Chapitre 37
Cet après-midi nous allons chez Franz. Rien de précis au programme, juste passer du temps avec nos amis, nos dernières heures, s'amuser sans se prendre la tête...
On fait d'abord un ping-pong. Il fait beau et la table est sortie dans le jardin. Je suis assez bon au ping car c'est un sport de raquette comme le badminton et même si la technique est différente, ça donne quelques notions pour la coordination, la maîtrise des trajectoires...
Bref, sans être une star, je domine un peu la situation et je leur mets régulièrement la pâtée !
On fait des matchs de simples et aussi des doubles. On joue avec des règles inventées, on s'amuse bien.
Les filles, Kathrin et Angelika, nous rejoignent un peu plus tard et certains continuent à jouer au ping. Avec Franz, Angelika et Robin nous descendons au sous-sol jouer au billard. Cette foi-ci c'est Franz le patron et il nous apprend à jouer. Comment bien tenir la queue, où viser, mettre de l'effet rétro pour éviter que la boule blanche tombe dans les trous...
On commence à réussir de jolis coups et du coup le billard, ça devient super intéressant !
Il est un peu plus de quatre heures et demie quand nous décidons de faire une pause et de nous retrouver sur la terrasse.
Inévitablement la conversation revient sur notre départ demain et après nous être tous promis une amitié indéfectible, échangé nos adresses et être revenus sur quelques instants vécus ensemble qui nous ont marqué, et il y en a eu pas mal, nous tournons un peu en rond et une certaine morosité s'installe. Sans être dans notre cas, eux aussi sont un peu mélancoliques. Franz part lundi pour le sud de la France et Andreas à la fin de la semaine prochaine en Italie.
Ça casse un peu l'ambiance dans les couples nouvellement formés...
On décide de se remuer un peu pour chasser ce vague à l'âme qui nous étreint petit
à petit et terminons l'après-midi par un concours de fléchettes par équipes de deux. Ce sont Andreas et Kathrin qui gagnent devant Robin et moi.Franz et Angelika terminent bon dernier. Mais nous tous assez bons ou mauvais, au gré des tours, pour que ce soit l'occasion d'une bonne tranche de rigolade !
...
Andreas est passé raccompagner Kathrin chez elle. Robin et moi, après des adieux émouvants, rentrons seuls pour le diner.
— Ça fout les boules de devoir partir, tu avais raison Thomas, moi aussi je resterai bien à Laatzen. On a réussi à se faire de vrais amis en trois semaines et à y vivre ouvertement notre amour. Je ne suis pas sûr que ce soit aussi simple en France !
— C'est vrai qu'on est tombé chez des gens bien et que les amis d'Andreas sont top niveau. Mais je crois que c'est surtout parce qu'on est nouveau ici. On n'a pas de passé à gérer alors qu'en France il va falloir tout expliquer, se justifier auprès des gens qui nous connaissent déjà en ayant peur à chaque fois de se prendre une claque dans la gueule !
— Oui, expliquer, ne pas choquer, prendre le risque ou pas... c'est bien compliqué tout ça !
Tu sais, je suis soulagé de savoir ce que je suis enfin, depuis tant d'années de doute mais en même temps ça fait vraiment peur !
— Oui, moi c'est pareil, je me vois pas afficher mon homosexualité comme ça ! Tu imagines au lycée !...
— C'est injouable ou alors il faut être très fort ! Si je restais en France, peut-être qu'on aurait pu le faire tous les deux à notre rythme, progressivement...
— Tout seul je le ferai pas c'est clair ! J'ai pas envie d'être traité comme un paria par un tas de connards ! Ou d'être déçu par d'autres que j'aime bien....
— En tous les cas, il faut qu'on réfléchisse comment on fait vis-à-vis de nos parents...
Parce que moi je sais pas comment je vais faire sans toi ! Sa voix se casse un peu, il a les yeux qui brillent...
Je m'approche de lui et je l'embrasse. On est en pleine rue mais je m'en fous ! Personne ne nous connait et demain on est parti alors...
— Moi non plus Robin, je ne sais pas comment je vais faire !
...
Après le repas, nous restons un moment tous ensemble dans le salon. Dieter sirote son thé et Birgit boit son café. Nous, nous jouons aux cartes. Robin et Michaël jouent ensembles et leur complicité est marrante. Michaël est super spontané comme tous les petits garçons et à chaque fois qu'il tire une bonne ou une mauvaise carte, on lit à livre ouvert sur son visage. Robin, au contraire reste impassible et lui chuchote quoi jouer...
Cela fait deux tours qu'ils sont près de poser leur dernière carte et Michaël ne peut plus se contenir. Il commente chaque carte posée, il passe du sourire à la grimace et quand enfin il pose sa dernière carte, il crie de joie et enlace Robin.
— Michaël : Wir haben gewonnen! Wir sind die beste! Wir haben gewonnen! (On a gagné ! On est les meilleurs ! On a gagné !)
— Birgit : So es ist Zeit für dich ins Bett zu gehen, Michaël" (Bon, il est temps d'aller au lit Michaël) intervient Birgit
Il râle un peu, comme tous les enfants qui n'ont jamais envie de dormir et surtout de quitter la compagnie des grands, mais fini par monter.
— Dieter : Als es ist das letztes Mal dass wir zusammen sind, möchte ich etwas sagen" (Comme c'est la dernière fois que nous sommes réunis ensembles, je voudrai dire quelque chose) intervient Dieter.
— Dieter : Thomas, Robin, es tut mir sehr leid dass ihr Morgen zurückfahren werdet. Wenn ihr beide nachtest Jahr bei uns wieder kommen wollt, das wäre eine große Freude ihr aufzunehmen!
Ich weiß dass ihr Rückkehr bei euere Familie, vielleicht nicht einfach sein wird... Robinumzug usw. So wir haben, Birgit und ich, ein Brief für ihre Eltern vorbereitet. Ich kann nicht Französisch sprechen so habe ich es in Englisch geschrieben. Wir erklären was hier geschehen ist, wie wir reagiert haben, wie ihr ihr verhalten habt...
Wir wollen von Eltern zu andere Eltern etwas sagen damit es vielleicht leichter für sie sein wird wenn ihr ihnen, die Wahrheit sagen wollt. Wir haben viel darüber nachgedacht und wenn sie uns telefonieren oder schreiben wollen, sind wir bereit mit ihnen zu sprechen... (Thomas, Robin, je suis désolé que vous deviez déjà nous quitter demain matin. Si vous voulez revenir tous les deux l'année prochaine chez nous, ce sera avec grande joie que nous vous accueillerons. Je sais que le retour dans vos familles ne sera peut-être pas simple avec le déménagement de Robin et tout le reste...
C'est pourquoi, Birgit et moi avons préparé une lettre pour vos parents. Je ne parle pas français aussi je l'ai écrite en anglais. Nous y expliquons ce qui s'est passé ici, comment nous avons réagi, comment vous vous êtes comporté...
Nous voulons leur parler de parents à parents pour que cela soit peut-être un peu plus facile pour eux de comprendre lorsque vous voudrez leur dire la vérité. Nous y avons beaucoup pensé et s'ils veulent nous écrire ou nous téléphoner, nous sommes prêts à dialoguer avec eux.)
— Birgit : Ja das ist nur wenn es nötig ist. Ihr seid nicht verpflichtet, ihnen diesen Brief zu zeigen. Es ist nur falls... (Oui, c'est juste pour le cas où vous pensez que cela peut être utile. Ne vous sentez pas obligés de leur donner cette lettre. C'est juste au cas où...)
Et elle me tend une lettre fermée portant l'inscription Für Thomaseltern et fait de même pour Robin.
— Thomas : Vielen Dank! Ich weiß nicht was zu sagen aber, unser Aufenthalt bei euere Familie hat mir ganz verändert. Ich bin gewusst geworden dass ich gay bin. Ich habe auf Leute viel gelernt, ich habe über meine Zukunft viel überlegt. So ich bin ein ganz andere Junge geworden und ich dass ihnen viel zu verdanken habe. Ja viel!
(Merci beaucoup ! Je ne sais pas trop quoi dire mais notre séjour ici, dans votre famille, m'a complètement transformé. J'ai pris vraiment conscience que je suis gay. J'ai beaucoup appris sur les gens en général et j'ai réfléchi à ma vie future. Je suis devenu un autre garçon et je voulais vous remercier de m'avoir permis de mûrir. Oui vraiment merci beaucoup !)
— Robin : Das meine ich auch! Wirklich danke für ihr Verständnis, für ihre Nettigkeit, für alles ihr habt für uns getan! (C'est exactement ce que je pense ! Vraiment merci pour votre compréhension, votre gentillesse et pour tout ce que vous avez fait pour nous !)
...
Après nous être une nouvelle fois confondus en remerciements, ô combien sincères, nous demandons la permission d'aller nous promener un dernière fois et prenons congé de Birgit et Dieter.
Il n'est pas tard, à peine dix heures, mais il n'y a personne dehors. De nombreuses maisons sont vides leurs habitants partis en vacance ou en week-end et pour le reste, les gens sont chez eux tranquillement devant la télé...
Nous marchons silencieusement sans savoir où nous allons...
La chanson de Barbara et notre transposition me reviennent à l'esprit et je fredonne doucement.
« Et faites qu'un jour j'y revienne
Pour voir ce qu'ils deviennent
Car de les quitter, mon cœur saigne,
Les enfants blonds de Laatzen
Et lorsque sonnera le glas de ce charme,
Que retentira l'ultime alarme,
Mon cœur versera plus d'une larme
Pour Laatzen, pour Laatzen »
...
Sans y prêter attention, nous avons pris le chemin du collège, échangeant à peine quelques mots, chacun perdu dans sa propre mélancolie...
On aperçoit maintenant les grilles devant la grande bâtisse de brique. Tout est sombre et déserté.
— Viens Thomas, on y va !
— Où ça ?
— Dans le parc, la où on s'est embrassé la première fois !
— Mais Robin t'es fou !
— Oui, je suis fou comme ce soir là ! Allez viens !
Je comprends tout d'un coup... Ce fut le début de notre amour et c'est maintenant la fin de notre voyage... la boucle est bouclée !
Robin monte agilement sur le petit muret et escalade prestement la grille. Il me fait signe de le suivre et avec les mains, à travers les barreaux, me fait la courte échelle.
Nous sommes dans la cour et sans un mot nous nous mettons à courir vers le parc... L'obscurité se fait plus profonde quand nous pénétrons sous les arbres.
— Arrêtons nous ici ! C'est bien il y a juste un peu de clair de lune...
Je frissonne et me réfugie dans les bras de Robin. Nous nous embrassons tendrement puis le feu se ravive et pris d'une soudaine frénésie, nous nous laissons glisser à terre...
...
Après avoir rageusement puis plus calmement laissés nos corps évacuer la tension qui les habitaient, désormais apaisés, nous restons allongés et reprenons doucement les commandes de nos esprits...
— Tu sais Robin quoiqu'il arrive même si on se revoit jamais après ton déménagement ou même si tu veux plus me revoir parce que tu ne m'aime plus...
— Arrête Thomas, dis jamais ça !
— Non je veux dire, tu seras toujours la meilleure chose qui me soit arrivée et...
— Et moi aussi je t'aimerai toujours ! Qu'est ce que tu as ? Tu as peur qu'après une semaine en Suède je vire ma cuti et tombe amoureux d'une belle blonde ?
— Non c'est pas ça mais j'ai peur de te perdre, que tu m'oublies, que tout soit fini...
Je craque et les larmes me montent aux yeux puis ruissellent le long de mes joues...
— Je t'aime Robin, je t'aime tellement !
Il prend mon visage entre ses mains, me force à le regarder.
— Et moi, tu ne me crois pas ? Je t'aime ! Je t'aime plus que tout Thomas ! et il se met aussi à pleurer...
Cet après-midi nous allons chez Franz. Rien de précis au programme, juste passer du temps avec nos amis, nos dernières heures, s'amuser sans se prendre la tête...
On fait d'abord un ping-pong. Il fait beau et la table est sortie dans le jardin. Je suis assez bon au ping car c'est un sport de raquette comme le badminton et même si la technique est différente, ça donne quelques notions pour la coordination, la maîtrise des trajectoires...
Bref, sans être une star, je domine un peu la situation et je leur mets régulièrement la pâtée !
On fait des matchs de simples et aussi des doubles. On joue avec des règles inventées, on s'amuse bien.
Les filles, Kathrin et Angelika, nous rejoignent un peu plus tard et certains continuent à jouer au ping. Avec Franz, Angelika et Robin nous descendons au sous-sol jouer au billard. Cette foi-ci c'est Franz le patron et il nous apprend à jouer. Comment bien tenir la queue, où viser, mettre de l'effet rétro pour éviter que la boule blanche tombe dans les trous...
On commence à réussir de jolis coups et du coup le billard, ça devient super intéressant !
Il est un peu plus de quatre heures et demie quand nous décidons de faire une pause et de nous retrouver sur la terrasse.
Inévitablement la conversation revient sur notre départ demain et après nous être tous promis une amitié indéfectible, échangé nos adresses et être revenus sur quelques instants vécus ensemble qui nous ont marqué, et il y en a eu pas mal, nous tournons un peu en rond et une certaine morosité s'installe. Sans être dans notre cas, eux aussi sont un peu mélancoliques. Franz part lundi pour le sud de la France et Andreas à la fin de la semaine prochaine en Italie.
Ça casse un peu l'ambiance dans les couples nouvellement formés...
On décide de se remuer un peu pour chasser ce vague à l'âme qui nous étreint petit
à petit et terminons l'après-midi par un concours de fléchettes par équipes de deux. Ce sont Andreas et Kathrin qui gagnent devant Robin et moi.Franz et Angelika terminent bon dernier. Mais nous tous assez bons ou mauvais, au gré des tours, pour que ce soit l'occasion d'une bonne tranche de rigolade !
...
Andreas est passé raccompagner Kathrin chez elle. Robin et moi, après des adieux émouvants, rentrons seuls pour le diner.
— Ça fout les boules de devoir partir, tu avais raison Thomas, moi aussi je resterai bien à Laatzen. On a réussi à se faire de vrais amis en trois semaines et à y vivre ouvertement notre amour. Je ne suis pas sûr que ce soit aussi simple en France !
— C'est vrai qu'on est tombé chez des gens bien et que les amis d'Andreas sont top niveau. Mais je crois que c'est surtout parce qu'on est nouveau ici. On n'a pas de passé à gérer alors qu'en France il va falloir tout expliquer, se justifier auprès des gens qui nous connaissent déjà en ayant peur à chaque fois de se prendre une claque dans la gueule !
— Oui, expliquer, ne pas choquer, prendre le risque ou pas... c'est bien compliqué tout ça !
Tu sais, je suis soulagé de savoir ce que je suis enfin, depuis tant d'années de doute mais en même temps ça fait vraiment peur !
— Oui, moi c'est pareil, je me vois pas afficher mon homosexualité comme ça ! Tu imagines au lycée !...
— C'est injouable ou alors il faut être très fort ! Si je restais en France, peut-être qu'on aurait pu le faire tous les deux à notre rythme, progressivement...
— Tout seul je le ferai pas c'est clair ! J'ai pas envie d'être traité comme un paria par un tas de connards ! Ou d'être déçu par d'autres que j'aime bien....
— En tous les cas, il faut qu'on réfléchisse comment on fait vis-à-vis de nos parents...
Parce que moi je sais pas comment je vais faire sans toi ! Sa voix se casse un peu, il a les yeux qui brillent...
Je m'approche de lui et je l'embrasse. On est en pleine rue mais je m'en fous ! Personne ne nous connait et demain on est parti alors...
— Moi non plus Robin, je ne sais pas comment je vais faire !
...
Après le repas, nous restons un moment tous ensemble dans le salon. Dieter sirote son thé et Birgit boit son café. Nous, nous jouons aux cartes. Robin et Michaël jouent ensembles et leur complicité est marrante. Michaël est super spontané comme tous les petits garçons et à chaque fois qu'il tire une bonne ou une mauvaise carte, on lit à livre ouvert sur son visage. Robin, au contraire reste impassible et lui chuchote quoi jouer...
Cela fait deux tours qu'ils sont près de poser leur dernière carte et Michaël ne peut plus se contenir. Il commente chaque carte posée, il passe du sourire à la grimace et quand enfin il pose sa dernière carte, il crie de joie et enlace Robin.
— Michaël : Wir haben gewonnen! Wir sind die beste! Wir haben gewonnen! (On a gagné ! On est les meilleurs ! On a gagné !)
— Birgit : So es ist Zeit für dich ins Bett zu gehen, Michaël" (Bon, il est temps d'aller au lit Michaël) intervient Birgit
Il râle un peu, comme tous les enfants qui n'ont jamais envie de dormir et surtout de quitter la compagnie des grands, mais fini par monter.
— Dieter : Als es ist das letztes Mal dass wir zusammen sind, möchte ich etwas sagen" (Comme c'est la dernière fois que nous sommes réunis ensembles, je voudrai dire quelque chose) intervient Dieter.
— Dieter : Thomas, Robin, es tut mir sehr leid dass ihr Morgen zurückfahren werdet. Wenn ihr beide nachtest Jahr bei uns wieder kommen wollt, das wäre eine große Freude ihr aufzunehmen!
Ich weiß dass ihr Rückkehr bei euere Familie, vielleicht nicht einfach sein wird... Robinumzug usw. So wir haben, Birgit und ich, ein Brief für ihre Eltern vorbereitet. Ich kann nicht Französisch sprechen so habe ich es in Englisch geschrieben. Wir erklären was hier geschehen ist, wie wir reagiert haben, wie ihr ihr verhalten habt...
Wir wollen von Eltern zu andere Eltern etwas sagen damit es vielleicht leichter für sie sein wird wenn ihr ihnen, die Wahrheit sagen wollt. Wir haben viel darüber nachgedacht und wenn sie uns telefonieren oder schreiben wollen, sind wir bereit mit ihnen zu sprechen... (Thomas, Robin, je suis désolé que vous deviez déjà nous quitter demain matin. Si vous voulez revenir tous les deux l'année prochaine chez nous, ce sera avec grande joie que nous vous accueillerons. Je sais que le retour dans vos familles ne sera peut-être pas simple avec le déménagement de Robin et tout le reste...
C'est pourquoi, Birgit et moi avons préparé une lettre pour vos parents. Je ne parle pas français aussi je l'ai écrite en anglais. Nous y expliquons ce qui s'est passé ici, comment nous avons réagi, comment vous vous êtes comporté...
Nous voulons leur parler de parents à parents pour que cela soit peut-être un peu plus facile pour eux de comprendre lorsque vous voudrez leur dire la vérité. Nous y avons beaucoup pensé et s'ils veulent nous écrire ou nous téléphoner, nous sommes prêts à dialoguer avec eux.)
— Birgit : Ja das ist nur wenn es nötig ist. Ihr seid nicht verpflichtet, ihnen diesen Brief zu zeigen. Es ist nur falls... (Oui, c'est juste pour le cas où vous pensez que cela peut être utile. Ne vous sentez pas obligés de leur donner cette lettre. C'est juste au cas où...)
Et elle me tend une lettre fermée portant l'inscription Für Thomaseltern et fait de même pour Robin.
— Thomas : Vielen Dank! Ich weiß nicht was zu sagen aber, unser Aufenthalt bei euere Familie hat mir ganz verändert. Ich bin gewusst geworden dass ich gay bin. Ich habe auf Leute viel gelernt, ich habe über meine Zukunft viel überlegt. So ich bin ein ganz andere Junge geworden und ich dass ihnen viel zu verdanken habe. Ja viel!
(Merci beaucoup ! Je ne sais pas trop quoi dire mais notre séjour ici, dans votre famille, m'a complètement transformé. J'ai pris vraiment conscience que je suis gay. J'ai beaucoup appris sur les gens en général et j'ai réfléchi à ma vie future. Je suis devenu un autre garçon et je voulais vous remercier de m'avoir permis de mûrir. Oui vraiment merci beaucoup !)
— Robin : Das meine ich auch! Wirklich danke für ihr Verständnis, für ihre Nettigkeit, für alles ihr habt für uns getan! (C'est exactement ce que je pense ! Vraiment merci pour votre compréhension, votre gentillesse et pour tout ce que vous avez fait pour nous !)
...
Après nous être une nouvelle fois confondus en remerciements, ô combien sincères, nous demandons la permission d'aller nous promener un dernière fois et prenons congé de Birgit et Dieter.
Il n'est pas tard, à peine dix heures, mais il n'y a personne dehors. De nombreuses maisons sont vides leurs habitants partis en vacance ou en week-end et pour le reste, les gens sont chez eux tranquillement devant la télé...
Nous marchons silencieusement sans savoir où nous allons...
La chanson de Barbara et notre transposition me reviennent à l'esprit et je fredonne doucement.
« Et faites qu'un jour j'y revienne
Pour voir ce qu'ils deviennent
Car de les quitter, mon cœur saigne,
Les enfants blonds de Laatzen
Et lorsque sonnera le glas de ce charme,
Que retentira l'ultime alarme,
Mon cœur versera plus d'une larme
Pour Laatzen, pour Laatzen »
...
Sans y prêter attention, nous avons pris le chemin du collège, échangeant à peine quelques mots, chacun perdu dans sa propre mélancolie...
On aperçoit maintenant les grilles devant la grande bâtisse de brique. Tout est sombre et déserté.
— Viens Thomas, on y va !
— Où ça ?
— Dans le parc, la où on s'est embrassé la première fois !
— Mais Robin t'es fou !
— Oui, je suis fou comme ce soir là ! Allez viens !
Je comprends tout d'un coup... Ce fut le début de notre amour et c'est maintenant la fin de notre voyage... la boucle est bouclée !
Robin monte agilement sur le petit muret et escalade prestement la grille. Il me fait signe de le suivre et avec les mains, à travers les barreaux, me fait la courte échelle.
Nous sommes dans la cour et sans un mot nous nous mettons à courir vers le parc... L'obscurité se fait plus profonde quand nous pénétrons sous les arbres.
— Arrêtons nous ici ! C'est bien il y a juste un peu de clair de lune...
Je frissonne et me réfugie dans les bras de Robin. Nous nous embrassons tendrement puis le feu se ravive et pris d'une soudaine frénésie, nous nous laissons glisser à terre...
...
Après avoir rageusement puis plus calmement laissés nos corps évacuer la tension qui les habitaient, désormais apaisés, nous restons allongés et reprenons doucement les commandes de nos esprits...
— Tu sais Robin quoiqu'il arrive même si on se revoit jamais après ton déménagement ou même si tu veux plus me revoir parce que tu ne m'aime plus...
— Arrête Thomas, dis jamais ça !
— Non je veux dire, tu seras toujours la meilleure chose qui me soit arrivée et...
— Et moi aussi je t'aimerai toujours ! Qu'est ce que tu as ? Tu as peur qu'après une semaine en Suède je vire ma cuti et tombe amoureux d'une belle blonde ?
— Non c'est pas ça mais j'ai peur de te perdre, que tu m'oublies, que tout soit fini...
Je craque et les larmes me montent aux yeux puis ruissellent le long de mes joues...
— Je t'aime Robin, je t'aime tellement !
Il prend mon visage entre ses mains, me force à le regarder.
— Et moi, tu ne me crois pas ? Je t'aime ! Je t'aime plus que tout Thomas ! et il se met aussi à pleurer...