Chapitre 15
- Des consciences s'éveillent ! Elles ont été alertées par le bruit. Je ne sais pas ce que c'est mais elles sont très affamées ! avertit Mévik, le jeune garde, depuis le Daukn de Xini.
- Je ne connais que deux espèces capables de sommeiller pendant des millénaires : les araignées et les valvors ! s'exclame Shyna.
La réponse ne tarde pas, car le bruit caractéristique de cliquetis signale une approche désorganisée d'araignées géantes. Elles viennent de sortir de leur longue léthargie et ne sont heureusement pas très coordonnées. Mais leur nombre les rend tout de même très dangereuses.
- Un peu d'action, enfin ! sourit Xini, avant de se jeter à corps perdu dans la bataille, armé de deux sabres.
- Suis-moi, nous ne pourrons pas toutes les tuer ! Essayons de rejoindre la porte ! recommande la déesse.
Si au début, se frayer un chemin à travers la vermine est un jeu d'enfant, par la suite, les monstres à huit pattes arrivent de plus en plus nombreux. La seule chose qui permet aux amants de ne pas finir submergés est la tendance qu'ont les arachnides à se nourrir des cadavres de leurs congénères au fur et à mesure... Elles ont dû être privées de nourriture depuis très longtemps et ce buffet improvisé est une véritable aubaine.
La déesse combat à l'aide de ses dagues mais aussi grâce son don mental, qu'elle utilise pour retourner l'agressivité de certaines araignées contre les autres, de préférence les plus grosses.
- J'ai une idée ! s'exclame Xinizyam, avec un franc sourire sur les lèvres.
Il tournoie sur lui-même, ses deux armes en mains, avant de sortir une sphère de verre de couleur jaunâtre d'une poche de sa veste. À sa seule vue, Shyna bondit en avant, n'hésitant pas pour cela, à piétiner une araignée bien plus grande qu'elle.
Le guerrier lance la boule en l'air, avant de courir rejoindre sa dulcinée. S'il tue quelques arachnides au passage, c'est cette fois-ci dans l'unique but de fuir et non pour donner la mort.
Lorsque la sphère de verre touche le sol, une tonitruante explosion anéantit une bonne partie du troupeau de monstres velus présents.
Une très large majorité d'arachnides, alléchée par l'odeur du sang et de cette nourriture facile, abandonne la poursuite pour s'adonner à un festin cannibale. Celles qui se dressent encore entre Shyna et la porte ne survivent pas longtemps.
Trempés par la sueur, ils atteignent enfin la porte luminescente et se hâtent de l'ouvrir pour se mettre à l'abri. Lorsque la porte de cet enfer est de nouveau close, le couple s'écroule, haletant.
Ils sont maintenant dans une salle aux dimensions normales, au centre de laquelle trône une stèle de granit, ornée d'un cristal de Daukn de la taille d'un ongle.
- Pas étonnant que personne n'ait survécu à ce lieu... commente Mévik.
Avant que la déesse ne lui réponde, un fracas assourdissant retentit. Un fort débit d'eau qui pénètre la pièce par l'énorme trou situé au plafond, vient l'inonder de plus en plus rapidement.
Aqwamil.
- Qu'est-ce qui se passe encore ? hurle Xinizyam, qui se redresse. L'eau lui mouille déjà les chevilles...
- Les portes sont verrouillées ! Il y a forcément une solution ! Deloraï n'est pas un tueur !
- Ah ? tu trouves ?
La déesse se précipite vers la grande stèle de pierre. Celle-ci est ornée d'un cristal de Daukn, bien qu'il soit trop petit pour contenir un esprit entier.
- Il y a une inscription ! Dans la langue neldarde... commence Shyna, qui se souvient que Deloray a grandi dans la montagne.
- Lis ! On n'a pas toute la journée ! ordonne Xinizyam, maintenant que l'eau lui arrive jusqu'aux mollets.
- Il est écrit « L'entendre, la voir, la sentir, la toucher ou la goûter, est impossible, bien qu'elle inspire aux hommes une crainte aussi vieille que le monde. Pensez la réponse en fixant le cristal pour survivre. »[/i]
- On est mal ! on est mal ! commente le guerrier.
L'eau monte encore, jusqu'aux cuisses de la déesse et les trois protagonistes se cassent la tête en tentant de résoudre cette énigme délicate.
- J'ai une idée ! Ça ne pourrait pas être l'air ? demande Mévik...
- L'air, on peut le sentir quand il pue, ça ne marche pas ! objecte Xini.
- Ça ne coûte rien d'essayer ! reprend la déesse, avant de connecter son esprit au grand cristal, pour y soumettre la réponse.
Un instant plus tard, il est évident que cette réponse est erronée : le débit a doublé et le niveau de l'eau atteint le nombril de la déesse.
- Mon œil, ouais ! peste Xini.
- Mais tais-toi et cherche ! T'es énervant ! le réprimande Shyna.
Pendant qu'ils se creusent les méninges pour vivre, l'eau continue de monter, au point que le couple perd pied.
- Je ne trouve pas ! panique Mévik.
- Je sais ! C'est le vide ! suppose Shyna.
- Depuis quand ça fait peur ? souligne Xini.
- Va savoir, cette énigme date...
- C'est complètement idiot. Essaie plutôt la mort.
- Pas bête... répond la déesse, en se reconnectant mentalement à la stèle.
Mais la réponse attendue n'est toujours pas celle-ci et une grande quantité de liquide se déverse à nouveau dans la pièce. Il ne reste que quelques centimètres d'air et Shyna constate avec horreur qu'une grille les empêche de s'échapper par le trou d'où vient le danger.
- Bon, j'en sais rien ! dit-elle. À toi d'essayer !
- Je suis un guerrier ! Fais plutôt appel à moi quand il faut raccourcir un ennemi d'une tête au niveau du cou !
La déesse aurait voulu éclater de rire devant cette répartie inattendue mais l'eau remplit maintenant l'intégralité de la pièce. C'en est fini d'eux. Dans une dernière expiration, Shyna étend sa conscience afin d'accueillir Mévik dans son esprit. Elle ne veut pas qu'il subsiste en tant que Daukn. Des siècles, voire des millénaires de solitude dans cet endroit ignoble lui feraient perdre la raison.
Lorsqu'il comprend les intentions de sa déesse, le jeune garde lui envoie toute sa gratitude, avant de se préparer à la mort.
C'est fait, Shyna peut maintenant mourir en paix. D'ailleurs elle sent l'eau s'infiltrer en elle par sa bouche. Sa conscience vacille déjà, sa vision se fait trouble, laissant place à une obscurité naissante...
Obscurité ?
Sans perdre la moindre parcelle du peu de temps qu'il lui reste, Shyna déploie de nouveau sa conscience, pour soumettre cette ultime révélation à la stèle. Avant de sombrer dans l'inconscience, elle est soulagée de sentir l'eau se retirer brutalement.
- Des consciences s'éveillent ! Elles ont été alertées par le bruit. Je ne sais pas ce que c'est mais elles sont très affamées ! avertit Mévik, le jeune garde, depuis le Daukn de Xini.
- Je ne connais que deux espèces capables de sommeiller pendant des millénaires : les araignées et les valvors ! s'exclame Shyna.
La réponse ne tarde pas, car le bruit caractéristique de cliquetis signale une approche désorganisée d'araignées géantes. Elles viennent de sortir de leur longue léthargie et ne sont heureusement pas très coordonnées. Mais leur nombre les rend tout de même très dangereuses.
- Un peu d'action, enfin ! sourit Xini, avant de se jeter à corps perdu dans la bataille, armé de deux sabres.
- Suis-moi, nous ne pourrons pas toutes les tuer ! Essayons de rejoindre la porte ! recommande la déesse.
Si au début, se frayer un chemin à travers la vermine est un jeu d'enfant, par la suite, les monstres à huit pattes arrivent de plus en plus nombreux. La seule chose qui permet aux amants de ne pas finir submergés est la tendance qu'ont les arachnides à se nourrir des cadavres de leurs congénères au fur et à mesure... Elles ont dû être privées de nourriture depuis très longtemps et ce buffet improvisé est une véritable aubaine.
La déesse combat à l'aide de ses dagues mais aussi grâce son don mental, qu'elle utilise pour retourner l'agressivité de certaines araignées contre les autres, de préférence les plus grosses.
- J'ai une idée ! s'exclame Xinizyam, avec un franc sourire sur les lèvres.
Il tournoie sur lui-même, ses deux armes en mains, avant de sortir une sphère de verre de couleur jaunâtre d'une poche de sa veste. À sa seule vue, Shyna bondit en avant, n'hésitant pas pour cela, à piétiner une araignée bien plus grande qu'elle.
Le guerrier lance la boule en l'air, avant de courir rejoindre sa dulcinée. S'il tue quelques arachnides au passage, c'est cette fois-ci dans l'unique but de fuir et non pour donner la mort.
Lorsque la sphère de verre touche le sol, une tonitruante explosion anéantit une bonne partie du troupeau de monstres velus présents.
Une très large majorité d'arachnides, alléchée par l'odeur du sang et de cette nourriture facile, abandonne la poursuite pour s'adonner à un festin cannibale. Celles qui se dressent encore entre Shyna et la porte ne survivent pas longtemps.
Trempés par la sueur, ils atteignent enfin la porte luminescente et se hâtent de l'ouvrir pour se mettre à l'abri. Lorsque la porte de cet enfer est de nouveau close, le couple s'écroule, haletant.
Ils sont maintenant dans une salle aux dimensions normales, au centre de laquelle trône une stèle de granit, ornée d'un cristal de Daukn de la taille d'un ongle.
- Pas étonnant que personne n'ait survécu à ce lieu... commente Mévik.
Avant que la déesse ne lui réponde, un fracas assourdissant retentit. Un fort débit d'eau qui pénètre la pièce par l'énorme trou situé au plafond, vient l'inonder de plus en plus rapidement.
Aqwamil.
- Qu'est-ce qui se passe encore ? hurle Xinizyam, qui se redresse. L'eau lui mouille déjà les chevilles...
- Les portes sont verrouillées ! Il y a forcément une solution ! Deloraï n'est pas un tueur !
- Ah ? tu trouves ?
La déesse se précipite vers la grande stèle de pierre. Celle-ci est ornée d'un cristal de Daukn, bien qu'il soit trop petit pour contenir un esprit entier.
- Il y a une inscription ! Dans la langue neldarde... commence Shyna, qui se souvient que Deloray a grandi dans la montagne.
- Lis ! On n'a pas toute la journée ! ordonne Xinizyam, maintenant que l'eau lui arrive jusqu'aux mollets.
- Il est écrit « L'entendre, la voir, la sentir, la toucher ou la goûter, est impossible, bien qu'elle inspire aux hommes une crainte aussi vieille que le monde. Pensez la réponse en fixant le cristal pour survivre. »[/i]
- On est mal ! on est mal ! commente le guerrier.
L'eau monte encore, jusqu'aux cuisses de la déesse et les trois protagonistes se cassent la tête en tentant de résoudre cette énigme délicate.
- J'ai une idée ! Ça ne pourrait pas être l'air ? demande Mévik...
- L'air, on peut le sentir quand il pue, ça ne marche pas ! objecte Xini.
- Ça ne coûte rien d'essayer ! reprend la déesse, avant de connecter son esprit au grand cristal, pour y soumettre la réponse.
Un instant plus tard, il est évident que cette réponse est erronée : le débit a doublé et le niveau de l'eau atteint le nombril de la déesse.
- Mon œil, ouais ! peste Xini.
- Mais tais-toi et cherche ! T'es énervant ! le réprimande Shyna.
Pendant qu'ils se creusent les méninges pour vivre, l'eau continue de monter, au point que le couple perd pied.
- Je ne trouve pas ! panique Mévik.
- Je sais ! C'est le vide ! suppose Shyna.
- Depuis quand ça fait peur ? souligne Xini.
- Va savoir, cette énigme date...
- C'est complètement idiot. Essaie plutôt la mort.
- Pas bête... répond la déesse, en se reconnectant mentalement à la stèle.
Mais la réponse attendue n'est toujours pas celle-ci et une grande quantité de liquide se déverse à nouveau dans la pièce. Il ne reste que quelques centimètres d'air et Shyna constate avec horreur qu'une grille les empêche de s'échapper par le trou d'où vient le danger.
- Bon, j'en sais rien ! dit-elle. À toi d'essayer !
- Je suis un guerrier ! Fais plutôt appel à moi quand il faut raccourcir un ennemi d'une tête au niveau du cou !
La déesse aurait voulu éclater de rire devant cette répartie inattendue mais l'eau remplit maintenant l'intégralité de la pièce. C'en est fini d'eux. Dans une dernière expiration, Shyna étend sa conscience afin d'accueillir Mévik dans son esprit. Elle ne veut pas qu'il subsiste en tant que Daukn. Des siècles, voire des millénaires de solitude dans cet endroit ignoble lui feraient perdre la raison.
Lorsqu'il comprend les intentions de sa déesse, le jeune garde lui envoie toute sa gratitude, avant de se préparer à la mort.
C'est fait, Shyna peut maintenant mourir en paix. D'ailleurs elle sent l'eau s'infiltrer en elle par sa bouche. Sa conscience vacille déjà, sa vision se fait trouble, laissant place à une obscurité naissante...
Obscurité ?
Sans perdre la moindre parcelle du peu de temps qu'il lui reste, Shyna déploie de nouveau sa conscience, pour soumettre cette ultime révélation à la stèle. Avant de sombrer dans l'inconscience, elle est soulagée de sentir l'eau se retirer brutalement.