Chapitre 13
Ce brusque accès de terreur semble le débloquer complètement et, avec une force dont il ne se serait jamais cru capable, il bondit sur la créature (qui s'avère être un vélociraptor) et l'égorge d'un geste.
Un concert de grognements s'élève de la forêt et d'autres dinosaures sortent de toutes parts.
Plus l'angoisse de Justin augmente, plus Nurmiyax se fait insistant et malmène les défenses de son esprit, déjà mises à mal par la situation.
Encore lucide, Justin fait de son mieux pour le repousser mais la fourberie du valvor est sans borne : il agit sur son psychisme pour augmenter sa peur et lui faire perdre ses moyens face à la meute en furie.
Ainsi, lorsque deux monstres écailleux bondissent, griffes en avant sur Justin, ce dernier, sous le coup de la panique, lâche prise un court instant.
Le valvor ne perd pas un instant et s'engouffre par cette porte ouverte. La conscience de Justin est brutalement projetée en arrière, alors que Nurmiyax prend les devants.
D'une volonté de fer, Nurmiyax, qui contrôle maintenant le corps de Justin, saute en arrière pour mieux prendre de l'élan. Il observe rapidement ses adversaires, avant de les charger. Les dinosaures sont très surpris du changement d'attitude de leur proie.
Ils ne restent pas très longtemps étonnés, car l'instant d'après, leurs corps gisent aux pieds du valvor maintenant libre.
Ce dernier s'empresse d'étendre sa conscience pour toucher celles du reste de la meute. En manipulant leurs instincts, il accroît leur peur, jusqu'à ce que les vélociraptors, pris d'une innommable terreur, prennent la fuite.
Une fois débarrassé d'eux, Nurmiyax laisse enfin éclater toute sa joie.
- Hourra !! Je suis libre !
Il s'assied et rit des demandes polies de Justin, qui souhaite récupérer le contrôle de son corps.
D'une pensée, il fait taire la petite voix de son hôte qui résonne au fond de lui et se met à réfléchir. Où aller ? Certainement pas à Syl, ce serait trop dangereux. Il ne sait pas suffisamment se comporter en tant qu'humain pour être assez convainquant dans ce rôle.
Talbyn lui semble être une bonne destination... Il s'agit d'un village plus petit que Syl et également plus récent. Le valvor le sait, grâce à une brève incursion antérieure dans les pensées d'Evran, qui connait beaucoup de choses.
Il se met en marche, en brandissant son épée couverte de sang, un sourire aux lèvres. Il atteindra le village dans environ trois jours, si tout va bien.
--- --- ---
A l'entrée de la bibliothèque de la grande cité d'Aqwamil.
La déesse Shyna avance vers le responsable de l'antique bâtiment. Il fait nuit et la bibliothèque est normalement fermée. Elle est vêtue d'une cape, dont la capuche masque partiellement son visage.
- Désolé mais c'est fermé pour aujourd'hui. Revenez demain s'il vous plaît...
- Ça tombe bien, nous serons plus tranquilles.
- Madame, vous n'avez pas compris, je vais fermer...
- Je suis Shyna, annonce-elle, en jetant sa capuche en arrière, d'un mouvement de tête.
Le bibliothécaire écarquille les yeux et reste un moment médusé avant de finalement faire une révérence.
- Déesse Shyna ! Que faites-vous donc si loin de votre demeure ?
- Allons, relevez-vous et laissez-moi entrer. J'ai besoin de votre aide.
Fébrile, l'homme se hâte dans le bâtiment et invite Shyna et son garde du corps à entrer, le plus courtoisement possible.
- Vous dites avoir besoin de mon aide, sachez que ce serait un honneur de vous l'apporter, oh oui... Mais vraiment, je ne vois pas ce qui vous amène, chère déesse...
- Avez-vous entendu parler de ces hommes venus d'un autre monde qui se sont emparés de quelques une de nos cités ?
- Oh, bien sûr ! On ne parle plus que de ça, ces derniers temps ! Mais n'ayez crainte, aucun de ces conquérants ne pénétrera vivant dans notre cité. Elle demeurera indépendante et libre ! lance l'homme, sûr de lui.
- Je n'en doute pas... le coupe Shyna. Mais ce qui me dérange le plus n'est pas là...
- Ah oui ? parce que...
- Arrêtez de lui couper la parole, bon sang ! s'énerve Xinizyam.
En constatant que cette voix (ou plutôt cette pensée) provient de la dague de Shyna, fixée à sa ceinture, le bibliothécaire se calme très rapidement. La réputation du seigneur Xinizyam n'est plus à faire. S'il est un grand guerrier, il n'en est pas moins connu pour son caractère difficile.
- Bon, reprend la déesse, je disais qu'ouvrir des failles comme ces gens le font est dangereux, car le voile entre les mondes s'altère progressivement. Si ce déséquilibre se prolonge, il risque d'exposer Sterrn à la pire menace qui soit : Le Mal.
- Oh... J'ai lu d'anciennes légendes à propos du Mal, il s'agit des créatures qui ont vaincu les Dragons... Mais comment est-il possible qu'il puisse revenir sur Sterrn ? Il n'était pas bloqué dans un monde isolé ? demande l'homme, atterré par de telles révélations.
- Si mais à chaque fois que quelqu'un ouvre un passage, cela déstabilise le voile. Au bout d'un moment, les passages n'atteindront plus leur destination prévue mais risquent d'aboutir sur le monde du Mal... Je dois trouver le Dragon pour l'avertir de ce qui se trame ici. Lui seul est en mesure d'éviter un nouveau cataclysme comme celui qui a failli plonger Sterrn dans les ténèbres.
- Le Dragon ? Mais personne ne sait où il se trouve ! Ses prophètes eux-mêmes l'ignorent...
- Je sais qu'il vit sur l'île découverte par l'alchimiste Deloray, il y a quelques milliers d'années. Mais j'ignore sa localisation... explique Shyna.
- Je ne sais pas si vous trouverez quelque chose d'éclairant. Des milliers de gens se sont mis en quête de cette île mais aucun ne l'a trouvée. Ceci-dit, j'ai peut-être une piste qui pourrait vous aider...
- Le journal de Deloray, devine la déesse.
- Exactement mais là encore, il y a un problème sérieux...
- Lequel ? demande Xini, qui en a marre de tourner autour du pot.
- Lorsque Deloray a entreposé ce livre dans la plus profonde des caves de cette bibliothèque. Il a fait comprendre à mon ancêtre que son livre ne pouvait pas être consulté par le premier venu. Il lui a vivement conseillé de ne pas essayer d'aller le chercher sous peine de périr dans d'atroces souffrances.
- Foutaises ! commente Xinizyam.
- Ce n'est pas complètement impossible... Quelqu'un a déjà tenté de s'y aventurer, pour constater ? demande Shyna.
- Une quarantaine de personnes est entrée au fil des siècles... À part des cris, rien n'est jamais ressorti.
- C'est ennuyeux... commente le garde Mévik, qui devine que sa prochaine mission ne sera pas de tout repos.
Ce brusque accès de terreur semble le débloquer complètement et, avec une force dont il ne se serait jamais cru capable, il bondit sur la créature (qui s'avère être un vélociraptor) et l'égorge d'un geste.
Un concert de grognements s'élève de la forêt et d'autres dinosaures sortent de toutes parts.
Plus l'angoisse de Justin augmente, plus Nurmiyax se fait insistant et malmène les défenses de son esprit, déjà mises à mal par la situation.
Encore lucide, Justin fait de son mieux pour le repousser mais la fourberie du valvor est sans borne : il agit sur son psychisme pour augmenter sa peur et lui faire perdre ses moyens face à la meute en furie.
Ainsi, lorsque deux monstres écailleux bondissent, griffes en avant sur Justin, ce dernier, sous le coup de la panique, lâche prise un court instant.
Le valvor ne perd pas un instant et s'engouffre par cette porte ouverte. La conscience de Justin est brutalement projetée en arrière, alors que Nurmiyax prend les devants.
D'une volonté de fer, Nurmiyax, qui contrôle maintenant le corps de Justin, saute en arrière pour mieux prendre de l'élan. Il observe rapidement ses adversaires, avant de les charger. Les dinosaures sont très surpris du changement d'attitude de leur proie.
Ils ne restent pas très longtemps étonnés, car l'instant d'après, leurs corps gisent aux pieds du valvor maintenant libre.
Ce dernier s'empresse d'étendre sa conscience pour toucher celles du reste de la meute. En manipulant leurs instincts, il accroît leur peur, jusqu'à ce que les vélociraptors, pris d'une innommable terreur, prennent la fuite.
Une fois débarrassé d'eux, Nurmiyax laisse enfin éclater toute sa joie.
- Hourra !! Je suis libre !
Il s'assied et rit des demandes polies de Justin, qui souhaite récupérer le contrôle de son corps.
D'une pensée, il fait taire la petite voix de son hôte qui résonne au fond de lui et se met à réfléchir. Où aller ? Certainement pas à Syl, ce serait trop dangereux. Il ne sait pas suffisamment se comporter en tant qu'humain pour être assez convainquant dans ce rôle.
Talbyn lui semble être une bonne destination... Il s'agit d'un village plus petit que Syl et également plus récent. Le valvor le sait, grâce à une brève incursion antérieure dans les pensées d'Evran, qui connait beaucoup de choses.
Il se met en marche, en brandissant son épée couverte de sang, un sourire aux lèvres. Il atteindra le village dans environ trois jours, si tout va bien.
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A l'entrée de la bibliothèque de la grande cité d'Aqwamil.
La déesse Shyna avance vers le responsable de l'antique bâtiment. Il fait nuit et la bibliothèque est normalement fermée. Elle est vêtue d'une cape, dont la capuche masque partiellement son visage.
- Désolé mais c'est fermé pour aujourd'hui. Revenez demain s'il vous plaît...
- Ça tombe bien, nous serons plus tranquilles.
- Madame, vous n'avez pas compris, je vais fermer...
- Je suis Shyna, annonce-elle, en jetant sa capuche en arrière, d'un mouvement de tête.
Le bibliothécaire écarquille les yeux et reste un moment médusé avant de finalement faire une révérence.
- Déesse Shyna ! Que faites-vous donc si loin de votre demeure ?
- Allons, relevez-vous et laissez-moi entrer. J'ai besoin de votre aide.
Fébrile, l'homme se hâte dans le bâtiment et invite Shyna et son garde du corps à entrer, le plus courtoisement possible.
- Vous dites avoir besoin de mon aide, sachez que ce serait un honneur de vous l'apporter, oh oui... Mais vraiment, je ne vois pas ce qui vous amène, chère déesse...
- Avez-vous entendu parler de ces hommes venus d'un autre monde qui se sont emparés de quelques une de nos cités ?
- Oh, bien sûr ! On ne parle plus que de ça, ces derniers temps ! Mais n'ayez crainte, aucun de ces conquérants ne pénétrera vivant dans notre cité. Elle demeurera indépendante et libre ! lance l'homme, sûr de lui.
- Je n'en doute pas... le coupe Shyna. Mais ce qui me dérange le plus n'est pas là...
- Ah oui ? parce que...
- Arrêtez de lui couper la parole, bon sang ! s'énerve Xinizyam.
En constatant que cette voix (ou plutôt cette pensée) provient de la dague de Shyna, fixée à sa ceinture, le bibliothécaire se calme très rapidement. La réputation du seigneur Xinizyam n'est plus à faire. S'il est un grand guerrier, il n'en est pas moins connu pour son caractère difficile.
- Bon, reprend la déesse, je disais qu'ouvrir des failles comme ces gens le font est dangereux, car le voile entre les mondes s'altère progressivement. Si ce déséquilibre se prolonge, il risque d'exposer Sterrn à la pire menace qui soit : Le Mal.
- Oh... J'ai lu d'anciennes légendes à propos du Mal, il s'agit des créatures qui ont vaincu les Dragons... Mais comment est-il possible qu'il puisse revenir sur Sterrn ? Il n'était pas bloqué dans un monde isolé ? demande l'homme, atterré par de telles révélations.
- Si mais à chaque fois que quelqu'un ouvre un passage, cela déstabilise le voile. Au bout d'un moment, les passages n'atteindront plus leur destination prévue mais risquent d'aboutir sur le monde du Mal... Je dois trouver le Dragon pour l'avertir de ce qui se trame ici. Lui seul est en mesure d'éviter un nouveau cataclysme comme celui qui a failli plonger Sterrn dans les ténèbres.
- Le Dragon ? Mais personne ne sait où il se trouve ! Ses prophètes eux-mêmes l'ignorent...
- Je sais qu'il vit sur l'île découverte par l'alchimiste Deloray, il y a quelques milliers d'années. Mais j'ignore sa localisation... explique Shyna.
- Je ne sais pas si vous trouverez quelque chose d'éclairant. Des milliers de gens se sont mis en quête de cette île mais aucun ne l'a trouvée. Ceci-dit, j'ai peut-être une piste qui pourrait vous aider...
- Le journal de Deloray, devine la déesse.
- Exactement mais là encore, il y a un problème sérieux...
- Lequel ? demande Xini, qui en a marre de tourner autour du pot.
- Lorsque Deloray a entreposé ce livre dans la plus profonde des caves de cette bibliothèque. Il a fait comprendre à mon ancêtre que son livre ne pouvait pas être consulté par le premier venu. Il lui a vivement conseillé de ne pas essayer d'aller le chercher sous peine de périr dans d'atroces souffrances.
- Foutaises ! commente Xinizyam.
- Ce n'est pas complètement impossible... Quelqu'un a déjà tenté de s'y aventurer, pour constater ? demande Shyna.
- Une quarantaine de personnes est entrée au fil des siècles... À part des cris, rien n'est jamais ressorti.
- C'est ennuyeux... commente le garde Mévik, qui devine que sa prochaine mission ne sera pas de tout repos.