06-05-2024, 12:20 PM
Quand on monta se coucher je dis au revoir aux jumeaux et à Laszlo qui auraient bien aimé que je reste mais ils n'étaient pas en danger alors, pourquoi rester ?
On discuta un peu avec Hans avant de faire l’amour. On n'allait pas se voir de 15 jours et après on s'envolerait pour Londres. On rediscuta un peu après ou avant de remettre ça et finalement on s'endormit enlacés.
Je me réveillais avant la sonnerie de mon téléphone. Je passais par la salle de bain et je m’habillais. J'allais jusqu'à la cuisine et c'est sans faire de bruit pour ne pas réveiller le couple qui dormait sur le clic clac que je pris mon petit-déjeuner. Je retournais à la chambre .je fis un bisou à Hans qui marmonna :
— Je t'aime Bé, tu me manques déjà.
— Moi aussi je t'aime Hans. Je t'appelle quand je suis arrivé.
Quand j'arrivais au rez-de-chaussée je croisais R et R, les York et Francis qui partaient en promenade. Et alors que je montais dans la voiture Francis me dit d'être prudent car le mistral s'était levé et qu'il y avait pas mal d'arbres qui étaient en travers des routes.
Je fis quelques kilomètres avant de rejoindre l'autoroute et je rentrais sans problème. Il y avait de la lumière chez mes grands-parents. J'étais un peu en avance sur mon horaire alors je m'y arrêtais pour me faire payer le café. Et bien sûr il fallut tout leur raconter. Et c'est presque à la bourre que j'arrivais au boulot où je me fis engueuler par mes parents et mon oncle et ma tante… parce que j'étais là.
— Mais vous vouliez que je fasse quoi de plus, là-bas ?
— Mais ils sont encore petits Bé. Et s’il y a un autre orage, ils vont faire comment sans toi ?
— Comme ils ont fait la première fois. Ça ne les a même pas réveillés. Il n'y a que Laszlo et moi qui l'avons entendu.
— Oui mais si …
Des 'oui mais’, ou des 'si jamais' j'en ai entendu des dizaines. Je partis travailler sur ''tu es un inconscient'' de la part de ma tante et d'un ''tu es un sans cœur'' de la part de ma mère. Heureusement que ce matin j'étais dans la pelle à charrier le gravier pour approvisionner la machine à moellons. Et après c'était moi qu'on traitait de papa poule …
Avant que je ne parte travailler mon grand-père était allé chez moi pour pouvoir ouvrir aux ouvriers dès qu'ils arriveraient. Il m'avait tenu au courant tout le jour sur ce qu'ils faisaient à l’étage. Le chef de chantier attendrait que je rentre pour me demander quelques précisions et détails sur ce que je voulais à certains points du plan ou Sylvio avait mis double choix.
Quand j'arrivais mon grand-père discutait avec le gars, en buvant un coup. Je lui serrais la main.
— Je monte me changer et j’arrive.
— Tu bois un coca, quand tu descends, Bé ?
— Comme d'Hab. Papé.
Le gars m'expliqua qu'ils étaient une douzaine parce qu’à Montpellier ils avaient un très gros chantier et qu'ils étaient tous venus ici. Du coup, d'ici la fin de semaine, tout serait fini et que le lundi prochain ils attaqueraient l’école.
On monta voir les travaux et déjà toutes les ferrailles pour fixer le placo étaient en place.
— Demain, on devrait avoir fini de poser le placo et l’électricité. Après demain on s'occupera de la plomberie et de mettre le chauffage au sol. Et si tout se passe bien 24 heures plus tard on fait le carrelage et jeudi on fait les détails comme carreler les murs des salles de bain et les toilettes. Vendredi matin on donne une première couche d'impression et en début d'après-midi on peint.
— Vous êtes plus rapides que les maçons du cœur !
— On est 12, alors qu'Habituellement pour un chantier comme ça on aurait été 4 ou 5. Alors, oui, ça avance vite.
— Donc si je comprends bien, samedi je peux aller acheter de quoi meubler les pièces.
— Oui, ça sera fini mais ça serait mieux d'attendre pour y monter du mobilier. Lundi, l’équipe des peintres repassera voir s'il faut faire des retouches de peinture et nettoyer correctement. Et avec les autres, on attaquera l’école. Vous voulez qu'on commence par quel appartement ?
— Celui que vous voulez, ça n'a pas d’importance.
— Vous Habitez un coin magnifique. Vous comptez faire des chambres d’hôtes ?
— Non, pourquoi cette question ?
— Ça va vous faire 11 chambres. Ça fait énorme.
— Quand on y est tous, il les faudra. Mais en Haut c'est pour les gamins comme ça ils seront tranquilles entre eux. 6 ados en pleine croissance ça a besoin d'indépendance et nous de tranquillité.
— Et les filles ne sont pas les plus calmes.
— Ça va, nous on n'a eu que des garçons au grand désespoir de ma mère et de ma grand-mère qui auraient aimé au moins une fille pour lui donner leurs bijoux.
— Vous avez de la chance, j'ai trois filles et je ne fais plus la loi à la maison.
— Elles ont quel âge ?
— 16, 13 et 10 ans. J'aurai aimé un garçon mais ma femme m'a envoyé promener. Elle m'a dit d'en trouver une autre pour le faire. Et vous les vôtres ont quel âge ?
— Ils auront 14 ans en avril.
— C'est des jumeaux ? Il faudra me donner la recette au cas où ma femme changerait d’avis. Bon, plus sérieusement, je vous attendrais le soir après le boulot pour vous dire où on en est.
— D’accord, à demain. Bonne soirée!
Il partit. Mon grand-père, qui était sorti quand j'étais redescendu, rentra du jardin.
— Bé, tu vas avoir une sacrée récolte d’olives. Tu devrais en parler à ta grand-mère. Je crois qu'elle voudrait en faire quelques-unes de vertes pour manger comme ça. Elles sont à point. On te donnera des nôtres en échange.
— Et puis quoi encore. Vous venez quand vous voulez et vous prenez tout ce que vous voulez.
— Oui, mais ça risque de te manquer.
— N'importe quoi. De toute façon c'est pour nous qu'elle va les faire. Si vous avez besoin d'un coup de main vous le dites. Hans remonte jeudi soir. Au fait, il ne faut absolument pas parler aux jumeaux, ni aux gamins, des travaux. Je veux leur faire la surprise pour Noël.
Dire que j'attendais le jeudi soir avec impatience était un euphémisme. J'avais de plus en plus de mal à être séparé de mes chéris. Je savais que ça allait durer encore des années, au minimum un an pour Hans et je ne sais combien d'années pour les jumeaux que je ne reverrai plus que sporadiquement quand ils auraient leur vie. Quelles vies d’ailleurs ? Une vie simple et heureuse comme on en avait une jusqu'à présent ou alors une vie de princes anglais, arrières petits fils de la reine ?
Hans avait rompu avec sa famille. J'espère que les jumeaux ne se laisseraient pas attirer par le coté blingbling et superficiel. S'ils le faisaient, je serais déçu. J'ouvris le frigo et j'eus la surprise d'y découvrir plein de boites contenant de la nourriture. Ma grand-mère avait encore frappé. Je l'appelais pour la remercier. Puis c'est Tim qui m'appela pour me dire qu'il était allé passer le broyeur dans le terrain. Ensuite, ce fut John Smith, pour confirmer notre rendez-vous du lendemain et enfin ce furent les jumeaux et Hans pour terminer.
— Salut Bé. Tu es bien rentré ?
— Oui sans problème et vous, comment ça se passe ?
— Pour le moment, ça va. Francis et Paulette gèrent la situation comme des chefs. On a eu la visite des autorités et on va avoir une permanence pour faire toutes les déclarations nécessaires.
— Les jumeaux sont toujours à coté de toi ?
— Non, tu veux que je les appelle ?
— Non, surtout pas. Tu pourrais venir ce week-end ?
— Oui, bien sûr, qu'est-ce-qui se passe ? Rien de grave, j’espère.
— Non, ne te fais pas de souci. J'ai discuté avec le chef de chantier et vendredi tout devrait être fini ici. Je voudrais que tu viennes m'aider à choisir les meubles et la déco pour le Haut.
— Tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux demander leur avis aux garçons ?
— Je voudrais leur faire la surprise pour Noël. On pourrait n'acheter que le basique comme les lits, les chevets, enfin tu vois ce que je veux dire.
— Oui et pour la déco générale, ils feront à leur idée.
On discuta encore un petit moment et on se sépara sur un 'je t'aime’. Le lendemain, je finissais d'ouvrir la maison quand je reçus un coup de fil de John Smith qui me dit qu'il serait là d'ici 5 minutes. Je sortis l’attendre. Il n'était pas venu seul. Il était accompagné d'un homme la cinquantaine grisonnante et, Texan, à son accent.
— Jean-François, je vous présente Robert Carter. C'est lui qui cherche une maison pour sa fille et sa femme pour quelques mois.
— Enchanté de faire votre connaissance Monsieur.
— On peut visiter ?
— Suivez-moi.
Il n'y eut aucun commentaire de leur part pendant toute la visite. On alla aussi voir le parc derrière la maison. Puis Bob, comme il m'avait demandé de l'appeler, me posa tout un tas de questions sur la région, les supermarchés, les hôpitaux, comment ça se passait dans le village. Une question me surprit. Il me demanda s'il y avait des étrangers dans le village. Il fut content de ma réponse.
Ils me demandèrent à parler en privé. Je les laissais un moment entre eux. Puis ils sortirent me rejoindre. C'est John Smith qui parla.
— Jean-François, votre maison convient à mon ami. Nous la prenons. En revanche serait-il possible de ne pas faire de bail de location. Ne vous en faites pas vous serez payé tous les mois. Il me faudra juste un RIB. D'ailleurs nous n'avons pas parlé du montant du loyer.
— Je pensais à 500 euros par mois, ça irait ? Cependant, il faudra faire les formalités auprès de EDF et du service des eaux, pour les faire mettre à votre nom. Ainsi que des assurances.
Et là, c'est Bob qui répondit.
— Je vous propose 1500 dollars par mois mais tout reste à votre nom. Je vais vous mettre dans la confidence, John m’a dit que je pourrais vous faire entière confiance. On harcèle ma fille et je veux la mettre, elle et sa mère, au vert. C'est pour ça que je vous fais cette demande.
— Je voulais faire ouvrir une ligne de téléphone et internet. J'attendais votre avis pour le faire.
— Ça ne sera pas la peine.
On scella notre accord d'une poignée de main. Je voulus leur donner un jeu de clefs mais il me dit que sa femme et sa fille ne seraient pas là avant une quinzaine et que John Smith me téléphonerait pour m'avertir de leur venue. Ils étaient repartis et alors que je n'avais pas fini de fermer la maison, ma grand-mère vint aux nouvelles, bien sûr, et elle fut toute contente d'apprendre que j'avais fait affaire avec eux.
— Au fait, Mamé, vous venez quand ramasser les olives ?
— Avec ton grand-père on pensait y aller samedi. Ça te va ?
— Hans doit venir ce week-end. On doit aller choisir les meubles pour les chambres et la pièce du Haut. Ça peut attendre dimanche, les olives ? Comme ça, on vous aidera.
— Ce n’est pas à un jour près. On dit dimanche, alors, mais vous mangez avec nous. Je vais vous faire des pieds paquets ton grand-père m'en réclame depuis un moment. Il ne pense qu'à manger, celui-là ! Et ne vous inquiétez pas, j'en ferai assez pour que vous en emportiez pour les jumeaux.
— Tu sais Mamé, en ce moment, ils sont nombreux à manger ensemble à cause des intempéries qu'il y a eu sur Montpellier alors autant les mettre au congélateur et ils les mangeront quand ils seront là pour Noël.
— Vous n'allez pas venir pour la Toussaint ?
— Non, je t'en ai parlé. Ils vont rencontrer leur autre arrière-grand-mère.
— Ah oui, c'est vrai. Les pauvres, je les plains. Et il va se passer quoi ?
— Je n'en ai aucune idée. On verra bien.
Le jeudi Hans avait cours jusqu'à 18 heures . je savais qu'il fallait deux bonnes heures pour rentrer. Ça me laissait largement le temps de me préparer. Et quand il arriva, la foule s'écria … Oups, et quand il arriva j'étais fin prêt. Le repas était au chaud, la cheminée allumée, moi tout beau et tout, et tout.
Non, je ne lui sautais pas dessus comme vous pourriez le croire. Quoi que à un moment j'ai hésité à le faire. Je le serrais entre mes bras tout en l’embrassant. Il me rendit mon baiser et pendant qu'il montait ses affaires dans la chambre je préparais tout pour passer à table. Je ne fis pas trop attention mais il me sembla qu'il y était resté un petit moment. Il revint tout beau et changé. Il avait pris une douche.
— Tu aurais dû me dire que tu montais te doucher, je t'aurais accompagné.
— Tu n'aurais pas des idées libidineuses derrière la tête, toi ?
— Moi ? Mais pour qui tu me prends ! Tu sais bien qu'il ne se passera jamais rien entre nous tant qu'on ne sera pas mariés. Au fait j'ai eu une idée pour mon alliance et pour la tienne.
— Tu m'expliqueras ça plus tard. On mange ?
— Tu ne veux plus qu'on se pacse ?
— Si bien sûr. On mange et on en reparle après. S'il te plait Bé, pour une fois fais ce que je te demande.
Le repas se passa pratiquement dans le silence. Mille et une questions me traversaient la tête allant du pire à de l'encore pire. On avait fini de débarrasser la table et Hans était allé s'asseoir sur le canapé. Il me fit signe de le rejoindre en tapotant le coussin du canapé à côté de lui. Je m'y assis en attendant qu'il me parle.
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On discuta un peu avec Hans avant de faire l’amour. On n'allait pas se voir de 15 jours et après on s'envolerait pour Londres. On rediscuta un peu après ou avant de remettre ça et finalement on s'endormit enlacés.
Je me réveillais avant la sonnerie de mon téléphone. Je passais par la salle de bain et je m’habillais. J'allais jusqu'à la cuisine et c'est sans faire de bruit pour ne pas réveiller le couple qui dormait sur le clic clac que je pris mon petit-déjeuner. Je retournais à la chambre .je fis un bisou à Hans qui marmonna :
— Je t'aime Bé, tu me manques déjà.
— Moi aussi je t'aime Hans. Je t'appelle quand je suis arrivé.
Quand j'arrivais au rez-de-chaussée je croisais R et R, les York et Francis qui partaient en promenade. Et alors que je montais dans la voiture Francis me dit d'être prudent car le mistral s'était levé et qu'il y avait pas mal d'arbres qui étaient en travers des routes.
Je fis quelques kilomètres avant de rejoindre l'autoroute et je rentrais sans problème. Il y avait de la lumière chez mes grands-parents. J'étais un peu en avance sur mon horaire alors je m'y arrêtais pour me faire payer le café. Et bien sûr il fallut tout leur raconter. Et c'est presque à la bourre que j'arrivais au boulot où je me fis engueuler par mes parents et mon oncle et ma tante… parce que j'étais là.
— Mais vous vouliez que je fasse quoi de plus, là-bas ?
— Mais ils sont encore petits Bé. Et s’il y a un autre orage, ils vont faire comment sans toi ?
— Comme ils ont fait la première fois. Ça ne les a même pas réveillés. Il n'y a que Laszlo et moi qui l'avons entendu.
— Oui mais si …
Des 'oui mais’, ou des 'si jamais' j'en ai entendu des dizaines. Je partis travailler sur ''tu es un inconscient'' de la part de ma tante et d'un ''tu es un sans cœur'' de la part de ma mère. Heureusement que ce matin j'étais dans la pelle à charrier le gravier pour approvisionner la machine à moellons. Et après c'était moi qu'on traitait de papa poule …
Avant que je ne parte travailler mon grand-père était allé chez moi pour pouvoir ouvrir aux ouvriers dès qu'ils arriveraient. Il m'avait tenu au courant tout le jour sur ce qu'ils faisaient à l’étage. Le chef de chantier attendrait que je rentre pour me demander quelques précisions et détails sur ce que je voulais à certains points du plan ou Sylvio avait mis double choix.
Quand j'arrivais mon grand-père discutait avec le gars, en buvant un coup. Je lui serrais la main.
— Je monte me changer et j’arrive.
— Tu bois un coca, quand tu descends, Bé ?
— Comme d'Hab. Papé.
Le gars m'expliqua qu'ils étaient une douzaine parce qu’à Montpellier ils avaient un très gros chantier et qu'ils étaient tous venus ici. Du coup, d'ici la fin de semaine, tout serait fini et que le lundi prochain ils attaqueraient l’école.
On monta voir les travaux et déjà toutes les ferrailles pour fixer le placo étaient en place.
— Demain, on devrait avoir fini de poser le placo et l’électricité. Après demain on s'occupera de la plomberie et de mettre le chauffage au sol. Et si tout se passe bien 24 heures plus tard on fait le carrelage et jeudi on fait les détails comme carreler les murs des salles de bain et les toilettes. Vendredi matin on donne une première couche d'impression et en début d'après-midi on peint.
— Vous êtes plus rapides que les maçons du cœur !
— On est 12, alors qu'Habituellement pour un chantier comme ça on aurait été 4 ou 5. Alors, oui, ça avance vite.
— Donc si je comprends bien, samedi je peux aller acheter de quoi meubler les pièces.
— Oui, ça sera fini mais ça serait mieux d'attendre pour y monter du mobilier. Lundi, l’équipe des peintres repassera voir s'il faut faire des retouches de peinture et nettoyer correctement. Et avec les autres, on attaquera l’école. Vous voulez qu'on commence par quel appartement ?
— Celui que vous voulez, ça n'a pas d’importance.
— Vous Habitez un coin magnifique. Vous comptez faire des chambres d’hôtes ?
— Non, pourquoi cette question ?
— Ça va vous faire 11 chambres. Ça fait énorme.
— Quand on y est tous, il les faudra. Mais en Haut c'est pour les gamins comme ça ils seront tranquilles entre eux. 6 ados en pleine croissance ça a besoin d'indépendance et nous de tranquillité.
— Et les filles ne sont pas les plus calmes.
— Ça va, nous on n'a eu que des garçons au grand désespoir de ma mère et de ma grand-mère qui auraient aimé au moins une fille pour lui donner leurs bijoux.
— Vous avez de la chance, j'ai trois filles et je ne fais plus la loi à la maison.
— Elles ont quel âge ?
— 16, 13 et 10 ans. J'aurai aimé un garçon mais ma femme m'a envoyé promener. Elle m'a dit d'en trouver une autre pour le faire. Et vous les vôtres ont quel âge ?
— Ils auront 14 ans en avril.
— C'est des jumeaux ? Il faudra me donner la recette au cas où ma femme changerait d’avis. Bon, plus sérieusement, je vous attendrais le soir après le boulot pour vous dire où on en est.
— D’accord, à demain. Bonne soirée!
Il partit. Mon grand-père, qui était sorti quand j'étais redescendu, rentra du jardin.
— Bé, tu vas avoir une sacrée récolte d’olives. Tu devrais en parler à ta grand-mère. Je crois qu'elle voudrait en faire quelques-unes de vertes pour manger comme ça. Elles sont à point. On te donnera des nôtres en échange.
— Et puis quoi encore. Vous venez quand vous voulez et vous prenez tout ce que vous voulez.
— Oui, mais ça risque de te manquer.
— N'importe quoi. De toute façon c'est pour nous qu'elle va les faire. Si vous avez besoin d'un coup de main vous le dites. Hans remonte jeudi soir. Au fait, il ne faut absolument pas parler aux jumeaux, ni aux gamins, des travaux. Je veux leur faire la surprise pour Noël.
Dire que j'attendais le jeudi soir avec impatience était un euphémisme. J'avais de plus en plus de mal à être séparé de mes chéris. Je savais que ça allait durer encore des années, au minimum un an pour Hans et je ne sais combien d'années pour les jumeaux que je ne reverrai plus que sporadiquement quand ils auraient leur vie. Quelles vies d’ailleurs ? Une vie simple et heureuse comme on en avait une jusqu'à présent ou alors une vie de princes anglais, arrières petits fils de la reine ?
Hans avait rompu avec sa famille. J'espère que les jumeaux ne se laisseraient pas attirer par le coté blingbling et superficiel. S'ils le faisaient, je serais déçu. J'ouvris le frigo et j'eus la surprise d'y découvrir plein de boites contenant de la nourriture. Ma grand-mère avait encore frappé. Je l'appelais pour la remercier. Puis c'est Tim qui m'appela pour me dire qu'il était allé passer le broyeur dans le terrain. Ensuite, ce fut John Smith, pour confirmer notre rendez-vous du lendemain et enfin ce furent les jumeaux et Hans pour terminer.
— Salut Bé. Tu es bien rentré ?
— Oui sans problème et vous, comment ça se passe ?
— Pour le moment, ça va. Francis et Paulette gèrent la situation comme des chefs. On a eu la visite des autorités et on va avoir une permanence pour faire toutes les déclarations nécessaires.
— Les jumeaux sont toujours à coté de toi ?
— Non, tu veux que je les appelle ?
— Non, surtout pas. Tu pourrais venir ce week-end ?
— Oui, bien sûr, qu'est-ce-qui se passe ? Rien de grave, j’espère.
— Non, ne te fais pas de souci. J'ai discuté avec le chef de chantier et vendredi tout devrait être fini ici. Je voudrais que tu viennes m'aider à choisir les meubles et la déco pour le Haut.
— Tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux demander leur avis aux garçons ?
— Je voudrais leur faire la surprise pour Noël. On pourrait n'acheter que le basique comme les lits, les chevets, enfin tu vois ce que je veux dire.
— Oui et pour la déco générale, ils feront à leur idée.
On discuta encore un petit moment et on se sépara sur un 'je t'aime’. Le lendemain, je finissais d'ouvrir la maison quand je reçus un coup de fil de John Smith qui me dit qu'il serait là d'ici 5 minutes. Je sortis l’attendre. Il n'était pas venu seul. Il était accompagné d'un homme la cinquantaine grisonnante et, Texan, à son accent.
— Jean-François, je vous présente Robert Carter. C'est lui qui cherche une maison pour sa fille et sa femme pour quelques mois.
— Enchanté de faire votre connaissance Monsieur.
— On peut visiter ?
— Suivez-moi.
Il n'y eut aucun commentaire de leur part pendant toute la visite. On alla aussi voir le parc derrière la maison. Puis Bob, comme il m'avait demandé de l'appeler, me posa tout un tas de questions sur la région, les supermarchés, les hôpitaux, comment ça se passait dans le village. Une question me surprit. Il me demanda s'il y avait des étrangers dans le village. Il fut content de ma réponse.
Ils me demandèrent à parler en privé. Je les laissais un moment entre eux. Puis ils sortirent me rejoindre. C'est John Smith qui parla.
— Jean-François, votre maison convient à mon ami. Nous la prenons. En revanche serait-il possible de ne pas faire de bail de location. Ne vous en faites pas vous serez payé tous les mois. Il me faudra juste un RIB. D'ailleurs nous n'avons pas parlé du montant du loyer.
— Je pensais à 500 euros par mois, ça irait ? Cependant, il faudra faire les formalités auprès de EDF et du service des eaux, pour les faire mettre à votre nom. Ainsi que des assurances.
Et là, c'est Bob qui répondit.
— Je vous propose 1500 dollars par mois mais tout reste à votre nom. Je vais vous mettre dans la confidence, John m’a dit que je pourrais vous faire entière confiance. On harcèle ma fille et je veux la mettre, elle et sa mère, au vert. C'est pour ça que je vous fais cette demande.
— Je voulais faire ouvrir une ligne de téléphone et internet. J'attendais votre avis pour le faire.
— Ça ne sera pas la peine.
On scella notre accord d'une poignée de main. Je voulus leur donner un jeu de clefs mais il me dit que sa femme et sa fille ne seraient pas là avant une quinzaine et que John Smith me téléphonerait pour m'avertir de leur venue. Ils étaient repartis et alors que je n'avais pas fini de fermer la maison, ma grand-mère vint aux nouvelles, bien sûr, et elle fut toute contente d'apprendre que j'avais fait affaire avec eux.
— Au fait, Mamé, vous venez quand ramasser les olives ?
— Avec ton grand-père on pensait y aller samedi. Ça te va ?
— Hans doit venir ce week-end. On doit aller choisir les meubles pour les chambres et la pièce du Haut. Ça peut attendre dimanche, les olives ? Comme ça, on vous aidera.
— Ce n’est pas à un jour près. On dit dimanche, alors, mais vous mangez avec nous. Je vais vous faire des pieds paquets ton grand-père m'en réclame depuis un moment. Il ne pense qu'à manger, celui-là ! Et ne vous inquiétez pas, j'en ferai assez pour que vous en emportiez pour les jumeaux.
— Tu sais Mamé, en ce moment, ils sont nombreux à manger ensemble à cause des intempéries qu'il y a eu sur Montpellier alors autant les mettre au congélateur et ils les mangeront quand ils seront là pour Noël.
— Vous n'allez pas venir pour la Toussaint ?
— Non, je t'en ai parlé. Ils vont rencontrer leur autre arrière-grand-mère.
— Ah oui, c'est vrai. Les pauvres, je les plains. Et il va se passer quoi ?
— Je n'en ai aucune idée. On verra bien.
Le jeudi Hans avait cours jusqu'à 18 heures . je savais qu'il fallait deux bonnes heures pour rentrer. Ça me laissait largement le temps de me préparer. Et quand il arriva, la foule s'écria … Oups, et quand il arriva j'étais fin prêt. Le repas était au chaud, la cheminée allumée, moi tout beau et tout, et tout.
Non, je ne lui sautais pas dessus comme vous pourriez le croire. Quoi que à un moment j'ai hésité à le faire. Je le serrais entre mes bras tout en l’embrassant. Il me rendit mon baiser et pendant qu'il montait ses affaires dans la chambre je préparais tout pour passer à table. Je ne fis pas trop attention mais il me sembla qu'il y était resté un petit moment. Il revint tout beau et changé. Il avait pris une douche.
— Tu aurais dû me dire que tu montais te doucher, je t'aurais accompagné.
— Tu n'aurais pas des idées libidineuses derrière la tête, toi ?
— Moi ? Mais pour qui tu me prends ! Tu sais bien qu'il ne se passera jamais rien entre nous tant qu'on ne sera pas mariés. Au fait j'ai eu une idée pour mon alliance et pour la tienne.
— Tu m'expliqueras ça plus tard. On mange ?
— Tu ne veux plus qu'on se pacse ?
— Si bien sûr. On mange et on en reparle après. S'il te plait Bé, pour une fois fais ce que je te demande.
Le repas se passa pratiquement dans le silence. Mille et une questions me traversaient la tête allant du pire à de l'encore pire. On avait fini de débarrasser la table et Hans était allé s'asseoir sur le canapé. Il me fit signe de le rejoindre en tapotant le coussin du canapé à côté de lui. Je m'y assis en attendant qu'il me parle.
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