Chapitre 43
Forêt de Syl, dans la masure de Vena.
- Et puis quoi encore ? Vous ne pensez quand même pas que je vais travailler gratuitement ? rugit Vena.
- Je vous en prie, répondez à ma question : quel âge avez-vous ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre, malpoli ?
John soupire, il s'attendait pas à ce que l'alchimiste soit aussi bourrue.
- Voyez-vous, je suis un haut prophète, j'ai un puissant don psychique. C'est le Dragon lui-même qui me l'a conféré...
- Si vous croyez m'impressionner avec ça... Aussi haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul !
Le capitaine ne peut s'empêcher de sourire, avant de reprendre contenance.
- Sérieusement Vena, c'est pour ma survie, vous pourriez faire un petit effort ! Je vous apprendrai à utiliser vos capacités psychiques, si vous êtes assez âgée, ça ne vous intéresse pas ? C'est pour ça que je vous ai posé cette question...
- Vous n'obtiendrez pas mon aide. Vous m'avez sous-estimée, j'ai l'air jeune à force de me nourrir de mes préparations mais je suis presque centenaire ! Et j'ai déjà trouvé par moi-même quelques rudiments quant à l'utilisation de ce pouvoir !
- Mais vous... Pas possible ! Vous ne pouvez pas avoir plus de soixante ans ! bafouille John, stupéfié.
- Et si ! D'ailleurs, ça fait cinq bonnes minutes que je sonde discrètement votre esprit.
- COMMENT OSEZ-VOUS ? glapit John, en éjectant violemment la conscience de Vena de la sienne.
Apparemment, son pouvoir n'en est qu'à ses débuts et il est encore faible mais l'alchimiste l'utilise avec une telle finesse que le capitaine ne l'a pas remarqué.
- Vous me sembliez louche, donc j'ai sondé votre esprit et d'après ce que j'ai vu, si votre œuvre est louable, vous n'êtes qu'un connard opportuniste qui ne reculera devant rien pour l'accomplir. Vous êtes un menteur et un manipulateur. Vous avez abandonné mon petit-fils Evran pour sauver votre peau alors que vous êtes largement assez puissant pour arrêter trois valvors avant qu'ils ne fassent le moindre mal. Vous êtes un lâche. Partez maintenant !
Le capitaine John tremble de fureur mais garde avec peine le contrôle de lui-même. Jamais une personne de Sterrn ne l'a à ce point offensé.
- Comment avez-vous fait pour me sonder sans que je ne m'en aperçoive ?
- Vous n'aviez qu'à être sur vos gardes... Maintenant dehors ! Tout de suite !
- Je ne crois pas, non. Répond John, d'une voix ferme qui ne présage rien de bon.
- Tirez-vous de chez moi immédiatement !
Le capitaine se lève, toujours outré et Vena pense qu'il va obtempérer. Elle relâche sa vigilance un instant. John lui lance un regard noir, puis soudainement, l'alchimiste sent une vague de puissance d'une intensité prodigieuse frapper son esprit, la faisant reculer.
La vieille femme panique et tente de repousser cette intrusion de toutes ses forces. Mais le don du capitaine est bien supérieur au sien et elle se retrouve à la merci de ce dernier, qui lui fouille l'esprit sans douceur ni ménagement. Cela lui fait l'effet de claques, qu'elle encaisse sans pouvoir se protéger.
Après quelques minutes de ce traitement, l'agresseur relâche son emprise et Vena tombe sur le sol, à bout de forces.
John, toujours en pleine forme, l'enjambe et dérobe trois fioles sur une des étagères.
- Tout ce qu'il me fallait... Au revoir, Vena. Je suis désolé qu'on en soit arrivé là mais je ne dois absolument pas mourir, quel qu'en soit le prix. Ne tentez pas de me suivre, car si je le dois, je vous tuerai, l'informe le capitaine, avant de partir en claquant la fragile porte, qui s'écroule sous le choc.
Il marche de longues heures dans la forêt avant de retrouver son calme. Visiblement sa monture a profité de son absence pour partir. Furtivement, il aperçoit Bertrand au loin, une arme dans chaque main. Il décide de rester hors de vue et il sonde son esprit discrètement. Après quelques secondes, le capitaine paraît satisfait et commence à suivre Bertrand discrètement.
- Ce qu'il veut faire pourrait tourner les choses en ma faveur... Je vais le surveiller, murmure-il pour lui-même.
--- --- ---
Dans la forêt de Syl, à moins d'un kilomètre du village.
Le groupe de Justin avance en silence vers le village, en espérant qu'il n'est pas trop tard pour Bertrand. L'ambiance est pesante, en jetant un bref coup d'œil à Anthony, Evran remarque qu'il tient une petite photo dans la paume de sa main.
- Qui-est-ce ? demande l'autochtone.
- Mon frère, le seul de ma famille avec lequel je suis encore en contact, je l'adore...
- Tu ne vois plus ta famille non plus ? s'étonne Evran.
- Non... Disons que travailler pour des hommes qui ouvrent des passages entre les mondes, c'est assez mal vu, donc les autres n'ont plus voulu me parler.
« Ohlala, cette mauvaise foi... », pense Justin, blasé.
- Vu ce qui se passe en ce moment, faut croire qu'ils avaient vu juste.
- Personnellement quand tout ce bordel sera réglé, je préférerai m'installer ici que retourner sur Terre, intervient Justin.
- De toute façon c'est plus sûr, car la Fondation va nous détester ! dit Anthony.
Ils franchissent ainsi l'entrée du village et s'étonnent des regards gênés, fuyants ou curieux qui leur sont adressés.
- Qu'est-ce que vous avez tous ? demandent les deux Terriens.
- On sent mauvais, où quoi ? dédramatise Evran.
Ils voient Esso plus loin, en train de s'approcher d'eux, l'air aussi gêné que les villageois.
- Hum... Je suis désolé de l'accueil mais vous arrivez au mauvais moment... Informe l'archonte.
- Oh misère... Qu'est-ce qui se trame encore ? demande Justin.
- À la demande de Bertrand, j'ai enfermé Jérémy et Gralik afin qu'ils ne tentent pas de l'empêcher d'atteindre son but... Explique Esso.
- Lequel ?
- Pour que notre monde ne souffre pas de la folie du seigneur Frégast, il est parti pour le tuer.
- Et vous l'avez laissé faire ? À la limite, vous auriez dû l'aider ! s'indigne Justin, effaré.
- Calmez-vous ! Bertrand a préféré y aller seul pour ne pas risquer notre vie. De plus, il connaît le terrain, c'est son choix et je respecte ses décisions.
- Libérez les autres et partons le chercher avant qu'il ne soit trop tard !
- Je regrette mais c'est hors de question. Vous serez enfermés avec les autres jusqu'à demain, pour plus de prudence. Donnez-moi vos armes ! ordonne l'archonte.
- Ça ne risque pas... Menace Anthony, qui déploie sa matraque télescopique.
Sur un signe de l'archonte, deux villageois armés de zak s'avancent mais un homme sort soudainement de la forêt, visiblement à bout de souffle. C'est Gwornal.
- Evran ! Tu es revenu ! dit-il, avant de sauter sur son fils pour le prendre dans ses bras. Ce dernier est content de le revoir mais semble étouffer sous cette impressionnante masse de muscle.
« Il est vraiment super, Gwornal... », s'attendrit Justin.
Après une étreinte, le prophète reprend ses esprits et se tourne vers l'archonte.
- Une troupe armée jusqu'aux dents se dirige vers Syl, sûrement pour corriger l'échec d'Adrien...
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demande Anthony, qui a pourtant une vague idée de la réponse.
- Il a tenté de tuer Bertrand.
- S'ils nous trouvent ici, ça craint...
Forêt de Syl, dans la masure de Vena.
- Et puis quoi encore ? Vous ne pensez quand même pas que je vais travailler gratuitement ? rugit Vena.
- Je vous en prie, répondez à ma question : quel âge avez-vous ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre, malpoli ?
John soupire, il s'attendait pas à ce que l'alchimiste soit aussi bourrue.
- Voyez-vous, je suis un haut prophète, j'ai un puissant don psychique. C'est le Dragon lui-même qui me l'a conféré...
- Si vous croyez m'impressionner avec ça... Aussi haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul !
Le capitaine ne peut s'empêcher de sourire, avant de reprendre contenance.
- Sérieusement Vena, c'est pour ma survie, vous pourriez faire un petit effort ! Je vous apprendrai à utiliser vos capacités psychiques, si vous êtes assez âgée, ça ne vous intéresse pas ? C'est pour ça que je vous ai posé cette question...
- Vous n'obtiendrez pas mon aide. Vous m'avez sous-estimée, j'ai l'air jeune à force de me nourrir de mes préparations mais je suis presque centenaire ! Et j'ai déjà trouvé par moi-même quelques rudiments quant à l'utilisation de ce pouvoir !
- Mais vous... Pas possible ! Vous ne pouvez pas avoir plus de soixante ans ! bafouille John, stupéfié.
- Et si ! D'ailleurs, ça fait cinq bonnes minutes que je sonde discrètement votre esprit.
- COMMENT OSEZ-VOUS ? glapit John, en éjectant violemment la conscience de Vena de la sienne.
Apparemment, son pouvoir n'en est qu'à ses débuts et il est encore faible mais l'alchimiste l'utilise avec une telle finesse que le capitaine ne l'a pas remarqué.
- Vous me sembliez louche, donc j'ai sondé votre esprit et d'après ce que j'ai vu, si votre œuvre est louable, vous n'êtes qu'un connard opportuniste qui ne reculera devant rien pour l'accomplir. Vous êtes un menteur et un manipulateur. Vous avez abandonné mon petit-fils Evran pour sauver votre peau alors que vous êtes largement assez puissant pour arrêter trois valvors avant qu'ils ne fassent le moindre mal. Vous êtes un lâche. Partez maintenant !
Le capitaine John tremble de fureur mais garde avec peine le contrôle de lui-même. Jamais une personne de Sterrn ne l'a à ce point offensé.
- Comment avez-vous fait pour me sonder sans que je ne m'en aperçoive ?
- Vous n'aviez qu'à être sur vos gardes... Maintenant dehors ! Tout de suite !
- Je ne crois pas, non. Répond John, d'une voix ferme qui ne présage rien de bon.
- Tirez-vous de chez moi immédiatement !
Le capitaine se lève, toujours outré et Vena pense qu'il va obtempérer. Elle relâche sa vigilance un instant. John lui lance un regard noir, puis soudainement, l'alchimiste sent une vague de puissance d'une intensité prodigieuse frapper son esprit, la faisant reculer.
La vieille femme panique et tente de repousser cette intrusion de toutes ses forces. Mais le don du capitaine est bien supérieur au sien et elle se retrouve à la merci de ce dernier, qui lui fouille l'esprit sans douceur ni ménagement. Cela lui fait l'effet de claques, qu'elle encaisse sans pouvoir se protéger.
Après quelques minutes de ce traitement, l'agresseur relâche son emprise et Vena tombe sur le sol, à bout de forces.
John, toujours en pleine forme, l'enjambe et dérobe trois fioles sur une des étagères.
- Tout ce qu'il me fallait... Au revoir, Vena. Je suis désolé qu'on en soit arrivé là mais je ne dois absolument pas mourir, quel qu'en soit le prix. Ne tentez pas de me suivre, car si je le dois, je vous tuerai, l'informe le capitaine, avant de partir en claquant la fragile porte, qui s'écroule sous le choc.
Il marche de longues heures dans la forêt avant de retrouver son calme. Visiblement sa monture a profité de son absence pour partir. Furtivement, il aperçoit Bertrand au loin, une arme dans chaque main. Il décide de rester hors de vue et il sonde son esprit discrètement. Après quelques secondes, le capitaine paraît satisfait et commence à suivre Bertrand discrètement.
- Ce qu'il veut faire pourrait tourner les choses en ma faveur... Je vais le surveiller, murmure-il pour lui-même.
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Dans la forêt de Syl, à moins d'un kilomètre du village.
Le groupe de Justin avance en silence vers le village, en espérant qu'il n'est pas trop tard pour Bertrand. L'ambiance est pesante, en jetant un bref coup d'œil à Anthony, Evran remarque qu'il tient une petite photo dans la paume de sa main.
- Qui-est-ce ? demande l'autochtone.
- Mon frère, le seul de ma famille avec lequel je suis encore en contact, je l'adore...
- Tu ne vois plus ta famille non plus ? s'étonne Evran.
- Non... Disons que travailler pour des hommes qui ouvrent des passages entre les mondes, c'est assez mal vu, donc les autres n'ont plus voulu me parler.
« Ohlala, cette mauvaise foi... », pense Justin, blasé.
- Vu ce qui se passe en ce moment, faut croire qu'ils avaient vu juste.
- Personnellement quand tout ce bordel sera réglé, je préférerai m'installer ici que retourner sur Terre, intervient Justin.
- De toute façon c'est plus sûr, car la Fondation va nous détester ! dit Anthony.
Ils franchissent ainsi l'entrée du village et s'étonnent des regards gênés, fuyants ou curieux qui leur sont adressés.
- Qu'est-ce que vous avez tous ? demandent les deux Terriens.
- On sent mauvais, où quoi ? dédramatise Evran.
Ils voient Esso plus loin, en train de s'approcher d'eux, l'air aussi gêné que les villageois.
- Hum... Je suis désolé de l'accueil mais vous arrivez au mauvais moment... Informe l'archonte.
- Oh misère... Qu'est-ce qui se trame encore ? demande Justin.
- À la demande de Bertrand, j'ai enfermé Jérémy et Gralik afin qu'ils ne tentent pas de l'empêcher d'atteindre son but... Explique Esso.
- Lequel ?
- Pour que notre monde ne souffre pas de la folie du seigneur Frégast, il est parti pour le tuer.
- Et vous l'avez laissé faire ? À la limite, vous auriez dû l'aider ! s'indigne Justin, effaré.
- Calmez-vous ! Bertrand a préféré y aller seul pour ne pas risquer notre vie. De plus, il connaît le terrain, c'est son choix et je respecte ses décisions.
- Libérez les autres et partons le chercher avant qu'il ne soit trop tard !
- Je regrette mais c'est hors de question. Vous serez enfermés avec les autres jusqu'à demain, pour plus de prudence. Donnez-moi vos armes ! ordonne l'archonte.
- Ça ne risque pas... Menace Anthony, qui déploie sa matraque télescopique.
Sur un signe de l'archonte, deux villageois armés de zak s'avancent mais un homme sort soudainement de la forêt, visiblement à bout de souffle. C'est Gwornal.
- Evran ! Tu es revenu ! dit-il, avant de sauter sur son fils pour le prendre dans ses bras. Ce dernier est content de le revoir mais semble étouffer sous cette impressionnante masse de muscle.
« Il est vraiment super, Gwornal... », s'attendrit Justin.
Après une étreinte, le prophète reprend ses esprits et se tourne vers l'archonte.
- Une troupe armée jusqu'aux dents se dirige vers Syl, sûrement pour corriger l'échec d'Adrien...
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demande Anthony, qui a pourtant une vague idée de la réponse.
- Il a tenté de tuer Bertrand.
- S'ils nous trouvent ici, ça craint...