02-09-2020, 11:58 AM
2eme ANNÉE avant Pâques : (34/ 150) (Région parisienne) (Seizième jour) (Raymond & Luka) (Bonne année) (fin)
Luka somnole devant le feu de cheminée et n’entend plus qu’en sourdine les conversations intarissables de cette famille joviale avec qui il vient de passer une merveilleuse soirée comme il n’en avait plus connu depuis trop longtemps.
La chaleur, le repas copieux et le bruit ont eu raison de sa résistance encore convalescente, il ne réagit même pas quand la petite Lisbeth vient s’installer sur ses genoux en suçant son pouce pour lui faire un gros câlin.
La famille Baltot au grand complet les regarde et sourit devant l’image d’Épinal de ce grand jeune homme au sourire béat, éclairé par les flammes tenant la fillette à l’aide de son bras replié et s’enfonçant petit à petit dans le sommeil.
Roger fait signe discrètement à son fils de le suivre et Raymond obtempère pour le rejoindre dans la cuisine, le père et le fils se font face un instant jusqu’au moment où Roger attrape Raymond et le serre dans ses bras.
- Tu y auras mis le temps mon garçon !! Mais devant le résultat, je ne peux que m’incliner. Luka manque de toute évidence d’amour et est prêt à en donner autant qu’à en recevoir, ne le déçois pas c’est tout ce que je te demande.
- Je l’aime papa !!
- La famille aussi tu le vois bien !! Tu m’as dit si je me souviens bien, qu’il fait partie prenante de ta dernière enquête.
- Quelqu’un l’a laissé pour mort sans papiers le long des quais de Seine et j’étais chargé de découvrir son identité.
- Tes supérieurs sont au courant pour vous deux ? Tu sais que tu devrais te démettre de cette enquête maintenant que tu es trop impliqué sentimentalement avec la victime ?
- Oui pour tes deux questions p’pa !! Nous connaissons l’agresseur maintenant, ce n’était pas difficile dès que Luka est revenu de son coma. Il a pris son identité pour des raisons que je ne peux te dévoiler et ma mission consiste maintenant à mettre Luka à l’abri et à continuer de faire croire que j’enquête toujours sur sa mort.
Roger fronce les narines :
- Hum !! Ça pue l’espionnage !!
- Pour faire simple on va dire ça, oui.
Roger sourit et pose une main paternelle sur l’épaule de son fils.
- Je me doute qu’il sera bien protégé avec toi, en tous les cas pour revenir au sujet de cette conversation ; Je suis heureux pour vous deux et que vous ayez trouvé chacun un compagnon pour rompre votre solitude, nous commencions à nous inquiéter pour toi tu sais ?
- Luka va venir s’installer définitivement avec moi une fois tout ça terminé, nous en avons parlé et je t’avouerai que je ne me suis pas senti aussi serein depuis que je vous ai quittés.
Robert embrasse son fils.
- Si tu es heureux, nous le sommes également tu le sais bien. Allons !! Il est temps d’ouvrir le champagne !! Nous changeons d’année dans quelques minutes et la nouvelle s’annonce sous de bons auspices on dirait, réveille Luka et fêtons ça encore une fois tous ensemble en famille !!
Les deux hommes retournent au salon et pendant que Roger en jetant un regard vers l’horloge s’empresse de sortir les bouteilles du frigo, Raymond vient s’asseoir près de son ami et de sa nièce endormie elle aussi dans les bras du jeune homme et les embrasse tendrement tous les deux jusqu’à ce qu’ils se réveillent enfin, se demandant pour Luka tout du moins, où il se trouve.
- La jeunesse n’est plus ce qu’elle était de mon temps Hi ! Hi !
- (Luka) C’est vrai ça papy ? Va falloir que tu me racontes comment c’était alors ? Justement j’ai un exposé en cours prochainement, l’intitulé est « La jeunesse avant l’invention du cinéma » !! Tu vas pouvoir m’aider avec ton vécu, c’est cool.
- (Patrick mort de rire) Sur le cul le frangin !!! Décidément j’t’adore toi !! Enfin un beauf avec de l’humour Hi ! Hi !
- (José faussement vexé) C’est pour moi que tu dis ça gamin !!
Patrick amusé se fait tout petit et va se réfugier en courant derrière son père qui sourit en posant les bouteilles sur la table.
- Je suis heureux comme à chaque fois que notre famille s’agrandit d’un nouveau membre, aujourd’hui c’est toi Luka qui vient de la rejoindre et je constate avec plaisir que tous parmi nous t’apprécions déjà beaucoup.
C’est à ce moment-là que l’horloge entame ses douze derniers coups de l’année, Roger s’empresse de remplir les verres et quand sonne le dernier coup annonçant qu’ils entrent dans l’année nouvelle, toute la famille s’embrasse et trinque dans la liesse générale.
Luka est ému à un point dont il ne se serait pas cru capable, le trop-plein s’écoule sur ses joues sans honte ni fausse pudeur et les Baltot comprennent vraiment à ce moment-là ce que sera pour eux à l’avenir ce garçon dont ils ignoraient même l’existence avant qu’il ne passe la porte de chez eux ce jour-là.
Il sourit et lève son verre en prenant la parole.
- Je vous remercie tous et j’en profite aussi pour porter un toast à celui sans qui cet instant merveilleux pour moi n’aurait pu se produire, à vous tous qui me recevez avec autant de gentillesse, à toi Raymond qui est celui que j’attendais et à… Florian !!
***/***
Des dizaines de verres éparpillés dans plusieurs lieux festifs éloignés les uns des autres, trinquent eux aussi et les mêmes paroles résonnent dans les oreilles de tous nos amis réunis en couples, en familles ou en groupes.
- À Florian !!! Bonne année !!!
2eme ANNÉE avant Pâques : (35 / 150) (Afrique) (Deux jours plus tard)
Le vieil homme et le jeune indigène descendent de l’avion, manifestement heureux de rentrer chez eux et s’engouffrent quelques minutes plus tard dans le vieux quatre/quatre conduit par Mbala l’ancien capitaine et ami du père Antoine.
Les longues heures de route sont mises à profit pour raconter leur voyage au vieux policier et se repaître du paysage de leur pays retrouvé.
Quand ils arrivent en vue du dispensaire, les yeux du jeune Massaï se plissent de curiosités puis de joies à la vue des trois personnes les attendant de toute évidence devant l’entrée.
Antoine dont la vision a retrouvé elle aussi ses « soixante » ans :
- Eh bien mon garçon !! Tu ne diras pas que tu ne manquais pas à ta famille !! Même le frère prodige est venu en personne, tu te rends compte ?
En effet, au fur et à mesure que le véhicule se rapproche, ce qui n’était jusqu’alors qu’une silhouette placée au milieu des deux autres, apparaît maintenant comme un jeune homme fin et presque aussi grand que son père qui fait pousser un cri de joie à Taha.
- Aomé est venu père Antoine !! Regardez comme il est fier près de notre père.
- Ce sera un grand chef lui aussi, c’est bien qu’il soit là !! Même s’il ne le montre pas, ça prouve que ton grand frère t’aime beaucoup malgré tout.
C’est Akim qui se jette sur Taha quand celui-ci sort de la voiture, il a retenu son esprit pour que son frère ne soit pas au courant de leurs venues et sourit de toutes ses dents à voir ses yeux remplis de surprises.
Ils profitent de leur don de communiquer pour le faire sans éveiller la curiosité de ceux se trouvant près d’eux.
***/***
- T’as vu ? Il est venu juste pour toi.
- Il te l’a dit ?
- Tu penses bien que non, mais depuis hier il n’a fait que ça d’entrer et sortir de la case.
- (Taha amusé) Il a donné quoi comme prétexte ?
- Qu’il voulait vérifier par lui-même ce qu’il a entendu dire sur le rajeunissement du vieux père blanc, il était à la chasse ce jour-là et il ne l’a donc pas vu.
Taha fait grise mine.
- C’est peut-être juste pour ça.
- Je suis certain que non !!
- Tu crois qu’il va me pardonner un jour ?
- Ça fait si longtemps, j’étais tout petit quand c’est arrivé et c’était un accident, tu le sais aussi bien que moi et lui aussi.
***/***
Les deux garçons se tournent vers leur grand frère, Taha plonge ses yeux dans le regard sombre ne marquant aucune expression d’Aomé et se souvient de ce jour maudit où l’accident a eu lieu et depuis lequel son frère qui était alors son meilleur ami, n’a plus jamais fait attention à lui comme s’il était transparent ou pire comme s’il n’existait pas.
C’était il y a cinq étés, quand Taha a reçu son premier arc des mains de son père et que tout fier de lui, il a lancé très loin cette flèche qui au lieu d’aller se ficher dans l’arbre qu’il visait, est allée taillader profondément la joue d’Aomé qui ce jour-là a frôlé la mort de près et lui a laissé cette horrible balafre, défigurant le garçon qui depuis ce jour ne lui a plus fait ressentir qu’une froideur indifférente envers lui.
Jamais un mot ni un reproche envers Taha ne sont sortis depuis des lèvres d’Aomé. Le jeune Massaï en a atrocement souffert pendant toutes ses longues années et ses demandes de pardons ainsi que ses pleurs n’y ont rien fait et depuis tout ce temps les deux frères même s’ils ne s’évitent pas et partagent la vie de la tribu, s’ignorent et en souffrent.
Okoumé regarde ses deux grands fils, il connaît la raison de l’acharnement de Taha à être le meilleur à l’arc pour ne pas qu’un jour il blesse de nouveau par inadvertance une personne chère à son cœur.
Les voir ainsi depuis tant de lunes à se déchirer alors qu’ils s’aimaient tellement, lui brise toujours autant le cœur mais il ne sait plus quoi faire pour que ça cesse et que ses enfants retrouvent un jour la joie d’être de nouveau les meilleurs amis du monde.
Il les entend encore rire en découvrant ensemble les plaisirs et les dangers de la nature autour d’eux, inséparables jusqu’à ce jour funeste où tout a basculé, où il a failli perdre son aîné alors qu’il se moquait de son jeune frère et de sa façon de tenir son arc.
Le père Antoine garde un étrange sourire peu de circonstances en triturant dans sa poche l’objet que lui a remis Florian à sa demande après qu’il lui ait expliqué le tourment de Taha qui l’empêchait d’être entièrement heureux mais dont il garderait le secret pour lui seul comme la punition d’un acte impardonnable.
Le petit rouquin est entré cinq minutes dans la salle de bains de ses grands-parents et lui a tendu la fiole avec un impressionnant « Tatata !!! » ponctué d’un clin d’œil humide montrant combien malgré son sourire, il a été fortement touché par son histoire.
2eme ANNÉE avant Pâques : (36 / 150) (Afrique) (Deux jours plus tard) (suite)
Aomé se rapproche du père Antoine pour le prendre dans ses bras, malgré tout il s’arrange pour avoir Taha dans son angle de vision et sourit rassuré de le revoir après une si longue absence.
C’est d’ailleurs cette absence qui l’a fait réfléchir sur ce qui clochait en lui et qu’il a compris que c’était le manque de son frère.
Antoine n’est pas dupe et voit bien dans quelle direction sont dirigés ses yeux et son sourire, même si les paroles sont sincères et lui sont adressées.
- Il t’a manqué ?
- Qui ça mon père ?
- Ne fais pas l’enfant !! Allons !! Ne crois-tu pas qu’il est temps d’arrêter tout ça ? Tu l’as assez puni tu ne crois pas ?
- C’est vous que je suis venu voir père Antoine.
- Alors pourquoi est-ce lui que tu regardes depuis que nous sommes arrivés ?
-…
- Tu ne veux pas être honnête pour une fois et admettre que tu as eu peur qu’il ne revienne pas ?
- C’est toujours quelqu’un de la tribu mon père et nous ne sommes pas si nombreux, mon père et Akim auraient trop souffert s’il n’était pas revenu.
- Ah !! Mais tu m’agaces à la fin !! Il ne t’a pas tué il me semble et tu es en pleine forme.
- C’est pire mon père !! Les jeunes femmes du village me fuient à cause de mon visage et c’est lui qui m’a rendu si repoussant.
- Lui, c’est Taha !! Ton problème avec les femmes ne vient que de toi, c’est toi qui les fuis, pas le contraire comme tu sembles le croire et je suis bien placé pour te dire que si tu n’étais pas aussi froid avec elles, tu serais un garçon très recherché et sûrement déjà marié.
- Vous ne comprenez pas mon père.
- Et pourquoi donc ? Parce que je suis uni à mon Dieu et non avec une femme ? À qui crois-tu qu’elles se confient quand elles ont des questions ou des soucis ? À qui te confies-tu en ce moment ? À ton père ? Non !! À moi !!
- Il n’y a pas que ça mon père, nos dieux aiment mes frères et me méprisent.
- (Antoine sursaute) Qu’est-ce que tu me dis là !!!
- Je suis le seul revenu de la clairière qui n’a pas été guéri et mes frères ont chacun un de nos dieux en eux.
- Peut-être y a-t-il une raison !! Peut-être qu’ils ont lu en toi et qu’ils attendent que ton cœur se libère !!
- C’est trop tard mon père.
Pendant toute cette conversation, Taha est resté près de la voiture à discuter avec son père et son frère, heureux de se retrouver.
Mbala sort du coffre le sac à dos et les valises qu’il dépose devant la porte du dispensaire, il remonte ensuite dans le véhicule pour aller le garer plus loin et les trois Massaï s’avancent alors pour lui laisser la place à sa manœuvre.
Aomé qui surveille toujours du coin de l’œil son frère, éclate de rire quand il le voit marcher en faisant la grimace et en levant les pieds comme s’ils étaient posés sur des braises.
Les deux semaines passées en Europe à porter des chaussures ont fait leurs effets sur la plante des pieds du jeune homme qui en a perdu une bonne partie de sa carne le protégeant habituellement des pierres et des ronces.
Ce qui devait arriver arriva très vite et c’est un cri de douleur qui résonne bientôt aux oreilles de tous et fait s’asseoir au sol Taha en se tenant un pied des deux mains, le visage marqué par la souffrance.
Okoumé se précipite vers son fils et découvre la coupure profonde qu’il vient de se faire ainsi que le sang qui en sort et tourne son visage vers le père Antoine en souriant d’amusement.
- Mon fils est devenu aussi fragile qu’un homme blanc mon père.
- Porte-le à l’infirmerie pour que je le soigne, il lui faudra faire attention où il marche pendant quelque temps.
- (Okoumé narquois) Bien mon père !! Les femmes seront heureuses d’avoir de l’aide pour préparer les repas.
Le guerrier soulève son fils sans peine et l’emmène à l’intérieur du bâtiment, Aomé ne dit rien mais le suit sans pouvoir détacher son regard inquiet du sang qui s’échappe de la plaie.
Les blessures mêmes anodines peuvent très vite s’infecter et devenir graves, voire mortelles dans ce pays et Aomé en est conscient même s’il est également conscient qu’ils se trouvent au meilleur endroit possible pour que tout se passe bien.
Taha a le cœur qui bat très fort, pas parce qu’il s’est bêtement blessé mais parce qu’il voit bien que pour la première fois depuis l’accident, son frère le regarde autrement qu’avec l’indifférence habituelle qui lui fait si mal au quotidien.
Il attend qu’il soit assez près et sa main vient en tremblant s’insérer dans celle de son grand frère qui le regarde avec surprise mais ne la rejette pas comme il le craignait.
Imperceptiblement elle se resserre et une étrange chaleur remonte dans le bras d’Aomé qui en frissonne d’un sentiment étrange qu’il n’avait plus connu depuis si longtemps et que d’aucuns nomment tout simplement, « le bonheur ».
Luka somnole devant le feu de cheminée et n’entend plus qu’en sourdine les conversations intarissables de cette famille joviale avec qui il vient de passer une merveilleuse soirée comme il n’en avait plus connu depuis trop longtemps.
La chaleur, le repas copieux et le bruit ont eu raison de sa résistance encore convalescente, il ne réagit même pas quand la petite Lisbeth vient s’installer sur ses genoux en suçant son pouce pour lui faire un gros câlin.
La famille Baltot au grand complet les regarde et sourit devant l’image d’Épinal de ce grand jeune homme au sourire béat, éclairé par les flammes tenant la fillette à l’aide de son bras replié et s’enfonçant petit à petit dans le sommeil.
Roger fait signe discrètement à son fils de le suivre et Raymond obtempère pour le rejoindre dans la cuisine, le père et le fils se font face un instant jusqu’au moment où Roger attrape Raymond et le serre dans ses bras.
- Tu y auras mis le temps mon garçon !! Mais devant le résultat, je ne peux que m’incliner. Luka manque de toute évidence d’amour et est prêt à en donner autant qu’à en recevoir, ne le déçois pas c’est tout ce que je te demande.
- Je l’aime papa !!
- La famille aussi tu le vois bien !! Tu m’as dit si je me souviens bien, qu’il fait partie prenante de ta dernière enquête.
- Quelqu’un l’a laissé pour mort sans papiers le long des quais de Seine et j’étais chargé de découvrir son identité.
- Tes supérieurs sont au courant pour vous deux ? Tu sais que tu devrais te démettre de cette enquête maintenant que tu es trop impliqué sentimentalement avec la victime ?
- Oui pour tes deux questions p’pa !! Nous connaissons l’agresseur maintenant, ce n’était pas difficile dès que Luka est revenu de son coma. Il a pris son identité pour des raisons que je ne peux te dévoiler et ma mission consiste maintenant à mettre Luka à l’abri et à continuer de faire croire que j’enquête toujours sur sa mort.
Roger fronce les narines :
- Hum !! Ça pue l’espionnage !!
- Pour faire simple on va dire ça, oui.
Roger sourit et pose une main paternelle sur l’épaule de son fils.
- Je me doute qu’il sera bien protégé avec toi, en tous les cas pour revenir au sujet de cette conversation ; Je suis heureux pour vous deux et que vous ayez trouvé chacun un compagnon pour rompre votre solitude, nous commencions à nous inquiéter pour toi tu sais ?
- Luka va venir s’installer définitivement avec moi une fois tout ça terminé, nous en avons parlé et je t’avouerai que je ne me suis pas senti aussi serein depuis que je vous ai quittés.
Robert embrasse son fils.
- Si tu es heureux, nous le sommes également tu le sais bien. Allons !! Il est temps d’ouvrir le champagne !! Nous changeons d’année dans quelques minutes et la nouvelle s’annonce sous de bons auspices on dirait, réveille Luka et fêtons ça encore une fois tous ensemble en famille !!
Les deux hommes retournent au salon et pendant que Roger en jetant un regard vers l’horloge s’empresse de sortir les bouteilles du frigo, Raymond vient s’asseoir près de son ami et de sa nièce endormie elle aussi dans les bras du jeune homme et les embrasse tendrement tous les deux jusqu’à ce qu’ils se réveillent enfin, se demandant pour Luka tout du moins, où il se trouve.
- La jeunesse n’est plus ce qu’elle était de mon temps Hi ! Hi !
- (Luka) C’est vrai ça papy ? Va falloir que tu me racontes comment c’était alors ? Justement j’ai un exposé en cours prochainement, l’intitulé est « La jeunesse avant l’invention du cinéma » !! Tu vas pouvoir m’aider avec ton vécu, c’est cool.
- (Patrick mort de rire) Sur le cul le frangin !!! Décidément j’t’adore toi !! Enfin un beauf avec de l’humour Hi ! Hi !
- (José faussement vexé) C’est pour moi que tu dis ça gamin !!
Patrick amusé se fait tout petit et va se réfugier en courant derrière son père qui sourit en posant les bouteilles sur la table.
- Je suis heureux comme à chaque fois que notre famille s’agrandit d’un nouveau membre, aujourd’hui c’est toi Luka qui vient de la rejoindre et je constate avec plaisir que tous parmi nous t’apprécions déjà beaucoup.
C’est à ce moment-là que l’horloge entame ses douze derniers coups de l’année, Roger s’empresse de remplir les verres et quand sonne le dernier coup annonçant qu’ils entrent dans l’année nouvelle, toute la famille s’embrasse et trinque dans la liesse générale.
Luka est ému à un point dont il ne se serait pas cru capable, le trop-plein s’écoule sur ses joues sans honte ni fausse pudeur et les Baltot comprennent vraiment à ce moment-là ce que sera pour eux à l’avenir ce garçon dont ils ignoraient même l’existence avant qu’il ne passe la porte de chez eux ce jour-là.
Il sourit et lève son verre en prenant la parole.
- Je vous remercie tous et j’en profite aussi pour porter un toast à celui sans qui cet instant merveilleux pour moi n’aurait pu se produire, à vous tous qui me recevez avec autant de gentillesse, à toi Raymond qui est celui que j’attendais et à… Florian !!
***/***
Des dizaines de verres éparpillés dans plusieurs lieux festifs éloignés les uns des autres, trinquent eux aussi et les mêmes paroles résonnent dans les oreilles de tous nos amis réunis en couples, en familles ou en groupes.
- À Florian !!! Bonne année !!!
2eme ANNÉE avant Pâques : (35 / 150) (Afrique) (Deux jours plus tard)
Le vieil homme et le jeune indigène descendent de l’avion, manifestement heureux de rentrer chez eux et s’engouffrent quelques minutes plus tard dans le vieux quatre/quatre conduit par Mbala l’ancien capitaine et ami du père Antoine.
Les longues heures de route sont mises à profit pour raconter leur voyage au vieux policier et se repaître du paysage de leur pays retrouvé.
Quand ils arrivent en vue du dispensaire, les yeux du jeune Massaï se plissent de curiosités puis de joies à la vue des trois personnes les attendant de toute évidence devant l’entrée.
Antoine dont la vision a retrouvé elle aussi ses « soixante » ans :
- Eh bien mon garçon !! Tu ne diras pas que tu ne manquais pas à ta famille !! Même le frère prodige est venu en personne, tu te rends compte ?
En effet, au fur et à mesure que le véhicule se rapproche, ce qui n’était jusqu’alors qu’une silhouette placée au milieu des deux autres, apparaît maintenant comme un jeune homme fin et presque aussi grand que son père qui fait pousser un cri de joie à Taha.
- Aomé est venu père Antoine !! Regardez comme il est fier près de notre père.
- Ce sera un grand chef lui aussi, c’est bien qu’il soit là !! Même s’il ne le montre pas, ça prouve que ton grand frère t’aime beaucoup malgré tout.
C’est Akim qui se jette sur Taha quand celui-ci sort de la voiture, il a retenu son esprit pour que son frère ne soit pas au courant de leurs venues et sourit de toutes ses dents à voir ses yeux remplis de surprises.
Ils profitent de leur don de communiquer pour le faire sans éveiller la curiosité de ceux se trouvant près d’eux.
***/***
- T’as vu ? Il est venu juste pour toi.
- Il te l’a dit ?
- Tu penses bien que non, mais depuis hier il n’a fait que ça d’entrer et sortir de la case.
- (Taha amusé) Il a donné quoi comme prétexte ?
- Qu’il voulait vérifier par lui-même ce qu’il a entendu dire sur le rajeunissement du vieux père blanc, il était à la chasse ce jour-là et il ne l’a donc pas vu.
Taha fait grise mine.
- C’est peut-être juste pour ça.
- Je suis certain que non !!
- Tu crois qu’il va me pardonner un jour ?
- Ça fait si longtemps, j’étais tout petit quand c’est arrivé et c’était un accident, tu le sais aussi bien que moi et lui aussi.
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Les deux garçons se tournent vers leur grand frère, Taha plonge ses yeux dans le regard sombre ne marquant aucune expression d’Aomé et se souvient de ce jour maudit où l’accident a eu lieu et depuis lequel son frère qui était alors son meilleur ami, n’a plus jamais fait attention à lui comme s’il était transparent ou pire comme s’il n’existait pas.
C’était il y a cinq étés, quand Taha a reçu son premier arc des mains de son père et que tout fier de lui, il a lancé très loin cette flèche qui au lieu d’aller se ficher dans l’arbre qu’il visait, est allée taillader profondément la joue d’Aomé qui ce jour-là a frôlé la mort de près et lui a laissé cette horrible balafre, défigurant le garçon qui depuis ce jour ne lui a plus fait ressentir qu’une froideur indifférente envers lui.
Jamais un mot ni un reproche envers Taha ne sont sortis depuis des lèvres d’Aomé. Le jeune Massaï en a atrocement souffert pendant toutes ses longues années et ses demandes de pardons ainsi que ses pleurs n’y ont rien fait et depuis tout ce temps les deux frères même s’ils ne s’évitent pas et partagent la vie de la tribu, s’ignorent et en souffrent.
Okoumé regarde ses deux grands fils, il connaît la raison de l’acharnement de Taha à être le meilleur à l’arc pour ne pas qu’un jour il blesse de nouveau par inadvertance une personne chère à son cœur.
Les voir ainsi depuis tant de lunes à se déchirer alors qu’ils s’aimaient tellement, lui brise toujours autant le cœur mais il ne sait plus quoi faire pour que ça cesse et que ses enfants retrouvent un jour la joie d’être de nouveau les meilleurs amis du monde.
Il les entend encore rire en découvrant ensemble les plaisirs et les dangers de la nature autour d’eux, inséparables jusqu’à ce jour funeste où tout a basculé, où il a failli perdre son aîné alors qu’il se moquait de son jeune frère et de sa façon de tenir son arc.
Le père Antoine garde un étrange sourire peu de circonstances en triturant dans sa poche l’objet que lui a remis Florian à sa demande après qu’il lui ait expliqué le tourment de Taha qui l’empêchait d’être entièrement heureux mais dont il garderait le secret pour lui seul comme la punition d’un acte impardonnable.
Le petit rouquin est entré cinq minutes dans la salle de bains de ses grands-parents et lui a tendu la fiole avec un impressionnant « Tatata !!! » ponctué d’un clin d’œil humide montrant combien malgré son sourire, il a été fortement touché par son histoire.
2eme ANNÉE avant Pâques : (36 / 150) (Afrique) (Deux jours plus tard) (suite)
Aomé se rapproche du père Antoine pour le prendre dans ses bras, malgré tout il s’arrange pour avoir Taha dans son angle de vision et sourit rassuré de le revoir après une si longue absence.
C’est d’ailleurs cette absence qui l’a fait réfléchir sur ce qui clochait en lui et qu’il a compris que c’était le manque de son frère.
Antoine n’est pas dupe et voit bien dans quelle direction sont dirigés ses yeux et son sourire, même si les paroles sont sincères et lui sont adressées.
- Il t’a manqué ?
- Qui ça mon père ?
- Ne fais pas l’enfant !! Allons !! Ne crois-tu pas qu’il est temps d’arrêter tout ça ? Tu l’as assez puni tu ne crois pas ?
- C’est vous que je suis venu voir père Antoine.
- Alors pourquoi est-ce lui que tu regardes depuis que nous sommes arrivés ?
-…
- Tu ne veux pas être honnête pour une fois et admettre que tu as eu peur qu’il ne revienne pas ?
- C’est toujours quelqu’un de la tribu mon père et nous ne sommes pas si nombreux, mon père et Akim auraient trop souffert s’il n’était pas revenu.
- Ah !! Mais tu m’agaces à la fin !! Il ne t’a pas tué il me semble et tu es en pleine forme.
- C’est pire mon père !! Les jeunes femmes du village me fuient à cause de mon visage et c’est lui qui m’a rendu si repoussant.
- Lui, c’est Taha !! Ton problème avec les femmes ne vient que de toi, c’est toi qui les fuis, pas le contraire comme tu sembles le croire et je suis bien placé pour te dire que si tu n’étais pas aussi froid avec elles, tu serais un garçon très recherché et sûrement déjà marié.
- Vous ne comprenez pas mon père.
- Et pourquoi donc ? Parce que je suis uni à mon Dieu et non avec une femme ? À qui crois-tu qu’elles se confient quand elles ont des questions ou des soucis ? À qui te confies-tu en ce moment ? À ton père ? Non !! À moi !!
- Il n’y a pas que ça mon père, nos dieux aiment mes frères et me méprisent.
- (Antoine sursaute) Qu’est-ce que tu me dis là !!!
- Je suis le seul revenu de la clairière qui n’a pas été guéri et mes frères ont chacun un de nos dieux en eux.
- Peut-être y a-t-il une raison !! Peut-être qu’ils ont lu en toi et qu’ils attendent que ton cœur se libère !!
- C’est trop tard mon père.
Pendant toute cette conversation, Taha est resté près de la voiture à discuter avec son père et son frère, heureux de se retrouver.
Mbala sort du coffre le sac à dos et les valises qu’il dépose devant la porte du dispensaire, il remonte ensuite dans le véhicule pour aller le garer plus loin et les trois Massaï s’avancent alors pour lui laisser la place à sa manœuvre.
Aomé qui surveille toujours du coin de l’œil son frère, éclate de rire quand il le voit marcher en faisant la grimace et en levant les pieds comme s’ils étaient posés sur des braises.
Les deux semaines passées en Europe à porter des chaussures ont fait leurs effets sur la plante des pieds du jeune homme qui en a perdu une bonne partie de sa carne le protégeant habituellement des pierres et des ronces.
Ce qui devait arriver arriva très vite et c’est un cri de douleur qui résonne bientôt aux oreilles de tous et fait s’asseoir au sol Taha en se tenant un pied des deux mains, le visage marqué par la souffrance.
Okoumé se précipite vers son fils et découvre la coupure profonde qu’il vient de se faire ainsi que le sang qui en sort et tourne son visage vers le père Antoine en souriant d’amusement.
- Mon fils est devenu aussi fragile qu’un homme blanc mon père.
- Porte-le à l’infirmerie pour que je le soigne, il lui faudra faire attention où il marche pendant quelque temps.
- (Okoumé narquois) Bien mon père !! Les femmes seront heureuses d’avoir de l’aide pour préparer les repas.
Le guerrier soulève son fils sans peine et l’emmène à l’intérieur du bâtiment, Aomé ne dit rien mais le suit sans pouvoir détacher son regard inquiet du sang qui s’échappe de la plaie.
Les blessures mêmes anodines peuvent très vite s’infecter et devenir graves, voire mortelles dans ce pays et Aomé en est conscient même s’il est également conscient qu’ils se trouvent au meilleur endroit possible pour que tout se passe bien.
Taha a le cœur qui bat très fort, pas parce qu’il s’est bêtement blessé mais parce qu’il voit bien que pour la première fois depuis l’accident, son frère le regarde autrement qu’avec l’indifférence habituelle qui lui fait si mal au quotidien.
Il attend qu’il soit assez près et sa main vient en tremblant s’insérer dans celle de son grand frère qui le regarde avec surprise mais ne la rejette pas comme il le craignait.
Imperceptiblement elle se resserre et une étrange chaleur remonte dans le bras d’Aomé qui en frissonne d’un sentiment étrange qu’il n’avait plus connu depuis si longtemps et que d’aucuns nomment tout simplement, « le bonheur ».
https://forum.slygame.fr/index.php?topic=71.0 Florian 18 ans surdoué livre4 tome 3
https://forum.slygame.fr/index.php?topic=69.0 le colocataire
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