Aujourd’hui, 10:16 AM
Chapitre 3
Ce qui est marrant dans notre situation c'est qu'en l'absence des responsables du séjour, nous devenons par une étrange légitimité, celle d'être arrivés les premiers, les représentants de l'organisation auprès desquels tout le monde vient se pointer. Ça permet de faire connaissance, de connaître les prénoms, de découvrir les aventuriers (qui sont venus tout seul), les tracqueurs(euses) qui s'agitent nerveusement et les timides (dont je fais d'habitude partie) qui regardent par terre et ne parlent à personne. Je n'en reviens pas de me retrouver dans cette situation, il faut dire que Robin avec son bagout et son assurance n'y est pas pour rien. Je ne sais pas si c'est pour être à sa hauteur mais je me suis tiré les doigts du cul sur ce coup là.
Avec 1h de retard, Patrick et Jutta (ça se prononce Youta) les deux responsables, nous rejoignent, s'excusent, ils reviennent d'Allemagne et leur train avait du retard. Nous leur donnons la liste des arrivés (une initiative de Robin) et ils peuvent vérifier sur leurs documents officiels que tout le monde est là : nous sommes 26, 14 filles et 12 garçons dont quelques uns que j'ai trouvé canons. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je n'ai jamais été excité comme ça.
On monte dans le train, c'est parti pour 6h30 de voyage, arrivée prévue à 21h30 Hauptbahnhof Hanover, ça risque d'être long.
Nous avons chopé les bonnes places au milieu du wagon et nous sommes installés avec Alexis et Marjorie en vis-à-vis. Plusieurs fois nous nous touchons avec Robin et ça me fait un coup de chaleur dans tout le corps. Je suis un peu perdu, qu'est-ce qu'il m'arrive ?
— Marjorie : vous avez un bon niveau vous, en allemand ? Moi je suis nulle et je suis un peu paniquée à l'idée de me retrouver toute seule.
— Alexis : moi je fais allemand 2ème langue, alors ça fait que trois ans donc je maîtrise pas tout c'est sûr !
— Robin : vous inquiétez pas, moi je fais de l'allemand depuis la 6ème mais je suis vraiment pas une star. Surtout, si vous avez besoin d'un interprète vous appelez Thomas. Lui c'est une bête in Deutsch, il se ballade en cours, c'est pas vrai Liebling ?
Je souris un peu bêtement en rougissant sous les compliments et j'ai le cœur qui s'affole. « il vient de m'appeler CHERI... »
Heureusement visiblement Marjorie et Alexis n'ont pas compris. Je regarde Robin à la dérobée qui poursuit sans rien laisser paraître. « C'est volontaire ou quoi ? » Je ne sais pas quoi penser et je dois faire un effort pour me remettre dans la conversation.
— Robin : sinon, vous êtes d'où ?
— Alexis : on est de Dijon, on est au même lycée et on se connaît surtout depuis quelques mois...
— Robin : ah bon vous êtes ensemble ?
— Marjorie : pas du tout mais je l'aime bien mon petit Alex' dit-elle en se tournant vers lui et en lui déposant un petit bisou sur la joue. Pourquoi vous l'êtes vous ? » dit-elle en nous regardant d'un air amusé.
Je ne sais plus où me mettre, j'ai l'impression de ne plus avoir d'air dans les poumons comme si on m'avait envoyé un coup de poing dans le plexus. Je regarde Robin et nos regards se croisent. Je ne sais pas ce qu'il lit dans le mien mais moi j'y vois une lueur fiévreuse ?, inquiète ?
— Robin : euh non ! pas encore du moins... mais j'ai l'impression que vous serez les premiers, tu crois pas répond-il en rigolant.
Un petit silence suit cette tirade. Nous nous regardons tous les quatre. Alexis a l'air aussi mal que moi, Marjorie et Robin ont les yeux qui pétillent... et nous éclatons de rire comme pour soulager une tension qui devenait trop lourde. On fait un tel barrouf que Jutta vient nous voir pour nous dire de nous calmer un peu.
Je propose de jouer aux cartes ça permettra de faire passer le temps tout en s'éloignant d'un terrain que je trouve un peu glissant.
Patrick nous signale que l'on arrive à la frontière et qu'il faut préparer sa pièce d'identité et son autorisation de sortie du territoire pour les éventuels contrôles, qui n'eurent pas lieu conséquence de l'intégration européenne et de l'espace Schengen nous rappelle-t-il transformant l'occasion en un mini cours de géopolitique.
« Pfou... il est un peu lourd ! »
Nous sommes à deux heures de Hanovre quand il réclame le silence pour nous expliquer ce qui va se passer ce soir et chez qui nous logerons pour le séjour.
— Patrick : le programme est le suivant : arrivée vers 21h30, vous partez avec votre famille d'accueil chez qui vous mangerez ce soir. Demain c'est dimanche : repos et lundi vous irez en classe avec le jeune de votre famille qui n'aura pas forcément votre âge d'ailleurs. On se revoit tous ensembles mardi pour des activités. De toute façon ne vous inquiétez pas vos familles ont toutes les informations et je vous donne mon numéro et celui de Jutta pour les cas d'urgence !
C'est l'effervescence dans le compartiment et tout le monde commente avec un enthousiasme teinté d'inquiétude les infos que l'on vient de nous donner.
Pendant que Jutta commence à donner à ceux du fond les infos concernant chaque famille, Patrick s'approche de nous et nous interpelle :
— Patrick : Thomas et Robin, il faut que vous parle.
— Moi : y a un problème ?
— Patrick : on a une famille qui vient de se désister et on va devoir mettre deux français dans une même famille. Les Kirchman se sont proposés mais comme ils habitent assez loin de la ville on voudrait pas y mettre deux jeunes au hasard. Avec Jutta on a pensé que comme vous aviez bien géré le départ à Paris et que vous venez d'Angers tous les deux ce serait plus facile d'être à deux qui se connaissent et qui ont l'air de se débrouiller...
— Moi : moi ça me va si Robin est d'accord en me retournant vers Robin?
— Robin : moi aussi d'autant plus que Thomas assure en allemand dit-il en me souriant.
— Patrick : ok alors on fait comme ça. À toute à l'heure.
— Moi : bis bald.
— Patrick : genau bis bald ! (c'est ça, à tout à l'heure !)
On se regarde avec Robin tout excités, je ne sais pas si c'est pour les mêmes raisons... mais je commence à croire qu'il est magique ce voyage...
Ce qui est marrant dans notre situation c'est qu'en l'absence des responsables du séjour, nous devenons par une étrange légitimité, celle d'être arrivés les premiers, les représentants de l'organisation auprès desquels tout le monde vient se pointer. Ça permet de faire connaissance, de connaître les prénoms, de découvrir les aventuriers (qui sont venus tout seul), les tracqueurs(euses) qui s'agitent nerveusement et les timides (dont je fais d'habitude partie) qui regardent par terre et ne parlent à personne. Je n'en reviens pas de me retrouver dans cette situation, il faut dire que Robin avec son bagout et son assurance n'y est pas pour rien. Je ne sais pas si c'est pour être à sa hauteur mais je me suis tiré les doigts du cul sur ce coup là.
Avec 1h de retard, Patrick et Jutta (ça se prononce Youta) les deux responsables, nous rejoignent, s'excusent, ils reviennent d'Allemagne et leur train avait du retard. Nous leur donnons la liste des arrivés (une initiative de Robin) et ils peuvent vérifier sur leurs documents officiels que tout le monde est là : nous sommes 26, 14 filles et 12 garçons dont quelques uns que j'ai trouvé canons. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je n'ai jamais été excité comme ça.
On monte dans le train, c'est parti pour 6h30 de voyage, arrivée prévue à 21h30 Hauptbahnhof Hanover, ça risque d'être long.
Nous avons chopé les bonnes places au milieu du wagon et nous sommes installés avec Alexis et Marjorie en vis-à-vis. Plusieurs fois nous nous touchons avec Robin et ça me fait un coup de chaleur dans tout le corps. Je suis un peu perdu, qu'est-ce qu'il m'arrive ?
— Marjorie : vous avez un bon niveau vous, en allemand ? Moi je suis nulle et je suis un peu paniquée à l'idée de me retrouver toute seule.
— Alexis : moi je fais allemand 2ème langue, alors ça fait que trois ans donc je maîtrise pas tout c'est sûr !
— Robin : vous inquiétez pas, moi je fais de l'allemand depuis la 6ème mais je suis vraiment pas une star. Surtout, si vous avez besoin d'un interprète vous appelez Thomas. Lui c'est une bête in Deutsch, il se ballade en cours, c'est pas vrai Liebling ?
Je souris un peu bêtement en rougissant sous les compliments et j'ai le cœur qui s'affole. « il vient de m'appeler CHERI... »
Heureusement visiblement Marjorie et Alexis n'ont pas compris. Je regarde Robin à la dérobée qui poursuit sans rien laisser paraître. « C'est volontaire ou quoi ? » Je ne sais pas quoi penser et je dois faire un effort pour me remettre dans la conversation.
— Robin : sinon, vous êtes d'où ?
— Alexis : on est de Dijon, on est au même lycée et on se connaît surtout depuis quelques mois...
— Robin : ah bon vous êtes ensemble ?
— Marjorie : pas du tout mais je l'aime bien mon petit Alex' dit-elle en se tournant vers lui et en lui déposant un petit bisou sur la joue. Pourquoi vous l'êtes vous ? » dit-elle en nous regardant d'un air amusé.
Je ne sais plus où me mettre, j'ai l'impression de ne plus avoir d'air dans les poumons comme si on m'avait envoyé un coup de poing dans le plexus. Je regarde Robin et nos regards se croisent. Je ne sais pas ce qu'il lit dans le mien mais moi j'y vois une lueur fiévreuse ?, inquiète ?
— Robin : euh non ! pas encore du moins... mais j'ai l'impression que vous serez les premiers, tu crois pas répond-il en rigolant.
Un petit silence suit cette tirade. Nous nous regardons tous les quatre. Alexis a l'air aussi mal que moi, Marjorie et Robin ont les yeux qui pétillent... et nous éclatons de rire comme pour soulager une tension qui devenait trop lourde. On fait un tel barrouf que Jutta vient nous voir pour nous dire de nous calmer un peu.
Je propose de jouer aux cartes ça permettra de faire passer le temps tout en s'éloignant d'un terrain que je trouve un peu glissant.
Patrick nous signale que l'on arrive à la frontière et qu'il faut préparer sa pièce d'identité et son autorisation de sortie du territoire pour les éventuels contrôles, qui n'eurent pas lieu conséquence de l'intégration européenne et de l'espace Schengen nous rappelle-t-il transformant l'occasion en un mini cours de géopolitique.
« Pfou... il est un peu lourd ! »
Nous sommes à deux heures de Hanovre quand il réclame le silence pour nous expliquer ce qui va se passer ce soir et chez qui nous logerons pour le séjour.
— Patrick : le programme est le suivant : arrivée vers 21h30, vous partez avec votre famille d'accueil chez qui vous mangerez ce soir. Demain c'est dimanche : repos et lundi vous irez en classe avec le jeune de votre famille qui n'aura pas forcément votre âge d'ailleurs. On se revoit tous ensembles mardi pour des activités. De toute façon ne vous inquiétez pas vos familles ont toutes les informations et je vous donne mon numéro et celui de Jutta pour les cas d'urgence !
C'est l'effervescence dans le compartiment et tout le monde commente avec un enthousiasme teinté d'inquiétude les infos que l'on vient de nous donner.
Pendant que Jutta commence à donner à ceux du fond les infos concernant chaque famille, Patrick s'approche de nous et nous interpelle :
— Patrick : Thomas et Robin, il faut que vous parle.
— Moi : y a un problème ?
— Patrick : on a une famille qui vient de se désister et on va devoir mettre deux français dans une même famille. Les Kirchman se sont proposés mais comme ils habitent assez loin de la ville on voudrait pas y mettre deux jeunes au hasard. Avec Jutta on a pensé que comme vous aviez bien géré le départ à Paris et que vous venez d'Angers tous les deux ce serait plus facile d'être à deux qui se connaissent et qui ont l'air de se débrouiller...
— Moi : moi ça me va si Robin est d'accord en me retournant vers Robin?
— Robin : moi aussi d'autant plus que Thomas assure en allemand dit-il en me souriant.
— Patrick : ok alors on fait comme ça. À toute à l'heure.
— Moi : bis bald.
— Patrick : genau bis bald ! (c'est ça, à tout à l'heure !)
On se regarde avec Robin tout excités, je ne sais pas si c'est pour les mêmes raisons... mais je commence à croire qu'il est magique ce voyage...