07-09-2020, 08:37 AM
(Modification du message : 07-09-2020, 08:39 AM par Philou0033.)
De retour à la maison, j’avais fait part de mes craintes à maman concernant l’état de Jean. J’avais raconté ce qu’il avait dit, pas de petit déjeuner, pas de conversation, rien ! Maman était outrée d’apprendre ça.
Maman me donna alors une lettre que le facteur avait déposée dans la boîte durant la matinée. C’était une lettre de Jacques. J’étais monté dans ma chambre pour la lire. Une fois décachetée, j’avais pu lire que Jacques allait mieux. Les deux gars homophobes avaient été exclus de l’école sans plus jamais espérer y revenir, ils s’en étaient pris à deux autres jeunes du bahut. Jacques m’expliquait qu’il avait fait la connaissance d’une française assez sympathique et d’un autre belge prénommé Marc. Il expliquait qu’ils s’étaient rencontrés dans une salle de sport de la localité et qu’ils avaient fait des exercices ensemble. Ils se voyaient deux fois par semaine. Pour le reste, le boulot de père était semble-t-il génial et que son père se plaisait très bien là-bas. Alexis s’était fait de nouveaux copains lui aussi.
Quand papa fut rentré, je lui avais également fait part de ce que j’avais appris sur la façon dont Jean avait été traité par ses parents. J’avais aussi dit que je lui avais remis une carte de visite du centre d’aide aux homosexuels. Papa m’a dit que j’avais très bien fait mais que je n’aurai pas pu faire mieux !
Après le repas du soir, j’avais aidé maman pour la vaisselle, puis j’étais monté dans ma chambre pour faire mes devoirs et étudier mes cours.
J’avais pris ma douche et je m’étais couché tout en pensant à Jean. J’avais eu du mal à m’endormir, ne sachant pas comment il allait.
Bip, bip, bip, c’était l’heure de se lever, il était sept heures. Je m’étais levé très vite, j’avais pris avec moi mon sac de cours et une tartine que je mangerais en route. Je voulais me rendre chez Jean pour l’accompagner jusqu’à l’école. Je ne sais pas, j’avais une certaine appréhension, j’avais l’intuition qu’il se passait ou qu’il s’était passé quelque chose, je devais voir Jean, c’était impératif dans ma tête.
Une fois arrivé devant chez lui, il y avait une voiture de police et un corbillard. Je m’étais approché et j’avais pu voir la maman de Jean en pleurs. J’avais eu un coup au cœur, il n’y avait qu’une seule chose que me sautait à l’esprit, c’était Jean qui avait commis l’irréparable. J’étais mal, de plus en plus mal. Puis c’est un policier, qui se trouvait à proximité, qui voyant que j’hésitais, que j’étais blême, s’était approché de moi pour savoir ce que je voulais. Je lui avais dit que j’étais un copain de classe de Jean et que je venais le chercher pour aller à l’école.
Le policier m’a demandé de venir avec lui dans la camionnette de police car il devait me demander quelques renseignements. Une fois assis, ce policier m’a dit que Jean était mort, qu’il s’était donné la mort en se pendant dans la cage d’escalier ! J’étais devenu encore plus blême, je ne savais plus dire un mot, puis d’un coup mon visage s’était inondé de larmes. J’étais comme pétrifié sur place, j’étais anéanti, j’étais perdu. Je m’en voulais de ne pas avoir pu aider mon ami Jean, j’étais dévasté. Jean avait 17 ans et demi et il était dans un cercueil, dans le cercueil qu’on mettait à l’instant dans le corbillard.
Le policier a pu avoir le numéro de téléphone de la maison, il était inscrit dans mon journal de classe. C’est maman qui avait répondu à l’appel. Finalement c’est papa qui était venu me reprendre. Je n’avais plus dit un seul mot depuis l’annonce de cette terrible nouvelle.
Papa voulait me ramener à la maison mais je ne voulais pas, je lui avais fait comprendre que je voulais aller à l’école et être auprès de mes copains de classe.
Papa m’avait conduit à l’école, pour que je puisse rejoindre mes amis et bien entendu avertir du décès de Jean. Comme c’était l’heure de la récréation, j’avais rejoint Amandine et Joseph. Dès qu’ils me virent arriver le visage défait et des larmes sur les joues, ils avaient directement compris qu’il y avait eu quelque chose de grave qui s’était produit. J’avais seulement pu prononcer le mot « Jean ». Amandine s’était effondrée en larmes, Joseph ne disait rien mais j’avais bien vu qu’il n’était pas bien lui non plus. Je n’arrêtais pas de pleurer. Comme il y avait la reprise des cours à dix heures vingt, c’est le directeur qui avait réuni tous les élèves de dernière année dans la salle de gym. Certains élèves avaient bien remarqué que nous étions tous les trois en pleurs, ils se posaient des questions ; ils allaient avoir les explications voulues.
Au moment où le directeur annonçait le décès de Jean, il y avait eu comme un froid sibérien qui s’était abattu dans la salle de gym. D’autres élèves s’étaient mis à pleurer. Pas un mot, le silence glacial régnait dans ce local. Après trois à quatre minutes, le directeur avait demandé aux élèves de regagner leur classe respective. Il avait précisé que les professeurs allaient discuter à bâtons rompus du suicide des jeunes avec nous durant le reste de la matinée et l’après-midi s’il le fallait. Puis il avait ajouté que si certains voulaient une aide psychologique, qu’il allait faire appel à la psy de service pour l’école.
Je ne parvenais pas à me reprendre. Je m’en voulais de ne pas avoir forcé Jean à me suivre le dimanche soir pour attendre avec lui mes parents à leur retour de week-end.
Amandine et Joseph étaient restés près de moi. Ils savaient que cette mauvaise nouvelle m’affectait au plus haut point. Ils étaient au courant du week-end passé avec Jean. Nous étions des copains, nous étions des « amis » mais nous étions très tristes, oui très tristes. Jacques n’était plus là, Jean n’était plus là non plus, nous n’étions plus que trois amis sur cinq. J’étais dévasté. C’est la prof de géo qui était prévue pour donner cours. Elle était aussi très émue. Puis la discussion avait démarré, certains élèves posaient des questions. Puis on avait parlé du mal être, d’autres maladies qui pouvaient avoir une influences sur le comportement et puis un autre élève avait soulevé le problème de la maltraitance, c’était trop dur pour moi. Je m’étais remis à pleurer. Puis un autre avait soulevé le respect des autres en parlant de religion, de volontés familiales, d’autres choses sans rapport et ensuite de non-acceptation de l’homosexualité de la part des parents. Ces paroles m’avaient anéanti. Je n’en pouvais plus. Je m’étais levé, Amandine m’avait suivi mais je m’étais étalé sur le sol. J’étais dévasté. Finalement la prof avait fait appel au préfet, qui appela à maman pour qu’elle vienne me récupérer.
J’étais rentré à la maison en compagnie de mon amie Amandine. Il était temps, car je crois que j’aurai péter les plombs. Les cours ayant été suspendus pour les terminales.
Une fois que le médecin de famille ait eu quitté la maison, je m’étais un peu assoupi. Maman voulait que mon amie Amandine puisse rentrer chez elle, mais elle avait voulu rester auprès de moi.
Enfin vers midi, j’avais repris du poil de la bête. J’allais un peu mieux. Amandine était toujours auprès de moi. Ayant une confiance absolue en elle, je lui avais raconté tout ce que je savais à propos de Jean. J’avais parlé du dernier week-end avec lui. Je n’avais pas passé sous silence nos ébats dans mon lit. Amandine était ouverte d’esprit et je savais qu’elle ne me ferait pas de reproche. Elle avait compris que j’avais tenté d’aider Jean, mais que je ne pouvais pas me mettre à sa place pour changer les choses. Amandine savait très bien ce que j’avais vécu lorsque mon propre père avait pété les plombs envers moi. Amandine comprenait ce que je venais de revivre au travers de la tragique histoire de Jean.
C’était maman qui nous avait rappelé de venir manger un morceau, il était déjà treize heurtes.
J’étais à table en compagnie d’Amandine et de maman. Je m’étais servi très peu, je n’avais pas faim. Puis je repensais à ce que Jean m’avait dit, qu’il n’avait pas eu à manger chez lui, je m’étais remis à pleurer. Je n’avais pu avaler aucune bouchée. J’étais écœuré, j’étais très mal, j’avais la boule au ventre, mais comment peut-on, en tant que parents, priver son enfant et lui refuser à manger. Je n’en pouvais plus, j’avais la rage. Amandine ne parvenait pas elle aussi à manger. Finalement nous nous étions excusés auprès de maman, mais nous n’aurions pas pu manger.
Amandine était rentrée chez elle. J’étais resté près de maman. Je m’étais mis dans le divan. Puis je me suis endormi. C’est vers seize heures que maman m’a réveillé. J’avais faim et il fallait quand même bien que mange un petit quelque chose. Maman m’avait alors préparé un sandwich jambon-fromage. Je l’avais mangé mais presqu’à contre cœur.
Papa était rentré un peu plus tôt qu’à l’accoutumé. J’étais resté près de maman pour ne pas être seul dans ma chambre à broyer du noir. Papa s’était assis à côté de moi. Puis il m’avait pris les mains dans les siennes. Papa me disait alors qu’il était allé voir les policiers pour leurs expliquer ce que Jean vivait, en fonction de ce qu’il m’avait dit. Un policier devait donc passer à la maison en soirée pour prendre ma déposition. Papa ajoutait que les policiers avaient des doutes quant à comportement du père de Jean.
Vers 18 heures 30, un policier en civil s’était présenté à la maison. Il m’avait demandé de lui raconter ce que je savais et bien entendu de rapporter ce que Jean m’avait confié. J’avais donc tout expliqué. J’avais des difficultés parfois à finir mes phrases, j’avais des sanglots dans la voix. A la fin de l’entretien, j’avais les larmes aux yeux. Ce policier m’a dit que j’avais fait ce que je pouvais à mon âge et que je ne devais pas culpabiliser. N’empêche que j’en étais tout retourné.
Delphine ayant appris ce qui s’était passé, était venue passer la soirée auprès de nous avec son amie Stéphanie. Elles ne pouvaient pas comprendre, elles aussi, comment des parents pouvaient se conduire comme ceux de Jean. Bref nous avions changé de sujet de conversation. Stéphanie m’avait dit que Julien lui avait raconté qu’il m’avait vu à la piscine avec un autre jeune. Je lui avais répondu que j’étais justement avec Jean ce jour-là. Stéphanie s’excusait une nouvelle fois de me rappeler ce genre de souvenir avec Jean.
Finalement les deux filles étaient restées loger.
J’étais arrivé au bahut et j’attendais sous le préau. Amandine est alors arrivée en compagnie de Joseph. Je leur avais expliqué la venue d’un policier à la maison en vue de savoir ce qui s’était passé avec Jean. Bref nous étions tous les trois encore sous le choc. Nous n’allions plus voir Jean.
Les cours s’étaient déroulés normalement. Mais personne en classe n’était concentré sur le cours. Le prof de math qui donnait les deux dernières heures de la journée avait très bien vu qu’aucun élève n’était à son affaire et soit à même de suivre le cours. Finalement il avait décidé de ne pas donner cours mais bien de nous laisser librement la parole. Nous avions parlé de pas mal de choses et entre autres du suicide des jeunes. Juste avant la fin du « cours » Amandine avait demandé qui d’entre nous serait intéressé d’aller aux obsèques de Jean. Tous les élèves avaient répondu qu’ils souhaitaient y participer. Le prof avait alors dit qu’il allait en aviser la direction. Amandine suggérait aussi de se cotiser pour une gerbe de fleurs. Tous avaient répondu par l’affirmative.
Les obsèques de Jean avaient lieu ce vendredi à 10 heures. Toute la classe avait eu m’autorisation d’y assister et nous étions accompagné du prof de math. Nous étions tous venus une bonne demi-heure plus tôt pour être certains d’avoir de la place dans l’église. Maman avait aussi prévu d’assister à la cérémonie. Elle s’était mise au fond de l’église. Nous en avions discuté à la maison et comme elle savait ce qu’il avait subi, elle voulait témoigner de sa solidarité. Le corbillard était arrivé quelques minutes avant l’heure. Puis en voyant le cercueil de Jean pénétrer dans l’église et remonter l’allée, tous nous étions en pleurs. Seule la maman suivait le cercueil avec les quelques membres très éloignés de la famille. Jean m’avait dit qu’il ne se connaissait pas d’oncle ni de tante dans les deux lignées familiales. Dans les travées de l’église nous entendions des gens dirent que le père de Jean avait été incarcéré pour violence et abstention coupable. La maman quant à elle avait été laissée en liberté.
La cérémonie avait été très sobre. Elle était aussi très poignante malgré l’ambiance très pesante qui régnait. J’étais mal, Amandine qui était à mes côtés voyait bien que je n’allais pas bien. D’un coup se me suis senti mal, mes jambes ne parvenaient plus à me soutenir. Amandine et Joseph m’avait soutenu. Le prof math, voyant que je m’étais évanoui, avait donné un coup de main à Amandine et à Joseph pour me faire sortir de l’église en vue de prendre un grand bol d’air. Maman ayant vu qu’on m’aidait à sortir s’était elle aussi précipitée vers moi.
Quelques minutes après j’avais retrouvé mes esprits. J’étais à nouveau rentré dans l’église et j’étais resté auprès de maman. Amandine et Joseph avaient quant à eux rejoint le reste de la classe.
L’après-midi, alors que nous étions retournés à l’école, nous avions cours avec les profs de morale et de religion. Je savais que certains élèves athées avaient souhaité nous accompagner pour rendre un dernier hommage à Jean. Ce fut l’occasion de discuter sur la mort, sur l’au-delà, la vie après la mort, … etc. Lors de cet échange je m’étais excusé d’avoir eu un moment de faiblesse. Les élèves avaient dit qu’ils comprenaient très bien que l’émotion étant très forte, que je me sois évanoui. J’avais alors ajouté que Jean avait passé le dernier week-end avec moi et que sa disparition m’avait très fort marqué. Les élèves qui n’étaient pas au courant de cette information avaient alors très bien compris. Amandine ajouta alors que Jean était parti tragiquement et que mon ami Jacques avait quitté le pays pour aller au Canada avec sa famille. De ce fait j’en étais assez affecté.
Les deux professeurs avaient alors axé la discussion sur l’amitié et la camaraderie. Nous avions parlé de nos amis, de nos ennemis aussi, et l’un d’eux avait parlé de la relation que j’avais eu avec Jacques. Ce n’était pas méchamment qu’il avait soulevé cette relation, mais seulement pour apporter un exemple. J’avais alors pris la parole pour dire que j’étais effectivement très affecté par le départ de Jacques et que la disparition de Jean c’était trop pour moi.
Les congés de carnaval débutaient. Je n’avais rien prévu, j’étais nerveusement à bout. Je n’avais qu’une envie c’était de dormir. Je m’étais levé vers onze heures ce premier jour de congé. J’errais dans la maison tel un zombie. Je n’avais gout à rien. Maman m’avait trouvé à seize heures assis dans un fauteuil du salon, sans musique, sans télévision, comme ça, l’air amorphe. Elle voyait très bien que je n’allais pas bien.
Delphine était partie étudier chez Stéphanie et j’étais donc seul à la maison avec mes parents. Que faire durant toute une semaine sans but, sans amis, avec le cœur gros d’avoir perdu son amour et d’avoir perdu un ami. Cela faisait deux personnes qui en l’espace d’un mois avait quitté ma vie.
Maman avait téléphoné chez Amandine, mon amie et confidente de classe, mais la maman de cette dernière avait expliqué qu’elle était partie chez une cousine pour la semaine de congé. Maman ne savait plus à quel saint se vouer. Au soir papa était revenu du travail, car il avait des dossiers à clôturer, et lui aussi dès le premier regard avait vu que je n’allais pas bien. Je sais qu’il en avait parlé avec maman dans la cuisine, mais je n’entendais rien et j’étais de toute façon dans ma bulle.
J’étais passé à table pour le repas, mais je n’avais pas faim, je n’avais rien avalé de toute la journée. C’est maman qui m’avait forcé à manger une demi-assiette. Ne voulant pas tout laisser à maman, je l’avais aidée à débarrasser la table et à mettre le tout au lave-vaisselle. Ensuite j’étais monté dans ma chambre où j’avais mis un disque de Simon and Garfunkel.
Le dimanche matin c’est papa qui était venu me réveiller. Il était déjà neuf heures trente. Il m’avait dit de me lever, de me doucher pour venir ensuite prendre le petit-déjeuner. J’avais exécuté les désirs de papa. Une fois le petit-déjeuner terminé, papa m’a demandé d’aller avec lui faire une balade en forêt, question de s’aérer et de parler entre hommes.
Nous étions partis faire cette balade dans la forêt, soit en forêt de Soignes. Nous étions à deux, père et fils réunis. Après une bonne demi-heure, papa s’était assis sur un banc le long de la drève du Caporal. Puis en me prenant les mains, papa m’avait dit :
Papa : Phil, mon fils. Je sais que tu es très mal à la suite du décès de ton ami Jean. Je sais d’autant mieux que toi aussi tu as souffert, je t’ai fait souffrir. Il faut que tu t’accroches, que tu puisses exprimer ta douleur. Tu sais Phil, je suis là pour toi et, je ne le dis pas assez, je t’aime Phil !
Moi : Oui papa je sais que tu m’aimes. Tu sais j’ai eu tellement mal quand j’ai appris que Jean avait été battu par son père homophobe. Oui, je venais d’apprendre le week-end avant son sui … suicide, qu’il était gay. Alors ça m’a rappelé beaucoup de choses négatives.
Papa : Je m’en doute mon grand, mais c’est fini, tu sais que tu peux compter sur moi et sur ta maman. Toute la famille t’aime, nous t’aimons tel que tu es, ne l’oublie jamais !
Moi : Oui je sais papa que vous m’aimez tous et ça me fait chaud au cœur. Je te promets que je te parlerai dès que j’ai quelque chose qui me chagrine ou qui me fait mal. Tu sais que Jacques me manque énormément, je me sens très seul sans lui.
Papa : Je me doute bien que Jacques te manque si fort. Je souhaite que vous puissiez être toujours unis, malgré l’éloignement. Puis si vous deviez ne plus vous voir, sache que vous avez le droit d’être heureux et vous avez le droit de vivre ; ne l’oublie jamais. Viens dans mes bras mon grand.
Nous nous étions étreints quelques minutes. On s’en foutait des gens qui passaient, nous étions bien, je me sentais déjà mieux, j’étais rassuré dans les bras de mon papa. Je lui avais glissé dans l’oreille : « Je t’aime papa. ». Bien entendu il m’avait répondu : « Je t’aime mon fils. ». Nous avions repris le chemin de la maison en prenant la drève de Lorraine et la drève des Renards. Tout au long du chemin nous parlions ouvertement de tout et de rien. J’avais dit à papa que j’allais faire tout mon possible pour réussir ma dernière année d’humanité avec de très bons résultats.
Une fois arrivé à la maison nous avions donné un coup de main à maman pour la préparation du repas. J’en avais profité, alors que j’étais seul avec maman pour lui dire aussi que je l’aimais. Nous nous étions fait un gros câlin.
Maman me donna alors une lettre que le facteur avait déposée dans la boîte durant la matinée. C’était une lettre de Jacques. J’étais monté dans ma chambre pour la lire. Une fois décachetée, j’avais pu lire que Jacques allait mieux. Les deux gars homophobes avaient été exclus de l’école sans plus jamais espérer y revenir, ils s’en étaient pris à deux autres jeunes du bahut. Jacques m’expliquait qu’il avait fait la connaissance d’une française assez sympathique et d’un autre belge prénommé Marc. Il expliquait qu’ils s’étaient rencontrés dans une salle de sport de la localité et qu’ils avaient fait des exercices ensemble. Ils se voyaient deux fois par semaine. Pour le reste, le boulot de père était semble-t-il génial et que son père se plaisait très bien là-bas. Alexis s’était fait de nouveaux copains lui aussi.
Quand papa fut rentré, je lui avais également fait part de ce que j’avais appris sur la façon dont Jean avait été traité par ses parents. J’avais aussi dit que je lui avais remis une carte de visite du centre d’aide aux homosexuels. Papa m’a dit que j’avais très bien fait mais que je n’aurai pas pu faire mieux !
Après le repas du soir, j’avais aidé maman pour la vaisselle, puis j’étais monté dans ma chambre pour faire mes devoirs et étudier mes cours.
J’avais pris ma douche et je m’étais couché tout en pensant à Jean. J’avais eu du mal à m’endormir, ne sachant pas comment il allait.
Bip, bip, bip, c’était l’heure de se lever, il était sept heures. Je m’étais levé très vite, j’avais pris avec moi mon sac de cours et une tartine que je mangerais en route. Je voulais me rendre chez Jean pour l’accompagner jusqu’à l’école. Je ne sais pas, j’avais une certaine appréhension, j’avais l’intuition qu’il se passait ou qu’il s’était passé quelque chose, je devais voir Jean, c’était impératif dans ma tête.
Une fois arrivé devant chez lui, il y avait une voiture de police et un corbillard. Je m’étais approché et j’avais pu voir la maman de Jean en pleurs. J’avais eu un coup au cœur, il n’y avait qu’une seule chose que me sautait à l’esprit, c’était Jean qui avait commis l’irréparable. J’étais mal, de plus en plus mal. Puis c’est un policier, qui se trouvait à proximité, qui voyant que j’hésitais, que j’étais blême, s’était approché de moi pour savoir ce que je voulais. Je lui avais dit que j’étais un copain de classe de Jean et que je venais le chercher pour aller à l’école.
Le policier m’a demandé de venir avec lui dans la camionnette de police car il devait me demander quelques renseignements. Une fois assis, ce policier m’a dit que Jean était mort, qu’il s’était donné la mort en se pendant dans la cage d’escalier ! J’étais devenu encore plus blême, je ne savais plus dire un mot, puis d’un coup mon visage s’était inondé de larmes. J’étais comme pétrifié sur place, j’étais anéanti, j’étais perdu. Je m’en voulais de ne pas avoir pu aider mon ami Jean, j’étais dévasté. Jean avait 17 ans et demi et il était dans un cercueil, dans le cercueil qu’on mettait à l’instant dans le corbillard.
Le policier a pu avoir le numéro de téléphone de la maison, il était inscrit dans mon journal de classe. C’est maman qui avait répondu à l’appel. Finalement c’est papa qui était venu me reprendre. Je n’avais plus dit un seul mot depuis l’annonce de cette terrible nouvelle.
Papa voulait me ramener à la maison mais je ne voulais pas, je lui avais fait comprendre que je voulais aller à l’école et être auprès de mes copains de classe.
Papa m’avait conduit à l’école, pour que je puisse rejoindre mes amis et bien entendu avertir du décès de Jean. Comme c’était l’heure de la récréation, j’avais rejoint Amandine et Joseph. Dès qu’ils me virent arriver le visage défait et des larmes sur les joues, ils avaient directement compris qu’il y avait eu quelque chose de grave qui s’était produit. J’avais seulement pu prononcer le mot « Jean ». Amandine s’était effondrée en larmes, Joseph ne disait rien mais j’avais bien vu qu’il n’était pas bien lui non plus. Je n’arrêtais pas de pleurer. Comme il y avait la reprise des cours à dix heures vingt, c’est le directeur qui avait réuni tous les élèves de dernière année dans la salle de gym. Certains élèves avaient bien remarqué que nous étions tous les trois en pleurs, ils se posaient des questions ; ils allaient avoir les explications voulues.
Au moment où le directeur annonçait le décès de Jean, il y avait eu comme un froid sibérien qui s’était abattu dans la salle de gym. D’autres élèves s’étaient mis à pleurer. Pas un mot, le silence glacial régnait dans ce local. Après trois à quatre minutes, le directeur avait demandé aux élèves de regagner leur classe respective. Il avait précisé que les professeurs allaient discuter à bâtons rompus du suicide des jeunes avec nous durant le reste de la matinée et l’après-midi s’il le fallait. Puis il avait ajouté que si certains voulaient une aide psychologique, qu’il allait faire appel à la psy de service pour l’école.
Je ne parvenais pas à me reprendre. Je m’en voulais de ne pas avoir forcé Jean à me suivre le dimanche soir pour attendre avec lui mes parents à leur retour de week-end.
Amandine et Joseph étaient restés près de moi. Ils savaient que cette mauvaise nouvelle m’affectait au plus haut point. Ils étaient au courant du week-end passé avec Jean. Nous étions des copains, nous étions des « amis » mais nous étions très tristes, oui très tristes. Jacques n’était plus là, Jean n’était plus là non plus, nous n’étions plus que trois amis sur cinq. J’étais dévasté. C’est la prof de géo qui était prévue pour donner cours. Elle était aussi très émue. Puis la discussion avait démarré, certains élèves posaient des questions. Puis on avait parlé du mal être, d’autres maladies qui pouvaient avoir une influences sur le comportement et puis un autre élève avait soulevé le problème de la maltraitance, c’était trop dur pour moi. Je m’étais remis à pleurer. Puis un autre avait soulevé le respect des autres en parlant de religion, de volontés familiales, d’autres choses sans rapport et ensuite de non-acceptation de l’homosexualité de la part des parents. Ces paroles m’avaient anéanti. Je n’en pouvais plus. Je m’étais levé, Amandine m’avait suivi mais je m’étais étalé sur le sol. J’étais dévasté. Finalement la prof avait fait appel au préfet, qui appela à maman pour qu’elle vienne me récupérer.
J’étais rentré à la maison en compagnie de mon amie Amandine. Il était temps, car je crois que j’aurai péter les plombs. Les cours ayant été suspendus pour les terminales.
Une fois que le médecin de famille ait eu quitté la maison, je m’étais un peu assoupi. Maman voulait que mon amie Amandine puisse rentrer chez elle, mais elle avait voulu rester auprès de moi.
Enfin vers midi, j’avais repris du poil de la bête. J’allais un peu mieux. Amandine était toujours auprès de moi. Ayant une confiance absolue en elle, je lui avais raconté tout ce que je savais à propos de Jean. J’avais parlé du dernier week-end avec lui. Je n’avais pas passé sous silence nos ébats dans mon lit. Amandine était ouverte d’esprit et je savais qu’elle ne me ferait pas de reproche. Elle avait compris que j’avais tenté d’aider Jean, mais que je ne pouvais pas me mettre à sa place pour changer les choses. Amandine savait très bien ce que j’avais vécu lorsque mon propre père avait pété les plombs envers moi. Amandine comprenait ce que je venais de revivre au travers de la tragique histoire de Jean.
C’était maman qui nous avait rappelé de venir manger un morceau, il était déjà treize heurtes.
J’étais à table en compagnie d’Amandine et de maman. Je m’étais servi très peu, je n’avais pas faim. Puis je repensais à ce que Jean m’avait dit, qu’il n’avait pas eu à manger chez lui, je m’étais remis à pleurer. Je n’avais pu avaler aucune bouchée. J’étais écœuré, j’étais très mal, j’avais la boule au ventre, mais comment peut-on, en tant que parents, priver son enfant et lui refuser à manger. Je n’en pouvais plus, j’avais la rage. Amandine ne parvenait pas elle aussi à manger. Finalement nous nous étions excusés auprès de maman, mais nous n’aurions pas pu manger.
Amandine était rentrée chez elle. J’étais resté près de maman. Je m’étais mis dans le divan. Puis je me suis endormi. C’est vers seize heures que maman m’a réveillé. J’avais faim et il fallait quand même bien que mange un petit quelque chose. Maman m’avait alors préparé un sandwich jambon-fromage. Je l’avais mangé mais presqu’à contre cœur.
Papa était rentré un peu plus tôt qu’à l’accoutumé. J’étais resté près de maman pour ne pas être seul dans ma chambre à broyer du noir. Papa s’était assis à côté de moi. Puis il m’avait pris les mains dans les siennes. Papa me disait alors qu’il était allé voir les policiers pour leurs expliquer ce que Jean vivait, en fonction de ce qu’il m’avait dit. Un policier devait donc passer à la maison en soirée pour prendre ma déposition. Papa ajoutait que les policiers avaient des doutes quant à comportement du père de Jean.
Vers 18 heures 30, un policier en civil s’était présenté à la maison. Il m’avait demandé de lui raconter ce que je savais et bien entendu de rapporter ce que Jean m’avait confié. J’avais donc tout expliqué. J’avais des difficultés parfois à finir mes phrases, j’avais des sanglots dans la voix. A la fin de l’entretien, j’avais les larmes aux yeux. Ce policier m’a dit que j’avais fait ce que je pouvais à mon âge et que je ne devais pas culpabiliser. N’empêche que j’en étais tout retourné.
Delphine ayant appris ce qui s’était passé, était venue passer la soirée auprès de nous avec son amie Stéphanie. Elles ne pouvaient pas comprendre, elles aussi, comment des parents pouvaient se conduire comme ceux de Jean. Bref nous avions changé de sujet de conversation. Stéphanie m’avait dit que Julien lui avait raconté qu’il m’avait vu à la piscine avec un autre jeune. Je lui avais répondu que j’étais justement avec Jean ce jour-là. Stéphanie s’excusait une nouvelle fois de me rappeler ce genre de souvenir avec Jean.
Finalement les deux filles étaient restées loger.
J’étais arrivé au bahut et j’attendais sous le préau. Amandine est alors arrivée en compagnie de Joseph. Je leur avais expliqué la venue d’un policier à la maison en vue de savoir ce qui s’était passé avec Jean. Bref nous étions tous les trois encore sous le choc. Nous n’allions plus voir Jean.
Les cours s’étaient déroulés normalement. Mais personne en classe n’était concentré sur le cours. Le prof de math qui donnait les deux dernières heures de la journée avait très bien vu qu’aucun élève n’était à son affaire et soit à même de suivre le cours. Finalement il avait décidé de ne pas donner cours mais bien de nous laisser librement la parole. Nous avions parlé de pas mal de choses et entre autres du suicide des jeunes. Juste avant la fin du « cours » Amandine avait demandé qui d’entre nous serait intéressé d’aller aux obsèques de Jean. Tous les élèves avaient répondu qu’ils souhaitaient y participer. Le prof avait alors dit qu’il allait en aviser la direction. Amandine suggérait aussi de se cotiser pour une gerbe de fleurs. Tous avaient répondu par l’affirmative.
Les obsèques de Jean avaient lieu ce vendredi à 10 heures. Toute la classe avait eu m’autorisation d’y assister et nous étions accompagné du prof de math. Nous étions tous venus une bonne demi-heure plus tôt pour être certains d’avoir de la place dans l’église. Maman avait aussi prévu d’assister à la cérémonie. Elle s’était mise au fond de l’église. Nous en avions discuté à la maison et comme elle savait ce qu’il avait subi, elle voulait témoigner de sa solidarité. Le corbillard était arrivé quelques minutes avant l’heure. Puis en voyant le cercueil de Jean pénétrer dans l’église et remonter l’allée, tous nous étions en pleurs. Seule la maman suivait le cercueil avec les quelques membres très éloignés de la famille. Jean m’avait dit qu’il ne se connaissait pas d’oncle ni de tante dans les deux lignées familiales. Dans les travées de l’église nous entendions des gens dirent que le père de Jean avait été incarcéré pour violence et abstention coupable. La maman quant à elle avait été laissée en liberté.
La cérémonie avait été très sobre. Elle était aussi très poignante malgré l’ambiance très pesante qui régnait. J’étais mal, Amandine qui était à mes côtés voyait bien que je n’allais pas bien. D’un coup se me suis senti mal, mes jambes ne parvenaient plus à me soutenir. Amandine et Joseph m’avait soutenu. Le prof math, voyant que je m’étais évanoui, avait donné un coup de main à Amandine et à Joseph pour me faire sortir de l’église en vue de prendre un grand bol d’air. Maman ayant vu qu’on m’aidait à sortir s’était elle aussi précipitée vers moi.
Quelques minutes après j’avais retrouvé mes esprits. J’étais à nouveau rentré dans l’église et j’étais resté auprès de maman. Amandine et Joseph avaient quant à eux rejoint le reste de la classe.
L’après-midi, alors que nous étions retournés à l’école, nous avions cours avec les profs de morale et de religion. Je savais que certains élèves athées avaient souhaité nous accompagner pour rendre un dernier hommage à Jean. Ce fut l’occasion de discuter sur la mort, sur l’au-delà, la vie après la mort, … etc. Lors de cet échange je m’étais excusé d’avoir eu un moment de faiblesse. Les élèves avaient dit qu’ils comprenaient très bien que l’émotion étant très forte, que je me sois évanoui. J’avais alors ajouté que Jean avait passé le dernier week-end avec moi et que sa disparition m’avait très fort marqué. Les élèves qui n’étaient pas au courant de cette information avaient alors très bien compris. Amandine ajouta alors que Jean était parti tragiquement et que mon ami Jacques avait quitté le pays pour aller au Canada avec sa famille. De ce fait j’en étais assez affecté.
Les deux professeurs avaient alors axé la discussion sur l’amitié et la camaraderie. Nous avions parlé de nos amis, de nos ennemis aussi, et l’un d’eux avait parlé de la relation que j’avais eu avec Jacques. Ce n’était pas méchamment qu’il avait soulevé cette relation, mais seulement pour apporter un exemple. J’avais alors pris la parole pour dire que j’étais effectivement très affecté par le départ de Jacques et que la disparition de Jean c’était trop pour moi.
Les congés de carnaval débutaient. Je n’avais rien prévu, j’étais nerveusement à bout. Je n’avais qu’une envie c’était de dormir. Je m’étais levé vers onze heures ce premier jour de congé. J’errais dans la maison tel un zombie. Je n’avais gout à rien. Maman m’avait trouvé à seize heures assis dans un fauteuil du salon, sans musique, sans télévision, comme ça, l’air amorphe. Elle voyait très bien que je n’allais pas bien.
Delphine était partie étudier chez Stéphanie et j’étais donc seul à la maison avec mes parents. Que faire durant toute une semaine sans but, sans amis, avec le cœur gros d’avoir perdu son amour et d’avoir perdu un ami. Cela faisait deux personnes qui en l’espace d’un mois avait quitté ma vie.
Maman avait téléphoné chez Amandine, mon amie et confidente de classe, mais la maman de cette dernière avait expliqué qu’elle était partie chez une cousine pour la semaine de congé. Maman ne savait plus à quel saint se vouer. Au soir papa était revenu du travail, car il avait des dossiers à clôturer, et lui aussi dès le premier regard avait vu que je n’allais pas bien. Je sais qu’il en avait parlé avec maman dans la cuisine, mais je n’entendais rien et j’étais de toute façon dans ma bulle.
J’étais passé à table pour le repas, mais je n’avais pas faim, je n’avais rien avalé de toute la journée. C’est maman qui m’avait forcé à manger une demi-assiette. Ne voulant pas tout laisser à maman, je l’avais aidée à débarrasser la table et à mettre le tout au lave-vaisselle. Ensuite j’étais monté dans ma chambre où j’avais mis un disque de Simon and Garfunkel.
Le dimanche matin c’est papa qui était venu me réveiller. Il était déjà neuf heures trente. Il m’avait dit de me lever, de me doucher pour venir ensuite prendre le petit-déjeuner. J’avais exécuté les désirs de papa. Une fois le petit-déjeuner terminé, papa m’a demandé d’aller avec lui faire une balade en forêt, question de s’aérer et de parler entre hommes.
Nous étions partis faire cette balade dans la forêt, soit en forêt de Soignes. Nous étions à deux, père et fils réunis. Après une bonne demi-heure, papa s’était assis sur un banc le long de la drève du Caporal. Puis en me prenant les mains, papa m’avait dit :
Papa : Phil, mon fils. Je sais que tu es très mal à la suite du décès de ton ami Jean. Je sais d’autant mieux que toi aussi tu as souffert, je t’ai fait souffrir. Il faut que tu t’accroches, que tu puisses exprimer ta douleur. Tu sais Phil, je suis là pour toi et, je ne le dis pas assez, je t’aime Phil !
Moi : Oui papa je sais que tu m’aimes. Tu sais j’ai eu tellement mal quand j’ai appris que Jean avait été battu par son père homophobe. Oui, je venais d’apprendre le week-end avant son sui … suicide, qu’il était gay. Alors ça m’a rappelé beaucoup de choses négatives.
Papa : Je m’en doute mon grand, mais c’est fini, tu sais que tu peux compter sur moi et sur ta maman. Toute la famille t’aime, nous t’aimons tel que tu es, ne l’oublie jamais !
Moi : Oui je sais papa que vous m’aimez tous et ça me fait chaud au cœur. Je te promets que je te parlerai dès que j’ai quelque chose qui me chagrine ou qui me fait mal. Tu sais que Jacques me manque énormément, je me sens très seul sans lui.
Papa : Je me doute bien que Jacques te manque si fort. Je souhaite que vous puissiez être toujours unis, malgré l’éloignement. Puis si vous deviez ne plus vous voir, sache que vous avez le droit d’être heureux et vous avez le droit de vivre ; ne l’oublie jamais. Viens dans mes bras mon grand.
Nous nous étions étreints quelques minutes. On s’en foutait des gens qui passaient, nous étions bien, je me sentais déjà mieux, j’étais rassuré dans les bras de mon papa. Je lui avais glissé dans l’oreille : « Je t’aime papa. ». Bien entendu il m’avait répondu : « Je t’aime mon fils. ». Nous avions repris le chemin de la maison en prenant la drève de Lorraine et la drève des Renards. Tout au long du chemin nous parlions ouvertement de tout et de rien. J’avais dit à papa que j’allais faire tout mon possible pour réussir ma dernière année d’humanité avec de très bons résultats.
Une fois arrivé à la maison nous avions donné un coup de main à maman pour la préparation du repas. J’en avais profité, alors que j’étais seul avec maman pour lui dire aussi que je l’aimais. Nous nous étions fait un gros câlin.