CHAPITRE 10 (Retour à la maison)
Ma mère se retourne, visiblement troublée par mon cri.
- Tu te sens bien mon chéri ? Qui est donc ce Thomas ?
- C’est rien m’man !! Juste un ami auquel je viens de penser.
- Il lui est arrivé quelque chose ? Ton cri semblait plein d’angoisse en prononçant son nom.
- Ça m’est venu comme ça m’man ! Ne t’inquiète pas, c’est juste que j’ai eu une pensée pour lui et qu’il m’a semblé qu’il comptait beaucoup pour moi.
Je capte le coup d’œil de mon père depuis le rétroviseur et je préfère baisser la tête en me renfonçant dans la banquette arrière, fermant les yeux pour réfléchir une fois encore à la situation pour le moins bizarre dans laquelle je me trouve.
C’est ma mère une fois encore qui va me chambouler fortement, une simple phrase dite à mon père et qui me mettra dans un ahurissement total suivit d’un moment d’euphorie affective qui me laissera tremblant jusqu’à l’arriver devant la porte de la maison.
- Tu as eu confirmation pour le vol de tes parents ?
- Je ne te l’ai pas dit ? Ils sont partis tôt ce matin et normalement ils devraient nous attendre à la maison.
- Ils vont être surpris !!
Pierre reporte une nouvelle fois son regard vers son fils, l’état émotionnel qu’il peut y lire sur son visage lui amène pour la première fois l’idée que peut-être il ne joue pas la comédie et c’est donc d’une voix enrouée qu’il répond à sa femme.
- Plus que tu le penses ma chérie !!
***/***
« Appartement des De Bierne, Paris »
Michel et Maryse entrent dans l’appartement de leurs enfants, Michel porte les valises jusqu’à la chambre qui est la leur lors de leurs rares visites et revient ensuite non sans avoir été jeté un bref coup d’œil dans celle de son petit-fils, la curiosité étant comme à chaque fois la plus forte.
Ce qu’il y voit le fait soupirer d’exaspération, cette chambre n’étant pas et de loin un exemple de rangement comme de décoration, son petit-fils semblant se complaire dans la saleté et le mauvais goût.
Maryse le surprend à refermer la porte et lui en fait la remarque.
- Ça ne sert à rien de vérifier à chaque fois tu sais ? Si ce n’est pour te mettre encore une fois dans tous tes états !!
- Comment peut-on vivre dans un tel bordel !! Pas étonnant qu’il ait tourné aussi mal !! Hellènes aurait dû mettre le holà depuis longtemps au lieu de le laisser n’en faire qu’à sa tête.
- Allons chéri !! Tu sais bien ce qui est arrivé la dernière fois qu’elle a voulu le faire !!
- Mon fils est un faible !! Il aurait dû lui en mettre une bonne pour lui faire regretter son geste, au lieu de ça il lui a donné de l’argent en lui demandant de l’excuser !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce bandit frappe sa mère et c’est encore elle la coupable !!
- Depuis l’accident, Pierre s’en veut d’avoir mis la vie de Florian en danger !! Ça l’a complètement changé, il est devenu faible dès qu’il s’agit de cet enfant et il lui cède toujours tout.
- Moi je lui aurais mis les bonnes corrections qu’il méritait et crois-moi, je lui aurais passé l’envie de faire l’imbécile !!
- (Maryse) Rappelle-toi la seule fois où tu as essayé chéri, j’ai bien cru qu’il allait te tuer ce jour-là et depuis il n’a eu de cesse de nous insulter, déjà qu’avant ce n’était pas le grand amour avec nous !!
- (Michel) C’est pourtant grâce à toi s’il rentre à la maison aujourd’hui.
- (Maryse) C’est mon petit-fils quoi qu’il en soit et j’espère toujours qu’il changera un jour, sa mort n’aurait rien arrangé tu le sais aussi bien que moi !!
Une clé tournant dans la serrure fait cesser net la conversation, les deux vieillards ont le visage qui se fige d’appréhension de se retrouver une fois encore en face de leur petit-fils, s’attendant une fois de plus à recevoir en pleine poire son sourire sardonique et ses réflexions méprisantes, qui sont devenus sa façon de les accueillir.
***/***
L’appartement ressemble étrangement au souvenir que j’en ai quand j’entre à mon tour derrière mes parents, mon cœur bat soudainement plus vite et plus fort quand j’aperçois ceux qui pour moi sont les êtres que j’aime par-dessus tout et je ne m’aperçois pas du moment de panique dans leurs yeux quand je m’élance en pleurant dans leurs bras.
- Papiiii !! Mamieee !! Comme je suis content de vous voir !!!!
CHAPITRE 11 (Trop d’émotions !!)
Pierre reste figer par un ahurissement total devant la scène toute en émotion qui se déroule actuellement sous ses yeux, tant elle paraît irréelle et son état de stupeur il s’en rend bien compte, n’est pas dû qu’à lui car autant ses parents que son épouse en sont affectés tout autant eux aussi.
Maryse éclate en sanglots en serrant en tremblant dans ses bras frêles celui qu’elle a toujours aimé bien qu’il soit loin du petit-fils idéal et ce retournement de situation la met dans une joie indicible qui ne trouve que ce moyen pour s’exprimer.
Michel caresse la longue chevelure rousse en envoyant à son fils un regard où il peut y lire toute l’incompréhension qu’éprouve le vieil homme et Pierre ne trouve pour toute réponse qu’un haussement d’épaules prouvant que pour lui aussi le moment reste sans explications rationnelles.
Seule Hellènes reste suffisamment vigilante pour s’inquiéter à juste titre du trop-plein émotionnel de celle qu’elle a toujours considérée comme sa propre mère, mère qu’elle n’a hélas jamais eue la chance de connaître.
Maryse lentement se laisse aller vers le sol, l’émotion ayant eu raison de son cœur.
- (Hellènes paniquée) Mon Dieu !!! Maryse !!!
Je serre fermement ma grand-mère dans mes bras pour la retenir afin qu’elle ne tombe pas brusquement sur le carrelage de l’entrée, mon père s’élance à son tour pour m’aider et tous deux nous la portons vers la chambre la plus proche pour l’étendre sur le lit, l’affolement commençant à gagner tout le monde.
Mon hésitation ne dure qu’un instant très bref avant de me pencher sur elle pour prendre son pouls et mettre mon oreille devant sa bouche à la recherche d’un souffle prouvant qu’elle n’est qu’évanouie.
- Appelle les secours p’pa !! Son cœur ne bat plus !!
Je n’attends aucune réponse que déjà j’applique mes deux mains liées sur sa poitrine pour commencer les exercices respiratoires nécessaires en attendant le SAMU, je compte mentalement et stoppe pour placer sa tête en arrière en lui pinçant le nez et lui appliquer ma bouche sur la sienne en lui insufflant plusieurs fois de l’oxygène.
Dix minutes qui me semblent des heures, passent avant que j’entende la sirène de l’ambulance et qu’un homme vienne prendre ma place en me repoussant doucement après un bref sourire, appliquant un masque sur le visage de ma grand-mère en reprenant les massages cardiaques tandis que ses collègues amènent une civière et qu’un quatrième homme prépare une seringue dont il enfonce l’aiguille directement dans le cœur.
Mes parents tout comme mon grand-père, assistent visiblement complètement paniqués à toute cette activité autour de Maryse qui ne réagit toujours pas et qui finalement sera emmenée sans perte de temps jusqu’à l’hôpital le plus proche, sans que personne ne puisse donner un diagnostic quel qu’il soit.
Si ce n’est juste l’homme ayant pris ma place, qui m’attrape gentiment par une épaule.
- Si ta grand-mère s’en sort, ce sera grâce à toi mon garçon !! Tu as fait exactement ce qu’il fallait pour qu’elle garde toutes ses chances de s’en tirer sans trop de dommages.
Il se tourne alors vers les trois adultes.
- Vous avez de quoi être fiers de votre fils !! Nous vous préviendrons dès qu’on en saura plus sur son état !!
L’homme va pour rejoindre ses collègues quand il se sent happer par la manche, il se retourne pour voir celui qui le retient et ressent un fort moment d’émotion quand ses yeux rencontrent le regard suppliant du jeune rouquin quand il s’adresse à lui.
- Je peux venir avec vous ?? S’il vous plaît monsieur !!
Comment refuser quelque chose devant un tel regard pense l’homme, qui esquisse alors un sourire de compréhension avant de répondre.
- Entendu si tes parents sont d’accord !!
Je regarde mon père qui semble réagir enfin et qui d’un signe de tête donne l’autorisation demandée.
- (L’homme) En voiture gamin !! Nous n’avons pas de temps à perdre !!!
CHAPITRE 12 (Cochin)
***/***
« Dans l’ambulance »
L’infirmier en est à sa troisième tentative de défibrillation, quand il s’exclame enfin d’une voix marquant le soulagement.
- Son cœur repart !!!
- Vérifie ses constantes !!
- Ça a l’air d’aller !!
- Et bien !! J’en connais un qui va être content !!
Les deux hommes se tournent vers l’avant de l’ambulance où le petit rouquin semble écrasé entre leurs deux collègues à la carrure autrement plus impressionnante que la sienne.
- C’est un drôle de petit gars quand même !! Il a eu le bon réflexe alors que le reste de sa famille avait perdu tous ses moyens !!
- Ce n’est pas évident non plus quand c’est à un de tes proches que ça arrive.
L’homme continue à observer le gamin pris en sandwich entre les deux armoires à glace, il sourit devant l’apparente fragilité du jeune garçon qui ne semble pas plus mal à l’aise que ça d’être en leur compagnie.
Il capte le regard du conducteur dans le rétroviseur et lui fait le signe que tout va bien, celui-ci apparemment en fait part au garçon qui se retourne immédiatement en venant coller son visage à la vitre les yeux écarquillés, cherchant à en voir plus à l’arrière du véhicule.
La tête qu’il fait éclate les deux infirmiers qui partent dans un énorme éclat de rire, tellement la bille de clown qu’ils ont sous les yeux vaut le coup d’œil.
- Tu as vu sa trombine de grenouille Hi ! Hi !
- T’as raison Hi ! Hi ! Il est trop marrant ce gamin Hi ! Hi !
***/***
« Cochon »
C’est avec un grand sourire suivit d’un énorme ouf de soulagement que je m’extirpe de l’ambulance, les professionnels s’activant déjà pour descendre ma grand-mère et l’emmener faire les examens nécessaires après son arrêt cardiaque.
Il m’est demandé d’attendre dans une salle où plusieurs personnes sont déjà assises, visiblement pour les mêmes raisons que moi et je vais m’installer sur une chaise libre pour réfléchir à toutes les informations de ces derniers jours.
Je ne comprends toujours pas ce qu’il m’est arrivé, rêve ou réalité ? Je tente quelque chose qui devrait fonctionner si c’est bien un rêve qui une fois encore m’amène dans des situations abracadabrantes.
Je pense que la porte va s’ouvrir sur un super beau mec qui va tomber immédiatement sous mon charme, aussitôt l’image de mon Thomas souriant prend toute la place dans mes pensées et j’ai du mal à retenir les larmes qui commencent à me piquer les yeux.
Je continue néanmoins dans mon idée de faire entrer un nouveau personnage dans mon rêve, si rêve il y a et je fixe la porte en attendant l’entrée de mon super beau gosse, quand une ombre apparaît au bas de la porte et que celle-ci s’ouvre lentement.
Mon cœur une nouvelle fois se serre, l’idée même d’être encore plongé dans le coma m’est subitement insupportable et j’imagine mon corps squelettique allongé dans un lit d’hôpital, avec toutes ces perfusions qui le maintiennent en vie.
La porte est maintenant grande ouverte, je retiens avec peine l’énorme éclat de rire qui me vient en apercevant le sublime personnage de mes rêves qui en fait n’est rien d’autre qu’une petite grand-mère souriante venant elle aussi attendre dans la pièce des nouvelles d’un de ses proches.
Un « ouf » de soulagement vite remplacé par encore plus de questions existentielles, en effet si c’est bien la réalité pourquoi n’est-elle pas en rapport avec celle que j’ai toujours connue ???
Chapitre XIII (Cochin) (fin)
Pierre, sa femme et son père arrivent à leur tour, ils ont eu le temps de se remettre et n’ont de cesse depuis d’essayer de comprendre ce qui pour eux tient du miracle, du moins pour ce qui concerne Florian car la crise cardiaque de Maryse les inquiète au plus haut point même s’ils ont été rassurés par le secrétariat de l’hôpital sur l’amélioration exceptionnellement rapide de son état de santé au vu de son âge.
- (Michel) Son cœur n’a pas résisté quand Florian nous a serrés dans ses bras comme s’il était content de nous voir, j’avoue que j’ai moi-même ressenti comme un pincement au cœur quand il est venu vers nous tout souriant.
- (Pierre) Il semble s’être transformé depuis sa sortie du coma, c’est comme si ce n’était pas notre fils !!
- (Hellènes) Comment peut-on changer à ce point ?
- (Pierre) Le choc peut être ? Qu’est-ce que j’en sais !! Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus le même depuis !! Nous devrions nous en réjouir, même si c’est peut-être encore un coup tordu qu’il a monté de toutes pièces !!
- (Michel) Pour échapper à la justice ? Tu crois qu’il serait assez retors pour mettre en place un plan pareil ?
- (Pierre) Va savoir !! Avec lui rien ne peut plus m’étonner !! Il nous en a déjà tellement fait voir depuis toutes ces années !!
- (Hellènes troublée) Mais arrêtez ça vous deux !! Enfin, quoi !! Je suis prête à lui faire confiance, il y a des choses qui ne trompent pas !! J’aimerais croire qu’il est vraiment ce qu’il semble être devenu, laissez-le au moins faire ses preuves et nous démontrer qu’il a réellement changé avant d’imaginer le pire.
- (Michel) Après tout ce qu’il t’a fait subir ? Tu crois encore trouvé un bon fond dans ton fils ?
Hellène laisse couler ses larmes, les étreintes qu’elle a reçues de son garçon depuis sa sortie du coma n’ont pas laissé insensibles son cœur de mère et c’est justement ce même cœur qui lui dit que son fils n’est plus l’être infâme qui l’a rendue si malheureuse durant toutes ses années.
- Laissez-moi croire que j’ai enfin trouvé mon fils !! Vous ne comprenez donc pas que j’en ai besoin ? Que cette vie que j’ai eue depuis tout ce temps m’était devenue trop difficile à supporter ?
Les larmes et la voix grimpant dans les aigus de son épouse mettent son mari dans un état émotionnel tellement fort qu’il en tremble et doit s’y prendre à plusieurs fois pour se garer sur la place de parking.
Il coupe le moteur, se retourne vers sa femme et la prend dans ses bras pour l’embrasser tendrement, lui montrant par son geste combien l’amour qu’il éprouve pour elle n’a pas faibli avec le temps.
Michel a lui aussi les yeux humides, autant par la vision qu’il a en ce moment de ses enfants enlacés que par l’immense espoir que peut-être leur vie va prendre un tournant beaucoup plus joyeux.
- Tu as raison Hellènes, laissons-le nous convaincre et prions pour que notre vie puisse enfin être comme celle de toutes les familles normales, pleine de joies et d’amours. Je pense qu’il va nous falloir avoir une conversation sérieuse avec Florian dès que votre mère sortira de l’hôpital, je me demande jusqu’à quel point son traumatisme crânien l’a changé !!
Pierre embrasse une dernière fois sa femme sur la tempe, il se tourne ensuite vers son père.
- C’était bien mon intention d’avoir cette conversation avec lui !! J’aimerais savoir jusqu’où va ce changement de comportement et ce qu’il se souvient de ses dernières frasques, de toute façon il faudra bien qu’il réponde aux questions que ne manquera pas de lui poser la justice. Nous sommes convoqués par le juge la semaine prochaine, mes avocats ont réussi à ce qu’il ne soit pas mis en détention mais ce n’est pas pour ça que tout est terminé !! L’autre conducteur est toujours dans un état grave !! De toute façon il y aura un jugement et seul le fait qu’il soit encore mineur, pourra lui permettre d’éviter le pire.
- (Michel) Et ton argent !! Comme d’habitude !!
- (Pierre nerveux) C’est mon fils !! J’ai failli le perdre déjà une fois et ce par ma faute, si je t’avais écouté il serait resté avec vous cette fois-là !!
- (Michel) Arrête de culpabiliser avec ça tu veux bien !! Ce n’était pas de ta faute s’il y a eu cette pluie de météorites et tu as fait ce qu’il fallait en prenant la place du pilote et en posant l’appareil, vous auriez pu tout aussi bien y laisser la vie vous aussi !!
- (Pierre) Oui mais mon fils n’aurait pas risqué la sienne, depuis je me sens fautif !! Tu le comprends au moins ?
Michel sent la colère montée en lui.
- Je suis surtout conscient du résultat !! Un fils pourri gâté qui nous chie dans le bec depuis des années en guise de remerciement.
Ma mère se retourne, visiblement troublée par mon cri.
- Tu te sens bien mon chéri ? Qui est donc ce Thomas ?
- C’est rien m’man !! Juste un ami auquel je viens de penser.
- Il lui est arrivé quelque chose ? Ton cri semblait plein d’angoisse en prononçant son nom.
- Ça m’est venu comme ça m’man ! Ne t’inquiète pas, c’est juste que j’ai eu une pensée pour lui et qu’il m’a semblé qu’il comptait beaucoup pour moi.
Je capte le coup d’œil de mon père depuis le rétroviseur et je préfère baisser la tête en me renfonçant dans la banquette arrière, fermant les yeux pour réfléchir une fois encore à la situation pour le moins bizarre dans laquelle je me trouve.
C’est ma mère une fois encore qui va me chambouler fortement, une simple phrase dite à mon père et qui me mettra dans un ahurissement total suivit d’un moment d’euphorie affective qui me laissera tremblant jusqu’à l’arriver devant la porte de la maison.
- Tu as eu confirmation pour le vol de tes parents ?
- Je ne te l’ai pas dit ? Ils sont partis tôt ce matin et normalement ils devraient nous attendre à la maison.
- Ils vont être surpris !!
Pierre reporte une nouvelle fois son regard vers son fils, l’état émotionnel qu’il peut y lire sur son visage lui amène pour la première fois l’idée que peut-être il ne joue pas la comédie et c’est donc d’une voix enrouée qu’il répond à sa femme.
- Plus que tu le penses ma chérie !!
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« Appartement des De Bierne, Paris »
Michel et Maryse entrent dans l’appartement de leurs enfants, Michel porte les valises jusqu’à la chambre qui est la leur lors de leurs rares visites et revient ensuite non sans avoir été jeté un bref coup d’œil dans celle de son petit-fils, la curiosité étant comme à chaque fois la plus forte.
Ce qu’il y voit le fait soupirer d’exaspération, cette chambre n’étant pas et de loin un exemple de rangement comme de décoration, son petit-fils semblant se complaire dans la saleté et le mauvais goût.
Maryse le surprend à refermer la porte et lui en fait la remarque.
- Ça ne sert à rien de vérifier à chaque fois tu sais ? Si ce n’est pour te mettre encore une fois dans tous tes états !!
- Comment peut-on vivre dans un tel bordel !! Pas étonnant qu’il ait tourné aussi mal !! Hellènes aurait dû mettre le holà depuis longtemps au lieu de le laisser n’en faire qu’à sa tête.
- Allons chéri !! Tu sais bien ce qui est arrivé la dernière fois qu’elle a voulu le faire !!
- Mon fils est un faible !! Il aurait dû lui en mettre une bonne pour lui faire regretter son geste, au lieu de ça il lui a donné de l’argent en lui demandant de l’excuser !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce bandit frappe sa mère et c’est encore elle la coupable !!
- Depuis l’accident, Pierre s’en veut d’avoir mis la vie de Florian en danger !! Ça l’a complètement changé, il est devenu faible dès qu’il s’agit de cet enfant et il lui cède toujours tout.
- Moi je lui aurais mis les bonnes corrections qu’il méritait et crois-moi, je lui aurais passé l’envie de faire l’imbécile !!
- (Maryse) Rappelle-toi la seule fois où tu as essayé chéri, j’ai bien cru qu’il allait te tuer ce jour-là et depuis il n’a eu de cesse de nous insulter, déjà qu’avant ce n’était pas le grand amour avec nous !!
- (Michel) C’est pourtant grâce à toi s’il rentre à la maison aujourd’hui.
- (Maryse) C’est mon petit-fils quoi qu’il en soit et j’espère toujours qu’il changera un jour, sa mort n’aurait rien arrangé tu le sais aussi bien que moi !!
Une clé tournant dans la serrure fait cesser net la conversation, les deux vieillards ont le visage qui se fige d’appréhension de se retrouver une fois encore en face de leur petit-fils, s’attendant une fois de plus à recevoir en pleine poire son sourire sardonique et ses réflexions méprisantes, qui sont devenus sa façon de les accueillir.
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L’appartement ressemble étrangement au souvenir que j’en ai quand j’entre à mon tour derrière mes parents, mon cœur bat soudainement plus vite et plus fort quand j’aperçois ceux qui pour moi sont les êtres que j’aime par-dessus tout et je ne m’aperçois pas du moment de panique dans leurs yeux quand je m’élance en pleurant dans leurs bras.
- Papiiii !! Mamieee !! Comme je suis content de vous voir !!!!
CHAPITRE 11 (Trop d’émotions !!)
Pierre reste figer par un ahurissement total devant la scène toute en émotion qui se déroule actuellement sous ses yeux, tant elle paraît irréelle et son état de stupeur il s’en rend bien compte, n’est pas dû qu’à lui car autant ses parents que son épouse en sont affectés tout autant eux aussi.
Maryse éclate en sanglots en serrant en tremblant dans ses bras frêles celui qu’elle a toujours aimé bien qu’il soit loin du petit-fils idéal et ce retournement de situation la met dans une joie indicible qui ne trouve que ce moyen pour s’exprimer.
Michel caresse la longue chevelure rousse en envoyant à son fils un regard où il peut y lire toute l’incompréhension qu’éprouve le vieil homme et Pierre ne trouve pour toute réponse qu’un haussement d’épaules prouvant que pour lui aussi le moment reste sans explications rationnelles.
Seule Hellènes reste suffisamment vigilante pour s’inquiéter à juste titre du trop-plein émotionnel de celle qu’elle a toujours considérée comme sa propre mère, mère qu’elle n’a hélas jamais eue la chance de connaître.
Maryse lentement se laisse aller vers le sol, l’émotion ayant eu raison de son cœur.
- (Hellènes paniquée) Mon Dieu !!! Maryse !!!
Je serre fermement ma grand-mère dans mes bras pour la retenir afin qu’elle ne tombe pas brusquement sur le carrelage de l’entrée, mon père s’élance à son tour pour m’aider et tous deux nous la portons vers la chambre la plus proche pour l’étendre sur le lit, l’affolement commençant à gagner tout le monde.
Mon hésitation ne dure qu’un instant très bref avant de me pencher sur elle pour prendre son pouls et mettre mon oreille devant sa bouche à la recherche d’un souffle prouvant qu’elle n’est qu’évanouie.
- Appelle les secours p’pa !! Son cœur ne bat plus !!
Je n’attends aucune réponse que déjà j’applique mes deux mains liées sur sa poitrine pour commencer les exercices respiratoires nécessaires en attendant le SAMU, je compte mentalement et stoppe pour placer sa tête en arrière en lui pinçant le nez et lui appliquer ma bouche sur la sienne en lui insufflant plusieurs fois de l’oxygène.
Dix minutes qui me semblent des heures, passent avant que j’entende la sirène de l’ambulance et qu’un homme vienne prendre ma place en me repoussant doucement après un bref sourire, appliquant un masque sur le visage de ma grand-mère en reprenant les massages cardiaques tandis que ses collègues amènent une civière et qu’un quatrième homme prépare une seringue dont il enfonce l’aiguille directement dans le cœur.
Mes parents tout comme mon grand-père, assistent visiblement complètement paniqués à toute cette activité autour de Maryse qui ne réagit toujours pas et qui finalement sera emmenée sans perte de temps jusqu’à l’hôpital le plus proche, sans que personne ne puisse donner un diagnostic quel qu’il soit.
Si ce n’est juste l’homme ayant pris ma place, qui m’attrape gentiment par une épaule.
- Si ta grand-mère s’en sort, ce sera grâce à toi mon garçon !! Tu as fait exactement ce qu’il fallait pour qu’elle garde toutes ses chances de s’en tirer sans trop de dommages.
Il se tourne alors vers les trois adultes.
- Vous avez de quoi être fiers de votre fils !! Nous vous préviendrons dès qu’on en saura plus sur son état !!
L’homme va pour rejoindre ses collègues quand il se sent happer par la manche, il se retourne pour voir celui qui le retient et ressent un fort moment d’émotion quand ses yeux rencontrent le regard suppliant du jeune rouquin quand il s’adresse à lui.
- Je peux venir avec vous ?? S’il vous plaît monsieur !!
Comment refuser quelque chose devant un tel regard pense l’homme, qui esquisse alors un sourire de compréhension avant de répondre.
- Entendu si tes parents sont d’accord !!
Je regarde mon père qui semble réagir enfin et qui d’un signe de tête donne l’autorisation demandée.
- (L’homme) En voiture gamin !! Nous n’avons pas de temps à perdre !!!
CHAPITRE 12 (Cochin)
***/***
« Dans l’ambulance »
L’infirmier en est à sa troisième tentative de défibrillation, quand il s’exclame enfin d’une voix marquant le soulagement.
- Son cœur repart !!!
- Vérifie ses constantes !!
- Ça a l’air d’aller !!
- Et bien !! J’en connais un qui va être content !!
Les deux hommes se tournent vers l’avant de l’ambulance où le petit rouquin semble écrasé entre leurs deux collègues à la carrure autrement plus impressionnante que la sienne.
- C’est un drôle de petit gars quand même !! Il a eu le bon réflexe alors que le reste de sa famille avait perdu tous ses moyens !!
- Ce n’est pas évident non plus quand c’est à un de tes proches que ça arrive.
L’homme continue à observer le gamin pris en sandwich entre les deux armoires à glace, il sourit devant l’apparente fragilité du jeune garçon qui ne semble pas plus mal à l’aise que ça d’être en leur compagnie.
Il capte le regard du conducteur dans le rétroviseur et lui fait le signe que tout va bien, celui-ci apparemment en fait part au garçon qui se retourne immédiatement en venant coller son visage à la vitre les yeux écarquillés, cherchant à en voir plus à l’arrière du véhicule.
La tête qu’il fait éclate les deux infirmiers qui partent dans un énorme éclat de rire, tellement la bille de clown qu’ils ont sous les yeux vaut le coup d’œil.
- Tu as vu sa trombine de grenouille Hi ! Hi !
- T’as raison Hi ! Hi ! Il est trop marrant ce gamin Hi ! Hi !
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« Cochon »
C’est avec un grand sourire suivit d’un énorme ouf de soulagement que je m’extirpe de l’ambulance, les professionnels s’activant déjà pour descendre ma grand-mère et l’emmener faire les examens nécessaires après son arrêt cardiaque.
Il m’est demandé d’attendre dans une salle où plusieurs personnes sont déjà assises, visiblement pour les mêmes raisons que moi et je vais m’installer sur une chaise libre pour réfléchir à toutes les informations de ces derniers jours.
Je ne comprends toujours pas ce qu’il m’est arrivé, rêve ou réalité ? Je tente quelque chose qui devrait fonctionner si c’est bien un rêve qui une fois encore m’amène dans des situations abracadabrantes.
Je pense que la porte va s’ouvrir sur un super beau mec qui va tomber immédiatement sous mon charme, aussitôt l’image de mon Thomas souriant prend toute la place dans mes pensées et j’ai du mal à retenir les larmes qui commencent à me piquer les yeux.
Je continue néanmoins dans mon idée de faire entrer un nouveau personnage dans mon rêve, si rêve il y a et je fixe la porte en attendant l’entrée de mon super beau gosse, quand une ombre apparaît au bas de la porte et que celle-ci s’ouvre lentement.
Mon cœur une nouvelle fois se serre, l’idée même d’être encore plongé dans le coma m’est subitement insupportable et j’imagine mon corps squelettique allongé dans un lit d’hôpital, avec toutes ces perfusions qui le maintiennent en vie.
La porte est maintenant grande ouverte, je retiens avec peine l’énorme éclat de rire qui me vient en apercevant le sublime personnage de mes rêves qui en fait n’est rien d’autre qu’une petite grand-mère souriante venant elle aussi attendre dans la pièce des nouvelles d’un de ses proches.
Un « ouf » de soulagement vite remplacé par encore plus de questions existentielles, en effet si c’est bien la réalité pourquoi n’est-elle pas en rapport avec celle que j’ai toujours connue ???
Chapitre XIII (Cochin) (fin)
Pierre, sa femme et son père arrivent à leur tour, ils ont eu le temps de se remettre et n’ont de cesse depuis d’essayer de comprendre ce qui pour eux tient du miracle, du moins pour ce qui concerne Florian car la crise cardiaque de Maryse les inquiète au plus haut point même s’ils ont été rassurés par le secrétariat de l’hôpital sur l’amélioration exceptionnellement rapide de son état de santé au vu de son âge.
- (Michel) Son cœur n’a pas résisté quand Florian nous a serrés dans ses bras comme s’il était content de nous voir, j’avoue que j’ai moi-même ressenti comme un pincement au cœur quand il est venu vers nous tout souriant.
- (Pierre) Il semble s’être transformé depuis sa sortie du coma, c’est comme si ce n’était pas notre fils !!
- (Hellènes) Comment peut-on changer à ce point ?
- (Pierre) Le choc peut être ? Qu’est-ce que j’en sais !! Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus le même depuis !! Nous devrions nous en réjouir, même si c’est peut-être encore un coup tordu qu’il a monté de toutes pièces !!
- (Michel) Pour échapper à la justice ? Tu crois qu’il serait assez retors pour mettre en place un plan pareil ?
- (Pierre) Va savoir !! Avec lui rien ne peut plus m’étonner !! Il nous en a déjà tellement fait voir depuis toutes ces années !!
- (Hellènes troublée) Mais arrêtez ça vous deux !! Enfin, quoi !! Je suis prête à lui faire confiance, il y a des choses qui ne trompent pas !! J’aimerais croire qu’il est vraiment ce qu’il semble être devenu, laissez-le au moins faire ses preuves et nous démontrer qu’il a réellement changé avant d’imaginer le pire.
- (Michel) Après tout ce qu’il t’a fait subir ? Tu crois encore trouvé un bon fond dans ton fils ?
Hellène laisse couler ses larmes, les étreintes qu’elle a reçues de son garçon depuis sa sortie du coma n’ont pas laissé insensibles son cœur de mère et c’est justement ce même cœur qui lui dit que son fils n’est plus l’être infâme qui l’a rendue si malheureuse durant toutes ses années.
- Laissez-moi croire que j’ai enfin trouvé mon fils !! Vous ne comprenez donc pas que j’en ai besoin ? Que cette vie que j’ai eue depuis tout ce temps m’était devenue trop difficile à supporter ?
Les larmes et la voix grimpant dans les aigus de son épouse mettent son mari dans un état émotionnel tellement fort qu’il en tremble et doit s’y prendre à plusieurs fois pour se garer sur la place de parking.
Il coupe le moteur, se retourne vers sa femme et la prend dans ses bras pour l’embrasser tendrement, lui montrant par son geste combien l’amour qu’il éprouve pour elle n’a pas faibli avec le temps.
Michel a lui aussi les yeux humides, autant par la vision qu’il a en ce moment de ses enfants enlacés que par l’immense espoir que peut-être leur vie va prendre un tournant beaucoup plus joyeux.
- Tu as raison Hellènes, laissons-le nous convaincre et prions pour que notre vie puisse enfin être comme celle de toutes les familles normales, pleine de joies et d’amours. Je pense qu’il va nous falloir avoir une conversation sérieuse avec Florian dès que votre mère sortira de l’hôpital, je me demande jusqu’à quel point son traumatisme crânien l’a changé !!
Pierre embrasse une dernière fois sa femme sur la tempe, il se tourne ensuite vers son père.
- C’était bien mon intention d’avoir cette conversation avec lui !! J’aimerais savoir jusqu’où va ce changement de comportement et ce qu’il se souvient de ses dernières frasques, de toute façon il faudra bien qu’il réponde aux questions que ne manquera pas de lui poser la justice. Nous sommes convoqués par le juge la semaine prochaine, mes avocats ont réussi à ce qu’il ne soit pas mis en détention mais ce n’est pas pour ça que tout est terminé !! L’autre conducteur est toujours dans un état grave !! De toute façon il y aura un jugement et seul le fait qu’il soit encore mineur, pourra lui permettre d’éviter le pire.
- (Michel) Et ton argent !! Comme d’habitude !!
- (Pierre nerveux) C’est mon fils !! J’ai failli le perdre déjà une fois et ce par ma faute, si je t’avais écouté il serait resté avec vous cette fois-là !!
- (Michel) Arrête de culpabiliser avec ça tu veux bien !! Ce n’était pas de ta faute s’il y a eu cette pluie de météorites et tu as fait ce qu’il fallait en prenant la place du pilote et en posant l’appareil, vous auriez pu tout aussi bien y laisser la vie vous aussi !!
- (Pierre) Oui mais mon fils n’aurait pas risqué la sienne, depuis je me sens fautif !! Tu le comprends au moins ?
Michel sent la colère montée en lui.
- Je suis surtout conscient du résultat !! Un fils pourri gâté qui nous chie dans le bec depuis des années en guise de remerciement.