Hameau de Talbyn
Chapitre 19
Talbyn.
Nurmiyax, toujours aux commandes du corps de son porteur, vient d'atteindre le village. Il est arrivé à dos de dinosaure mais il a préféré relâcher sa monture pour ne pas attirer l'attention.
Il est accueilli avec une courtoisie mêlée de méfiance, car les villageois ne sont pas habitués aux yeux marron typiquement Terriens.
Très vite, il use de son don psychique pour les manipuler, il tient à ce qu'on lui fiche la paix.
En se dirigeant vers l'auberge, Nurmiyax étend sa conscience pour faire un repérage des environs. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il ressent la présence d'un cristal gigantesque, sûrement de plusieurs mètres de haut, ainsi que quelques centaines de consciences valvor en sommeil. Nurmiyax en conclu qu'une base souterraine valvor datant de l'époque de la guérilla de Grohen se trouve juste sous le village. Ces imbéciles d'humains ont bâti leur village sur une base du Chaos ! C'est presque trop beau pour être vrai !
Un sourire mauvais se forme sur son visage. Nurmiyax change son projet de fuite et pénètre sans s'annoncer dans une maison.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faites là ?
Le valvor regarde avec mépris ce père de famille qui l'apostrophe de pareille façon, avant que son sourire ne s'élargisse. Il compte huit personnes attablées, c'est plus que ce qu'il espérait.
- Silence, vermine ! Je suis votre nouveau maître !
La tablée reste stoïque un instant, jusqu'à ce que Nurmiyax force leurs esprits et leur impose une domination totale. Il n'est pas assez fort pour réussir seul un tel miracle mais connecté mentalement au cristal, sa puissance est démultipliée.
- Allez chercher des outils et creusez dans cette maison. Tout de suite ! ordonne-il quand les humains semblent être entrés dans une sorte de transe hypnotique.
La famille se lève et exécute les ordres. Leurs mouvements sont lents et grossiers, comme s'ils étaient dépossédés de toute volonté propre.
- Je vais sortir cet avant-poste valvor de son sommeil, il m'appartient, désormais... Cet endroit doit avoir un nom... Nurmila... murmure le valvor, plein de projets pour un avenir proche.
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Valtunin, dans la Tour Noire.
L'imposant bâtiment est désormais sous la garde de la Fondation, qui domine la grande cité, qui n'oppose plus qu'une résistance passive.
Les Éclairs de la Nuit ont été littéralement anéantis. Beaucoup sont tombés au combat, aussi bien contre les envahisseurs que face aux araignées sauvages. Les autres se sont dispersées partout dans le monde, sous l'influence de très vieux Daukns valvors.
Non loin du cachot de Grohen, le dernier prophète du Chaos, une grande silhouette encapuchonnée s'approche, escortée par deux gardes. L'un d'entre eux n'est autre qu'Adrien Hube.
- Laissez-moi seul, ordonne le seigneur Frégast, une fois devant la cellule.
- Bien, monseigneur.
Grohen ne le regarde même pas car malgré sa taille impressionnante, il sait que son hôte n'est qu'un humain.
Le chef de la Fondation vient se placer devant les barreaux et attend une réaction du captif, qui n'en a pas.
Ce dernier ne sait pas sur quel pied danser, car bien qu'indubitablement humain, l'esprit du seigneur Frégast est trop étrange pour que ses pouvoirs psychique soient vraiment efficaces. Il semble être rongé par quelque chose qui le dépasse. De plus, la fameuse couche d'acier du scaphandre filtre considérablement la puissance mentale du valvor, qui ne peut rien apprendre du maître par ce biais.
- Allez-vous-en, dit simplement Grohen, vraiment frustré par cet état de fait.
- Je ne crois pas... J'ai quelque chose à vous proposer. J'ai beaucoup entendu parler de vous...
- Je suis assez connu, vous m'avez aucun mérite, raille Grohen.
Le maître ne relève pas et commence à faire les cent pas autour de la cage du prisonnier. Ce dernier aurait l'air parfaitement ridicule, s'il cédait à la tentation de suivre ses mouvements de la tête, c'est pour cette raison qu'il reste parfaitement immobile. Cette fois, c'est le seigneur Frégast qui est frustré, ne pouvant pas s'en amuser.
- Je viens d'un autre monde. J'ai conquis cette cité et plusieurs autres régions de Sterrn... Quand tous les endroits qui m'intéressent ici seront en ma possession, je partirais à la conquête de mon propre monde. Pendant ce temps, vous pourriez vous occuper de celui-ci pour moi... Je suis en mesure d'armer vos troupes. Ralliez-vous à moi. La nourriture, la richesse et le sang de vos ennemis couleront à flots ! Nous avons des intérêts communs, non ?
- COMMENT OSEZ-VOUS ? Les valvors ne se résument pas à ça, vous êtes d'une prétention immense ! Nous sommes une race dominante, jamais nous ne servirons un humain, fut-il plus grand et plus fort que tous les autres ! Partez, maintenant.
Le seigneur Frégast s'arrête et se rapproche du captif. Il est maintenant dangereusement proche du valvor.
- Je ne suis plus un humain, désormais. Je suis bien plus que ça. Et dans peu de temps, grâce à la découverte de cristaux appelés « Daukns », je serais aussi immortel que vous.
- Partez, ou je vous attaquerai ! menace Grohen.
- Vous ne savez même pas ce que je suis... souffle le maître, moqueur, en ôtant sa capuche.
Grohen tombe un moment en arrêt devant ce visage robotique mais il se reprend promptement.
- Je ne vous aiderai pas. Il n'y a qu'un seul seigneur du monde et c'est Morgal ! Vous autres humains ne comprendrez jamais rien. Allez-vous-en !
- Vous me décevez énormément... J'avais placé beaucoup d'espoir en vous.
Le maître quitte la prison, laissant un Grohen pensif, bien qu'inflexible sur sa décision. Ce refus n'est en soi pas très important, avoir les valvor dans son camp n'aurait été qu'un gadget de plus dans sa manche. Malgré tout, le seigneur Frégast sort de cette entrevue légèrement blessé dans son orgueil.