07-09-2020, 10:03 PM
Un nouveau défi de Scribay
Les fantômes ne sont pas les seuls à errer dans les cimetières
J’errais une nuit sans lune dans un cimetière. Deux paysans creusaient une tombe, éclairés par une torche.
La porte grinça, deux hommes entrèrent, je ne les reconnus pas tout de suite, ils avaient de longs manteaux noirs avec des capuches. Ils s’arrêtèrent vers le trou d’où montait l’odeur de la terre fraîchement retournée mêlée à celles des cadavres en putréfaction.
— Tenez ! voici un crâne qui est ici depuis douze ans, dit l’un des paysans.
— À qui est ce crâne ? demanda l’un des hommes en noir, en enlevant sa capuche.
— Ah ! vous ne le reconnaissez pas ! C’était le crâne d’un certain Yorick.
— Celui-ci ? Laisse-le-moi voir, je t’en prie ! Hélas ! pauvre Yorick ! Je l’ai connu, Horatio ! — C’était un garçon d’une gaieté infinie ; il m’a porté vingt fois sur son dos. Ici pendaient ces lèvres que j’ai baisées cent fois !
Lui ! Ces baisers pouvaient être chastes pour toi, pour moi ils étaient brûlants !
« Hamlet ! Je suis là ! »
— Qui parle ? Qui es-tu ?
« Je suis le spectre de Yorick ! Celui qui t’a tant aimé ! »
— Toi ? Tu m’as aimé ?
« Oui, je t’aimais, Hamlet. Je n’ai jamais osé te le dire. Combien de fois ai-je regardé ton corps lorsque tu te baignais nu dans l’étang ? »
— Pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ? Je te considérais comme un grand frère, puis des sentiments ambigus sont nés dans mon esprit à mesure que je vieillissais.
« Un prince peut-il aimer un autre homme ? »
— Tout est permis à un prince, j’ai eu des dizaines d’autres amants, mais je pensais à toi en couchant avec eux, désolé Horatio. Ta mort m’a accablé, Yorick. Que de temps perdu, et maintenant tes lèvres me font horreur à regarder.
« Ne crains rien, Hamlet, tu vas bientôt me rejoindre. »
— Te rejoindre ? fit Hamlet en frissonnant. Tu veux dire que je vais mourir ?
« Oui, c’est cela. »
— Comment ? Je suis encore jeune, trop jeune pour mourir !
« Ton destin est écrit, tu ne peux plus le changer. Un mauvais moment à passer. Ensuite nous serons réunis pour l’éternité. À bientôt, Hamlet. »
Le spectre de Yorick se saisit de la pelle d’un paysan et coupe la carotide d’Hamlet.
— Mes yeux ont perdu la vue, ma langue la parole : adieu, Horatio ! Le ciel reçoive mon âme !
Hamlet meurt.
Les fantômes ne sont pas les seuls à errer dans les cimetières, mais gardez-vous de les approcher.
J’ai emprunté les passages en italique à M. William Shakespeare, j’espère que son spectre me pardonnera. Traduction de M. François-Victor Hugo.
Les fantômes ne sont pas les seuls à errer dans les cimetières
J’errais une nuit sans lune dans un cimetière. Deux paysans creusaient une tombe, éclairés par une torche.
La porte grinça, deux hommes entrèrent, je ne les reconnus pas tout de suite, ils avaient de longs manteaux noirs avec des capuches. Ils s’arrêtèrent vers le trou d’où montait l’odeur de la terre fraîchement retournée mêlée à celles des cadavres en putréfaction.
— Tenez ! voici un crâne qui est ici depuis douze ans, dit l’un des paysans.
— À qui est ce crâne ? demanda l’un des hommes en noir, en enlevant sa capuche.
— Ah ! vous ne le reconnaissez pas ! C’était le crâne d’un certain Yorick.
— Celui-ci ? Laisse-le-moi voir, je t’en prie ! Hélas ! pauvre Yorick ! Je l’ai connu, Horatio ! — C’était un garçon d’une gaieté infinie ; il m’a porté vingt fois sur son dos. Ici pendaient ces lèvres que j’ai baisées cent fois !
Lui ! Ces baisers pouvaient être chastes pour toi, pour moi ils étaient brûlants !
« Hamlet ! Je suis là ! »
— Qui parle ? Qui es-tu ?
« Je suis le spectre de Yorick ! Celui qui t’a tant aimé ! »
— Toi ? Tu m’as aimé ?
« Oui, je t’aimais, Hamlet. Je n’ai jamais osé te le dire. Combien de fois ai-je regardé ton corps lorsque tu te baignais nu dans l’étang ? »
— Pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ? Je te considérais comme un grand frère, puis des sentiments ambigus sont nés dans mon esprit à mesure que je vieillissais.
« Un prince peut-il aimer un autre homme ? »
— Tout est permis à un prince, j’ai eu des dizaines d’autres amants, mais je pensais à toi en couchant avec eux, désolé Horatio. Ta mort m’a accablé, Yorick. Que de temps perdu, et maintenant tes lèvres me font horreur à regarder.
« Ne crains rien, Hamlet, tu vas bientôt me rejoindre. »
— Te rejoindre ? fit Hamlet en frissonnant. Tu veux dire que je vais mourir ?
« Oui, c’est cela. »
— Comment ? Je suis encore jeune, trop jeune pour mourir !
« Ton destin est écrit, tu ne peux plus le changer. Un mauvais moment à passer. Ensuite nous serons réunis pour l’éternité. À bientôt, Hamlet. »
Le spectre de Yorick se saisit de la pelle d’un paysan et coupe la carotide d’Hamlet.
— Mes yeux ont perdu la vue, ma langue la parole : adieu, Horatio ! Le ciel reçoive mon âme !
Hamlet meurt.
Les fantômes ne sont pas les seuls à errer dans les cimetières, mais gardez-vous de les approcher.
J’ai emprunté les passages en italique à M. William Shakespeare, j’espère que son spectre me pardonnera. Traduction de M. François-Victor Hugo.
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Récits de Lange128 indisponibles sur Slygame
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