07-09-2020, 11:39 AM
2eme ANNÉE Pâques : (105/127) (Afrique) (Jeudi) (Florian)
Les lèvres d’Antonin viennent doucement se poser sur celles de Thomas, un long, très long baiser les unit alors et les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ne feraient aucun doute à quiconque les apercevait en ce moment précis.
***/***
Okoumé regarde attentivement le jeune rouquin qui semble soudainement être perdu dans ses pensées, un sourire d’extrême contentement se dessinant sur ses lèvres.
- Tes pensées sont ailleurs « cheveux de feu » ?
Je le regarde les yeux brillants.
- Les choses se mettent en place suivant mes espérances et maintenant je n’ai plus aucune crainte pour l’avenir de ceux que j’aime, ma destinée pourra maintenant suivre son cours.
- Tes paroles m’intriguent ?
- N’as-tu jamais eu cette impression de ne pas être à ta place en ce monde ?
- (Okoumé) Si tes paroles font allusion à notre façon de vivre en dehors de ce que vous appelez la civilisation, il est exact que je me suis souvent posé cette question.
- Je pensais à quelque chose de moins terre à terre, j’ai pour ma part souvent l’intuition que cette existence que je vis n’est pas ma vraie vie et qu’un jour pas très éloigné, je serai rappelé par elle.
- Tes pensées sont bizarres « cheveux de feu » !! Comment pourrais-tu être ici sans y être ?
- Si seulement j’en avais la réponse !! Trouves-tu naturel tous ces « dons » que j’ai ? Je n’ai qu’à penser à quelque chose pour que tout se mette en place dans ce sens, l’échec est un mot qui pour moi n’a aucune prise depuis ma plus tendre enfance alors avoue grand chef que ce n’est pas ça la normalité de la vie.
- Sauf si tu es ce que nous pensons que tu es « cheveux de feu » !
- Un dieu ? Baliverne !! Excuse mes paroles Okoumé, mais je ne crois pas que les dieux existent !!
- Comment expliques-tu les miracles autour de toi dans ce cas ? La clairière aux pierres qui pensent et qui soignent, si ce ne sont pas des dieux ?
- Ces « entités » viennent d’un autre monde grand chef, ils ont évolué comme l’homme l’a fait depuis qu’il existe sur cette terre. Pour eux c’était il y a beaucoup plus longtemps voilà tout !!
- Alors peut être que c’est pareil pour toi ?
- J’y ai pensé !!Souvent même !! Mais je ne crois pas venir d’ailleurs, cela voudrait dire que quelque part il y a une planète entièrement similaire à la nôtre et que j’y serais né ?
- Pourquoi donc n’aurais-tu pas pu connaître le même sort que ceux que tu nommes entités ?
- Tout simplement parce que sur cette terre nous ne sommes pas suffisamment évolués pour un tel voyage !!
- Peut-être qu’ailleurs ils le sont ?
- Avec les mêmes aspects physiques que ceux que nous avons, alors qu’il nous faudrait certainement des milliers d’années pour arriver à ce genre d’exploit ? Hum !!!
- Il y a une vieille croyance que racontent parfois les anciens, ils disent que sur la même terre plusieurs civilisations se côtoient sans jamais se voir et qu’un jour dans un passé lointain, nos ancêtres auraient rencontré des ancêtres d’une de ces civilisations.
- Très belle histoire grand chef !! Nous appelons ça les mondes parallèles, personne n’a encore pu donner la preuve qu’une telle chose existe. Ce ne sont que quelques romanciers à l’esprit particulièrement imaginatif et prolifique qui ont écrit des romans pour faire rêver leurs lecteurs et leur permettre de se transposer en dehors de leur quotidien.
- Serais-tu un de ces rêveurs « cheveux de feu » ?
- Parfois je me le demande grand chef !! Un bien étrange rêveur pour une bien étrange histoire qui dure depuis maintenant presque dix-neuf ans ? Crois-tu être issu d’un tel rêve ? N’as-tu donc pas vécu toute ta vie que pendant les rares instants où j’aurais imaginé ton existence ?
Okoumé reste un instant dans ses pensées.
- J’ai eu une vie très riche en émotions, elle représente de nombreuses années maintenant !!
Je vois bien qu’il hésite à poursuivre.
- Mais ?
- Je dois t’avouer que mes souvenirs d’avant ta découverte dans la jungle se sont pour la plupart perdus.
- Perdu ? Comment ça ?
- Je… pense même que je n’en ai… plus…
2eme ANNÉE Pâques : (106/127) (Afrique) (Jeudi fin d’après-midi) (Annie)
Le départ des troupes est un véritable soulagement pour les habitants qui en ce début de soirée, se regroupent sur les places de la ville afin de rapporter les dernières nouvelles.
Annie et son mari se retrouvent justement au beau milieu d’un de ces attroupements et sourient en entendant les faits déformés par les superstitions, prenant au fil des heures une ampleur sans commune mesure avec la réalité.
Il reste malgré tout un fond de vérité qui à lui seul laisse déjà les plus sceptiques dans l’expectative la plus totale, en effet les rumeurs sur la découverte des cadavres vont bon train et l’imagination des conteurs n’enlève en rien les faits somme toute surnaturels que sont les éléments à la base de leurs récits.
- (Annie) Pourvu qu’ils ne fassent pas trop vite le rapprochement avec l’arrivée de Florian !!
- (Frédéric) Je suis certain que c’est déjà fait !! Tu n’as qu’à regarder ces poupées qui circulent de mains en mains, ainsi que ces autels où ils les déposent avec dévotion.
- Qu’es-tu en train de me dire par là ?
- Tout simplement que nous assistons à la naissance d’une nouvelle croyance, ou plutôt d’un nouveau dieu pour ces gens encore très ancrés dans leurs superstitions.
- (Annie) Remarque en y réfléchissant bien, je les comprends !! Nous-même y avons pensé rappelle-toi !!
- Pour plaisanter, oui !! Mais ce que tu vois là n’est pas une plaisanterie et je me demande bien où tout cela finira, en espérant que tout se termine bien pour Florian.
Annie resserre son châle autour d’elle en grelottant.
- Brrr !!! Nous devrions rentrer mon chéri, si j’avais pensé un seul instant qu’il puisse faire un temps pareil je nous aurais prévus des tenues plus adaptées.
- (Frédéric) J’ai eu André ce matin, il paraît que chez nous le thermomètre n’a jamais été aussi bas au point que les gens hésitent à sortir de chez eux.
- Heureusement qu’ici ça reste supportable !! C’est quand même curieux cette vague de froid, les journaux météo n’en ont pas fait mention et c’est un peu comme si personne ne s’y attendait.
- Je pense que c’est bien le cas, tu as raison !! Rentrons nous mettre au chaud à l’hôtel, de plus j’ai hâte de savoir comment s’est passée la journée des garçons.
***/***
« Dans le salon de l’hôtel, avant l’heure du dîner »
Annie somnole tranquillement, la revue qu’elle tentait de lire dangereusement penchée sur ses genoux prête à tomber quand un corps chaud vient se blottir contre elle et la réveille brusquement, reconnaissant avec le sourire la tignasse rousse de son propriétaire.
- Je t’ai réveillée ?
- Pas vraiment mon chéri !! Raconte-moi plutôt ta journée, tu sembles épuisé.
- Je peux te poser une question ?
- Bien sûr allons !!
- Comment c’était de ton temps quand tu étais encore en fac ?
Annie me regarde étonnée.
- Quelle drôle de question !! Je pense que c’était comme maintenant, pourquoi ?
Je me redresse pour la fixer dans les yeux avec curiosité.
- Comment ça, tu penses ? Il doit bien y avoir des différences quand même, ne serait-ce que les choses qui n’existaient pas à ton époque comme les portables ou l’informatique et qui sont devenus indispensables de nos jours !!
- Sans doute oui !! Maintenant que tu m’en parles, je dois bien t’avouer que je ne me le rappelle plus !! Toutes ces choses sont tellement devenues notre façon de vivre que je n’imagine plus ce que c’était avant.
- Et tes parents ?
- Quoi, mes parents ?
- Tu dois bien t’en souvenir quand même ?
- Mais bien sûr, voyons !!
Je vois bien le trouble que lui occasionne ma question, j’ai un frisson d’angoisse qui me prend soudainement en commençant à percevoir une explication qui quoique irrationnelle, me conforte néanmoins de plus en plus dans l’idée que je me fais de ce que je suis en réalité.
- Raconte-moi ton plus lointain souvenir s’il te plaît !
Annie plus troublée qu’elle ne le laisse paraître, me regarde fixement.
- C’était le jour où nous avons décidé de quitter Paris pour venir habiter à Reims.
- Ça remonte à peine à deux ans ? Tu n’as rien d’autre de plus éloigné dans le temps ?
Le front d’Annie se plisse, une lueur d’affolement brille soudainement dans ses yeux.
- Mon Dieu Florian !!! Qu’est-ce qu’il m’arrive !!
2eme ANNÉE Pâques : (107/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre)
« Campement provisoire derrière l’église »
Benjamin pile net devant le terrain quasiment désert où pourtant était dressée la structure d’accueil de la tribu Massaï il n’y a encore à peine quelques heures.
Il regarde sidéré les rares toiles de tentes encore debout et qu’une poignée d’ouvriers continue à démonter malgré l’heure tardive, il s’approche d’eux avec une énorme boule d’appréhension à l’estomac et s’adresse d’une voix blanche à l’un d’entre eux.
- Excusez-moi monsieur !!
- Oui ? Qui a-t-il ?
- Où sont passées les familles qui vivaient dans ce camp ?
- Ils ont eu l’autorisation de retourner dans leur village, les derniers viennent juste de partir en camion.
- Il est loin leur village ?
L’homme lui indique une direction.
- Au moins cinq cents kilomètres plus au sud dans une région encore sauvage loin de toute civilisation, pourquoi cette question ?
- Je voulais parler avec un… ami !
- Eh bien il va te falloir faire un long voyage pour le voir, je suis désolé pour toi jeune homme.
Benjamin s’apprête à s’en retourner quand l’homme le rappelle.
- À moins qu’il ne fasse partie de la famille du chef Okoumé !!
Benjamin fixe l’homme avec une lueur d’espoir.
- C’est un de ses fils en effet.
- Alors tu as de la chance mon gars !! Okoumé est resté avec ses trois fils, ils sont actuellement chez le père Antoine et devraient normalement repartir avec lui d’ici demain dans la journée.
- Où pourrais-je les trouver ?
- Le vieux père loge dans l’ancien presbytère à droite du cimetière, tu ne peux pas te tromper !! C’est juste à quelques pas d’ici, le petit bâtiment qui touche l’église.
Benjamin sourit à cet homme qui sans le savoir lui a redonné la joie dans son cœur, il le remercie et part d’un bon pas dans la direction indiquée, la bâtisse lui arrive devant les yeux à peine a-t-il tourné au coin de l’église.
Il accélère donc le pas jusqu’à la porte restée entrouverte qu’il ouvre d’une légère poussée de la main, se retrouvant nez à nez avec la stature imposante et inquiétante du chef Massaï Okoumé, qui l’observe alors avec une surprise évidente teintée d’un soupçon d’ironie.
- Je te reconnais, tu es un ami de « cheveux de feu » !!
- Comment ? C’est qui celui-là ?
Okoumé laisse percer un sourire de son visage jusque-là hermétique derrière ses peintures tribales.
- Tu ne connais pas tes amis ?
- Bien sûr que si !! Mais… Ah !! J’y suis !! Vous parlez de Florian ?
- C’est le nom que lui donnent les hommes blancs en effet. Si c’est « cheveux de feu » que tu cherches, il vient de repartir.
- Heu !! En fait ce n’était pas Florian que j’étais venu voir.
- Le père Antoine alors ? Tu as de la chance, il prépare le repas avec un de mes fils.
Benjamin se sent mal soudainement, comment dire à cet homme impressionnant qu’il est venu pour voir un de ses fils dont il ne connaît même pas le prénom.
Okoumé lit sur le visage du jeune blanc le trouble et la gêne qu’il éprouve, quelque chose dans ce jeune garçon pourtant étranger lui amène une vive sympathie et Okoumé lui vient en aide à sa façon.
- Peut-être es-tu venu t’excuser auprès de mon fils Aomé pour l’avoir mis à terre aussi brusquement ?
Le soulagement sur le visage du garçon est si visible qu’Okoumé a du mal à garder son sérieux, il n’est donc pas surpris des paroles de celui-ci qui profite du prétexte donné pour en faire le sien.
- C’était le but de ma visite et j’ai bien cru ne pas avoir l’occasion de le faire quand j’ai vu que le camp était vide.
- Tu trouveras Aomé dans la forêt qui borde ce côté du grand village de pierre, mon fils est un solitaire et il aime bien chasser seul parfois pendant des jours.
- Comment le trouverais-je ?
- Ne t’inquiète pas petit blanc, lui te trouvera !! Mais il serait peut-être mieux pour toi d’attendre le prochain lever de soleil, la lune va bientôt apparaître et tes amis vont s’inquiéter.
- J’ai encore un peu de temps, Aomé ne doit pas être loin lui non plus.
Okoumé apprécie le courage du jeune garçon, il marque un point de plus dans l’estime de cet homme qui croit bon de rajouter avant de le voir partir.
- Soit prudent et ne brusque rien avec Aomé, contente-toi de rester toi-même.
- Pourquoi dites-vous ça ? Vous croyez qu’il sera menaçant envers moi ?
- Mon fils est troublé, son cœur a déjà les réponses que son esprit recherche encore mais je peux t’assurer qu’aucune colère ne marquera son visage lorsqu’il te verra.
2eme ANNÉE Pâques : (108/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre) (suite)
Aomé est quand même satisfait de sa journée de chasse, les quelques oiseaux qu’il a tués lui ont surtout permis d’éviter de trop penser et ce n’est qu’une fois arrivé à quelques dizaines de mètres de la lisière de la forêt, qu’il s’accorde un nouveau temps de réflexion en s’asseyant près du ruisseau qui s’étire en direction du grand village de pierre.
Le soleil commence à perdre de son intensité, déjà que l’étrange brume lui en avait ôté une bonne partie et le jeune chasseur sait bien qu’il va bientôt lui falloir repartir avant que la lune ne fasse son apparition, ce qui serait trop dangereux pour lui dans cette région inconnue.
La solitude lui pèse, c’est un sentiment étrange pour Aomé qui jusque-là s’en était plutôt fait une alliée et ses pensées reviennent encore plus présentes vers ce jeune blanc au visage expressif, tellement qu’Aomé ne peut retenir l’exclamation amusée qui s’échappe de sa gorge au souvenir de cette rencontre pour le moins percutante.
Une série de craquements de branches lui fait relever la tête, attentif aux sons qui annoncent la présence d’une autre personne s’avançant dans la forêt.
Un cri de douleur le fait se relever d’un bond pour courir dans sa direction.
- Aïe !! Bordel !! Ça fait mal !!! Putain !! J’espère que je ne me suis pas pété la cheville !! Quel con je fais !! Comme si j’allais trouver Aomé tout seul dans cette forêt !! Aïe !!
Benjamin se redresse pour s’asseoir, il masse doucement sa cheville qu’il vient de se tordre en trébuchant dans un trou invisible sous le feuillage qui recouvre le sol.
- Fais chier !! Aïe !! Je suis bon pour une entorse !! Bon !! Va falloir y aller « Ben’j », j’aurais dû suivre les conseils d’Okoumé !!
Benjamin tente de se remettre debout.
- Putain la galère !!! Aïe !! Décidément ça ne va pas le faire !!
Il se rassoit en reprenant son massage sur sa cheville qui déjà commence à gonfler, il sort son portable qui pour son plus grand désarroi ne capte aucun réseau.
- Manquait plus que ça !! Va falloir que tu te bouges mon grand, si tu ne veux pas passer la nuit dans cette forêt !! Si seulement Aomé était dans le coin !! Avec la chance que j’ai, il doit être à l’opposé s’il n’est pas déjà rentré !!
« Ben’j » commence à se rendre compte de son imprudence, il écoute les sons venant de cette nature pour lui hostile avec une pression au creux de l’estomac là où la peur commence à faire son œuvre dévastatrice sur lui.
Il met ses mains en porte-voix et commence à appeler le seul nom qui lui vienne à l‘esprit et qui serait susceptible de lui venir en aide.
- Aomé !! Ouhou !!! Tu es là !!! Aomé !!! C’est « Ben’j » !!
***/***
Le jeune Massaï n’est pas loin, il observe depuis son arrivée le jeune homme qui semble Décidément si fragile au milieu de cette nature sauvage.
L’entendre l’appeler lui fait tout drôle, un sentiment nouveau pour Aomé que celui qui le pousse alors à accourir vers ce garçon pour s’agenouiller près de lui et le soulever dans ses bras comme le plus précieux des biens qu’il n’a jamais possédé.
***/***
Benjamin se sent soulever de terre avec une force et une douceur peu commune, son visage se tourne alors vers celui qui lui vient de toute évidence en aide et son cœur s’affole comme un gamin en reconnaissant Aomé qui plonge ses yeux sombres dans les siens.
La douleur de sa cheville se fait moins présente, « Ben’j » enlace le cou d’Aomé pour le soulager de son poids et se faisant amène sa tête doucement sur son épaule, lui déclenchant un bien-être comme il n’en a jamais connu jusqu’alors.
- Que fais-tu loin des tiens petit blanc ? Cet endroit est dangereux pour qui n’y est pas né, tu as de la chance que je t’aie entendu crier !! La nuit toutes sortes d’animaux chassent pour trouver leur nourriture et tu n’aurais certainement pas survécu, surtout avec ta cheville dans cet état.
Benjamin ne sait quoi répondre, comprenant bien que les remontrances d’Aomé sont méritées, il se contente alors de se serrer encore plus dans ses bras en lui déposant un baiser sur la joue ce qui trouble visiblement le jeune chasseur.
- Aïe !! Qu’est-ce que c’est encore ??
Les lèvres d’Antonin viennent doucement se poser sur celles de Thomas, un long, très long baiser les unit alors et les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ne feraient aucun doute à quiconque les apercevait en ce moment précis.
***/***
Okoumé regarde attentivement le jeune rouquin qui semble soudainement être perdu dans ses pensées, un sourire d’extrême contentement se dessinant sur ses lèvres.
- Tes pensées sont ailleurs « cheveux de feu » ?
Je le regarde les yeux brillants.
- Les choses se mettent en place suivant mes espérances et maintenant je n’ai plus aucune crainte pour l’avenir de ceux que j’aime, ma destinée pourra maintenant suivre son cours.
- Tes paroles m’intriguent ?
- N’as-tu jamais eu cette impression de ne pas être à ta place en ce monde ?
- (Okoumé) Si tes paroles font allusion à notre façon de vivre en dehors de ce que vous appelez la civilisation, il est exact que je me suis souvent posé cette question.
- Je pensais à quelque chose de moins terre à terre, j’ai pour ma part souvent l’intuition que cette existence que je vis n’est pas ma vraie vie et qu’un jour pas très éloigné, je serai rappelé par elle.
- Tes pensées sont bizarres « cheveux de feu » !! Comment pourrais-tu être ici sans y être ?
- Si seulement j’en avais la réponse !! Trouves-tu naturel tous ces « dons » que j’ai ? Je n’ai qu’à penser à quelque chose pour que tout se mette en place dans ce sens, l’échec est un mot qui pour moi n’a aucune prise depuis ma plus tendre enfance alors avoue grand chef que ce n’est pas ça la normalité de la vie.
- Sauf si tu es ce que nous pensons que tu es « cheveux de feu » !
- Un dieu ? Baliverne !! Excuse mes paroles Okoumé, mais je ne crois pas que les dieux existent !!
- Comment expliques-tu les miracles autour de toi dans ce cas ? La clairière aux pierres qui pensent et qui soignent, si ce ne sont pas des dieux ?
- Ces « entités » viennent d’un autre monde grand chef, ils ont évolué comme l’homme l’a fait depuis qu’il existe sur cette terre. Pour eux c’était il y a beaucoup plus longtemps voilà tout !!
- Alors peut être que c’est pareil pour toi ?
- J’y ai pensé !!Souvent même !! Mais je ne crois pas venir d’ailleurs, cela voudrait dire que quelque part il y a une planète entièrement similaire à la nôtre et que j’y serais né ?
- Pourquoi donc n’aurais-tu pas pu connaître le même sort que ceux que tu nommes entités ?
- Tout simplement parce que sur cette terre nous ne sommes pas suffisamment évolués pour un tel voyage !!
- Peut-être qu’ailleurs ils le sont ?
- Avec les mêmes aspects physiques que ceux que nous avons, alors qu’il nous faudrait certainement des milliers d’années pour arriver à ce genre d’exploit ? Hum !!!
- Il y a une vieille croyance que racontent parfois les anciens, ils disent que sur la même terre plusieurs civilisations se côtoient sans jamais se voir et qu’un jour dans un passé lointain, nos ancêtres auraient rencontré des ancêtres d’une de ces civilisations.
- Très belle histoire grand chef !! Nous appelons ça les mondes parallèles, personne n’a encore pu donner la preuve qu’une telle chose existe. Ce ne sont que quelques romanciers à l’esprit particulièrement imaginatif et prolifique qui ont écrit des romans pour faire rêver leurs lecteurs et leur permettre de se transposer en dehors de leur quotidien.
- Serais-tu un de ces rêveurs « cheveux de feu » ?
- Parfois je me le demande grand chef !! Un bien étrange rêveur pour une bien étrange histoire qui dure depuis maintenant presque dix-neuf ans ? Crois-tu être issu d’un tel rêve ? N’as-tu donc pas vécu toute ta vie que pendant les rares instants où j’aurais imaginé ton existence ?
Okoumé reste un instant dans ses pensées.
- J’ai eu une vie très riche en émotions, elle représente de nombreuses années maintenant !!
Je vois bien qu’il hésite à poursuivre.
- Mais ?
- Je dois t’avouer que mes souvenirs d’avant ta découverte dans la jungle se sont pour la plupart perdus.
- Perdu ? Comment ça ?
- Je… pense même que je n’en ai… plus…
2eme ANNÉE Pâques : (106/127) (Afrique) (Jeudi fin d’après-midi) (Annie)
Le départ des troupes est un véritable soulagement pour les habitants qui en ce début de soirée, se regroupent sur les places de la ville afin de rapporter les dernières nouvelles.
Annie et son mari se retrouvent justement au beau milieu d’un de ces attroupements et sourient en entendant les faits déformés par les superstitions, prenant au fil des heures une ampleur sans commune mesure avec la réalité.
Il reste malgré tout un fond de vérité qui à lui seul laisse déjà les plus sceptiques dans l’expectative la plus totale, en effet les rumeurs sur la découverte des cadavres vont bon train et l’imagination des conteurs n’enlève en rien les faits somme toute surnaturels que sont les éléments à la base de leurs récits.
- (Annie) Pourvu qu’ils ne fassent pas trop vite le rapprochement avec l’arrivée de Florian !!
- (Frédéric) Je suis certain que c’est déjà fait !! Tu n’as qu’à regarder ces poupées qui circulent de mains en mains, ainsi que ces autels où ils les déposent avec dévotion.
- Qu’es-tu en train de me dire par là ?
- Tout simplement que nous assistons à la naissance d’une nouvelle croyance, ou plutôt d’un nouveau dieu pour ces gens encore très ancrés dans leurs superstitions.
- (Annie) Remarque en y réfléchissant bien, je les comprends !! Nous-même y avons pensé rappelle-toi !!
- Pour plaisanter, oui !! Mais ce que tu vois là n’est pas une plaisanterie et je me demande bien où tout cela finira, en espérant que tout se termine bien pour Florian.
Annie resserre son châle autour d’elle en grelottant.
- Brrr !!! Nous devrions rentrer mon chéri, si j’avais pensé un seul instant qu’il puisse faire un temps pareil je nous aurais prévus des tenues plus adaptées.
- (Frédéric) J’ai eu André ce matin, il paraît que chez nous le thermomètre n’a jamais été aussi bas au point que les gens hésitent à sortir de chez eux.
- Heureusement qu’ici ça reste supportable !! C’est quand même curieux cette vague de froid, les journaux météo n’en ont pas fait mention et c’est un peu comme si personne ne s’y attendait.
- Je pense que c’est bien le cas, tu as raison !! Rentrons nous mettre au chaud à l’hôtel, de plus j’ai hâte de savoir comment s’est passée la journée des garçons.
***/***
« Dans le salon de l’hôtel, avant l’heure du dîner »
Annie somnole tranquillement, la revue qu’elle tentait de lire dangereusement penchée sur ses genoux prête à tomber quand un corps chaud vient se blottir contre elle et la réveille brusquement, reconnaissant avec le sourire la tignasse rousse de son propriétaire.
- Je t’ai réveillée ?
- Pas vraiment mon chéri !! Raconte-moi plutôt ta journée, tu sembles épuisé.
- Je peux te poser une question ?
- Bien sûr allons !!
- Comment c’était de ton temps quand tu étais encore en fac ?
Annie me regarde étonnée.
- Quelle drôle de question !! Je pense que c’était comme maintenant, pourquoi ?
Je me redresse pour la fixer dans les yeux avec curiosité.
- Comment ça, tu penses ? Il doit bien y avoir des différences quand même, ne serait-ce que les choses qui n’existaient pas à ton époque comme les portables ou l’informatique et qui sont devenus indispensables de nos jours !!
- Sans doute oui !! Maintenant que tu m’en parles, je dois bien t’avouer que je ne me le rappelle plus !! Toutes ces choses sont tellement devenues notre façon de vivre que je n’imagine plus ce que c’était avant.
- Et tes parents ?
- Quoi, mes parents ?
- Tu dois bien t’en souvenir quand même ?
- Mais bien sûr, voyons !!
Je vois bien le trouble que lui occasionne ma question, j’ai un frisson d’angoisse qui me prend soudainement en commençant à percevoir une explication qui quoique irrationnelle, me conforte néanmoins de plus en plus dans l’idée que je me fais de ce que je suis en réalité.
- Raconte-moi ton plus lointain souvenir s’il te plaît !
Annie plus troublée qu’elle ne le laisse paraître, me regarde fixement.
- C’était le jour où nous avons décidé de quitter Paris pour venir habiter à Reims.
- Ça remonte à peine à deux ans ? Tu n’as rien d’autre de plus éloigné dans le temps ?
Le front d’Annie se plisse, une lueur d’affolement brille soudainement dans ses yeux.
- Mon Dieu Florian !!! Qu’est-ce qu’il m’arrive !!
2eme ANNÉE Pâques : (107/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre)
« Campement provisoire derrière l’église »
Benjamin pile net devant le terrain quasiment désert où pourtant était dressée la structure d’accueil de la tribu Massaï il n’y a encore à peine quelques heures.
Il regarde sidéré les rares toiles de tentes encore debout et qu’une poignée d’ouvriers continue à démonter malgré l’heure tardive, il s’approche d’eux avec une énorme boule d’appréhension à l’estomac et s’adresse d’une voix blanche à l’un d’entre eux.
- Excusez-moi monsieur !!
- Oui ? Qui a-t-il ?
- Où sont passées les familles qui vivaient dans ce camp ?
- Ils ont eu l’autorisation de retourner dans leur village, les derniers viennent juste de partir en camion.
- Il est loin leur village ?
L’homme lui indique une direction.
- Au moins cinq cents kilomètres plus au sud dans une région encore sauvage loin de toute civilisation, pourquoi cette question ?
- Je voulais parler avec un… ami !
- Eh bien il va te falloir faire un long voyage pour le voir, je suis désolé pour toi jeune homme.
Benjamin s’apprête à s’en retourner quand l’homme le rappelle.
- À moins qu’il ne fasse partie de la famille du chef Okoumé !!
Benjamin fixe l’homme avec une lueur d’espoir.
- C’est un de ses fils en effet.
- Alors tu as de la chance mon gars !! Okoumé est resté avec ses trois fils, ils sont actuellement chez le père Antoine et devraient normalement repartir avec lui d’ici demain dans la journée.
- Où pourrais-je les trouver ?
- Le vieux père loge dans l’ancien presbytère à droite du cimetière, tu ne peux pas te tromper !! C’est juste à quelques pas d’ici, le petit bâtiment qui touche l’église.
Benjamin sourit à cet homme qui sans le savoir lui a redonné la joie dans son cœur, il le remercie et part d’un bon pas dans la direction indiquée, la bâtisse lui arrive devant les yeux à peine a-t-il tourné au coin de l’église.
Il accélère donc le pas jusqu’à la porte restée entrouverte qu’il ouvre d’une légère poussée de la main, se retrouvant nez à nez avec la stature imposante et inquiétante du chef Massaï Okoumé, qui l’observe alors avec une surprise évidente teintée d’un soupçon d’ironie.
- Je te reconnais, tu es un ami de « cheveux de feu » !!
- Comment ? C’est qui celui-là ?
Okoumé laisse percer un sourire de son visage jusque-là hermétique derrière ses peintures tribales.
- Tu ne connais pas tes amis ?
- Bien sûr que si !! Mais… Ah !! J’y suis !! Vous parlez de Florian ?
- C’est le nom que lui donnent les hommes blancs en effet. Si c’est « cheveux de feu » que tu cherches, il vient de repartir.
- Heu !! En fait ce n’était pas Florian que j’étais venu voir.
- Le père Antoine alors ? Tu as de la chance, il prépare le repas avec un de mes fils.
Benjamin se sent mal soudainement, comment dire à cet homme impressionnant qu’il est venu pour voir un de ses fils dont il ne connaît même pas le prénom.
Okoumé lit sur le visage du jeune blanc le trouble et la gêne qu’il éprouve, quelque chose dans ce jeune garçon pourtant étranger lui amène une vive sympathie et Okoumé lui vient en aide à sa façon.
- Peut-être es-tu venu t’excuser auprès de mon fils Aomé pour l’avoir mis à terre aussi brusquement ?
Le soulagement sur le visage du garçon est si visible qu’Okoumé a du mal à garder son sérieux, il n’est donc pas surpris des paroles de celui-ci qui profite du prétexte donné pour en faire le sien.
- C’était le but de ma visite et j’ai bien cru ne pas avoir l’occasion de le faire quand j’ai vu que le camp était vide.
- Tu trouveras Aomé dans la forêt qui borde ce côté du grand village de pierre, mon fils est un solitaire et il aime bien chasser seul parfois pendant des jours.
- Comment le trouverais-je ?
- Ne t’inquiète pas petit blanc, lui te trouvera !! Mais il serait peut-être mieux pour toi d’attendre le prochain lever de soleil, la lune va bientôt apparaître et tes amis vont s’inquiéter.
- J’ai encore un peu de temps, Aomé ne doit pas être loin lui non plus.
Okoumé apprécie le courage du jeune garçon, il marque un point de plus dans l’estime de cet homme qui croit bon de rajouter avant de le voir partir.
- Soit prudent et ne brusque rien avec Aomé, contente-toi de rester toi-même.
- Pourquoi dites-vous ça ? Vous croyez qu’il sera menaçant envers moi ?
- Mon fils est troublé, son cœur a déjà les réponses que son esprit recherche encore mais je peux t’assurer qu’aucune colère ne marquera son visage lorsqu’il te verra.
2eme ANNÉE Pâques : (108/127) (Afrique) (Jeudi soir) (Rencontre) (suite)
Aomé est quand même satisfait de sa journée de chasse, les quelques oiseaux qu’il a tués lui ont surtout permis d’éviter de trop penser et ce n’est qu’une fois arrivé à quelques dizaines de mètres de la lisière de la forêt, qu’il s’accorde un nouveau temps de réflexion en s’asseyant près du ruisseau qui s’étire en direction du grand village de pierre.
Le soleil commence à perdre de son intensité, déjà que l’étrange brume lui en avait ôté une bonne partie et le jeune chasseur sait bien qu’il va bientôt lui falloir repartir avant que la lune ne fasse son apparition, ce qui serait trop dangereux pour lui dans cette région inconnue.
La solitude lui pèse, c’est un sentiment étrange pour Aomé qui jusque-là s’en était plutôt fait une alliée et ses pensées reviennent encore plus présentes vers ce jeune blanc au visage expressif, tellement qu’Aomé ne peut retenir l’exclamation amusée qui s’échappe de sa gorge au souvenir de cette rencontre pour le moins percutante.
Une série de craquements de branches lui fait relever la tête, attentif aux sons qui annoncent la présence d’une autre personne s’avançant dans la forêt.
Un cri de douleur le fait se relever d’un bond pour courir dans sa direction.
- Aïe !! Bordel !! Ça fait mal !!! Putain !! J’espère que je ne me suis pas pété la cheville !! Quel con je fais !! Comme si j’allais trouver Aomé tout seul dans cette forêt !! Aïe !!
Benjamin se redresse pour s’asseoir, il masse doucement sa cheville qu’il vient de se tordre en trébuchant dans un trou invisible sous le feuillage qui recouvre le sol.
- Fais chier !! Aïe !! Je suis bon pour une entorse !! Bon !! Va falloir y aller « Ben’j », j’aurais dû suivre les conseils d’Okoumé !!
Benjamin tente de se remettre debout.
- Putain la galère !!! Aïe !! Décidément ça ne va pas le faire !!
Il se rassoit en reprenant son massage sur sa cheville qui déjà commence à gonfler, il sort son portable qui pour son plus grand désarroi ne capte aucun réseau.
- Manquait plus que ça !! Va falloir que tu te bouges mon grand, si tu ne veux pas passer la nuit dans cette forêt !! Si seulement Aomé était dans le coin !! Avec la chance que j’ai, il doit être à l’opposé s’il n’est pas déjà rentré !!
« Ben’j » commence à se rendre compte de son imprudence, il écoute les sons venant de cette nature pour lui hostile avec une pression au creux de l’estomac là où la peur commence à faire son œuvre dévastatrice sur lui.
Il met ses mains en porte-voix et commence à appeler le seul nom qui lui vienne à l‘esprit et qui serait susceptible de lui venir en aide.
- Aomé !! Ouhou !!! Tu es là !!! Aomé !!! C’est « Ben’j » !!
***/***
Le jeune Massaï n’est pas loin, il observe depuis son arrivée le jeune homme qui semble Décidément si fragile au milieu de cette nature sauvage.
L’entendre l’appeler lui fait tout drôle, un sentiment nouveau pour Aomé que celui qui le pousse alors à accourir vers ce garçon pour s’agenouiller près de lui et le soulever dans ses bras comme le plus précieux des biens qu’il n’a jamais possédé.
***/***
Benjamin se sent soulever de terre avec une force et une douceur peu commune, son visage se tourne alors vers celui qui lui vient de toute évidence en aide et son cœur s’affole comme un gamin en reconnaissant Aomé qui plonge ses yeux sombres dans les siens.
La douleur de sa cheville se fait moins présente, « Ben’j » enlace le cou d’Aomé pour le soulager de son poids et se faisant amène sa tête doucement sur son épaule, lui déclenchant un bien-être comme il n’en a jamais connu jusqu’alors.
- Que fais-tu loin des tiens petit blanc ? Cet endroit est dangereux pour qui n’y est pas né, tu as de la chance que je t’aie entendu crier !! La nuit toutes sortes d’animaux chassent pour trouver leur nourriture et tu n’aurais certainement pas survécu, surtout avec ta cheville dans cet état.
Benjamin ne sait quoi répondre, comprenant bien que les remontrances d’Aomé sont méritées, il se contente alors de se serrer encore plus dans ses bras en lui déposant un baiser sur la joue ce qui trouble visiblement le jeune chasseur.
- Aïe !! Qu’est-ce que c’est encore ??
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