02-09-2020, 01:03 PM
2eme ANNÉE avant Pâques : (94 / x) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée)
Je me retourne en stoppant net.
- Pardon ? C’est à moi que vous parlez monsieur ?
L’homme regarde le garçon en retenant son sourire à la bouille étonnée qu’il lui présente, apparemment il paraît hébété de s’être fait interpeller et ses yeux d’un vert perturbant sont braqués sur lui, attendant de toute évidence sa réponse.
- Il n’y a que toi qui viens de passer cette porte il me semble ? Crois-tu qu’on rentre ici comme dans un moulin ? Sais-tu seulement où nous sommes ?
- Ce n’est pas l’Élysée ?
Décidément sa tête lui donne plus envie de rire qu’autre chose et c’est en forçant visiblement son ton que le planton poursuit.
- Et bien si justement !!
Deux autres hommes en uniforme arrivent et s’enquièrent de ce qu’il se passe.
- Ce garçon voulait rentrer sans autorisations, il ne semble pas s’être rendu compte que cela ne se faisait pas.
Celui des deux nouveaux arrivants ayant le grade de capitaine :
- Où vouliez-vous aller jeune homme ? Si ce n’est pas trop vous demandez ?
- Chez le président !
Là, c’est plus fort qu’eux et les trois militaires attrapent le fou rire et voyant la mimique ne manquant pas d’aplomb du petit rouquin.
L’officier en redevenant sérieux :
- Tu n’es peut-être pas au courant mais pour voir le président il faut y être invité.
- Vous faites erreur monsieur ! Ce n’est pas moi qui veux le voir, c’est lui qui m’a demandé expressément de passer ce matin.
L’officier fait un geste pour calmer les deux autres militaires qui repartent de plus bel dans un fou rire qu’ils n’arrivent de toute évidence pas à contrôler.
Malgré tout, l’assurance et le maintien du petit gars en face de lui, lui met un doute qu’il préfère prendre en compte.
- Allons du calme !! Nous allons vérifier les dires de ce jeune homme, as-tu une convocation ? Quelqu’un qui pourrait confirmer ?
- Bien sûr monsieur !! C’est Maurice Désmaré le patron de la DST qui a servi d’intermédiaire pour ce rendez-vous.
L’officier retrouve soudainement toute son attention, il se dirige droit vers la guérite en faisant signe à tous de le suivre et une fois à l’intérieur, décroche le téléphone sans lâcher des yeux le jeune rouquin qui de toute évidence n’a aucune appréhension de son geste.
- Poste de garde de l’entrée principale !! Nous avons là un jeune garçon qui prétend avoir rendez-vous avec le président.
-…
- (L’officier) Un instant je lui demande !!
Il s’adresse à Florian d’une voix cette fois-ci des plus sérieuses.
- C’est comment ton nom ? As-tu une pièce d’identité ?
Je sors mon portefeuille et y cherche mes papiers, en se faisant l’officier aperçoit la carte au sigle bleu blanc rouge qui m’a été donné à Begin et se raidit en comprenant qu’il y a de grandes chances que je lui ai dit la vérité sur le but de ma venue.
Il me la montre du doigt.
- Qu’est-ce que c’est ?
Je le regarde surpris en sortant ma pièce d’identité.
- Quoi donc ? Ha !! Ça !! C’est mon laissez-passer pour Begin où je suis interne en médecine, tenez !! Voici ma carte d’identité !
L’officier me la prend des mains et la lit avant de remettre le combiné à son oreille.
- Le garçon se nomme Florian De Bierne !!
-…
L’officier écoute incrédule et finit par raccrocher en se tournant vers moi et en me rendant mes papiers, il regarde ensuite ses hommes qui attendent avidement qu’il prenne la parole.
Ce qu’il fait d’une voix marquant encore l’extrême étonnement de ce qu’il vient de lui être confirmé.
- Veuillez conduire le lieutenant auprès du secrétaire de cabinet du président… Chez qui il est attendu.
2eme ANNÉE avant Pâques : (95 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
Les deux hommes se raidissent en se mettant au garde à vous.
- Bien mon capitaine !!
***/***
« Bureau du président »
Toc ! Toc !
- Oui !! Qu’est-ce que c’est ?
La porte s’ouvre et un homme d’âge mûr entre dans le bureau.
- Il est là monsieur le président, la sécurité de l’entrée principale vient de nous en avertir.
Le président regarde l’heure en soupirant car visiblement il n’y croyait plus.
- Ah !! Quand même !! Faites-le entrer dès qu’il arrive et prévenez les cuisines que nous aurons un invité.
- Certainement monsieur ! Déjeunerez-vous en tête à tête ?
- Non !! Prévenez également ma femme que je n’arriverai pas seul et que nous serons très certainement en retard, dites-lui qu’elle aura une surprise, cela devrait la faire patienter.
- Bien monsieur !
Le président profite que l’homme soit sorti pour reprendre le dossier qui est enfermé dans le coffre du bureau depuis de longues années, bien avant que lui-même en soit l’actuel occupant.
Les notes d’abord éparses du début, se sont transformées depuis quelques mois en véritables rapports d’activité et le président ne peut s’empêcher de sourire en se disant que le jeune Florian n’en manque assurément pas au vu des derniers événements qui lui ont fait demander cet entretien.
Maintenant c’est avec une très forte curiosité qu’il attend de le voir de visu en se demandant bien ce qu’il va en sortir et en appréhendant malgré tout cette rencontre d’avec un garçon aussi jeune.
Toc ! Toc !
- Oui ! Entrez !
C’est son secrétaire de cabinet qui cette fois apparaît devant lui, il est accompagné d’un gamin semblant à peine sorti de l’adolescence et dont tout de suite il sent que le courant passe, en effet le sourire espiègle complètement dépourvu de stress qu’il lui montre ne peut que lui amener un large sourire de sa part en retour.
- Le jeune Florian De Bierne monsieur le président !
- Très bien merci ! Veuillez nous laisser !
La porte se referme derrière l’homme en les laissant seuls, le président se lève quelque peu surpris malgré tout en voyant le garçon arriver tout droit vers lui.
Il répond machinalement au visage qui se tend vers lui pour lui faire la bise, trouvant ça presque naturel au vu de son jeune âge apparent.
- Et bien !! Voilà enfin l’instant que j’attendais depuis mon investiture.
Je le regarde amusé, bizarrement et ce malgré ce qu’il représente, il m’apparaît plutôt comme un grand-père débonnaire et sympathique avec qui je me sens étonnamment à l’aise, suffisamment pour conserver mon naturel.
- Fallait me demander de passer avant Hi ! Hi !
- Tu étais trop jeune alors et il était préférable de te laisser mener ta vie le plus possible sans nous y immiscer plus que nécessaire, ce ne sont que ces derniers mois depuis que les événements nous ont montré les changements dans ta façon d’être et l’intérêt marqué de certains pays qui nous ont poussés à nous dévoiler, d’abord pour ta protection et ensuite du fait de tes récentes découvertes qui changent la donne.
- C’est qui nous ?
- L’état !!
- Ha !! Qu’attendez-vous donc de moi ?
- Comprendre ce que tu es dans un premier temps et surtout savoir jusqu’où tu comptes encore nous surprendre.
2eme ANNÉE avant Pâques : (96 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
- Que savez-vous de moi ?
- Certainement plus que ce à quoi tu t’attends !! Que tu es un garçon brillant, doué de facultés exceptionnelles et d’une intelligence extraordinaire même si tu fais beaucoup pour en minimiser les effets en te cachant derrière une apparence avenante et d’après ce que j’en sais plutôt comique. Seulement vois-tu ! Depuis quelques semaines, j’ai l’impression que tout évolue très vite et se décante de façon exponentielle, que quelque chose en toi s’est mis en route qui va révolutionner l’ordre établi.
- Je n’ai aucune prétention vous savez !! Juste que j’aime le métier auquel je me suis voué et qu’il me paraît naturel d’aider les personnes qui souffrent, maintenant si mes « découvertes » peuvent soulager le plus grand nombre…
- Il ne t’est rien reproché, loin de là cette idée bien au contraire, mais tu comprendras qu’il y a des impératifs d’une autre nature et que nous devons en tenir compte.
- Comme par exemple ?
- L’équilibre des peuples et de la façon dont leurs gouvernants voient l’avenir, imagines-tu un instant ce que tes dernières découvertes vont avoir comme impacts !! Des millions de gens meurent à cause de maladies comme celles dont tu comptes venir à bout et dont je ne doute pas un instant que tu y arriveras.
- C’est plutôt bien, non ?
- Dans l’absolu je te répondrai que oui, mais structurellement y sommes-nous préparés ? C’est une autre histoire vois-tu ? Il va nous falloir réfléchir à comment concilier toutes ses vies sauvées et l’équilibre qui est nécessaire entre ceux qui naissent et ceux qui partent tu comprends ?
- Nous sommes déjà dans cet engrenage et c’est à mon avis un autre problème qui ne changera qu’avec les mentalités et l’éducation.
- Je suis entièrement d’accord avec toi et tu montres une fois de plus que ton intelligence est des plus affûtées, maintenant les traditions et les habitudes de beaucoup de peuples seront sans doute à revoir et sommes-nous prêts à passer ce cap ? Imagines tu tout simplement les implications qu’auraient rien que sur l’emploi par exemple, l’impact d’une population toujours en parfaite santé ?
- Il ne faudrait pas soigner les gens alors et les laisser mourir dans la souffrance ?
- Bien sûr que non !! Ce n’est pas le but de mes propos !! Juste qu’il faut nous y préparer et avoir une autre vision que celle que nous avons de l’humanité actuelle. En fait nous dérivons vers des propos philosophiques et ce n’était pas le but de cet entretien, je me dois en tant que président de protéger en premier lieu les intérêts de notre pays et comme tu dois bien t’en rendre compte, il n’est pas en ce moment dans une passe très réjouissante. La dette publique ne fait que se creuser d’années en années et la pauvreté gagne des couches de populations jusque-là épargnées, ce qui augmente la criminalité et la délinquance dans une spirale que nous n’arriverons bientôt plus à contrôler.
- Excusez mes prochaines paroles monsieur mais si nous avions des gens compétents aux gouvernes du pays cet état de fait n’aurait pas lieu d’être, actuellement vous dépensez plus que ce que ce que vous gagnez et en plus vous encouragez l’assistanat, au lieu de privilégier le travail. Ne soyez pas étonné ensuite de voir accourir chez nous toute la misère du monde mais surtout ceux qui n’y voient qu’un profit pour eux tout en restant oisif.
Le président sourit :
- La politique actuelle ne nous autorise pas d’avoir une vision aussi parfaite des choses et qui serait idéale si des obligations envers d’autres pays nous le permettaient. Je reconnais que certaines décisions partant d’une bonne intention ont été dévoyées par une population de profiteurs qui n’y ont vu là qu’un moyen d’obtenir des avantages sans en donner de retours et il nous est difficile pour ne pas dire impossible de revenir dessus sans déclencher quelque chose d’encore bien plus grave.
- Si vous le dites !!!
Le président soupire :
- Nous revoilà à philosopher et à nous éloigner encore une fois du présent, décidément mon garçon tu es quelqu’un de très pertinent avec qui je pourrai passer des heures à polémiquer. Pour revenir aux choses plus terre à terre, je te dirai simplement que notre pays attend beaucoup de toi et qu’il ne serait pas bon pour lui de laisser échapper cette occasion dans le contexte actuel de remettre ses comptes à jour.
- Et ce sont mes découvertes qui devront rééquilibrer notre commerce extérieur si je vous suis bien ?
- Exactement !!
- J’ai très bien compris le message et je peux vous assurer que j’en tiendrai compte, toutefois il y aura une contrepartie que vous devrez me concéder.
Le président plisse les yeux soudainement intéressé.
- Nous voilà dans la négociation à ce que je vois, très bien !! C’est là une chose que je connais bien et je suis prêt à entendre tes doléances.
- C’est très simple monsieur, vous avez, ou plutôt l’État Français a quelque chose qui m’intéresse et en contrepartie je m’engage à ce que toutes mes découvertes soient développées et industrialisées exclusivement chez nous.
Le président retrouve le sourire.
- C’était tu dois bien t’en douter, le but de cet entretien et il n’était aucunement question de te spolier de tes brevets et de ce qu’ils te rapporteront.
- À vous plus qu’à moi j’en suis sûr, ne serait-ce qu’en impositions, en TVA et en taxes diverses Hi ! Hi ! Et c’est sans compter les emplois qui seront créés.
- Je vois que nous nous comprenons et que tu prends ça avec beaucoup de recul.
- Reste la contrepartie monsieur !
- Je t’écoute !!
- L’état possède un terrain, ou plutôt un territoire qui m’intéresse et j’aimerais en avoir la disposition pour y faire construire un complexe hospitalier.
- Si rien ne s’y oppose je te concéderai volontiers ce terrain, je dois t’avouer que je m’attendais à une demande beaucoup plus inhabituelle venant de ta part. À quel endroit comptes-tu bâtir cet hôpital ? Quoique ce ne soit pas ce genre d’institution qui manque chez nous.
- En Afrique monsieur, ou du moins sur une concession française que nous avons su garder dans ce pays !!
2eme ANNÉE avant Pâques : (97 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
Le président montre de toute évidence une surprise feinte et je comprends alors que comme il l’a dit précédemment, il en sait réellement beaucoup sur mon compte.
Maintenant connaissant Maurice je ne suis pas plus étonné que ça que mon projet africain soit déjà à la connaissance de son patron.
- C’est ça !!! Faites l’étonné alors que vous le saviez parfaitement.
- Humm !!! Oui c’est exact !! J’ai appris ce projet dernièrement et j’avoue ne pas le voir d’un très bon œil, l’idée de laisser partir hors du pays un cerveau comme le tien ne me plaît pas outre mesure.
- Techniquement je serai toujours en France !
- C’est un fait je le reconnais volontiers et c’est d’ailleurs une des raisons qui m’empêche d’y mettre officiellement un avis défavorable.
- Parce qu’il y en a d’autres ?
- Bien sûr !! La liberté qu’à toute personne d’exercer son métier et de se déplacer ou bon lui semble dès l’instant où il n’y a aucun mandat d’émis contre lui en est une autre. Maintenant je suis conscient que nous serions tous perdants à vouloir te retenir contre ton gré et je veux juste te mettre l’accent sur le fait que ton pays pourrait en sortir grandi de te compter dans ses rangs.
- Je n’ai qu’une parole monsieur et si vous tenez vos engagements, je tiendrai les miens.
L’horloge du bureau sonne une fois et les rappelle à l’ordre.
- Nous pourrions peut-être reprendre notre conversation après le déjeuner, qu’en penses-tu ?
J’entends mon ventre gargouiller.
- Que j’ai faim !
- Ça tombe bien car moi aussi !!
***/***
« Deux heures plus tard »
- Ta femme est cool !!
- Heureusement qu’elle a le cœur solide avec toi Hi ! Hi !
- Ce n’est pas de ma faute si elle est partie en vrille en plein repas quand même !
- Ah oui !! Tu en es vraiment certain ? Avec toutes les grimaces que tu as faites pendant le repas et ensuite allez lui dire le plus sérieusement du monde qu’avec toutes ses pièces jaunes ça devait commencer à douiller Hi ! Hi !
- Ouaihh !! Bon !! C’est sorti comme ça, mais avoue quand même que la peau de Renard qu’elle a balancé après ça dans le plat de patate n’était pas triste non plus.
- En tout cas ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu comme ça Hi ! Hi !
- Hé !! Reviens en quand même, ça fait plus d’une heure que ça s’est passée !
- Ça fait du bien crois-moi, ce n’est pas si souvent que je m’amuse autant.
- Je vois ça !! On va où là ?
- J’ai convoqué quelques personnes pour délibérer de tes récentes découvertes et mettre en place un plan d’action industriel et médiatique, la population est déjà suffisamment affectée par l’effet d’annonce sur Alzheimer alors que rien n’était encore mis en place pour en commencer les premiers traitements préventifs.
- Ça a dû être le souk chez les généralistes, j’imagine bien le truc.
- Justement !! Il va nous falloir être plus prudent dans les déclarations qui seront faites afin d’éviter à juste titre que tout le monde se précipite alors que les filières de soins ne sont pas prêtes. Pour le traitement d’Alzheimer, nous avons reçu des propositions de mise en fabrication des plus grands laboratoires pharmaceutiques et ils attendent notre décision en plus de nos conditions pour les passages de marchés ainsi que bien évidemment la formule sur la molécule à développer.
- Oups !! J’ai oublié un petit détail tout à l’heure, en fait j’avais l’intention de mettre en place une filière de conception, de fabrication et de distribution avec mes associés.
- (Le président surpris) C’est sans compter sur le puissant lobbying qu’ils représentent !! Ni le temps que ça va prendre qui risque de mettre en exergue la patience populaire. Te rends-tu compte du nombre de familles qui ont retrouvé l’espoir de voir leurs proches bientôt soulagés de ce terrible mal ? Leur impatience se fait déjà sentir et nous risquons beaucoup à les faire trop attendre.
- Mes associés s’occupent déjà de ce problème et vont bientôt lancer une OPA hostile sur un de ces laboratoires étrangers implantés en France, les délais ne devraient pas en être rallongés de beaucoup avant les premières mises en commercialisations.
- (Le président ahuri) Tu appelles ça un petit détail ? J’espère que tu n’en as pas d’autres de la même teneur dans ta manche ? Une OPA hostile dis-tu ? Avec ce qui est en jeu ? Le coût de l’action va très certainement atteindre des sommes dont tu n’as même pas idée !!
- Pas forcément si personne ne se doute de la raison et puis mes associés peuvent mettre beaucoup d’argent dans cette affaire et ils le feront si nécessaire, d’ailleurs pour tout dire ils ont déjà commencé à racheter tout ce qui est possible d’une entreprise pharmaceutique américaine implantée chez nous et le retour d’investissement sera de toute façon rapide ainsi que les bénéfices qu’ils en tireront ensuite qui devraient être faramineux si mes calculs sont justes.
Suit alors un cours d’économie dans les couloirs de l’Élysée qui laisse pantois l’homme d’État, comprenant qu’il n’y a pas que dans la médecine que le garçon en face de lui développe d’extraordinaires capacités et que beaucoup pour ne pas dire tous de ceux qu’il a convoqués cet après-midi-là, seront comme lui dépassés par cet ordinateur sur pattes aux airs de sainte-nitouche et n’auront qu’à bien se tenir s’ils veulent tenter un tant soit peu de contrecarrer ses projets.
Je me retourne en stoppant net.
- Pardon ? C’est à moi que vous parlez monsieur ?
L’homme regarde le garçon en retenant son sourire à la bouille étonnée qu’il lui présente, apparemment il paraît hébété de s’être fait interpeller et ses yeux d’un vert perturbant sont braqués sur lui, attendant de toute évidence sa réponse.
- Il n’y a que toi qui viens de passer cette porte il me semble ? Crois-tu qu’on rentre ici comme dans un moulin ? Sais-tu seulement où nous sommes ?
- Ce n’est pas l’Élysée ?
Décidément sa tête lui donne plus envie de rire qu’autre chose et c’est en forçant visiblement son ton que le planton poursuit.
- Et bien si justement !!
Deux autres hommes en uniforme arrivent et s’enquièrent de ce qu’il se passe.
- Ce garçon voulait rentrer sans autorisations, il ne semble pas s’être rendu compte que cela ne se faisait pas.
Celui des deux nouveaux arrivants ayant le grade de capitaine :
- Où vouliez-vous aller jeune homme ? Si ce n’est pas trop vous demandez ?
- Chez le président !
Là, c’est plus fort qu’eux et les trois militaires attrapent le fou rire et voyant la mimique ne manquant pas d’aplomb du petit rouquin.
L’officier en redevenant sérieux :
- Tu n’es peut-être pas au courant mais pour voir le président il faut y être invité.
- Vous faites erreur monsieur ! Ce n’est pas moi qui veux le voir, c’est lui qui m’a demandé expressément de passer ce matin.
L’officier fait un geste pour calmer les deux autres militaires qui repartent de plus bel dans un fou rire qu’ils n’arrivent de toute évidence pas à contrôler.
Malgré tout, l’assurance et le maintien du petit gars en face de lui, lui met un doute qu’il préfère prendre en compte.
- Allons du calme !! Nous allons vérifier les dires de ce jeune homme, as-tu une convocation ? Quelqu’un qui pourrait confirmer ?
- Bien sûr monsieur !! C’est Maurice Désmaré le patron de la DST qui a servi d’intermédiaire pour ce rendez-vous.
L’officier retrouve soudainement toute son attention, il se dirige droit vers la guérite en faisant signe à tous de le suivre et une fois à l’intérieur, décroche le téléphone sans lâcher des yeux le jeune rouquin qui de toute évidence n’a aucune appréhension de son geste.
- Poste de garde de l’entrée principale !! Nous avons là un jeune garçon qui prétend avoir rendez-vous avec le président.
-…
- (L’officier) Un instant je lui demande !!
Il s’adresse à Florian d’une voix cette fois-ci des plus sérieuses.
- C’est comment ton nom ? As-tu une pièce d’identité ?
Je sors mon portefeuille et y cherche mes papiers, en se faisant l’officier aperçoit la carte au sigle bleu blanc rouge qui m’a été donné à Begin et se raidit en comprenant qu’il y a de grandes chances que je lui ai dit la vérité sur le but de ma venue.
Il me la montre du doigt.
- Qu’est-ce que c’est ?
Je le regarde surpris en sortant ma pièce d’identité.
- Quoi donc ? Ha !! Ça !! C’est mon laissez-passer pour Begin où je suis interne en médecine, tenez !! Voici ma carte d’identité !
L’officier me la prend des mains et la lit avant de remettre le combiné à son oreille.
- Le garçon se nomme Florian De Bierne !!
-…
L’officier écoute incrédule et finit par raccrocher en se tournant vers moi et en me rendant mes papiers, il regarde ensuite ses hommes qui attendent avidement qu’il prenne la parole.
Ce qu’il fait d’une voix marquant encore l’extrême étonnement de ce qu’il vient de lui être confirmé.
- Veuillez conduire le lieutenant auprès du secrétaire de cabinet du président… Chez qui il est attendu.
2eme ANNÉE avant Pâques : (95 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
Les deux hommes se raidissent en se mettant au garde à vous.
- Bien mon capitaine !!
***/***
« Bureau du président »
Toc ! Toc !
- Oui !! Qu’est-ce que c’est ?
La porte s’ouvre et un homme d’âge mûr entre dans le bureau.
- Il est là monsieur le président, la sécurité de l’entrée principale vient de nous en avertir.
Le président regarde l’heure en soupirant car visiblement il n’y croyait plus.
- Ah !! Quand même !! Faites-le entrer dès qu’il arrive et prévenez les cuisines que nous aurons un invité.
- Certainement monsieur ! Déjeunerez-vous en tête à tête ?
- Non !! Prévenez également ma femme que je n’arriverai pas seul et que nous serons très certainement en retard, dites-lui qu’elle aura une surprise, cela devrait la faire patienter.
- Bien monsieur !
Le président profite que l’homme soit sorti pour reprendre le dossier qui est enfermé dans le coffre du bureau depuis de longues années, bien avant que lui-même en soit l’actuel occupant.
Les notes d’abord éparses du début, se sont transformées depuis quelques mois en véritables rapports d’activité et le président ne peut s’empêcher de sourire en se disant que le jeune Florian n’en manque assurément pas au vu des derniers événements qui lui ont fait demander cet entretien.
Maintenant c’est avec une très forte curiosité qu’il attend de le voir de visu en se demandant bien ce qu’il va en sortir et en appréhendant malgré tout cette rencontre d’avec un garçon aussi jeune.
Toc ! Toc !
- Oui ! Entrez !
C’est son secrétaire de cabinet qui cette fois apparaît devant lui, il est accompagné d’un gamin semblant à peine sorti de l’adolescence et dont tout de suite il sent que le courant passe, en effet le sourire espiègle complètement dépourvu de stress qu’il lui montre ne peut que lui amener un large sourire de sa part en retour.
- Le jeune Florian De Bierne monsieur le président !
- Très bien merci ! Veuillez nous laisser !
La porte se referme derrière l’homme en les laissant seuls, le président se lève quelque peu surpris malgré tout en voyant le garçon arriver tout droit vers lui.
Il répond machinalement au visage qui se tend vers lui pour lui faire la bise, trouvant ça presque naturel au vu de son jeune âge apparent.
- Et bien !! Voilà enfin l’instant que j’attendais depuis mon investiture.
Je le regarde amusé, bizarrement et ce malgré ce qu’il représente, il m’apparaît plutôt comme un grand-père débonnaire et sympathique avec qui je me sens étonnamment à l’aise, suffisamment pour conserver mon naturel.
- Fallait me demander de passer avant Hi ! Hi !
- Tu étais trop jeune alors et il était préférable de te laisser mener ta vie le plus possible sans nous y immiscer plus que nécessaire, ce ne sont que ces derniers mois depuis que les événements nous ont montré les changements dans ta façon d’être et l’intérêt marqué de certains pays qui nous ont poussés à nous dévoiler, d’abord pour ta protection et ensuite du fait de tes récentes découvertes qui changent la donne.
- C’est qui nous ?
- L’état !!
- Ha !! Qu’attendez-vous donc de moi ?
- Comprendre ce que tu es dans un premier temps et surtout savoir jusqu’où tu comptes encore nous surprendre.
2eme ANNÉE avant Pâques : (96 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
- Que savez-vous de moi ?
- Certainement plus que ce à quoi tu t’attends !! Que tu es un garçon brillant, doué de facultés exceptionnelles et d’une intelligence extraordinaire même si tu fais beaucoup pour en minimiser les effets en te cachant derrière une apparence avenante et d’après ce que j’en sais plutôt comique. Seulement vois-tu ! Depuis quelques semaines, j’ai l’impression que tout évolue très vite et se décante de façon exponentielle, que quelque chose en toi s’est mis en route qui va révolutionner l’ordre établi.
- Je n’ai aucune prétention vous savez !! Juste que j’aime le métier auquel je me suis voué et qu’il me paraît naturel d’aider les personnes qui souffrent, maintenant si mes « découvertes » peuvent soulager le plus grand nombre…
- Il ne t’est rien reproché, loin de là cette idée bien au contraire, mais tu comprendras qu’il y a des impératifs d’une autre nature et que nous devons en tenir compte.
- Comme par exemple ?
- L’équilibre des peuples et de la façon dont leurs gouvernants voient l’avenir, imagines-tu un instant ce que tes dernières découvertes vont avoir comme impacts !! Des millions de gens meurent à cause de maladies comme celles dont tu comptes venir à bout et dont je ne doute pas un instant que tu y arriveras.
- C’est plutôt bien, non ?
- Dans l’absolu je te répondrai que oui, mais structurellement y sommes-nous préparés ? C’est une autre histoire vois-tu ? Il va nous falloir réfléchir à comment concilier toutes ses vies sauvées et l’équilibre qui est nécessaire entre ceux qui naissent et ceux qui partent tu comprends ?
- Nous sommes déjà dans cet engrenage et c’est à mon avis un autre problème qui ne changera qu’avec les mentalités et l’éducation.
- Je suis entièrement d’accord avec toi et tu montres une fois de plus que ton intelligence est des plus affûtées, maintenant les traditions et les habitudes de beaucoup de peuples seront sans doute à revoir et sommes-nous prêts à passer ce cap ? Imagines tu tout simplement les implications qu’auraient rien que sur l’emploi par exemple, l’impact d’une population toujours en parfaite santé ?
- Il ne faudrait pas soigner les gens alors et les laisser mourir dans la souffrance ?
- Bien sûr que non !! Ce n’est pas le but de mes propos !! Juste qu’il faut nous y préparer et avoir une autre vision que celle que nous avons de l’humanité actuelle. En fait nous dérivons vers des propos philosophiques et ce n’était pas le but de cet entretien, je me dois en tant que président de protéger en premier lieu les intérêts de notre pays et comme tu dois bien t’en rendre compte, il n’est pas en ce moment dans une passe très réjouissante. La dette publique ne fait que se creuser d’années en années et la pauvreté gagne des couches de populations jusque-là épargnées, ce qui augmente la criminalité et la délinquance dans une spirale que nous n’arriverons bientôt plus à contrôler.
- Excusez mes prochaines paroles monsieur mais si nous avions des gens compétents aux gouvernes du pays cet état de fait n’aurait pas lieu d’être, actuellement vous dépensez plus que ce que ce que vous gagnez et en plus vous encouragez l’assistanat, au lieu de privilégier le travail. Ne soyez pas étonné ensuite de voir accourir chez nous toute la misère du monde mais surtout ceux qui n’y voient qu’un profit pour eux tout en restant oisif.
Le président sourit :
- La politique actuelle ne nous autorise pas d’avoir une vision aussi parfaite des choses et qui serait idéale si des obligations envers d’autres pays nous le permettaient. Je reconnais que certaines décisions partant d’une bonne intention ont été dévoyées par une population de profiteurs qui n’y ont vu là qu’un moyen d’obtenir des avantages sans en donner de retours et il nous est difficile pour ne pas dire impossible de revenir dessus sans déclencher quelque chose d’encore bien plus grave.
- Si vous le dites !!!
Le président soupire :
- Nous revoilà à philosopher et à nous éloigner encore une fois du présent, décidément mon garçon tu es quelqu’un de très pertinent avec qui je pourrai passer des heures à polémiquer. Pour revenir aux choses plus terre à terre, je te dirai simplement que notre pays attend beaucoup de toi et qu’il ne serait pas bon pour lui de laisser échapper cette occasion dans le contexte actuel de remettre ses comptes à jour.
- Et ce sont mes découvertes qui devront rééquilibrer notre commerce extérieur si je vous suis bien ?
- Exactement !!
- J’ai très bien compris le message et je peux vous assurer que j’en tiendrai compte, toutefois il y aura une contrepartie que vous devrez me concéder.
Le président plisse les yeux soudainement intéressé.
- Nous voilà dans la négociation à ce que je vois, très bien !! C’est là une chose que je connais bien et je suis prêt à entendre tes doléances.
- C’est très simple monsieur, vous avez, ou plutôt l’État Français a quelque chose qui m’intéresse et en contrepartie je m’engage à ce que toutes mes découvertes soient développées et industrialisées exclusivement chez nous.
Le président retrouve le sourire.
- C’était tu dois bien t’en douter, le but de cet entretien et il n’était aucunement question de te spolier de tes brevets et de ce qu’ils te rapporteront.
- À vous plus qu’à moi j’en suis sûr, ne serait-ce qu’en impositions, en TVA et en taxes diverses Hi ! Hi ! Et c’est sans compter les emplois qui seront créés.
- Je vois que nous nous comprenons et que tu prends ça avec beaucoup de recul.
- Reste la contrepartie monsieur !
- Je t’écoute !!
- L’état possède un terrain, ou plutôt un territoire qui m’intéresse et j’aimerais en avoir la disposition pour y faire construire un complexe hospitalier.
- Si rien ne s’y oppose je te concéderai volontiers ce terrain, je dois t’avouer que je m’attendais à une demande beaucoup plus inhabituelle venant de ta part. À quel endroit comptes-tu bâtir cet hôpital ? Quoique ce ne soit pas ce genre d’institution qui manque chez nous.
- En Afrique monsieur, ou du moins sur une concession française que nous avons su garder dans ce pays !!
2eme ANNÉE avant Pâques : (97 / 150) (Paris) (Le rendez-vous à l’Élysée) (suite)
Le président montre de toute évidence une surprise feinte et je comprends alors que comme il l’a dit précédemment, il en sait réellement beaucoup sur mon compte.
Maintenant connaissant Maurice je ne suis pas plus étonné que ça que mon projet africain soit déjà à la connaissance de son patron.
- C’est ça !!! Faites l’étonné alors que vous le saviez parfaitement.
- Humm !!! Oui c’est exact !! J’ai appris ce projet dernièrement et j’avoue ne pas le voir d’un très bon œil, l’idée de laisser partir hors du pays un cerveau comme le tien ne me plaît pas outre mesure.
- Techniquement je serai toujours en France !
- C’est un fait je le reconnais volontiers et c’est d’ailleurs une des raisons qui m’empêche d’y mettre officiellement un avis défavorable.
- Parce qu’il y en a d’autres ?
- Bien sûr !! La liberté qu’à toute personne d’exercer son métier et de se déplacer ou bon lui semble dès l’instant où il n’y a aucun mandat d’émis contre lui en est une autre. Maintenant je suis conscient que nous serions tous perdants à vouloir te retenir contre ton gré et je veux juste te mettre l’accent sur le fait que ton pays pourrait en sortir grandi de te compter dans ses rangs.
- Je n’ai qu’une parole monsieur et si vous tenez vos engagements, je tiendrai les miens.
L’horloge du bureau sonne une fois et les rappelle à l’ordre.
- Nous pourrions peut-être reprendre notre conversation après le déjeuner, qu’en penses-tu ?
J’entends mon ventre gargouiller.
- Que j’ai faim !
- Ça tombe bien car moi aussi !!
***/***
« Deux heures plus tard »
- Ta femme est cool !!
- Heureusement qu’elle a le cœur solide avec toi Hi ! Hi !
- Ce n’est pas de ma faute si elle est partie en vrille en plein repas quand même !
- Ah oui !! Tu en es vraiment certain ? Avec toutes les grimaces que tu as faites pendant le repas et ensuite allez lui dire le plus sérieusement du monde qu’avec toutes ses pièces jaunes ça devait commencer à douiller Hi ! Hi !
- Ouaihh !! Bon !! C’est sorti comme ça, mais avoue quand même que la peau de Renard qu’elle a balancé après ça dans le plat de patate n’était pas triste non plus.
- En tout cas ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu comme ça Hi ! Hi !
- Hé !! Reviens en quand même, ça fait plus d’une heure que ça s’est passée !
- Ça fait du bien crois-moi, ce n’est pas si souvent que je m’amuse autant.
- Je vois ça !! On va où là ?
- J’ai convoqué quelques personnes pour délibérer de tes récentes découvertes et mettre en place un plan d’action industriel et médiatique, la population est déjà suffisamment affectée par l’effet d’annonce sur Alzheimer alors que rien n’était encore mis en place pour en commencer les premiers traitements préventifs.
- Ça a dû être le souk chez les généralistes, j’imagine bien le truc.
- Justement !! Il va nous falloir être plus prudent dans les déclarations qui seront faites afin d’éviter à juste titre que tout le monde se précipite alors que les filières de soins ne sont pas prêtes. Pour le traitement d’Alzheimer, nous avons reçu des propositions de mise en fabrication des plus grands laboratoires pharmaceutiques et ils attendent notre décision en plus de nos conditions pour les passages de marchés ainsi que bien évidemment la formule sur la molécule à développer.
- Oups !! J’ai oublié un petit détail tout à l’heure, en fait j’avais l’intention de mettre en place une filière de conception, de fabrication et de distribution avec mes associés.
- (Le président surpris) C’est sans compter sur le puissant lobbying qu’ils représentent !! Ni le temps que ça va prendre qui risque de mettre en exergue la patience populaire. Te rends-tu compte du nombre de familles qui ont retrouvé l’espoir de voir leurs proches bientôt soulagés de ce terrible mal ? Leur impatience se fait déjà sentir et nous risquons beaucoup à les faire trop attendre.
- Mes associés s’occupent déjà de ce problème et vont bientôt lancer une OPA hostile sur un de ces laboratoires étrangers implantés en France, les délais ne devraient pas en être rallongés de beaucoup avant les premières mises en commercialisations.
- (Le président ahuri) Tu appelles ça un petit détail ? J’espère que tu n’en as pas d’autres de la même teneur dans ta manche ? Une OPA hostile dis-tu ? Avec ce qui est en jeu ? Le coût de l’action va très certainement atteindre des sommes dont tu n’as même pas idée !!
- Pas forcément si personne ne se doute de la raison et puis mes associés peuvent mettre beaucoup d’argent dans cette affaire et ils le feront si nécessaire, d’ailleurs pour tout dire ils ont déjà commencé à racheter tout ce qui est possible d’une entreprise pharmaceutique américaine implantée chez nous et le retour d’investissement sera de toute façon rapide ainsi que les bénéfices qu’ils en tireront ensuite qui devraient être faramineux si mes calculs sont justes.
Suit alors un cours d’économie dans les couloirs de l’Élysée qui laisse pantois l’homme d’État, comprenant qu’il n’y a pas que dans la médecine que le garçon en face de lui développe d’extraordinaires capacités et que beaucoup pour ne pas dire tous de ceux qu’il a convoqués cet après-midi-là, seront comme lui dépassés par cet ordinateur sur pattes aux airs de sainte-nitouche et n’auront qu’à bien se tenir s’ils veulent tenter un tant soit peu de contrecarrer ses projets.
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