26-05-2025, 10:23 AM
Chapitre 40
Le train freine puis s'immobilise.
ANGERS ST LAUD, ANGERS ST LAUD, DEUX MINUTES D'ARRÊT !
Je me lève brusquement, réflexe conditionné par les paroles du speaker de la gare. Je prends ma valise et nerveusement descends du wagon.
À l'autre bout j'aperçois Robin. Il est déjà descendu du train et il a l'air de me guetter. Il lâche sa valise, cours vers moi, m'embrasse fougueusement et murmure à mon oreille.
— Je t'appelle dès ce soir quand je leur aurai parlé ! Je t'aime mon Tommy !
— Je t'aime Robin !
Ma voix n'est qu'un murmure tellement j'ai la gorge serrée.
Je le regarde s'éloigner du quai, descendre les escaliers et disparaître dans le tunnel de sortie.
Je reste un moment sans réagir puis me mets lentement en marche...
« Bon allez, fais un effort ! Il faut que tu aies l'air heureux mon petit Thomas, sinon les parents ne vont pas comprendre ! Allez tu souris et tu lèves la tête ! »
J'essaie d'oublier Robin et je me concentre sur les retrouvailles imminentes...
À la sortie de la gare, je ne vois personne. Je regarde autour de moi, mais non, pas de visage connu...
« Bizarre, pourtant on a pris le bon train ! »
Devant la gare, il y a plein de monde. À l'arrivée des trains de Paris, c'est toujours les embouteillages, la foule, le bordel quoi !
Je ne vois plus Robin, il est peut-être déjà parti ! Mon cœur se serre à cette idée, j'aurai voulu le voir...
— Thomas ! Thomas !
Une voix familière retentit derrière moi. C'est Charlotte, ma sœur. Je me retourne et la vois qui cours vers moi et se jette dans mes bras !
— Salut Thomas ! Ben dit donc t'as l'air crevé !
— Salut Charlotte ! T'es toute seule ?
— Non mais Papa n'arrivait pas à se garer alors je suis descendue. Le temps qu'il trouve une place !
Je la regarde. Elle a changé, un je ne sais quoi de plus féminin, plus...
Elle a grandi et elle est jolie dans son t-shirt turquoise. Elle a un peu coupé ses cheveux, elle fait jeune fille !
— Dis donc Charlotte, t'as changé de look ! T'as un copain ou quoi ?
— Ça me va bien non ? Qu'est-ce que t'en penses ? Ah, voilà Papa !
— Bonjour Papa !
— Bonjour mon grand ! Tu as fait bon voyage ?
Nous nous embrassons et commençons à échanger sur les vicissitudes des citadins face à la pénurie de places aux alentours des gares...
Tout d'un coup je décroche. Je viens d'apercevoir Robin et une dame blonde, bien habillée, qui marchent dans notre direction.
Mon cœur cogne dans ma poitrine, je n'entends plus mon père qui continue sans moi...
Ils se rapprochent. Ils sont maintenant tout près.
— Salut Thomas ! C'était chouette Laatzen, hein ! On s'appelle ! me dit-il en faisant un signe de la main en passant et en saluant de la tête ma sœur et mon père.
— Ouais, super ! À bientôt Robin, Bonjour Madame.
Il passe sans s'arrêter. Je le suis des yeux, incapable de détacher mon regard, tétanisé...
Mon père s'est arrêté de parler. Il a l'air d'attendre une réponse de moi. J'ai du raté une réplique...
— Excuse-moi Papa, j'avais la tête ailleurs.
— Où ça ? En Allemagne ? reprend Charlotte.
— Bon on y va, ta mère n'a pas pu venir mais elle est impatiente de te voir et je pense qu'elle doit déjà nous attendre à la maison !
— Sûr ! Moi aussi, je suis impatient !
Je triche et j'y mets toute ma conviction car pour l'instant j'ai le cœur en morceaux et si ça ne tenait qu'à moi, je serai en train de courir après Robin...
Je sens comme un picotement sur la nuque. Je me retourne et aperçois à quelques mètres, un peu en retrait près de la file des taxis, la vieille dame du wagon qui me regarde. Cette fois, je ne détourne pas le regard. Elle me regarde intensément et elle me fait sourire triste qui me fait presque monter les larmes aux yeux. Je lui souris à mon tour et vite je tourne la tête de peur de me mettre à pleurer...
— Tu viens Thomas ? dit une nouvelle fois mon père qui a pris ma valise et à commencer à marcher.
— J'arrive Papa, j'arrive !
...
Dans la voiture, ma sœur nous noie sous un flot ininterrompu de paroles. Elle me raconte en détail ce qu'elle a fait avec ses copines, ce qu'elle va faire demain et la semaine prochaine, son prochain séjour chez mes grands-parents... Un vrai moulin, mais ça m'arrange bien comme ça je n'ai pas à parler...
Je reste quasi silencieux et l'écoute distraitement, relançant la conversation de temps en temps par une question ou une remarque...
Mon père non plus ne dit rien. Il doit attendre que nous soyons rentrés pour partager avec ma mère le récit de mon séjour.
...
Nous arrivons. Ma mère devait guetter la voiture car à peine sommes nous arrêtés, qu'elle sort de la maison et se précipite vers nous.
— Thomas mon grand !
Et elle se jette à mon cou pour m'embrasser.
— Bonjour Maman ! Tu vas bien ?
— C'est à moi de te poser cette question ! Bien sûr que je vais bien puisque tu es de retour et toi comment ça va ? Allez rentre et viens nous raconter tout ! Comme tu nous as manqué !
Je me crispe un peu car la joie de ma mère me fait plaisir et me donne des remords en même temps. Pendant ces trois semaines et particulièrement dans la deuxième partie du séjour, je n'ai guère pensé à eux. J'étais trop focalisé sur moi et sur mon histoire d'amour avec Robin et je les ai presque oubliés alors qu'eux visiblement... j'aurai du leur écrire plus souvent...
...
On s'est installé dans le salon. C'est étrange comme impression. Je reconnais tout de suite la pièce avec ces vieux meubles sombres, la tapisserie blanche, le grand tapis sur le parquet, la télé écran plat récemment achetée... mais je m'y sens un peu étranger. Ce n'est pas le cadre qui m'était familier ces derniers temps...
« Bon allez, je suis chez moi maintenant. C'est la maison ! Allez faut que je fasse un effort ! »
— Alors Thomas, raconte nous un peu ! reprend ma mère après nous avoir servi à boire.
Alors, je leur raconte tout. Tout ce qui est racontable bien sûr !
Le voyage aller, la tension à l'arrivée à Hanovre, la famille Kirchman, les cours d'allemand, les activités avec le groupe et avec Andreas et Robin... tout !
Ça dure presque une heure et ça me fait du bien ! Je pensais que j'allais galérer, ne pas avoir envie mais non, c'est aussi un moyen pour moi de revivre le séjour et j'y prends beaucoup de plaisir. Bien sûr de temps en temps, Robin arrive en première ligne de mes pensées et ça me transperce le cœur mais je ne crois pas qu'ils remarquent quoi que ce soit.
Je m'interromps un instant et vide mon verre. J'ai soif mais plus encore je meurs de faim.
— Dis Maman, est-ce qu'on mange bientôt parce que j'ai pas mangé grand-chose ce midi et...
— Mais oui bien sûr ! Où donc ai-je la tête ! Va défaire ta valise et pendant ce temps, je prépare le repas. On mange dans une demi-heure. Allez file !
— J'ai déjà monté ta valise dans ta chambre rajoute mon père.
— Ok, merci P'pa. Je vais prendre une douche et je redescends
...
Je rentre directement dans la salle de bain et me réfugie sous la douche. Comme d'habitude, je règle la température pour avoir de l'eau très chaude, presque brûlante.
Je suis seul et bien sûr mes pensées vont vers Robin...
Comment ça se passe chez lui ? Est-ce qu'il a déjà parlé à ses parents ? Ou bien est-il coincé comme moi par ce retour à la normalité dans sa famille ?
Je fais un petit examen de conscience et je ne suis pas fier de moi. J'ai soigneusement gommé toute allusion à Robin, sans peut-être parler de notre amour, je n'ai même pas parlé de lui comme un ami proche, quelqu'un d'important pour moi... j'ai quasiment nié son existence...
« Je ne suis pas digne de lui ! Lui, il va devoir affronter ses parents pour pouvoir rester à Angers et moi... je ne suis qu'un gros lâche ! »
Je pleure maintenant. Sur moi, sur Robin et sur notre amour que j'ai l'impression d'avoir trahi à la première occasion. Je me sens minable...
— Thomas, tu viens c'est prêt !
C'est Charlotte. Je sors brusquement de ma bulle et je lui réponds que j'arrive tout de suite.
Je coupe l'eau, me sèche rapidement et fonce dans ma chambre pour me changer. J'attrape les premiers vêtements qui me tombent sous la main et redescends jouer mon rôle de fils aimant, normal et heureux...
« Putain ! Ça va être dur !... »
Le train freine puis s'immobilise.
ANGERS ST LAUD, ANGERS ST LAUD, DEUX MINUTES D'ARRÊT !
Je me lève brusquement, réflexe conditionné par les paroles du speaker de la gare. Je prends ma valise et nerveusement descends du wagon.
À l'autre bout j'aperçois Robin. Il est déjà descendu du train et il a l'air de me guetter. Il lâche sa valise, cours vers moi, m'embrasse fougueusement et murmure à mon oreille.
— Je t'appelle dès ce soir quand je leur aurai parlé ! Je t'aime mon Tommy !
— Je t'aime Robin !
Ma voix n'est qu'un murmure tellement j'ai la gorge serrée.
Je le regarde s'éloigner du quai, descendre les escaliers et disparaître dans le tunnel de sortie.
Je reste un moment sans réagir puis me mets lentement en marche...
« Bon allez, fais un effort ! Il faut que tu aies l'air heureux mon petit Thomas, sinon les parents ne vont pas comprendre ! Allez tu souris et tu lèves la tête ! »
J'essaie d'oublier Robin et je me concentre sur les retrouvailles imminentes...
À la sortie de la gare, je ne vois personne. Je regarde autour de moi, mais non, pas de visage connu...
« Bizarre, pourtant on a pris le bon train ! »
Devant la gare, il y a plein de monde. À l'arrivée des trains de Paris, c'est toujours les embouteillages, la foule, le bordel quoi !
Je ne vois plus Robin, il est peut-être déjà parti ! Mon cœur se serre à cette idée, j'aurai voulu le voir...
— Thomas ! Thomas !
Une voix familière retentit derrière moi. C'est Charlotte, ma sœur. Je me retourne et la vois qui cours vers moi et se jette dans mes bras !
— Salut Thomas ! Ben dit donc t'as l'air crevé !
— Salut Charlotte ! T'es toute seule ?
— Non mais Papa n'arrivait pas à se garer alors je suis descendue. Le temps qu'il trouve une place !
Je la regarde. Elle a changé, un je ne sais quoi de plus féminin, plus...
Elle a grandi et elle est jolie dans son t-shirt turquoise. Elle a un peu coupé ses cheveux, elle fait jeune fille !
— Dis donc Charlotte, t'as changé de look ! T'as un copain ou quoi ?
— Ça me va bien non ? Qu'est-ce que t'en penses ? Ah, voilà Papa !
— Bonjour Papa !
— Bonjour mon grand ! Tu as fait bon voyage ?
Nous nous embrassons et commençons à échanger sur les vicissitudes des citadins face à la pénurie de places aux alentours des gares...
Tout d'un coup je décroche. Je viens d'apercevoir Robin et une dame blonde, bien habillée, qui marchent dans notre direction.
Mon cœur cogne dans ma poitrine, je n'entends plus mon père qui continue sans moi...
Ils se rapprochent. Ils sont maintenant tout près.
— Salut Thomas ! C'était chouette Laatzen, hein ! On s'appelle ! me dit-il en faisant un signe de la main en passant et en saluant de la tête ma sœur et mon père.
— Ouais, super ! À bientôt Robin, Bonjour Madame.
Il passe sans s'arrêter. Je le suis des yeux, incapable de détacher mon regard, tétanisé...
Mon père s'est arrêté de parler. Il a l'air d'attendre une réponse de moi. J'ai du raté une réplique...
— Excuse-moi Papa, j'avais la tête ailleurs.
— Où ça ? En Allemagne ? reprend Charlotte.
— Bon on y va, ta mère n'a pas pu venir mais elle est impatiente de te voir et je pense qu'elle doit déjà nous attendre à la maison !
— Sûr ! Moi aussi, je suis impatient !
Je triche et j'y mets toute ma conviction car pour l'instant j'ai le cœur en morceaux et si ça ne tenait qu'à moi, je serai en train de courir après Robin...
Je sens comme un picotement sur la nuque. Je me retourne et aperçois à quelques mètres, un peu en retrait près de la file des taxis, la vieille dame du wagon qui me regarde. Cette fois, je ne détourne pas le regard. Elle me regarde intensément et elle me fait sourire triste qui me fait presque monter les larmes aux yeux. Je lui souris à mon tour et vite je tourne la tête de peur de me mettre à pleurer...
— Tu viens Thomas ? dit une nouvelle fois mon père qui a pris ma valise et à commencer à marcher.
— J'arrive Papa, j'arrive !
...
Dans la voiture, ma sœur nous noie sous un flot ininterrompu de paroles. Elle me raconte en détail ce qu'elle a fait avec ses copines, ce qu'elle va faire demain et la semaine prochaine, son prochain séjour chez mes grands-parents... Un vrai moulin, mais ça m'arrange bien comme ça je n'ai pas à parler...
Je reste quasi silencieux et l'écoute distraitement, relançant la conversation de temps en temps par une question ou une remarque...
Mon père non plus ne dit rien. Il doit attendre que nous soyons rentrés pour partager avec ma mère le récit de mon séjour.
...
Nous arrivons. Ma mère devait guetter la voiture car à peine sommes nous arrêtés, qu'elle sort de la maison et se précipite vers nous.
— Thomas mon grand !
Et elle se jette à mon cou pour m'embrasser.
— Bonjour Maman ! Tu vas bien ?
— C'est à moi de te poser cette question ! Bien sûr que je vais bien puisque tu es de retour et toi comment ça va ? Allez rentre et viens nous raconter tout ! Comme tu nous as manqué !
Je me crispe un peu car la joie de ma mère me fait plaisir et me donne des remords en même temps. Pendant ces trois semaines et particulièrement dans la deuxième partie du séjour, je n'ai guère pensé à eux. J'étais trop focalisé sur moi et sur mon histoire d'amour avec Robin et je les ai presque oubliés alors qu'eux visiblement... j'aurai du leur écrire plus souvent...
...
On s'est installé dans le salon. C'est étrange comme impression. Je reconnais tout de suite la pièce avec ces vieux meubles sombres, la tapisserie blanche, le grand tapis sur le parquet, la télé écran plat récemment achetée... mais je m'y sens un peu étranger. Ce n'est pas le cadre qui m'était familier ces derniers temps...
« Bon allez, je suis chez moi maintenant. C'est la maison ! Allez faut que je fasse un effort ! »
— Alors Thomas, raconte nous un peu ! reprend ma mère après nous avoir servi à boire.
Alors, je leur raconte tout. Tout ce qui est racontable bien sûr !
Le voyage aller, la tension à l'arrivée à Hanovre, la famille Kirchman, les cours d'allemand, les activités avec le groupe et avec Andreas et Robin... tout !
Ça dure presque une heure et ça me fait du bien ! Je pensais que j'allais galérer, ne pas avoir envie mais non, c'est aussi un moyen pour moi de revivre le séjour et j'y prends beaucoup de plaisir. Bien sûr de temps en temps, Robin arrive en première ligne de mes pensées et ça me transperce le cœur mais je ne crois pas qu'ils remarquent quoi que ce soit.
Je m'interromps un instant et vide mon verre. J'ai soif mais plus encore je meurs de faim.
— Dis Maman, est-ce qu'on mange bientôt parce que j'ai pas mangé grand-chose ce midi et...
— Mais oui bien sûr ! Où donc ai-je la tête ! Va défaire ta valise et pendant ce temps, je prépare le repas. On mange dans une demi-heure. Allez file !
— J'ai déjà monté ta valise dans ta chambre rajoute mon père.
— Ok, merci P'pa. Je vais prendre une douche et je redescends
...
Je rentre directement dans la salle de bain et me réfugie sous la douche. Comme d'habitude, je règle la température pour avoir de l'eau très chaude, presque brûlante.
Je suis seul et bien sûr mes pensées vont vers Robin...
Comment ça se passe chez lui ? Est-ce qu'il a déjà parlé à ses parents ? Ou bien est-il coincé comme moi par ce retour à la normalité dans sa famille ?
Je fais un petit examen de conscience et je ne suis pas fier de moi. J'ai soigneusement gommé toute allusion à Robin, sans peut-être parler de notre amour, je n'ai même pas parlé de lui comme un ami proche, quelqu'un d'important pour moi... j'ai quasiment nié son existence...
« Je ne suis pas digne de lui ! Lui, il va devoir affronter ses parents pour pouvoir rester à Angers et moi... je ne suis qu'un gros lâche ! »
Je pleure maintenant. Sur moi, sur Robin et sur notre amour que j'ai l'impression d'avoir trahi à la première occasion. Je me sens minable...
— Thomas, tu viens c'est prêt !
C'est Charlotte. Je sors brusquement de ma bulle et je lui réponds que j'arrive tout de suite.
Je coupe l'eau, me sèche rapidement et fonce dans ma chambre pour me changer. J'attrape les premiers vêtements qui me tombent sous la main et redescends jouer mon rôle de fils aimant, normal et heureux...
« Putain ! Ça va être dur !... »