01-01-2024, 05:21 PM
Il y avait tellement de champignons qu'on ne finit de les trier que tard le soir et on resta tous souper chez ma grand-mère et au repas : devinez ce qu'on a mangé ? Les restes de midi et il y en avait en suffisance.
Avant de partir j'étais monté au grenier récupérer les grosses gamelles et des bocaux. Ma grand-mère ferait la distribution quand elle aurait fini de tout préparer et je sais que Tim et moi on serait bien servi mais elle en mettrait de côté pour mon frère et ma sœur.
La semaine recommençait. La routine reprenait. Mon portable sonna. C'était ma grand-mère.
— Bé, c'est Mamé, le facteur est là avec une lettre recommandée pour toi mais il ne veut pas me la donner.
— Qu'est-ce-qui lui prend à ce fada ?
— C'est pas Rolland, c'est le petit jeune qui le remplaçait cet été.
— Tu peux me le passer ?
Je dus négocier ferme avec lui pour qu'il la lui laisse. Mais finalement il céda à ma demande. Je me demandais bien qui pouvait m'avoir envoyé une lettre recommandé. Je passerai au soir la récupérer.
Quand j'y allais, sur la table de la cuisine, il y avait la lettre et une caisse contenant les bocaux de champignons tout prêts. Je fis la bise à mes grands-parents.
— Tu m'en as mis beaucoup.
— C'est normal, vous êtes quatre et je sais que toi et les jumeaux, vous les aimez beaucoup. Ce soir tu ouvriras celui qui a une ficelle blanche mais pas le gros qui en a une aussi, juste le petit. Tu descendras le gros ce week-end et vous le mangerez avec les jumeaux. Ils sont de l'an dernier. Il faut laisser vieillir un peu les autres.
— Comment tu savais que j'allais en ouvrir un ?
— Gourmand comme tu es, je m'en suis douté.
— Bon, elle dit quoi cette lettre ? … Ça vient des marins pompiers. Je suis convoqué pour une visite médicale pour ma réforme définitive et l'attribution d'une pension d’invalidité.
— Ça veut dire quoi, Bé ?
— Rien de bien important, Mamé. En fait, ça dit que je ne ferai plus partie des marins pompiers et qu'ils vont me mettre à la retraite.
— Mais tu es si jeune encore pour être à la retraite.
— Oui, mais il a pris une balle et il lui manque un bout de poumon.
— Mon dieu c'est vrai, je n'y pense jamais. Et dire que tu aurais pu mourir cette fois-là ! Les gens sont vraiment fous dans ce bas monde.
— Tu dois y aller quand ?
— Dans trois semaines et je vais devoir rester trois jours sur place pour subir un tas d’examens.
— Ne t’inquiète pas, on prendra Rémus et Romulus chez nous et j'irai m'occuper des chevaux.
— Merci, Papé. Ça me tire une épine du pied. Bon, je file.
Après m'être occupé des chevaux et de R et R qui étaient toujours collés à moi je préparais mon repas. J'avais ouvert le fameux bocal de champignons plus un autre de pâté maison. J'en salivais d’avance, j’allais commencer à manger quand mon téléphone sonna. C'était Hans. Il me parla de leur week-end studieux et sportif. Puis il me passa les jumeaux.
— Coucou Papa, tu as fait quoi toi ce week-end ?
— Samedi j'ai sorti Holly et Blacky et on est allé se balader. J'ai trouvé des pinets en pagaille et des petits en plus.
— Tu les a apporté à Mamé pour qu'elle les fasse à l'huile et au vinaigre ?
— Bien sûr Gus et j'y suis retourné ce soir et il y a une pleine caisse de bocaux rien que pour nous.
— Tu nous en apporteras quelques-uns ce week-end ?
— Je ne sais pas. Elle m'a dit qu'il fallait les laisser vieillir un peu.
— Oh, mais c'est pas pour nous, c'est pour les faire gouter à Laszlo qui ne sait pas ce que c’est.
— Dans ce cas-là, je passerai chez elle voir s'il ne lui en reste pas un autre de l'an dernier. Parce qu'elle m'en a donné un pour que je le mange.
— Tu vas le manger tout seul ?
— Oh que oui, mais tu sais Gus c'est un petit bocal qu'elle m'a donné.
— Mais qu'est-ce-que tu veux, Chip ? … Oui j'ai bientôt fini. T'es chiant quand tu t'y mets. Bisous Pa, je te passe Chip.
— Salut Chip, ça va ?
— Oui Papa et toi ?
— En pleine forme aussi. Alors qu'est-ce-que tu voulais me dire de si urgent ?
— Je voulais savoir si tu venais ce week-end.
— Bien sûr que je viens. Vous me manquez tous trop.
— Toi aussi, tu nous manques trop.
Je discutais avec eux encore un moment puis je raccrochais. Je mangeais vite fait (mais bien fait) et n'ayant rien de mieux à faire j'allais me coucher. R et R me suivirent.
Le reste de la semaine passa assez vite. Et le jeudi soir je retrouvais mes amours. Après le repas avec Hans on ne s'éternisa pas parce qu'on avait des choses ''importantes'' à faire. Ça fit sourire les jumeaux et Laszlo qui partirent faire faire un tour à R et R. On ne les entendit que vaguement rentrer.
Et, au matin, heureusement que j'étais là, parce que de la cuisine j'entendis le téléphone de Hans sonner mais il ne sortait pas de la chambre. J’avais fait couler son café et toujours pas un bruit. J’allais voir.
— Hans, il faut te lever sinon tu vas être à la bourre.
— Encore un moment, Bé. On a le temps c'est samedi.
Non Hans, on est vendredi et il est bientôt 7 heures.
— Ho putain ! Oui, on va être à la bourre. Tu veux bien aller réveiller les jumeaux et Laszlo ?
— J'y vais.
Je frappais à la porte de la chambre des jumeaux puis j'allais à celle de Laszlo où je fis de même.
Chip, Gus, R et R sortirent de la leur et direction les toilettes.
— Pa, pour réveiller Laszlo, il faut aller le secouer parce que quand il dort, il dort.
— D'accord, j'y vais.
Je frappais mais toujours pas de réponse. Alors j’entrais. Il dormait comme un bien heureux. Je le secouais.
— Laszlo, c'est l’heure. Il faut te lever.
— Encore 5 minutes, Hans !
Il avait dit ça sans ouvrir les yeux.
— Non Laszlo, sinon vous allez être grave à la bourre et c’est pas Hans, aujourd’hui.
Et c'est comme un zombie qu'il sortit du lit et se dirigea vers la salle de bain. J’avais le sourire car le zigoto avait le piquet qui déformait son pyjashort, tout ne dormait pas chez lui !
Hans sortit de la chambre tout habillé. Je refis le café. Et c'est (presque) à l'heure qu'ils partirent. On était tous descendus et j'avais enfilé ma tenue de jogging. Dès qu'ils furent partis et que R et R finirent de faire leurs besoins on partit courir le long de la plage. On fit un très grand tour et c'est la langue pendante qu'on rentra tous les trois. Sitôt en haut ils se plantèrent devant le frigo.
Je sortais de la douche quand mon téléphone sonna.
— Bonjour Jean-François, c'est Pierre-Jean. Comment ça va ?
— En pleine forme et toi ?
— Pareil. Je t'appelle pour savoir quand est-ce-que Jean-Pierre et moi en pourrait monter te voir. C'est assez urgent.
— Plus ou moins quand vous voulez. Mais un week-end sur deux je descends sur Montpellier du jeudi soir au dimanche soir.
— Et, par hasard, tu es là en ce moment ?
— Oui, j'y suis en effet.
— Ça t'ennuie de passer à la fac, disons fin de matinée et on irait manger un bout tous les trois, comme ça on pourrait discuter ?
— Heu... non, j’ai pas spécialement quelque chose de prévu. Mes hommes sont en cours toute la journée. Je suis seul avec les chiens et on rentre de faire un jogging.
— On se voit à midi, alors ? C'est possible pour toi ?
— Ok, on se retrouve où ?
— Devant l'entrée principale de la fac, ça ira ?
— Ok, à plus PJ.
Ça me laissait une bonne paire d'heure à tuer. J'avais remarqué en prenant ma douche que la panière de linge sale débordait. Je fis le tour des chambres et je lançais des lessives. Puis je me préparais et je rejoignis PJ et JP.
J'avais laissé R et R à la maison pour être plus tranquille. J'arrivais devant la porte de la fac alors qu'ils en sortaient. On se serra la main. Laszlo sortit juste derrière eux, surpris de me voir ici.
— Tu viens manger avec nous Bé ?
— Non Laszlo, je vais manger avec ces messieurs.
— Ah d’accord. Dommage les jumeaux auraient été contents que tu manges avec nous.
— Tes fils sont ici à la fac, Jean-François ?
— Oui, tout comme Hans qui a aussi repris ses cours. Ils sont là tous les trois, c'est pour ça que je viens un week-end sur deux les voir.
— Tu m'en diras tant. Et ils font quoi comme études ?
— Une licence d'anglais et une de hollandais, en parallèle ils étudient l’espagnol, le mandarin et le cantonais.
— Ça fait beaucoup, tout ça, pour des gamins.
— Ils s'en sortent bien d'après Hans qui lui fait un doctorat pour s'occuper d'enfants surdoués. Et vous devez connaître ce jeune homme, Laszlo Martin, qui, lui, fait des études en histoire de l'art et en archéologie.
— Oui, il me semble que sa tête me dit quelque chose.
— Exact, on s’est déjà croisé. Bon, je file rejoindre les jumeaux, à ce soir, Bé.
— À plus, mon grand.
Laszlo partit rejoindre les jumeaux et nous on se dirigea vers une pizzéria toute proche. On commanda et en attendant d'être servis on attaqua la discussion.
— Avec PJ on voulait te tenir au courant de l'avancement des fouilles. Mais je le laisse te parler en premier parce qu'il a plus de choses que moi à te dire.
— Bon, alors, suite à ce que vous m'avez fait parvenir de Londres j'ai échangé pas mal de mails avec Alan Fox. Pour faire court, le British Museum m'octroie une grosse enveloppe pour les fouilles à une condition c'est que quelques archéologues anglais y participent. Et comme le British Museum m'avait fait un don, les subventions françaises sont tombées comme par miracle, et plus que je n'ai demandé, ce qui est un second miracle. Et les autorisations de fouille ont déboulé à la suite. Le seul problème qu'on va avoir c'est la logistique. On a contacté Louis qui veut bien nous louer sa maison mais à deux équipes on risque de s'y retrouver serrés.
Et suite à ta demande que je sois le responsable du chantier il y a eu des grincements de dents. On m'a attribué d'office deux grosses pointures de la période gallo-romaine. Je n'ai pas le choix. Et je sais que Alan Fox sera aussi présent. Je ne te dis pas la pression que j'ai sur les épaules. Je pense que tu devrais être contacté sous peu par le ministère de la culture. Ils veulent te faire une proposition mais je ne sais pas encore laquelle. J’espère que ce n’est pas pour m’évincer. Je laisse JP te mettre au courant des dernières découvertes des fouilles des tombes.
— Bon je vais faire court aussi. La tombe de l’âge du bronze est intéressante par les objets qu'elle contient notamment l’alliage du bronze qu'on a étudié. L'étain vient de Sardaigne et le cuivre d’Anatolie. Tu vois le micmac. Mais la tombe la plus intéressante est celle où il y a les deux hommes enterrés. Parce que c'est bien des hommes qui y sont. Les analyses génétiques ne laissent aucun doute là-dessus. Et l'analyse de l'émail de leurs dents nous dit qu'un d'eux était de la région tandis que l'autre venait de la mer Noire. Tu te rends compte toutes les questions que cela soulève ?
Comment ces gars morts à plus de 70 ans, un âge canonique pour l'époque, se retrouvent enterrés au même endroit. En plus on a retrouvé autour du cou d'un des squelettes diverses amulettes qui proviennent d'un peu partout. Ça part de la mer Noire et ça continue en revenant vers nous. C'est un voyage impensable pour l’époque.
— Il n'y a rien d’impensable. Pense à ceux qui ont fait les croisades et qui sont partis de Hollande ou d’Allemagne. Il y a autant de route que ce qu'ont fait tes hommes préhistoriques.
— Tu as raison Jean-François mais pour les croisades ils étaient des centaines, des milliers même mais là je te parle de mecs qui ont fait pas loin de 3500 km. En gros ils sont partis de la mer Noire pour venir jusqu'aux Fourches. Ça représente un voyage de 2 ou 3 ans.
— Mais comment vous savez ça ?
— On a fait des analyses isotopiques des artefacts qu'on a retrouvé dans leur tombe. Et les analyses au carbone 14 nous disent toutes, à quelques années près, que c'était il y a 25 000 ans. Tu te rends compte de la découverte ?
— Pas vraiment mais je te crois. Les jumeaux vont avoir droit à leur vitrine alors ?
— Plus que ça même. Je pense qu'on va monter une exposition principalement axée sur la tombe des deux hommes mais on y adjoindra aussi la tombe de l’âge du bronze. J'espère que cette année les fouilles seront aussi intéressantes que l'an dernier.
— Je l'espère pour vous.
— Elles vont durer 3 semaines au lieu des 2 prévues initialement, parce que comme PJ a eu plus de subventions que moi il prend à sa charge ma logistique du coup ça me permet de faire une semaine de plus.
— Je peux vous demander un service ?
— Si on peut, avec grand plaisir.
— C'est au sujet du gamin avec qui j'ai discuté tout à l’heure. Il s'agit du meilleur pote des jumeaux et je sais que vous choisissez les étudiants qui se portent volontaires pour les fouilles. Alors s'il en fait la demande, ça serait cool qu'il soit de la partie.
— Ha, ce n'est que ça ! Pas de souci Jean-François, s'il est volontaire, il fera partie des fouilleurs.
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Avant de partir j'étais monté au grenier récupérer les grosses gamelles et des bocaux. Ma grand-mère ferait la distribution quand elle aurait fini de tout préparer et je sais que Tim et moi on serait bien servi mais elle en mettrait de côté pour mon frère et ma sœur.
La semaine recommençait. La routine reprenait. Mon portable sonna. C'était ma grand-mère.
— Bé, c'est Mamé, le facteur est là avec une lettre recommandée pour toi mais il ne veut pas me la donner.
— Qu'est-ce-qui lui prend à ce fada ?
— C'est pas Rolland, c'est le petit jeune qui le remplaçait cet été.
— Tu peux me le passer ?
Je dus négocier ferme avec lui pour qu'il la lui laisse. Mais finalement il céda à ma demande. Je me demandais bien qui pouvait m'avoir envoyé une lettre recommandé. Je passerai au soir la récupérer.
Quand j'y allais, sur la table de la cuisine, il y avait la lettre et une caisse contenant les bocaux de champignons tout prêts. Je fis la bise à mes grands-parents.
— Tu m'en as mis beaucoup.
— C'est normal, vous êtes quatre et je sais que toi et les jumeaux, vous les aimez beaucoup. Ce soir tu ouvriras celui qui a une ficelle blanche mais pas le gros qui en a une aussi, juste le petit. Tu descendras le gros ce week-end et vous le mangerez avec les jumeaux. Ils sont de l'an dernier. Il faut laisser vieillir un peu les autres.
— Comment tu savais que j'allais en ouvrir un ?
— Gourmand comme tu es, je m'en suis douté.
— Bon, elle dit quoi cette lettre ? … Ça vient des marins pompiers. Je suis convoqué pour une visite médicale pour ma réforme définitive et l'attribution d'une pension d’invalidité.
— Ça veut dire quoi, Bé ?
— Rien de bien important, Mamé. En fait, ça dit que je ne ferai plus partie des marins pompiers et qu'ils vont me mettre à la retraite.
— Mais tu es si jeune encore pour être à la retraite.
— Oui, mais il a pris une balle et il lui manque un bout de poumon.
— Mon dieu c'est vrai, je n'y pense jamais. Et dire que tu aurais pu mourir cette fois-là ! Les gens sont vraiment fous dans ce bas monde.
— Tu dois y aller quand ?
— Dans trois semaines et je vais devoir rester trois jours sur place pour subir un tas d’examens.
— Ne t’inquiète pas, on prendra Rémus et Romulus chez nous et j'irai m'occuper des chevaux.
— Merci, Papé. Ça me tire une épine du pied. Bon, je file.
Après m'être occupé des chevaux et de R et R qui étaient toujours collés à moi je préparais mon repas. J'avais ouvert le fameux bocal de champignons plus un autre de pâté maison. J'en salivais d’avance, j’allais commencer à manger quand mon téléphone sonna. C'était Hans. Il me parla de leur week-end studieux et sportif. Puis il me passa les jumeaux.
— Coucou Papa, tu as fait quoi toi ce week-end ?
— Samedi j'ai sorti Holly et Blacky et on est allé se balader. J'ai trouvé des pinets en pagaille et des petits en plus.
— Tu les a apporté à Mamé pour qu'elle les fasse à l'huile et au vinaigre ?
— Bien sûr Gus et j'y suis retourné ce soir et il y a une pleine caisse de bocaux rien que pour nous.
— Tu nous en apporteras quelques-uns ce week-end ?
— Je ne sais pas. Elle m'a dit qu'il fallait les laisser vieillir un peu.
— Oh, mais c'est pas pour nous, c'est pour les faire gouter à Laszlo qui ne sait pas ce que c’est.
— Dans ce cas-là, je passerai chez elle voir s'il ne lui en reste pas un autre de l'an dernier. Parce qu'elle m'en a donné un pour que je le mange.
— Tu vas le manger tout seul ?
— Oh que oui, mais tu sais Gus c'est un petit bocal qu'elle m'a donné.
— Mais qu'est-ce-que tu veux, Chip ? … Oui j'ai bientôt fini. T'es chiant quand tu t'y mets. Bisous Pa, je te passe Chip.
— Salut Chip, ça va ?
— Oui Papa et toi ?
— En pleine forme aussi. Alors qu'est-ce-que tu voulais me dire de si urgent ?
— Je voulais savoir si tu venais ce week-end.
— Bien sûr que je viens. Vous me manquez tous trop.
— Toi aussi, tu nous manques trop.
Je discutais avec eux encore un moment puis je raccrochais. Je mangeais vite fait (mais bien fait) et n'ayant rien de mieux à faire j'allais me coucher. R et R me suivirent.
Le reste de la semaine passa assez vite. Et le jeudi soir je retrouvais mes amours. Après le repas avec Hans on ne s'éternisa pas parce qu'on avait des choses ''importantes'' à faire. Ça fit sourire les jumeaux et Laszlo qui partirent faire faire un tour à R et R. On ne les entendit que vaguement rentrer.
Et, au matin, heureusement que j'étais là, parce que de la cuisine j'entendis le téléphone de Hans sonner mais il ne sortait pas de la chambre. J’avais fait couler son café et toujours pas un bruit. J’allais voir.
— Hans, il faut te lever sinon tu vas être à la bourre.
— Encore un moment, Bé. On a le temps c'est samedi.
Non Hans, on est vendredi et il est bientôt 7 heures.
— Ho putain ! Oui, on va être à la bourre. Tu veux bien aller réveiller les jumeaux et Laszlo ?
— J'y vais.
Je frappais à la porte de la chambre des jumeaux puis j'allais à celle de Laszlo où je fis de même.
Chip, Gus, R et R sortirent de la leur et direction les toilettes.
— Pa, pour réveiller Laszlo, il faut aller le secouer parce que quand il dort, il dort.
— D'accord, j'y vais.
Je frappais mais toujours pas de réponse. Alors j’entrais. Il dormait comme un bien heureux. Je le secouais.
— Laszlo, c'est l’heure. Il faut te lever.
— Encore 5 minutes, Hans !
Il avait dit ça sans ouvrir les yeux.
— Non Laszlo, sinon vous allez être grave à la bourre et c’est pas Hans, aujourd’hui.
Et c'est comme un zombie qu'il sortit du lit et se dirigea vers la salle de bain. J’avais le sourire car le zigoto avait le piquet qui déformait son pyjashort, tout ne dormait pas chez lui !
Hans sortit de la chambre tout habillé. Je refis le café. Et c'est (presque) à l'heure qu'ils partirent. On était tous descendus et j'avais enfilé ma tenue de jogging. Dès qu'ils furent partis et que R et R finirent de faire leurs besoins on partit courir le long de la plage. On fit un très grand tour et c'est la langue pendante qu'on rentra tous les trois. Sitôt en haut ils se plantèrent devant le frigo.
Je sortais de la douche quand mon téléphone sonna.
— Bonjour Jean-François, c'est Pierre-Jean. Comment ça va ?
— En pleine forme et toi ?
— Pareil. Je t'appelle pour savoir quand est-ce-que Jean-Pierre et moi en pourrait monter te voir. C'est assez urgent.
— Plus ou moins quand vous voulez. Mais un week-end sur deux je descends sur Montpellier du jeudi soir au dimanche soir.
— Et, par hasard, tu es là en ce moment ?
— Oui, j'y suis en effet.
— Ça t'ennuie de passer à la fac, disons fin de matinée et on irait manger un bout tous les trois, comme ça on pourrait discuter ?
— Heu... non, j’ai pas spécialement quelque chose de prévu. Mes hommes sont en cours toute la journée. Je suis seul avec les chiens et on rentre de faire un jogging.
— On se voit à midi, alors ? C'est possible pour toi ?
— Ok, on se retrouve où ?
— Devant l'entrée principale de la fac, ça ira ?
— Ok, à plus PJ.
Ça me laissait une bonne paire d'heure à tuer. J'avais remarqué en prenant ma douche que la panière de linge sale débordait. Je fis le tour des chambres et je lançais des lessives. Puis je me préparais et je rejoignis PJ et JP.
J'avais laissé R et R à la maison pour être plus tranquille. J'arrivais devant la porte de la fac alors qu'ils en sortaient. On se serra la main. Laszlo sortit juste derrière eux, surpris de me voir ici.
— Tu viens manger avec nous Bé ?
— Non Laszlo, je vais manger avec ces messieurs.
— Ah d’accord. Dommage les jumeaux auraient été contents que tu manges avec nous.
— Tes fils sont ici à la fac, Jean-François ?
— Oui, tout comme Hans qui a aussi repris ses cours. Ils sont là tous les trois, c'est pour ça que je viens un week-end sur deux les voir.
— Tu m'en diras tant. Et ils font quoi comme études ?
— Une licence d'anglais et une de hollandais, en parallèle ils étudient l’espagnol, le mandarin et le cantonais.
— Ça fait beaucoup, tout ça, pour des gamins.
— Ils s'en sortent bien d'après Hans qui lui fait un doctorat pour s'occuper d'enfants surdoués. Et vous devez connaître ce jeune homme, Laszlo Martin, qui, lui, fait des études en histoire de l'art et en archéologie.
— Oui, il me semble que sa tête me dit quelque chose.
— Exact, on s’est déjà croisé. Bon, je file rejoindre les jumeaux, à ce soir, Bé.
— À plus, mon grand.
Laszlo partit rejoindre les jumeaux et nous on se dirigea vers une pizzéria toute proche. On commanda et en attendant d'être servis on attaqua la discussion.
— Avec PJ on voulait te tenir au courant de l'avancement des fouilles. Mais je le laisse te parler en premier parce qu'il a plus de choses que moi à te dire.
— Bon, alors, suite à ce que vous m'avez fait parvenir de Londres j'ai échangé pas mal de mails avec Alan Fox. Pour faire court, le British Museum m'octroie une grosse enveloppe pour les fouilles à une condition c'est que quelques archéologues anglais y participent. Et comme le British Museum m'avait fait un don, les subventions françaises sont tombées comme par miracle, et plus que je n'ai demandé, ce qui est un second miracle. Et les autorisations de fouille ont déboulé à la suite. Le seul problème qu'on va avoir c'est la logistique. On a contacté Louis qui veut bien nous louer sa maison mais à deux équipes on risque de s'y retrouver serrés.
Et suite à ta demande que je sois le responsable du chantier il y a eu des grincements de dents. On m'a attribué d'office deux grosses pointures de la période gallo-romaine. Je n'ai pas le choix. Et je sais que Alan Fox sera aussi présent. Je ne te dis pas la pression que j'ai sur les épaules. Je pense que tu devrais être contacté sous peu par le ministère de la culture. Ils veulent te faire une proposition mais je ne sais pas encore laquelle. J’espère que ce n’est pas pour m’évincer. Je laisse JP te mettre au courant des dernières découvertes des fouilles des tombes.
— Bon je vais faire court aussi. La tombe de l’âge du bronze est intéressante par les objets qu'elle contient notamment l’alliage du bronze qu'on a étudié. L'étain vient de Sardaigne et le cuivre d’Anatolie. Tu vois le micmac. Mais la tombe la plus intéressante est celle où il y a les deux hommes enterrés. Parce que c'est bien des hommes qui y sont. Les analyses génétiques ne laissent aucun doute là-dessus. Et l'analyse de l'émail de leurs dents nous dit qu'un d'eux était de la région tandis que l'autre venait de la mer Noire. Tu te rends compte toutes les questions que cela soulève ?
Comment ces gars morts à plus de 70 ans, un âge canonique pour l'époque, se retrouvent enterrés au même endroit. En plus on a retrouvé autour du cou d'un des squelettes diverses amulettes qui proviennent d'un peu partout. Ça part de la mer Noire et ça continue en revenant vers nous. C'est un voyage impensable pour l’époque.
— Il n'y a rien d’impensable. Pense à ceux qui ont fait les croisades et qui sont partis de Hollande ou d’Allemagne. Il y a autant de route que ce qu'ont fait tes hommes préhistoriques.
— Tu as raison Jean-François mais pour les croisades ils étaient des centaines, des milliers même mais là je te parle de mecs qui ont fait pas loin de 3500 km. En gros ils sont partis de la mer Noire pour venir jusqu'aux Fourches. Ça représente un voyage de 2 ou 3 ans.
— Mais comment vous savez ça ?
— On a fait des analyses isotopiques des artefacts qu'on a retrouvé dans leur tombe. Et les analyses au carbone 14 nous disent toutes, à quelques années près, que c'était il y a 25 000 ans. Tu te rends compte de la découverte ?
— Pas vraiment mais je te crois. Les jumeaux vont avoir droit à leur vitrine alors ?
— Plus que ça même. Je pense qu'on va monter une exposition principalement axée sur la tombe des deux hommes mais on y adjoindra aussi la tombe de l’âge du bronze. J'espère que cette année les fouilles seront aussi intéressantes que l'an dernier.
— Je l'espère pour vous.
— Elles vont durer 3 semaines au lieu des 2 prévues initialement, parce que comme PJ a eu plus de subventions que moi il prend à sa charge ma logistique du coup ça me permet de faire une semaine de plus.
— Je peux vous demander un service ?
— Si on peut, avec grand plaisir.
— C'est au sujet du gamin avec qui j'ai discuté tout à l’heure. Il s'agit du meilleur pote des jumeaux et je sais que vous choisissez les étudiants qui se portent volontaires pour les fouilles. Alors s'il en fait la demande, ça serait cool qu'il soit de la partie.
— Ha, ce n'est que ça ! Pas de souci Jean-François, s'il est volontaire, il fera partie des fouilleurs.
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