Hôtel Brueghel
Chapitre 4
Lille, pendant la nuit.
Anthony arpente la ville en quête de l'hôtel Brueghel. D'après les dires de Krystopher, le seigneur Frégast se nomme Jean-François Hasting.
Un nom rare, qui a permis au jeune homme de découvrir qu'il avait un frère, Antoine Hasting. Ce dernier logerait à cet hôtel, non loin de la gare.
Le jeune homme observe le grand bâtiment pendant un long moment, se demandant comment le tuer discrètement.
Après une heure de repérage, une haute silhouette émerge de l'hôtel. Anthony détaille cet homme, blond, le menton bien carré, pas loin des deux mètres et une cigarette à la main.
Ce pourrait être lui... L'occasion est trop belle et ne se reproduira sûrement pas avant longtemps, il faut s'en assurer.
Anthony marche calmement vers lui, l'air le plus innocent du monde et apostrophe l'homme.
- Bonsoir monsieur, pourriez-vous m'indiquer la direction de la gare s'il vous plaît ?
- Certainement, c'est tout près... Répond l'homme, un peu tendu.
- Il y a un problème ?
- On ne s'est pas déjà rencontrés ? J'en suis sûr...
- Aucune idée, comment vous appelez-vous ?
- Antoine Hasting... Mais attendez ! Vous êtes Anthony Fournier ! glapit-il.
Tout se passe très vite. Anthony, sans attendre, fait un bond en arrière, pour se donner le temps de sortir de sa poche un couteau papillon.
Avant de lui laisser le loisir de s'en servir, Antoine décroche un formidable crochet du gauche dans la mâchoire du meurtrier, ce qui le fait tomber à la renverse alors que sa proie tente de se réfugier dans l'hôtel.
- À moi ! Au meurtre ! hurle-il.
Immédiatement, un homme de couleur noire, qui est une véritable armoire à glace, surgit devant Anthony.
- Ne bougez plus ! ordonne celui-ci.
Pour toute réponse, Anthony, rendu furieux par la fuite d'Antoine, tente de le mettre hors d'état d'un coup de pied dans l'entrejambe mais le vigile le bloque d'une main ferme. Par réflexe, l'assassin plante sa lame dans la main de l'homme, qui hurle de douleur et lâche prise immédiatement.
Anthony grimace, le couteau a traversé la main du vigile de part en part mais il a aussi entaillé sa propre jambe. Il ne s'en formalise pas et bondit sur ses pieds, pendant que l'homme recouvre ses esprits.
Avant de partir, le tueur dégaine sa matraque à la vitesse de l'éclair, avant de l'abattre du même geste sur le visage de son adversaire. Un geste qui commence à lui devenir familier.
Un craquement retentit et l'homme hurle de plus belle avant de s'écrouler à terre en se tenant le nez de sa main intacte.
Anthony s'élance vers l'hôtel mais il aperçoit un homme, sûrement le gérant, en train de verrouiller les portes de l'établissement. Bloqué dehors, il lui lance un regard plein de colère.
- Partez, je vais appeler la police !
Anthony sourit. Si l'appel n'a pas encore été passé, il lui reste du temps. Sans même adresser la parole au gérant, il brise la vitre en plusieurs coups de matraque.
L'homme, épouvanté, prend ses jambes à son cou en poussant des cris paniqués.
Anthony grimpe rapidement quelques étages, en se repérant à l'aide des importants bruits de pas du fuyard, qui n'est pas discret du tout.
Une femme d'une trentaine d'années, alertée par le bruit, ouvre une porte et déboule devant Anthony qui lui place son couteau sous la gorge.
- Tu cries, t'es morte ! Quelle est la chambre d'Antoine Hasting ?
- Je... Je ne sais pas ! Je fais juste le ménage, moi ! sanglote la femme.
- Un effort ! Un grand blond en chemise blanche, ça vous parle ? Je vous préviens, je ne suis pas patient ! menace Anthony.
- Inutile, je suis là ! tonne une forte voix, pleine d'assurance, ce qui indique qu'il est prêt à en découdre.
Anthony tourne la tête et aperçoit Antoine à l'autre bout du couloir.
Il n'a plus rien à voir avec l'homme aperçu précédemment.
Il est habillé d'un long manteau de cuir noir, lequel fait comprendre à Anthony que son ennemi ne souhaite pas s'éterniser ici. Il tient des revolvers dans ses mains et un long poignard dépasse malencontreusement de sa poche.
Anthony abaisse son arme blanche et la femme de ménage en profite pour s'enfuir.
- Tu vas recevoir la correction que tu mérites, Fournier !
L'assurance d'Antoine met son assassin mal à l'aise. Jamais une de ses proies ne s'est montrée si coriace par le passé et il sait qu'il va souffrir. Beaucoup.
- Vous ne me faites pas peur ! ment Anthony. J'ai tué beaucoup, avant vous.
- Tu n'es qu'un lâche qui n'a jamais affronté dignement ses victimes ; tu les as toutes tuées dans le dos. Tu n'as aucun mérite. Prépare-toi à mourir !
Sur ce, il brandit ses deux armes et ouvre le feu. Anthony se rue dans la pièce d'où est sortie la femme de chambre précédemment, qui s'avère être la lingerie.
Entendant son ennemi arriver, le jeune homme se barricade en bloquant la porte avec une chaise. Mais ce n'est qu'une solution temporaire, car les coups de pied d'Antoine font trembler le mur tout entier et il commence à craquer dangereusement.
Anthony cogite à toute vitesse, puis brise l'unique fenêtre, pendant qu'Antoine se met à tirer en travers de la porte.
Après avoir escaladé le rebord à toute vitesse, Anthony s'agrippe à la gouttière pour tenter d'atteindre le rez-de-chaussée et s'enfuir.
Malheureusement, cette dernière n'est pas conçue pour ça et elle commence à céder.
Pris de panique, le jeune homme s'engouffre dans une chambre, deux étages plus bas, en brisant la fenêtre.
Immédiatement après, il entend Antoine proférer des grossièretés en constatant l'évasion de son tueur.
- BOUGE PAS, SALOPARD, J'ARRIVE ! hurle-il, avant de courir, probablement vers l'escalier.
- HAAA ! QU'EST-CE QUE VOUS FAITES LA ? hurle une femme quadragénaire, dans un lit, en ôtant précipitamment ses boules Quiès.
- Il y a un meurtrier dans l'hôtel ! Cachez-vous sous le lit, si vous tenez à la vie ! conseille Anthony, qui vient d'avoir a une idée qui pourrait lui sauver la vie.
La femme, bien qu'entièrement nue, s'exécute, pendant qu'Anthony trouve refuge dans une armoire.