08-05-2025, 10:49 AM
Chapitre 35
Dernier cours aujourd'hui. Donc ce matin, pas le temps de traîner. Lever à la bourre comme d'habitude, ptit déj avalé en vitesse et on file vers la gare.
C'est Birgit qui nous y emmène, Dieter est parti très tôt ce matin. Nous lui expliquons que nous rentrerons en tout début d'après-midi certainement avec deux amis français et qu'ensuite nous irons à la piscine avec les garçons et toute la bande.
...
Dans le train on discute pour la première fois depuis longtemps de notre situation et de l'avenir...
— Je crois que de toute façon c'est mort pour que je reste à Angers cette année. Mon père était complètement bouché !
J'encaisse tant bien que mal ce que vient de dire Robin... de toute façon j'étais arrivé à la même conclusion...
— Ce qu'il faut que je négocie c'est de pouvoir revenir aux vacances...
— Tu crois qu'ils ont des vacances à la Toussaint en Suède ?
— J'sais pas, j'espère parce si faut attendre jusqu'à Noël... ça va pas être la joie...
— Peut-être que si j'en parle à mes parents, je pourrai venir moi aussi. Comme ça on pourrait alterner, une fois toi, une fois moi.
— Ça ce serait cool mais ça veut dire qu'on leur aura tout expliqué sinon ils risquent de pas comprendre et de dire non...
Je visualise la situation... expliquer à mes parents que leur petit fils chéri est gay et qu'il veut rejoindre son copain en Suède...
... Ça risque de pas être évident...
— Je sais pas si j'oserai leur en parler et encore moins comment ils réagiront... mais je crois que s'il y a une chance pour que ça marche, je le ferai !
— Oui moi aussi ! Il faudra peut-être attendre un peu et préparer le terrain et après on verra si on peut se lancer...
Je suis un peu rasséréné, la situation n'est peut-être pas aussi désespérée... peut-être...
...
Aujourd'hui, en cours, on fait un travail sur les différences que l'on a remarquées entre d'une façon générale, la France et l'Allemagne et plus particulièrement sur la façon de vivre, les mentalités...
Les allemands sont plus respectueux des règles (traverser sur les passages piétons, ne pas jeter de papier par terre...), plus écolos (tri sélectif systématique, déplacement en vélo dès que possible...).
C'est sûr on n'invente rien mais en en parlant on retrouve un tas de détails communs chez nos familles d'accueil, des habitudes de vie...
On finit en jouant des situations ou on doit interpréter une situation avec tour à tour des personnages français et allemands. C'est franchement caricatural mais c'est hyper marrant.
Décidément, des cours d'allemands comme ça j'en voudrai bien en France !
À la fin du cours, tout le groupe remercie Jutta pour les thèmes qu'elle nous a fait aborder et la façon dont elle les a animés. Sûr, Jutta comme prof d'allemand, je signe tous les jours !
On se quitte après qu'elle nous ait rappelé les consignes pour le départ de mardi (lieu de rendez-vous, heure impérative, jawohl Jutta !... , pique-nique pour le voyage...).
Comme d'habitude, mais pour la dernière fois nous allons manger au parc tout près de là.
— Thomas : Alors c'est bon vous venez à Laatzen, à la piscine cet aprem ?
— Alexis : Ouai, j'ai bien négocié mais il ne faut pas que je rentre trop tard. Il faudra qu'on regarde les horaires de train pour le retour...
— Thomas : Et toi Marjo, c'est bon ?
— Marjorie : Pas de problème, ça marche. Je rentrerai avec Alexis, il faudrait pas qu'il se perde...
— Alexis : Dis plutôt que t'aurais peur de rentrer en France sans moi !
— Marjorie : Crois ça mon beau ! On verra qui pleurera le plus quand je partirai en vacances avec mes copines au mois d'août...
— Robin : Ben dites donc c'est l'amour vache maintenant !
C'est marrant de les voir faire mine de se disputer comme un vieux couple, sur des broutilles mais avec une passion qui trahit leur attachement...
— Marjorie : Et vous, pas trop mal au cul ? demande abruptement Marjorie d'un air malin...
— Robin : Arrête ! M'en parle pas, depuis qu'on dort ensemble, j'sais pas pourquoi, tous les matins quand je me lève j'arrive pas à marcher tellement je boite !
Et il mime la scène de façon caricaturale. C'est à mourir de rire !
— Alexis : Alors comme ça Thomas t'es une bête de sexe, tu caches bien ton jeu...
— Thomas : Oui mon père, je le confesse, j'ai des pulsion irrésistibles. Le diable m'habite (ma bite !)
répliqué-je en mettant la main au niveau de mon sexe pour bien leur faire comprendre.
On éclate de rire une nouvelle fois. C'est trop bon des amis comme ça !
— Marjorie : T'es un vrai obsédé Thomas !
— Robin : Ah vous faites bien de le dire si vous saviez tout ce qu'il me fait subir... mais j'ose pas le répéter devant vos chastes oreilles... c'est un monstre, en rut permanent !
— Thomas : Vous savez, Brassens a écrit quand je pense à Fernande, je bande, je bande... Je rajouterai simplement moi, quand je pense à Robin, tout de suite j'ai le gourdin !
Alexis manque de s'étrangler. Il pleure tellement il rit et on part tous en vrille à sa suite.
C'est que du bonheur !
...
Dés qu'on a finit de manger, on part à la gare pour prendre le train de banlieue qui dessert Laatzen. Alexis à trois trains entre 17h30 et 19h, c'est bon, il faut qu'il soit rentré pour 20h au plus tard.
En arrivant à Laatzen Marjorie, est un peu inquiète.
— Marjorie : T'es sûr que je serai pas la seule fille parce qu'autrement ça craint !
— Thomas : Non je t'assure ! Il y aura Kathrin, la copine d'Andreas et Angelika, celle de Franz.
— Marjorie : Et vous me laisserez pas seule avec elle pour un plan entre mecs ? Tu sais j'assure pas des masses en allemand et si en plus j'ai rien à leur dire...
— Thomas : Mais non t'inquiète pas et de toute façon, ton homme ne te laissera pas tomber ?
— Alexis : Ja ! Toi, pas avoir peur ! Moi être là pour protéger toi si méchantes filles aux cheveux jaunes veulent faire du mal à toi! Moi-même prêt à aller dans vestiaires filles avec toi si toi vouloir !
— Marjorie : C'est ça, fous-toi de ma gueule, toi ! réplique-t-elle alors que nous sommes écroulés !
...
Nous arrivons chez les Kirchman. Alexis et Marjo sont un peu tendus. Nous passons par derrière. Birgit, Florian, Andreas et Kathrin sont sur la terrasse à se prélasser.
— Thomas : Hallo, hier sind unsere Freunde Marjorie und Alexis
— Birgit : Hallo, ich bin Birgit und hier sind Florian und Andreas meine Söhne und Kathrin, Andreasfreundin. Ich bin sehr froh Thomas und Robins Freunde zu begegnen! (Bonjour, je m'appelle Birgit, voici mes fils Andreas et Florian et Kathrin, l'amie d'Andreas. Je suis très heureuse de rencontrer les amis de Thomas et Robin.)
Alexis et Marjo se présentent à leur tour et tout le monde se fait la bise. Birgit nous propose de boire quelque chose et Andreas part téléphoner à Franz pour lui donner rendez-vous.
— Thomas : Birgit, wir werden zwei Minuten oben gehen um unsere Badensachen zu nehmen und wir wir kommen wieder! (Birgit, nous montons deux minutes prendre nos affaires de bain et nous revenons tout de suite !)
— Birgit : Ja, bitte! (Oui, bien sûr !)
— Thomas : Vous venez voir notre chambre ? dis-je en me retournant vers nos amis.
...
— Marjorie : Merci de ne pas nous avoir laissé seuls en bas ! Ils ont l'air sympa mais je me sentais pas de faire la conversation toute seule. Par contre, comment t'assure Thomas, t'est énorme...
— Alexis : Putain, mais c'est vrai que vous dormez dans le même lit ! J'y crois pas !
— Thomas : Ah oui, ici c'est un parc protégé, un peu comme un espace de liberté pour les couples gays !
— Robin : Une zone de vices sordides quoi !
— Alexis : Putain, vous avez du cul !... Euh j'voulais pas dire ça...
Et c'est une nouvelle crise de rire générale...
...
Abrégeant la séance de torture d'Alexis et Marjo nous quittons rapidement la maison pour la piscine. On y va à pied, c'est à vingt minutes. Franz et Angelika doivent nous y rejoindre directement.
Le trajet permet de discuter un peu, de faire connaissance et lorsque nous arrivons Alexis et Marjo sont beaucoup plus à l'aise.
Les filles vont de leur côté et nous autres garçons prenons le couloir Herren (Hommes).
C'est le même système qu'en France, avec des casiers pour mettre les vêtements et des cabines pour se changer.
Cinq minutes plus tard, nous sommes tous en maillots de bain, trois noirs et un bleu. Alexis est bien bâti et son maillot boxer est assez sexy mais je n'ai d'yeux que pour Robin. Il est tout simplement à tomber...
Ces muscles ressortent divinement. Ce ventre plat, ces pectoraux dont je ne me lasse pas, ces épaules puissantes, ces fesses bombées, ce paquet moulé dans son maillot échancré...
« Ouh ! Il faut que je me calme moi, sinon je sais comment ça va se finir ! »
Heureusement pour l'instant ça n'a pas l'air de se réveiller dans mon maillot !
...
On s'est installé assez loin du bord, sur la pelouse un peu à l'écart là où il y a un peu d'ombre.
Franz, Angelika et Maxim, son petit frère nous ont rejoint presque aussitôt. Florian est content, il a un copain de son âge avec qui s'amuser.
C'est une grande piscine découverte avec plusieurs bassins. Un grand de 50 mètres, avec des plots de départ et des lignes d'eau, un plus petit pour les... petits, une pataugeoire et un dernier, réservé au plongeon avec une planche souple, une planche à trois mètres et un plongeoir de cinq mètres.
Nous posons les serviettes et filons nous mettre à l'eau.
L'ambiance est différente de celle qu'on trouve en France (tiens, si le cours avait lieu demain j'aurai pu en parler !). Ici pas de concours de bombes ou de chahut dans l'eau. Non ici, on nage ! Et ils nagent, des longueurs et des longueurs et encore des longueurs...
On se regarde entre français, surpris.
— Bon, je suis pas Laure Manaudou moi ! dit Marjo. Au bout de deux trois longueurs, je suis cuite !
— T'inquiète, moi non plus je suis pas très bon. On va y aller tranquille et quand on sera fatigué on se mettra au bord.
Elle est pas mal Marjo, en maillot. Bon, je ne suis pas très bien placé pour juger de la beauté féminine mais, elle est pas mal du tout. Elle est assez fine, avec de belles jambes et y a du monde au balconnet ! Il a bon goût le gars Alexis !
...
Après quelques longueurs assez mortifiantes, heureusement qu'on est dans l'eau car j'ai l'impression que j'ai sué tellement je suis épuisé, on fait trempette avec Marjo, sur le bord.
Il faut vraiment que je m'améliore car je n'avance pas et je m'épuise vite. J'ai pas de technique. Quand je regarde les autres, c'est évident...
Alexis, Robin, Andreas et Franz enfilent les longueurs avec une facilité déconcertante.
Angelika et Kathrin viennent nous rejoindre et bientôt nous sortons tous les quatre et rejoignons nos serviettes.
On s'installe au soleil pour sécher et rapidement la conversation se lance sur les garçons.
— Angelika : Also Marjorie, darf ich dir etwas fragen? (Euh, Marjorie, je peux te poser une question ?)
— Marjorie : Ja natürlich. (Oui, bien sûr)
— Angelika : Ist Alexis dein Liebchen? Der ist so hübsch! Ich habe die Brünett so gern! (Alexis est ton petit copain ? Il est si mignon ! J'adore les bruns !)
— Marjorie : Ja er ist mein Liebchen und dein ist Franz? (Oui, c'est mon copain et le tien, c'est Franz ?)
— Angelika : Ja stimmt und Andreas ist Kathrinfreund... aber meiner Meinung nach, ist Robin der schönste, er ist toll! (Oui, c'est ça et Andreas est celui de Kathrin... mais pour moi le plus beau c'est Robin, il est trop top !)
— Thomas : Das meine ich auch! Warum hätte ich denn ihn ausgewählt? Aber passt mal auf ich bin sehr eifersüchtig! Und wenn jemandes kommt zu nah von ihm, ich springe auf ihn und beiße ich ihn! (C'est aussi mon avis ! Pourquoi je l'aurai choisi autrement ? Mais attention, je suis très jaloux ! Et s'il y en a une qui s'approche trop de lui, je lui saute dessus et je la mords !)
Les filles éclatent de rire. Je ne suis pas sûr que Marjo ait tout compris dans les détails mais l'idée générale est passée c'est l'essentiel.
Elles recommencent à parler de garçons et je commence à me sentir gêné car je n'ai pas envie d'entendre des trucs sur mes copains. Je les cherche des yeux. Ils sont au plongeoir maintenant, à la planche souple de 1 mètre...
Si je sais pas bien nager par contre j'adore plonger !
Je regarde Marjo pour voir si elle s'emmerde ou pas mais visiblement ça va. Les discussions entre nanas finalement...
— Thomas : Ihr werdet mich in Moment entschuldigen, gnädige Fraülein, ich werde tauchen. (Vous m'excuserez un instant, très chères demoiselles, je vais aller plonger.) Je consulte Marjo des yeux pour voir si elle a compris et lui glisse C'est bon Marjo ou pas ? Si tu préfères que je reste... ?
Elle me fait signe que ça va très bien et me dit de partir. Je sens que ça va être notre fête ! J'ai déjà les oreilles qui sifflent !
...
Je rejoins les gars au plongeoir et on se fait un petit concours amical, histoire d'épater la galerie. C'est à celui qui saute le plus haut sur la planche, celui qui fait la plus belle figure, ou qui rentre dans l'eau presque sans éclaboussure... bref tous les moyens sont bons pour se la jouer un peu ! Mais bon, on a tous 15 ou16 ans si on ne fait pas ça maintenant...
Puis on décide d'aller au 3 mètres. C'est déjà plus tout à fait pareil. Ça fait haut quand on est sur le plongeoir et au bout de la planche ouf !, c'est impressionnant ! On fait moins les malins. Par contre comme les filles nous regardent, ça redonne la patate !
Des vrais petits coqs de basse-cour !
— Thomas : Komm jemanden mit mir oben? (Quelqu'un vient avec moi en haut ?)
Les gars se regardent un peu gêné. J'ai mis la barre haute on dirait...
— Ich komme aber nur für springen, nicht für tauchen! (Je viens mais juste pour sauter, pas pour plonger !) dit Franz.
Les autres acquiescent et se décident tous à essayer, sinon de plonger au moins de sauter.
Au cinq mètre, on change de perspective... on domine vraiment tout et là c'est carrément impressionnant. J'ai déjà plongé des centaines de fois de cinq mètres de haut mais à chaque fois que j'y remonte, pour le premier plongeon, ça me prend aux tripes.
Il ne faut pas attendre, pas réfléchir, s'avancer vers le bord de la plate-forme, regarder d'un air dégagé les amis qui sont restés en bas (faut bien se la péter un peu !), fléchir un peu sur les jambes et HOP... c'est parti !
C'est génial ! Ce petit courant d'adrénaline qui te parcours le corps... De tout façon une fois que c'est parti t'as pas le temps d'avoir peur, t'arrive tout de suite dans l'eau, et y a intérêt à bien mettre les bras et mains devant la tête sinon ça fait mal, Nom de Dieu !
Après quelques mètres sous l'eau, je ressors loin de la zone d'impact, très calmement, l'air de rien alors que tous les amis (ceux qui sont restés en bas) m'applaudissent et me félicitent. Je remonte alors, avec une lenteur calculée, le long de l'échelle pour sortir du bassin et sors tranquillement en regardant à peine le public qui m'acclame !
C'est trop bon comment je me la pète !!!
En haut par contre, les autres sont moins fiers. C'est vraiment impressionnant et il faut réussir à se lancer... Je les rejoints et voyant qu'ils ont l'air un peu coincés, je leur donne deux trois conseils (genre bien garder les jambes serrées, sinon ils vont le sentir passer !). Franz l'intrépide se lance le premier, suivit un par un par tous les autres.
On se marre tous quand Andreas perd son maillot. Dans haut on voit très bien son petit cul blanc et les efforts qu'il fait pour se cacher et récupérer en même temps le maillot... C'est tordant !
...
On a regagné notre coin et on se fait bronzer tout en discutant. C'est marrant, on s'est installé deux par deux, chacun à côté de son copain ou de sa copine et un peu plus loin les deux petits. Quatre couples, trois hétéros, un homo. Les autres se font quelques petits baisers ou des gestes tendres. Robin et moi sommes plus softs mais on s'est pris la main et on savoure l'instant... C'est cool !
Après deux heures et demi de baignade, plongeons, bronzette on décide de sortir pour aller manger quelque chose.
J'ai un petit moment d'angoisse quand nous rentrons dans la salle de douche. Il y a des gars nus qui se savonnent...
Franz, Andreas, Florian et tous les allemands, baissent leur maillot de bain et commencent à se laver tout naturellement...
On se regarde entre français, un peu coincés, décidément les allemands ne sont pas du tout pudiques comparés à nous (encore une différence !). Même Maxim le petit frère d'Angelika, à peine pubère se promène sans gêne et s'amuse avec Florian ! Je ne réfléchis pas et je baisse mon maillot à mon tour. Alexis fait de même. On se tourne vers le mur, un peu gênés quand même... Je cherche Robin des yeux. Il a toujours son boxer et regarde vers l'entrée de la salle de douche...
Friedrich vient d'entrer avec plusieurs copains à lui... lui aussi l'a vu !
Robin le fixe et lentement baisse son maillot en gardant le regard sur lui. Comprenant le message, Friedrich baisse le sien à son tour et lui fait un grand clin d'œil !
Robin sourit, Friedrich s'avance vers lui et le salue amicalement avant de dire bonjour à tout le monde...
« Oouuf... ça se met bien ! »
Je suis soulagé et... très content de ne pas avoir eu d'érection intempestive ! Encore quelques séances comme ça et finalement ma première expérience désastreuse de douche collective ne sera plus qu'un mauvais souvenir !
Je commence à me sentir plus fort, plus serein... quand on est entouré de vrais amis, ce n'est peut-être pas trop dur d'être différent...
Dernier cours aujourd'hui. Donc ce matin, pas le temps de traîner. Lever à la bourre comme d'habitude, ptit déj avalé en vitesse et on file vers la gare.
C'est Birgit qui nous y emmène, Dieter est parti très tôt ce matin. Nous lui expliquons que nous rentrerons en tout début d'après-midi certainement avec deux amis français et qu'ensuite nous irons à la piscine avec les garçons et toute la bande.
...
Dans le train on discute pour la première fois depuis longtemps de notre situation et de l'avenir...
— Je crois que de toute façon c'est mort pour que je reste à Angers cette année. Mon père était complètement bouché !
J'encaisse tant bien que mal ce que vient de dire Robin... de toute façon j'étais arrivé à la même conclusion...
— Ce qu'il faut que je négocie c'est de pouvoir revenir aux vacances...
— Tu crois qu'ils ont des vacances à la Toussaint en Suède ?
— J'sais pas, j'espère parce si faut attendre jusqu'à Noël... ça va pas être la joie...
— Peut-être que si j'en parle à mes parents, je pourrai venir moi aussi. Comme ça on pourrait alterner, une fois toi, une fois moi.
— Ça ce serait cool mais ça veut dire qu'on leur aura tout expliqué sinon ils risquent de pas comprendre et de dire non...
Je visualise la situation... expliquer à mes parents que leur petit fils chéri est gay et qu'il veut rejoindre son copain en Suède...
... Ça risque de pas être évident...
— Je sais pas si j'oserai leur en parler et encore moins comment ils réagiront... mais je crois que s'il y a une chance pour que ça marche, je le ferai !
— Oui moi aussi ! Il faudra peut-être attendre un peu et préparer le terrain et après on verra si on peut se lancer...
Je suis un peu rasséréné, la situation n'est peut-être pas aussi désespérée... peut-être...
...
Aujourd'hui, en cours, on fait un travail sur les différences que l'on a remarquées entre d'une façon générale, la France et l'Allemagne et plus particulièrement sur la façon de vivre, les mentalités...
Les allemands sont plus respectueux des règles (traverser sur les passages piétons, ne pas jeter de papier par terre...), plus écolos (tri sélectif systématique, déplacement en vélo dès que possible...).
C'est sûr on n'invente rien mais en en parlant on retrouve un tas de détails communs chez nos familles d'accueil, des habitudes de vie...
On finit en jouant des situations ou on doit interpréter une situation avec tour à tour des personnages français et allemands. C'est franchement caricatural mais c'est hyper marrant.
Décidément, des cours d'allemands comme ça j'en voudrai bien en France !
À la fin du cours, tout le groupe remercie Jutta pour les thèmes qu'elle nous a fait aborder et la façon dont elle les a animés. Sûr, Jutta comme prof d'allemand, je signe tous les jours !
On se quitte après qu'elle nous ait rappelé les consignes pour le départ de mardi (lieu de rendez-vous, heure impérative, jawohl Jutta !... , pique-nique pour le voyage...).
Comme d'habitude, mais pour la dernière fois nous allons manger au parc tout près de là.
— Thomas : Alors c'est bon vous venez à Laatzen, à la piscine cet aprem ?
— Alexis : Ouai, j'ai bien négocié mais il ne faut pas que je rentre trop tard. Il faudra qu'on regarde les horaires de train pour le retour...
— Thomas : Et toi Marjo, c'est bon ?
— Marjorie : Pas de problème, ça marche. Je rentrerai avec Alexis, il faudrait pas qu'il se perde...
— Alexis : Dis plutôt que t'aurais peur de rentrer en France sans moi !
— Marjorie : Crois ça mon beau ! On verra qui pleurera le plus quand je partirai en vacances avec mes copines au mois d'août...
— Robin : Ben dites donc c'est l'amour vache maintenant !
C'est marrant de les voir faire mine de se disputer comme un vieux couple, sur des broutilles mais avec une passion qui trahit leur attachement...
— Marjorie : Et vous, pas trop mal au cul ? demande abruptement Marjorie d'un air malin...
— Robin : Arrête ! M'en parle pas, depuis qu'on dort ensemble, j'sais pas pourquoi, tous les matins quand je me lève j'arrive pas à marcher tellement je boite !
Et il mime la scène de façon caricaturale. C'est à mourir de rire !
— Alexis : Alors comme ça Thomas t'es une bête de sexe, tu caches bien ton jeu...
— Thomas : Oui mon père, je le confesse, j'ai des pulsion irrésistibles. Le diable m'habite (ma bite !)
répliqué-je en mettant la main au niveau de mon sexe pour bien leur faire comprendre.
On éclate de rire une nouvelle fois. C'est trop bon des amis comme ça !
— Marjorie : T'es un vrai obsédé Thomas !
— Robin : Ah vous faites bien de le dire si vous saviez tout ce qu'il me fait subir... mais j'ose pas le répéter devant vos chastes oreilles... c'est un monstre, en rut permanent !
— Thomas : Vous savez, Brassens a écrit quand je pense à Fernande, je bande, je bande... Je rajouterai simplement moi, quand je pense à Robin, tout de suite j'ai le gourdin !
Alexis manque de s'étrangler. Il pleure tellement il rit et on part tous en vrille à sa suite.
C'est que du bonheur !
...
Dés qu'on a finit de manger, on part à la gare pour prendre le train de banlieue qui dessert Laatzen. Alexis à trois trains entre 17h30 et 19h, c'est bon, il faut qu'il soit rentré pour 20h au plus tard.
En arrivant à Laatzen Marjorie, est un peu inquiète.
— Marjorie : T'es sûr que je serai pas la seule fille parce qu'autrement ça craint !
— Thomas : Non je t'assure ! Il y aura Kathrin, la copine d'Andreas et Angelika, celle de Franz.
— Marjorie : Et vous me laisserez pas seule avec elle pour un plan entre mecs ? Tu sais j'assure pas des masses en allemand et si en plus j'ai rien à leur dire...
— Thomas : Mais non t'inquiète pas et de toute façon, ton homme ne te laissera pas tomber ?
— Alexis : Ja ! Toi, pas avoir peur ! Moi être là pour protéger toi si méchantes filles aux cheveux jaunes veulent faire du mal à toi! Moi-même prêt à aller dans vestiaires filles avec toi si toi vouloir !
— Marjorie : C'est ça, fous-toi de ma gueule, toi ! réplique-t-elle alors que nous sommes écroulés !
...
Nous arrivons chez les Kirchman. Alexis et Marjo sont un peu tendus. Nous passons par derrière. Birgit, Florian, Andreas et Kathrin sont sur la terrasse à se prélasser.
— Thomas : Hallo, hier sind unsere Freunde Marjorie und Alexis
— Birgit : Hallo, ich bin Birgit und hier sind Florian und Andreas meine Söhne und Kathrin, Andreasfreundin. Ich bin sehr froh Thomas und Robins Freunde zu begegnen! (Bonjour, je m'appelle Birgit, voici mes fils Andreas et Florian et Kathrin, l'amie d'Andreas. Je suis très heureuse de rencontrer les amis de Thomas et Robin.)
Alexis et Marjo se présentent à leur tour et tout le monde se fait la bise. Birgit nous propose de boire quelque chose et Andreas part téléphoner à Franz pour lui donner rendez-vous.
— Thomas : Birgit, wir werden zwei Minuten oben gehen um unsere Badensachen zu nehmen und wir wir kommen wieder! (Birgit, nous montons deux minutes prendre nos affaires de bain et nous revenons tout de suite !)
— Birgit : Ja, bitte! (Oui, bien sûr !)
— Thomas : Vous venez voir notre chambre ? dis-je en me retournant vers nos amis.
...
— Marjorie : Merci de ne pas nous avoir laissé seuls en bas ! Ils ont l'air sympa mais je me sentais pas de faire la conversation toute seule. Par contre, comment t'assure Thomas, t'est énorme...
— Alexis : Putain, mais c'est vrai que vous dormez dans le même lit ! J'y crois pas !
— Thomas : Ah oui, ici c'est un parc protégé, un peu comme un espace de liberté pour les couples gays !
— Robin : Une zone de vices sordides quoi !
— Alexis : Putain, vous avez du cul !... Euh j'voulais pas dire ça...
Et c'est une nouvelle crise de rire générale...
...
Abrégeant la séance de torture d'Alexis et Marjo nous quittons rapidement la maison pour la piscine. On y va à pied, c'est à vingt minutes. Franz et Angelika doivent nous y rejoindre directement.
Le trajet permet de discuter un peu, de faire connaissance et lorsque nous arrivons Alexis et Marjo sont beaucoup plus à l'aise.
Les filles vont de leur côté et nous autres garçons prenons le couloir Herren (Hommes).
C'est le même système qu'en France, avec des casiers pour mettre les vêtements et des cabines pour se changer.
Cinq minutes plus tard, nous sommes tous en maillots de bain, trois noirs et un bleu. Alexis est bien bâti et son maillot boxer est assez sexy mais je n'ai d'yeux que pour Robin. Il est tout simplement à tomber...
Ces muscles ressortent divinement. Ce ventre plat, ces pectoraux dont je ne me lasse pas, ces épaules puissantes, ces fesses bombées, ce paquet moulé dans son maillot échancré...
« Ouh ! Il faut que je me calme moi, sinon je sais comment ça va se finir ! »
Heureusement pour l'instant ça n'a pas l'air de se réveiller dans mon maillot !
...
On s'est installé assez loin du bord, sur la pelouse un peu à l'écart là où il y a un peu d'ombre.
Franz, Angelika et Maxim, son petit frère nous ont rejoint presque aussitôt. Florian est content, il a un copain de son âge avec qui s'amuser.
C'est une grande piscine découverte avec plusieurs bassins. Un grand de 50 mètres, avec des plots de départ et des lignes d'eau, un plus petit pour les... petits, une pataugeoire et un dernier, réservé au plongeon avec une planche souple, une planche à trois mètres et un plongeoir de cinq mètres.
Nous posons les serviettes et filons nous mettre à l'eau.
L'ambiance est différente de celle qu'on trouve en France (tiens, si le cours avait lieu demain j'aurai pu en parler !). Ici pas de concours de bombes ou de chahut dans l'eau. Non ici, on nage ! Et ils nagent, des longueurs et des longueurs et encore des longueurs...
On se regarde entre français, surpris.
— Bon, je suis pas Laure Manaudou moi ! dit Marjo. Au bout de deux trois longueurs, je suis cuite !
— T'inquiète, moi non plus je suis pas très bon. On va y aller tranquille et quand on sera fatigué on se mettra au bord.
Elle est pas mal Marjo, en maillot. Bon, je ne suis pas très bien placé pour juger de la beauté féminine mais, elle est pas mal du tout. Elle est assez fine, avec de belles jambes et y a du monde au balconnet ! Il a bon goût le gars Alexis !
...
Après quelques longueurs assez mortifiantes, heureusement qu'on est dans l'eau car j'ai l'impression que j'ai sué tellement je suis épuisé, on fait trempette avec Marjo, sur le bord.
Il faut vraiment que je m'améliore car je n'avance pas et je m'épuise vite. J'ai pas de technique. Quand je regarde les autres, c'est évident...
Alexis, Robin, Andreas et Franz enfilent les longueurs avec une facilité déconcertante.
Angelika et Kathrin viennent nous rejoindre et bientôt nous sortons tous les quatre et rejoignons nos serviettes.
On s'installe au soleil pour sécher et rapidement la conversation se lance sur les garçons.
— Angelika : Also Marjorie, darf ich dir etwas fragen? (Euh, Marjorie, je peux te poser une question ?)
— Marjorie : Ja natürlich. (Oui, bien sûr)
— Angelika : Ist Alexis dein Liebchen? Der ist so hübsch! Ich habe die Brünett so gern! (Alexis est ton petit copain ? Il est si mignon ! J'adore les bruns !)
— Marjorie : Ja er ist mein Liebchen und dein ist Franz? (Oui, c'est mon copain et le tien, c'est Franz ?)
— Angelika : Ja stimmt und Andreas ist Kathrinfreund... aber meiner Meinung nach, ist Robin der schönste, er ist toll! (Oui, c'est ça et Andreas est celui de Kathrin... mais pour moi le plus beau c'est Robin, il est trop top !)
— Thomas : Das meine ich auch! Warum hätte ich denn ihn ausgewählt? Aber passt mal auf ich bin sehr eifersüchtig! Und wenn jemandes kommt zu nah von ihm, ich springe auf ihn und beiße ich ihn! (C'est aussi mon avis ! Pourquoi je l'aurai choisi autrement ? Mais attention, je suis très jaloux ! Et s'il y en a une qui s'approche trop de lui, je lui saute dessus et je la mords !)
Les filles éclatent de rire. Je ne suis pas sûr que Marjo ait tout compris dans les détails mais l'idée générale est passée c'est l'essentiel.
Elles recommencent à parler de garçons et je commence à me sentir gêné car je n'ai pas envie d'entendre des trucs sur mes copains. Je les cherche des yeux. Ils sont au plongeoir maintenant, à la planche souple de 1 mètre...
Si je sais pas bien nager par contre j'adore plonger !
Je regarde Marjo pour voir si elle s'emmerde ou pas mais visiblement ça va. Les discussions entre nanas finalement...
— Thomas : Ihr werdet mich in Moment entschuldigen, gnädige Fraülein, ich werde tauchen. (Vous m'excuserez un instant, très chères demoiselles, je vais aller plonger.) Je consulte Marjo des yeux pour voir si elle a compris et lui glisse C'est bon Marjo ou pas ? Si tu préfères que je reste... ?
Elle me fait signe que ça va très bien et me dit de partir. Je sens que ça va être notre fête ! J'ai déjà les oreilles qui sifflent !
...
Je rejoins les gars au plongeoir et on se fait un petit concours amical, histoire d'épater la galerie. C'est à celui qui saute le plus haut sur la planche, celui qui fait la plus belle figure, ou qui rentre dans l'eau presque sans éclaboussure... bref tous les moyens sont bons pour se la jouer un peu ! Mais bon, on a tous 15 ou16 ans si on ne fait pas ça maintenant...
Puis on décide d'aller au 3 mètres. C'est déjà plus tout à fait pareil. Ça fait haut quand on est sur le plongeoir et au bout de la planche ouf !, c'est impressionnant ! On fait moins les malins. Par contre comme les filles nous regardent, ça redonne la patate !
Des vrais petits coqs de basse-cour !
— Thomas : Komm jemanden mit mir oben? (Quelqu'un vient avec moi en haut ?)
Les gars se regardent un peu gêné. J'ai mis la barre haute on dirait...
— Ich komme aber nur für springen, nicht für tauchen! (Je viens mais juste pour sauter, pas pour plonger !) dit Franz.
Les autres acquiescent et se décident tous à essayer, sinon de plonger au moins de sauter.
Au cinq mètre, on change de perspective... on domine vraiment tout et là c'est carrément impressionnant. J'ai déjà plongé des centaines de fois de cinq mètres de haut mais à chaque fois que j'y remonte, pour le premier plongeon, ça me prend aux tripes.
Il ne faut pas attendre, pas réfléchir, s'avancer vers le bord de la plate-forme, regarder d'un air dégagé les amis qui sont restés en bas (faut bien se la péter un peu !), fléchir un peu sur les jambes et HOP... c'est parti !
C'est génial ! Ce petit courant d'adrénaline qui te parcours le corps... De tout façon une fois que c'est parti t'as pas le temps d'avoir peur, t'arrive tout de suite dans l'eau, et y a intérêt à bien mettre les bras et mains devant la tête sinon ça fait mal, Nom de Dieu !
Après quelques mètres sous l'eau, je ressors loin de la zone d'impact, très calmement, l'air de rien alors que tous les amis (ceux qui sont restés en bas) m'applaudissent et me félicitent. Je remonte alors, avec une lenteur calculée, le long de l'échelle pour sortir du bassin et sors tranquillement en regardant à peine le public qui m'acclame !
C'est trop bon comment je me la pète !!!
En haut par contre, les autres sont moins fiers. C'est vraiment impressionnant et il faut réussir à se lancer... Je les rejoints et voyant qu'ils ont l'air un peu coincés, je leur donne deux trois conseils (genre bien garder les jambes serrées, sinon ils vont le sentir passer !). Franz l'intrépide se lance le premier, suivit un par un par tous les autres.
On se marre tous quand Andreas perd son maillot. Dans haut on voit très bien son petit cul blanc et les efforts qu'il fait pour se cacher et récupérer en même temps le maillot... C'est tordant !
...
On a regagné notre coin et on se fait bronzer tout en discutant. C'est marrant, on s'est installé deux par deux, chacun à côté de son copain ou de sa copine et un peu plus loin les deux petits. Quatre couples, trois hétéros, un homo. Les autres se font quelques petits baisers ou des gestes tendres. Robin et moi sommes plus softs mais on s'est pris la main et on savoure l'instant... C'est cool !
Après deux heures et demi de baignade, plongeons, bronzette on décide de sortir pour aller manger quelque chose.
J'ai un petit moment d'angoisse quand nous rentrons dans la salle de douche. Il y a des gars nus qui se savonnent...
Franz, Andreas, Florian et tous les allemands, baissent leur maillot de bain et commencent à se laver tout naturellement...
On se regarde entre français, un peu coincés, décidément les allemands ne sont pas du tout pudiques comparés à nous (encore une différence !). Même Maxim le petit frère d'Angelika, à peine pubère se promène sans gêne et s'amuse avec Florian ! Je ne réfléchis pas et je baisse mon maillot à mon tour. Alexis fait de même. On se tourne vers le mur, un peu gênés quand même... Je cherche Robin des yeux. Il a toujours son boxer et regarde vers l'entrée de la salle de douche...
Friedrich vient d'entrer avec plusieurs copains à lui... lui aussi l'a vu !
Robin le fixe et lentement baisse son maillot en gardant le regard sur lui. Comprenant le message, Friedrich baisse le sien à son tour et lui fait un grand clin d'œil !
Robin sourit, Friedrich s'avance vers lui et le salue amicalement avant de dire bonjour à tout le monde...
« Oouuf... ça se met bien ! »
Je suis soulagé et... très content de ne pas avoir eu d'érection intempestive ! Encore quelques séances comme ça et finalement ma première expérience désastreuse de douche collective ne sera plus qu'un mauvais souvenir !
Je commence à me sentir plus fort, plus serein... quand on est entouré de vrais amis, ce n'est peut-être pas trop dur d'être différent...