26-10-2024, 11:49 AM
Et voici la fin de ce récit, le retour à la source, celle du premier amour...
Incontestablement Antoine n'avait pas encore les idées très claires Tout se confondait dans sa tête, il avait de la peine à faire la distinction entre la réalité de ce qui était réellement survenu, de ce qui aurait pu survenir et ce qui était le pur fruit de son imagination dans la confusion où il se trouvait présentement. Inconsciemment, il avait toujours fait une très nette distinction entre sa vie professionnelle (même si ce dernier terme n'est peut-être pas véritablement adéquat !) et sa vie privée. C'est incontestablement cette dernière qui reflète sa véritable nature, celle où il se reconnaît et surtout s'accepte. Or il était timide, même pudique et de se trouver nu dans un appartement qu'il ne connaissait pas, devant un garçon certes plaisant mais dont il ne savait rien sinon, durant quelques secondes, la fermeté de ses fesses, tout cela le perturbait considérablement. Ce fut donc avec empressement qu'il enfila le slip que lui tendit Milo. Du même coup, il dut admettre que la dernière remarque de celui-ci était exacte, il puait la transpiration, le sperme et, plus inquiétant une vague odeur qu'il ne connaissait pas, probablement celle de la drogue qu'il avait involontairement consommée.
La douche me fit un bien indiscutable et c'est au moment où je voulus utiliser le gel-douche agréablement parfumé que je réalisais avoir oublié d'enlever le slip fourni par Miro. Je promenais mes mains sur mon corps, je faisais pénétrer la mousse dans les moindres recoins de ma personne et ce qui était prévisible cela déclencha un début d'érection qui eut tendance à s'accentuer lorsque j'entendis Milo me demander par la porte entrouverte si tout allait bien, si je n'avais besoin de rien.
"Non, tout est parfait, merci !".
Je n'osais évidemment pas lui dire que j'aurais apprécié de partager ma douche avec lui car je ne savais pas vraiment où se dirigeait son attirance. Tendanciellement j'opinais pour l'hétérosexualité mais je supputais qu'il pouvait également ressentir un certain attrait pour les gays ou en tout cas une certaine curiosité. J'espérais simplement qu'il n'était pas bi car j'avais entendu dire que ceux-ci étaient franchement à plaindre n'étant pas véritablement acceptés ni par les uns ni par les autres.
J'étais sorti de la douche mais je n'avais pas de linge pour me sécher et surtout "mon" slip était détrempé de sorte que j'allais devoir m'exhiber dans le costume d'Adam à moins que Milo ait pitié de moi et me dépose de quoi me protéger et qu'il accepte de sortir de la pièce ou, au moins, de se détourner. Ma demande formulée, j'entendis un éclat de rire
- Hors de question, j'ai comme l'impression que c'est la dernière occasion pour moi d'admirer un corps masculin et je ne vais pas m'en priver
- Ne soit pas vache, tu as déjà eu tout loisir de me voir à…
- C'est vrai, mais alors tu n'étais pas véritablement consentant aussi je n'en ai pas profité tandis que maintenant je suis presque certain que ton membre est en pleine extension ce qui signifie que tu es partant pour une petite démonstration !
La première chose que je vis ce fut la grosseur à hauteur de sa braguette, incontestablement il avait envie d'assouvir sa curiosité à moins que sa véritable nature se révèle aujourd'hui vu les circonstances particulières de ces dernières heures.
Un petit sifflement, admiratif ou ironique je l'ignore, m'accueillit lorsque je débouchais dans le petit séjour, toutes armes largement déployées à ma confusion il est vrai mais également avec un certain défit de m'exposer à ce que je ressentais comme une saine curiosité. Bien évidemment, je savais que la curiosité peut parfois vous entraîner plus loin que ce que l'on envisageait initialement, parfois même plus durablement que ce qui est concevable.
Ma raideur s'accentua encore lorsque je réalisais soudain que, pour la première fois, j'allais probablement le voir nu et même, peut-être, pouvoir le dévêtir ce qui chez moi est un moment très excitant car être le maître de la découverte progressive d'un corps est un grand privilège : or la plupart du temps, les partenaires ont tellement hâte de se dénuder qu'ils ne réalisent pas que retirer tout doucement les vêtements est un moment essentiel des relations sexuelles, quelles qu'elles soient. Bon, je sais, sur ce plan-là je suis un peu rétrograde, un peu sentimental mais le corps d'un être humain, quel que soit l'usage qu'on en fait, mérite le respect et l'admiration, ne serait-ce qu'un fraction de seconde.
J'étais nu et décontracté même si certaines parties de moi-même étaient, elles, largement contractées. Je me sentais comme investi, j'exagère un peu je sais, de la mission de lui faire connaître un autre aspect de la sexualité traditionnelle.
Il était habillé, je le sentais un peu nerveux mais confiant car je lui avais dit qu'au moindre signe de sa part, je stopperais cette expérience.
Nous étions assis l'un à côté de l'autre sur le petit canapé en face de la porte-fenêtre qui donnait sur une terrasse qui devait être très agréable à la belle saison : bien protégée du regard des voisins pourtant tout proche, elle devait permettre de prendre le soleil de manière intégrale. Un Esprit qui serait passé par là aurait probablement bien ri en nous voyant avec un Milo qui, s'il avait porté une cravate, n'aurait pas vraiment détoné.
Mon compagnon faillit s'étrangler en constatant la grimace que je fis en portant le verre que je tenais à la main : c'était du cognac ! Or je déteste, mais vraiment, ce breuvage.
- Mais pourquoi n'as-tu rien dit ? Veux tu un whisky ?
Ma grimace se transforma en un sourire car c'est ma boisson préférée, même si je mets deux glaçons ce qui est parait-il une hérésie. En approchant mon verre de mes lèvres, je penchais également ma tête, quelques instants plus tard, nos lèvres firent brièvement connaissance. Il eut un petit sursaut suivi d'un léger sourire un peu crispé. Il ne m'avait pas repoussé, au contraire, je vis à l'espèce de moue qu'il fit que ses lèvres n'étaient pas viscéralement opposées à une nouvelle tentative.
Durant celle-ci, ma main s'était posée sur sa cuisse, aucune réaction, positive ou non. Cette acceptation tacite incita ma main à se déplacer plus haut alors que je devinais la sienne très proche de moi, j'eus l'impression qu'elle me frôlait. Très doucement, je pris cette main, très lentement je la soulevais, elle se laissait entraîner mais au fur et à mesure qu'elle s'approchait de mon corps je sentais une résistance. Une petite pose aidant, un instant de distraction et la jonction était faite avec mon sexe et un oh ! prolongé confirma cette jonction. Je l'accentuais en jouant avec ses doigts afin que sa main puisse bien encercler mon membre, heureusement encore sec.
C'est à ce moment qu'il me dit très calmement
- J'aime mieux que tu arrêtes. J'ai compris que je préfère les relations avec les filles, même si une certaine intimité avec toi n'est pas forcément pour me déplaire
- Il faut que tu sois plus clair car moi je n'y comprends rien
- C'est très simple, je peux concevoir une relation avec un garçon, pas n'importe lequel, toi par exemple, mais je ne souhaite pas qu'elle soit organisée, planifiée. Cela doit rester quelque chose de spontané et d'exceptionnel. Pas comme maintenant
- Tu es vraiment un garçon spécial, tu ne veux rien de moi et pourtant tu ne m'exclus pas
- C'est probablement vrai, je ne t'exclus pas mais je veux d'abord et avant tout que nous soyons amis si je veux pouvoir continuer de te voir
Les jours qui suivirent furent compliqués, je retournais dans mon petit logement où je m'isolais, cherchant à comprendre tout ce qui m'était arrivé en quelques temps.
Retrouver Louis m'avait d'abord provoqué une véritable joie mais ce faisant je n'avais pas assimilé que ce n'était plus le jeune adolescent naïf et confiant que j'avais connu et même aimé il y a plus de dix ans. Rapidement, notre relation devint ambiguë et la révélation qu'il était marié avait été pour moi un véritable coup d'assommoir.
Avec ce qui s'était passé chez lui, était-ce vraiment chez lui ? Était-ce véritablement sa femme ? Était-il complice ou victime de ce que je ressentais comme une agression ? Je ne parvenais pas à me faire une opinion sur ce que je devais faire, le revoir et lui demander des explications ou laisser tomber.
J'avais également un problème avec Milo que je ne parvenais pas à situer véritablement. En entrant dans l'immeuble de Louis, c'est lui qui m'avait effleuré la fesse ce qui démontrait que j'exerçais une certaine attirance sur lui qui se confirmait lorsque attendant l'ascenseur je lui plaquais ma main sur son paquet que j'avais senti bien dur. Or, il n'avait marqué aucun signe de rejet, bien au contraire.
L'attention et les soins qu'il me donna lors de ma fuite étaient touchants de spontanéité et à plusieurs reprises il m'avait vu nu. Et lorsque buvant le whisky j'avais avancé mes lèvres pour effleurer les siennes, il n'avait pas bronché ; puis, lorsque j'avais pris sa main pour l'amener vers ma braguette, il n'avait résisté à ma tentative qu'après un temps trop long s'il avait réellement été choqué. Cette attitude, pour le moins équivoque où il déclara sa préférence pour les femmes sans pour autant exclure la spontanéité d'une expérience masculine tout en restant avant tout ami, était un autre aspect qui me laissait perplexe.
Finalement je ne fis rien. À force de réfléchir, de tergiverser, de peser le pour et le contre de telles ou telles possibilités, le temps s'écoula et tous les sentiments contradictoires que je ressentais finirent par s'atténuer et c'est avec une certaine lâcheté, je dois le reconnaître, que je décidais de ne rien entreprendre ou plutôt de laisser les circonstances ou le hasard résoudre cette énigme.
Tranquillement je repris mes chères études. À part le plaisir et l'intérêt que j'y prenais, le résultat fut de m'enfermer à nouveau dans le cercle de la solitude et même d'une certaine asociabilité parfois pas très éloignée d'une dépression latente. Cet état, mouvant selon les jours, ne me déplaisait pas et pourtant je savais que cela ne pouvait pas être une situation durable.
Il n'y a pas si longtemps, cette Bretagne suscitait parfois en moi un sentiment de nostalgie. J'avais appris à l'aimer pour la beauté et la rudesse de ses paysages, de son climat mais encore pour cette activité spéciale que j'avais développée. J'aurais voulu savoir ce qu'étaient devenus mes petits vieux, connaître la nouvelle vie de ce jeune homme dont j'avais ouvert les yeux sur la réalité du monde de la sexualité.
Certains jours mais surtout le soir et la nuit, j'aurais presque été capable de sauter dans le premier train venu. Mais ce n'était pas possible : je savais que les années se déroulant, ma jeunesse passerait et mon charme avec elle. Et puis, malgré toutes mes bonnes résolutions, il y avait la proximité de Milo et même dans une moindre mesure de celui que je continuais à appeler "Petit Louis". Milo, je sais par quelques messages que nous échangions, surtout venant de lui, qu'il ne m'oubliait pas, qu'il souhaitait même me revoir. J'avais du reste décidé, sans me l'avouer, de le retrouver mais j'éprouvais des scrupules [encore eux !] car c'était avant tout un attrait sexuel qui m'attirait, dont j'avais besoin car de ce côté c'était le calme absolu, exception faite de l'activité de ma main ce qui devenait notoirement insuffisant !
Un samedi matin je me trouvais dans un des grands marchés de la ville et il y avait foule ce qui me faisait du bien même si je savais qu'en rentrant je serais probablement épuisé par le bruit et les mouvement de tous ces gens. Aux alentours du marché, il y avait de nombreux petits restaurants où l'on mangeait souvent très convenablement et à des prix tout à fait raisonnables. J'avais trouvé une table agréable d'où je voyais l'animation au dehors tout en sirotant un Kir. Je me sentais bien. Je souris à un jeune garçon qui semblait tout fier d'entrer avec au bras une jeune fille de son âge, celui où l'on découvre les prémices de l'amour. Dans un coin un monsieur âgé, impeccablement habillé était incontestablement un habitué des lieux.
- Tu permets que je m'installe à ta table ?
Interloqué par le sans-gêne alors qu'il y avait encore plusieurs tables disponibles mais surtout par le tutoiement je rétorquais sans même lever la tête
- Non, je ne permets pas
- Oui, mais moi je m'y autorise, Antoine !
Là je suis franchement sidéré, qui est l'intrus qui se permet d'insister alors que je l'avais poliment remis en place et encore plus lorsque je réalise que cet individu me connait puisqu'il a utilisé mon prénom. Je me décide à lever les yeux de l'ouvrage que je lisais. Je vis un homme d'allure encore jeune mais dont on sentait une maturité naturelle. La silhouette ne m'était pas totalement inconnue mais j'étais parfaitement incapable d'y mettre un nom et encore moins de la situer dans le temps. J'étais assis alors qu'il était encore debout. Lorsque je le dévisageais, je ne pus qu'admirer son corps sportif, ses yeux bleu-pâle qui attiraient le regard. Mais le plus frappant, c'était l'air vaguement ironique et amusé de me voir désorienté.
- Je crois qu'il est temps que je m'installe car je pense que tu attends que je te fournisse des explications. [s'adressant au garçon] Apportez moi le même plat que mons…, non qu'Antoine, je sais que j'aime tout ce qu'il aime, enfin tout c'est encore à voir !
- Je suis vraiment désolé, mais je n'arrive pas à vous situer, il faut dire que je suis récemment revenu et je ne sais pas si c'est pour longtemps
Un long silence s'installe que je respecte alors que je sens mon vis-à-vis en train d'hésiter sur la conduite à tenir. Soudain, un grand sourire éclaire son visage et à cet instant je sais que je devrais reconnaître son propriétaire et pourtant mon cerveau refuse à me livrer un nom ou au moins un indice.
- Il y a de nombreuses années, dans des circonstances difficiles où je te quittais brutalement, je t'ai dit "quoi qu'il arrive je ne t'oublierai jamais, sois-en sûr". Eh bien ! je t'ai aperçu en passant devant ce restaurant et immédiatement j'ai su que c'était toi que j'avais pris dans mes bras et embrassé avec beaucoup de tendresse, je m'en souviens comme si c'était hier
Un tremblement de terre secoua le petit restaurant, le verre de vin rouge que je n'avais pas encore entamé se renversa, les éclats de verre se répandirent tout autour de la table pendant qu'une large tache couleur vinasse s'étalait sur ma chemise et mon pantalon. Je m'étais brusquement levé, bousculant la table, renversant ma chaise et je criais d'une voie enrouée par l'émotion qui s'était saisie de moi :
- Jules , Jules, c'est vraiment toi ?
Et je me jetais dans ses bras.
Le garçon qui s'occupait de ma table répara les dégâts, il dressa sans rien demander un deuxième couvert. Le vieux monsieur qui mangeait seul avait une larme au coin de l'œil, un couple d'hommes encore jeunes nous regardaient avec attendrissement.
Jules et moi étions assis l'un en face de l'autre, silencieux et grave car nous comprenions que le moment n'était pas aux explications mais à l'impérieuse nécessité que mon cerveau prenne pleinement conscience de ce qui venait de se passer, presque à son insu. Celui de Jules n'avait jamais oublié, jamais.
Incontestablement Antoine n'avait pas encore les idées très claires Tout se confondait dans sa tête, il avait de la peine à faire la distinction entre la réalité de ce qui était réellement survenu, de ce qui aurait pu survenir et ce qui était le pur fruit de son imagination dans la confusion où il se trouvait présentement. Inconsciemment, il avait toujours fait une très nette distinction entre sa vie professionnelle (même si ce dernier terme n'est peut-être pas véritablement adéquat !) et sa vie privée. C'est incontestablement cette dernière qui reflète sa véritable nature, celle où il se reconnaît et surtout s'accepte. Or il était timide, même pudique et de se trouver nu dans un appartement qu'il ne connaissait pas, devant un garçon certes plaisant mais dont il ne savait rien sinon, durant quelques secondes, la fermeté de ses fesses, tout cela le perturbait considérablement. Ce fut donc avec empressement qu'il enfila le slip que lui tendit Milo. Du même coup, il dut admettre que la dernière remarque de celui-ci était exacte, il puait la transpiration, le sperme et, plus inquiétant une vague odeur qu'il ne connaissait pas, probablement celle de la drogue qu'il avait involontairement consommée.
La douche me fit un bien indiscutable et c'est au moment où je voulus utiliser le gel-douche agréablement parfumé que je réalisais avoir oublié d'enlever le slip fourni par Miro. Je promenais mes mains sur mon corps, je faisais pénétrer la mousse dans les moindres recoins de ma personne et ce qui était prévisible cela déclencha un début d'érection qui eut tendance à s'accentuer lorsque j'entendis Milo me demander par la porte entrouverte si tout allait bien, si je n'avais besoin de rien.
"Non, tout est parfait, merci !".
Je n'osais évidemment pas lui dire que j'aurais apprécié de partager ma douche avec lui car je ne savais pas vraiment où se dirigeait son attirance. Tendanciellement j'opinais pour l'hétérosexualité mais je supputais qu'il pouvait également ressentir un certain attrait pour les gays ou en tout cas une certaine curiosité. J'espérais simplement qu'il n'était pas bi car j'avais entendu dire que ceux-ci étaient franchement à plaindre n'étant pas véritablement acceptés ni par les uns ni par les autres.
J'étais sorti de la douche mais je n'avais pas de linge pour me sécher et surtout "mon" slip était détrempé de sorte que j'allais devoir m'exhiber dans le costume d'Adam à moins que Milo ait pitié de moi et me dépose de quoi me protéger et qu'il accepte de sortir de la pièce ou, au moins, de se détourner. Ma demande formulée, j'entendis un éclat de rire
- Hors de question, j'ai comme l'impression que c'est la dernière occasion pour moi d'admirer un corps masculin et je ne vais pas m'en priver
- Ne soit pas vache, tu as déjà eu tout loisir de me voir à…
- C'est vrai, mais alors tu n'étais pas véritablement consentant aussi je n'en ai pas profité tandis que maintenant je suis presque certain que ton membre est en pleine extension ce qui signifie que tu es partant pour une petite démonstration !
La première chose que je vis ce fut la grosseur à hauteur de sa braguette, incontestablement il avait envie d'assouvir sa curiosité à moins que sa véritable nature se révèle aujourd'hui vu les circonstances particulières de ces dernières heures.
Un petit sifflement, admiratif ou ironique je l'ignore, m'accueillit lorsque je débouchais dans le petit séjour, toutes armes largement déployées à ma confusion il est vrai mais également avec un certain défit de m'exposer à ce que je ressentais comme une saine curiosité. Bien évidemment, je savais que la curiosité peut parfois vous entraîner plus loin que ce que l'on envisageait initialement, parfois même plus durablement que ce qui est concevable.
Ma raideur s'accentua encore lorsque je réalisais soudain que, pour la première fois, j'allais probablement le voir nu et même, peut-être, pouvoir le dévêtir ce qui chez moi est un moment très excitant car être le maître de la découverte progressive d'un corps est un grand privilège : or la plupart du temps, les partenaires ont tellement hâte de se dénuder qu'ils ne réalisent pas que retirer tout doucement les vêtements est un moment essentiel des relations sexuelles, quelles qu'elles soient. Bon, je sais, sur ce plan-là je suis un peu rétrograde, un peu sentimental mais le corps d'un être humain, quel que soit l'usage qu'on en fait, mérite le respect et l'admiration, ne serait-ce qu'un fraction de seconde.
J'étais nu et décontracté même si certaines parties de moi-même étaient, elles, largement contractées. Je me sentais comme investi, j'exagère un peu je sais, de la mission de lui faire connaître un autre aspect de la sexualité traditionnelle.
Il était habillé, je le sentais un peu nerveux mais confiant car je lui avais dit qu'au moindre signe de sa part, je stopperais cette expérience.
Nous étions assis l'un à côté de l'autre sur le petit canapé en face de la porte-fenêtre qui donnait sur une terrasse qui devait être très agréable à la belle saison : bien protégée du regard des voisins pourtant tout proche, elle devait permettre de prendre le soleil de manière intégrale. Un Esprit qui serait passé par là aurait probablement bien ri en nous voyant avec un Milo qui, s'il avait porté une cravate, n'aurait pas vraiment détoné.
Mon compagnon faillit s'étrangler en constatant la grimace que je fis en portant le verre que je tenais à la main : c'était du cognac ! Or je déteste, mais vraiment, ce breuvage.
- Mais pourquoi n'as-tu rien dit ? Veux tu un whisky ?
Ma grimace se transforma en un sourire car c'est ma boisson préférée, même si je mets deux glaçons ce qui est parait-il une hérésie. En approchant mon verre de mes lèvres, je penchais également ma tête, quelques instants plus tard, nos lèvres firent brièvement connaissance. Il eut un petit sursaut suivi d'un léger sourire un peu crispé. Il ne m'avait pas repoussé, au contraire, je vis à l'espèce de moue qu'il fit que ses lèvres n'étaient pas viscéralement opposées à une nouvelle tentative.
Durant celle-ci, ma main s'était posée sur sa cuisse, aucune réaction, positive ou non. Cette acceptation tacite incita ma main à se déplacer plus haut alors que je devinais la sienne très proche de moi, j'eus l'impression qu'elle me frôlait. Très doucement, je pris cette main, très lentement je la soulevais, elle se laissait entraîner mais au fur et à mesure qu'elle s'approchait de mon corps je sentais une résistance. Une petite pose aidant, un instant de distraction et la jonction était faite avec mon sexe et un oh ! prolongé confirma cette jonction. Je l'accentuais en jouant avec ses doigts afin que sa main puisse bien encercler mon membre, heureusement encore sec.
C'est à ce moment qu'il me dit très calmement
- J'aime mieux que tu arrêtes. J'ai compris que je préfère les relations avec les filles, même si une certaine intimité avec toi n'est pas forcément pour me déplaire
- Il faut que tu sois plus clair car moi je n'y comprends rien
- C'est très simple, je peux concevoir une relation avec un garçon, pas n'importe lequel, toi par exemple, mais je ne souhaite pas qu'elle soit organisée, planifiée. Cela doit rester quelque chose de spontané et d'exceptionnel. Pas comme maintenant
- Tu es vraiment un garçon spécial, tu ne veux rien de moi et pourtant tu ne m'exclus pas
- C'est probablement vrai, je ne t'exclus pas mais je veux d'abord et avant tout que nous soyons amis si je veux pouvoir continuer de te voir
Les jours qui suivirent furent compliqués, je retournais dans mon petit logement où je m'isolais, cherchant à comprendre tout ce qui m'était arrivé en quelques temps.
Retrouver Louis m'avait d'abord provoqué une véritable joie mais ce faisant je n'avais pas assimilé que ce n'était plus le jeune adolescent naïf et confiant que j'avais connu et même aimé il y a plus de dix ans. Rapidement, notre relation devint ambiguë et la révélation qu'il était marié avait été pour moi un véritable coup d'assommoir.
Avec ce qui s'était passé chez lui, était-ce vraiment chez lui ? Était-ce véritablement sa femme ? Était-il complice ou victime de ce que je ressentais comme une agression ? Je ne parvenais pas à me faire une opinion sur ce que je devais faire, le revoir et lui demander des explications ou laisser tomber.
J'avais également un problème avec Milo que je ne parvenais pas à situer véritablement. En entrant dans l'immeuble de Louis, c'est lui qui m'avait effleuré la fesse ce qui démontrait que j'exerçais une certaine attirance sur lui qui se confirmait lorsque attendant l'ascenseur je lui plaquais ma main sur son paquet que j'avais senti bien dur. Or, il n'avait marqué aucun signe de rejet, bien au contraire.
L'attention et les soins qu'il me donna lors de ma fuite étaient touchants de spontanéité et à plusieurs reprises il m'avait vu nu. Et lorsque buvant le whisky j'avais avancé mes lèvres pour effleurer les siennes, il n'avait pas bronché ; puis, lorsque j'avais pris sa main pour l'amener vers ma braguette, il n'avait résisté à ma tentative qu'après un temps trop long s'il avait réellement été choqué. Cette attitude, pour le moins équivoque où il déclara sa préférence pour les femmes sans pour autant exclure la spontanéité d'une expérience masculine tout en restant avant tout ami, était un autre aspect qui me laissait perplexe.
Finalement je ne fis rien. À force de réfléchir, de tergiverser, de peser le pour et le contre de telles ou telles possibilités, le temps s'écoula et tous les sentiments contradictoires que je ressentais finirent par s'atténuer et c'est avec une certaine lâcheté, je dois le reconnaître, que je décidais de ne rien entreprendre ou plutôt de laisser les circonstances ou le hasard résoudre cette énigme.
Tranquillement je repris mes chères études. À part le plaisir et l'intérêt que j'y prenais, le résultat fut de m'enfermer à nouveau dans le cercle de la solitude et même d'une certaine asociabilité parfois pas très éloignée d'une dépression latente. Cet état, mouvant selon les jours, ne me déplaisait pas et pourtant je savais que cela ne pouvait pas être une situation durable.
Il n'y a pas si longtemps, cette Bretagne suscitait parfois en moi un sentiment de nostalgie. J'avais appris à l'aimer pour la beauté et la rudesse de ses paysages, de son climat mais encore pour cette activité spéciale que j'avais développée. J'aurais voulu savoir ce qu'étaient devenus mes petits vieux, connaître la nouvelle vie de ce jeune homme dont j'avais ouvert les yeux sur la réalité du monde de la sexualité.
Certains jours mais surtout le soir et la nuit, j'aurais presque été capable de sauter dans le premier train venu. Mais ce n'était pas possible : je savais que les années se déroulant, ma jeunesse passerait et mon charme avec elle. Et puis, malgré toutes mes bonnes résolutions, il y avait la proximité de Milo et même dans une moindre mesure de celui que je continuais à appeler "Petit Louis". Milo, je sais par quelques messages que nous échangions, surtout venant de lui, qu'il ne m'oubliait pas, qu'il souhaitait même me revoir. J'avais du reste décidé, sans me l'avouer, de le retrouver mais j'éprouvais des scrupules [encore eux !] car c'était avant tout un attrait sexuel qui m'attirait, dont j'avais besoin car de ce côté c'était le calme absolu, exception faite de l'activité de ma main ce qui devenait notoirement insuffisant !
Un samedi matin je me trouvais dans un des grands marchés de la ville et il y avait foule ce qui me faisait du bien même si je savais qu'en rentrant je serais probablement épuisé par le bruit et les mouvement de tous ces gens. Aux alentours du marché, il y avait de nombreux petits restaurants où l'on mangeait souvent très convenablement et à des prix tout à fait raisonnables. J'avais trouvé une table agréable d'où je voyais l'animation au dehors tout en sirotant un Kir. Je me sentais bien. Je souris à un jeune garçon qui semblait tout fier d'entrer avec au bras une jeune fille de son âge, celui où l'on découvre les prémices de l'amour. Dans un coin un monsieur âgé, impeccablement habillé était incontestablement un habitué des lieux.
- Tu permets que je m'installe à ta table ?
Interloqué par le sans-gêne alors qu'il y avait encore plusieurs tables disponibles mais surtout par le tutoiement je rétorquais sans même lever la tête
- Non, je ne permets pas
- Oui, mais moi je m'y autorise, Antoine !
Là je suis franchement sidéré, qui est l'intrus qui se permet d'insister alors que je l'avais poliment remis en place et encore plus lorsque je réalise que cet individu me connait puisqu'il a utilisé mon prénom. Je me décide à lever les yeux de l'ouvrage que je lisais. Je vis un homme d'allure encore jeune mais dont on sentait une maturité naturelle. La silhouette ne m'était pas totalement inconnue mais j'étais parfaitement incapable d'y mettre un nom et encore moins de la situer dans le temps. J'étais assis alors qu'il était encore debout. Lorsque je le dévisageais, je ne pus qu'admirer son corps sportif, ses yeux bleu-pâle qui attiraient le regard. Mais le plus frappant, c'était l'air vaguement ironique et amusé de me voir désorienté.
- Je crois qu'il est temps que je m'installe car je pense que tu attends que je te fournisse des explications. [s'adressant au garçon] Apportez moi le même plat que mons…, non qu'Antoine, je sais que j'aime tout ce qu'il aime, enfin tout c'est encore à voir !
- Je suis vraiment désolé, mais je n'arrive pas à vous situer, il faut dire que je suis récemment revenu et je ne sais pas si c'est pour longtemps
Un long silence s'installe que je respecte alors que je sens mon vis-à-vis en train d'hésiter sur la conduite à tenir. Soudain, un grand sourire éclaire son visage et à cet instant je sais que je devrais reconnaître son propriétaire et pourtant mon cerveau refuse à me livrer un nom ou au moins un indice.
- Il y a de nombreuses années, dans des circonstances difficiles où je te quittais brutalement, je t'ai dit "quoi qu'il arrive je ne t'oublierai jamais, sois-en sûr". Eh bien ! je t'ai aperçu en passant devant ce restaurant et immédiatement j'ai su que c'était toi que j'avais pris dans mes bras et embrassé avec beaucoup de tendresse, je m'en souviens comme si c'était hier
Un tremblement de terre secoua le petit restaurant, le verre de vin rouge que je n'avais pas encore entamé se renversa, les éclats de verre se répandirent tout autour de la table pendant qu'une large tache couleur vinasse s'étalait sur ma chemise et mon pantalon. Je m'étais brusquement levé, bousculant la table, renversant ma chaise et je criais d'une voie enrouée par l'émotion qui s'était saisie de moi :
- Jules , Jules, c'est vraiment toi ?
Et je me jetais dans ses bras.
Le garçon qui s'occupait de ma table répara les dégâts, il dressa sans rien demander un deuxième couvert. Le vieux monsieur qui mangeait seul avait une larme au coin de l'œil, un couple d'hommes encore jeunes nous regardaient avec attendrissement.
Jules et moi étions assis l'un en face de l'autre, silencieux et grave car nous comprenions que le moment n'était pas aux explications mais à l'impérieuse nécessité que mon cerveau prenne pleinement conscience de ce qui venait de se passer, presque à son insu. Celui de Jules n'avait jamais oublié, jamais.