Chapitre 46
Dans la forêt de Syl, à la sortie du souterrain.
Anthony émerge du tunnel avec difficulté, car il transporte Jérémy sur son dos.
Sa réapparition calme les inquiétudes du groupe, Gralik fonce s'occuper de Jérémy mais Élodie, jusqu'alors angoissée, explose.
- Vous étiez où ? On aurait pu se faire tuer en vous attendant ! D'ailleurs on devrait filer avant qu'ils nous rattrapent ! J'espère que tu te rends compte du risque que tu nous as fait prendre !
Justin s'apprête à répliquer mais Anthony lui coupe la parole, d'un air étrangement calme par rapport aux derniers évènements qu'il vient de vivre.
- Aucune inquiétude à avoir, plus personne ne nous suivra. Maintenant, allons rejoindre Bertrand...
- On devrait passer par la rivière, ça sera bien plus rapide que d'utiliser le souterrain qu'il a emprunté... Suggère Evran, qui connaît les lieux.
--- --- ---
Dans la forêt de Syl.
Bertrand s'arrête pour faire une courte pause, passablement énervé.
Ces maudits arbres bleus détraquent les boussoles, le septuagénaire a failli se perdre plusieurs fois, la fatigue aidant. Il commence à comprendre pourquoi l'équipe de Lambert a mis tant de temps pour trouver le village.
Heureusement, le souterrain qui part de la maison du prophète Esso lui a fait gagner une bonne journée de marche, ce qui lui permet de relativiser.
Assis sur un tronc d'arbre, le diplomate contemple le paysage un moment, avant de découvrir avec effroi qu'un tyrannosaure dort à quelques mètres, partiellement caché par des bosquets. En toute discrétion, Bertrand s'éclipse, le cœur battant. S'arrêter dans cette forêt est décidément une bien mauvaise idée.
Quelques instants plus tard, il est suivi par le capitaine John, qui reste un moment en arrêt devant le gros dinosaure. Le capitaine sourit, une idée lumineuse lui traverse l'esprit.
L'homme se concentre un moment, avant de forcer la conscience de l'animal, qui se réveille en grognant. Pas impressionné pour deux sous, John attend encore un peu, avant de déchaîner son pouvoir pour soumettre le reptile à sa volonté.
L'homme et le prédateur se mettent côte à côte, sur les traces de Bertrand, lequel se trouve maintenant assez loin, devant les grilles électrifiées de la Base-Noyau, qui devient visible. John, grâce à son pouvoir psychique, est attentif à la manœuvre du septuagénaire, qui coupe le courant, avant de poursuivre tranquillement sa route.
Le capitaine craint le pire quand Bertrand croise une patrouille, heureusement, ce dernier à un don pour se fondre dans la masse. Il se montre tellement complice et naturel en saluant les soldats d'un signe de la main, que ces derniers lui décrochent un sourire en retour, en poursuivant leur chemin.
- J'aurais aimé connaître ce gars-là... Souffle John, impressionné par tant de panache.
--- --- ---
Base Noyau, dans le palais de métal du seigneur Frégast.
Le maître de la Fondation examine silencieusement les rapports que les défunts scientifiques ont laissés derrière eux. Étant lui-même un homme de science, il s'intéresse de près à ces choses-là et ne laisse rien au hasard.
En deux jours de lecture, il a appris beaucoup de choses dont certaines informations des plus intéressantes. Une des plus impressionnantes concerne la microbiologie : il existe dans ce monde ce qu'on pourrait appeler un bactériophage universel. C'est à dire un virus vivant naturellement dans l'organisme animal ou humain. Sa particularité principale est que ce microbe ne cause aucune nuisance mais il se nourrit des autres virus et bactéries. Ce micro-organisme est si présent qu'il remplace en partie le système immunitaire des populations humaines de Sterrn. Ce pourrait être une avancée médicale remarquable mais la renommée n'intéresse pas le seigneur Frégast.
Le rapport qui a retenu particulièrement son attention concerne un tout autre domaine. Une équipe de physiciens a mis en évidence, par une série de calculs et d'expériences diverses, l'existence d'une dimension immatérielle servant de frontière entre les mondes. La structure de cet intermonde suppose l'existence d'au moins trois autres mondes, ce qui intéresse le maître, qui se promet de revenir dessus une fois ses projets menés à bien.
- Seigneur Frégast, je présume ? résonne une voix, qui le sort brusquement de sa lecture.
Le maître lève la tête, surpris d'être ainsi dérangé. Bertrand se tient à quelques mètres de son bureau.
- Bertrand Vasseur... Vous avez survécu, je vois. Comment êtes-vous entré ? Les gardiens vous ont laissé passer ?
- Un seul garde facilement distrait... Souffle Bertrand, pour toute réponse, en sortant ses armes, qu'il cachait à l'arrière de son pantalon.
- Je vous en prie, asseyez-vous. Nous avons à parler... L'invite le maître, qui semble conciliant.
- Vous vous foutez de moi ? explose Bertrand. Vous avez tué la plupart de mes amis de la Fondation, puis planifié mon meurtre de la même façon, avant de ruiner mon travail auprès de la population locale ! Je devrais m'asseoir avec vous pour parler affaires ! Vous êtes complètement fou !
- Allons, monsieur Vasseur ! Calmons-nous. De toute façon, vous n'avez rien d'un assassin... Quel était votre objectif en venant ici ?
- Vous tuer ! Mais avant, je veux connaître vos véritables intentions ! réplique Bertrand, implacable.
- Très bien... J'apprécie votre franchise et je vais aller droit au but. Ce monde ne compte pas à mes yeux, en dehors d'un certain intérêt scientifique... Mais il m'est possible de l'utiliser pour mener à terme ma plus grande ambition...
- Qui est ?
- Je veux la Terre.
- Rien que ça... Pauvre cinglé, comment tu comptes t'y prendre ?
- Ce monde est un refuge sûr pour moi et je suis maintenant la seule personne à même d'ouvrir une faille entre les mondes ! Saviez-vous que la Terre et Sterrn sont superposés ? Cela signifie qu'avec mes machines quand j'aurais localisé les bons endroits sur Sterrn (et je peux déterminer mathématiquement leur position) mes troupes pourrons investir en toute impunité les sièges du pouvoir, sur Terre et prendre les dirigeants en otage...
Bertrand reste silencieux, complètement écrasé par de telles révélations. Ce seigneur Frégast est fou dangereux mais son plan, s'il demeure improbable, se tient.
- C'est impossible, vous n'avez pas assez d'hommes !
- Pour l'instant mais c'est en train de changer... De plus, avec toutes les choses découvertes ici, mes plans initiaux vont être peaufinés... Savez-vous ce que sont les Daukns ?
- J'en ai entendu parler... Répond Bertrand, qui ne parvient pas à faire le rapprochement.
- Alors imaginez des gouvernements Terriens tout entiers sous le contrôle de Daukns Valvor, eux-mêmes sous mes ordres... Mais, la question qui se pose maintenant est la suivante : voulez-vous participer à la gloire de mon œuvre ?
Cette dernière phrase ôte les derniers remords du vieil homme. Sans hésiter, il lève ses pistolets mitrailleurs et tire en rafale sur le maître, sur qui ça n'a pas le moindre effet, sinon de le faire rire nerveusement.
Dans la forêt de Syl, à la sortie du souterrain.
Anthony émerge du tunnel avec difficulté, car il transporte Jérémy sur son dos.
Sa réapparition calme les inquiétudes du groupe, Gralik fonce s'occuper de Jérémy mais Élodie, jusqu'alors angoissée, explose.
- Vous étiez où ? On aurait pu se faire tuer en vous attendant ! D'ailleurs on devrait filer avant qu'ils nous rattrapent ! J'espère que tu te rends compte du risque que tu nous as fait prendre !
Justin s'apprête à répliquer mais Anthony lui coupe la parole, d'un air étrangement calme par rapport aux derniers évènements qu'il vient de vivre.
- Aucune inquiétude à avoir, plus personne ne nous suivra. Maintenant, allons rejoindre Bertrand...
- On devrait passer par la rivière, ça sera bien plus rapide que d'utiliser le souterrain qu'il a emprunté... Suggère Evran, qui connaît les lieux.
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Dans la forêt de Syl.
Bertrand s'arrête pour faire une courte pause, passablement énervé.
Ces maudits arbres bleus détraquent les boussoles, le septuagénaire a failli se perdre plusieurs fois, la fatigue aidant. Il commence à comprendre pourquoi l'équipe de Lambert a mis tant de temps pour trouver le village.
Heureusement, le souterrain qui part de la maison du prophète Esso lui a fait gagner une bonne journée de marche, ce qui lui permet de relativiser.
Assis sur un tronc d'arbre, le diplomate contemple le paysage un moment, avant de découvrir avec effroi qu'un tyrannosaure dort à quelques mètres, partiellement caché par des bosquets. En toute discrétion, Bertrand s'éclipse, le cœur battant. S'arrêter dans cette forêt est décidément une bien mauvaise idée.
Quelques instants plus tard, il est suivi par le capitaine John, qui reste un moment en arrêt devant le gros dinosaure. Le capitaine sourit, une idée lumineuse lui traverse l'esprit.
L'homme se concentre un moment, avant de forcer la conscience de l'animal, qui se réveille en grognant. Pas impressionné pour deux sous, John attend encore un peu, avant de déchaîner son pouvoir pour soumettre le reptile à sa volonté.
L'homme et le prédateur se mettent côte à côte, sur les traces de Bertrand, lequel se trouve maintenant assez loin, devant les grilles électrifiées de la Base-Noyau, qui devient visible. John, grâce à son pouvoir psychique, est attentif à la manœuvre du septuagénaire, qui coupe le courant, avant de poursuivre tranquillement sa route.
Le capitaine craint le pire quand Bertrand croise une patrouille, heureusement, ce dernier à un don pour se fondre dans la masse. Il se montre tellement complice et naturel en saluant les soldats d'un signe de la main, que ces derniers lui décrochent un sourire en retour, en poursuivant leur chemin.
- J'aurais aimé connaître ce gars-là... Souffle John, impressionné par tant de panache.
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Base Noyau, dans le palais de métal du seigneur Frégast.
Le maître de la Fondation examine silencieusement les rapports que les défunts scientifiques ont laissés derrière eux. Étant lui-même un homme de science, il s'intéresse de près à ces choses-là et ne laisse rien au hasard.
En deux jours de lecture, il a appris beaucoup de choses dont certaines informations des plus intéressantes. Une des plus impressionnantes concerne la microbiologie : il existe dans ce monde ce qu'on pourrait appeler un bactériophage universel. C'est à dire un virus vivant naturellement dans l'organisme animal ou humain. Sa particularité principale est que ce microbe ne cause aucune nuisance mais il se nourrit des autres virus et bactéries. Ce micro-organisme est si présent qu'il remplace en partie le système immunitaire des populations humaines de Sterrn. Ce pourrait être une avancée médicale remarquable mais la renommée n'intéresse pas le seigneur Frégast.
Le rapport qui a retenu particulièrement son attention concerne un tout autre domaine. Une équipe de physiciens a mis en évidence, par une série de calculs et d'expériences diverses, l'existence d'une dimension immatérielle servant de frontière entre les mondes. La structure de cet intermonde suppose l'existence d'au moins trois autres mondes, ce qui intéresse le maître, qui se promet de revenir dessus une fois ses projets menés à bien.
- Seigneur Frégast, je présume ? résonne une voix, qui le sort brusquement de sa lecture.
Le maître lève la tête, surpris d'être ainsi dérangé. Bertrand se tient à quelques mètres de son bureau.
- Bertrand Vasseur... Vous avez survécu, je vois. Comment êtes-vous entré ? Les gardiens vous ont laissé passer ?
- Un seul garde facilement distrait... Souffle Bertrand, pour toute réponse, en sortant ses armes, qu'il cachait à l'arrière de son pantalon.
- Je vous en prie, asseyez-vous. Nous avons à parler... L'invite le maître, qui semble conciliant.
- Vous vous foutez de moi ? explose Bertrand. Vous avez tué la plupart de mes amis de la Fondation, puis planifié mon meurtre de la même façon, avant de ruiner mon travail auprès de la population locale ! Je devrais m'asseoir avec vous pour parler affaires ! Vous êtes complètement fou !
- Allons, monsieur Vasseur ! Calmons-nous. De toute façon, vous n'avez rien d'un assassin... Quel était votre objectif en venant ici ?
- Vous tuer ! Mais avant, je veux connaître vos véritables intentions ! réplique Bertrand, implacable.
- Très bien... J'apprécie votre franchise et je vais aller droit au but. Ce monde ne compte pas à mes yeux, en dehors d'un certain intérêt scientifique... Mais il m'est possible de l'utiliser pour mener à terme ma plus grande ambition...
- Qui est ?
- Je veux la Terre.
- Rien que ça... Pauvre cinglé, comment tu comptes t'y prendre ?
- Ce monde est un refuge sûr pour moi et je suis maintenant la seule personne à même d'ouvrir une faille entre les mondes ! Saviez-vous que la Terre et Sterrn sont superposés ? Cela signifie qu'avec mes machines quand j'aurais localisé les bons endroits sur Sterrn (et je peux déterminer mathématiquement leur position) mes troupes pourrons investir en toute impunité les sièges du pouvoir, sur Terre et prendre les dirigeants en otage...
Bertrand reste silencieux, complètement écrasé par de telles révélations. Ce seigneur Frégast est fou dangereux mais son plan, s'il demeure improbable, se tient.
- C'est impossible, vous n'avez pas assez d'hommes !
- Pour l'instant mais c'est en train de changer... De plus, avec toutes les choses découvertes ici, mes plans initiaux vont être peaufinés... Savez-vous ce que sont les Daukns ?
- J'en ai entendu parler... Répond Bertrand, qui ne parvient pas à faire le rapprochement.
- Alors imaginez des gouvernements Terriens tout entiers sous le contrôle de Daukns Valvor, eux-mêmes sous mes ordres... Mais, la question qui se pose maintenant est la suivante : voulez-vous participer à la gloire de mon œuvre ?
Cette dernière phrase ôte les derniers remords du vieil homme. Sans hésiter, il lève ses pistolets mitrailleurs et tire en rafale sur le maître, sur qui ça n'a pas le moindre effet, sinon de le faire rire nerveusement.