26-12-2023, 07:16 PM
On partit dans notre chambre. Une douche plus que coquine et hop au lit pour faire l’amour. Vous devez penser que Hans et moi on est des obsédés sexuels. Mais même pas, on avait juste deux semaines de retard à rattraper parce que, oui, je l'avoue, autant lui que moi on aimait le sexe.
C'est vrai qu'on ne se disait pas souvent ''je t'aime'‘. Il n'y avait pas besoin de le dire, l'autre le savait. C'est vrai que je ne le disais pas souvent aux jumeaux non plus pas plus que mon père ou ma mère ne me l'avaient dit. Et pourtant on le savait. On était ''pudique'' par rapport aux sentiments. C'était des trucs de bonnes femmes.
Je revenais de courir, tout seul aujourd’hui. Quand je m'étais levé R et R avaient pointé le bout de leur truffe mais étaient repartis aussitôt dans la chambre des jumeaux. Et quand je rentrais ça sentait bon le café. Hans m'accueillit avec un grand sourire. Je lui fis un petit bisou vite fait et j'allais prendre une douche. Quand je revins, il m'avait servi mon café et m'avait même fait quelques tartines.
— Comment ça se fait que tu sois déjà réveillé toi qui aime tant dormir ?
— Je veux profiter de ta présence au maximum, Bé. Si tu savais combien tu nous manques.
— Vous aussi vous me manquez mais ne me dis pas que tu regrettes ta décision d'avoir repris tes études.
— Non je ne la regrette pas mais c'est dur de ne plus être tous les quatre ensemble.
— C'est fini ça, Hans, d'être tous ensemble non-stop… à part pendant les vacances et encore, ça non plus ça ne durera pas.
— Pourquoi tu dis ça ?
— D'ici 2 ou 3 ans tu auras ton doctorat, d'ici 5 ou 7 ans les jumeaux auront le leur et à moins que vous ne veniez tous travailler à la carrière, ce qui serait dommage, on ne sera tous les quatre ensemble que quelques semaines par an, dans le meilleur des cas.
— Je pourrais rester aux Fourches quand j'aurai fini mes études pour être avec toi.
— Non Hans, tu n'es pas fait pour rester aux Fourches. Tu es fait pour enseigner à des enfants surdoués. Et tu es très compétant pour le faire et tu le feras. Quant aux jumeaux il faudra aussi qu'ils fassent leurs vies et je ne pense pas qu'ils trouveront un travail aux Fourches, eux non plus.
— On dirait que tu nous chasses de ta vie.
— Ne dis pas n'importe quoi, Hans. Jamais je ne chasserai de ma vie les trois personnes que j'aime le plus au monde. Mais la roue tourne Hans. Je m'éclate dans mon boulot à la carrière. Petit à petit mon père et mon oncle me laissent prendre seul des décisions importantes et avec l'aide de Nick et de Tonin, les affaires n'ont jamais été aussi prospères.
Il faut maintenant que, toi d’abord, puis les jumeaux, vous trouviez de quoi réaliser vos rêves et de vous éclater dans le travail que vous ferez. Quoi que, ni toi ni eux vous n’ayez besoin de travailler, si vous n'en avez pas envie.
— Toi aussi tu pourrais ne pas travailler si tu voulais.
— Non parce que je n'ai pas tant d'argent que ça de côté. On en a suffisamment pour vivre bien mais pas plus. Et puis je ne crois pas que je pourrais rester sans rien faire. Je deviendrai fou, à force de tourner en rond.
— Qu'est-ce-que tu racontes ? Tu as autant d'argent que moi Bé.
— Non, les jumeaux ont autant d'argent que toi. Je n'ai que du bien et mon pécule, s’il n’est pas inexistant, il a beaucoup diminué avec les rénovations des maisons.
— Jusqu'à présent ton argent était le mien. Tu ne m'as jamais posé de question ou demandé quoique ce soit quand je le dépensais. Je vais faire faire une carte de payement à ton nom, parce que mon argent c'est aussi le tien. Et tu te tais, Bé ! C'est comme ça et pas autrement.
— Ok, ok, on ne va pas se disputer pour une histoire d'argent de bon matin. Tu rebois un café ?
— Oui, s'il te plait.
Puis les gamins se levèrent et on ne vit pas passer la journée. C'est après souper que je repris la route - le moral dans les chaussettes. J'arrivais tard aux Fourches. La porte à peine ouverte, R et R se plantèrent devant le frigo, comme si j’avais oublié l’énorme gamelle qu’ils avaient avalés avant notre départ. Je les grondais comme des gamins et tout penauds ils se redirigèrent vers la porte.
Sitôt leurs besoins finis ils rentrèrent et montèrent directement dans ma chambre. Je me couchais sans même me doucher et je dormis très mal cette nuit-là. C'est d'une humeur massacrante que je me levais. Et ça dura toute la journée.
Il fallut que mon père m'engueule méchant pour que je me calme. Ma mère et ma tante compatissaient mais donnaient raison à mon père. Je passais le reste de la journée à percer des trous dans la parois qu'on devait miner le lendemain. Je rentrais et je m'occupais des bêtes. Je décidai que ce samedi je prendrai Holly et Blacky et qu’on irait se balader.
Mais la semaine fut longue, très longue même.
Heureusement que tous les soirs on se faisait un Skype avec Hans et les jumeaux parce que sinon je n'aurais pas tenu.
Et enfin le premier week-end arriva. J'étais à deux doigts de sauter dans la voiture et d'aller rejoindre mes amours. Je résistais et finalement je me tins à ma décision, je rejoins les chevaux et on partit en balade. Grand bien m'en prit, parce que je trouvais des dizaines de petits pinets que j'apportais directement à ma grand-mère.
— Ça fait plus d'une semaine qu'on ne t'as pas vu mon grand. Tu n'as pas maigri toi ?
— J'ai été pas mal occupé à la carrière et quand je rentre je dois m'occuper des chevaux, me faire à manger. Je ne suis pas débordé mais pas loin.
— À qui tu veux faire croire ça, Bébé ? À nous aussi ils manquent. Au fait, tu as vu Louis dernièrement ?
— Non Mamy. Je ne l'ai pas vu depuis un moment.
— Je crois qu'il veut te voir au sujet de Prince. Il m'a parlé d'une histoire de testicule ou quelque chose du genre.
— Papé n'est pas là ?
— Non il est allé aux champignons avec ton père, ton oncle et le père de Tim. Les tiens tu les veux à l'huile et au vinaigre, je parie.
— Tu as tout compris Mamy. Mais s'ils n'en ont pas trouvé beaucoup tu peux en prendre pour compléter les leurs. Tu sais si Louis est chez lui ?
— Il me semble que je l'ai entendu rentrer aux petites heures. Mais c'était encore tout fermé chez lui quand ils sont partis ce matin.
— Je vais voir s'il est réveillé.
— D’accord. Oh, j'oubliais de te dire qu'à midi tu es invité à manger.
Louis était levé. Il avait ouvert les volets de la cuisine. Je sonnais et il vint m'ouvrir… échevelé et en boxer.
— Hey Bé, c'est toi. Ça tombe bien je voulais te parler de Prince. Tu veux un café pour me tenir compagnie ?
— Oui je veux bien. Je te prends au saut du lit, on dirait.
— Oui, je suis rentré assez tard hier soir, enfin plutôt ce matin.
— Bonjour !
je me retournais et je vis une fille plutôt mignonne en peignoir. Louis se leva et alla lui faire un bisou sur la bouche.
— Jean-François je te présente Amandine ma copine.
— Amandine, c'est Jean-François, dont je t’ai parlé.
— Enchanté de te connaître Amandine
— Pareil pour moi Jean-François. On se fait la bise ?
— Bien sûr.
— Tu es le premier à savoir pour Amandine et moi. Et te connaissant, je ne te demande pas le secret, parce que je sais que tu n'es pas bavard. Mais Amandine et moi c'est du sérieux et elle va bientôt venir s'installer avec moi. Donc l’annonce de son arrivée est pour bientôt.
— Cool pour toi. Il n'y avait plus que toi qui n'avait pas de moitié aux Fourches. Ça fait une personne de plus. J'y pense, vous n'avez qu'à venir prendre l'apéro chez mes grands-parents tout à l’heure. Il y aura tout le monde sauf Tim et Mary qui ne seront pas encore rentrés du marché. Ce sera l’annonce de ta bonne fortune, sans devoir te répéter !
— D’accord, on fera comme ça. Bon, Bé, le vétérinaire est passé et il a fait une échographie à Prince. En fait, son deuxième testicule n'était pas descendu. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé mais le véto lui a fait tout un tas de manipulations et maintenant il a des couilles bien pendantes et fonctionnelles.
— C’est cool pour lui, ça.
— Et pour toi aussi, parce qu'il a pris de la valeur au cas où tu voudrais le revendre.
— Je me vois mal revendre un cadeau de William ou de sa grand-mère. Et tu arrives à en faire quelque chose ?
-- Oui, ça va, Amandine commence juste à le monter. Il rue un peu mais c'est normal. Par contre il a un sacré caractère. Il ne se laisse pas approcher par n'importe qui. Un de mes jeunes a voulu le monter, il s'est retrouvé le cul par terre en moins de 5 secondes. Amandine y est allé, elle l'a calmé et il s'est laissé monter gentiment.
— Jean-François, Louis m'a dit que tu avais des Shire. On pourra passer les voir ?
— Tu n'as qu'à sortir pour ça, il sont attachés devant chez ma grand-mère. Je les ai baladés ce matin parce qu'eux aussi languissaient de faire un peu d’exercice.
— Chouette ! Je file m'habiller et je vais les voir.
— Bé, tu comptes faire faire un nouveau poulain à Holly ? Tu sais que je veux toujours ma jument.
— Et si c'est encore un male qu'elle nous fait ?
— J'en ferai cadeau à Amandine. Au fait Honorin doit passer d'ici quelques temps. Il faut ferrer Holly et Blacky ?
— Je ne sais pas. À toi de me le dire.
— J'enfile quelque chose et on va aller voir ça.
Il revint après avoir enfilé un sweat et un bas de jogging. Ma grand-mère était en pleine discussion avec Amandine.
— …Vous êtes bien tombée. C'est un gentil garçon Louis.
— Mamy, arrête de m'envoyer des fleurs comme ça.
— Mais je ne fais que dire la vérité, Louis. Et toi aussi tu es bien tombé. Amandine à l'air d'être une gentille fille. Au fait, je vous ai invité à manger à midi mais Amandine ne veut pas. Tu lui expliqueras comment ça se passe ici.
— Oui Mamy, je le ferai et bien sûr qu'on vient manger. Bon regardons ces chevaux.
Il souleva les pattes de Holly, puis celles de Blacky.
— C'est pas urgent de le faire mais il faudra y penser bientôt.
— Tu n'as qu'à dire à Honorin de les ferrer aussi. Ça lui évitera de remonter. Par contre je ne sais pas si je serai là quand il viendra.
— Il ne me l'a pas encore dit mais ça ne sera pas avant deux semaines.
— Ça tombe bien, je ne suis pas là le week-end prochain, mais je serai là celui d’après.
— Tu sais bien qu'il viendrait n'importe quand pour tes Shire. Lui aussi en est amoureux.
— Et dire que Holly a failli finir à l’abattoir. Louis, tu pourras voir avec le véto pour faire inséminer Holly ?
— Tu veux lui faire faire un autre poulain, Jean-François ?
— Ça lui manque de pouliner, Amandine. Et ça lui évitera de trop languir parce que les jumeaux lui manquent aussi. Quand je vais leur donner à manger autant elle que Blacky me collent pour que je les câline et plus je le fais plus ils se collent à moi.
— C'est vrai qu'ils nous manquent à tous. C'est qu'ils venaient gouter tous les jours avec Hans. Depuis qu'ils sont partis je n'ai plus fait de gâteaux. Mon dieu, ça me fait penser que je n'ai pas fait de dessert. Je vous laisse, je vais faire quelque chose de vite fait.
Louis profita du repas pour présenter Amandine à tout le monde.
— Au fait, Laszlo Martin ça vous dit quelque chose ?
— Bien sûr, il est enterré dans le caveau juste à côté du notre.
— Papé, je ne te parle pas de celui-là. En fait les jumeaux se sont fait un ami qui a 14 ans et qui lui aussi est entré à la fac.
Quand on m'a dit son nom, j'ai pas percuté. Les jumeaux l'avaient invité à passer le week-end avec nous et sa mère a voulu me remercier, on a discuté trois secondes et quand je lui ai donné mon nom, elle m'a appelé Bébé. Et du coup, on a discuté plus d'une heure ensemble. Elle vous passe le bonjour.
— Les Martin, je ne connais pas, ils habitaient où ?
— La maison que je te loue. Mais ils sont partis il y a plus de 25 ans. J'ai très peu connu Marie. Elle a l’âge d’Antho.
Le repas fini on retourna aux champignons parce que - il faut être franc - les ramasseurs n'en avaient pas trouvé beaucoup. Je connaissais un coin où il n'y avait pas beaucoup à marcher et toute l’assemblée y alla. J'envoyais un SMS à Tim pour lui dire qu'on était tous aux champignons, au cas où il rentreraient avant nous. Quand les paniers furent pleins on rentra et on se mit à les trier. Tim et Mary arrivèrent et nous aidèrent.
— Vous savez qu'il y en a pour une fortune sur la table ?
— Tu exagères toujours, Tim.
— Non, au marché ce matin il y en avait mais pas si beaux que ceux-là. Heureusement qu'ils étaient dans des cagettes sinon ils se seraient sauvés tellement il y avait des vers dedans. Le gars les vendait 25 euros le kilo. Mais vous, vous n'avez trouvé que des petits bien beaux.
Tu vas les faire à l'huile et au vinaigre Mamy ?
— Déjà, chacun va emporter les siens et vous les ferez comme bon vous semble. Et oui, Tim, ceux de Bé je vais les faire comme vous aimez tous les deux.
— Mamé, je n'ai jamais cuisiné de champignons, vous voudriez bien m’apprendre ?
— Mais bien sûr Amandine, à condition que tu me dises tu. Ici on se dit tous tu, parce qu'on est une grande et belle famille.
— D’accord, je vais essayer. Mais il se peut que des fois je n'y arrive pas.
— Ça viendra, tu verras.
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C'est vrai qu'on ne se disait pas souvent ''je t'aime'‘. Il n'y avait pas besoin de le dire, l'autre le savait. C'est vrai que je ne le disais pas souvent aux jumeaux non plus pas plus que mon père ou ma mère ne me l'avaient dit. Et pourtant on le savait. On était ''pudique'' par rapport aux sentiments. C'était des trucs de bonnes femmes.
Je revenais de courir, tout seul aujourd’hui. Quand je m'étais levé R et R avaient pointé le bout de leur truffe mais étaient repartis aussitôt dans la chambre des jumeaux. Et quand je rentrais ça sentait bon le café. Hans m'accueillit avec un grand sourire. Je lui fis un petit bisou vite fait et j'allais prendre une douche. Quand je revins, il m'avait servi mon café et m'avait même fait quelques tartines.
— Comment ça se fait que tu sois déjà réveillé toi qui aime tant dormir ?
— Je veux profiter de ta présence au maximum, Bé. Si tu savais combien tu nous manques.
— Vous aussi vous me manquez mais ne me dis pas que tu regrettes ta décision d'avoir repris tes études.
— Non je ne la regrette pas mais c'est dur de ne plus être tous les quatre ensemble.
— C'est fini ça, Hans, d'être tous ensemble non-stop… à part pendant les vacances et encore, ça non plus ça ne durera pas.
— Pourquoi tu dis ça ?
— D'ici 2 ou 3 ans tu auras ton doctorat, d'ici 5 ou 7 ans les jumeaux auront le leur et à moins que vous ne veniez tous travailler à la carrière, ce qui serait dommage, on ne sera tous les quatre ensemble que quelques semaines par an, dans le meilleur des cas.
— Je pourrais rester aux Fourches quand j'aurai fini mes études pour être avec toi.
— Non Hans, tu n'es pas fait pour rester aux Fourches. Tu es fait pour enseigner à des enfants surdoués. Et tu es très compétant pour le faire et tu le feras. Quant aux jumeaux il faudra aussi qu'ils fassent leurs vies et je ne pense pas qu'ils trouveront un travail aux Fourches, eux non plus.
— On dirait que tu nous chasses de ta vie.
— Ne dis pas n'importe quoi, Hans. Jamais je ne chasserai de ma vie les trois personnes que j'aime le plus au monde. Mais la roue tourne Hans. Je m'éclate dans mon boulot à la carrière. Petit à petit mon père et mon oncle me laissent prendre seul des décisions importantes et avec l'aide de Nick et de Tonin, les affaires n'ont jamais été aussi prospères.
Il faut maintenant que, toi d’abord, puis les jumeaux, vous trouviez de quoi réaliser vos rêves et de vous éclater dans le travail que vous ferez. Quoi que, ni toi ni eux vous n’ayez besoin de travailler, si vous n'en avez pas envie.
— Toi aussi tu pourrais ne pas travailler si tu voulais.
— Non parce que je n'ai pas tant d'argent que ça de côté. On en a suffisamment pour vivre bien mais pas plus. Et puis je ne crois pas que je pourrais rester sans rien faire. Je deviendrai fou, à force de tourner en rond.
— Qu'est-ce-que tu racontes ? Tu as autant d'argent que moi Bé.
— Non, les jumeaux ont autant d'argent que toi. Je n'ai que du bien et mon pécule, s’il n’est pas inexistant, il a beaucoup diminué avec les rénovations des maisons.
— Jusqu'à présent ton argent était le mien. Tu ne m'as jamais posé de question ou demandé quoique ce soit quand je le dépensais. Je vais faire faire une carte de payement à ton nom, parce que mon argent c'est aussi le tien. Et tu te tais, Bé ! C'est comme ça et pas autrement.
— Ok, ok, on ne va pas se disputer pour une histoire d'argent de bon matin. Tu rebois un café ?
— Oui, s'il te plait.
Puis les gamins se levèrent et on ne vit pas passer la journée. C'est après souper que je repris la route - le moral dans les chaussettes. J'arrivais tard aux Fourches. La porte à peine ouverte, R et R se plantèrent devant le frigo, comme si j’avais oublié l’énorme gamelle qu’ils avaient avalés avant notre départ. Je les grondais comme des gamins et tout penauds ils se redirigèrent vers la porte.
Sitôt leurs besoins finis ils rentrèrent et montèrent directement dans ma chambre. Je me couchais sans même me doucher et je dormis très mal cette nuit-là. C'est d'une humeur massacrante que je me levais. Et ça dura toute la journée.
Il fallut que mon père m'engueule méchant pour que je me calme. Ma mère et ma tante compatissaient mais donnaient raison à mon père. Je passais le reste de la journée à percer des trous dans la parois qu'on devait miner le lendemain. Je rentrais et je m'occupais des bêtes. Je décidai que ce samedi je prendrai Holly et Blacky et qu’on irait se balader.
Mais la semaine fut longue, très longue même.
Heureusement que tous les soirs on se faisait un Skype avec Hans et les jumeaux parce que sinon je n'aurais pas tenu.
Et enfin le premier week-end arriva. J'étais à deux doigts de sauter dans la voiture et d'aller rejoindre mes amours. Je résistais et finalement je me tins à ma décision, je rejoins les chevaux et on partit en balade. Grand bien m'en prit, parce que je trouvais des dizaines de petits pinets que j'apportais directement à ma grand-mère.
— Ça fait plus d'une semaine qu'on ne t'as pas vu mon grand. Tu n'as pas maigri toi ?
— J'ai été pas mal occupé à la carrière et quand je rentre je dois m'occuper des chevaux, me faire à manger. Je ne suis pas débordé mais pas loin.
— À qui tu veux faire croire ça, Bébé ? À nous aussi ils manquent. Au fait, tu as vu Louis dernièrement ?
— Non Mamy. Je ne l'ai pas vu depuis un moment.
— Je crois qu'il veut te voir au sujet de Prince. Il m'a parlé d'une histoire de testicule ou quelque chose du genre.
— Papé n'est pas là ?
— Non il est allé aux champignons avec ton père, ton oncle et le père de Tim. Les tiens tu les veux à l'huile et au vinaigre, je parie.
— Tu as tout compris Mamy. Mais s'ils n'en ont pas trouvé beaucoup tu peux en prendre pour compléter les leurs. Tu sais si Louis est chez lui ?
— Il me semble que je l'ai entendu rentrer aux petites heures. Mais c'était encore tout fermé chez lui quand ils sont partis ce matin.
— Je vais voir s'il est réveillé.
— D’accord. Oh, j'oubliais de te dire qu'à midi tu es invité à manger.
Louis était levé. Il avait ouvert les volets de la cuisine. Je sonnais et il vint m'ouvrir… échevelé et en boxer.
— Hey Bé, c'est toi. Ça tombe bien je voulais te parler de Prince. Tu veux un café pour me tenir compagnie ?
— Oui je veux bien. Je te prends au saut du lit, on dirait.
— Oui, je suis rentré assez tard hier soir, enfin plutôt ce matin.
— Bonjour !
je me retournais et je vis une fille plutôt mignonne en peignoir. Louis se leva et alla lui faire un bisou sur la bouche.
— Jean-François je te présente Amandine ma copine.
— Amandine, c'est Jean-François, dont je t’ai parlé.
— Enchanté de te connaître Amandine
— Pareil pour moi Jean-François. On se fait la bise ?
— Bien sûr.
— Tu es le premier à savoir pour Amandine et moi. Et te connaissant, je ne te demande pas le secret, parce que je sais que tu n'es pas bavard. Mais Amandine et moi c'est du sérieux et elle va bientôt venir s'installer avec moi. Donc l’annonce de son arrivée est pour bientôt.
— Cool pour toi. Il n'y avait plus que toi qui n'avait pas de moitié aux Fourches. Ça fait une personne de plus. J'y pense, vous n'avez qu'à venir prendre l'apéro chez mes grands-parents tout à l’heure. Il y aura tout le monde sauf Tim et Mary qui ne seront pas encore rentrés du marché. Ce sera l’annonce de ta bonne fortune, sans devoir te répéter !
— D’accord, on fera comme ça. Bon, Bé, le vétérinaire est passé et il a fait une échographie à Prince. En fait, son deuxième testicule n'était pas descendu. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé mais le véto lui a fait tout un tas de manipulations et maintenant il a des couilles bien pendantes et fonctionnelles.
— C’est cool pour lui, ça.
— Et pour toi aussi, parce qu'il a pris de la valeur au cas où tu voudrais le revendre.
— Je me vois mal revendre un cadeau de William ou de sa grand-mère. Et tu arrives à en faire quelque chose ?
-- Oui, ça va, Amandine commence juste à le monter. Il rue un peu mais c'est normal. Par contre il a un sacré caractère. Il ne se laisse pas approcher par n'importe qui. Un de mes jeunes a voulu le monter, il s'est retrouvé le cul par terre en moins de 5 secondes. Amandine y est allé, elle l'a calmé et il s'est laissé monter gentiment.
— Jean-François, Louis m'a dit que tu avais des Shire. On pourra passer les voir ?
— Tu n'as qu'à sortir pour ça, il sont attachés devant chez ma grand-mère. Je les ai baladés ce matin parce qu'eux aussi languissaient de faire un peu d’exercice.
— Chouette ! Je file m'habiller et je vais les voir.
— Bé, tu comptes faire faire un nouveau poulain à Holly ? Tu sais que je veux toujours ma jument.
— Et si c'est encore un male qu'elle nous fait ?
— J'en ferai cadeau à Amandine. Au fait Honorin doit passer d'ici quelques temps. Il faut ferrer Holly et Blacky ?
— Je ne sais pas. À toi de me le dire.
— J'enfile quelque chose et on va aller voir ça.
Il revint après avoir enfilé un sweat et un bas de jogging. Ma grand-mère était en pleine discussion avec Amandine.
— …Vous êtes bien tombée. C'est un gentil garçon Louis.
— Mamy, arrête de m'envoyer des fleurs comme ça.
— Mais je ne fais que dire la vérité, Louis. Et toi aussi tu es bien tombé. Amandine à l'air d'être une gentille fille. Au fait, je vous ai invité à manger à midi mais Amandine ne veut pas. Tu lui expliqueras comment ça se passe ici.
— Oui Mamy, je le ferai et bien sûr qu'on vient manger. Bon regardons ces chevaux.
Il souleva les pattes de Holly, puis celles de Blacky.
— C'est pas urgent de le faire mais il faudra y penser bientôt.
— Tu n'as qu'à dire à Honorin de les ferrer aussi. Ça lui évitera de remonter. Par contre je ne sais pas si je serai là quand il viendra.
— Il ne me l'a pas encore dit mais ça ne sera pas avant deux semaines.
— Ça tombe bien, je ne suis pas là le week-end prochain, mais je serai là celui d’après.
— Tu sais bien qu'il viendrait n'importe quand pour tes Shire. Lui aussi en est amoureux.
— Et dire que Holly a failli finir à l’abattoir. Louis, tu pourras voir avec le véto pour faire inséminer Holly ?
— Tu veux lui faire faire un autre poulain, Jean-François ?
— Ça lui manque de pouliner, Amandine. Et ça lui évitera de trop languir parce que les jumeaux lui manquent aussi. Quand je vais leur donner à manger autant elle que Blacky me collent pour que je les câline et plus je le fais plus ils se collent à moi.
— C'est vrai qu'ils nous manquent à tous. C'est qu'ils venaient gouter tous les jours avec Hans. Depuis qu'ils sont partis je n'ai plus fait de gâteaux. Mon dieu, ça me fait penser que je n'ai pas fait de dessert. Je vous laisse, je vais faire quelque chose de vite fait.
Louis profita du repas pour présenter Amandine à tout le monde.
— Au fait, Laszlo Martin ça vous dit quelque chose ?
— Bien sûr, il est enterré dans le caveau juste à côté du notre.
— Papé, je ne te parle pas de celui-là. En fait les jumeaux se sont fait un ami qui a 14 ans et qui lui aussi est entré à la fac.
Quand on m'a dit son nom, j'ai pas percuté. Les jumeaux l'avaient invité à passer le week-end avec nous et sa mère a voulu me remercier, on a discuté trois secondes et quand je lui ai donné mon nom, elle m'a appelé Bébé. Et du coup, on a discuté plus d'une heure ensemble. Elle vous passe le bonjour.
— Les Martin, je ne connais pas, ils habitaient où ?
— La maison que je te loue. Mais ils sont partis il y a plus de 25 ans. J'ai très peu connu Marie. Elle a l’âge d’Antho.
Le repas fini on retourna aux champignons parce que - il faut être franc - les ramasseurs n'en avaient pas trouvé beaucoup. Je connaissais un coin où il n'y avait pas beaucoup à marcher et toute l’assemblée y alla. J'envoyais un SMS à Tim pour lui dire qu'on était tous aux champignons, au cas où il rentreraient avant nous. Quand les paniers furent pleins on rentra et on se mit à les trier. Tim et Mary arrivèrent et nous aidèrent.
— Vous savez qu'il y en a pour une fortune sur la table ?
— Tu exagères toujours, Tim.
— Non, au marché ce matin il y en avait mais pas si beaux que ceux-là. Heureusement qu'ils étaient dans des cagettes sinon ils se seraient sauvés tellement il y avait des vers dedans. Le gars les vendait 25 euros le kilo. Mais vous, vous n'avez trouvé que des petits bien beaux.
Tu vas les faire à l'huile et au vinaigre Mamy ?
— Déjà, chacun va emporter les siens et vous les ferez comme bon vous semble. Et oui, Tim, ceux de Bé je vais les faire comme vous aimez tous les deux.
— Mamé, je n'ai jamais cuisiné de champignons, vous voudriez bien m’apprendre ?
— Mais bien sûr Amandine, à condition que tu me dises tu. Ici on se dit tous tu, parce qu'on est une grande et belle famille.
— D’accord, je vais essayer. Mais il se peut que des fois je n'y arrive pas.
— Ça viendra, tu verras.
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