Chapitre 35
Une fois hors de la forêt, Adrien et les autres s'arrêtent pour observer l'incendie. Le Dragon n'est plus visible, il y a beaucoup trop de fumée dans le ciel pour cela.
- Justin ? Il est où ? demande Evran, dans les deux langues, en s'apercevant enfin de la disparition de son aimé.
- C'est pas possible ! Il était là il y a un instant !
- Retournons le chercher... propose Anthony.
A sa grande surprise, Adrien et les Terriens se joignent à eux et tous commencent à désigner des endroits où le jeune homme a été vu pour la dernière fois.
- Ce n'est pas notre problème, retentit une voix, comme venue du ciel.
Anthony se retourne et reste paralysé de stupeur. Le colonel Melvis se tient devant ses yeux, suspendu à une échelle de corde elle-même accrochée à un dirigeable, juste au-dessus de leurs têtes.
- Mais je rêve ! Vous êtes mort ! s'exclame Anthony, complètement ahuri.
- Presque, concède le colonel, tu as bien failli m'avoir. Mais c'est à la fin de la course qu'on compte les points et tu as perdu, Fournier. Tu as de la chance, notre seigneur te veut vivant. Mais je te promets que nous pourrons nous amuser ensemble plus tard...
Son sourire sadique et peu engageant glace le jeune homme mais visiblement, Melvis n'en a pas terminé. Il s'approche de l'oreille de son désormais captif.
- J'allais oublier un détail... susurre-il. Pour le coup de la cascade...
Sans que personne ne s'y attende, étant donné son grand calme, il inflige à Anthony un formidable coup de poing au visage, d'une brusque détente. Si bien que ce dernier se retrouve à terre, en se tenant le menton.
Les autochtones réagissent mais les hommes d'Adrien lèvent leurs armes pour les braquer contre eux.
- Tuez-les, ordonne le colonel, sans même les regarder.
Les Terriens hésitent, car certains autochtones sont morts pour les défendre et ils ne veulent pas se sentir ingrats.
- Colonel...
- Quoi ?
- Nous devrions les épargner cette fois. Certes, ils sont des ennemis mais nous leur devons la vie, dit Adrien.
- Vous refusez d'obéir ?
- Moi, oui.
Les autres murmurent leur approbation et le colonel comprend qu'il va devoir plier, sa cause est visiblement perdue.
- Comprenez-nous, colonel, sans eux, les créatures de la forêt nous auraient tous tués. Même s'ils sont primitifs et décadents, ce serait craignos de faire ça...
- Très bien. Ça ira pour cette fois, qu'ils s'en aillent. Tranche Melvis, à contrecœur. Mais je garde Fournier, ordre de notre seigneur.
Adrien et ses acolytes n'y trouvent rien à redire. Désobéir au colonel Melvis est une chose mais outrepasser les ordres du maître de la Fondation n'est pas comparable.
Les deux groupes s'éloignent dans des directions opposées, dans le plus grand silence, seul l'androgyne paraît satisfait.
--- --- ---
Valtunin, Tour Noire.
Un soldat Terrien s'avance dans la salle du conseil de la cité, accompagné par un messager autochtone venu d'une région encore libre.
- Je dois parler à notre seigneur, dit-il aux gardes.
Ceux-ci le laissent passer sans en demander plus. Cet aide de camp ne cesse d'aller et venir depuis des jours, il fait maintenant presque partie du paysage, à leurs yeux.
Le Fondateur s'incline devant son maître, toujours encapuchonné. Celui-ci est confortablement installé dans le trône doré qui est normalement dévolu à l'archonte de la cité, dont la taille lui permet de dominer encore davantage la pièce.
Voyant que le seigneur Frégast fixe son invité sans dire mot, le soldat fait signe au messager de faire de même. Heureusement, ce dernier comprend qu'il serait fâcheux pour lui de refuser de se soumettre au protocole.
- Monseigneur, cet homme nous vient de la ville de Tanagre. Il dit qu'il a un message à transmettre de la part du roi Neldar du Mont Zaynith.
- Et quel est son message ? demande le maître, curieux étant donné qu'il n'a jamais eu de contact avec cette espèce.
- Tar Maldoren, le souverain de tous les Neldars vous somme de vous retirer sans délai de ce monde qui n'est pas le vôtre. De plus, il exige que vous laissiez derrière vous un peu de votre technologie et de votre savoir, en contrepartie de vos trop nombreux crimes. Si vous n'accédez pas à ses requêtes, toutes les forces Neldardes descendront des hauteurs pour vous porter la guerre dès l'arrivée de l'hiver. Son peuple est furieux contre vos agissements et leurs marteaux ont soif de votre sang.
- J'en prends bonne note. Partez. Répond le maître, avec une pointe d'arrogance, nullement impressionné par le message, ni par sa forme théâtrale.
Un peu surpris par le calme et la froideur du seigneur Frégast, le messager s'exécute, le laissant seul avec son aide de camp.
- J'ai jugé qu'il valait mieux vous mettre au courant, monseigneur... bredouille l'homme, qui se sent obligé d'apporter une justification.
- Leur roi ne se prend pas pour n'importe qui. Il va tomber de haut.
- Sauf votre respect, monseigneur, je pense que vous devriez vous méfier. Les Neldars ont la réputation d'être les meilleurs guerriers de ce monde, invincibles, paraît-il... C'est une espèce encore inconnue, on ne sait pas vraiment à quoi on a affaire.
Le maître traverse la pièce, puis s'arrête devant une fenêtre, en réfléchissant. Une idée diabolique se dessine en quelques secondes dans son esprit.
- Va dire à Richard de préparer mon zeppelin et les hélicos au décollage. Nous rentrerons à la Base-Noyau dans trente minutes.
- Bien monseigneur... dit l'homme, un peu interloqué.
Le seigneur Fondateur se retourne pour partir mais il reçoit un appel par radio.
- Ici le colonel Melvis, monseigneur. Les araignées et autres créatures à problèmes sont décimées et j'ai capturé Fournier au passage...
- Excellent, vous avez été très rapide ! Vous serez récompensé dès mon retour à la Base-Noyau, c'est à dire dans quelques heures.
- J'allais justement revenir vous confier le prisonnier, vous ne deviez pas rentrer dans plusieurs semaines, monseigneur ?
- J'ai changé d'avis. Les Neldars nous déclarent la guerre. Le cœur de leur royaume se situe au sommet du Mont Zaynith, au sud de ma position... J'ai enfin trouvé un emploi à la bombe nucléaire, que je vais aller chercher. Je tiens à faire ça moi-même !
Une fois hors de la forêt, Adrien et les autres s'arrêtent pour observer l'incendie. Le Dragon n'est plus visible, il y a beaucoup trop de fumée dans le ciel pour cela.
- Justin ? Il est où ? demande Evran, dans les deux langues, en s'apercevant enfin de la disparition de son aimé.
- C'est pas possible ! Il était là il y a un instant !
- Retournons le chercher... propose Anthony.
A sa grande surprise, Adrien et les Terriens se joignent à eux et tous commencent à désigner des endroits où le jeune homme a été vu pour la dernière fois.
- Ce n'est pas notre problème, retentit une voix, comme venue du ciel.
Anthony se retourne et reste paralysé de stupeur. Le colonel Melvis se tient devant ses yeux, suspendu à une échelle de corde elle-même accrochée à un dirigeable, juste au-dessus de leurs têtes.
- Mais je rêve ! Vous êtes mort ! s'exclame Anthony, complètement ahuri.
- Presque, concède le colonel, tu as bien failli m'avoir. Mais c'est à la fin de la course qu'on compte les points et tu as perdu, Fournier. Tu as de la chance, notre seigneur te veut vivant. Mais je te promets que nous pourrons nous amuser ensemble plus tard...
Son sourire sadique et peu engageant glace le jeune homme mais visiblement, Melvis n'en a pas terminé. Il s'approche de l'oreille de son désormais captif.
- J'allais oublier un détail... susurre-il. Pour le coup de la cascade...
Sans que personne ne s'y attende, étant donné son grand calme, il inflige à Anthony un formidable coup de poing au visage, d'une brusque détente. Si bien que ce dernier se retrouve à terre, en se tenant le menton.
Les autochtones réagissent mais les hommes d'Adrien lèvent leurs armes pour les braquer contre eux.
- Tuez-les, ordonne le colonel, sans même les regarder.
Les Terriens hésitent, car certains autochtones sont morts pour les défendre et ils ne veulent pas se sentir ingrats.
- Colonel...
- Quoi ?
- Nous devrions les épargner cette fois. Certes, ils sont des ennemis mais nous leur devons la vie, dit Adrien.
- Vous refusez d'obéir ?
- Moi, oui.
Les autres murmurent leur approbation et le colonel comprend qu'il va devoir plier, sa cause est visiblement perdue.
- Comprenez-nous, colonel, sans eux, les créatures de la forêt nous auraient tous tués. Même s'ils sont primitifs et décadents, ce serait craignos de faire ça...
- Très bien. Ça ira pour cette fois, qu'ils s'en aillent. Tranche Melvis, à contrecœur. Mais je garde Fournier, ordre de notre seigneur.
Adrien et ses acolytes n'y trouvent rien à redire. Désobéir au colonel Melvis est une chose mais outrepasser les ordres du maître de la Fondation n'est pas comparable.
Les deux groupes s'éloignent dans des directions opposées, dans le plus grand silence, seul l'androgyne paraît satisfait.
--- --- ---
Valtunin, Tour Noire.
Un soldat Terrien s'avance dans la salle du conseil de la cité, accompagné par un messager autochtone venu d'une région encore libre.
- Je dois parler à notre seigneur, dit-il aux gardes.
Ceux-ci le laissent passer sans en demander plus. Cet aide de camp ne cesse d'aller et venir depuis des jours, il fait maintenant presque partie du paysage, à leurs yeux.
Le Fondateur s'incline devant son maître, toujours encapuchonné. Celui-ci est confortablement installé dans le trône doré qui est normalement dévolu à l'archonte de la cité, dont la taille lui permet de dominer encore davantage la pièce.
Voyant que le seigneur Frégast fixe son invité sans dire mot, le soldat fait signe au messager de faire de même. Heureusement, ce dernier comprend qu'il serait fâcheux pour lui de refuser de se soumettre au protocole.
- Monseigneur, cet homme nous vient de la ville de Tanagre. Il dit qu'il a un message à transmettre de la part du roi Neldar du Mont Zaynith.
- Et quel est son message ? demande le maître, curieux étant donné qu'il n'a jamais eu de contact avec cette espèce.
- Tar Maldoren, le souverain de tous les Neldars vous somme de vous retirer sans délai de ce monde qui n'est pas le vôtre. De plus, il exige que vous laissiez derrière vous un peu de votre technologie et de votre savoir, en contrepartie de vos trop nombreux crimes. Si vous n'accédez pas à ses requêtes, toutes les forces Neldardes descendront des hauteurs pour vous porter la guerre dès l'arrivée de l'hiver. Son peuple est furieux contre vos agissements et leurs marteaux ont soif de votre sang.
- J'en prends bonne note. Partez. Répond le maître, avec une pointe d'arrogance, nullement impressionné par le message, ni par sa forme théâtrale.
Un peu surpris par le calme et la froideur du seigneur Frégast, le messager s'exécute, le laissant seul avec son aide de camp.
- J'ai jugé qu'il valait mieux vous mettre au courant, monseigneur... bredouille l'homme, qui se sent obligé d'apporter une justification.
- Leur roi ne se prend pas pour n'importe qui. Il va tomber de haut.
- Sauf votre respect, monseigneur, je pense que vous devriez vous méfier. Les Neldars ont la réputation d'être les meilleurs guerriers de ce monde, invincibles, paraît-il... C'est une espèce encore inconnue, on ne sait pas vraiment à quoi on a affaire.
Le maître traverse la pièce, puis s'arrête devant une fenêtre, en réfléchissant. Une idée diabolique se dessine en quelques secondes dans son esprit.
- Va dire à Richard de préparer mon zeppelin et les hélicos au décollage. Nous rentrerons à la Base-Noyau dans trente minutes.
- Bien monseigneur... dit l'homme, un peu interloqué.
Le seigneur Fondateur se retourne pour partir mais il reçoit un appel par radio.
- Ici le colonel Melvis, monseigneur. Les araignées et autres créatures à problèmes sont décimées et j'ai capturé Fournier au passage...
- Excellent, vous avez été très rapide ! Vous serez récompensé dès mon retour à la Base-Noyau, c'est à dire dans quelques heures.
- J'allais justement revenir vous confier le prisonnier, vous ne deviez pas rentrer dans plusieurs semaines, monseigneur ?
- J'ai changé d'avis. Les Neldars nous déclarent la guerre. Le cœur de leur royaume se situe au sommet du Mont Zaynith, au sud de ma position... J'ai enfin trouvé un emploi à la bombe nucléaire, que je vais aller chercher. Je tiens à faire ça moi-même !