Chapitre 33
Aujourd'hui c'est mardi. Il ne nous reste plus que quatre jours à passer à Laatzen et après...
Hier soir, Robin a appelé ses parents. Il est tombé sur son père et ça c'est très mal passé !
Il n'a rien voulu savoir. Robin n'a pas osé aborder le vrai sujet. Il est resté dans le flou, a parlé de ses copains, de l'école, dit qu'il n'était pas prêt, qu'il voulait rester au moins la première année à Angers... Il a tout essayé mais sans obtenir d'écoute. Son père est déjà dans le déménagement...
Tout est déjà organisé. Il est inscrit à l'école à Göteborg où il ne sera pas le seul français car de nombreux cadres de chez Scania s'expatrient quelques années en Suède avec leur famille...
Bref, un dialogue de sourds.
Nous avons passé une soirée catastrophique, à pleurer, à broyer du noir...
Je voudrai ne plus y penser mais c'est impossible. C'est comme une enclume qui s'est abattue sur nous et a écrasé notre fragile bulle de verre. Le rêve n'existe plus, c'est une bouillie informe et visqueuse dans laquelle nous nous débattons pour essayer de continuer à vivre...
...
« Merde ! Il faut que j'arrête d'y penser sinon on va bousiller nos derniers jours ensembles !
Putain Thomas, soit fort pour une fois ! Profite du temps présent comme disait Jutta... »
...
— Tu m'as l'air bien songeur ce matin... Bonjour mon Tommy adoré !
Je me tourne vers lui et je l'embrasse à pleine bouche...
— Bonjour mon Robin d'amour ! Je me demandais ce que l'on allait faire aujourd'hui... à part aller au supermarché acheter des capotes bien sûr !
— Je vois... tu m'as l'air bien motivé... c'est mon petit trou qui va morfler !
— Ben non justement c'est pour l'épargner le plus possible, pour pas lui faire subir les assauts bestiaux que certains n'hésitent pas à imposer...
— Assauts bestiaux ! Il fallait le voir se trémousser sur ma fragile petite bitte !
— Fragile et petite ! C'est marrant c'est pas les qualificatifs qui me viennent à l'esprit en premier quand j'y pense ! J'ai eu l'impression qu'on m'avait exploré le cul avec une grosse lampe torche et qu'il n'y avait pas que la lumière qui était rentrée...
...
Ça y est la bonne humeur et l'insouciance sont revenus.
Je plonge sous la couette et vérifie que je ne me trompais pas... Fragile et petite ne sont pas les termes adaptés mais par contre ça donne des idées...
...
Après le petit déj, prétextant un dernier achat de cartes postales à faire, nous proposons à Birgit d'aller faire les courses. Elle accepte et nous dresse une courte liste d'achats pour aujourd'hui.
Nous y allons à pied. C'est à environ vingt minutes en marchant tranquillement. Le temps est couvert mais il ne fait pas froid.
Aujourd'hui il y a du monde dans les rues, des jeunes en vacances, des femmes qui vont faire leur course, des personnes âgées...
...
Nous entrons dans le supermarché, assez grand, genre SuperU, et expédions d'abord les courses de Birgit. De la viande pour ce soir, des fruits (hyper chers), de la charcuterie (pour tous les repas ou presque !), du lait, de la margarine...
Ce faisant nous nous dirigeons vers le rayon hygiène-beauté pour acheter les préservatifs.
On les trouve avec les pansements, les sprays anti-brûlure etc.
Je suis un peu gêné mais Robin à l'air complètement à l'aise.
— Alors mon chou, lesquels tu veux ?
— J'en sais rien. Des normaux, lubrifiés.
— Regarde ceux-là, ils sont parfumés à la fraise !
— Arrête tes conneries, pour ce qu'on va en faire, j'crois pas que c'est utile !
— Ok, ok. Tiens on a qu'à prendre ceux-là...
Il me montre une boite de six préservatifs lubrifiés avec réservoir. Je la prends et sors de l'allée à toute vitesse.
— Thomas, attends j'en prends une deuxième. On ne sait jamais !
...
Sur le chemin du retour, c'est un peu plus galère avec les sacs de course. Heureusement que Birgit n'a fait qu'une petite liste sinon c'était injouable. Les préservatifs, que j'ai payés à part, sont dans la poche de ma veste et on s'est partagé le reste à porter...
Nous sommes à mi-chemin environ quand on tombe sur Friedrich, un des collégiens avec lesquels j'ai joué au foot à l'école, et un de ceux qui m'a fait bander dans le vestiaire...
Je sens le rouge me monter aux joues mais j'essaie de faire bonne figure.
— Thomas : Hallo Friedrich wie geht's? (Salut Friedrich, comment ça va ?)
— Friedrich : Ach, die französische Schwul! (Ah, c'est les PD français !)
— Thomas : Was ? (Quoi ?)
— Friedrich : Doch! Ich habe ihr gesehen als ihr küsst am Schulefest... ihr wart dort so süß! (Oui, je vous ai vu à la fête de l'école quand vous vous embrassiez... vous étiez si mignon !) dit-il avec un ton moqueur et blessant.
— Thomas : ...
— Robin : Ja und ? Stellt es dir ein Problem? (Et alors ? Ça te pose un problème ?) reprend Robin glacial.
— Friedrich : Nein, nein. Kein Problem aber ich kann die Schwule nicht ausstehen! Tschüss Mädchen!" (Non, non. Aucun problème, c'est juste que j'peux pas blairer les PD ! Salut les filles !) termine-t-il en prenant une voix efféminée...
Et il nous plante là en traversant la rue.
— Robin : Putain je vais lui casser la gueule !
— Thomas : Non Robin ! Laisse tomber c'est qu'un gros con ! Viens j'te dis !
Friedrich se retourne alors, nous fait de grands signes et se met à marcher de façon exagérément maniérée, véritable caricature des homosexuels chez les hétéros bas de cerveau.
— Viens Robin, viens ! Il attend que ça, alors laisse tomber. Cassons nous !
J'ai toutes les peines à l'empêcher de lui sauter dessus. Il est furieux. Contre Friedrich bien sûr mais aussi contre moi...
— Ouai alors comme ça on t'insulte dans la rue et tu laisses pisser ! Tu ne réagis pas ! Si on te casse la gueule, tu fais quoi ? Tu tends l'autre joue ?
— Ça m'est jamais arrivé mais c'est sûr que je vais plutôt chercher à éviter la merde. Cela dit j'suis pas vraiment taillé pour la bagarre alors...
— Ouai mais quand même... si tu m'avais pas retenu, je lui pétais la gueule... Salut les filles !... non mais quel connard !!!
...
On s'est arrêté dans un petit square pour discuter. Robin est encore énervé mais se calme progressivement.
— Tu sais Thomas ce qui me fait chier avec ce genre de mec c'est qu'il y en aura toujours ! Et ils seront toujours à chercher à t'insulter, à t'humilier! Ça me fout en l'air des cons comme ça !
— Oui t'as raison mais je pense qu'on a quand même de la chance de vivre à notre époque parce que ça a vachement changé. Avant c'était la majorité qu'était comme ça maintenant c'est plus qu'une petite minorité.
... mais quand ça arrive, c'est vrai que ça fait chier !
...
L'heure tourne et il faut qu'on ramène les courses à Birgit. Nous reprenons donc notre route, mais l'entrain de ce matin a un peu disparu.
— On dit rien à Birgit d'accord ?
— Bien sûr, ni à Birgit, ni aux autres.
...
Cet après-midi, Andreas nous propose de faire un foot. Comme on a rien de prévu, on est partant. Il téléphone à quelques copains et donne rendez-vous à tout le monde à 15 H au terrain.
...
Quand nous arrivons avec Andreas et Florian, ils sont déjà une bonne douzaine sur le terrain. Il y a Franz, Filip et Maxim (les petits frères de Kathrin et d'Angelika) et des gars que j'ai aperçu au collège ou d'autres complètement inconnus.
Tout à coup, j'aperçois Friedrich et mon cœur se met à battre à grands coups dans ma poitrine...
« Merde ! Qu'est-ce qu'il fout là ce connard ! »
Je tourne la tête vers Robin. Lui aussi l'a aperçu. Il ne dit rien mais à la façon dont il le regarde, ça sent le grabuge !
— Robin : Je te préviens Thomas s'il fait la moindre réflexion, je lui éclate la gueule !
— Thomas : Attends, on en parle avec Andreas et on voit se qu'on fait. D'accord ?
— Robin : Ok, comme tu le sens...
J'interpelle alors Andreas qui discute avec Franz.
— Thomas : Andreas, komme bitte wir haben ein Problem! (Andreas, viens s'il te plait on a un problème !)
— Andreas : Ja was gibt es? (Oui, c'est quoi ?)
Je lui raconte rapidement ce qui s'est passé ce matin. Andreas me regarde avec de grands yeux, tout surpris.
— Franz : Was passiert ? (Qu'est-ce qui se passe ?) demande Franz, intrigué par notre conciliabule.
Andreas lui répète ce que je viens de lui dire...
— Franz : Friedrich ! Komm mal hier!... " (Friedrich ! Viens voir ici !)
Friedrich lève la tête, fait une espèce de grimace et vient lentement nous rejoindre...
Franz le prend à part et lui parle quelques instants. Ils se sont tournés et je n'entends rien mais je vois clairement la colère de Franz et Friedrich qui essaye de se défendre tout en semblant se rapetisser sur lui-même... C'est sûr que balèze comme il est, Franz est plutôt impressionnant et que comme en plus c'est peut-être le meilleur joueur, c'est un vrai chef !
...
— Franz : Also, mir scheint dass Friedrich, wie ein Arschloch morgens sich verhalten hat und dass, er es gerade verstanden hat. So... (Bien. Il semble que Friedrich se soit comporté comme un gros con ce matin et qu'il vient juste de le comprendre. Donc...)
— Friedrich : Ich möchte mich entschuldigen... ich wollte nur Spass machen... (Je voudrai m'excuser... je voulais juste plaisanter...)
— Franz : Damit scherzt man nicht! (On ne plaisante pas avec ça !)
— Friedrich : Ja, es ist klar, ich war mir dieser Sache nicht bewusst aber nachher habe ich mich geschämt, ich schwöre es! (Oui, c'est clair, je n'en étais pas conscient mais après j'en ai eu honte, j'te jure !)
— Robin : Ich hätte dir fast geschlagen. Wenn Thomas nicht daran nicht gehindert hätte... (J'ai failli te casser la gueule. Si Thomas ne m'avait pas retenu...)
Ce n'est plus le Friedrich de ce matin, arrogant et con, il est tout penaud et parait sincère.
Je laisse Robin régler ça (vu sa réaction du matin, ça me parait plus sage !).
— Friedrich : Also ich entschuldige mich ehrlich, ich wollte euch nicht Schmerzen bereiten, ich habe nicht gedacht aber ich bereue was gesagt und getan zu haben... (Je m'excuse vraiment, je suis sincère, je n'avais pas réfléchi mais je regrette ce que j'ai dit et ce que j'ai fait...)
Robin me regarde, indécis.
— Thomas : Tu fais comme tu le sens Robin. "
Il regarde Friedrich à nouveau puis Franz et Andreas...
— Robin : Ok, wir verzeihen dir aber nächstes Mal... (Ok, on te pardonne mais la prochaine fois...)
— Friedrich : Es wird kein nächstes Mal... ich schwöre es! (Il n'y aura pas de prochaine fois... j'te le jure !)
...
Friedrich et Robin ont joué dans la même équipe, contre moi. Au début ça a été un peu tendu mais à la fin, ils jouaient ensembles comme deux vrais coéquipiers et quand Friedrich a marqué un but sur un corner tiré par Robin, ça s'est vraiment décoincé...
A la fin du match, je suis allé remercier Franz pour son intervention et je lui ai demandé s'il était au courant pour Robin et moi.
— Nein, ich wusste es nicht und es hat mich überrascht aber ihr seid meine Freude und das ist alles was wert ist, oder?" (Non, je ne le savais pas et ça m'a surpris mais vous êtes mes amis et c'est tout ce qui compte, non ?)
...
« Il est comme Andreas ! C'est vraiment un mec bien.
C'est bizarre de voir comment les gens réagissent, ils sont supers ou odieux... il faudrait peut-être pas les juger à chaud... mais en même temps quand ils nous agressent...
Putain c'est pas si simple ! Peut-être que Birgit a raison, il faut leur laisser un peu de temps et ils finissent par comprendre...
Espérons-le... »
Aujourd'hui c'est mardi. Il ne nous reste plus que quatre jours à passer à Laatzen et après...
Hier soir, Robin a appelé ses parents. Il est tombé sur son père et ça c'est très mal passé !
Il n'a rien voulu savoir. Robin n'a pas osé aborder le vrai sujet. Il est resté dans le flou, a parlé de ses copains, de l'école, dit qu'il n'était pas prêt, qu'il voulait rester au moins la première année à Angers... Il a tout essayé mais sans obtenir d'écoute. Son père est déjà dans le déménagement...
Tout est déjà organisé. Il est inscrit à l'école à Göteborg où il ne sera pas le seul français car de nombreux cadres de chez Scania s'expatrient quelques années en Suède avec leur famille...
Bref, un dialogue de sourds.
Nous avons passé une soirée catastrophique, à pleurer, à broyer du noir...
Je voudrai ne plus y penser mais c'est impossible. C'est comme une enclume qui s'est abattue sur nous et a écrasé notre fragile bulle de verre. Le rêve n'existe plus, c'est une bouillie informe et visqueuse dans laquelle nous nous débattons pour essayer de continuer à vivre...
...
« Merde ! Il faut que j'arrête d'y penser sinon on va bousiller nos derniers jours ensembles !
Putain Thomas, soit fort pour une fois ! Profite du temps présent comme disait Jutta... »
...
— Tu m'as l'air bien songeur ce matin... Bonjour mon Tommy adoré !
Je me tourne vers lui et je l'embrasse à pleine bouche...
— Bonjour mon Robin d'amour ! Je me demandais ce que l'on allait faire aujourd'hui... à part aller au supermarché acheter des capotes bien sûr !
— Je vois... tu m'as l'air bien motivé... c'est mon petit trou qui va morfler !
— Ben non justement c'est pour l'épargner le plus possible, pour pas lui faire subir les assauts bestiaux que certains n'hésitent pas à imposer...
— Assauts bestiaux ! Il fallait le voir se trémousser sur ma fragile petite bitte !
— Fragile et petite ! C'est marrant c'est pas les qualificatifs qui me viennent à l'esprit en premier quand j'y pense ! J'ai eu l'impression qu'on m'avait exploré le cul avec une grosse lampe torche et qu'il n'y avait pas que la lumière qui était rentrée...
...
Ça y est la bonne humeur et l'insouciance sont revenus.
Je plonge sous la couette et vérifie que je ne me trompais pas... Fragile et petite ne sont pas les termes adaptés mais par contre ça donne des idées...
...
Après le petit déj, prétextant un dernier achat de cartes postales à faire, nous proposons à Birgit d'aller faire les courses. Elle accepte et nous dresse une courte liste d'achats pour aujourd'hui.
Nous y allons à pied. C'est à environ vingt minutes en marchant tranquillement. Le temps est couvert mais il ne fait pas froid.
Aujourd'hui il y a du monde dans les rues, des jeunes en vacances, des femmes qui vont faire leur course, des personnes âgées...
...
Nous entrons dans le supermarché, assez grand, genre SuperU, et expédions d'abord les courses de Birgit. De la viande pour ce soir, des fruits (hyper chers), de la charcuterie (pour tous les repas ou presque !), du lait, de la margarine...
Ce faisant nous nous dirigeons vers le rayon hygiène-beauté pour acheter les préservatifs.
On les trouve avec les pansements, les sprays anti-brûlure etc.
Je suis un peu gêné mais Robin à l'air complètement à l'aise.
— Alors mon chou, lesquels tu veux ?
— J'en sais rien. Des normaux, lubrifiés.
— Regarde ceux-là, ils sont parfumés à la fraise !
— Arrête tes conneries, pour ce qu'on va en faire, j'crois pas que c'est utile !
— Ok, ok. Tiens on a qu'à prendre ceux-là...
Il me montre une boite de six préservatifs lubrifiés avec réservoir. Je la prends et sors de l'allée à toute vitesse.
— Thomas, attends j'en prends une deuxième. On ne sait jamais !
...
Sur le chemin du retour, c'est un peu plus galère avec les sacs de course. Heureusement que Birgit n'a fait qu'une petite liste sinon c'était injouable. Les préservatifs, que j'ai payés à part, sont dans la poche de ma veste et on s'est partagé le reste à porter...
Nous sommes à mi-chemin environ quand on tombe sur Friedrich, un des collégiens avec lesquels j'ai joué au foot à l'école, et un de ceux qui m'a fait bander dans le vestiaire...
Je sens le rouge me monter aux joues mais j'essaie de faire bonne figure.
— Thomas : Hallo Friedrich wie geht's? (Salut Friedrich, comment ça va ?)
— Friedrich : Ach, die französische Schwul! (Ah, c'est les PD français !)
— Thomas : Was ? (Quoi ?)
— Friedrich : Doch! Ich habe ihr gesehen als ihr küsst am Schulefest... ihr wart dort so süß! (Oui, je vous ai vu à la fête de l'école quand vous vous embrassiez... vous étiez si mignon !) dit-il avec un ton moqueur et blessant.
— Thomas : ...
— Robin : Ja und ? Stellt es dir ein Problem? (Et alors ? Ça te pose un problème ?) reprend Robin glacial.
— Friedrich : Nein, nein. Kein Problem aber ich kann die Schwule nicht ausstehen! Tschüss Mädchen!" (Non, non. Aucun problème, c'est juste que j'peux pas blairer les PD ! Salut les filles !) termine-t-il en prenant une voix efféminée...
Et il nous plante là en traversant la rue.
— Robin : Putain je vais lui casser la gueule !
— Thomas : Non Robin ! Laisse tomber c'est qu'un gros con ! Viens j'te dis !
Friedrich se retourne alors, nous fait de grands signes et se met à marcher de façon exagérément maniérée, véritable caricature des homosexuels chez les hétéros bas de cerveau.
— Viens Robin, viens ! Il attend que ça, alors laisse tomber. Cassons nous !
J'ai toutes les peines à l'empêcher de lui sauter dessus. Il est furieux. Contre Friedrich bien sûr mais aussi contre moi...
— Ouai alors comme ça on t'insulte dans la rue et tu laisses pisser ! Tu ne réagis pas ! Si on te casse la gueule, tu fais quoi ? Tu tends l'autre joue ?
— Ça m'est jamais arrivé mais c'est sûr que je vais plutôt chercher à éviter la merde. Cela dit j'suis pas vraiment taillé pour la bagarre alors...
— Ouai mais quand même... si tu m'avais pas retenu, je lui pétais la gueule... Salut les filles !... non mais quel connard !!!
...
On s'est arrêté dans un petit square pour discuter. Robin est encore énervé mais se calme progressivement.
— Tu sais Thomas ce qui me fait chier avec ce genre de mec c'est qu'il y en aura toujours ! Et ils seront toujours à chercher à t'insulter, à t'humilier! Ça me fout en l'air des cons comme ça !
— Oui t'as raison mais je pense qu'on a quand même de la chance de vivre à notre époque parce que ça a vachement changé. Avant c'était la majorité qu'était comme ça maintenant c'est plus qu'une petite minorité.
... mais quand ça arrive, c'est vrai que ça fait chier !
...
L'heure tourne et il faut qu'on ramène les courses à Birgit. Nous reprenons donc notre route, mais l'entrain de ce matin a un peu disparu.
— On dit rien à Birgit d'accord ?
— Bien sûr, ni à Birgit, ni aux autres.
...
Cet après-midi, Andreas nous propose de faire un foot. Comme on a rien de prévu, on est partant. Il téléphone à quelques copains et donne rendez-vous à tout le monde à 15 H au terrain.
...
Quand nous arrivons avec Andreas et Florian, ils sont déjà une bonne douzaine sur le terrain. Il y a Franz, Filip et Maxim (les petits frères de Kathrin et d'Angelika) et des gars que j'ai aperçu au collège ou d'autres complètement inconnus.
Tout à coup, j'aperçois Friedrich et mon cœur se met à battre à grands coups dans ma poitrine...
« Merde ! Qu'est-ce qu'il fout là ce connard ! »
Je tourne la tête vers Robin. Lui aussi l'a aperçu. Il ne dit rien mais à la façon dont il le regarde, ça sent le grabuge !
— Robin : Je te préviens Thomas s'il fait la moindre réflexion, je lui éclate la gueule !
— Thomas : Attends, on en parle avec Andreas et on voit se qu'on fait. D'accord ?
— Robin : Ok, comme tu le sens...
J'interpelle alors Andreas qui discute avec Franz.
— Thomas : Andreas, komme bitte wir haben ein Problem! (Andreas, viens s'il te plait on a un problème !)
— Andreas : Ja was gibt es? (Oui, c'est quoi ?)
Je lui raconte rapidement ce qui s'est passé ce matin. Andreas me regarde avec de grands yeux, tout surpris.
— Franz : Was passiert ? (Qu'est-ce qui se passe ?) demande Franz, intrigué par notre conciliabule.
Andreas lui répète ce que je viens de lui dire...
— Franz : Friedrich ! Komm mal hier!... " (Friedrich ! Viens voir ici !)
Friedrich lève la tête, fait une espèce de grimace et vient lentement nous rejoindre...
Franz le prend à part et lui parle quelques instants. Ils se sont tournés et je n'entends rien mais je vois clairement la colère de Franz et Friedrich qui essaye de se défendre tout en semblant se rapetisser sur lui-même... C'est sûr que balèze comme il est, Franz est plutôt impressionnant et que comme en plus c'est peut-être le meilleur joueur, c'est un vrai chef !
...
— Franz : Also, mir scheint dass Friedrich, wie ein Arschloch morgens sich verhalten hat und dass, er es gerade verstanden hat. So... (Bien. Il semble que Friedrich se soit comporté comme un gros con ce matin et qu'il vient juste de le comprendre. Donc...)
— Friedrich : Ich möchte mich entschuldigen... ich wollte nur Spass machen... (Je voudrai m'excuser... je voulais juste plaisanter...)
— Franz : Damit scherzt man nicht! (On ne plaisante pas avec ça !)
— Friedrich : Ja, es ist klar, ich war mir dieser Sache nicht bewusst aber nachher habe ich mich geschämt, ich schwöre es! (Oui, c'est clair, je n'en étais pas conscient mais après j'en ai eu honte, j'te jure !)
— Robin : Ich hätte dir fast geschlagen. Wenn Thomas nicht daran nicht gehindert hätte... (J'ai failli te casser la gueule. Si Thomas ne m'avait pas retenu...)
Ce n'est plus le Friedrich de ce matin, arrogant et con, il est tout penaud et parait sincère.
Je laisse Robin régler ça (vu sa réaction du matin, ça me parait plus sage !).
— Friedrich : Also ich entschuldige mich ehrlich, ich wollte euch nicht Schmerzen bereiten, ich habe nicht gedacht aber ich bereue was gesagt und getan zu haben... (Je m'excuse vraiment, je suis sincère, je n'avais pas réfléchi mais je regrette ce que j'ai dit et ce que j'ai fait...)
Robin me regarde, indécis.
— Thomas : Tu fais comme tu le sens Robin. "
Il regarde Friedrich à nouveau puis Franz et Andreas...
— Robin : Ok, wir verzeihen dir aber nächstes Mal... (Ok, on te pardonne mais la prochaine fois...)
— Friedrich : Es wird kein nächstes Mal... ich schwöre es! (Il n'y aura pas de prochaine fois... j'te le jure !)
...
Friedrich et Robin ont joué dans la même équipe, contre moi. Au début ça a été un peu tendu mais à la fin, ils jouaient ensembles comme deux vrais coéquipiers et quand Friedrich a marqué un but sur un corner tiré par Robin, ça s'est vraiment décoincé...
A la fin du match, je suis allé remercier Franz pour son intervention et je lui ai demandé s'il était au courant pour Robin et moi.
— Nein, ich wusste es nicht und es hat mich überrascht aber ihr seid meine Freude und das ist alles was wert ist, oder?" (Non, je ne le savais pas et ça m'a surpris mais vous êtes mes amis et c'est tout ce qui compte, non ?)
...
« Il est comme Andreas ! C'est vraiment un mec bien.
C'est bizarre de voir comment les gens réagissent, ils sont supers ou odieux... il faudrait peut-être pas les juger à chaud... mais en même temps quand ils nous agressent...
Putain c'est pas si simple ! Peut-être que Birgit a raison, il faut leur laisser un peu de temps et ils finissent par comprendre...
Espérons-le... »