Chapitre 12
Dans la forêt de Syl.
- Et c'était quoi, ces choses dégoûtantes qui nous ont attaqués dans la cave ? demande Fiona, intarissable de questions dont elle mitraille son fils.
- Je ne sais pas trop... Tout ce que j'ai compris c'est qu'il vaut mieux s'en tenir éloigné et qu'on les appelle « Le Mal ».
- Ces charmantes bestioles existent depuis la nuit des temps. Autrefois, leur monde d'origine était similaire à la Terre mais elles y ont dévoré toute vie, le couvrant de ténèbres. Elles survivent actuellement grâce au cannibalisme mais leur grande capacité de multiplication maintient malgré tout leur nombre. Explique John.
- Donc, si nous ne les avions pas tués...
- Cela aurait été la fin de la Terre des humains et l'avènement d'un nouveau monde maléfique.
Un frisson glacé traverse Fiona, alors qu'ils marchent sous le coucher du soleil. Ils ne tardent pas à apercevoir les lumières de Syl plus loin. Ils sont tout proches et Evran sautille de joie à l'idée de revoir les siens.
Voyant qu'il est toujours solitaire, Justin s'approche de Jérémy, pour engager la conversation.
- Ça va ?
- Pfff...
- Je te trouve un peu bizarre comme mec...
- Pourquoi ?
- Ta copine t'a trompé et ça t'ennuie... En soi, je peux le comprendre mais tu pourrais quand même réagir autrement, nous, on n'y est pour rien... Et faut dire qu'à Syl, t'as pas été super fidèle non plus... chuchote Justin, pour épargner sa mère de cette conversation peu catholique.
Le blond ne répond rien mais se renfrogne davantage, s'enfonçant dans la mauvaise foi. Agacé, Justin décide d'abandonner la finesse et de le faire réagir.
- En fait, t'as même dû t'enfiler la moitié de Syl... ajoute-il, surpris de sa propre audace et inquiet à l'idée d'avoir été trop loin.
- Bon, j'vais pas m'énerver maintenant mais tu sais rien de mon couple, alors tu repasseras avec tes jugements ! explose Jérémy, qui a enfin une réaction. De toute façon, tu ne comprendrais pas...
- T'en sais rien, tu peux toujours essayer de m'expliquer ?
Jérémy lui lance un regard exaspéré, avant de se lancer, toujours à voix basse.
- C'était un accord entre nous. En tant que bisexuel, elle a parfaitement convenu qu'elle ne pourrait pas m'apporter la même chose qu'un homme. J'avais tous les droits de ce côté-là.
- Tu l'as fait qu'avec des hommes, à Syl... Donc du côté féminin, c'était exclusivement elle ? comprend Justin.
- Ouais. Je l'aurais surprise avec une autre fille, ça ne m'aurait pas dérangé... affirme Jérémy, bien qu'il n'ait pas l'air très convaincu lui-même.
- D'accord.
- Mais t'as raison, vous n'avez pas mérité ma mauvaise humeur, admet Jérémy, avec un sourire forcé.
« Décidément, j'ai bien du mal à comprendre sa cohérence ! Les bi de Sterrn sont moins compliqués ! »
A l'avant, ils remarquent qu'Anthony s'est arrêté.
- Je vous quitte ici. Je vous rejoindrais plus tard au village.
- Pourquoi ? demande Élodie.
- Il y a une fosse commune à l'orée de la forêt. Je dois voir mon frère une dernière fois. Il faut que je lui dise adieu.
- C'est loin, inutile et dangereux. Reste avec nous... reprend la jeune femme.
Mais Anthony ne l'écoute pas et se met à courir dans la direction de l'orée, il n'a visiblement pas envie d'en discuter.
Justin prend les choses en main et s'élance vers le fuyard.
- Continuez sans nous ! Je le ramènerais ! crie-il à son groupe.
Ignorant les vives protestations de sa mère, le jeune homme se lance aux trousses de son ami de toujours.
En le poursuivant, Justin prend conscience d'un inconvénient majeur : il doit porter sa lourde épée, alors qu'Anthony n'a qu'une légère matraque dans sa poche.
Le jeune homme ne se décourage pas pour autant et poursuit sa route pendant encore un certain temps.
- TONY ! ARRETE-TOI ! J'EN PEUX PLUS !
Sur Sterrn, crier dans une forêt est suicidaire, c'est encore plus vrai au crépuscule. C'est une leçon qu'on apprend à chaque enfant.
Pourtant, n'étant pas au courant de cette règle fondamentale, Justin renouvelle son appel. Des bêtes, déjà réveillés par le passage d'Anthony, s'approchent furtivement de lui.
Dans la pénombre naissante, Justin s'arrête. Autour de lui, tout est silencieux et le jeune homme commence à regretter d'avoir crié.
Quelque chose éveille son attention : le comportement de Nurmiyax.
D'ordinaire, l'épée émet une petite pulsation psychique, qui peut s'apparenter à la respiration d'un être vivant. À force de le côtoyer quotidiennement, le jeune homme connaît son fonctionnement.
Mais à ce moment précis, ce n'est plus le cas. C'est comme si le valvor retenait sa respiration, sous le coup du suspens. Et ça, ce n'est pas bon. Plus Justin y pense, plus l'hypothèse effrayante, les pires scénarios germent dans son esprit et une sensation glacée de mort imminente finit par lui tenailler le ventre.
- Nurmiyax... Dis quelque chose...
Mais le valvor se tait, semblant attendre impatiemment qu'il se produise quelque chose de terrible. Justin déglutit, il sait très bien que quoique le valvor attende, c'est très mauvais pour lui.
CRAC !
Poussé par la peur et l'adrénaline, Justin se retourne brutalement, en s'apprêtant à se servir de son épée.
Les ténèbres naissantes lui brouillent la vue, alors Justin tend l'oreille mais son cœur cogne si fort contre sa poitrine qu'il n'entend pas grand-chose.
Plus les secondes passent, plus la tension de Nurmiyax augmente. Justin sait que ce qu'attend le valvor est imminent.
« Cours ! », s'ordonne-il intérieurement.
Mais il est complètement tétanisé et ne peut pas déplacer ses membres d'un pouce.
Soudain, son effroi atteint son paroxysme. Le jeune homme sent un souffle humide et puissant s'écraser contre sa nuque.
Dans la forêt de Syl.
- Et c'était quoi, ces choses dégoûtantes qui nous ont attaqués dans la cave ? demande Fiona, intarissable de questions dont elle mitraille son fils.
- Je ne sais pas trop... Tout ce que j'ai compris c'est qu'il vaut mieux s'en tenir éloigné et qu'on les appelle « Le Mal ».
- Ces charmantes bestioles existent depuis la nuit des temps. Autrefois, leur monde d'origine était similaire à la Terre mais elles y ont dévoré toute vie, le couvrant de ténèbres. Elles survivent actuellement grâce au cannibalisme mais leur grande capacité de multiplication maintient malgré tout leur nombre. Explique John.
- Donc, si nous ne les avions pas tués...
- Cela aurait été la fin de la Terre des humains et l'avènement d'un nouveau monde maléfique.
Un frisson glacé traverse Fiona, alors qu'ils marchent sous le coucher du soleil. Ils ne tardent pas à apercevoir les lumières de Syl plus loin. Ils sont tout proches et Evran sautille de joie à l'idée de revoir les siens.
Voyant qu'il est toujours solitaire, Justin s'approche de Jérémy, pour engager la conversation.
- Ça va ?
- Pfff...
- Je te trouve un peu bizarre comme mec...
- Pourquoi ?
- Ta copine t'a trompé et ça t'ennuie... En soi, je peux le comprendre mais tu pourrais quand même réagir autrement, nous, on n'y est pour rien... Et faut dire qu'à Syl, t'as pas été super fidèle non plus... chuchote Justin, pour épargner sa mère de cette conversation peu catholique.
Le blond ne répond rien mais se renfrogne davantage, s'enfonçant dans la mauvaise foi. Agacé, Justin décide d'abandonner la finesse et de le faire réagir.
- En fait, t'as même dû t'enfiler la moitié de Syl... ajoute-il, surpris de sa propre audace et inquiet à l'idée d'avoir été trop loin.
- Bon, j'vais pas m'énerver maintenant mais tu sais rien de mon couple, alors tu repasseras avec tes jugements ! explose Jérémy, qui a enfin une réaction. De toute façon, tu ne comprendrais pas...
- T'en sais rien, tu peux toujours essayer de m'expliquer ?
Jérémy lui lance un regard exaspéré, avant de se lancer, toujours à voix basse.
- C'était un accord entre nous. En tant que bisexuel, elle a parfaitement convenu qu'elle ne pourrait pas m'apporter la même chose qu'un homme. J'avais tous les droits de ce côté-là.
- Tu l'as fait qu'avec des hommes, à Syl... Donc du côté féminin, c'était exclusivement elle ? comprend Justin.
- Ouais. Je l'aurais surprise avec une autre fille, ça ne m'aurait pas dérangé... affirme Jérémy, bien qu'il n'ait pas l'air très convaincu lui-même.
- D'accord.
- Mais t'as raison, vous n'avez pas mérité ma mauvaise humeur, admet Jérémy, avec un sourire forcé.
« Décidément, j'ai bien du mal à comprendre sa cohérence ! Les bi de Sterrn sont moins compliqués ! »
A l'avant, ils remarquent qu'Anthony s'est arrêté.
- Je vous quitte ici. Je vous rejoindrais plus tard au village.
- Pourquoi ? demande Élodie.
- Il y a une fosse commune à l'orée de la forêt. Je dois voir mon frère une dernière fois. Il faut que je lui dise adieu.
- C'est loin, inutile et dangereux. Reste avec nous... reprend la jeune femme.
Mais Anthony ne l'écoute pas et se met à courir dans la direction de l'orée, il n'a visiblement pas envie d'en discuter.
Justin prend les choses en main et s'élance vers le fuyard.
- Continuez sans nous ! Je le ramènerais ! crie-il à son groupe.
Ignorant les vives protestations de sa mère, le jeune homme se lance aux trousses de son ami de toujours.
En le poursuivant, Justin prend conscience d'un inconvénient majeur : il doit porter sa lourde épée, alors qu'Anthony n'a qu'une légère matraque dans sa poche.
Le jeune homme ne se décourage pas pour autant et poursuit sa route pendant encore un certain temps.
- TONY ! ARRETE-TOI ! J'EN PEUX PLUS !
Sur Sterrn, crier dans une forêt est suicidaire, c'est encore plus vrai au crépuscule. C'est une leçon qu'on apprend à chaque enfant.
Pourtant, n'étant pas au courant de cette règle fondamentale, Justin renouvelle son appel. Des bêtes, déjà réveillés par le passage d'Anthony, s'approchent furtivement de lui.
Dans la pénombre naissante, Justin s'arrête. Autour de lui, tout est silencieux et le jeune homme commence à regretter d'avoir crié.
Quelque chose éveille son attention : le comportement de Nurmiyax.
D'ordinaire, l'épée émet une petite pulsation psychique, qui peut s'apparenter à la respiration d'un être vivant. À force de le côtoyer quotidiennement, le jeune homme connaît son fonctionnement.
Mais à ce moment précis, ce n'est plus le cas. C'est comme si le valvor retenait sa respiration, sous le coup du suspens. Et ça, ce n'est pas bon. Plus Justin y pense, plus l'hypothèse effrayante, les pires scénarios germent dans son esprit et une sensation glacée de mort imminente finit par lui tenailler le ventre.
- Nurmiyax... Dis quelque chose...
Mais le valvor se tait, semblant attendre impatiemment qu'il se produise quelque chose de terrible. Justin déglutit, il sait très bien que quoique le valvor attende, c'est très mauvais pour lui.
CRAC !
Poussé par la peur et l'adrénaline, Justin se retourne brutalement, en s'apprêtant à se servir de son épée.
Les ténèbres naissantes lui brouillent la vue, alors Justin tend l'oreille mais son cœur cogne si fort contre sa poitrine qu'il n'entend pas grand-chose.
Plus les secondes passent, plus la tension de Nurmiyax augmente. Justin sait que ce qu'attend le valvor est imminent.
« Cours ! », s'ordonne-il intérieurement.
Mais il est complètement tétanisé et ne peut pas déplacer ses membres d'un pouce.
Soudain, son effroi atteint son paroxysme. Le jeune homme sent un souffle humide et puissant s'écraser contre sa nuque.