16-05-2023, 12:30 AM
Chapitre 7
Lille, dans le hangar de la Fondation.
Le seigneur Frégast fait les cents pas autour de l'arme nucléaire, il semble vraiment très intrigué. Il est en présence de Richard, ainsi que du colonel qui officie depuis peu dans la Base-Noyau, pour remplacer Costa.
- Monseigneur ? demande prudemment Richard.
- Quoi ?
- Qu'est-ce que vous comptez faire ?
Le maître considère un moment la question, avant de répondre, un peu hésitant.
- À vrai dire, je ne sais pas... Jamais je n'ai prévu qu'une telle opportunité se présenterait, c'est tellement étrange...
- Si je puis me permettre, on ne devrait pas la laisser sur terre. Il suffirait que la coalition de votre frère mette la main dessus et ce serait une catastrophe...
- Je suis d'accord... Mais d'un côté, c'est peut-être ce que voulait la personne qui l'a mise là ? Personne n'a une idée de ce que ce cirque signifie ?
Richard en reste pantois. Son maître n'a pas exprimé d'incertitude à voix haute depuis une bonne décennie. Il faut vraiment qu'il soit déconcerté pour qu'il en arrive à laisser à d'autres que lui-même le soin d'apprécier la situation.
Cependant, ses sbires sont aussi abasourdis que lui, si bien qu'ils sont incapables de lui donner une autre réponse qu'un haussement d'épaules synchronisé.
- Bon... Il faut bien décider quelque chose... Emmenez-moi ça sur Sterrn, colonel Melvis et surtout mettez la sous clef.
Le dit Melvis, un trentenaire androgyne aux airs lunatiques, s'exécute en se saisissant de la caisse avant de partir en direction de la faille entre les mondes, laissée ouverte.
- Vous comptez détruire Syl ? demande Richard.
- Trop près de notre base. Je ne prendrais pas ce risque... Je vais simplement la stocker en attendant de lui trouver une utilité. Cependant, tu fais bien de me rappeler qu'il nous faut régler le problème que posent ces indigènes rebelles sans attendre qu'il ne s'aggrave.
--- --- ---
Dans l'ancienne rue de Justin.
Deux heures plus tard, Justin et Evran sont aux abords de la maison familiale du premier, encore à l'abri dans un taxi.
- Tu ne veux vraiment pas que je vienne ? demande Evran.
- Non, reste à distance... Je vais les observer un moment.
Justin inspire, avant de quitter le véhicule. En voyant la mine fatiguée du chauffeur, il lui demande de l'attendre quelques minutes.
Il s'éloigne ensuite vers la demeure, en constatant non sans soulagement l'absence de la Citroën de son paternel. Rassuré, le jeune homme s'approche d'une fenêtre et aperçoit sa mère, de dos. Elle semble préparer une salade.
Perdu dans sa nostalgie, il n'entend pas l'homme encapuchonné qui s'avance doucement derrière lui, un couteau à la main.
Lorsque ce dernier bondit sur lui et plaque une main à sa bouche en manœuvrant le couteau au-dessus de son torse, Justin à l'impression que son cœur explose, tant il est surpris.
Sa respiration se saccade, le jeune homme peine à se ressaisir. Les menaces de son assaillant ne sont pas pour l'y aider.
- Un bruit, un cri et je te tue ! Calme-toi !
Cependant, Justin est loin d'être calme, ce qui énerve son agresseur. Celui-ci tente de réduire sa proie au silence quand il reçoit un formidable coup de poing au visage, ce qui lui fait lâcher prise.
C'est Evran, qui suivait discrètement son homme, dans l'éventualité d'une surprise de ce genre. Étant né aux abords de la forêt de Syl, il sait se faire discret, voire furtif. Ce qui est une belle performance, étant donné l'environnement radicalement différent de ce qu'il connait.
Furieux, le jeune se jette sur l'homme encapuchonné, accompagné de Justin, qui se ressaisit en constatant qu'il n'est plus seul à faire face.
Mais l'homme n'en est pas à son coup d'essai et c'est une véritable montagne de muscles. Il reprend rapidement le dessus et envoie Evran valser dans le décor. Il rattrape Justin par le bras et lui décoche un puissant coup de coude dans l'abdomen. Le jeune hurle sa douleur mais ça ne dure pas, car l'attaquant lui impose de nouveau le silence, en plaçant la lame sous sa gorge.
- STOP ! Vous vous êtes défendus mais vous avez perdu ! dites-moi où vous vous cachiez ces derniers jours et je vous déconseille de mentir ! Toi, n'avance pas, ou je tue ton ami ! Lance l'homme alors qu'Evran tente de revenir à la charge.
Malgré leur rage, le couple obtempère et répond aux questions de l'agresseur, tout en omettant qu'ils comptent quitter le jour même la terre avec l'aide de Krystopher.
- Parfait... Le seigneur Frégast sera satisfait... Il savait que vous passeriez ici un jour... Peut-être que je pourrais prendre la place de notre regretté colonel Costa, grâce à vous...
- Vous êtes assez cinglé pour ça, en tout cas ! Nous tuer ici est risqué, vous savez...
- Ce n'est pas bien grave, je vais disparaître sur Sterrn dans peu de temps ! Et vous ne serez plus là pour témoigner de nos exploits !
Alors qu'il s'emporte, poussé par sa dévotion, une casserole de cuivre traverse la fenêtre et vient s'écraser avec force contre son front. Plus que la douleur, c'est une surprise totale qui se lit sur son visage pendant un bref instant.
Sonné, l'homme tombe à la renverse et Justin, après s'être dégagé, se saisit du manche de la casserole et lui aligne quelques coups bien placés sur le crâne. L'homme finit par ne plus réagir.
La rage de Justin se calme instantanément, complètement remplacée par une incrédulité totale.
- Je... Je l'ai tué ? demande-il, tremblant, en lâchant son arme de fortune, complétement cabossée.
Evran passe sa main au cou de l'homme, avant de répondre, pas plus choqué que ça.
- Il survivra mais à mon avis il va s'en rappeler longtemps...
« Ouf ! J'ai encore une chance de finir ma vie sans tuer d'humain... », pense le jeune homme, en soupirant de soulagement.
- Justin ! retentit une voix qu'il reconnait immédiatement, pour l'avoir entendue pendant toute son enfance.
Lille, dans le hangar de la Fondation.
Le seigneur Frégast fait les cents pas autour de l'arme nucléaire, il semble vraiment très intrigué. Il est en présence de Richard, ainsi que du colonel qui officie depuis peu dans la Base-Noyau, pour remplacer Costa.
- Monseigneur ? demande prudemment Richard.
- Quoi ?
- Qu'est-ce que vous comptez faire ?
Le maître considère un moment la question, avant de répondre, un peu hésitant.
- À vrai dire, je ne sais pas... Jamais je n'ai prévu qu'une telle opportunité se présenterait, c'est tellement étrange...
- Si je puis me permettre, on ne devrait pas la laisser sur terre. Il suffirait que la coalition de votre frère mette la main dessus et ce serait une catastrophe...
- Je suis d'accord... Mais d'un côté, c'est peut-être ce que voulait la personne qui l'a mise là ? Personne n'a une idée de ce que ce cirque signifie ?
Richard en reste pantois. Son maître n'a pas exprimé d'incertitude à voix haute depuis une bonne décennie. Il faut vraiment qu'il soit déconcerté pour qu'il en arrive à laisser à d'autres que lui-même le soin d'apprécier la situation.
Cependant, ses sbires sont aussi abasourdis que lui, si bien qu'ils sont incapables de lui donner une autre réponse qu'un haussement d'épaules synchronisé.
- Bon... Il faut bien décider quelque chose... Emmenez-moi ça sur Sterrn, colonel Melvis et surtout mettez la sous clef.
Le dit Melvis, un trentenaire androgyne aux airs lunatiques, s'exécute en se saisissant de la caisse avant de partir en direction de la faille entre les mondes, laissée ouverte.
- Vous comptez détruire Syl ? demande Richard.
- Trop près de notre base. Je ne prendrais pas ce risque... Je vais simplement la stocker en attendant de lui trouver une utilité. Cependant, tu fais bien de me rappeler qu'il nous faut régler le problème que posent ces indigènes rebelles sans attendre qu'il ne s'aggrave.
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Dans l'ancienne rue de Justin.
Deux heures plus tard, Justin et Evran sont aux abords de la maison familiale du premier, encore à l'abri dans un taxi.
- Tu ne veux vraiment pas que je vienne ? demande Evran.
- Non, reste à distance... Je vais les observer un moment.
Justin inspire, avant de quitter le véhicule. En voyant la mine fatiguée du chauffeur, il lui demande de l'attendre quelques minutes.
Il s'éloigne ensuite vers la demeure, en constatant non sans soulagement l'absence de la Citroën de son paternel. Rassuré, le jeune homme s'approche d'une fenêtre et aperçoit sa mère, de dos. Elle semble préparer une salade.
Perdu dans sa nostalgie, il n'entend pas l'homme encapuchonné qui s'avance doucement derrière lui, un couteau à la main.
Lorsque ce dernier bondit sur lui et plaque une main à sa bouche en manœuvrant le couteau au-dessus de son torse, Justin à l'impression que son cœur explose, tant il est surpris.
Sa respiration se saccade, le jeune homme peine à se ressaisir. Les menaces de son assaillant ne sont pas pour l'y aider.
- Un bruit, un cri et je te tue ! Calme-toi !
Cependant, Justin est loin d'être calme, ce qui énerve son agresseur. Celui-ci tente de réduire sa proie au silence quand il reçoit un formidable coup de poing au visage, ce qui lui fait lâcher prise.
C'est Evran, qui suivait discrètement son homme, dans l'éventualité d'une surprise de ce genre. Étant né aux abords de la forêt de Syl, il sait se faire discret, voire furtif. Ce qui est une belle performance, étant donné l'environnement radicalement différent de ce qu'il connait.
Furieux, le jeune se jette sur l'homme encapuchonné, accompagné de Justin, qui se ressaisit en constatant qu'il n'est plus seul à faire face.
Mais l'homme n'en est pas à son coup d'essai et c'est une véritable montagne de muscles. Il reprend rapidement le dessus et envoie Evran valser dans le décor. Il rattrape Justin par le bras et lui décoche un puissant coup de coude dans l'abdomen. Le jeune hurle sa douleur mais ça ne dure pas, car l'attaquant lui impose de nouveau le silence, en plaçant la lame sous sa gorge.
- STOP ! Vous vous êtes défendus mais vous avez perdu ! dites-moi où vous vous cachiez ces derniers jours et je vous déconseille de mentir ! Toi, n'avance pas, ou je tue ton ami ! Lance l'homme alors qu'Evran tente de revenir à la charge.
Malgré leur rage, le couple obtempère et répond aux questions de l'agresseur, tout en omettant qu'ils comptent quitter le jour même la terre avec l'aide de Krystopher.
- Parfait... Le seigneur Frégast sera satisfait... Il savait que vous passeriez ici un jour... Peut-être que je pourrais prendre la place de notre regretté colonel Costa, grâce à vous...
- Vous êtes assez cinglé pour ça, en tout cas ! Nous tuer ici est risqué, vous savez...
- Ce n'est pas bien grave, je vais disparaître sur Sterrn dans peu de temps ! Et vous ne serez plus là pour témoigner de nos exploits !
Alors qu'il s'emporte, poussé par sa dévotion, une casserole de cuivre traverse la fenêtre et vient s'écraser avec force contre son front. Plus que la douleur, c'est une surprise totale qui se lit sur son visage pendant un bref instant.
Sonné, l'homme tombe à la renverse et Justin, après s'être dégagé, se saisit du manche de la casserole et lui aligne quelques coups bien placés sur le crâne. L'homme finit par ne plus réagir.
La rage de Justin se calme instantanément, complètement remplacée par une incrédulité totale.
- Je... Je l'ai tué ? demande-il, tremblant, en lâchant son arme de fortune, complétement cabossée.
Evran passe sa main au cou de l'homme, avant de répondre, pas plus choqué que ça.
- Il survivra mais à mon avis il va s'en rappeler longtemps...
« Ouf ! J'ai encore une chance de finir ma vie sans tuer d'humain... », pense le jeune homme, en soupirant de soulagement.
- Justin ! retentit une voix qu'il reconnait immédiatement, pour l'avoir entendue pendant toute son enfance.