28-06-2023, 11:08 PM
Chapitre 29
Hangar de Lille, quelques heures plus tard.
Richard est satisfait et il s'apprête à retourner sur Sterrn pour apporter de bonnes nouvelles à son maître. Il s'est emparé de la bague de Rodolphe sans lui faire de mal. Cela n'a pas été nécessaire et quoi qu'on en dise, Richard n'est pas un tueur.
Malgré cela, Richard a quelques appréhensions. Il ne peut cacher sa découverte concernant Anthony et la seconde bague, car son conditionnement s'y oppose formellement. Cependant, il est probable que, emporté par la passion, son maître cesse d'agir de façon raisonnable (toute proportion gardée) lorsqu'il apprendra le sort du joyau. Il pourrait bien commettre des erreurs coûteuses en vies humaines et le serviteur n'aime pas cette idée.
Résigné, il rassemble la totalité des hommes du hangar, avant d'ouvrir un passage, destination Sterrn. Il prend soin d'emporter la complexe machine avec lui.
--- --- ---
Valtunin, Tour Noire. Dès le lendemain.
Le seigneur Frégast est fébrile car il s'apprête à recevoir Richard. Il tente de se calmer mais sans grand succès. L'idée même d'entrer enfin en possession de la bague de son ancêtre le rend incontrôlable et euphorique. Il fait nerveusement les cent pas dans la salle du Conseil, lorsque Richard arrive dans la pièce.
- Alors ?
- Je l'ai, monseigneur ! Informe Richard, en tendant le bras.
Le maître fond sur lui, comme un animal en pleine charge, avant de lui arracher le joyau des mains. Il le contemple pendant de longs instants, en tremblant de tous ses membres. S'il disposait encore d'un corps humain, il verserait sans doute une larme de joie.
Le joyau maudit, une magnifique bague d'or dans laquelle est serti un cristal sombre, est enfin entre ses mains...
- Après toutes ces années... Je t'ai enfin retrouvé ! Enfin ! Bientôt, tu seras complet et tu pourras devenir moi, pour payer ta dette ! Explose le seigneur Frégast, qui laisse éclater toute sa joie et répète quelques phrases incohérentes, en effectuant de grands gestes brutaux.
- Monseigneur, calmez-vous... Je m'inquiète beaucoup pour vous... bredouille Richard, qui prend peur devant cette crise.
Pour seule réponse, le maître l'attrape par le col, avant de le balancer à travers la pièce, à la fois furieux, joyeux et surtout instable.
- Silence, imbécile ! Bien que je la désirais ardemment, elle appartenait à Rodolphe. Tu as retrouvé sa trace et j'en suis très satisfait mais... OÙ EST L'AUTRE ?
Richard déglutit. Il n'aime pas du tout les accès de folie de son maître, bien que cela ce soit mieux passé que ce qu'il craignait.
- Monseigneur, là-dessus nous avons un problème...
- Ne tourne pas autour du pot et parle ! Je veux cette bague, tu m'entends ? Je veux qu'elle paye sa dette envers moi !
- Anthony Fournier l'a volé à votre frère ! Avoue Richard, à toute vitesse.
- MAUDIT SOIT-IL ! rugit-il, en claquant avec force son serviteur contre un mur.
Il se saisit d'une radio à ondes courtes et commence à beugler ses ordres.
- Ici votre seigneur ! Que tout le personnel non nécessaire ici se prépare pour rentrer à la Base-Noyau ! J'ai une mission importante à vous confier ! Soyez prêts avant une demi-heure ! Frégast, terminé !
- Monseigneur... implore Richard, toujours à terre. Je vous en conjure, écoutez-moi. Ces bagues dont vous venez de retrouver la trace vous aveuglent. Restons mesurés dans nos actions, ou tout ce que nous avons construit ici risque de s'écrouler... Laissez-moi m'occuper de la bague d'Anthony, je peux régler ça... demande Richard, en se massant l'arrière du crâne.
- Certainement pas ! tonne une voix, qui à la surprise de Richard n'est pas celle de son seigneur.
Il s'agit du colonel Melvis, qui n'est nullement impressionné par l'accès de folie de son hôte.
- Monseigneur, salue le nouveau venu, en s'inclinant respectueusement.
- Qu'est-il arrivé à vos troupes ? Je n'ai pas eu la moindre nouvelle ! questionne le seigneur Frégast, toujours bien agité.
- Décimées par Anthony Fournier. Il commande les sauvages et je n'ai moi-même échappé à la mort que par un pur miracle. J'ai été récupéré par hélicoptère et je suis venu vous informer dès que possible.
- ENCORE LUI ? C'est impossible ! Comment est-il revenu dans ce monde ? explose-il, de plus en plus contrarié.
- Je ne le sais pas, monseigneur mais je brûle de lui faire payer son affront et n'attends qu'un ordre de votre part pour me mettre à ses trousses.
- Avait-il une bague d'argent à la main ?
- Il me semble, monseigneur.
- Très bien. Capturez-le et ramenez-le VIVANT, ou vous en subirez les conséquences. Elles seront très désagréables, vous pouvez demander à Richard ! menace Frégast, alors que le visage de son bras droit se crispe dans une expression d'extrême terreur.
- Bien, monseigneur. Je pense qu'il se terre dans le village non loin de la base.
- Rasez-le. Brûlez tout.
- Monseigneur ! Nous sommes prêts à partir pour la base, les interrompt un homme de petite taille, qui entre sans y avoir été invité.
- J'ai changé d'avis. Dites aux autres de retourner à leur poste.
L'homme sort mais immédiatement, un autre Fondateur le remplace.
- Quoi encore ? J'ai l'impression d'être dans un moulin ! râle le maître.
- Des araignées géantes viennent d'être abattues dans la Base-Noyau. Elles s'en sont prises à nos hommes. Heureusement, il n'y a aucun blessé mais...
- Voilà autre chose... C'est une blague ? intervient l'androgyne.
- Non, colonel Melvis. Elles mesurent bien deux mètres de diamètre mais elles parviennent à se faufiler sous la clôture électrique. Elle est normalement prévue pour les dinosaures, qui sont plus hauts que larges.
- Votre mission devra attendre la résolution de ce problème, colonel... dit le seigneur Frégast, qui est déçu de la tournure prise par les événements. Vous embarquez immédiatement pour vous occuper des araignées, puis vous attendrez mes ordres.
- Compris, monseigneur, répond l'androgyne, qui s'en va, ravi de bientôt avoir l'opportunité de prendre sa revanche sur Anthony Fournier.
Richard sort à sa suite, soulagé que le climat général se soit globalement apaisé. Il ne tient pas à s'attarder auprès de son seigneur, car il a fait preuve d'insolence. Il sait qu'il pourrait bien le payer très cher, il préfère donc attendre quelques heures dehors, le temps que le maître oublie un peu.
Une fois seul, le seigneur fou semble retrouver plus de calme.
- Tout est presque réglé... J'aurai bientôt ta dernière partie. Prépare-toi à honorer ta dette, comme tu me l'as promis, dit-il, à l'entité morcelée dont il sent la présence torturée dans son esprit depuis maintenant des années, depuis qu'elle a dévoré sa raison.
Hangar de Lille, quelques heures plus tard.
Richard est satisfait et il s'apprête à retourner sur Sterrn pour apporter de bonnes nouvelles à son maître. Il s'est emparé de la bague de Rodolphe sans lui faire de mal. Cela n'a pas été nécessaire et quoi qu'on en dise, Richard n'est pas un tueur.
Malgré cela, Richard a quelques appréhensions. Il ne peut cacher sa découverte concernant Anthony et la seconde bague, car son conditionnement s'y oppose formellement. Cependant, il est probable que, emporté par la passion, son maître cesse d'agir de façon raisonnable (toute proportion gardée) lorsqu'il apprendra le sort du joyau. Il pourrait bien commettre des erreurs coûteuses en vies humaines et le serviteur n'aime pas cette idée.
Résigné, il rassemble la totalité des hommes du hangar, avant d'ouvrir un passage, destination Sterrn. Il prend soin d'emporter la complexe machine avec lui.
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Valtunin, Tour Noire. Dès le lendemain.
Le seigneur Frégast est fébrile car il s'apprête à recevoir Richard. Il tente de se calmer mais sans grand succès. L'idée même d'entrer enfin en possession de la bague de son ancêtre le rend incontrôlable et euphorique. Il fait nerveusement les cent pas dans la salle du Conseil, lorsque Richard arrive dans la pièce.
- Alors ?
- Je l'ai, monseigneur ! Informe Richard, en tendant le bras.
Le maître fond sur lui, comme un animal en pleine charge, avant de lui arracher le joyau des mains. Il le contemple pendant de longs instants, en tremblant de tous ses membres. S'il disposait encore d'un corps humain, il verserait sans doute une larme de joie.
Le joyau maudit, une magnifique bague d'or dans laquelle est serti un cristal sombre, est enfin entre ses mains...
- Après toutes ces années... Je t'ai enfin retrouvé ! Enfin ! Bientôt, tu seras complet et tu pourras devenir moi, pour payer ta dette ! Explose le seigneur Frégast, qui laisse éclater toute sa joie et répète quelques phrases incohérentes, en effectuant de grands gestes brutaux.
- Monseigneur, calmez-vous... Je m'inquiète beaucoup pour vous... bredouille Richard, qui prend peur devant cette crise.
Pour seule réponse, le maître l'attrape par le col, avant de le balancer à travers la pièce, à la fois furieux, joyeux et surtout instable.
- Silence, imbécile ! Bien que je la désirais ardemment, elle appartenait à Rodolphe. Tu as retrouvé sa trace et j'en suis très satisfait mais... OÙ EST L'AUTRE ?
Richard déglutit. Il n'aime pas du tout les accès de folie de son maître, bien que cela ce soit mieux passé que ce qu'il craignait.
- Monseigneur, là-dessus nous avons un problème...
- Ne tourne pas autour du pot et parle ! Je veux cette bague, tu m'entends ? Je veux qu'elle paye sa dette envers moi !
- Anthony Fournier l'a volé à votre frère ! Avoue Richard, à toute vitesse.
- MAUDIT SOIT-IL ! rugit-il, en claquant avec force son serviteur contre un mur.
Il se saisit d'une radio à ondes courtes et commence à beugler ses ordres.
- Ici votre seigneur ! Que tout le personnel non nécessaire ici se prépare pour rentrer à la Base-Noyau ! J'ai une mission importante à vous confier ! Soyez prêts avant une demi-heure ! Frégast, terminé !
- Monseigneur... implore Richard, toujours à terre. Je vous en conjure, écoutez-moi. Ces bagues dont vous venez de retrouver la trace vous aveuglent. Restons mesurés dans nos actions, ou tout ce que nous avons construit ici risque de s'écrouler... Laissez-moi m'occuper de la bague d'Anthony, je peux régler ça... demande Richard, en se massant l'arrière du crâne.
- Certainement pas ! tonne une voix, qui à la surprise de Richard n'est pas celle de son seigneur.
Il s'agit du colonel Melvis, qui n'est nullement impressionné par l'accès de folie de son hôte.
- Monseigneur, salue le nouveau venu, en s'inclinant respectueusement.
- Qu'est-il arrivé à vos troupes ? Je n'ai pas eu la moindre nouvelle ! questionne le seigneur Frégast, toujours bien agité.
- Décimées par Anthony Fournier. Il commande les sauvages et je n'ai moi-même échappé à la mort que par un pur miracle. J'ai été récupéré par hélicoptère et je suis venu vous informer dès que possible.
- ENCORE LUI ? C'est impossible ! Comment est-il revenu dans ce monde ? explose-il, de plus en plus contrarié.
- Je ne le sais pas, monseigneur mais je brûle de lui faire payer son affront et n'attends qu'un ordre de votre part pour me mettre à ses trousses.
- Avait-il une bague d'argent à la main ?
- Il me semble, monseigneur.
- Très bien. Capturez-le et ramenez-le VIVANT, ou vous en subirez les conséquences. Elles seront très désagréables, vous pouvez demander à Richard ! menace Frégast, alors que le visage de son bras droit se crispe dans une expression d'extrême terreur.
- Bien, monseigneur. Je pense qu'il se terre dans le village non loin de la base.
- Rasez-le. Brûlez tout.
- Monseigneur ! Nous sommes prêts à partir pour la base, les interrompt un homme de petite taille, qui entre sans y avoir été invité.
- J'ai changé d'avis. Dites aux autres de retourner à leur poste.
L'homme sort mais immédiatement, un autre Fondateur le remplace.
- Quoi encore ? J'ai l'impression d'être dans un moulin ! râle le maître.
- Des araignées géantes viennent d'être abattues dans la Base-Noyau. Elles s'en sont prises à nos hommes. Heureusement, il n'y a aucun blessé mais...
- Voilà autre chose... C'est une blague ? intervient l'androgyne.
- Non, colonel Melvis. Elles mesurent bien deux mètres de diamètre mais elles parviennent à se faufiler sous la clôture électrique. Elle est normalement prévue pour les dinosaures, qui sont plus hauts que larges.
- Votre mission devra attendre la résolution de ce problème, colonel... dit le seigneur Frégast, qui est déçu de la tournure prise par les événements. Vous embarquez immédiatement pour vous occuper des araignées, puis vous attendrez mes ordres.
- Compris, monseigneur, répond l'androgyne, qui s'en va, ravi de bientôt avoir l'opportunité de prendre sa revanche sur Anthony Fournier.
Richard sort à sa suite, soulagé que le climat général se soit globalement apaisé. Il ne tient pas à s'attarder auprès de son seigneur, car il a fait preuve d'insolence. Il sait qu'il pourrait bien le payer très cher, il préfère donc attendre quelques heures dehors, le temps que le maître oublie un peu.
Une fois seul, le seigneur fou semble retrouver plus de calme.
- Tout est presque réglé... J'aurai bientôt ta dernière partie. Prépare-toi à honorer ta dette, comme tu me l'as promis, dit-il, à l'entité morcelée dont il sent la présence torturée dans son esprit depuis maintenant des années, depuis qu'elle a dévoré sa raison.