Hier, 11:43 AM
Chapitre 39
Nous sommes seuls, au milieu de la foule des parisiens, des voyageurs et des touristes de toute nationalité. Les gens marchent vite, silencieusement. C'est comme un flux incessant et nous sommes deux feuilles mortes emportées par le courant...
Je suis crevé et j'ai faim et après une bonne demi-heure de tribulation souterraine, nous arrivons enfin à Montparnasse. Il est presque quatre heures et demie mais notre train ne part qu'à 17h18.
Nous décidons donc de nous attabler et de manger un morceau.
— Putain, je suis mort !
— Ouais, moi aussi. J'ai chaud, je transpire de partout et j'ai mal aux pieds !
Je mords dans mon sandwich, beurk ! le pain est mou et le jambon n'a pas belle allure...
— Dans moins de trois heures, ce sera la fin !
— Arrête Thomas ! Qu'est-ce qu'on peut y faire ? Prendre un billet pour la Lozère et aller se cacher au fond d'un champ en pleine campagne...
— Non mais c'est juste que...
— Excuse, j'suis énervé...
...
La conversation tourne en rond ou plutôt ne tourne pas rond ! Nous n'avons rien à nous dire sinon que de faire le constat de notre désespoir, de notre angoisse et de notre mal être...
Cela fait beaucoup de blancs et peu de perspectives...
...
Il est presque cinq heures et nous décidons d'aller sur le quai pour voir si le train est déjà là.
C'est le cas et après avoir repéré notre wagon, nous montons nous y installer.
Il n'y a quasiment personne dans le wagon, bizarre, on est pourtant samedi, en plein départ de vacances, à moins qu'il ne s'agisse d'un train supplémentaire de dernière minute...
On s'installe dans un des bouts pour ne pas être loin des bagages et on attend.
— Thomas, concrètement comment on va faire ?
— Tu veux dire, quand on sera à Angers ?
— Oui !
— À mon avis, il faut que tu parles à tes parents dès ce soir mais comment ?... Soit tu ne dis rien pour nous et tu essayes de la jouer genre ado rebelle, je suis grand maintenant, j'ai le droit de décider de ma vie et vous pouvez pas m'obliger à aller en Suède...
— Ça, ça ne marchera pas ! Mon père ne me laissera pas faire mon numéro. Ça donnera Robin, il faut que tu comprennes que dans la vie on ne fait pas toujours ce qu'on veut et il faut parfois mettre de côté ses désirs personnels pour le bien-être de tout le monde !
— Et ta mère ?
— Là-dessus, elle suivra complètement mon père ! Si je le braque à mon avis c'est mort !
— Alors, il ne reste que la deuxième option... tout leur dire ! Mais bon... là, il faut le sentir. Ça fait un peu... ça passe ou ça casse !
— Ouais, leur dire dans la même phrase, je suis gay et je veux pas quitter mon amoureux qui habite Angers... ça risque de faire des dégâts... je vois d'ici la scène, ma mère en larme et mon père en colère ou pire, glacial et là, aucune chance pour qu'ils me laissent tout seul à Angers !
— Et si je venais chez toi pour qu'on leur parle tous les deux ?... Non, c'est ridicule, ils seraient peut-être encore plus choqués et ils se sentiraient agressés et réagiraient encore plus fort...
— S'il vous plaît, pouvez-vous m'aider ? S'il vous plaît !
On prend brusquement conscience que quelqu'un nous interpelle, on se lève vers l'entrée du wagon où une vieille dame nous adresse un grand sourire.
— Excusez-moi de vous déranger, pourriez-vous prendre ma valise parce que je ne peux pas la porter ?
— Bien sûr Madame, je m'en occupe.
Robin saute du wagon et pendant que j'aide la vieille dame à monter, il prend la valise et l'emmène dans le compartiment.
La vieille dame nous remercie chaleureusement et s'installe un peu plus loin.
...
C'est vraiment bizarre, à part quelques personnes qui sont montées depuis l'arrivée de la vieille dame, le compartiment est quasiment désert et le train part dans quelques minutes.
...
Ça y est nous partons. Encore une étape de franchie, c'est la dernière ligne droite avant l'arrivée à Angers, avant la fin...
J'ai pris la main de Robin, à priori personne ne peut nous voir, sauf peut-être cette vieille dame qui est en vis-à-vis de nous quelques rangées plus loin. Il n'est pas insensible et s'est rapproché de moi, nos corps se touchent et je pose ma tête contre son épaule.
Il se tourne vers moi, lâche ma main et passe sa main dans mes cheveux avant de se pencher pour m'embrasser. Je jette furtivement un œil vers notre voisine mais ça va, elle lit son magazine et ne nous regarde pas. Je m'abandonne au baiser de Robin et nous nous embrassons avec passion.
Je sens soudain sa main sur ma cuisse. Il me caresse et remonte rapidement vers l'entrejambe...
Je réagis illico ! Mon sexe gonfle et se durcit alors qu'il me pelote carrément maintenant !
— Arrête Robin, on va nous voir !
— J'ai trop envie, s'il te plait une dernière fois !
— Non pas ici ! C'est pas jouable !
— Ok, alors on va dans les toilettes !
Je suis surpris mais j'ai envie de lui moi aussi maintenant !
— D'accord, tu y vas le premier et je te rejoins dans deux minutes
Il se lève et se dirige vers les toilettes situées à l'extrémité du wagon, juste à côté de nos bagages...
Je me lève à mon tour et croise le regard de la vieille dame. Je tourne rapidement la tête et sors du compartiment. Je me sens un peu bizarre, comme coupable mais j'écarte cette idée et frappe doucement à la porte des toilettes en murmurant.
— Robin, c'est moi !
Il m'ouvre aussitôt et je m'engouffre dans la cabine.
C'est tout petit. À deux on ne peut pas beaucoup bouger et ce n'est pas franchement romantique mais visiblement Robin n'en a cure ! Il m'embrasse à nouveau et parcours mon corps de ses mains fiévreuses...
Puis il s'assied sur le siège des toilettes et entreprend de déboutonner mon pantalon...
Il le fait glisser sur mes jambes, me caresse le sexe à travers le tissu du slip et le baisse à son tour.
Mon sexe bandé se tend vers lui. Il me caresse doucement puis se baisse et l'engloutis dans sa bouche ! Je me retiens pour ne pas gémir...
Il va vite. Ce n'est pas tendre, c'est une frénésie, une rage sexuelle qui s'est emparée de nous.
Très rapidement, je sens la sève monter et j'éjacule dans sa bouche.
Nous échangeons nos place et j'entreprends aussi rageusement que lui de satisfaire son désir sexuel. C'est comme un besoin impérieux, irrépressible qui nous guide et nous emporte...
Alors que je tête voluptueusement son gland, je lui introduis un doigt dans l'anus ce qui le fait jouir aussitôt en lâchant un gémissement de contentement....
Nous nous réajustement rapidement et silencieusement, presque tristement nous sortons des toilettes et regagnons nos places...
Heureusement d'ailleurs car quelques minutes plus tard, le contrôleur passe. J'ai un frisson dans le dos en pensant à ce qui serait arrivé s'il était venu plus tôt. Je regarde Robin et observe un sourire en coin sur son visage alors qu'il tend son billet.
— C'était moins une ! me glisse-t-il quand le contrôleur sort du wagon.
— Arrête, rien que d'y penser...
...
LE MANS, LE MANS, DEUX MINUTES D'ARRÊT !
« Le Mans, déjà ! Ça veut dire que dans une demi-heure on est à Angers ! »
Je regarde Robin, nous ne disons rien mais visiblement il pense la même chose. Je reprends sa main et la serre fort...
Nous nous embrassons à nouveau et cette fois-ci, j'en ai rien à faire du regard des autres. De toute façon ils ne nous connaissent pas et ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent...
Je sens les larmes qui montent et j'essaie de les contenir mais c'est trop fort et je les sens bientôt ruisseler le long de mes joues...
— Ne pleure pas mein Liebchen, ne pleure pas Thomas !
— Je sais mais je peux pas !...
Le silence à nouveau. Je suis dans un brouillard mental, je ne perçois plus grand-chose, perdu dans mes tristes pensées...
Le paysage défile, les noms de petites villes s'égrènent et forment un compte à rebours dans ma tête. 'C'est fini, c'est fini, c'est fini. Je ne le verrai plus, c'est fini... »
Je pleure à nouveau, silencieusement. Je n'ose pas regarder Robin alors je regarde devant moi et j'aperçois une nouvelle fois la vieille dame qui me fixe. Son regard est empreint de compassion, comme si elle avait compris notre drame, juste en nous observant. Elle me sourit doucement mais je tourne la tête. C'est mon chagrin et je ne veux le partager avec personne, ami ou inconnu !
Robin regarde par la vitre et j'aperçois à mon tour les maisons des villes de la banlieue d'Angers. Elles défilent toujours trop vite même si nous ralentissons progressivement.
— Thomas, il vaut mieux qu'on se dise adieu maintenant car si on attend la sortie de la gare quand nos parents seront là on va se mettre à chialer tous les deux !
— Oui, t'as raison mais...
— Oui, je sais moi aussi, ça me tue !
Il a presque crié en disant ces derniers mots. Nous levons et nous enlaçons une dernière fois. Je l'embrasse, je ne veux pas le laisser partir même si je sais qu'il a raison...
— Thomas, soit raisonnable...
Il s'arrache brusquement à mon étreinte, marche dans l'allée et se dirige vers les bagages. Il sort sa valise de l'endroit où elle était entreposée et l'ouvre. Il fouille rageusement dedans et en sors le cadeau de Birgit, le beau sweat bleu avec son nom de brodé et revient vers moi.
— Tiens, on va les échanger ! On dira qu'on s'est trompé !
Je fonce à ma valise et extirpe mon sweat que je lui tends à mon tour.
— Je t'aime Robin !
— Je t'aime Thomas ! Je t'aime ! Souhaite nous bonne chance pour ce soir quand je parlerai à mes parents...
Il retourne prendre sa valise et traverse le wagon dans l'autre sens pour s'éloigner maintenant avant qu'il ne soit trop tard et que nous ne craquions complètement.
Je reste hébété et le regarde partir, les épaules basses, traînant sa valise comme tous les malheurs du monde et disparaître derrière la porte opposée du wagon...
Nous sommes seuls, au milieu de la foule des parisiens, des voyageurs et des touristes de toute nationalité. Les gens marchent vite, silencieusement. C'est comme un flux incessant et nous sommes deux feuilles mortes emportées par le courant...
Je suis crevé et j'ai faim et après une bonne demi-heure de tribulation souterraine, nous arrivons enfin à Montparnasse. Il est presque quatre heures et demie mais notre train ne part qu'à 17h18.
Nous décidons donc de nous attabler et de manger un morceau.
— Putain, je suis mort !
— Ouais, moi aussi. J'ai chaud, je transpire de partout et j'ai mal aux pieds !
Je mords dans mon sandwich, beurk ! le pain est mou et le jambon n'a pas belle allure...
— Dans moins de trois heures, ce sera la fin !
— Arrête Thomas ! Qu'est-ce qu'on peut y faire ? Prendre un billet pour la Lozère et aller se cacher au fond d'un champ en pleine campagne...
— Non mais c'est juste que...
— Excuse, j'suis énervé...
...
La conversation tourne en rond ou plutôt ne tourne pas rond ! Nous n'avons rien à nous dire sinon que de faire le constat de notre désespoir, de notre angoisse et de notre mal être...
Cela fait beaucoup de blancs et peu de perspectives...
...
Il est presque cinq heures et nous décidons d'aller sur le quai pour voir si le train est déjà là.
C'est le cas et après avoir repéré notre wagon, nous montons nous y installer.
Il n'y a quasiment personne dans le wagon, bizarre, on est pourtant samedi, en plein départ de vacances, à moins qu'il ne s'agisse d'un train supplémentaire de dernière minute...
On s'installe dans un des bouts pour ne pas être loin des bagages et on attend.
— Thomas, concrètement comment on va faire ?
— Tu veux dire, quand on sera à Angers ?
— Oui !
— À mon avis, il faut que tu parles à tes parents dès ce soir mais comment ?... Soit tu ne dis rien pour nous et tu essayes de la jouer genre ado rebelle, je suis grand maintenant, j'ai le droit de décider de ma vie et vous pouvez pas m'obliger à aller en Suède...
— Ça, ça ne marchera pas ! Mon père ne me laissera pas faire mon numéro. Ça donnera Robin, il faut que tu comprennes que dans la vie on ne fait pas toujours ce qu'on veut et il faut parfois mettre de côté ses désirs personnels pour le bien-être de tout le monde !
— Et ta mère ?
— Là-dessus, elle suivra complètement mon père ! Si je le braque à mon avis c'est mort !
— Alors, il ne reste que la deuxième option... tout leur dire ! Mais bon... là, il faut le sentir. Ça fait un peu... ça passe ou ça casse !
— Ouais, leur dire dans la même phrase, je suis gay et je veux pas quitter mon amoureux qui habite Angers... ça risque de faire des dégâts... je vois d'ici la scène, ma mère en larme et mon père en colère ou pire, glacial et là, aucune chance pour qu'ils me laissent tout seul à Angers !
— Et si je venais chez toi pour qu'on leur parle tous les deux ?... Non, c'est ridicule, ils seraient peut-être encore plus choqués et ils se sentiraient agressés et réagiraient encore plus fort...
— S'il vous plaît, pouvez-vous m'aider ? S'il vous plaît !
On prend brusquement conscience que quelqu'un nous interpelle, on se lève vers l'entrée du wagon où une vieille dame nous adresse un grand sourire.
— Excusez-moi de vous déranger, pourriez-vous prendre ma valise parce que je ne peux pas la porter ?
— Bien sûr Madame, je m'en occupe.
Robin saute du wagon et pendant que j'aide la vieille dame à monter, il prend la valise et l'emmène dans le compartiment.
La vieille dame nous remercie chaleureusement et s'installe un peu plus loin.
...
C'est vraiment bizarre, à part quelques personnes qui sont montées depuis l'arrivée de la vieille dame, le compartiment est quasiment désert et le train part dans quelques minutes.
...
Ça y est nous partons. Encore une étape de franchie, c'est la dernière ligne droite avant l'arrivée à Angers, avant la fin...
J'ai pris la main de Robin, à priori personne ne peut nous voir, sauf peut-être cette vieille dame qui est en vis-à-vis de nous quelques rangées plus loin. Il n'est pas insensible et s'est rapproché de moi, nos corps se touchent et je pose ma tête contre son épaule.
Il se tourne vers moi, lâche ma main et passe sa main dans mes cheveux avant de se pencher pour m'embrasser. Je jette furtivement un œil vers notre voisine mais ça va, elle lit son magazine et ne nous regarde pas. Je m'abandonne au baiser de Robin et nous nous embrassons avec passion.
Je sens soudain sa main sur ma cuisse. Il me caresse et remonte rapidement vers l'entrejambe...
Je réagis illico ! Mon sexe gonfle et se durcit alors qu'il me pelote carrément maintenant !
— Arrête Robin, on va nous voir !
— J'ai trop envie, s'il te plait une dernière fois !
— Non pas ici ! C'est pas jouable !
— Ok, alors on va dans les toilettes !
Je suis surpris mais j'ai envie de lui moi aussi maintenant !
— D'accord, tu y vas le premier et je te rejoins dans deux minutes
Il se lève et se dirige vers les toilettes situées à l'extrémité du wagon, juste à côté de nos bagages...
Je me lève à mon tour et croise le regard de la vieille dame. Je tourne rapidement la tête et sors du compartiment. Je me sens un peu bizarre, comme coupable mais j'écarte cette idée et frappe doucement à la porte des toilettes en murmurant.
— Robin, c'est moi !
Il m'ouvre aussitôt et je m'engouffre dans la cabine.
C'est tout petit. À deux on ne peut pas beaucoup bouger et ce n'est pas franchement romantique mais visiblement Robin n'en a cure ! Il m'embrasse à nouveau et parcours mon corps de ses mains fiévreuses...
Puis il s'assied sur le siège des toilettes et entreprend de déboutonner mon pantalon...
Il le fait glisser sur mes jambes, me caresse le sexe à travers le tissu du slip et le baisse à son tour.
Mon sexe bandé se tend vers lui. Il me caresse doucement puis se baisse et l'engloutis dans sa bouche ! Je me retiens pour ne pas gémir...
Il va vite. Ce n'est pas tendre, c'est une frénésie, une rage sexuelle qui s'est emparée de nous.
Très rapidement, je sens la sève monter et j'éjacule dans sa bouche.
Nous échangeons nos place et j'entreprends aussi rageusement que lui de satisfaire son désir sexuel. C'est comme un besoin impérieux, irrépressible qui nous guide et nous emporte...
Alors que je tête voluptueusement son gland, je lui introduis un doigt dans l'anus ce qui le fait jouir aussitôt en lâchant un gémissement de contentement....
Nous nous réajustement rapidement et silencieusement, presque tristement nous sortons des toilettes et regagnons nos places...
Heureusement d'ailleurs car quelques minutes plus tard, le contrôleur passe. J'ai un frisson dans le dos en pensant à ce qui serait arrivé s'il était venu plus tôt. Je regarde Robin et observe un sourire en coin sur son visage alors qu'il tend son billet.
— C'était moins une ! me glisse-t-il quand le contrôleur sort du wagon.
— Arrête, rien que d'y penser...
...
LE MANS, LE MANS, DEUX MINUTES D'ARRÊT !
« Le Mans, déjà ! Ça veut dire que dans une demi-heure on est à Angers ! »
Je regarde Robin, nous ne disons rien mais visiblement il pense la même chose. Je reprends sa main et la serre fort...
Nous nous embrassons à nouveau et cette fois-ci, j'en ai rien à faire du regard des autres. De toute façon ils ne nous connaissent pas et ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent...
Je sens les larmes qui montent et j'essaie de les contenir mais c'est trop fort et je les sens bientôt ruisseler le long de mes joues...
— Ne pleure pas mein Liebchen, ne pleure pas Thomas !
— Je sais mais je peux pas !...
Le silence à nouveau. Je suis dans un brouillard mental, je ne perçois plus grand-chose, perdu dans mes tristes pensées...
Le paysage défile, les noms de petites villes s'égrènent et forment un compte à rebours dans ma tête. 'C'est fini, c'est fini, c'est fini. Je ne le verrai plus, c'est fini... »
Je pleure à nouveau, silencieusement. Je n'ose pas regarder Robin alors je regarde devant moi et j'aperçois une nouvelle fois la vieille dame qui me fixe. Son regard est empreint de compassion, comme si elle avait compris notre drame, juste en nous observant. Elle me sourit doucement mais je tourne la tête. C'est mon chagrin et je ne veux le partager avec personne, ami ou inconnu !
Robin regarde par la vitre et j'aperçois à mon tour les maisons des villes de la banlieue d'Angers. Elles défilent toujours trop vite même si nous ralentissons progressivement.
— Thomas, il vaut mieux qu'on se dise adieu maintenant car si on attend la sortie de la gare quand nos parents seront là on va se mettre à chialer tous les deux !
— Oui, t'as raison mais...
— Oui, je sais moi aussi, ça me tue !
Il a presque crié en disant ces derniers mots. Nous levons et nous enlaçons une dernière fois. Je l'embrasse, je ne veux pas le laisser partir même si je sais qu'il a raison...
— Thomas, soit raisonnable...
Il s'arrache brusquement à mon étreinte, marche dans l'allée et se dirige vers les bagages. Il sort sa valise de l'endroit où elle était entreposée et l'ouvre. Il fouille rageusement dedans et en sors le cadeau de Birgit, le beau sweat bleu avec son nom de brodé et revient vers moi.
— Tiens, on va les échanger ! On dira qu'on s'est trompé !
Je fonce à ma valise et extirpe mon sweat que je lui tends à mon tour.
— Je t'aime Robin !
— Je t'aime Thomas ! Je t'aime ! Souhaite nous bonne chance pour ce soir quand je parlerai à mes parents...
Il retourne prendre sa valise et traverse le wagon dans l'autre sens pour s'éloigner maintenant avant qu'il ne soit trop tard et que nous ne craquions complètement.
Je reste hébété et le regarde partir, les épaules basses, traînant sa valise comme tous les malheurs du monde et disparaître derrière la porte opposée du wagon...