01-07-2024, 04:32 PM
Toute la soirée ils se collèrent à moi réclamant sans cesse des caresses ou des gratouilles et le lendemain ils grimpèrent dans la voiture alors que je partais bosser. Notre arrivée à la carrière fit sensation et après être allé dire bonjour à tout le monde ils disparurent jusqu'à midi où, bien sûr, ils quémandèrent à manger à tout le monde, après avoir englouti une grosse part de croquettes chacun. Les premiers jours j'avais peur qu'ils se fassent écraser par les engins mais ils y faisaient attention. Et c'est ainsi que tous les jours ils m'accompagnèrent au boulot.
L'hivers arrivait. Il faisait de plus en plus froid le matin ou, aussi, il pleuvait sans discontinuer plusieurs jours. Souvent quand je redescendais voir les jumeaux et Hans on restait enfermé parce que la météo était pourrie. Depuis quelques temps, Hans, les jumeaux et Laszlo n'étaient pas là le samedi matin parce qu'ils allaient ''en cours'' avec des jeunes surdoués (ou supposé tel) en difficultés scolaires. C’étaient plus des discussions, de temps en temps quelques questionnaires pour savoir pourquoi ils étaient en difficulté scolaire. Certains furent diagnostiqués autistes Asperger à divers stades mais d'autres s'ennuyaient en cours et c'est pour ça qu'ils ne faisaient rien en classe.
J'en profitais pour aller me balader avec R et R mais aussi avec Francis et ses York. Petit à petit les étudiants avaient regagné leurs logement. Il en restait quand même pas mal qui hélas n'avaient rien retrouvé et leurs anciens appartements étaient loin d'être finis. Certains y restèrent même jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Avec Hans on se prenait la tête pour savoir ce qu'on allait offrir aux jumeaux pour Noël. Hans, lui, n'avait presque plus de parfum, ça m'arrangeait et lui allait m'offrir une paire de baskets de running parce que les miennes n'étaient pas loin d'être en fin de vie.
On faisait dans l'utile entre nous. Et on ne se faisait que des cadeaux symboliques entre adultes. Antho me téléphona pour me dire que cette année, lui et ma sœur avaient décidé de donner de l'argent aux gamins, comme ça ils pourraient s'acheter ce qu'ils voudraient. On se mit d'accord sur une centaine d'euros à chaque gamin, par couple. Ça leur ferait quand même 600 euros chacun ! Ça me plaisait moyennement mais au moins on ne se prenait pas la tête à réfléchir.
Pour Adeline, j'avais eu une idée géniale. À côté du magasin de Mary il y avait un salon de beauté où je lui offris un soin complet du visage. C'est vrai qu'elle était devenue coquette, la demoiselle. Et pour Nans, grâce aux jumeaux, je trouvais sur internet un jeu qu'il cherchait depuis longtemps. Une bonne chose de faite.
Un dimanche où je n'étais pas descendu je partis courir avec R et R qui me distancèrent vite. je décidais d'aller vers les fouilles. Au détour d'un sentier j'entendis juste ''Attention !'' avant de voir un VTT me doubler sous le nez et son vététiste finir en vol plané dans les buissons un peu plus loin. Un autre freina sec et grimpa sur le talus devant moi, avant de s’arrêter sans dommage. J'allais aider celui qui avait atterri dans les buissons. Son cuissard était bien déchiré au niveau des fesses et je vis qu'il avait un beau cul lisse et de belles jambes rasées. Je l'aidais à s'extirper des buissons et j'avoue que le reste était mignon, aussi.
— Ça va, tu n'as rien ?
— À première vue, à part des égratignures et mon cuissard qui est mort ,ça va. Et toi Quentin ?
— Ça va aussi, mieux que mon vélo. J'ai crevé un pneu sur la caillasse. Ça fait chier. T'as de quoi réparer, Kévin ? Parce que j'ai tout oublié dans la voiture, chez toi, ce matin.
— Oui, j’ai. Au fait, je suis Kévin et mon pote c'est Quentin.
— Enchanté, je suis Jean-François. C'est rare de voir des sportifs dans le coin.
— On fait partie d’un club de VTT et on cherche où rouler parce que dans la plaine ça devient saoulant de circuler. Du coup, hier, on a décidé de venir voir par ici. C'est cool comme coin. En revanche les chemins d’ici ne sont pas du tout entretenus.
— De ce côté ce n’est pas évident, mais pour courir ça me suffit. Et de tout façon vous n'auriez pas pu aller bien plus loin en vélo parce qu'arrivés en Haut de la butte, il n'y a plus de chemin du tout.
— Dommage. En fait on veut organiser une compétition de VTT sur le coin mais on n'arrive pas à trouver de trajet assez long sans rouler sur du goudron.
— C'est que vous n'avez pas Tom-Tom parce qu'avec lui vous auriez trouvé ça de suite.
— Tu es sûr de ce que tu dis ?
— Oui, pour monter au village par la route, si tu le suis, au pont, tu vas vers la gauche, tu longes le lotissement et tu prends ce qui était dans le temps le chemin de muletier qui montait au village. Après tu traverses la route et si tu prends le chemin juste en face, tu peux continuer jusque de l'autre côté du plateau et redescendre dans la vallée. Ça vous fera arriver au niveau de la zone commerciale.
— Et ça fait combien en kilomètres ?
— À vue de nez une quarantaine de bornes. Il faudrait regarder sur une carte.
— Ça pourrait le faire. Tu en penses quoi, Quentin ?
— Faut y réfléchir. On le répare ce vélo ?
— Merde, j'ai pas de pompe.
— Vous n'avez qu'à venir à la maison, j'ai ça. Au fait, vous n'auriez pas vu passer deux chiens ?
— Non, pas du tout. C'est les tiens ?
— Oui, on est parti ensemble mais ils m'ont semé. Je vais les faire revenir pour rentrer !
Je sifflais entre mes doigts et, en moins de 30 secondes , R et R surgirent de nulle part comme des bolides, effrayant les vététistes.
— Putain, mais c'est pas des chiens ça, c'est des loups !
— Non, ils sont croisés Husky et Malamute d’Alaska. Mais ne vous en faites pas, ils sont adorables. On y va ?
Les cyclistes me suivirent jusqu'à la maison où R et R se plantèrent devant le frigo. Je leur donnais à manger et je nous servis à boire. Puis on répara le vélo et ils repartirent en empruntant le chemin que je leur avais indiqué. J’avoue que j’ai regarder la partie visible du fessier de Kévin jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue.
Le temps de prendre une bonne douche et j'allais voir mes grands-parents… qui n'étaient pas chez eux. Mon téléphone sonna. C'était ma mère qui m'invitait à manger. Ça tombait bien, parce que je n'avais plus grand chose dans le frigo.
On parla de noël qui se ferait chez moi et cette année ma tante Chantale et mon oncle Joël seraient là aussi avec Antho, Méli et leurs de gamins mais aussi, Gaële et son nouveau copain. On parla logistique parce que ça allait faire beaucoup de monde d’un coup.
— Je suppose que les gamins vont vouloir tous coucher chez toi, Bé ?
— Il y a de grandes chances, Man, oui. Ils vont squatter le deuxième étage.
— Du coup les Américains pourront coucher à la maison.
— Chez nous aussi, il y a de la place.
— Maman, Papa et toi, avez plus de 80 ans, ça ne sert à rien de vous fatiguer, alors qu'on a de la place chez nous.
— Ils peuvent aussi venir squatter le premier étage, comme ça papa et toi vous serez plus tranquille. Quitte à avoir du monde à la maison autant la remplir. Et ça vous permettra de faire la cuisine sans personne dans les jambes. On sera combien au fait ?
— Papé, mamée, papa et moi ça fait 4, plus vous, ça fait 8, Marc et Annie, on en est à 10. ton frère et ta sœur ça fait 18, ma sœur et son mari 20, Antho et Méli 24 et Gaële et son copain 26. Tim ça fait 30 et ses parents 32. Puis Tonin et Nick ça fait 40. Tu vas inviter tes locataires ?
— Je pensais le faire, oui, si ça ne dérange pas.
— Deux de plus, vu le nombre, ça ne dérange pas. Tu sais ce que font Louis et Amandine ?
— Oui, ils vont à Marseille. Il m'a demandé d'aller donner à manger aux chevaux le 25.
— bon, on va prévoir pour une grosse quarantaine ça sera plus simple.
— Prévoyez plutôt pour une trentaine, ça serait mieux. Comme ça on n'en aura pas pour la semaine à finir les restes.
— Mais enfin Alain, ça va marquer mal, s'il ne reste rien.
— Pa à raison, par contre, Man, tu prévois pour 50 ou 60 les 13 desserts de Noël. C'est pas grave, ça, s'il en reste.
— Bébé, tu es incorrigible! Et pour le lendemain on prévoit quoi à manger ?
Cette année encore on n'allait pas sortir de table avec la faim au ventre … Et comme toutes les années, depuis la mort de Liam, j'avais ce petit serrement au cœur en voyant s’approcher le 26 décembre, date à laquelle on partait généralement aux Etats-Unis. Mon esprit vagabondait je ne sais où, pendant que ma mère et ma grand-mère parlaient des fêtes entre elles. Mon père et mon grand-père somnolaient sur leurs chaises. Allez savoir pourquoi mon regard fut attiré par la nappe en toile cirée qui couvrait la table de la cuisine de mes parents. Sur un fond gris de larges bandes jaunes dans lesquelles il y avait une bande blanche plus fine et dans la partie jaune, des deux côtés, des noms d'ingrédients comme sel, poivre, moutarde, ail et bien d'autres encore. Ça me donna une idée. Ce qui nous retenait encore avec Hans de nous pacser c'était mon alliance, enfin, notre alliance à Liam et moi dont je ne voulais pas me séparer. Et si je demandais à un bijoutier d'y ajouter le nom de Hans dessus ?
— Pourquoi tu souris comme ça Jean-François ?
— … Humm ! Tu disais quoi, Mamée ?
— Je te demandais ce qui te faisait sourire comme ça ? C'est d'entendre le menu ?
— Non, je pensais à autre chose. Ça fait déjà longtemps que j'ai déconnecté de ce que vous dites pour le repas du réveillon. Vous vous prenez la tête pour rien. Ça sera parfait comme d’habitude. Et puis, on est en famille, pas vrai ? Alors s'il y a un truc qui cloche ou un ou deux trucs que vous avez oubliés, il n'y aura pas mort d'homme non plus.
— Oui, je sais, Jean-François mais cette année est une année exceptionnelle on sera tous ensemble pour une fois. Je ne me souviens plus quand ça s’est produit la dernière fois. Même pour l'enterrement du Papé certains n'avaient pas pu venir alors, tu vois, ça remonte à loin.
On discuta encore un bon moment de choses et d’autres, des cousins, des petits… puis chacun rentra chez soi. J'appelais Hans et les jumeaux pour les tenir au courant des derniers évènements. On dût bien discuter plus d'une heure et c'est ainsi que j'appris que le 31 décembre ‘'le clan des jeunes'’ organiserait son propre réveillon au second étage et que nous n'y étions pas les bienvenus … mais qu’on pourrait faire le nôtre chez nous ‘’au-dessous’’ - quand même !
La conversation dériva jusque sur les vacances d'été et ce qu'on allait faire. ‘’On’’ m'avait fortement suggéré de déjà retenir au moins trois mobile-homes les uns à côté des autres, pour trois semaines (ou plutôt un mois, selon Gus) au camping naturiste du Cap d’Agde.
Je discutais encore un petit moment avec les jumeaux qui me repassèrent Hans. Il avait téléphoné à Victoria pour l'inviter à passer les fêtes de fin d'année avec nous. Elle avait refusé, car elle ne se sentait pas très en forme, une mauvaise grippe qu'elle n'arrivait pas à faire passer, selon elle. Hans avait aussi téléphoné à ses parents mais pour d’autres sujets et ils lui avaient appris que la mauvaise grippe était en fait un cancer qui évoluait lentement et qu'à son âge il serait plus dangereux de vouloir la soigner de manière agressive que de laisser son cancer évoluer lentement. Ça pouvait durer encore des années, d'après les médecins. Il m'apprit aussi qu'on n'était finalement pas invité à Londres, ni pour les fêtes de Noël, ni pour celles du jours de l'an… Il rit à ma réponse : Tant mieux !
Quelques jours plus tard j'allais inviter mes locataires pour les fêtes mais elles refusèrent prétextant qu'elles ne seraient pas là, qu'elles retournaient aux Etats-Unis pour trois semaines.
Je ne vous en ai plus parlé depuis longtemps mais je continuais à m'entrainer au karaté et j'aidai le prof avec les plus jeunes, une fois par semaine. Un soir, alors que j'allais entrer dans le gymnase, Quentin et Kévin m'attendaient à l’entrée.
— Salut Jean-François, c'est Guillaume qui nous a dit que tu faisais du karaté. On a fait le trajet que tu nous as dit et on l'a trouvé de ouf. Il conviendrait parfaitement pour notre compétition. On voudrait juste savoir si tu connais les propriétaires des terrains pour qu'on puisse leur demander leur accord pour passer chez eux.
— Ok ! Je vais vous laisser mon téléphone, sinon, je vais être à la bourre. Et quand c'est les gamins qui sont en retard ils sont à l’amende. Ça marquerait mal que je me punisse. Je vous rappelle demain, sans faute.
— Ok pas de soucis, on voit ça demain avec toi.
C'est ce que je fis le lendemain lors de la pause de midi… car je n’ai pas dû chercher loin qui en étaient les propriétaires terriens.
Plus que trois semaines et tout mon petit monde sera là. Mais je languissais, parce que je ne descendrai pas pendant cette période puisque tous étaient en partiels et devaient étudier, sans aucune distraction.
Souvent, le soir, ma mère et/ou ma grand-mère passaient à la maison pour commencer à préparer les choses. Les lits étaient déjà faits dans toutes les chambres. Elles avaient commencé par le deuxième étage, pour les gamins, puis elles avaient fait le premier, sauf ma chambre que j’utilisais.
Et un soir, j'avais eu le cœur serré, parce qu'elles étaient arrivées avec tous les santons de la famille pour faire la crèche. Il y en avait des dizaines mais, dans la boite, une douzaine étaient rangés à part dans un coffret. Ce n'étaient pas les plus jolis mais les plus vieux. Ils dataient de la jeunesse de Cyprien. Il nous racontait souvent que la première année il n’y avait eu que Marie, Joseph et l’enfant Jésus, puis le bœuf fut ajouté et l'année suivant l'âne… et ainsi de suite. Au fil des ans chaque génération avait apporté des améliorations, qui une étable en bois, qui une mangeoire où mettre le petit Jésus, qui une structure avec des replats où mettre les santons et donner de la Hauteur et du volume à l’ensemble. C'est mon grand-père, François, qui lui avait donné sa forme actuelle un rectangle de 80 cm sur 120. Il avait même numéroté les structures. Il faudra que j'aille chercher de la mousse pour la garnir et, la première chose que feront les gamins, quand ils seront là, sera de mettre les santons en place et faire le sapin que j’aurais installé avant leur arrivée. Je souris en repensant à l'époque où il fallait que je porte les jumeaux ou Adeline pour qu'ils accrochent une boule ou une étoile sur les branches les plus Hautes… Ça faisait déjà quelques années qu'ils n'avaient plus besoin de moi.
— Pourquoi tu souris comme ça, Jean-François ?
— C'est un souvenir qui vient de me traverser la tête. Tu te souviens quand il fallait les porter à tour de rôle pour qu'ils accrochent les décorations sur le sapin et qu'ils se disputaient parce que l'un avait pris la place que l'autre voulait ?
— Ils n'en n'ont plus besoin maintenant. Tu es comme tout le monde Jean-François, tu vieillis et nous aussi.
— Je sais Mamé, je sais …
20
L'hivers arrivait. Il faisait de plus en plus froid le matin ou, aussi, il pleuvait sans discontinuer plusieurs jours. Souvent quand je redescendais voir les jumeaux et Hans on restait enfermé parce que la météo était pourrie. Depuis quelques temps, Hans, les jumeaux et Laszlo n'étaient pas là le samedi matin parce qu'ils allaient ''en cours'' avec des jeunes surdoués (ou supposé tel) en difficultés scolaires. C’étaient plus des discussions, de temps en temps quelques questionnaires pour savoir pourquoi ils étaient en difficulté scolaire. Certains furent diagnostiqués autistes Asperger à divers stades mais d'autres s'ennuyaient en cours et c'est pour ça qu'ils ne faisaient rien en classe.
J'en profitais pour aller me balader avec R et R mais aussi avec Francis et ses York. Petit à petit les étudiants avaient regagné leurs logement. Il en restait quand même pas mal qui hélas n'avaient rien retrouvé et leurs anciens appartements étaient loin d'être finis. Certains y restèrent même jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Avec Hans on se prenait la tête pour savoir ce qu'on allait offrir aux jumeaux pour Noël. Hans, lui, n'avait presque plus de parfum, ça m'arrangeait et lui allait m'offrir une paire de baskets de running parce que les miennes n'étaient pas loin d'être en fin de vie.
On faisait dans l'utile entre nous. Et on ne se faisait que des cadeaux symboliques entre adultes. Antho me téléphona pour me dire que cette année, lui et ma sœur avaient décidé de donner de l'argent aux gamins, comme ça ils pourraient s'acheter ce qu'ils voudraient. On se mit d'accord sur une centaine d'euros à chaque gamin, par couple. Ça leur ferait quand même 600 euros chacun ! Ça me plaisait moyennement mais au moins on ne se prenait pas la tête à réfléchir.
Pour Adeline, j'avais eu une idée géniale. À côté du magasin de Mary il y avait un salon de beauté où je lui offris un soin complet du visage. C'est vrai qu'elle était devenue coquette, la demoiselle. Et pour Nans, grâce aux jumeaux, je trouvais sur internet un jeu qu'il cherchait depuis longtemps. Une bonne chose de faite.
Un dimanche où je n'étais pas descendu je partis courir avec R et R qui me distancèrent vite. je décidais d'aller vers les fouilles. Au détour d'un sentier j'entendis juste ''Attention !'' avant de voir un VTT me doubler sous le nez et son vététiste finir en vol plané dans les buissons un peu plus loin. Un autre freina sec et grimpa sur le talus devant moi, avant de s’arrêter sans dommage. J'allais aider celui qui avait atterri dans les buissons. Son cuissard était bien déchiré au niveau des fesses et je vis qu'il avait un beau cul lisse et de belles jambes rasées. Je l'aidais à s'extirper des buissons et j'avoue que le reste était mignon, aussi.
— Ça va, tu n'as rien ?
— À première vue, à part des égratignures et mon cuissard qui est mort ,ça va. Et toi Quentin ?
— Ça va aussi, mieux que mon vélo. J'ai crevé un pneu sur la caillasse. Ça fait chier. T'as de quoi réparer, Kévin ? Parce que j'ai tout oublié dans la voiture, chez toi, ce matin.
— Oui, j’ai. Au fait, je suis Kévin et mon pote c'est Quentin.
— Enchanté, je suis Jean-François. C'est rare de voir des sportifs dans le coin.
— On fait partie d’un club de VTT et on cherche où rouler parce que dans la plaine ça devient saoulant de circuler. Du coup, hier, on a décidé de venir voir par ici. C'est cool comme coin. En revanche les chemins d’ici ne sont pas du tout entretenus.
— De ce côté ce n’est pas évident, mais pour courir ça me suffit. Et de tout façon vous n'auriez pas pu aller bien plus loin en vélo parce qu'arrivés en Haut de la butte, il n'y a plus de chemin du tout.
— Dommage. En fait on veut organiser une compétition de VTT sur le coin mais on n'arrive pas à trouver de trajet assez long sans rouler sur du goudron.
— C'est que vous n'avez pas Tom-Tom parce qu'avec lui vous auriez trouvé ça de suite.
— Tu es sûr de ce que tu dis ?
— Oui, pour monter au village par la route, si tu le suis, au pont, tu vas vers la gauche, tu longes le lotissement et tu prends ce qui était dans le temps le chemin de muletier qui montait au village. Après tu traverses la route et si tu prends le chemin juste en face, tu peux continuer jusque de l'autre côté du plateau et redescendre dans la vallée. Ça vous fera arriver au niveau de la zone commerciale.
— Et ça fait combien en kilomètres ?
— À vue de nez une quarantaine de bornes. Il faudrait regarder sur une carte.
— Ça pourrait le faire. Tu en penses quoi, Quentin ?
— Faut y réfléchir. On le répare ce vélo ?
— Merde, j'ai pas de pompe.
— Vous n'avez qu'à venir à la maison, j'ai ça. Au fait, vous n'auriez pas vu passer deux chiens ?
— Non, pas du tout. C'est les tiens ?
— Oui, on est parti ensemble mais ils m'ont semé. Je vais les faire revenir pour rentrer !
Je sifflais entre mes doigts et, en moins de 30 secondes , R et R surgirent de nulle part comme des bolides, effrayant les vététistes.
— Putain, mais c'est pas des chiens ça, c'est des loups !
— Non, ils sont croisés Husky et Malamute d’Alaska. Mais ne vous en faites pas, ils sont adorables. On y va ?
Les cyclistes me suivirent jusqu'à la maison où R et R se plantèrent devant le frigo. Je leur donnais à manger et je nous servis à boire. Puis on répara le vélo et ils repartirent en empruntant le chemin que je leur avais indiqué. J’avoue que j’ai regarder la partie visible du fessier de Kévin jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue.
Le temps de prendre une bonne douche et j'allais voir mes grands-parents… qui n'étaient pas chez eux. Mon téléphone sonna. C'était ma mère qui m'invitait à manger. Ça tombait bien, parce que je n'avais plus grand chose dans le frigo.
On parla de noël qui se ferait chez moi et cette année ma tante Chantale et mon oncle Joël seraient là aussi avec Antho, Méli et leurs de gamins mais aussi, Gaële et son nouveau copain. On parla logistique parce que ça allait faire beaucoup de monde d’un coup.
— Je suppose que les gamins vont vouloir tous coucher chez toi, Bé ?
— Il y a de grandes chances, Man, oui. Ils vont squatter le deuxième étage.
— Du coup les Américains pourront coucher à la maison.
— Chez nous aussi, il y a de la place.
— Maman, Papa et toi, avez plus de 80 ans, ça ne sert à rien de vous fatiguer, alors qu'on a de la place chez nous.
— Ils peuvent aussi venir squatter le premier étage, comme ça papa et toi vous serez plus tranquille. Quitte à avoir du monde à la maison autant la remplir. Et ça vous permettra de faire la cuisine sans personne dans les jambes. On sera combien au fait ?
— Papé, mamée, papa et moi ça fait 4, plus vous, ça fait 8, Marc et Annie, on en est à 10. ton frère et ta sœur ça fait 18, ma sœur et son mari 20, Antho et Méli 24 et Gaële et son copain 26. Tim ça fait 30 et ses parents 32. Puis Tonin et Nick ça fait 40. Tu vas inviter tes locataires ?
— Je pensais le faire, oui, si ça ne dérange pas.
— Deux de plus, vu le nombre, ça ne dérange pas. Tu sais ce que font Louis et Amandine ?
— Oui, ils vont à Marseille. Il m'a demandé d'aller donner à manger aux chevaux le 25.
— bon, on va prévoir pour une grosse quarantaine ça sera plus simple.
— Prévoyez plutôt pour une trentaine, ça serait mieux. Comme ça on n'en aura pas pour la semaine à finir les restes.
— Mais enfin Alain, ça va marquer mal, s'il ne reste rien.
— Pa à raison, par contre, Man, tu prévois pour 50 ou 60 les 13 desserts de Noël. C'est pas grave, ça, s'il en reste.
— Bébé, tu es incorrigible! Et pour le lendemain on prévoit quoi à manger ?
Cette année encore on n'allait pas sortir de table avec la faim au ventre … Et comme toutes les années, depuis la mort de Liam, j'avais ce petit serrement au cœur en voyant s’approcher le 26 décembre, date à laquelle on partait généralement aux Etats-Unis. Mon esprit vagabondait je ne sais où, pendant que ma mère et ma grand-mère parlaient des fêtes entre elles. Mon père et mon grand-père somnolaient sur leurs chaises. Allez savoir pourquoi mon regard fut attiré par la nappe en toile cirée qui couvrait la table de la cuisine de mes parents. Sur un fond gris de larges bandes jaunes dans lesquelles il y avait une bande blanche plus fine et dans la partie jaune, des deux côtés, des noms d'ingrédients comme sel, poivre, moutarde, ail et bien d'autres encore. Ça me donna une idée. Ce qui nous retenait encore avec Hans de nous pacser c'était mon alliance, enfin, notre alliance à Liam et moi dont je ne voulais pas me séparer. Et si je demandais à un bijoutier d'y ajouter le nom de Hans dessus ?
— Pourquoi tu souris comme ça Jean-François ?
— … Humm ! Tu disais quoi, Mamée ?
— Je te demandais ce qui te faisait sourire comme ça ? C'est d'entendre le menu ?
— Non, je pensais à autre chose. Ça fait déjà longtemps que j'ai déconnecté de ce que vous dites pour le repas du réveillon. Vous vous prenez la tête pour rien. Ça sera parfait comme d’habitude. Et puis, on est en famille, pas vrai ? Alors s'il y a un truc qui cloche ou un ou deux trucs que vous avez oubliés, il n'y aura pas mort d'homme non plus.
— Oui, je sais, Jean-François mais cette année est une année exceptionnelle on sera tous ensemble pour une fois. Je ne me souviens plus quand ça s’est produit la dernière fois. Même pour l'enterrement du Papé certains n'avaient pas pu venir alors, tu vois, ça remonte à loin.
On discuta encore un bon moment de choses et d’autres, des cousins, des petits… puis chacun rentra chez soi. J'appelais Hans et les jumeaux pour les tenir au courant des derniers évènements. On dût bien discuter plus d'une heure et c'est ainsi que j'appris que le 31 décembre ‘'le clan des jeunes'’ organiserait son propre réveillon au second étage et que nous n'y étions pas les bienvenus … mais qu’on pourrait faire le nôtre chez nous ‘’au-dessous’’ - quand même !
La conversation dériva jusque sur les vacances d'été et ce qu'on allait faire. ‘’On’’ m'avait fortement suggéré de déjà retenir au moins trois mobile-homes les uns à côté des autres, pour trois semaines (ou plutôt un mois, selon Gus) au camping naturiste du Cap d’Agde.
Je discutais encore un petit moment avec les jumeaux qui me repassèrent Hans. Il avait téléphoné à Victoria pour l'inviter à passer les fêtes de fin d'année avec nous. Elle avait refusé, car elle ne se sentait pas très en forme, une mauvaise grippe qu'elle n'arrivait pas à faire passer, selon elle. Hans avait aussi téléphoné à ses parents mais pour d’autres sujets et ils lui avaient appris que la mauvaise grippe était en fait un cancer qui évoluait lentement et qu'à son âge il serait plus dangereux de vouloir la soigner de manière agressive que de laisser son cancer évoluer lentement. Ça pouvait durer encore des années, d'après les médecins. Il m'apprit aussi qu'on n'était finalement pas invité à Londres, ni pour les fêtes de Noël, ni pour celles du jours de l'an… Il rit à ma réponse : Tant mieux !
Quelques jours plus tard j'allais inviter mes locataires pour les fêtes mais elles refusèrent prétextant qu'elles ne seraient pas là, qu'elles retournaient aux Etats-Unis pour trois semaines.
Je ne vous en ai plus parlé depuis longtemps mais je continuais à m'entrainer au karaté et j'aidai le prof avec les plus jeunes, une fois par semaine. Un soir, alors que j'allais entrer dans le gymnase, Quentin et Kévin m'attendaient à l’entrée.
— Salut Jean-François, c'est Guillaume qui nous a dit que tu faisais du karaté. On a fait le trajet que tu nous as dit et on l'a trouvé de ouf. Il conviendrait parfaitement pour notre compétition. On voudrait juste savoir si tu connais les propriétaires des terrains pour qu'on puisse leur demander leur accord pour passer chez eux.
— Ok ! Je vais vous laisser mon téléphone, sinon, je vais être à la bourre. Et quand c'est les gamins qui sont en retard ils sont à l’amende. Ça marquerait mal que je me punisse. Je vous rappelle demain, sans faute.
— Ok pas de soucis, on voit ça demain avec toi.
C'est ce que je fis le lendemain lors de la pause de midi… car je n’ai pas dû chercher loin qui en étaient les propriétaires terriens.
Plus que trois semaines et tout mon petit monde sera là. Mais je languissais, parce que je ne descendrai pas pendant cette période puisque tous étaient en partiels et devaient étudier, sans aucune distraction.
Souvent, le soir, ma mère et/ou ma grand-mère passaient à la maison pour commencer à préparer les choses. Les lits étaient déjà faits dans toutes les chambres. Elles avaient commencé par le deuxième étage, pour les gamins, puis elles avaient fait le premier, sauf ma chambre que j’utilisais.
Et un soir, j'avais eu le cœur serré, parce qu'elles étaient arrivées avec tous les santons de la famille pour faire la crèche. Il y en avait des dizaines mais, dans la boite, une douzaine étaient rangés à part dans un coffret. Ce n'étaient pas les plus jolis mais les plus vieux. Ils dataient de la jeunesse de Cyprien. Il nous racontait souvent que la première année il n’y avait eu que Marie, Joseph et l’enfant Jésus, puis le bœuf fut ajouté et l'année suivant l'âne… et ainsi de suite. Au fil des ans chaque génération avait apporté des améliorations, qui une étable en bois, qui une mangeoire où mettre le petit Jésus, qui une structure avec des replats où mettre les santons et donner de la Hauteur et du volume à l’ensemble. C'est mon grand-père, François, qui lui avait donné sa forme actuelle un rectangle de 80 cm sur 120. Il avait même numéroté les structures. Il faudra que j'aille chercher de la mousse pour la garnir et, la première chose que feront les gamins, quand ils seront là, sera de mettre les santons en place et faire le sapin que j’aurais installé avant leur arrivée. Je souris en repensant à l'époque où il fallait que je porte les jumeaux ou Adeline pour qu'ils accrochent une boule ou une étoile sur les branches les plus Hautes… Ça faisait déjà quelques années qu'ils n'avaient plus besoin de moi.
— Pourquoi tu souris comme ça, Jean-François ?
— C'est un souvenir qui vient de me traverser la tête. Tu te souviens quand il fallait les porter à tour de rôle pour qu'ils accrochent les décorations sur le sapin et qu'ils se disputaient parce que l'un avait pris la place que l'autre voulait ?
— Ils n'en n'ont plus besoin maintenant. Tu es comme tout le monde Jean-François, tu vieillis et nous aussi.
— Je sais Mamé, je sais …
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