Chapitre 14
Le lendemain, dans le village de Syl.
Jérémy n'a pas beaucoup dormi. Entre le banquet organisé pour leur retour et ses retrouvailles très... charnelles avec Gralik. L'autochtone a finalement survécu à sa dangereuse fuite de la Base-Noyau. Servir d'interprètes auprès d'Alison et Fiona, a également pris un temps considérable au groupe, car elles ne sont pas avares de questions. Sans surprise, la fille est davantage ouverte à la nouveauté.
Cette dernière a été agréablement surprise par le sens de l'hospitalité de ces gens et sa mère s'est montrée très inquiète lorsqu'elle a appris que la population locale est polythéiste et bisexuelle.
Elle avait encore espoir que son fils finisse par changer, puisqu'elle considère l'homosexualité comme une décision, une mauvaise. En tout cas, ce n'est pas ici qu'elle arrivera à ses fins. Il va lui falloir rapidement se faire une raison.
Elle pense aussi qu'il va être nécessaire d'encadrer tout particulièrement Alison, pour limiter l'influence que ces villageois au culte étrange pourraient avoir sur elle.
Autrement, l'ambiance du village est ces jours-ci pesante, un malaise est palpable : l'archonte Esso craint une attaque de la part du seigneur Frégast d'un jour à l'autre.
Le réseau de tunnels qui couvre presque toute la forêt est fort utile pour déployer des guetteurs afin d'anticiper l'arrivée de l'ennemi.
De plus, en cas d'attaque, c'est un atout capital, car il peut abriter toute la population de Syl. Cette solution du dernier recours a déjà été utilisée plusieurs fois lors de la guérilla de Grohen, un conflit séculaire qui ne s'est terminée qu'une cinquantaine d'années avant l'arrivée des Terriens.
De plus, les nouveaux arrivants s'inquiètent pour Justin et Anthony mais se rassurent mutuellement comme ils le peuvent. Après tout, ces jeunes ont affronté la mort de nombreuses fois, quelle forêt pourrait les arrêter ?
Élodie se renfrogne : le capitaine John se dirige dans sa direction et la femme ne l'apprécie pas vraiment. Il faut dire que le vieil homme est un peu inquiétant.
Il le devient encore davantage, lorsqu'il est pris de convulsions, à quelques pas d'elle. Une foule de villageois se presse autour de lui et Élodie constate qu'il n'est plus conscient. Après quelques tentatives de réanimation, les villageois s'interrogent fortement quant à son état. Son pouls est très faible, ce qui n'a rien d'encourageant.
- Ce n'est pas normal, commente la jeune femme. Je l'ai déjà vu faire des crises mais dès qu'il vomit, c'est normalement terminé...
- Mettons-le au lit et que quelqu'un aille chercher Vena. Elle saura quoi faire.
Alors que la foule s'occupe du malade, l'attention de la Terrienne est détournée par un homme en sueur qui vient de surgir d'une trappe, au beau milieu des ruines de la maison de l'archonte.
- Archonte ! Archonte ! appelle-il, pressé.
- Il est occupé, qu'est-ce que tu as vu ? demande Gwornal, le prophète du dieu-foudre.
- Onze hommes arrivent par la forêt ! Ils ne sont pas trop armés mais ils avancent vite et seront ici dans moins de quatre heures...
- On peut remercier nos ancêtres d'avoir creusé ce tunnel... Chasseurs ! Prenez vos arcs ! ordonne-il.
--- --- ---
Bibliothèque d'Aqwamil.
- Donc, vous êtes certaine de vouloir entrer ?
- Absolument ! Le sort du monde en dépend... répond Shyna.
Bien malgré lui, Mévik les interrompt d'un long bâillement et s'en trouve un peu gêné.
- Toi... je crois que tu n'as pas beaucoup dormi... devine la déesse.
- Pardonnez-moi, il s'agit seulement de ma seconde mission dangereuse. J'ai eu du mal à trouver le sommeil.
- Quelle était la première ?
- C'était avant d'entrer à votre service. Je devais m'infiltrer dans la Cité des Bannis pour capturer un homme, explique-il, pas peu fier.
- Celle-ci sera moins longue mais félicitations, survivre dans un tel endroit est tout sauf évident.
Le groupe s'avance vers la cave et ils descendent les premières marches de l'escalier millénaire. Arrivés en bas, une porte de cuivre se présente et Shyna préfère briefer ses compagnons.
- Étant la plus âgée, je dois vous avertir : les pièges, les poisons ainsi que les gardiens étaient très en vogue à l'époque et Deloray était ingénieux...
- Ayant plus d'expérience du combat, je vais t'emprunter ton corps, Mévik, si tu le veux bien... demande Xixizyan.
- Heu... c'est en effet préférable. Mais faites attention, j'y tiens...
- J'imagine ! rit Shyna.
- Écoute-moi bien Mévik, on ne va pas faire comme d'habitude...
- Comment ça ?
- Tu ne resteras pas dans ta tête au second plan, ton esprit ira dans mon Daukn, ainsi, tu seras en mesure de détecter les consciences des créatures gardiennes qu'on pourrait rencontrer... explique Xini.
- Ben... je veux bien mais je ne sais pas utiliser ce pouvoir...
- Je vais te transmettre quelques connaissances qui te le permettront, même si ça ne sera pas merveilleux.
Comme à son habitude, Mévik ferme les yeux. Contrairement aux autres fois, il sent son âme aspirée par le Daukn de Xinizyam, avant que ce dernier ne s'installe aux commandes du corps du garde. La première réaction de Xini est de se tourner vers son amour de déesse pour déposer un baiser sur ses lèvres. Mais là où Shyna se serait volontiers attardée, son amant rompt cet instant.
- Tu as eu ta dose, maintenant passons aux choses sérieuses : le combat ! lance-il, avec un petit sourire sadique.
- Tu ne changeras jamais... soupire-elle, faussement vexée.
Le guerrier pousse la lourde porte et observe le couloir descendant qui est révélé.
- Rien à signaler du côté des consciences, dit Mévik, plein de zèle.
- Vous ne trouvez pas ça bizarre, ces trois squelettes au même endroit ? Observe Xini.
- Oui, n'avancez pas, c'est sûrement un piège...
La déesse approche sa main, qui contient une boule de mousse blanchâtre, qu'elle stimule à l'aide de ses capacités psychique. La boule se met alors à irradier de lumière.
Elle constate la présence de pointes fléchées sur le sol et comprend qu'il s'agit d'un premier piège.
- Des fléchettes, elles sont probablement empoisonnées, car trop petites pour être mortelles...
- Et là, les fentes par lesquelles elles sont sorties, devine Xini, en fixant de petits trous sur le mur frontal.
- Vu la hauteur, il suffit de traverser en rampant...
Ils s'exécutent et la dalle émet un couinement, alors qu'une ligne de fléchettes vient s'écraser contre la porte de cuivre.
Prudents, les amants effectuent le reste du chemin couchés. L'idée est judicieuse, car une nouvelle rafale est tirée lorsqu'ils atteignent une autre dalle piégée.
Une fois arrivés, le couloir tourne à quatre-vingt-dix degrés, il est toujours descendant. Une autre porte se présente, plus épaisse que la précédente.
Shyna la franchi sans se poser de question, suivie par son compagnon. Mais une fois passée, la porte se referme brutalement et Xini serre les dents : il n'y a aucune poignée ni serrure de ce côté. Ils sont coincés dans cette immense pièce sombre.
Le lendemain, dans le village de Syl.
Jérémy n'a pas beaucoup dormi. Entre le banquet organisé pour leur retour et ses retrouvailles très... charnelles avec Gralik. L'autochtone a finalement survécu à sa dangereuse fuite de la Base-Noyau. Servir d'interprètes auprès d'Alison et Fiona, a également pris un temps considérable au groupe, car elles ne sont pas avares de questions. Sans surprise, la fille est davantage ouverte à la nouveauté.
Cette dernière a été agréablement surprise par le sens de l'hospitalité de ces gens et sa mère s'est montrée très inquiète lorsqu'elle a appris que la population locale est polythéiste et bisexuelle.
Elle avait encore espoir que son fils finisse par changer, puisqu'elle considère l'homosexualité comme une décision, une mauvaise. En tout cas, ce n'est pas ici qu'elle arrivera à ses fins. Il va lui falloir rapidement se faire une raison.
Elle pense aussi qu'il va être nécessaire d'encadrer tout particulièrement Alison, pour limiter l'influence que ces villageois au culte étrange pourraient avoir sur elle.
Autrement, l'ambiance du village est ces jours-ci pesante, un malaise est palpable : l'archonte Esso craint une attaque de la part du seigneur Frégast d'un jour à l'autre.
Le réseau de tunnels qui couvre presque toute la forêt est fort utile pour déployer des guetteurs afin d'anticiper l'arrivée de l'ennemi.
De plus, en cas d'attaque, c'est un atout capital, car il peut abriter toute la population de Syl. Cette solution du dernier recours a déjà été utilisée plusieurs fois lors de la guérilla de Grohen, un conflit séculaire qui ne s'est terminée qu'une cinquantaine d'années avant l'arrivée des Terriens.
De plus, les nouveaux arrivants s'inquiètent pour Justin et Anthony mais se rassurent mutuellement comme ils le peuvent. Après tout, ces jeunes ont affronté la mort de nombreuses fois, quelle forêt pourrait les arrêter ?
Élodie se renfrogne : le capitaine John se dirige dans sa direction et la femme ne l'apprécie pas vraiment. Il faut dire que le vieil homme est un peu inquiétant.
Il le devient encore davantage, lorsqu'il est pris de convulsions, à quelques pas d'elle. Une foule de villageois se presse autour de lui et Élodie constate qu'il n'est plus conscient. Après quelques tentatives de réanimation, les villageois s'interrogent fortement quant à son état. Son pouls est très faible, ce qui n'a rien d'encourageant.
- Ce n'est pas normal, commente la jeune femme. Je l'ai déjà vu faire des crises mais dès qu'il vomit, c'est normalement terminé...
- Mettons-le au lit et que quelqu'un aille chercher Vena. Elle saura quoi faire.
Alors que la foule s'occupe du malade, l'attention de la Terrienne est détournée par un homme en sueur qui vient de surgir d'une trappe, au beau milieu des ruines de la maison de l'archonte.
- Archonte ! Archonte ! appelle-il, pressé.
- Il est occupé, qu'est-ce que tu as vu ? demande Gwornal, le prophète du dieu-foudre.
- Onze hommes arrivent par la forêt ! Ils ne sont pas trop armés mais ils avancent vite et seront ici dans moins de quatre heures...
- On peut remercier nos ancêtres d'avoir creusé ce tunnel... Chasseurs ! Prenez vos arcs ! ordonne-il.
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Bibliothèque d'Aqwamil.
- Donc, vous êtes certaine de vouloir entrer ?
- Absolument ! Le sort du monde en dépend... répond Shyna.
Bien malgré lui, Mévik les interrompt d'un long bâillement et s'en trouve un peu gêné.
- Toi... je crois que tu n'as pas beaucoup dormi... devine la déesse.
- Pardonnez-moi, il s'agit seulement de ma seconde mission dangereuse. J'ai eu du mal à trouver le sommeil.
- Quelle était la première ?
- C'était avant d'entrer à votre service. Je devais m'infiltrer dans la Cité des Bannis pour capturer un homme, explique-il, pas peu fier.
- Celle-ci sera moins longue mais félicitations, survivre dans un tel endroit est tout sauf évident.
Le groupe s'avance vers la cave et ils descendent les premières marches de l'escalier millénaire. Arrivés en bas, une porte de cuivre se présente et Shyna préfère briefer ses compagnons.
- Étant la plus âgée, je dois vous avertir : les pièges, les poisons ainsi que les gardiens étaient très en vogue à l'époque et Deloray était ingénieux...
- Ayant plus d'expérience du combat, je vais t'emprunter ton corps, Mévik, si tu le veux bien... demande Xixizyan.
- Heu... c'est en effet préférable. Mais faites attention, j'y tiens...
- J'imagine ! rit Shyna.
- Écoute-moi bien Mévik, on ne va pas faire comme d'habitude...
- Comment ça ?
- Tu ne resteras pas dans ta tête au second plan, ton esprit ira dans mon Daukn, ainsi, tu seras en mesure de détecter les consciences des créatures gardiennes qu'on pourrait rencontrer... explique Xini.
- Ben... je veux bien mais je ne sais pas utiliser ce pouvoir...
- Je vais te transmettre quelques connaissances qui te le permettront, même si ça ne sera pas merveilleux.
Comme à son habitude, Mévik ferme les yeux. Contrairement aux autres fois, il sent son âme aspirée par le Daukn de Xinizyam, avant que ce dernier ne s'installe aux commandes du corps du garde. La première réaction de Xini est de se tourner vers son amour de déesse pour déposer un baiser sur ses lèvres. Mais là où Shyna se serait volontiers attardée, son amant rompt cet instant.
- Tu as eu ta dose, maintenant passons aux choses sérieuses : le combat ! lance-il, avec un petit sourire sadique.
- Tu ne changeras jamais... soupire-elle, faussement vexée.
Le guerrier pousse la lourde porte et observe le couloir descendant qui est révélé.
- Rien à signaler du côté des consciences, dit Mévik, plein de zèle.
- Vous ne trouvez pas ça bizarre, ces trois squelettes au même endroit ? Observe Xini.
- Oui, n'avancez pas, c'est sûrement un piège...
La déesse approche sa main, qui contient une boule de mousse blanchâtre, qu'elle stimule à l'aide de ses capacités psychique. La boule se met alors à irradier de lumière.
Elle constate la présence de pointes fléchées sur le sol et comprend qu'il s'agit d'un premier piège.
- Des fléchettes, elles sont probablement empoisonnées, car trop petites pour être mortelles...
- Et là, les fentes par lesquelles elles sont sorties, devine Xini, en fixant de petits trous sur le mur frontal.
- Vu la hauteur, il suffit de traverser en rampant...
Ils s'exécutent et la dalle émet un couinement, alors qu'une ligne de fléchettes vient s'écraser contre la porte de cuivre.
Prudents, les amants effectuent le reste du chemin couchés. L'idée est judicieuse, car une nouvelle rafale est tirée lorsqu'ils atteignent une autre dalle piégée.
Une fois arrivés, le couloir tourne à quatre-vingt-dix degrés, il est toujours descendant. Une autre porte se présente, plus épaisse que la précédente.
Shyna la franchi sans se poser de question, suivie par son compagnon. Mais une fois passée, la porte se referme brutalement et Xini serre les dents : il n'y a aucune poignée ni serrure de ce côté. Ils sont coincés dans cette immense pièce sombre.