03-09-2020, 04:36 PM
2eme ANNÉE avant Pâques (deuxième partie) : (42 / 150) (Paris) (Sacha)
Le semi-remorque s’arrête sur une aire de parking en proche banlieue Parisienne, le chauffeur se tourne vers le jeune homme qu’il a pris en stop depuis la frontière espagnole en souriant devant son air avenant et sympathique.
- Te voilà arrivé mon gars !!
Sacha sourit en attrapant son sac sur la couchette arrière.
- Merci beaucoup pour m’avoir transporté jusqu’ici.
- Bah !! De rien, c’était avec plaisir et puis c’est toujours mieux de faire la route avec de la compagnie.
- Bonne continuation !!
- A toi aussi mon gars !!
Sacha descend et claque la portière pour la refermer, il fait signe de la main en guise d’adieu et regarde le semi repartir un sourire de satisfaction sur le visage.
Son voyage pour Paris aura mis plus de temps que par les transports plus conventionnels, mais lui aura permis d’arriver jusqu’ici dans le plus parfait incognito et c’est ce qu’il recherchait car il se doute bien que la DST doit être sur les dents avec l’épuration qu’ils ont mis en œuvre avec autant d’efficacité.
Prendre un Francilien pour rejoindre le centre de la capitale est pour lui un jeu d’enfants, une visite à une certaine consigne lui permet de récupérer quelques liasses de billets ainsi qu’une paire de clés avec l’adresse d’un appartement où il se rend sans tarder.
Le vaste deux-pièces sent le renfermé et son premier geste est d’ouvrir les fenêtres en grand pour aérer, les draps qui protègent les meubles sont vite repliés et le frigo rebranché après y avoir enlevé la cale qui gardait la porte ouverte.
Un inventaire rapide lui donne la liste de ses premiers achats indispensables et c’est avec le sourire qu’il repart faire ses courses tout en observant attentivement la faune humaine qui mène sa vie au quotidien sans se préoccuper le moins du monde de lui.
Il repère malgré tout quelques jeunes hommes intéressants ainsi que quelques coups d’œil portés sur lui qui amène un sourire de sa part en retour en attendant mieux.
Sacha a une brève pensée pour Antoine, pourquoi a-t-il fallu qu’il soit présent lors de l’appel et de plus qu’il en comprenne les grandes lignes ? Peut-être lui aurait-il laissé la vie sauve sinon parce qu’il doit bien reconnaître que ce magnifique garçon aux yeux si prenant, correspondait exactement à ses fantasmes les plus fous et que les quelques semaines qu’ils ont passées ensemble ont certainement été les plus belles de sa vie.
Il ne doute pas d’ici les prochains jours de trouver quelqu’un qui partagera de temps en temps son grand lit froid, mais il craint n’y prendre que beaucoup moins de plaisir maintenant qu’il aura toujours en comparaison le jeune et doux Antoine et les sentiments très forts qu’il éprouvait pour son geôlier.
Ce n’est qu’une fois de retour dans l’intimité de son appartement, qu’il se laisse aller à la colère sourde qu’il ressent contre lui et sa propension à tuer même ceux envers qui il éprouve des sentiments, ses parents ont été les premiers à subir son goût du meurtre alors qu’il n’avait que treize ans et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a été recruté dans cet établissement d’état où il a été formé à ce métier dont il excelle maintenant.
C’est aussi dans cette « école » spéciale qu’il a connu Stanislas, plus jeune d’un an que lui et qu’ils se sont pris d’amitié ainsi qu’avec quelques autres garçons et filles d’infortunes, devenus pour la plupart depuis lors des personnes à la formation pointue qu’Igor a placées comme des pions sur un jeu d’échecs en attente du moment où il serait à la tête de l’organisation.
Maintenant qu’il y est parvenu, ses pions commencent à bouger et la perte de Stanislas a sans doute été pour Igor un soufflet qu’il n’est pas près de pardonner, la preuve en est sa présence aujourd’hui à reprendre sa mission.
Sacha fini par se calmer, il fixe le plancher de la pièce à vivre, à la recherche d’un joint bien précis entre deux lames. Il finit par l’apercevoir et le soulève avec le dos d’une fourchette, un morceau s’ouvre comme un couvercle qu’il dépose près de lui.
Une petite cavité apparaît d’où il sort un paquet emballé dans un chiffon, il attrape ensuite l’enveloppe qui était placée dessous et referme la trappe avec soin.
Une fois assis à table, il déballe le chiffon contenant un pistolet automatique et plusieurs chargeurs couverts de graisse, l’heure qui suit passe au nettoyage minutieux de l’arme qu’il range ensuite dans un des tiroirs du meuble placé près de lui.
L’enveloppe contient quelques noms, adresses et recommandations qu’il apprend par cœur avant de détruire les documents. Un sourire lui est venu en lisant un des noms de la liste qui se trouve être justement un de ses anciens compagnons de l’école d’espionnage où il est resté jusqu’à sa majorité.
Ne lui reste plus qu’à acheter un téléphone pour pouvoir le contacter et le prévenir qu’il sera pour un temps sous ses ordres, ce qui ne devrait pas poser de problèmes bien au contraire étant donné l’amitié sincère qui les lie.
C’est donc avec un moral revenu au beau fixe que Sacha quitte une nouvelle fois l’appartement, il arrive devant un centre commercial après quelques minutes de marche et se rend directement vers le rayon téléphonie où il achète un kit rechargeable que le vendeur met en service après en avoir rempli les déclarations obligatoires.
Sitôt sorti du centre commercial, Sacha compose le numéro et attend que son correspondant décroche, tout excité de la surprise qu’il va faire à son copain.
2eme ANNÉE avant Pâques (deuxième partie) : (43 / 150) (Vendredi) (Paris) (Sacha) (fin)
« Commissariat Paris 10 »
- Lecœur !!! Chez le commissaire, il te demande !
- OK !! Tu sais ce qu’il me veut ?
- Aucune idée, juste que ça urge !!
- Ah !! D’accord !!
Maxence Lecœur, brigadier de police au commissariat du dixième arrondissement se lève de son bureau et monte l’escalier jusqu’à celui du commissaire en se demandant bien ce qu’il lui veut encore cette fois-ci.
« Toc ! Toc ! »
- Oui entrez !! Ah !! C’est vous brigadier !! Entrez et fermez la porte derrière vous !!
- Vous m’avez fait demander commissaire ?
- Oui !! C’est au sujet de votre équipier, il a demandé à ne plus faire équipe avec vous et ce n’est pas le premier avec qui ça arrive !! Qu’est-ce qu’il se passe donc avec vous ?
- Comment le saurais-je monsieur ?
- Vous n’en avez pas une petite idée ?
- Non !! Je ne vois vraiment pas !! Que dit-il lui pour justifier sa demande ?
- Justement il ne veut rien dire !! Juste qu’il souhaiterait ne plus faire équipe avec vous !! - Maintenant il y a certains bruits qui courent sur vous brigadier et je vous avouerai qu’ils ne me plaisent pas beaucoup, pour ne pas dire pas du tout et s’il s’avérait qu’ils soient confirmés, je vous mettrais à pied séance tenante.
- Je ne comprends pas monsieur, de quels bruits s’agit-il ?
- De votre brutalité ainsi qu’à des attouchements d’ordres sexuels sur certaines personnes pendant le service.
- Vous voulez parler des fouilles au corps lors de nos interventions dans certains quartiers chauds ? Ils ne sont absolument pas d’ordres sexuels mais simplement pour rechercher la drogue que cachent dans les endroits les moins avouables ses jeunes dealeurs, quant à ma brutalité, vous devez bien vous douter que ce n’est pas avec de la douceur que nous les ferons se tenir tranquille et obéir à nos injonctions de se rendre !!
- Hum !! C’est à cause justement de ce doute et de vos bons résultats que je vous laisse poursuivre, Je ne sais plus qui mettre avec vous car tous vos collègues sont unanimes et ne veulent plus entendre parler de travailler avec le brigadier Lecœur.
- Vous savez bien qu’il n’est pas possible d’aller seul dans ses quartiers commissaire ?
- Je vais voir ce que je peux faire, essayez de mettre un peu d’eau dans votre vin et en attendant vous garderez votre équipier actuel le temps que je lui trouve un remplaçant. Mais attention !! Je ne veux pas de brimades à son encontre c’est bien compris ?
- Tout cela n’est qu’un désagréable malentendu monsieur !!
- J’espère que vous dites vrai !! Vous pouvez disposer brigadier, je vous ferais rappeler dès que j’aurai trouvé quelqu’un qui accepte de faire équipe avec vous. Mais en attendant vous suspendez vos enquêtes de nuit c’est compris ?
- Entendu monsieur, mes respects !!
- C’est bon !! Disposez !!
Maxence sort du bureau et son visage change du tout au tout une fois seul dans le couloir, une fureur noire lui tire les traits qu’il tente de calmer en frappant rageusement le mur du couloir.
- Encore un de ses enfoirés qui a été se plaindre !! Bordel !!
Le son de sa voix le fait sursauter et comprendre qu’il doit rapidement retrouver son calme, il utilise une méthode apprise à cet effet qui aussitôt le détend et c’est un Maxence souriant qui se représente à son bureau devant le regard de ses collègues qui connaissent bien la raison de sa convocation et cherchent à discerner sur son visage des traces de son engueulade.
Ils en sont pour leurs frais car Maxence est redevenu lisse, rien ne pouvant démontrer une quelconque contrariété et ses collègues après quelques œillades surprises, reprennent leur travail sans plus faire attention à lui.
Au bout de quelques minutes et devant l’ambiance pesante du bureau, Maxence quitte son poste et sort dans la rue pour s’aérer la tête, c’est à ce moment précis que son portable sonne et qu’il décroche.
- Allô !!
-…
- Lui-même !!
-…
- Non !! J’y crois pas !! Tu es où là ?
-…
- Je connais oui !! Il y a longtemps que tu es arrivé ?
-…
- Je peux passer après mon service si tu veux ?
-…
- Je me doute bien Hi ! Hi ! Depuis le temps.
-…
- Entendu, disons d’ici deux bonnes heures chez toi ? Ça te va ?
-…
- Je suis trop content d’avoir de tes nouvelles tu sais ? Ça fait combien ? Six ans ?
-…
- Nous aurons le temps de reparler de cette époque Hi ! Hi !
-…
- OK !! À tout à l’heure mec !!
Maxence raccroche, un sourire jusqu’aux oreilles, cet appel lui a ôté tout le stress de la convocation avec le commissaire et lui remet du baume au cœur tout en lui faisant bien comprendre qu’il allait reprendre du service, ce qui d’ailleurs est loin de lui déplaire ayant été formé pour ça à l’origine.
Il revoit l’image de Sacha et ce dit que si lui est considéré comme brutal, il ne vaut mieux pas qu’ils fassent la connaissance de son ami alors !!
2eme ANNÉE avant Pâques (deuxième partie) : (44 / 150) (Vendredi) (Afrique)
« Neuf heures du matin, dispensaire »
Le père Antoine est déjà très occupé ce matin avec une famille venue de loin faire soigner leur petite dernière atteinte de la gale, le vieil homme se désespère qu’une telle maladie soit encore si présente sur ce continent alors que partout ailleurs ou presque elle n’est plus qu’un ancien souvenir.
Naomé arrive avec la bassine d’eau bouillante que lui a demandé de préparer le vieux père, il est comme depuis qu’il est arrivé au dispensaire, accompagné par « Kinou » qui la journée ne le lâche quasiment pas d’une semelle (s’il en avait) et le réconforte dès qu’il le sent triste d’être loin de son ami.
Le père Antoine sourit en le voyant porter bravement son lourd fardeau et lui montre où le poser pour qu’ensuite il puisse y baigner la fillette terrorisée tout comme ses parents et ses frères et sœurs par la vue de la panthère.
- Ne craignez rien, il ne vous fera aucun mal ! Merci Naomé, va rejoindre sœur Odile s’il te plaît, elle aura besoin d’aide pour le potager.
- Entendu mon père !
Il regarde s’éloigner le jeune homme avec tendresse, ce garçon qu’il ne connaissait que pour l’avoir vu de rares fois au village ne lui amène que de la joie et le vieil homme prie pour que sa tristesse finisse par disparaître dans l’oubli, comprenant bien que ce sera la seule façon pour lui de se reconstruire.
Sœur Odile le voit arriver avec plaisir, son aide est pour elle précieuse car ses vieux os n’arrivent plus comme avant à se baisser de longues heures pour ôter toutes ses mauvaises herbes qui étouffent ses légumes.
La gentillesse de ce garçon a très vite conquis la petite congrégation de sœurs, ses airs presque féminins ne faisant aucun doute pour ses braves femmes sur la raison de sa présence auprès d’elles et les sœurs le chouchoutent toutes comme le feraient des grands-mères pour un petit-fils.
Naomé le ressent bien et se sent heureux auprès d’elles, il peut tout à sa guise laisser sa vraie nature prendre le pas et ne s’en prive pas même si parfois il voit bien les petits sourires légèrement moqueurs qui s’échappent de leurs lèvres devant ses petits cris effarouchés à la moindre difficulté qu’il rencontre.
Naomé est dans le potager depuis un moment déjà quand une silhouette apparaît au loin venant de la jungle, « Kinou » pousse un feulement de plaisir et se précipite pour accueillir son ami.
Le cœur du jeune Massaï s’accélère quand il comprend que c’est celui qu’il aime le plus au monde qui vient leur rendre visite, son estomac se noue également par l’appréhension et sans en connaître véritablement la raison, il se baisse encore plus pour désherber le rang de tomates comme s’il souhaitait ne pas être vu par Taha.
Taha n’est pas dupe du manège de son ami car il a bien vu son regard porter dans sa direction, il comprend l’appréhension que peut avoir Naomé de ses retrouvailles après ce fameux soir où il lui a fait ses aveux avant de quitter la tribu.
Les cernes sur le visage de Taha ne déparent pas de ceux sur celui de son ami et prouvent que les deux garçons vivent difficilement cet éloignement, sœur Odile regarde leur manège avec émotion mais aussi un fort trouble en apercevant les traits tirés du nouvel arrivant.
Elle observe attentivement Naomé qui s’acharne avec ses mauvaises herbes, les yeux humides du chagrin qui une fois encore le reprend et voyant la direction que prend Taha, préfère retourner au dispensaire pour les laisser seuls.
Naomé respire bruyamment, haletant en appréhendant presque de se retrouver face à son ami, il sent son corps frémir et un long frisson le prendre quand deux mains douces le prennent par la taille et s’efforcent de le relever, ce qu’il fait en se retournant le visage en pleurs vers celui qui hante ses pensées jour et nuit.
Taha pendant toute la durée du trajet a tenté d’anticiper cette minute en se demandant ce qu’allait être exactement sa réaction face à son meilleur ami, toutes sortes d’idées lui sont passées par la tête, des plus dures à entendre aux plus raisonnées mais certainement pas celle qu’il a alors en découvrant toute la détresse de Naomé.
Ses lèvres viennent se poser tendrement sur les siennes et un long baiser s’en suit qui les rend tout tremblant de ce qu’il signifie, pour un n’osant croire à son bonheur et pour l’autre ne revenant pas d’une telle attitude de sa part allant à l’encontre de toutes ses décisions précédentes.
Taha se retrouve hébété après s’être séparé de quelques centimètres du visage de son ami qui le fixe d’un regard brillant d’espoir.
- Tu me manques trop Naomé !! Je n’en dors plus !!
- Toi aussi tu me manques Taha !! Tu ne peux t’imaginer à quel point !!
- Ce que nous faisons est une folie !
- C’est tellement bon alors d’être fou !
- Tu m’aimes vraiment alors ?
- Et comment que je t’aime !! Tu le sais très bien sinon tu ne serais pas là, mais toi ? Tu m’aimerais donc un peu toi aussi ?
- J’aime les filles « Nao » !! Tu dois l’accepter !!
Taha voit le visage de son ami s’assombrir.
- Mais je t’aime aussi et je ne veux pas te perdre.
Le semi-remorque s’arrête sur une aire de parking en proche banlieue Parisienne, le chauffeur se tourne vers le jeune homme qu’il a pris en stop depuis la frontière espagnole en souriant devant son air avenant et sympathique.
- Te voilà arrivé mon gars !!
Sacha sourit en attrapant son sac sur la couchette arrière.
- Merci beaucoup pour m’avoir transporté jusqu’ici.
- Bah !! De rien, c’était avec plaisir et puis c’est toujours mieux de faire la route avec de la compagnie.
- Bonne continuation !!
- A toi aussi mon gars !!
Sacha descend et claque la portière pour la refermer, il fait signe de la main en guise d’adieu et regarde le semi repartir un sourire de satisfaction sur le visage.
Son voyage pour Paris aura mis plus de temps que par les transports plus conventionnels, mais lui aura permis d’arriver jusqu’ici dans le plus parfait incognito et c’est ce qu’il recherchait car il se doute bien que la DST doit être sur les dents avec l’épuration qu’ils ont mis en œuvre avec autant d’efficacité.
Prendre un Francilien pour rejoindre le centre de la capitale est pour lui un jeu d’enfants, une visite à une certaine consigne lui permet de récupérer quelques liasses de billets ainsi qu’une paire de clés avec l’adresse d’un appartement où il se rend sans tarder.
Le vaste deux-pièces sent le renfermé et son premier geste est d’ouvrir les fenêtres en grand pour aérer, les draps qui protègent les meubles sont vite repliés et le frigo rebranché après y avoir enlevé la cale qui gardait la porte ouverte.
Un inventaire rapide lui donne la liste de ses premiers achats indispensables et c’est avec le sourire qu’il repart faire ses courses tout en observant attentivement la faune humaine qui mène sa vie au quotidien sans se préoccuper le moins du monde de lui.
Il repère malgré tout quelques jeunes hommes intéressants ainsi que quelques coups d’œil portés sur lui qui amène un sourire de sa part en retour en attendant mieux.
Sacha a une brève pensée pour Antoine, pourquoi a-t-il fallu qu’il soit présent lors de l’appel et de plus qu’il en comprenne les grandes lignes ? Peut-être lui aurait-il laissé la vie sauve sinon parce qu’il doit bien reconnaître que ce magnifique garçon aux yeux si prenant, correspondait exactement à ses fantasmes les plus fous et que les quelques semaines qu’ils ont passées ensemble ont certainement été les plus belles de sa vie.
Il ne doute pas d’ici les prochains jours de trouver quelqu’un qui partagera de temps en temps son grand lit froid, mais il craint n’y prendre que beaucoup moins de plaisir maintenant qu’il aura toujours en comparaison le jeune et doux Antoine et les sentiments très forts qu’il éprouvait pour son geôlier.
Ce n’est qu’une fois de retour dans l’intimité de son appartement, qu’il se laisse aller à la colère sourde qu’il ressent contre lui et sa propension à tuer même ceux envers qui il éprouve des sentiments, ses parents ont été les premiers à subir son goût du meurtre alors qu’il n’avait que treize ans et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a été recruté dans cet établissement d’état où il a été formé à ce métier dont il excelle maintenant.
C’est aussi dans cette « école » spéciale qu’il a connu Stanislas, plus jeune d’un an que lui et qu’ils se sont pris d’amitié ainsi qu’avec quelques autres garçons et filles d’infortunes, devenus pour la plupart depuis lors des personnes à la formation pointue qu’Igor a placées comme des pions sur un jeu d’échecs en attente du moment où il serait à la tête de l’organisation.
Maintenant qu’il y est parvenu, ses pions commencent à bouger et la perte de Stanislas a sans doute été pour Igor un soufflet qu’il n’est pas près de pardonner, la preuve en est sa présence aujourd’hui à reprendre sa mission.
Sacha fini par se calmer, il fixe le plancher de la pièce à vivre, à la recherche d’un joint bien précis entre deux lames. Il finit par l’apercevoir et le soulève avec le dos d’une fourchette, un morceau s’ouvre comme un couvercle qu’il dépose près de lui.
Une petite cavité apparaît d’où il sort un paquet emballé dans un chiffon, il attrape ensuite l’enveloppe qui était placée dessous et referme la trappe avec soin.
Une fois assis à table, il déballe le chiffon contenant un pistolet automatique et plusieurs chargeurs couverts de graisse, l’heure qui suit passe au nettoyage minutieux de l’arme qu’il range ensuite dans un des tiroirs du meuble placé près de lui.
L’enveloppe contient quelques noms, adresses et recommandations qu’il apprend par cœur avant de détruire les documents. Un sourire lui est venu en lisant un des noms de la liste qui se trouve être justement un de ses anciens compagnons de l’école d’espionnage où il est resté jusqu’à sa majorité.
Ne lui reste plus qu’à acheter un téléphone pour pouvoir le contacter et le prévenir qu’il sera pour un temps sous ses ordres, ce qui ne devrait pas poser de problèmes bien au contraire étant donné l’amitié sincère qui les lie.
C’est donc avec un moral revenu au beau fixe que Sacha quitte une nouvelle fois l’appartement, il arrive devant un centre commercial après quelques minutes de marche et se rend directement vers le rayon téléphonie où il achète un kit rechargeable que le vendeur met en service après en avoir rempli les déclarations obligatoires.
Sitôt sorti du centre commercial, Sacha compose le numéro et attend que son correspondant décroche, tout excité de la surprise qu’il va faire à son copain.
2eme ANNÉE avant Pâques (deuxième partie) : (43 / 150) (Vendredi) (Paris) (Sacha) (fin)
« Commissariat Paris 10 »
- Lecœur !!! Chez le commissaire, il te demande !
- OK !! Tu sais ce qu’il me veut ?
- Aucune idée, juste que ça urge !!
- Ah !! D’accord !!
Maxence Lecœur, brigadier de police au commissariat du dixième arrondissement se lève de son bureau et monte l’escalier jusqu’à celui du commissaire en se demandant bien ce qu’il lui veut encore cette fois-ci.
« Toc ! Toc ! »
- Oui entrez !! Ah !! C’est vous brigadier !! Entrez et fermez la porte derrière vous !!
- Vous m’avez fait demander commissaire ?
- Oui !! C’est au sujet de votre équipier, il a demandé à ne plus faire équipe avec vous et ce n’est pas le premier avec qui ça arrive !! Qu’est-ce qu’il se passe donc avec vous ?
- Comment le saurais-je monsieur ?
- Vous n’en avez pas une petite idée ?
- Non !! Je ne vois vraiment pas !! Que dit-il lui pour justifier sa demande ?
- Justement il ne veut rien dire !! Juste qu’il souhaiterait ne plus faire équipe avec vous !! - Maintenant il y a certains bruits qui courent sur vous brigadier et je vous avouerai qu’ils ne me plaisent pas beaucoup, pour ne pas dire pas du tout et s’il s’avérait qu’ils soient confirmés, je vous mettrais à pied séance tenante.
- Je ne comprends pas monsieur, de quels bruits s’agit-il ?
- De votre brutalité ainsi qu’à des attouchements d’ordres sexuels sur certaines personnes pendant le service.
- Vous voulez parler des fouilles au corps lors de nos interventions dans certains quartiers chauds ? Ils ne sont absolument pas d’ordres sexuels mais simplement pour rechercher la drogue que cachent dans les endroits les moins avouables ses jeunes dealeurs, quant à ma brutalité, vous devez bien vous douter que ce n’est pas avec de la douceur que nous les ferons se tenir tranquille et obéir à nos injonctions de se rendre !!
- Hum !! C’est à cause justement de ce doute et de vos bons résultats que je vous laisse poursuivre, Je ne sais plus qui mettre avec vous car tous vos collègues sont unanimes et ne veulent plus entendre parler de travailler avec le brigadier Lecœur.
- Vous savez bien qu’il n’est pas possible d’aller seul dans ses quartiers commissaire ?
- Je vais voir ce que je peux faire, essayez de mettre un peu d’eau dans votre vin et en attendant vous garderez votre équipier actuel le temps que je lui trouve un remplaçant. Mais attention !! Je ne veux pas de brimades à son encontre c’est bien compris ?
- Tout cela n’est qu’un désagréable malentendu monsieur !!
- J’espère que vous dites vrai !! Vous pouvez disposer brigadier, je vous ferais rappeler dès que j’aurai trouvé quelqu’un qui accepte de faire équipe avec vous. Mais en attendant vous suspendez vos enquêtes de nuit c’est compris ?
- Entendu monsieur, mes respects !!
- C’est bon !! Disposez !!
Maxence sort du bureau et son visage change du tout au tout une fois seul dans le couloir, une fureur noire lui tire les traits qu’il tente de calmer en frappant rageusement le mur du couloir.
- Encore un de ses enfoirés qui a été se plaindre !! Bordel !!
Le son de sa voix le fait sursauter et comprendre qu’il doit rapidement retrouver son calme, il utilise une méthode apprise à cet effet qui aussitôt le détend et c’est un Maxence souriant qui se représente à son bureau devant le regard de ses collègues qui connaissent bien la raison de sa convocation et cherchent à discerner sur son visage des traces de son engueulade.
Ils en sont pour leurs frais car Maxence est redevenu lisse, rien ne pouvant démontrer une quelconque contrariété et ses collègues après quelques œillades surprises, reprennent leur travail sans plus faire attention à lui.
Au bout de quelques minutes et devant l’ambiance pesante du bureau, Maxence quitte son poste et sort dans la rue pour s’aérer la tête, c’est à ce moment précis que son portable sonne et qu’il décroche.
- Allô !!
-…
- Lui-même !!
-…
- Non !! J’y crois pas !! Tu es où là ?
-…
- Je connais oui !! Il y a longtemps que tu es arrivé ?
-…
- Je peux passer après mon service si tu veux ?
-…
- Je me doute bien Hi ! Hi ! Depuis le temps.
-…
- Entendu, disons d’ici deux bonnes heures chez toi ? Ça te va ?
-…
- Je suis trop content d’avoir de tes nouvelles tu sais ? Ça fait combien ? Six ans ?
-…
- Nous aurons le temps de reparler de cette époque Hi ! Hi !
-…
- OK !! À tout à l’heure mec !!
Maxence raccroche, un sourire jusqu’aux oreilles, cet appel lui a ôté tout le stress de la convocation avec le commissaire et lui remet du baume au cœur tout en lui faisant bien comprendre qu’il allait reprendre du service, ce qui d’ailleurs est loin de lui déplaire ayant été formé pour ça à l’origine.
Il revoit l’image de Sacha et ce dit que si lui est considéré comme brutal, il ne vaut mieux pas qu’ils fassent la connaissance de son ami alors !!
2eme ANNÉE avant Pâques (deuxième partie) : (44 / 150) (Vendredi) (Afrique)
« Neuf heures du matin, dispensaire »
Le père Antoine est déjà très occupé ce matin avec une famille venue de loin faire soigner leur petite dernière atteinte de la gale, le vieil homme se désespère qu’une telle maladie soit encore si présente sur ce continent alors que partout ailleurs ou presque elle n’est plus qu’un ancien souvenir.
Naomé arrive avec la bassine d’eau bouillante que lui a demandé de préparer le vieux père, il est comme depuis qu’il est arrivé au dispensaire, accompagné par « Kinou » qui la journée ne le lâche quasiment pas d’une semelle (s’il en avait) et le réconforte dès qu’il le sent triste d’être loin de son ami.
Le père Antoine sourit en le voyant porter bravement son lourd fardeau et lui montre où le poser pour qu’ensuite il puisse y baigner la fillette terrorisée tout comme ses parents et ses frères et sœurs par la vue de la panthère.
- Ne craignez rien, il ne vous fera aucun mal ! Merci Naomé, va rejoindre sœur Odile s’il te plaît, elle aura besoin d’aide pour le potager.
- Entendu mon père !
Il regarde s’éloigner le jeune homme avec tendresse, ce garçon qu’il ne connaissait que pour l’avoir vu de rares fois au village ne lui amène que de la joie et le vieil homme prie pour que sa tristesse finisse par disparaître dans l’oubli, comprenant bien que ce sera la seule façon pour lui de se reconstruire.
Sœur Odile le voit arriver avec plaisir, son aide est pour elle précieuse car ses vieux os n’arrivent plus comme avant à se baisser de longues heures pour ôter toutes ses mauvaises herbes qui étouffent ses légumes.
La gentillesse de ce garçon a très vite conquis la petite congrégation de sœurs, ses airs presque féminins ne faisant aucun doute pour ses braves femmes sur la raison de sa présence auprès d’elles et les sœurs le chouchoutent toutes comme le feraient des grands-mères pour un petit-fils.
Naomé le ressent bien et se sent heureux auprès d’elles, il peut tout à sa guise laisser sa vraie nature prendre le pas et ne s’en prive pas même si parfois il voit bien les petits sourires légèrement moqueurs qui s’échappent de leurs lèvres devant ses petits cris effarouchés à la moindre difficulté qu’il rencontre.
Naomé est dans le potager depuis un moment déjà quand une silhouette apparaît au loin venant de la jungle, « Kinou » pousse un feulement de plaisir et se précipite pour accueillir son ami.
Le cœur du jeune Massaï s’accélère quand il comprend que c’est celui qu’il aime le plus au monde qui vient leur rendre visite, son estomac se noue également par l’appréhension et sans en connaître véritablement la raison, il se baisse encore plus pour désherber le rang de tomates comme s’il souhaitait ne pas être vu par Taha.
Taha n’est pas dupe du manège de son ami car il a bien vu son regard porter dans sa direction, il comprend l’appréhension que peut avoir Naomé de ses retrouvailles après ce fameux soir où il lui a fait ses aveux avant de quitter la tribu.
Les cernes sur le visage de Taha ne déparent pas de ceux sur celui de son ami et prouvent que les deux garçons vivent difficilement cet éloignement, sœur Odile regarde leur manège avec émotion mais aussi un fort trouble en apercevant les traits tirés du nouvel arrivant.
Elle observe attentivement Naomé qui s’acharne avec ses mauvaises herbes, les yeux humides du chagrin qui une fois encore le reprend et voyant la direction que prend Taha, préfère retourner au dispensaire pour les laisser seuls.
Naomé respire bruyamment, haletant en appréhendant presque de se retrouver face à son ami, il sent son corps frémir et un long frisson le prendre quand deux mains douces le prennent par la taille et s’efforcent de le relever, ce qu’il fait en se retournant le visage en pleurs vers celui qui hante ses pensées jour et nuit.
Taha pendant toute la durée du trajet a tenté d’anticiper cette minute en se demandant ce qu’allait être exactement sa réaction face à son meilleur ami, toutes sortes d’idées lui sont passées par la tête, des plus dures à entendre aux plus raisonnées mais certainement pas celle qu’il a alors en découvrant toute la détresse de Naomé.
Ses lèvres viennent se poser tendrement sur les siennes et un long baiser s’en suit qui les rend tout tremblant de ce qu’il signifie, pour un n’osant croire à son bonheur et pour l’autre ne revenant pas d’une telle attitude de sa part allant à l’encontre de toutes ses décisions précédentes.
Taha se retrouve hébété après s’être séparé de quelques centimètres du visage de son ami qui le fixe d’un regard brillant d’espoir.
- Tu me manques trop Naomé !! Je n’en dors plus !!
- Toi aussi tu me manques Taha !! Tu ne peux t’imaginer à quel point !!
- Ce que nous faisons est une folie !
- C’est tellement bon alors d’être fou !
- Tu m’aimes vraiment alors ?
- Et comment que je t’aime !! Tu le sais très bien sinon tu ne serais pas là, mais toi ? Tu m’aimerais donc un peu toi aussi ?
- J’aime les filles « Nao » !! Tu dois l’accepter !!
Taha voit le visage de son ami s’assombrir.
- Mais je t’aime aussi et je ne veux pas te perdre.
https://forum.slygame.fr/index.php?topic=71.0 Florian 18 ans surdoué livre4 tome 3
https://forum.slygame.fr/index.php?topic=69.0 le colocataire
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