Chapitre 44
Jérémy et Gralik, toujours enfermés, sursautent lorsqu'ils entendent des bruits de pas résonner dans la demeure.
L'instant d'après, Esso, suivi de Gwornal, Evran, Justin et Anthony, entrent dans la pièce. Le jeune homme constate que ses amis sont armés.
- Vous êtes revenus ! s'exclame Jérémy, heureux de les retrouver.
Après quelques brèves politesses, l'archonte les informe de la situation et leur conseille de rester cachés chez lui. Ensuite il s'éclipse afin de rassembler et armer les villageois pour contrer la patrouille de la Fondation.
Néanmoins, la patrouille arrive plus tôt que prévu, elle est visible depuis une fenêtre. Anthony s'aperçoit qu'il s'agit d'un commando. Il fait la grimace, alors qu'Esso s'en approche. Ce dernier bredouille quelques mots, désireux de calmer le jeu mais ne parvient pas à se faire comprendre. Il se fait assommer d'un magistral coup de crosse au visage. En voyant cela, Gwornal s'éclipse par une fenêtre, en donnant l'ordre aux autres de rester bien cachés.
- Oh merde... Jure Jérémy, à voix basse.
Étant près d'une fenêtre, il aperçoit les hommes, qui commencent à fouiller les bâtiments autour d'eux, probablement à la recherche de quelqu'un.
- Il existe un passage secret qui est relié aux souterrains, dans cette maison, aidez-moi à le chercher ! suggère Evran, avec une autorité qui ne lui est pas familière.
Tout le monde s'active, sauf Jérémy qui reste posté à sa fenêtre.
- Quelqu'un arrive ! lance-il, terrorisé.
Ça ne traîne pas : un homme d'une trentaine d'années enfonce la porte à coups de pied mais avant même qu'il n'ouvre la bouche, Anthony le fait taire d'une balle dans le front.
- Tony ! hurle Justin, désapprobateur, comme pour souligner que ce n'est pas très civilisé.
- Bah quoi ? J'allais pas le laisser nous tuer !
- On est repéré ! Qu'est-ce qu'on fait ? panique Jérémy.
- CHERCHEZ LE PASSAGE ! répète Evran.
Pendant qu'ils redoublent d'ardeur, fouillant dans les coins les plus insoupçonnés, une forte voix retentit au dehors.
- ANTHONY FOURNIER ! Nous savons que vous êtes là, car nous avons vu le dirigeable. Rendez-vous immédiatement et estimez-vous heureux que notre seigneur vous veuille vivant, malgré votre apparente trahison... Avancez-vous à la fenêtre et parlons-nous face à face...
- Vous me prenez pour un imbécile ? Vous allez me butter dès que vous me verrez ! hurle Anthony, de façon à être entendu.
- Nous avons des lance-roquettes qui pourraient détruire la maison dans laquelle vous vous terrez. Vous voulez vraiment tuer vos amis ? Nous ne leur voulons aucun mal... Reprend la voix, à travers laquelle Anthony identifie le colonel Costa.
- ...
- Jouez pas au con, Fournier, j'ai un otage ! lance le colonel, qui perd patience.
- Tuez-le ! J'en ai rien à foutre !
- C'est votre frère, écoutez-vous même...
Les yeux du jeune homme s'écarquillent et son teint vire au blanc pâle. Lorsqu'il entend le jeune otage pousser une plainte inarticulée entre deux sanglots, une peur sans nom l'envahit tout entier. C'est bien lui.
Il reste figé un instant, comme si un gouffre s'ouvrait sous ses pieds.
- Attendez ! Se reprend-il, avant de courir à la fenêtre la plus proche.
Le spectacle qu'il voit l'horrifie et Anthony aurait hurlé de tout son être si sa gorge ne s'était pas serrée tant il est crispé.
Son jeune frère Alexis se tient devant lui, à une dizaine de mètres, le visage couvert de larmes et ses yeux reflétant sa terreur. Il est la seule famille qui reste à Anthony, les autres l'ayant renié.
Quand le jeune homme remarque que le colonel Costa se tient derrière son frère, une bouffée de haine le revigore. Elle est immédiatement balayée par la terreur lorsque que le jeune homme réalise que son ennemi tient un court poignard, contre la gorge d'Alexis.
- Vous devenez raisonnable, commente l'homme, qui est équipé d'un porte-voix.
Anthony ne répond rien, plongé dans de rapides et intenses réflexions. À sa grande horreur, aucune solution n'est sûre : s'il se rend, le colonel va l'abattre lui ou son frère afin de le punir du meurtre du soldat. S'il ne capitule pas, son frère y laissera la vie. Seul un pari risqué peut encore le sortir de là...
- Posez votre arme sur le rebord de la fenêtre et avancez-vous doucement, ordonne le colonel.
Anthony, tremblant, tente de maîtriser sa peur, puis il inspire un coup avant de prendre la parole, en s'efforçant d'avoir l'air convaincant. Il s'apprête à mentir de façon à bluffer son interlocuteur. Un exercice qui lui est familier, bien que l'enjeu n'ait jamais été si grand. La vie de son frère, ainsi que la sienne. Il faut qu'il réussisse.
- Les villageois ne vont pas permettre ça, surtout que mon frère n'a que quinze ans. Ce sont de bons combattants et ils sont bien plus nombreux que vous. Ils vous observent avec des arcs en ce moment même. Relâchez-le et partez d'ici, ou vous mourrez tous, menace Anthony, aussi calme que glacial, bien qu'il ne s'agisse que d'un masque.
Chacun de ses mots font mouche, les hommes de la Fondation semblent hésiter. Certains balaient les environs du regard, inquiets. Mais le colonel Costa n'est pas comme eux. Il est un meurtrier de la pire espèce, seul compte pour lui l'appel du sang, qui fait battre son cœur comme rien d'autre. Il ignore l'avertissement et sourit, satisfait du déroulement de la situation. Il est maintenant autorisé à tuer.
- Très bien... Reprend l'homme, toujours aussi calme. Trop calme.
- Non ! Tony ! Fais quelque chose ! supplie Alexis.
D'un geste sec, le colonel Costa tranche la gorge de son otage, qui ouvre grand les yeux avant de mourir, comme foudroyé.
Un jet de sang est expulsé de son cou, puis il tombe au sol, l'air détaché de ce qui lui arrive. Anthony à l'impression que cette chute désarticulée dure des heures. Une fois à terre, le corps semble fixer son frère mais son regard est maintenant vide... mort.
Alexis Fournier n'est plus.
Anthony demeure paralysé, la bouche grande ouverte, il est toujours incapable de bouger lorsque le colonel dégaine son pistolet. C'est Justin qui le pousse de la fenêtre d'un bon coup de pied, alors que le milliaire ouvre le feu.
Une fois tombé au sol, Anthony ne réagit toujours pas. Il relève à peine la tête, son regard reste vague, comme si son cerveau refusait d'intégrer les derniers évènements.
- J'ai trouvé le passage ! annonce Gralik.
La cachette est astucieuse. Qui aurait l'idée saugrenue de chercher une trappe dans la cheminée ? Gralik, apparemment.
- C'est votre dernier avertissement ! tonne la voix du colonel Costa. Livrez-nous Anthony Fournier, ou la maison sera détruite dans trente secondes !
- Vite ! Entrez là-dedans !
Tous se hâtent dans le passage, sauf Anthony qui ne bouge toujours pas. Son meilleur ami doit le tirer jusqu'au passage et l'y faire tomber. La douleur causée par sa chute de plusieurs mètres a le mérite de le sortir de sa torpeur. Ses yeux s'embuent de larmes, tandis que Justin, resté en arrière saute dans le passage au moment où la maison de l'archonte vole en éclats, après une série de bruyantes détonations.
- S'ils prennent la peine de déblayer les décombres, ils trouveront le passage, faut pas rester là ! dit Jérémy. Ça va Tony ?
- ÉVIDEMENT QUE NON ! réplique celui-ci, complètement hystérique.
- Je suis désolé... Vraiment... Reprend le blond, vraiment mal à l'aise.
- ÇA NE VA PAS DU TOUT ! ET JE VOUS JURE SUR MA VIE QUE JE LES TUERAI TOUS ! JUSQU'AU DERNIER ! JE TUERAI CE CONNARD DE COLONEL ! JE TUERAI LE SEIGNEUR FRÉGAST ! JE VAIS TOUS LES TUER, TU M'ENTENDS ?
La lueur de haine qui émane de ses yeux fait froid dans le dos. Anthony semble avoir irrémédiablement perdu la raison. Même Gralik qui ne comprend pas le français prend peur et se tient éloigné de lui.
- Hé ! On entend des voix là-dessous ! crie un homme, quelques mètres au-dessus d'eux.
Tout le monde se regarde, avant que Justin, qui connaît ce tunnel, ne rompe le silence.
- Par-là ! Vite !
Jérémy et Gralik, toujours enfermés, sursautent lorsqu'ils entendent des bruits de pas résonner dans la demeure.
L'instant d'après, Esso, suivi de Gwornal, Evran, Justin et Anthony, entrent dans la pièce. Le jeune homme constate que ses amis sont armés.
- Vous êtes revenus ! s'exclame Jérémy, heureux de les retrouver.
Après quelques brèves politesses, l'archonte les informe de la situation et leur conseille de rester cachés chez lui. Ensuite il s'éclipse afin de rassembler et armer les villageois pour contrer la patrouille de la Fondation.
Néanmoins, la patrouille arrive plus tôt que prévu, elle est visible depuis une fenêtre. Anthony s'aperçoit qu'il s'agit d'un commando. Il fait la grimace, alors qu'Esso s'en approche. Ce dernier bredouille quelques mots, désireux de calmer le jeu mais ne parvient pas à se faire comprendre. Il se fait assommer d'un magistral coup de crosse au visage. En voyant cela, Gwornal s'éclipse par une fenêtre, en donnant l'ordre aux autres de rester bien cachés.
- Oh merde... Jure Jérémy, à voix basse.
Étant près d'une fenêtre, il aperçoit les hommes, qui commencent à fouiller les bâtiments autour d'eux, probablement à la recherche de quelqu'un.
- Il existe un passage secret qui est relié aux souterrains, dans cette maison, aidez-moi à le chercher ! suggère Evran, avec une autorité qui ne lui est pas familière.
Tout le monde s'active, sauf Jérémy qui reste posté à sa fenêtre.
- Quelqu'un arrive ! lance-il, terrorisé.
Ça ne traîne pas : un homme d'une trentaine d'années enfonce la porte à coups de pied mais avant même qu'il n'ouvre la bouche, Anthony le fait taire d'une balle dans le front.
- Tony ! hurle Justin, désapprobateur, comme pour souligner que ce n'est pas très civilisé.
- Bah quoi ? J'allais pas le laisser nous tuer !
- On est repéré ! Qu'est-ce qu'on fait ? panique Jérémy.
- CHERCHEZ LE PASSAGE ! répète Evran.
Pendant qu'ils redoublent d'ardeur, fouillant dans les coins les plus insoupçonnés, une forte voix retentit au dehors.
- ANTHONY FOURNIER ! Nous savons que vous êtes là, car nous avons vu le dirigeable. Rendez-vous immédiatement et estimez-vous heureux que notre seigneur vous veuille vivant, malgré votre apparente trahison... Avancez-vous à la fenêtre et parlons-nous face à face...
- Vous me prenez pour un imbécile ? Vous allez me butter dès que vous me verrez ! hurle Anthony, de façon à être entendu.
- Nous avons des lance-roquettes qui pourraient détruire la maison dans laquelle vous vous terrez. Vous voulez vraiment tuer vos amis ? Nous ne leur voulons aucun mal... Reprend la voix, à travers laquelle Anthony identifie le colonel Costa.
- ...
- Jouez pas au con, Fournier, j'ai un otage ! lance le colonel, qui perd patience.
- Tuez-le ! J'en ai rien à foutre !
- C'est votre frère, écoutez-vous même...
Les yeux du jeune homme s'écarquillent et son teint vire au blanc pâle. Lorsqu'il entend le jeune otage pousser une plainte inarticulée entre deux sanglots, une peur sans nom l'envahit tout entier. C'est bien lui.
Il reste figé un instant, comme si un gouffre s'ouvrait sous ses pieds.
- Attendez ! Se reprend-il, avant de courir à la fenêtre la plus proche.
Le spectacle qu'il voit l'horrifie et Anthony aurait hurlé de tout son être si sa gorge ne s'était pas serrée tant il est crispé.
Son jeune frère Alexis se tient devant lui, à une dizaine de mètres, le visage couvert de larmes et ses yeux reflétant sa terreur. Il est la seule famille qui reste à Anthony, les autres l'ayant renié.
Quand le jeune homme remarque que le colonel Costa se tient derrière son frère, une bouffée de haine le revigore. Elle est immédiatement balayée par la terreur lorsque que le jeune homme réalise que son ennemi tient un court poignard, contre la gorge d'Alexis.
- Vous devenez raisonnable, commente l'homme, qui est équipé d'un porte-voix.
Anthony ne répond rien, plongé dans de rapides et intenses réflexions. À sa grande horreur, aucune solution n'est sûre : s'il se rend, le colonel va l'abattre lui ou son frère afin de le punir du meurtre du soldat. S'il ne capitule pas, son frère y laissera la vie. Seul un pari risqué peut encore le sortir de là...
- Posez votre arme sur le rebord de la fenêtre et avancez-vous doucement, ordonne le colonel.
Anthony, tremblant, tente de maîtriser sa peur, puis il inspire un coup avant de prendre la parole, en s'efforçant d'avoir l'air convaincant. Il s'apprête à mentir de façon à bluffer son interlocuteur. Un exercice qui lui est familier, bien que l'enjeu n'ait jamais été si grand. La vie de son frère, ainsi que la sienne. Il faut qu'il réussisse.
- Les villageois ne vont pas permettre ça, surtout que mon frère n'a que quinze ans. Ce sont de bons combattants et ils sont bien plus nombreux que vous. Ils vous observent avec des arcs en ce moment même. Relâchez-le et partez d'ici, ou vous mourrez tous, menace Anthony, aussi calme que glacial, bien qu'il ne s'agisse que d'un masque.
Chacun de ses mots font mouche, les hommes de la Fondation semblent hésiter. Certains balaient les environs du regard, inquiets. Mais le colonel Costa n'est pas comme eux. Il est un meurtrier de la pire espèce, seul compte pour lui l'appel du sang, qui fait battre son cœur comme rien d'autre. Il ignore l'avertissement et sourit, satisfait du déroulement de la situation. Il est maintenant autorisé à tuer.
- Très bien... Reprend l'homme, toujours aussi calme. Trop calme.
- Non ! Tony ! Fais quelque chose ! supplie Alexis.
D'un geste sec, le colonel Costa tranche la gorge de son otage, qui ouvre grand les yeux avant de mourir, comme foudroyé.
Un jet de sang est expulsé de son cou, puis il tombe au sol, l'air détaché de ce qui lui arrive. Anthony à l'impression que cette chute désarticulée dure des heures. Une fois à terre, le corps semble fixer son frère mais son regard est maintenant vide... mort.
Alexis Fournier n'est plus.
Anthony demeure paralysé, la bouche grande ouverte, il est toujours incapable de bouger lorsque le colonel dégaine son pistolet. C'est Justin qui le pousse de la fenêtre d'un bon coup de pied, alors que le milliaire ouvre le feu.
Une fois tombé au sol, Anthony ne réagit toujours pas. Il relève à peine la tête, son regard reste vague, comme si son cerveau refusait d'intégrer les derniers évènements.
- J'ai trouvé le passage ! annonce Gralik.
La cachette est astucieuse. Qui aurait l'idée saugrenue de chercher une trappe dans la cheminée ? Gralik, apparemment.
- C'est votre dernier avertissement ! tonne la voix du colonel Costa. Livrez-nous Anthony Fournier, ou la maison sera détruite dans trente secondes !
- Vite ! Entrez là-dedans !
Tous se hâtent dans le passage, sauf Anthony qui ne bouge toujours pas. Son meilleur ami doit le tirer jusqu'au passage et l'y faire tomber. La douleur causée par sa chute de plusieurs mètres a le mérite de le sortir de sa torpeur. Ses yeux s'embuent de larmes, tandis que Justin, resté en arrière saute dans le passage au moment où la maison de l'archonte vole en éclats, après une série de bruyantes détonations.
- S'ils prennent la peine de déblayer les décombres, ils trouveront le passage, faut pas rester là ! dit Jérémy. Ça va Tony ?
- ÉVIDEMENT QUE NON ! réplique celui-ci, complètement hystérique.
- Je suis désolé... Vraiment... Reprend le blond, vraiment mal à l'aise.
- ÇA NE VA PAS DU TOUT ! ET JE VOUS JURE SUR MA VIE QUE JE LES TUERAI TOUS ! JUSQU'AU DERNIER ! JE TUERAI CE CONNARD DE COLONEL ! JE TUERAI LE SEIGNEUR FRÉGAST ! JE VAIS TOUS LES TUER, TU M'ENTENDS ?
La lueur de haine qui émane de ses yeux fait froid dans le dos. Anthony semble avoir irrémédiablement perdu la raison. Même Gralik qui ne comprend pas le français prend peur et se tient éloigné de lui.
- Hé ! On entend des voix là-dessous ! crie un homme, quelques mètres au-dessus d'eux.
Tout le monde se regarde, avant que Justin, qui connaît ce tunnel, ne rompe le silence.
- Par-là ! Vite !