05-08-2024, 04:35 PM
— Mon papa chéri, on a discuté entre nous du repas du réveillon pour le jour de l'an et on voulait savoir si tu ne voudrais pas nous faire plein de pizzas ?
— Mais ce n'est pas un repas de réveillon ça.
— Oh, mais nous on s'en fout. ce qu'on veut c'est manger des choses qui nous plaisent et on a décidé pizzas coca ou pizzas Ice Tea. Et tu sais, on t'aidera.
— On en reparlera plus tard et vous serez combien ?
— Bin douze mais tu prévois pour une quinzaine on est en pleine croissance il faut qu'on mange et on va se dépenser aussi en dansant.
— Et pour le dessert vous avez prévu quoi ?
— C'est fait, on a vu ça avec la mamé qui nous fera des buches, des bugnes et des surprises, qu’elle a dit.
— Bon c'est d’accord, vous aurez vos pizzas.
— Merci, Pa.
Il me fit un énorme bisou sur la joue et ils partirent rejoindre les autres et tous grimpèrent en riant dans leur tanière. On monta se coucher petit à petit et le lendemain il fallut descendre en urgence dans la zone commerciale de la plaine pour les derniers achats. C'était bondé et, je ne sais pas pourquoi, depuis ce matin j'avais froid. Hans, puis ma mère et ma grand-mère, m'avaient touché le front et je n'étais pas chaud. Quand je croisais Tim lui aussi m'avoua qu'il avait froid aux os depuis le matin. Et c'est lui qui nous donna le pourquoi du comment.
— Je sais et toi aussi tu devrais savoir pourquoi… Mais si, souviens toi, il y a une vingtaine d’année, on avait froid tous les deux et le lendemain il avait neigé toute la journée.
— Maintenant que tu me le dis, je m'en souviens. Bon, après ça n'avait pas tenu longtemps mais, là, avec mon ressenti, il va tomber au moins un mètre.
— Tu exagères un peu Bé et ça serait trop beau s'il neigeait pour le réveillon, quoi que ça ne serait pas pratique pour aller chez mes beaux-parents, le jour de Noël et les gosses seraient déçus.
— Tant que je te vois, on fait comment pour le jour de l’an ?
— Le plus simple serait de le faire ici parce qu'il va y avoir encore pas mal de monde à la maison et ça nous permettra de garder un œil sur les gamins.
— Tu sais qu'ils m'ont réclamé des pizzas pour leur réveillon ?
— Oui, Adeline me l'a dit hier.
— Marrant ça, parce qu'ils m'en ont parlé hier soir avant de monter se coucher. Enfin, de jouer à la console une bonne partie de la nuit, parce que ce matin ils ne sont descendus qu'à 11 heures.
— Moi, il a fallu que j'engueule Adeline et que je lui confisque son téléphone pour qu'elle arrête de discuter avec les jumeaux et Laszlo. Ils sont toujours autant amoureux ces deux-là. Je ne languis pas leurs anniversaires.
— Pourquoi tu dis ça, Tim ?
— Tu ne te souviens pas qu'ils ont dit vouloir perdre leur pucelage aux 15 ans d’Adeline ?
— Ah oui, c'est vrai. Il faudra que je parle aux jumeaux pour leur faire la leçon. Eux ils espèrent passer le cap pendant les grandes vacances.
— Si Adeline et, surtout, Nans sont là profite en pour les inclure. Adeline est relativement raisonnable mais Nans regarde trop de porno même s'il nous jure ne jamais en avoir regardé…. Mon œil !
— S'ils sont là, quand je le fais je les inclus, pas de souci.
— Ton frère et ta sœur arrivent quand ?
— Demain après-midi. Ça va en faire du monde en Haut.
— Bon, ma couille, je te laisse sinon Mary va encore me dire que je passe mon temps à discuter au lieu de l’aider.
La journée passa rapidement et le soir, alors qu'on passait à table les premiers flocons commencèrent à tomber. Au matin, il y en avait une belle couche d'une vingtaine de centimètres. Je buvais mon café quand vers 7 heures mon portable sonna. C’était mon père.
— Salut Pa, tu es matinal.
— Tu as prévu quelque chose pour ce matin ?
— Non, pas encore.
— Tant mieux. Je passe te prendre et on va chercher les chargeuses pour déneiger la route.
— Pourquoi ça ?
— C'est ta mère qui a peur qu'il arrive quelque chose à ton frère ou à ta sœur quand ils vont monter.
—Ok, je t’attends !
On fit ça, tout le matin. Bon, rien de bien difficile, on était de front tous les deux et on poussait la neige sur le bord de la route. On fit même le petit bout de route qui allait jusqu’à la grand route et le lotissement voisin. Il n'y a que remonté au village qu'on en fit un énorme tas, à la demande des gosses, qui le transformèrent en toboggan. Et c'est trempé qu'ils rentrèrent en fin d'après-midi.
— Vous montez vous changer, sinon vous allez attraper la mort.
— Ça va Mamy. On voudrait gouter avant.
— Vous montez vous changer immédiatement et c'est trop tard pour gouter. Vous n'aviez qu'à être là à l’heure.
— Mais on s'amusait trop bien et on ne s'est pas rendu compte de l’heure.
— Allez, assez discuté ! Vous obéissez maintenant ou vous ne souperez même pas.
Il était rare que ma mère hausse le ton, mais quand elle le faisait tout le monde filait droit.
— Mais enfin Agnès, tu aurais pu les laisser gouter, j'avais fait des gâteaux pour ça.
— Maman, on va manger dans une heure. Ça leur apprendra à respecter les horaires.
Il fallut les appeler pour manger. Je ne sais pas ce qu'avait ma mère ce soir-là mais elle passa la soirée à ronchonner après les gamins qui, pas rancuniers pour deux sous, vinrent lui faire un câlin avant de remonter dans leurs chambres.
Le 24, mon frère arriva avec une voiture et Léa avec une autre. On se fit la bise et j'aidais Léa à sortir les affaires du coffre. Un détail me fit sourire et Antho le vit.
— Bé, tu ne dis rien. Il veut leur faire la surprise. C’est lui qui les redescendra en voiture, après les vacances !
— Camille l'a eu quand ?
— Ça ne fait pas dix jours. On lui cherche une voiture, pas trop puissante, pas trop chère mais qui soit quand même en bon état.
— Tu devrais demander aux grands-parents. La leur est en bon état, a toujours été bien entretenue et ils ne s'en servent plus. Le papé la fait tourner quelques fois au village mais il n'est plus descendu dans la plaine depuis des lustres.
— C'est une idée ça. Tu crois qu'ils me la vendraient.
— Tu n'auras qu'à leur demander. Regarde ! On dirait qu'Audrey et Pierrick arrivent… Oui, c'est bien eux.
— C'est bon, Mamé ne se fera plus de souci comme ça.
— Bonjour ! Vous avez eu beaucoup de neige par chez vous, Audrey ?
— Un peu moins qu'ici mais c'est le vrai bordel pour rouler. Il n'y a qu'à partir de la route qui monte que c'est dégagé. Tu ne vas pas me dire, non ? C’est des connards ! Ils pensent à quoi, les gens de la DDE, pour dégager les petites routes et laisser la merde sur les routes principale.
— Audrey, c'est Papa et moi qui avons dégagé la route parce que Mamé et Maman avaient peur que vous ne puissiez pas monter.
— Ah, tu vois ce que je te disais, Audrey et encore une fois, tu m'as pris pour un con.
— Oui, bon, pour une fois que tu as raison.
Elle avait toujours eu un foutu caractère la frangine et ça ne s’arrangeait pas. On ne se demandait pas qui portait le pantalon dans leur ménage. Après tout, ce n'était pas notre problème.
C'était la course. On risquait d’être à la bourre pour la messe de minuit. Une chance, quand on arriva à l'église le curé arrivait aussi, on était juste à temps. Hans alla s'installer à l'orgue et nous joua quelques morceaux en attendant que le prêtre soit prêt. On chanta tous minuit chrétien et, à la sortie, je posais dans le panier de la quête trois grosses truffes de la part de Louis, en plus des miennes. Le curé avait changé depuis longtemps mais la tradition perdurait.
Le repas pantagruélique fini, ça a été la distribution des cadeaux. Il y en avait tellement qu’aucun ne savait plus où donner de la tête pour voir ce qu'il avait reçu ou son voisin. Ensuite, les garçons furent tiraillés entre l'envie de monter tester leurs nouveaux jeux et les desserts… L'appel du ventre gagna la mise. Et c'est très tard que tout le monde monta se coucher.
Le lendemain matin, avec Hans, Pierrick, Antho et Toni, on est allé donner à manger aux chevaux. Pour eux aussi ça a été la fête. En plus du fourrage, de l'avoine il y avait des carottes et des pommes, sans compter du pain dur.
Quand on est rentré, les gamins se levaient juste et ils sont passés du petit-déjeuner au repas de midi, sans problème - qui n'était pourtant pas plus léger que celui de la veille.
Rien qu'en reste on allait pouvoir manger la semaine. Et quand le soir, tard, Antho et Léa puis Audrey et Pierrick partirent, eux aussi avaient de quoi manger pour la semaine. Ce régime dura pour nous jusqu'au jour de l’an, sans oublier la pizza party des gamins.
Puis, petit à petit, les uns après les autres, les américains partirent. Ne restait plus que les gamins qui partiraient le dimanche avec Camille comme chauffeur. Les cours reprenant le lundi.
Ça allait me faire drôle de me retrouver seul après avoir eu autant de monde. Mais j’allais pouvoir souffler. Je crois que j'étais plus fatigué après deux semaines de vacances que pendant un mois de travail en haute saison !
Comme résolution du nouvel an, avec Hans, on en avait pris une que l’on allait tenir. Il monterait une semaine sur deux et moi je descendrais les autres. On se manquait trop. Ne faire l'amour qu'une fois tous les quinze jours, même si c'était intense et souvent répété, ça ne nous suffisait pas. Sa présence me manquait et je lui manquais aussi.
Il y a eu une réunion le premier jour où on a repris le travail. Tonin, Nick et moi on s'est retrouvé au bureau où il y avait mes grands-parents, mes parents, mon oncle et ma tante. C'est mon père qui a parlé le premier.
— Voilà, on vous a réuni pour vous avertir qu'à la fin de cette année nous partons à la retraite tous les quatre. on a donc un an pour vous former au côté administratif et gestion. On a confiance en vous qui vous êtes énormément investis dans l'entreprise et c'est aussi grâce à vous qu'elle est devenue ce qu'elle est aujourd’hui. De huit personnes au début, on est maintenant une quarantaine. On vous confie une entreprise qui marche bien et qu'on a porté à bout de bras plus de 40 ans. Il est temps de passer la main. Alors, voilà ce qu'on a décidé.
Bébé, tu seras le PDG en titre, toi Tonin tu seras le directeur financier et toi Nick tu seras le directeur logistique et commercial.
— On a longuement réfléchi, tous ensemble, à quel poste donner à qui. Jean-François tu es plus un homme de terrain qu'un financier ou un commercial. Tu as deux excellents bras droits pour te soutenir et t’épauler. Je sais que tu es un visionnaire parfois farfelu mais Nick et Tonin seront là pour modérer tes ardeurs.
On discuta tout le matin. À la pause de midi le staff directorial a informé le personnel de la transition et de la passation de pouvoir. Ils rassurèrent les ouvriers de l'entreprise qu'il n'y aurait pas de licenciement à cause du changement de direction ni de perte d’ancienneté, parce que si l'entreprise en était arrivée là, c'était grâce à eux aussi. Mes parents, mon oncle ou ma tante répondirent aux questions de certains.
La réunion avait duré une heure et c'est une heure plus tard qu'on reprit le boulot, tous avec le sourire. Lors de la réunion mon oncle avait demandé si certains connaissaient des gens de confiance pour venir travailler avec nous. On allait avoir bientôt besoin de conducteurs d’engins, de chauffeurs poids lourd, de caristes. D’ailleurs, c'est comme ça que la plupart du personnel avait été embauchée à la carrière. Souvent, un des ouvriers nous présentait un cousin, un fils ou un frère et il se portait garant pour lui.
Il faut dire que beaucoup dans le coin enviaient nos conditions de travail. On avait un treizième mois, la mutuelle toutes options payée par l'entreprise pour toute la famille, une prime au résultat et une à l’absentéisme minimum. On avait droit à six semaines de congés, on faisait tous les ponts et l'entreprise offrait les vacances de la veille de Noël au lendemain du jour de l’an. Soit du 24 décembre au 2 janvier. Croyez-moi, si je vous dit qu’il n’y a jamais eu de risque de grève !
Jessica et Noreen étaient rentrées de leur voyage et, à la grande surprise de tous, elles allèrent voir tous les habitants pour leur présenter leurs meilleurs vœux.
Maintenant qu'avec Hans on se voyait toute les semaines, mon moral était au beau fixe. Il avait rencontré les surdoués en échec scolaire et, à première vue, ça collait entre eux. Il pensait qu'il arriverait à faire du bon boulot avec ces jeunes.
Un soir, vers 21 heures, on m’appela. C'était ma grand-mère. Surprenant de sa part, car Habituellement elle regardait la télé à cette heure-là.
— Bé, je t'appelle parce qu'il y a des rodeurs qui tournent dans le village.
— Tu en es sûre, Mamée ?
— Mais oui, je les ai vu quelques secondes et ils ont disparu dans le noir. Ils sont deux !
— Tu veux que je fasse quoi ?
— Rien de spécial, j'ai téléphoné aux gendarmes qui m'ont dit qu'ils monteraient faire une ronde. Mais, toi, tu as fermé ta porte à clef, au moins ?
— Je ne sais pas. Je vais descendre voir, bien qu’avec R et R je ne crains pas grand-chose. Tu veux que je vienne faire un tour ?
— Non, ce n'est pas la peine. Ton grand-père râlait parce que je lui ai fait mettre les sécurités aux volets et on a tiré les verrous aux portes. Je te laisse, j’ai encore des personnes à prévenir. Bisous mon grand.
— Bonne nuit, Mamée.
— Mais ce n'est pas un repas de réveillon ça.
— Oh, mais nous on s'en fout. ce qu'on veut c'est manger des choses qui nous plaisent et on a décidé pizzas coca ou pizzas Ice Tea. Et tu sais, on t'aidera.
— On en reparlera plus tard et vous serez combien ?
— Bin douze mais tu prévois pour une quinzaine on est en pleine croissance il faut qu'on mange et on va se dépenser aussi en dansant.
— Et pour le dessert vous avez prévu quoi ?
— C'est fait, on a vu ça avec la mamé qui nous fera des buches, des bugnes et des surprises, qu’elle a dit.
— Bon c'est d’accord, vous aurez vos pizzas.
— Merci, Pa.
Il me fit un énorme bisou sur la joue et ils partirent rejoindre les autres et tous grimpèrent en riant dans leur tanière. On monta se coucher petit à petit et le lendemain il fallut descendre en urgence dans la zone commerciale de la plaine pour les derniers achats. C'était bondé et, je ne sais pas pourquoi, depuis ce matin j'avais froid. Hans, puis ma mère et ma grand-mère, m'avaient touché le front et je n'étais pas chaud. Quand je croisais Tim lui aussi m'avoua qu'il avait froid aux os depuis le matin. Et c'est lui qui nous donna le pourquoi du comment.
— Je sais et toi aussi tu devrais savoir pourquoi… Mais si, souviens toi, il y a une vingtaine d’année, on avait froid tous les deux et le lendemain il avait neigé toute la journée.
— Maintenant que tu me le dis, je m'en souviens. Bon, après ça n'avait pas tenu longtemps mais, là, avec mon ressenti, il va tomber au moins un mètre.
— Tu exagères un peu Bé et ça serait trop beau s'il neigeait pour le réveillon, quoi que ça ne serait pas pratique pour aller chez mes beaux-parents, le jour de Noël et les gosses seraient déçus.
— Tant que je te vois, on fait comment pour le jour de l’an ?
— Le plus simple serait de le faire ici parce qu'il va y avoir encore pas mal de monde à la maison et ça nous permettra de garder un œil sur les gamins.
— Tu sais qu'ils m'ont réclamé des pizzas pour leur réveillon ?
— Oui, Adeline me l'a dit hier.
— Marrant ça, parce qu'ils m'en ont parlé hier soir avant de monter se coucher. Enfin, de jouer à la console une bonne partie de la nuit, parce que ce matin ils ne sont descendus qu'à 11 heures.
— Moi, il a fallu que j'engueule Adeline et que je lui confisque son téléphone pour qu'elle arrête de discuter avec les jumeaux et Laszlo. Ils sont toujours autant amoureux ces deux-là. Je ne languis pas leurs anniversaires.
— Pourquoi tu dis ça, Tim ?
— Tu ne te souviens pas qu'ils ont dit vouloir perdre leur pucelage aux 15 ans d’Adeline ?
— Ah oui, c'est vrai. Il faudra que je parle aux jumeaux pour leur faire la leçon. Eux ils espèrent passer le cap pendant les grandes vacances.
— Si Adeline et, surtout, Nans sont là profite en pour les inclure. Adeline est relativement raisonnable mais Nans regarde trop de porno même s'il nous jure ne jamais en avoir regardé…. Mon œil !
— S'ils sont là, quand je le fais je les inclus, pas de souci.
— Ton frère et ta sœur arrivent quand ?
— Demain après-midi. Ça va en faire du monde en Haut.
— Bon, ma couille, je te laisse sinon Mary va encore me dire que je passe mon temps à discuter au lieu de l’aider.
La journée passa rapidement et le soir, alors qu'on passait à table les premiers flocons commencèrent à tomber. Au matin, il y en avait une belle couche d'une vingtaine de centimètres. Je buvais mon café quand vers 7 heures mon portable sonna. C’était mon père.
— Salut Pa, tu es matinal.
— Tu as prévu quelque chose pour ce matin ?
— Non, pas encore.
— Tant mieux. Je passe te prendre et on va chercher les chargeuses pour déneiger la route.
— Pourquoi ça ?
— C'est ta mère qui a peur qu'il arrive quelque chose à ton frère ou à ta sœur quand ils vont monter.
—Ok, je t’attends !
On fit ça, tout le matin. Bon, rien de bien difficile, on était de front tous les deux et on poussait la neige sur le bord de la route. On fit même le petit bout de route qui allait jusqu’à la grand route et le lotissement voisin. Il n'y a que remonté au village qu'on en fit un énorme tas, à la demande des gosses, qui le transformèrent en toboggan. Et c'est trempé qu'ils rentrèrent en fin d'après-midi.
— Vous montez vous changer, sinon vous allez attraper la mort.
— Ça va Mamy. On voudrait gouter avant.
— Vous montez vous changer immédiatement et c'est trop tard pour gouter. Vous n'aviez qu'à être là à l’heure.
— Mais on s'amusait trop bien et on ne s'est pas rendu compte de l’heure.
— Allez, assez discuté ! Vous obéissez maintenant ou vous ne souperez même pas.
Il était rare que ma mère hausse le ton, mais quand elle le faisait tout le monde filait droit.
— Mais enfin Agnès, tu aurais pu les laisser gouter, j'avais fait des gâteaux pour ça.
— Maman, on va manger dans une heure. Ça leur apprendra à respecter les horaires.
Il fallut les appeler pour manger. Je ne sais pas ce qu'avait ma mère ce soir-là mais elle passa la soirée à ronchonner après les gamins qui, pas rancuniers pour deux sous, vinrent lui faire un câlin avant de remonter dans leurs chambres.
Le 24, mon frère arriva avec une voiture et Léa avec une autre. On se fit la bise et j'aidais Léa à sortir les affaires du coffre. Un détail me fit sourire et Antho le vit.
— Bé, tu ne dis rien. Il veut leur faire la surprise. C’est lui qui les redescendra en voiture, après les vacances !
— Camille l'a eu quand ?
— Ça ne fait pas dix jours. On lui cherche une voiture, pas trop puissante, pas trop chère mais qui soit quand même en bon état.
— Tu devrais demander aux grands-parents. La leur est en bon état, a toujours été bien entretenue et ils ne s'en servent plus. Le papé la fait tourner quelques fois au village mais il n'est plus descendu dans la plaine depuis des lustres.
— C'est une idée ça. Tu crois qu'ils me la vendraient.
— Tu n'auras qu'à leur demander. Regarde ! On dirait qu'Audrey et Pierrick arrivent… Oui, c'est bien eux.
— C'est bon, Mamé ne se fera plus de souci comme ça.
— Bonjour ! Vous avez eu beaucoup de neige par chez vous, Audrey ?
— Un peu moins qu'ici mais c'est le vrai bordel pour rouler. Il n'y a qu'à partir de la route qui monte que c'est dégagé. Tu ne vas pas me dire, non ? C’est des connards ! Ils pensent à quoi, les gens de la DDE, pour dégager les petites routes et laisser la merde sur les routes principale.
— Audrey, c'est Papa et moi qui avons dégagé la route parce que Mamé et Maman avaient peur que vous ne puissiez pas monter.
— Ah, tu vois ce que je te disais, Audrey et encore une fois, tu m'as pris pour un con.
— Oui, bon, pour une fois que tu as raison.
Elle avait toujours eu un foutu caractère la frangine et ça ne s’arrangeait pas. On ne se demandait pas qui portait le pantalon dans leur ménage. Après tout, ce n'était pas notre problème.
C'était la course. On risquait d’être à la bourre pour la messe de minuit. Une chance, quand on arriva à l'église le curé arrivait aussi, on était juste à temps. Hans alla s'installer à l'orgue et nous joua quelques morceaux en attendant que le prêtre soit prêt. On chanta tous minuit chrétien et, à la sortie, je posais dans le panier de la quête trois grosses truffes de la part de Louis, en plus des miennes. Le curé avait changé depuis longtemps mais la tradition perdurait.
Le repas pantagruélique fini, ça a été la distribution des cadeaux. Il y en avait tellement qu’aucun ne savait plus où donner de la tête pour voir ce qu'il avait reçu ou son voisin. Ensuite, les garçons furent tiraillés entre l'envie de monter tester leurs nouveaux jeux et les desserts… L'appel du ventre gagna la mise. Et c'est très tard que tout le monde monta se coucher.
Le lendemain matin, avec Hans, Pierrick, Antho et Toni, on est allé donner à manger aux chevaux. Pour eux aussi ça a été la fête. En plus du fourrage, de l'avoine il y avait des carottes et des pommes, sans compter du pain dur.
Quand on est rentré, les gamins se levaient juste et ils sont passés du petit-déjeuner au repas de midi, sans problème - qui n'était pourtant pas plus léger que celui de la veille.
Rien qu'en reste on allait pouvoir manger la semaine. Et quand le soir, tard, Antho et Léa puis Audrey et Pierrick partirent, eux aussi avaient de quoi manger pour la semaine. Ce régime dura pour nous jusqu'au jour de l’an, sans oublier la pizza party des gamins.
Puis, petit à petit, les uns après les autres, les américains partirent. Ne restait plus que les gamins qui partiraient le dimanche avec Camille comme chauffeur. Les cours reprenant le lundi.
Ça allait me faire drôle de me retrouver seul après avoir eu autant de monde. Mais j’allais pouvoir souffler. Je crois que j'étais plus fatigué après deux semaines de vacances que pendant un mois de travail en haute saison !
Comme résolution du nouvel an, avec Hans, on en avait pris une que l’on allait tenir. Il monterait une semaine sur deux et moi je descendrais les autres. On se manquait trop. Ne faire l'amour qu'une fois tous les quinze jours, même si c'était intense et souvent répété, ça ne nous suffisait pas. Sa présence me manquait et je lui manquais aussi.
Il y a eu une réunion le premier jour où on a repris le travail. Tonin, Nick et moi on s'est retrouvé au bureau où il y avait mes grands-parents, mes parents, mon oncle et ma tante. C'est mon père qui a parlé le premier.
— Voilà, on vous a réuni pour vous avertir qu'à la fin de cette année nous partons à la retraite tous les quatre. on a donc un an pour vous former au côté administratif et gestion. On a confiance en vous qui vous êtes énormément investis dans l'entreprise et c'est aussi grâce à vous qu'elle est devenue ce qu'elle est aujourd’hui. De huit personnes au début, on est maintenant une quarantaine. On vous confie une entreprise qui marche bien et qu'on a porté à bout de bras plus de 40 ans. Il est temps de passer la main. Alors, voilà ce qu'on a décidé.
Bébé, tu seras le PDG en titre, toi Tonin tu seras le directeur financier et toi Nick tu seras le directeur logistique et commercial.
— On a longuement réfléchi, tous ensemble, à quel poste donner à qui. Jean-François tu es plus un homme de terrain qu'un financier ou un commercial. Tu as deux excellents bras droits pour te soutenir et t’épauler. Je sais que tu es un visionnaire parfois farfelu mais Nick et Tonin seront là pour modérer tes ardeurs.
On discuta tout le matin. À la pause de midi le staff directorial a informé le personnel de la transition et de la passation de pouvoir. Ils rassurèrent les ouvriers de l'entreprise qu'il n'y aurait pas de licenciement à cause du changement de direction ni de perte d’ancienneté, parce que si l'entreprise en était arrivée là, c'était grâce à eux aussi. Mes parents, mon oncle ou ma tante répondirent aux questions de certains.
La réunion avait duré une heure et c'est une heure plus tard qu'on reprit le boulot, tous avec le sourire. Lors de la réunion mon oncle avait demandé si certains connaissaient des gens de confiance pour venir travailler avec nous. On allait avoir bientôt besoin de conducteurs d’engins, de chauffeurs poids lourd, de caristes. D’ailleurs, c'est comme ça que la plupart du personnel avait été embauchée à la carrière. Souvent, un des ouvriers nous présentait un cousin, un fils ou un frère et il se portait garant pour lui.
Il faut dire que beaucoup dans le coin enviaient nos conditions de travail. On avait un treizième mois, la mutuelle toutes options payée par l'entreprise pour toute la famille, une prime au résultat et une à l’absentéisme minimum. On avait droit à six semaines de congés, on faisait tous les ponts et l'entreprise offrait les vacances de la veille de Noël au lendemain du jour de l’an. Soit du 24 décembre au 2 janvier. Croyez-moi, si je vous dit qu’il n’y a jamais eu de risque de grève !
Jessica et Noreen étaient rentrées de leur voyage et, à la grande surprise de tous, elles allèrent voir tous les habitants pour leur présenter leurs meilleurs vœux.
Maintenant qu'avec Hans on se voyait toute les semaines, mon moral était au beau fixe. Il avait rencontré les surdoués en échec scolaire et, à première vue, ça collait entre eux. Il pensait qu'il arriverait à faire du bon boulot avec ces jeunes.
Un soir, vers 21 heures, on m’appela. C'était ma grand-mère. Surprenant de sa part, car Habituellement elle regardait la télé à cette heure-là.
— Bé, je t'appelle parce qu'il y a des rodeurs qui tournent dans le village.
— Tu en es sûre, Mamée ?
— Mais oui, je les ai vu quelques secondes et ils ont disparu dans le noir. Ils sont deux !
— Tu veux que je fasse quoi ?
— Rien de spécial, j'ai téléphoné aux gendarmes qui m'ont dit qu'ils monteraient faire une ronde. Mais, toi, tu as fermé ta porte à clef, au moins ?
— Je ne sais pas. Je vais descendre voir, bien qu’avec R et R je ne crains pas grand-chose. Tu veux que je vienne faire un tour ?
— Non, ce n'est pas la peine. Ton grand-père râlait parce que je lui ai fait mettre les sécurités aux volets et on a tiré les verrous aux portes. Je te laisse, j’ai encore des personnes à prévenir. Bisous mon grand.
— Bonne nuit, Mamée.