un coin de brousse. Ce jour-là ta mère tout comme moi, avons eu la peur de notre vie et quand nous avons retrouvé suffisamment notre calme pour réfléchir, nous nous sommes précipités vers le couffin pour voir si tu allais bien et tu n’y étais plus, imagine ce qu’a pu être notre frayeur ce jour-là ?
- Mais vous m’avez retrouvé puisque je suis là ?
- Oui bien sûr !! Mais dans quel état !! Nous t’avons retrouvé inconscient à l’autre bout de l’appareil, ta tête avait heurté durement la carlingue et du sang sortait de ta bouche, ce jour-là je me suis senti fautif de t’avoir entraîné dans cette aventure et c’est sans doute la raison qui m’a fait être aussi faible envers toi quand tu as commencé à nous manquer de respect et ensuite de fil en aiguille, tu es devenu complètement ingérable jusqu’à cet accident.
- Et bien !! Vous m’en direz tant !! Ce sont des coups de pied au cul qu’il fallait me mettre !!
- (Hellènes) Oh !!! Mais il y en a eu !! Seulement, c’est nous qui les recevions !!
Je reste comme deux ronds de flan à interpréter ce qu’implique sa phrase et c’est d’une voix émue que je leur demande confirmation de ce que j’ai cru comprendre.
- Vous voulez dire que… c’est moi qui… vous frappais ??
CHAPITRE 25 (L’ancienne vie) (fin)
Ma question semble les abasourdir autant que moi pour la poser.
- Tu n’as vraiment plus aucun souvenir de cette période de ta vie alors ??
- Je pensais bien que vous en étiez convaincus pourtant !!
- C’est tellement nouveau pour nous, comprends le aussi !! Pour répondre à ta question, ton comportement était plus brutal qu’autre chose. Tu ne nous as jamais frappés en réalité mais tu nous bousculais souvent en faisant en sorte que cela fasse mal !! Enfin bref !! C’est le passé et j’aimerais bien pouvoir l’oublier !!
- Une précision encore si tu le veux bien ? J’étais aussi pourri avec papi et mamie ?
Nul besoin de réponse devant la tête que font mes parents.
- C’était un sale con en somme !!
- Qui donc ??
- Eh bien l’autre !! Celui que j’étais avant !!
- Sans aucun doute !! Maintenant que les choses ont changé, je m’en rends enfin compte !!
- Très bien, je suis d’accord pour qu’on n’en parle plus !! Ça n’avancerait à rien de ressasser le passé !! Racontez-moi plutôt les bons côtés, il devait bien y en avoir quand même, non ?
Un blanc de silence emplit soudainement la pièce, tellement lourd que c’est moi qui y mets fin.
- Et bien d’accord !! Pas même quand j’étais jeune ? Je devais bien avoir des amis normaux à cette époque ?
Toujours le même blanc qui me fait subitement avoir des frissons.
- À ce point-là ???
C’est ma mère qui reprend la parole, visiblement troublée par mon insistance.
- Les seuls amis que tu as eus, enfin si on peut appeler ça des amis !! C’est ici à Paris que tu les as connus, quand nous vivions encore à Aix tu n’étais déjà pas facile à comprendre et les jeunes de ton âge qui se sont essayés à t’approcher en ont pris pour leurs grades et certains mêmes en portent encore des séquelles, au point que certaines familles ont préféré déménager plutôt que d’avoir à toujours venir se plaindre auprès de nous.
Un mot dans ces explications me tourne depuis en boucle dans la tête.
- Tu as parlé de séquelles m’man ?? Tu voulais dire quoi par-là ??
Je la vois chercher le regard de mon père pour avoir son assentiment à poursuivre, ou plutôt pour qu’il continue lui-même les explications qui ne semblent pas faciles à sortir des lèvres de ma mère et qui du coup me font une fois encore tendre le dos sur ce qu’était ce Florian avant que j’aie pris sa place.
- (Pierre) Ta mère faisait allusion à tes agissements envers eux, ton acharnement à toujours vouloir les rabaisser en les harcelant tant moralement que physiquement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes venus vivre à Paris, plus personne ne pouvant te supporter davantage. Nous avons dû te changer plusieurs fois d’école tu sais ? Deux ans !! C’est celle où tu es resté le plus longtemps avant qu’on nous fasse comprendre qu’il valait mieux pour nous de t’en retirer avant qu’il n’y ait des plaintes contre toi quant à tes agissements.
- Mais enfin !! Quel âge j’avais ?? C’est fou ça !!! En plus (j’arrive à sourire) gaulé comme je suis, je ne devais quand même pas leur faire peur à ce point quand même !!
- Détrompe-toi mon garçon !! Déjà à l’époque tu étais une vraie teigne, ils ne te craignaient pas à cause de ta force mais parce que tu étais déjà capable de faire n’importe quelle folie.
- Du genre ??
- Comme planter une fourchette dans la main de celui qui ne voulait pas te donner sa part de dessert par exemple !!
- J’ai fait ça !!!!
- (Hellènes) Je ne pense pas qu’il soit bon de poursuivre, je vois bien que ça te fait mal tout comme à nous d’y repenser.
- (Pierre) Ta mère a entièrement raison, à quoi bon !!
- Mais vous vous ne rendez pas compte !! Si je croise un jour quelqu’un qui m’a connu à cette époque ?? Je fais quoi, moi ??
- (Hellènes) Déjà ce serait étonnant que ça arrive puisque tu n’es plus retourné chez tes grands-parents depuis tes onze ans et ensuite il te faudra être toi-même si par malheur cela venait à se produire, tout en toi montre que tu n’es plus le même Florian et je pense qu’il n’y a pas que nous qui s’en rendrons compte le moment venu.
- Et ici à Paris ?
- (Pierre) Là c’est plus compliqué !!
- Sauf si je vais poursuivre mes études ailleurs ?
- Pour ça il faudrait déjà que tu aies ton bac !! Tu as du pain sur la planche à rattraper ton retard avant les premières cessions.
- Ce n’est pas ça le problème p’pa !!
- Tu m’as l’air bien sûr de toi, tu veux que je te ressorte tes notations de ces dernières années ?
- Rappelle-toi p’pa que c’était celles de l’autre Florian !! Je me sens tout à fait capable de mener les études que je souhaite et d’ailleurs je les ai eues haut la main là d’où je viens !!
Je vois bien aux regards qu’ils se jettent, qu’ils n’ont pas encore vraiment assimilé mon histoire et que pour eux elle reste dans le domaine de la pure fiction, même s’ils en ont eu quelques débuts de preuves irréfutables
CHAPITRE 26 (Changements et découvertes)
« Après dîner »
Ce n’est qu’après le repas du soir que je me retrouve enfin seul avec mon nouveau moi, j’entre dans la salle de bains pour y prendre ma douche quand je m’aperçois que je n’ai pas pris de rechange et que j’en ressors, le temps d’aller dans ma chambre prendre le nécessaire.
Ce n’est pourtant pas la première fois que j’y mets les pieds mais je n’arrive pas vraiment à m’y sentir bien, ce n’est pas faute d’avoir fait le ménage et d’avoir tenté d’arranger la pièce différemment pour ne plus ressentir cette atmosphère glauque qui semblait particulièrement plaire à l’ancien habitant.
Habitant que je n’arrive pas à considérer comme étant moi-même tellement, ce que j’ai appris de lui m’en éloigne à des années-lumière.
Mes parents ont été chics sur ce coup-là quand il y a fallu refaire presque entièrement ma garde-robe et je pense qu’ils en sont heureux depuis qu’ils ont vu le changement.
Reste plus qu’à mettre ma touche sur la déco de la chambre, mais pour l’instant ce n’est pas la priorité et j’attendrais de gagner un peu d’argent pour le faire.
J’ouvre un tiroir pour en sortir des sous-vêtements propres, rien que ce simple geste me remet en souvenir ce que j’ai pu découvrir la première fois que j’ai fouillé cette chambre et qui m’en ont révélé plus sur l’ancien locataire que toutes les histoires qui m’ont été racontées sur lui.
Des vêtements sales mélangés aux propres, les taches sur les murs, les brûlures de cigarettes sur le sol qui devait lui servir de cendrier tout comme le dessous du sommier qui était le réceptacle de ses raclures nasales et qui m’a amené un haut-le-cœur quand j’ai compris ce qu’étaient ses croûtes sèches collées tout le long du montant en bois.
Non !! Décidément mon alter ego n’était vraiment pas et de loin d’une hygiène à toute épreuve, ni non plus respectueux des choses lui appartenant et c’est avec une moue de dégoût à ses souvenirs que je ressors pour aller cette fois prendre ma douche, oubliant complètement pourquoi j’étais revenu dans ma chambre.
Je fais couler l’eau puis me déshabille en me mettant devant la glace pour me regarder, pas que je sois devenu narcissique mais curieux quand même de n’y voir rien d’autre que ce que je voyais dans ce qui encore pour moi il n’y a pas si longtemps n’était qu’un rêve.
J’ai un petit rire en revoyant la tête de mes parents quand je suis revenu du coiffeur le lendemain de ma sortie de l’hôpital, mes cheveux alors me tombaient sur les épaules après ces trois mois de coma mais aussi à la coupe qu’affectionnait le Florian d’alors.
Leur premier regard m’a explosé de rire, ma coupe à la « chicopeltone » ou en hérisson c’est comme on veut les a scotché de stupeur jusqu’au moment où eux aussi sont partis dans un fou rire revigorant après le stress qu’ils venaient de vivre.
Tout ça pour dire que je me retrouve moi-même, enfin le moi-même des trois qui me convient le mieux et c’est avec le sourire toujours aux lèvres que mon regard descend jusqu’à mon sexe qui n’a rien perdu heureusement de son ampleur.
C’est en me plaçant sous le jet d’eau bien chaude que la question me vient naturellement, suis-je encore puceau dans cette vie ? Je serais tenté de dire que non étant donné la vie dissolue qu’a dû connaître le Florian d’avant l’accident.
Maintenant la deuxième question que je me pose et de savoir s’il était plus porté sur les filles ou comme moi vers les garçons ? Ce serait amusant, voir gênant qu’une fille me saute au cou dans la rue en m’appelant mon chéri.
Par contre connaissant mieux maintenant le loustic, je me doute bien que les sentiments ne devaient pas être la première chose qu’il recherchait et je ne serais pas étonné qu’il soit adepte des rencontres d’un soir voire même plutôt à tendances glauques.
Rien que de penser au sexe m’amène une raideur qui en dit long sur les besoins de mon corps, besoin que je m’empresse de soulager en attrapant la bestiole à pleine main pour la secouer comme il se doit.
Le besoin devait être impérieux car il ne me faut pas me manœuvrer bien longtemps le goupillon avant que la sauce ne commence à bouillonner et qu’il me faille me retenir d’une main à la faïence de la douche pendant que plusieurs giclées drues en décalquent les carreaux d’une crème épaisse.
Je reste un instant tremblant sous le plaisir que je viens de me donner, c’était trop bon quoique un peu rapide et ma pensée part alors vers d’autres branlettes en compagnie de mes amis, me demandant si un jour je vais pouvoir les retrouver et redevenir aussi proche avec eux.
J’essuie les traces de ma « petite » activité manuelle, j’attrape ensuite une serviette et je sors de la douche en m’essuyant le corps avec vigueur, mes pensées soudainement bien loin du moment présent.
Si loin que j’en oublie où je suis et que je sors nu en me frottant la tête avec la serviette pour sécher mes cheveux, me retrouvant nez à nez avec mon père qui reste figé d’ahurissement à me voir la queue à l’air sans paraître plus gêner que ça de me montrer nu devant lui.
- « Lu » p’pa !!
« Quelques heures plus tard »
La décision est vite prise de venir m’installer pendant les vacances scolaires chez mes grands-parents, Philippe ayant promis de se libérer pour s’occuper de mon cas de façon exclusive pendant ces deux mois et faisant fi lui-même de ses congés, tellement sa curiosité est forte devant les implications extraordinaires du peu qu’il vient d’apprendre.
C’est donc dans un silence quasi-total bien compréhensible, que nous rentrons mes parents et moi jusqu’à Paris, ma convocation devant le juge ne pouvant être reporté tout comme mon inscription pour les examens du BAC qui sera effectué en candidat libre vu mes notes désastreuses et mon dernier trimestre d’absence.
Ce n’est qu’une fois rendu chez nous que mon père après avoir vérifié qu’il n’avait aucun message urgent à traiter sur sa boîte mail, revient dans le salon pour me parler.
- Il va nous falloir être très prudent tant que nous ne saurons pas exactement à quoi rime toute cette histoire, tu en es conscient j’espère ?
- Bien sûr qu’est-ce que tu crois !!
- Tu dois bien avoir une petite idée quand même sur tout ce qu’il t’arrive ?
- Pas vraiment, non !! Ou alors c’est tellement tiré par les cheveux, que je n’ose même pas y penser !!
- Dis toujours !! De toute façon nous ne sommes plus à ça prêt !!
- Et bien !! Comment te dire ? J’ai comme l’impression d’être une âme qui habite toujours le même corps dès que celui-ci meurt !!
- Un truc temporel comme dans certains films de science-fiction ?
- Ce n’est pas exactement ma pensée, plutôt une vie parallèle car les choses ne sont jamais tout à fait pareilles !! Tu n’as jamais eu cette impression d’une situation que tu vis et que tu as la sensation d’avoir déjà vécue ?
- Si bien sûr !!
- Eh bien c’est un peu ça, tu vois !! En beaucoup plus fort parce que pour moi c’est de toute une vie que je me rappelle !! Et en plus avec celle-là, c’est déjà la troisième !!
- Tu parlais pourtant d’un rêve ? Du moins pour l’une d’entre elles ?
- C’était mon impression en effet !! Sauf que ça a commencé à la mort d’un bébé, pendant que je n’étais plus réellement vivant dans ce que je croyais être ma vraie existence et que j’en suis revenu quand mon corps est sorti du coma !!
- Tu serais donc mort trois fois ? Mais si c’est le cas, d’où te vient ta conscience alors ? Et pourquoi toujours revenir avec cette même identité ?
- Comment veux-tu que je le sache ?? Peut-être même que j’ai eu d’autres vies avant celles-ci ??
- Pourquoi ne te souvenir que des trois dernières dans ce cas ??
- Des deux p’pa !! Je n’ai aucun souvenir de celle-ci rappelle-toi, juste depuis quelques jours pas plus et encore !! Ce ne sont que ceux venant de mon précédent vécu et de ce que je prenais pour un rêve !!
- Je ne le vivrais pas en même temps que toi, je penserais à une vaste fumisterie de ta part et c’est d’ailleurs ce à quoi je croyais au début, avant cette histoire avec Philippe.
Hellènes qui jusque-là s’était contentée d’écouter.
- Il y a aussi Maryse et son étonnante bonne santé depuis sa sortie de l’hôpital !!
- (Pierre) C’est vrai ça !! Comment l’expliques-tu ?
- Ça voudrait dire que mon « don » fonctionne également ici !! Pourtant je sens bien qu’il me manque quelque chose, quelque chose d’important qui m’échappe !!
- Peut-être est-ce lié à ce Thomas dont tu as crié le nom en sortant de l’hôpital ?
Je préfère pour l’instant botter en touche, ne connaissant pas leurs sentiments sur une relation amoureuse de leur fils avec un autre garçon.
- C’était juste un ami dans mon ancienne vie, rien d’important !! En fait je pensais plutôt à d’autres « dons » comme celui de créer des situations réelles, parce que si ce n’était pas un rêve, ça y ressemblait quand même beaucoup !!
- D’où mes paroles de tout à l’heure sur la prudence !! Il va falloir que tu essaies de vivre normalement, si je dis ça, c’est pour ta sécurité !! Imagine un peu si ça venait aux oreilles des médias ?
- C’est déjà arrivé p’pa !!
- De quoi !!!! Ah, oui !! Dans ton « rêve » ?? Sauf que là, il n’y aura personne qui te surveille depuis tout petit pour te protéger !!
- Je ne suis pas sûr que tes paroles soient justes p’pa !! J’ai la conviction au contraire qu’il doit y avoir une surveillance sur ma personne, oh !! Pas pour les mêmes raisons bien sûr, mais je ne serais pas étonné que ce soit là ou les mêmes personnes ou quoi que ce soit d’autre qui en aient la charge !!
- Si c’est le cas, ce n’est certainement pas pour te protéger toi, mais plutôt pour t’empêcher de nuire avec toutes les malversations que tu as commises depuis ses dernières années.
- Justement en parlant de ça !! Il serait peut-être temps de me faire un petit bilan du Florian que j’étais avant cet accident ?
- Installe-toi bien dans le fauteuil alors, parce qu’il y en a à dire crois-moi !!
CHAPITRE 24 (L’ancienne vie)
J’écoute pendant presque une heure sans émettre une seule parole l’histoire de ma vie, ou du moins de celui qui était moi avant que je prenne sa place.
Harcèlements, chantages, vols, drogues, proxénétisme, attaque de diverses boutiques de luxe et j’en passe et des meilleurs, j’écoute mon père et toutes ces infamies que j’aurais commises me laissent sans voix.
Ce n’est que quand enfin mon père se tait, qu’il s’aperçoit de mon air horrifié.
- Hé oui mon fils !! Tel était le Florian d’avant l’accident !!
- Mais enfin, pourquoi ??
- Va savoir ce qu’il se passait dans ta… enfin… sa tête ?
- Je dois avoir un casier long comme un bras !!!
- Pas tant que ça en fait !! J’ai des avocats qui sont particulièrement efficaces et beaucoup de ces accusations sont restées lettres mortes à cause de vices de procédures ou de quelques argents tombés au moment opportun dans de bonnes mains.
- Mais toi !! Enfin je veux dire, vous deux !! Pourquoi vous n’avez rien fait pour l’empêcher ? Un séjour en maison de correction ne m’aurait certainement pas fait de mal !!
- Oh !! Mais tu y es allé !! Pas longtemps je dois bien l’admettre, mais c’était encore pire à ta sortie !! Tu t’étais fait de nouveaux amis encore plus terribles que les précédents !!
- J’ai cru comprendre que tu avais toujours la main au porte-monnaie dès que je voulais te taxer ? Pourquoi ?
- Sans doute parce que tu es mon fils et que malgré toutes tes frasques, j’espérais que tu retrouves la voix de la raison.
- Allons p’pa !! Il doit bien y avoir quelque chose d’autre qui t’y a poussé ?
- (Hellènes) Je crois que tu peux lui dire chéri, je suis certaine qu’il comprendra !
Je regarde mon père dans les yeux, je ressens son hésitation à avouer ce que lui-même n’a jamais voulu faire du moins consciemment.
- Tu n’avais que quelques mois quand je vous ai emmenés ta mère et toi avec moi à un voyage d’affaires, j’étais tellement heureux d’avoir un fils que je ne concevais pas de ne pas le voir grandir chaque jour tu comprends ?
Je lui fais un signe de tête montrant que c’est bien le cas.
- Tes grands-parents disaient que tu étais trop jeune pour un tel voyage et voulaient te garder près d’eux, j’ai refusé et nous sommes partis en Afrique pour faire des relevés topographiques afin de pouvoir négocier par la suite des contrats sur des coupes d’arbres rares.
- Et c’est là que s’est produit l’accident !!
- Comment peux-tu être au courant de ça ? Nous n’en avons jamais parlé à quiconque !!
- Parce que c’est déjà arrivé, comme je te le disais l’histoire se répète même si au final elle n’est jamais pareille. Dans mes souvenirs, vous aviez péri tous les deux et j’ai été recueilli par un tout jeune guerrier Massaï du nom d’Okoumé, mais ça, c’était dans mon rêve. Dans la réalité de mon autre vie, l’accident a été évité grâce à la dextérité du pilote qui a su détourner l’appareil à temps et du coup il n’y a rien eu de grave si ce n’est de t’entendre répéter en boucle des milliers de fois cette histoire à chaque fois que l’occasion se présentait.
- (Pierre) Là ça a été encore différent, plusieurs météorites ont traversé le cockpit pour blesser gravement le pilote et ôter la vie au copilote, j’ai eu le réflexe de prendre le manche pour remonter l’assiette de l’appareil avant qu’il ne s’écrase en pleine jungle et avec l’aide du pilote toujours conscient nous avons réussi à nous poser tant bien que mal dans un coin de brousse. Ce jour-là ta mère tout comme moi, avons eu la peur de notre vie et quand nous avons retrouvé suffisamment notre calme pour réfléchir, nous nous sommes précipités vers le couffin pour voir si tu allais bien et tu n’y étais plus, imagine ce qu’a pu être notre frayeur ce jour-là ?
- Mais vous m’avez retrouvé puisque je suis là ?
- Oui bien sûr !! Mais dans quel état !! Nous t’avons retrouvé inconscient à l’autre bout de l’appareil, ta tête avait heurté durement la carlingue et du sang sortait de ta bouche, ce jour-là je me suis senti fautif de t’avoir entraîné dans cette aventure et c’est sans doute la raison qui m’a fait être aussi faible envers toi quand tu as commencé à nous manquer de respect et ensuite de fil en aiguille, tu es devenu complètement ingérable jusqu’à cet accident.
- Et bien !! Vous m’en direz tant !! Ce sont des coups de pied au cul qu’il fallait me mettre !!
- (Hellènes) Oh !!! Mais il y en a eu !! Seulement, c’est nous qui les recevions !!
Je reste comme deux ronds de flan à interpréter ce qu’implique sa phrase et c’est d’une voix émue que je leur demande confirmation de ce que j’ai cru comprendre.
- Vous voulez dire que… c’est moi qui… vous frappais ??
CHAPITRE 25 (L’ancienne vie) (fin)
Ma question semble les abasourdir autant que moi pour la poser.
- Tu n’as vraiment plus aucun souvenir de cette période de ta vie alors ??
- Je pensais bien que vous en étiez convaincus pourtant !!
- C’est tellement nouveau pour nous, comprends le aussi !! Pour répondre à ta question, ton comportement était plus brutal qu’autre chose. Tu ne nous as jamais frappés en réalité mais tu nous bousculais souvent en faisant en sorte que cela fasse mal !! Enfin bref !! C’est le passé et j’aimerais bien pouvoir l’oublier !!
- Une précision encore si tu le veux bien ? J’étais aussi pourri avec papi et mamie ?
Nul besoin de réponse devant la tête que font mes parents.
- C’était un sale con en somme !!
- Qui donc ??
- Eh bien l’autre !! Celui que j’étais avant !!
- Sans aucun doute !! Maintenant que les choses ont changé, je m’en rends enfin compte !!
- Très bien, je suis d’accord pour qu’on n’en parle plus !! Ça n’avancerait à rien de ressasser le passé !! Racontez-moi plutôt les bons côtés, il devait bien y en avoir quand même, non ?
Un blanc de silence emplit soudainement la pièce, tellement lourd que c’est moi qui y mets fin.
- Et bien d’accord !! Pas même quand j’étais jeune ? Je devais bien avoir des amis normaux à cette époque ?
Toujours le même blanc qui me fait subitement avoir des frissons.
- À ce point-là ???
C’est ma mère qui reprend la parole, visiblement troublée par mon insistance.
- Les seuls amis que tu as eus, enfin si on peut appeler ça des amis !! C’est ici à Paris que tu les as connus, quand nous vivions encore à Aix tu n’étais déjà pas facile à comprendre et les jeunes de ton âge qui se sont essayés à t’approcher en ont pris pour leurs grades et certains mêmes en portent encore des séquelles, au point que certaines familles ont préféré déménager plutôt que d’avoir à toujours venir se plaindre auprès de nous.
Un mot dans ces explications me tourne depuis en boucle dans la tête.
- Tu as parlé de séquelles m’man ?? Tu voulais dire quoi par-là ??
Je la vois chercher le regard de mon père pour avoir son assentiment à poursuivre, ou plutôt pour qu’il continue lui-même les explications qui ne semblent pas faciles à sortir des lèvres de ma mère et qui du coup me font une fois encore tendre le dos sur ce qu’était ce Florian avant que j’aie pris sa place.
- (Pierre) Ta mère faisait allusion à tes agissements envers eux, ton acharnement à toujours vouloir les rabaisser en les harcelant tant moralement que physiquement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes venus vivre à Paris, plus personne ne pouvant te supporter davantage. Nous avons dû te changer plusieurs fois d’école tu sais ? Deux ans !! C’est celle où tu es resté le plus longtemps avant qu’on nous fasse comprendre qu’il valait mieux pour nous de t’en retirer avant qu’il n’y ait des plaintes contre toi quant à tes agissements.
- Mais enfin !! Quel âge j’avais ?? C’est fou ça !!! En plus (j’arrive à sourire) gaulé comme je suis, je ne devais quand même pas leur faire peur à ce point quand même !!
- Détrompe-toi mon garçon !! Déjà à l’époque tu étais une vraie teigne, ils ne te craignaient pas à cause de ta force mais parce que tu étais déjà capable de faire n’importe quelle folie.
- Du genre ??
- Comme planter une fourchette dans la main de celui qui ne voulait pas te donner sa part de dessert par exemple !!
- J’ai fait ça !!!!
- (Hellènes) Je ne pense pas qu’il soit bon de poursuivre, je vois bien que ça te fait mal tout comme à nous d’y repenser.
- (Pierre) Ta mère a entièrement raison, à quoi bon !!
- Mais vous vous ne rendez pas compte !! Si je croise un jour quelqu’un qui m’a connu à cette époque ?? Je fais quoi, moi ??
- (Hellènes) Déjà ce serait étonnant que ça arrive puisque tu n’es plus retourné chez tes grands-parents depuis tes onze ans et ensuite il te faudra être toi-même si par malheur cela venait à se produire, tout en toi montre que tu n’es plus le même Florian et je pense qu’il n’y a pas que nous qui s’en rendrons compte le moment venu.
- Et ici à Paris ?
- (Pierre) Là c’est plus compliqué !!
- Sauf si je vais poursuivre mes études ailleurs ?
- Pour ça il faudrait déjà que tu aies ton bac !! Tu as du pain sur la planche à rattraper ton retard avant les premières cessions.
- Ce n’est pas ça le problème p’pa !!
- Tu m’as l’air bien sûr de toi, tu veux que je te ressorte tes notations de ces dernières années ?
- Rappelle-toi p’pa que c’était celles de l’autre Florian !! Je me sens tout à fait capable de mener les études que je souhaite et d’ailleurs je les ai eues haut la main là d’où je viens !!
Je vois bien aux regards qu’ils se jettent, qu’ils n’ont pas encore vraiment assimilé mon histoire et que pour eux elle reste dans le domaine de la pure fiction, même s’ils en ont eu quelques débuts de preuves irréfutables
CHAPITRE 26 (Changements et découvertes)
« Après dîner »
Ce n’est qu’après le repas du soir que je me retrouve enfin seul avec mon nouveau moi, j’entre dans la salle de bains pour y prendre ma douche quand je m’aperçois que je n’ai pas pris de rechange et que j’en ressors, le temps d’aller dans ma chambre prendre le nécessaire.
Ce n’est pourtant pas la première fois que j’y mets les pieds mais je n’arrive pas vraiment à m’y sentir bien, ce n’est pas faute d’avoir fait le ménage et d’avoir tenté d’arranger la pièce différemment pour ne plus ressentir cette atmosphère glauque qui semblait particulièrement plaire à l’ancien habitant.
Habitant que je n’arrive pas à considérer comme étant moi-même tellement, ce que j’ai appris de lui m’en éloigne à des années-lumière.
Mes parents ont été chics sur ce coup-là quand il y a fallu refaire presque entièrement ma garde-robe et je pense qu’ils en sont heureux depuis qu’ils ont vu le changement.
Reste plus qu’à mettre ma touche sur la déco de la chambre, mais pour l’instant ce n’est pas la priorité et j’attendrais de gagner un peu d’argent pour le faire.
J’ouvre un tiroir pour en sortir des sous-vêtements propres, rien que ce simple geste me remet en souvenir ce que j’ai pu découvrir la première fois que j’ai fouillé cette chambre et qui m’en ont révélé plus sur l’ancien locataire que toutes les histoires qui m’ont été racontées sur lui.
Des vêtements sales mélangés aux propres, les taches sur les murs, les brûlures de cigarettes sur le sol qui devait lui servir de cendrier tout comme le dessous du sommier qui était le réceptacle de ses raclures nasales et qui m’a amené un haut-le-cœur quand j’ai compris ce qu’étaient ses croûtes sèches collées tout le long du montant en bois.
Non !! Décidément mon alter ego n’était vraiment pas et de loin d’une hygiène à toute épreuve, ni non plus respectueux des choses lui appartenant et c’est avec une moue de dégoût à ses souvenirs que je ressors pour aller cette fois prendre ma douche, oubliant complètement pourquoi j’étais revenu dans ma chambre.
Je fais couler l’eau puis me déshabille en me mettant devant la glace pour me regarder, pas que je sois devenu narcissique mais curieux quand même de n’y voir rien d’autre que ce que je voyais dans ce qui encore pour moi il n’y a pas si longtemps n’était qu’un rêve.
J’ai un petit rire en revoyant la tête de mes parents quand je suis revenu du coiffeur le lendemain de ma sortie de l’hôpital, mes cheveux alors me tombaient sur les épaules après ces trois mois de coma mais aussi à la coupe qu’affectionnait le Florian d’alors.
Leur premier regard m’a explosé de rire, ma coupe à la « chicopeltone » ou en hérisson c’est comme on veut les a scotché de stupeur jusqu’au moment où eux aussi sont partis dans un fou rire revigorant après le stress qu’ils venaient de vivre.
Tout ça pour dire que je me retrouve moi-même, enfin le moi-même des trois qui me convient le mieux et c’est avec le sourire toujours aux lèvres que mon regard descend jusqu’à mon sexe qui n’a rien perdu heureusement de son ampleur.
C’est en me plaçant sous le jet d’eau bien chaude que la question me vient naturellement, suis-je encore puceau dans cette vie ? Je serais tenté de dire que non étant donné la vie dissolue qu’a dû connaître le Florian d’avant l’accident.
Maintenant la deuxième question que je me pose et de savoir s’il était plus porté sur les filles ou comme moi vers les garçons ? Ce serait amusant, voir gênant qu’une fille me saute au cou dans la rue en m’appelant mon chéri.
Par contre connaissant mieux maintenant le loustic, je me doute bien que les sentiments ne devaient pas être la première chose qu’il recherchait et je ne serais pas étonné qu’il soit adepte des rencontres d’un soir voire même plutôt à tendances glauques.
Rien que de penser au sexe m’amène une raideur qui en dit long sur les besoins de mon corps, besoin que je m’empresse de soulager en attrapant la bestiole à pleine main pour la secouer comme il se doit.
Le besoin devait être impérieux car il ne me faut pas me manœuvrer bien longtemps le goupillon avant que la sauce ne commence à bouillonner et qu’il me faille me retenir d’une main à la faïence de la douche pendant que plusieurs giclées drues en décalquent les carreaux d’une crème épaisse.
Je reste un instant tremblant sous le plaisir que je viens de me donner, c’était trop bon quoique un peu rapide et ma pensée part alors vers d’autres branlettes en compagnie de mes amis, me demandant si un jour je vais pouvoir les retrouver et redevenir aussi proche avec eux.
J’essuie les traces de ma « petite » activité manuelle, j’attrape ensuite une serviette et je sors de la douche en m’essuyant le corps avec vigueur, mes pensées soudainement bien loin du moment présent.
Si loin que j’en oublie où je suis et que je sors nu en me frottant la tête avec la serviette pour sécher mes cheveux, me retrouvant nez à nez avec mon père qui reste figé d’ahurissement à me voir la queue à l’air sans paraître plus gêner que ça de me montrer nu devant lui.
- « Lu » p’pa !!