Livre II, La colère des dieux
Lille
Lille
Chapitre 1
Ville de Lille
Le vieil homme marche sous la pluie, dans les rues de Lille. Il est abasourdi par les changements de cette ville, qui a beaucoup évolué depuis son départ de la Terre.
La Terre ! Ce monde qui lui a tant manqué malgré sa vie passionnante sur Sterrn...
Le capitaine John se félicite de son opportunisme, sans lequel il n'aurait sûrement jamais à nouveau foulé le sol de son monde natal.
Son don psychique va lui être très utile pour mener à bien sa tâche, qui consiste à voler une arme à ne pas mettre entre toutes les mains. Il doit d'abord trouver sa localisation, ce qui ne sera pas une mince affaire, même avec ses capacités.
Sans hésitation, le capitaine fait quelques pas de côté, pour se retrouver au milieu de la route.
Immédiatement, un automobiliste mécontent le klaxonne, avant d'ouvrir sa portière.
- Dégagez de de là ! Et d'abord qui êtes-vous ? demande-il, en apercevant les vêtements étranges de son interlocuteur.
Ces derniers sont en cuir de tricératops, ce qui ne passe pas inaperçu ici.
- Je suis le haut prophète du Dragon et votre esprit est mien désormais !
Avant que l'automobiliste ne puisse réagir, le capitaine s'engouffre dans son sanctuaire intérieur à l'aide de son incommensurable puissance. Les défenses mentales de l'homme sont balayées, alors que ses yeux s'écarquillent.
Lorsque ce dernier est totalement soumis à la volonté du prophète, celui-ci se détend, fatigué.
- Conduisez-moi au camp militaire de Sissone... Mais avant ça, donnez-moi vos vêtements, ordonne John, qui prend place sur la banquette passager.
- Oui, monsieur.
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Dix jours plus tard, toujours dans la ville de Lille.
Justin se réveille, dans le clic-clac inconfortable d'Élodie. Curieusement, Evran n'est pas à ses côtés mais il l'entend discuter avec Jérémy dans la cuisine.
Le jeune homme se lève et s'habille sommairement d'un t-shirt et d'un boxer, avant d'ouvrir lentement la porte pour arriver dans le dos de son chéri et l'embrasser par surprise.
- Vous êtes mignons ! commente Jérémy, un peu moqueur.
« Chut, toi ! », pense Justin en reportant son attention sur son homme.
- Oh, c'est dommage, je comptais te réveiller moi-même... Regrette Evran. Tu veux une tartine ?
- Hum... Non merci, je n'ai pas faim... Mais si tu veux, je peux aller me recoucher, comme ça, tu pourras ! suggère Justin, plus que tenté par la proposition.
- T'es bête ! rit Evran, en repassant la brioche à Jérémy, qui se prépare un sandwich au Nutella.
Ils déjeunent dans la bonne humeur, jusqu'au retour d'Anthony, qui ouvre la porte à la volée, le sourire aux lèvres. Cela retient l'attention générale, car ces derniers temps, l'ambiance est plutôt à l'inquiétude. Plus particulièrement en ce qui concerne Anthony, car après le retour sur Terre, il s'est isolé quelques jours seul dans une pièce. Il mangeait à peine et ruminait sur la mort de son frère, dont il estime être responsable.
Il a fini par sortir de sa langueur et consacre désormais toute son énergie dans sa quête d'un moyen de revenir sur Sterrn. Il tient vraiment à se venger du seigneur Frégast, de la même façon qu'avec le colonel Costa.
Mais tous les survivants ne sont pas d'accord sur l'attitude à adopter. Si Bertrand, Justin et Evran veulent retourner sur Sterrn pour arrêter le terrible seigneur, Jérémy et Élodie, s'ils admettent que faire comme si rien ne se produisait est irresponsable, ils refusent d'y retourner. Cela pour une foule de raisons, notamment leurs attaches sur Terre.
- Bonjour tout le monde ! J'ai de bonnes nouvelles ! annonce Anthony, euphorique.
- Ah oui ? s'enquiert Evran, sceptique.
L'autochtone est nostalgique de son monde et malgré son apparente aisance, il ne sait pas se comporter de manière socialement admise sur Terre. De plus, il déteste absolument les lunettes de soleil qu'il est contraint de porter à chacune de ses sorties. Les yeux orangés ne sont pas la norme, sur Terre, loin s'en faut.
- J'ai trouvé une personne qui sait ouvrir des failles entre les mondes.
Justin s'arrête subitement de manger, imité immédiatement par les autres.
- Frégast ne les a pas tous tués !
- Celui-là a échappé de peu à la mort, d'après son récit. Il était aux toilettes quand le carnage a commencé et il a pu s'échapper en rasant complètement la barbe et ses cheveux pour ne pas être reconnu. Il s'est fait passer pour un homme d'entretien et s'est éclipsé... C'est un physicien et microbiologiste, il s'appelle Krystopher.
- Génial ! Et il est d'accord pour ouvrir un passage vers Sterrn ? demande Evran.
- C'est là que ça se complique... Grimace Anthony.
- Comment ça ?
- Il pense que Frégast et ses illuminés n'arriverons jamais au bout de leurs projets, qu'on intervienne ou non. Et de toute façon il a une vie bien réglée avec son mari, un certain David, il ne mettra pas ça en péril.
« Décidément, les gays sont partout ! »
- Mais il peut quand même ouvrir un passage pour ceux qui veulent y retourner, non ?
- Il ne le fera pas volontairement, il nous croit plus en sécurité sur Terre que dans un monde rempli de dinosaures, de valvors et d'hommes de Frégast.
- Il se prend pour qui, pour décider à notre place ? On pourrait le forcer !
- Evran ! s'indigne Justin, tant cette idée est en décalage avec la nature de son homme.
- Je ne prendrais pas le risque de le prendre en otage, si on l'énerve, il pourrait tous nous tuer en faisant volontairement de mauvais réglages... Explique Anthony.
- Tu as essayé de le faire changer d'avis ? s'enquiert Justin.
- Bertrand s'y est risqué aussi mais je ne pense pas qu'il revienne sur sa décision... Ce type a vraiment un sale caractère et comme il ne ressemble plus à rien sans ses cheveux, il enrage...
- Mieux vaut être chauve qu'être mort ! souffle Jérémy, agacé.
- En tout cas il m'a appris beaucoup de choses sur le seigneur Frégast, notamment son vrai nom : Jean-François Hasting.
- Pas courant, commente Justin.
- C'est pour ça que j'ai bon espoir de trouver quelque chose de sérieux en faisant quelques recherches... Pour en revenir à Krys, je pense qu'il existe un moyen de le convaincre mais je dois consulter Bertrand, je rentrerai ce soir.
- Okay, Tony mais évite de trop te mêler des affaires de Frégast, s'il l'apprend, on sera tous en danger... Recommande Justin.
- T'inquiète pas, tu me connais ! répond-il en lui faisant un clin d'œil.
- Justement...
« Je te connais trop bien... »