15-04-2024, 12:10 PM
Les garçons ayant un cœur en or, dès la déclaration du mec finie :
— Les papas, on pourrait en prendre quelques-uns, ici, il y a de la place.
— Oui, Pa, il y a encore deux chambres vides, plus deux places sur le canapé.
— Et encore une avec moi, si quelqu'un veut partager mon lit.
— Allez les papas, dites oui s'il vous plait, on ne vous demandera plus rien pour le reste de l’année.
— Je n'ai rien contre un bon geste mais sept personnes en plus, ça fait beaucoup. Et on ne sait pas le temps que ça va durer.
— Mais Pa, ils sont dans la merde.
— Regardez, il y a un numéro solidarité étudiant, on téléphone ?
— Allez, dit oui, s'il te plait.
— Hans, c'est toi qui décide , moi, demain matin je pars et ça sera à toi de gérer tout ça.
Hans était aussi ému par la détresse des étudiants et céda à l'insistance des garçons, il téléphona. Il avait mis le Haut-parleur.
— Assistance étudiant, bonjour.
— Salut, je viens de voir l’appel à la télé. On pourrait loger plusieurs étudiants, si vous voulez. On a six places, sept si un mec veut bien partager le lit d'un autre.
— Excellente nouvelle, merci! Vous pouvez me communiquer vos coordonnées ?
Le gars lui posa tout un tas de questions pertinentes. Puis finalement il accepta la proposition de Hans, sans autres détails, dès qu’il fut avisé que les quatre occupants étaient des étudiants. Il nous dit qu’il rappellerait sous peu, avant de raccrocher.
— Mais Pa, il est con ou quoi ce mec ! Tu as vu toutes les questions qu'il a posé avant d'accepter notre offre ?
— Il a eu raison de le faire Gus. Imagine que tu es un pauvre étudiant qui a tout perdu, tu es désespéré et moi je suis un méchant prédateur sexuel. Je te prends chez moi et je profite de toi après t'avoir drogué ou fait boire.
— Mais… c'est dégueulasse ce que tu dis, Pa.
— Et pourtant c'est la triste réalité. Il y a toujours des gens qui abusent du malheur des autres, surtout, lorsqu'ils sont dans la merde.
— Allez, on s'Habille et on s’organise. On devra partir dès qu'on nous appellera.
Et l'appel arriva une heure plus tard. Je partis avec Hans pour récupérer six personnes dans l’urgence. Au bas des escaliers on croisa le Papy et la mamy.
— Vous partez courir ?
— Non, on va récupérer six des étudiants qui ont tout perdu, on va les loger, le temps que ça s’arrange.
— Tu vois Francis, nous aussi on aurait pu téléphoner. On a trois chambres vides et ces pauvres gamins qui ont tout perdu, qui doivent être désespérés. Une mamie leur ferait des petits plats pour les réconforter.
— C'est d'accord maman, tu as raison. Hans, Jean-François, vous pouvez proposer trois chambres supplémentaires aux organisateurs. C’est des chambres à deux lits.
— D’accord, on le fera.
Avec le Pick up, je n'avais aucun mal à avancer mais parfois, Hans, devait la jouer fine, avec la Clio. On arriva devant un gymnase qui était le lieu de rendez-vous et de rassemblement. On alla voir les organisateurs.
— Bonjour, on vient récupérer six personnes.
— Votre prénom et le numéro que l’on vous a communiqué ?
— Hans, 52.
— Je regarde… Oui c'est le groupe là-bas. Le numéro 11.
— Nos voisins du rez-de-chaussée, un papy et une mamy ont trois chambres double si ça peut aider. Je m’en porte garant .
— Parfait. Alors, encore six. qu'est-ce-que j’ai en attente ? … Le 14, ils sont quatre et le 19, ils sont deux.
— il y en a qui ont une voiture ? Parce qu'on ne va pas pouvoir prendre tout le monde.
— Non, aucun d'entre eux.
— Ok, on va se débrouiller.
On alla récupérer les personnes qu'on nous avait désigné - tous étaient dans un état psychologique lamentable. Certains avaient pu sauver quelques affaires et avaient un sac mais beaucoup n'avaient que ce qu'ils portaient sur eux. Ils nous suivirent amorphes. J'en fis grimper dans la benne du Pick up et on rentra. On était attendu et bien vite les étudiants furent répartis entre chez nous et chez le papy. Mais avant de monter le papy me dit :
— Relativisez les gars, vous êtes vivants c'est l’essentiel.
— Mais tu ne peux pas comprendre, on a failli mourir et on a tout perdu. On est à la rue comme des clochards.
— Moi aussi j'ai failli mourir mais je n'ai pas tout perdu. Tu as perdu quoi des fringues, tes cours, ton téléphone, ton ordi et alors, c'est des choses qui se remplacent tout ça. Tu es en vie, bordel.
Un des étudiants qui avait été emporté par une vague de boue était plus hystérique que les autres.
— Vous savez ce que c'est, vous, de mourir noyé ?
— Oui, je le sais très bien même.
— Vous dites n'importe quoi.
Je soulevais mon tee-shirt et je lui montrais mes cicatrices.
— Tu vois la balle qui m'a touché est sorti par ce petit trou mais regarde derrière c'est plus impressionnant. Tu vois j'ai failli mourir noyé… par mon propre sang.
— … Je, je, je suis désolé.
Il éclata en sanglots. J'allais le consoler. Plus tard c'est un peu par Hasard, qu'un grand gaillard bâti comme moi arriva. J'entendis frapper et la porte s'ouvrit sur le Papy. Le mec qui l’accompagnait avait l'air complètement perdu.
— Jean-François, il reste bien une place chez vous ?
— Oui, mais il faudra qu'il dorme avec Laszlo. Ça te va ?
— Peu m’importe. Je pourrais prendre une douche, s'il vous plait, je me sens sale.
C'est vrai qu'il était crade. Il avait dû tomber dans la boue et se rincer avec un tuyau ou quelque chose du genre. Ses Habits étaient déchirés et encore humides. Il avait dû prendre cher, lui aussi.
— Je vous laisse. Je vais aider Paulette.
— Tu me suis, la salle de bain est là, à droite. Je vais te chercher une serviette propre.
Le temps de faire l'aller-retour jusqu'à la chambre et de revenir, il était nu assis par terre dans la position d'un fœtus et il pleurait à chaudes larmes. Il avait craqué. Je ressortis de la salle de bain et je fis signe à Hans de me rejoindre. À deux on arriva à le faire lever et à entrer dans la douche. Il avait du mal à tenir sur ses jambes, tant il tremblait. Hans partit en courant et revint avec une chaise en plastique. Heureusement qu'on l'avait installé dans la douche à l'italienne de notre chambre. Tout doucement on fit couler l'eau sur lui et on le lava de la tête aux pieds. Son corps était couvert d’ecchymoses. Il avait dû morfler très grave le garçon. On le fit se lever pour lui laver le dos. La seule chose qu'il fit fut de lever les bras. Même son sexe et entre ses fesses, on avait dû le faire. On le sécha. Il avait quelques plaies que je soignais. Ses vêtements étant hors d'usage j'allais en chercher des miens qu'il enfila. Gus arriva en courant.
— Pa, y'a Paulette qui veut bien faire à manger pour tout le monde mais on doit aller faire les courses. Tu viens avec nous ?
— J'arrive dans deux minutes. Ça va aller ? C'est quoi ton prénom.
— Stéphan. Ça s'écrit comme Stéphane mais sans le E.
— bon, Stéphan, ça va aller ?
— Oui, je crois. Je pourrais téléphoner? Mes parents doivent être morts d’inquiétude.
— Hans tu peux prêter ton téléphone à Stéphan ? Je descends voir Paulette et avec les jumeaux, on part faire des courses. On a besoin de quelque chose ?
— Prends de la lessive, des produits pour la douche, des brosses à dents, du dentifrice… et de la bouffe.
— Ok, on fera au mieux.
Paulette allait faire simple. Un plat que tout le monde aimait spaghetti bolognaise. Elle nous avait donné sa liste de courses et de l'argent aussi. Il y avait un peu de monde au supermarché. On entra avec deux caddies. On suivait la liste, ils se remplissaient vite. Le gérant accompagné de policiers municipaux vint nous voir.
— Je m'excuse messieurs mais suite aux évènements on rationne nos clients pour que tout le monde puisse être satisfait.
— C'est bien, ce que vous faites mais on a relogé une partie des étudiants. Du coup, on n’est pas loin d'une cinquantaine et la plupart n'ont plus rien du tout.
— On peut savoir où est votre logement ?
— Oui, à la résidence des tamaris.
— Je demande à une patrouille d'aller vérifier vos dires.
— On peut continuer nos courses, en attendant ?
— Si vous voulez. Mais j'espère que ce que vous avez dit est vrai, sinon vous aurez à faire à nous.
On avait presque fini quand le gérant et les policiers revinrent.
— Vous avez bientôt fini vos courses, messieurs?
— Il ne manque plus que la viande Hachée et ça sera bon. Je vais prendre des steaks Hachés ça sera plus simple pour Paulette.
— Et n'oublie pas le gruyère, Pa, Paulette ne l'a pas marqué sur la liste.
On passa en caisse avec les caddies qui débordaient. On avait pris aussi ce qu'il fallait pour les petits-déjeuners. Il y en avait pour pas loin de 500 euros. Paulette m'avait donné 150 euros.
— Je peux vous donner 150 euros en liquide et le reste en carte ?
Le gérant intervint:
— Ça ne sera pas nécessaire, le magasin vous offre la marchandise et je vous donne aussi 1500 euros en bon d’achat, pour vos prochaines courses. Il faut savoir être solidaire .
— Merci, merci, pour eux.
Quand on rentra Paulette ne voulut pas que je lui rende son argent. Il fallut lui expliquer que le gérant nous avait fait cadeau de la marchandise et je lui laissais les bons d’achats. Elle se débrouilla comme un chef pour nous faire manger à tour de rôle. Tous reprenaient du poil de la bête. Il n'y avait que Stéphan qui était toujours mal, très mal, même. Il était assis sur les marches de l'escalier qui menaient au Hall d'entrée de l'immeuble son assiette de spaghettis posée sur ses genoux et il ne bougeait pas.
— Bé, je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour lui mais il est traumatisé. J'ai essayé de le faire parler mais je n'ai rien pu en tirer. Il est comme ça depuis qu'il est descendu.
— Accompagne moi. Tu vas récupérer son assiette et nous laisser discuter ensemble.
Hans prit son assiette et je m'assis à côté de lui.
— Vas-y, raconte-moi ce qu'il s'est passé.
— Je… je ne peux pas, c'est trop horrible.
— Vas-y, j'ai été pompier et des horreurs j'en ai vu et vécu plus que je n'aurais dû.
— J'étais avec mon meilleur ami quand on a vu la vague de boue arriver sur nous, on a couru mais elle a fini par nous rattraper. J'ai juste eu le temps de le tenir et on a été emporté. À un moment j'ai réussi à me retenir à la barrière d'un balcon. Damien s'y est accroché aussi. J'ai réussi à passer de l'autre côté et j'aidais Damien à sortir de l'eau quand un tronc d'arbre est arrivé, a percuté Damien et l'a emporté. J'ai replongé dans l'eau pour le rejoindre mais je n'ai pas pu et je ne sais pas trop comment, je me suis retrouvé dans un coin où l'eau était plus calme, j'ai réussi à surnager et j'ai réussi à sortir de l'eau , j'ai marché au hasard , j'ai marché peu de temps et je suis arrivé, ici. Il avait dit ça en pleurant.
— Attends, tu veux dire que le courant t'a entrainé jusqu’ici.
— Oui, enfin, pas trop loin.
— Tu as eu de la chance Stéphan.
— Je sais.
Et il se remit à pleurer. En fin d'après-midi on eut la visite du maire puis celle du préfet. Ils promirent d'assurer l'intendance et la logistique… au plus vite! Heureusement que le gérant du supermarché nous avait donné des bons d’achat.
La télé tournait en boucle chez Paulette. On y parlait bien sûr de la catastrophe météorologique de Montpellier. Le journaliste parla d'un miracle. Je ne sais pourquoi je prêtais attention à ce qu'il dit, alors que je faisais le point avec le papy.
— … Un miracle c'est produit ce matin. Un jeune homme, qu'un ami essayait de hisser sur un balcon pour le mettre en sécurité, a été percuté par un tronc d'arbre et entrainé jusqu’en pleine mer. Il a été secouru par des pécheurs qui l'ont repéré, accroché au tronc. enfin sauf, le voici raccompagné au port de Carnon. Damien, après cette terrible aventure, tu es content de t'en être sorti vivant ?
— Oui, Dieu merci, mais si vous connaissez ou si vous rencontrez un garçon très grand et costaud, demandez-lui s'il s'appelle Stéphan et si c'est le cas, dites-lui que je suis vivant et… que je l’aime.
Je n’écoutais pas plus et fonçais dehors. Stéphan n'avait pas bougé de place. Romulus avait le tête appuyée sur ses jambes et Stéphan le caressait. Je m’approchais de lui.
— Stéphan, Damien c'est bien un assez beau gosse, blond aux cheveux frisés.
— Oui… mais comment tu sais ça ?
— Il vient de passer à la télé. Des pécheurs l'ont récupéré en mer, il va bien… et au fait. Si je sais que c’est ton pote, c’est parce qu’il a parlé de toi et qu’il t’aime.
— Il, il a dit qu'il m'aimait à la télé ?
— Oui il l'a dit et il a dit aussi de te passer le message, alors je le fais.
— Il est où ?
— Pas loin d'ici au port de Carnon.
— C'est de quel côté ?
— Quand tu sors de la résidence c'est à gauche et à un peu plus de 1500 m.
Tel un fou, il partit en courant le rejoindre. Je remontais. La résidence était calme. Tout le monde avait laissé sa porte d'entrée d'appartement ouverte. J'entendais la télé ou de la musique en sourdine. On discutait sur la terrasse avec Hans, quand Gus arriva.
50
— Les papas, on pourrait en prendre quelques-uns, ici, il y a de la place.
— Oui, Pa, il y a encore deux chambres vides, plus deux places sur le canapé.
— Et encore une avec moi, si quelqu'un veut partager mon lit.
— Allez les papas, dites oui s'il vous plait, on ne vous demandera plus rien pour le reste de l’année.
— Je n'ai rien contre un bon geste mais sept personnes en plus, ça fait beaucoup. Et on ne sait pas le temps que ça va durer.
— Mais Pa, ils sont dans la merde.
— Regardez, il y a un numéro solidarité étudiant, on téléphone ?
— Allez, dit oui, s'il te plait.
— Hans, c'est toi qui décide , moi, demain matin je pars et ça sera à toi de gérer tout ça.
Hans était aussi ému par la détresse des étudiants et céda à l'insistance des garçons, il téléphona. Il avait mis le Haut-parleur.
— Assistance étudiant, bonjour.
— Salut, je viens de voir l’appel à la télé. On pourrait loger plusieurs étudiants, si vous voulez. On a six places, sept si un mec veut bien partager le lit d'un autre.
— Excellente nouvelle, merci! Vous pouvez me communiquer vos coordonnées ?
Le gars lui posa tout un tas de questions pertinentes. Puis finalement il accepta la proposition de Hans, sans autres détails, dès qu’il fut avisé que les quatre occupants étaient des étudiants. Il nous dit qu’il rappellerait sous peu, avant de raccrocher.
— Mais Pa, il est con ou quoi ce mec ! Tu as vu toutes les questions qu'il a posé avant d'accepter notre offre ?
— Il a eu raison de le faire Gus. Imagine que tu es un pauvre étudiant qui a tout perdu, tu es désespéré et moi je suis un méchant prédateur sexuel. Je te prends chez moi et je profite de toi après t'avoir drogué ou fait boire.
— Mais… c'est dégueulasse ce que tu dis, Pa.
— Et pourtant c'est la triste réalité. Il y a toujours des gens qui abusent du malheur des autres, surtout, lorsqu'ils sont dans la merde.
— Allez, on s'Habille et on s’organise. On devra partir dès qu'on nous appellera.
Et l'appel arriva une heure plus tard. Je partis avec Hans pour récupérer six personnes dans l’urgence. Au bas des escaliers on croisa le Papy et la mamy.
— Vous partez courir ?
— Non, on va récupérer six des étudiants qui ont tout perdu, on va les loger, le temps que ça s’arrange.
— Tu vois Francis, nous aussi on aurait pu téléphoner. On a trois chambres vides et ces pauvres gamins qui ont tout perdu, qui doivent être désespérés. Une mamie leur ferait des petits plats pour les réconforter.
— C'est d'accord maman, tu as raison. Hans, Jean-François, vous pouvez proposer trois chambres supplémentaires aux organisateurs. C’est des chambres à deux lits.
— D’accord, on le fera.
Avec le Pick up, je n'avais aucun mal à avancer mais parfois, Hans, devait la jouer fine, avec la Clio. On arriva devant un gymnase qui était le lieu de rendez-vous et de rassemblement. On alla voir les organisateurs.
— Bonjour, on vient récupérer six personnes.
— Votre prénom et le numéro que l’on vous a communiqué ?
— Hans, 52.
— Je regarde… Oui c'est le groupe là-bas. Le numéro 11.
— Nos voisins du rez-de-chaussée, un papy et une mamy ont trois chambres double si ça peut aider. Je m’en porte garant .
— Parfait. Alors, encore six. qu'est-ce-que j’ai en attente ? … Le 14, ils sont quatre et le 19, ils sont deux.
— il y en a qui ont une voiture ? Parce qu'on ne va pas pouvoir prendre tout le monde.
— Non, aucun d'entre eux.
— Ok, on va se débrouiller.
On alla récupérer les personnes qu'on nous avait désigné - tous étaient dans un état psychologique lamentable. Certains avaient pu sauver quelques affaires et avaient un sac mais beaucoup n'avaient que ce qu'ils portaient sur eux. Ils nous suivirent amorphes. J'en fis grimper dans la benne du Pick up et on rentra. On était attendu et bien vite les étudiants furent répartis entre chez nous et chez le papy. Mais avant de monter le papy me dit :
- Jean-François, ma femme et moi avons les clefs de tous les appartements de notre entrée. Comme nous résidons ici en permanence, les gens nous les ont laissées. J’arrose leurs plantes et veille au grain pour eux. Alors pendant que vous étiez partis on en a profité, Paulette et moi, pour appeler les propriétaires et leur expliquer la situation. Tous, sauf un, ont accepté de prêter leur appartement. Il n'y a que notre voisin d'en face qui a refusé. Ça fait au total seize chambres doubles et avec les clic-clac, ça fait quarante place supplémentaire. Vous croyez que ça peut aider ?
- On va immédiatement les appeler, pour leur demander.
— Relativisez les gars, vous êtes vivants c'est l’essentiel.
— Mais tu ne peux pas comprendre, on a failli mourir et on a tout perdu. On est à la rue comme des clochards.
— Moi aussi j'ai failli mourir mais je n'ai pas tout perdu. Tu as perdu quoi des fringues, tes cours, ton téléphone, ton ordi et alors, c'est des choses qui se remplacent tout ça. Tu es en vie, bordel.
Un des étudiants qui avait été emporté par une vague de boue était plus hystérique que les autres.
— Vous savez ce que c'est, vous, de mourir noyé ?
— Oui, je le sais très bien même.
— Vous dites n'importe quoi.
Je soulevais mon tee-shirt et je lui montrais mes cicatrices.
— Tu vois la balle qui m'a touché est sorti par ce petit trou mais regarde derrière c'est plus impressionnant. Tu vois j'ai failli mourir noyé… par mon propre sang.
— … Je, je, je suis désolé.
Il éclata en sanglots. J'allais le consoler. Plus tard c'est un peu par Hasard, qu'un grand gaillard bâti comme moi arriva. J'entendis frapper et la porte s'ouvrit sur le Papy. Le mec qui l’accompagnait avait l'air complètement perdu.
— Jean-François, il reste bien une place chez vous ?
— Oui, mais il faudra qu'il dorme avec Laszlo. Ça te va ?
— Peu m’importe. Je pourrais prendre une douche, s'il vous plait, je me sens sale.
C'est vrai qu'il était crade. Il avait dû tomber dans la boue et se rincer avec un tuyau ou quelque chose du genre. Ses Habits étaient déchirés et encore humides. Il avait dû prendre cher, lui aussi.
— Je vous laisse. Je vais aider Paulette.
— Tu me suis, la salle de bain est là, à droite. Je vais te chercher une serviette propre.
Le temps de faire l'aller-retour jusqu'à la chambre et de revenir, il était nu assis par terre dans la position d'un fœtus et il pleurait à chaudes larmes. Il avait craqué. Je ressortis de la salle de bain et je fis signe à Hans de me rejoindre. À deux on arriva à le faire lever et à entrer dans la douche. Il avait du mal à tenir sur ses jambes, tant il tremblait. Hans partit en courant et revint avec une chaise en plastique. Heureusement qu'on l'avait installé dans la douche à l'italienne de notre chambre. Tout doucement on fit couler l'eau sur lui et on le lava de la tête aux pieds. Son corps était couvert d’ecchymoses. Il avait dû morfler très grave le garçon. On le fit se lever pour lui laver le dos. La seule chose qu'il fit fut de lever les bras. Même son sexe et entre ses fesses, on avait dû le faire. On le sécha. Il avait quelques plaies que je soignais. Ses vêtements étant hors d'usage j'allais en chercher des miens qu'il enfila. Gus arriva en courant.
— Pa, y'a Paulette qui veut bien faire à manger pour tout le monde mais on doit aller faire les courses. Tu viens avec nous ?
— J'arrive dans deux minutes. Ça va aller ? C'est quoi ton prénom.
— Stéphan. Ça s'écrit comme Stéphane mais sans le E.
— bon, Stéphan, ça va aller ?
— Oui, je crois. Je pourrais téléphoner? Mes parents doivent être morts d’inquiétude.
— Hans tu peux prêter ton téléphone à Stéphan ? Je descends voir Paulette et avec les jumeaux, on part faire des courses. On a besoin de quelque chose ?
— Prends de la lessive, des produits pour la douche, des brosses à dents, du dentifrice… et de la bouffe.
— Ok, on fera au mieux.
Paulette allait faire simple. Un plat que tout le monde aimait spaghetti bolognaise. Elle nous avait donné sa liste de courses et de l'argent aussi. Il y avait un peu de monde au supermarché. On entra avec deux caddies. On suivait la liste, ils se remplissaient vite. Le gérant accompagné de policiers municipaux vint nous voir.
— Je m'excuse messieurs mais suite aux évènements on rationne nos clients pour que tout le monde puisse être satisfait.
— C'est bien, ce que vous faites mais on a relogé une partie des étudiants. Du coup, on n’est pas loin d'une cinquantaine et la plupart n'ont plus rien du tout.
— On peut savoir où est votre logement ?
— Oui, à la résidence des tamaris.
— Je demande à une patrouille d'aller vérifier vos dires.
— On peut continuer nos courses, en attendant ?
— Si vous voulez. Mais j'espère que ce que vous avez dit est vrai, sinon vous aurez à faire à nous.
On avait presque fini quand le gérant et les policiers revinrent.
— Vous avez bientôt fini vos courses, messieurs?
— Il ne manque plus que la viande Hachée et ça sera bon. Je vais prendre des steaks Hachés ça sera plus simple pour Paulette.
— Et n'oublie pas le gruyère, Pa, Paulette ne l'a pas marqué sur la liste.
On passa en caisse avec les caddies qui débordaient. On avait pris aussi ce qu'il fallait pour les petits-déjeuners. Il y en avait pour pas loin de 500 euros. Paulette m'avait donné 150 euros.
— Je peux vous donner 150 euros en liquide et le reste en carte ?
Le gérant intervint:
— Ça ne sera pas nécessaire, le magasin vous offre la marchandise et je vous donne aussi 1500 euros en bon d’achat, pour vos prochaines courses. Il faut savoir être solidaire .
— Merci, merci, pour eux.
Quand on rentra Paulette ne voulut pas que je lui rende son argent. Il fallut lui expliquer que le gérant nous avait fait cadeau de la marchandise et je lui laissais les bons d’achats. Elle se débrouilla comme un chef pour nous faire manger à tour de rôle. Tous reprenaient du poil de la bête. Il n'y avait que Stéphan qui était toujours mal, très mal, même. Il était assis sur les marches de l'escalier qui menaient au Hall d'entrée de l'immeuble son assiette de spaghettis posée sur ses genoux et il ne bougeait pas.
— Bé, je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour lui mais il est traumatisé. J'ai essayé de le faire parler mais je n'ai rien pu en tirer. Il est comme ça depuis qu'il est descendu.
— Accompagne moi. Tu vas récupérer son assiette et nous laisser discuter ensemble.
Hans prit son assiette et je m'assis à côté de lui.
— Vas-y, raconte-moi ce qu'il s'est passé.
— Je… je ne peux pas, c'est trop horrible.
— Vas-y, j'ai été pompier et des horreurs j'en ai vu et vécu plus que je n'aurais dû.
— J'étais avec mon meilleur ami quand on a vu la vague de boue arriver sur nous, on a couru mais elle a fini par nous rattraper. J'ai juste eu le temps de le tenir et on a été emporté. À un moment j'ai réussi à me retenir à la barrière d'un balcon. Damien s'y est accroché aussi. J'ai réussi à passer de l'autre côté et j'aidais Damien à sortir de l'eau quand un tronc d'arbre est arrivé, a percuté Damien et l'a emporté. J'ai replongé dans l'eau pour le rejoindre mais je n'ai pas pu et je ne sais pas trop comment, je me suis retrouvé dans un coin où l'eau était plus calme, j'ai réussi à surnager et j'ai réussi à sortir de l'eau , j'ai marché au hasard , j'ai marché peu de temps et je suis arrivé, ici. Il avait dit ça en pleurant.
— Attends, tu veux dire que le courant t'a entrainé jusqu’ici.
— Oui, enfin, pas trop loin.
— Tu as eu de la chance Stéphan.
— Je sais.
Et il se remit à pleurer. En fin d'après-midi on eut la visite du maire puis celle du préfet. Ils promirent d'assurer l'intendance et la logistique… au plus vite! Heureusement que le gérant du supermarché nous avait donné des bons d’achat.
La télé tournait en boucle chez Paulette. On y parlait bien sûr de la catastrophe météorologique de Montpellier. Le journaliste parla d'un miracle. Je ne sais pourquoi je prêtais attention à ce qu'il dit, alors que je faisais le point avec le papy.
— … Un miracle c'est produit ce matin. Un jeune homme, qu'un ami essayait de hisser sur un balcon pour le mettre en sécurité, a été percuté par un tronc d'arbre et entrainé jusqu’en pleine mer. Il a été secouru par des pécheurs qui l'ont repéré, accroché au tronc. enfin sauf, le voici raccompagné au port de Carnon. Damien, après cette terrible aventure, tu es content de t'en être sorti vivant ?
— Oui, Dieu merci, mais si vous connaissez ou si vous rencontrez un garçon très grand et costaud, demandez-lui s'il s'appelle Stéphan et si c'est le cas, dites-lui que je suis vivant et… que je l’aime.
Je n’écoutais pas plus et fonçais dehors. Stéphan n'avait pas bougé de place. Romulus avait le tête appuyée sur ses jambes et Stéphan le caressait. Je m’approchais de lui.
— Stéphan, Damien c'est bien un assez beau gosse, blond aux cheveux frisés.
— Oui… mais comment tu sais ça ?
— Il vient de passer à la télé. Des pécheurs l'ont récupéré en mer, il va bien… et au fait. Si je sais que c’est ton pote, c’est parce qu’il a parlé de toi et qu’il t’aime.
— Il, il a dit qu'il m'aimait à la télé ?
— Oui il l'a dit et il a dit aussi de te passer le message, alors je le fais.
— Il est où ?
— Pas loin d'ici au port de Carnon.
— C'est de quel côté ?
— Quand tu sors de la résidence c'est à gauche et à un peu plus de 1500 m.
Tel un fou, il partit en courant le rejoindre. Je remontais. La résidence était calme. Tout le monde avait laissé sa porte d'entrée d'appartement ouverte. J'entendais la télé ou de la musique en sourdine. On discutait sur la terrasse avec Hans, quand Gus arriva.
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