Chapitre 23
Quelques instants plus tard, la petite équipe se réveille, dans une grotte.
- Justin ? Anthony ? appelle Evran.
- Où sommes-nous ? demande Justin, en émergeant douloureusement.
- J'en sais rien, je me souviens pas de ce qui est arrivé depuis que j'ai senti l'odeur du Tarar ! s'étonne Evran.
- Ça doit être le choc ; on est tombé de haut ! dit Anthony, en pointant du doigt le trou causé par le poids du dinosaure, cinq mètres plus haut.
- Il y avait cette caverne... Et on a traversé le sol... Comprend Justin, un peu étourdi.
- Oh ! regardez, le Tarar a eu moins de chance que nous...
Le dinosaure s'est empalé sur quatre stalagmites à quelques pas. Il baigne dans son propre sang. Justin constate avec horreur qu'il vit toujours. L'animal lance de petites plaintes à peine audible, comme pour supplier qu'on le libère de sa souffrance...
- Donne-moi ton zak, demande Justin à Evran.
Son amoureux lui tend son arme, puis Justin s'avance vers la bête, presque compatissant. Il plonge son regard dans l'œil du dinosaure et il lui semble y voir de la reconnaissance quand il plante la lame dans le cou du Tarar, qui meurt sans un bruit.
- Je crois savoir où nous sommes... Déclare l'autochtone, très inquiet.
- Oh non, tu me fais peur ! Dans quoi on est tombés, encore ?
- Le pire endroit du monde, si c'est bien ce que je crois...
- Mais encore ? Merci de nous rassurer, rétorque Anthony.
Evran les regarde, l'air grave, avant de reprendre.
- L'antre d'Angolliat.
- Tu nous explique ?
- Il y a deux mille ans, Morgal s'est allié avec une créature particulièrement monstrueuse. Une sorte d'araignée immense, la plus grande de sa race...
- Depuis deux mille ans, elle est sûrement morte de faim là-dedans. commente Anthony, très terre à terre.
- Laisse-moi finir ! Cette bête n'a pas l'intelligence d'un humain, ni d'un Valvor mais elle est consumée par une faim insatiable. C'est ce qui la rend aisément manipulable par un génie du mal comme Morgal ou Grohen... Lors de la bataille de Valtunin, pendant la Grande Déroute, des araignées se sont enfuies mais pas avec les Valvors ; elles ont infesté les égouts de Valtunin, qui est relié à l'immense réseau de cavernes des vallées environnantes... Les habitant ont comblé toutes les sorties d'égouts de leur ville, ainsi que les cavernes les plus proches de la cité...
- Peu importe, il faut trouver une sortie avant de rencontrer cette fameuse Angolliat, ou sa descendance, dit Justin, préoccupé.
- Oui et on devrait s'en aller très vite, car l'odeur du Tarar mort va les attirer, sans parler du bruit. Avant cela, je vais quand même prendre un morceau de cuisse, on sera content de le manger plus tard, ces cavernes sont très vastes.
- Espérons que nous passerons inaperçus...
--- --- ---
Franz se trouve sur le pont d'un navire. Le pilote de zeppelin ignore pourquoi et comment il s'est retrouvé là. Sa vision est floue et un épais brouillard enveloppe le mystérieux navire...
Alors que Franz se concentre, sa vue et son ouïe se font plus distinctes.
Il aperçoit maintenant des hommes d'équipage qui s'affairent sur le pont mais il ne peut pas parler et personne ne semble remarquer sa présence.
- Capitaine ! regardez ! hurle un matelot, en pointant du doigt la surface de l'océan.
Rien n'est visible par ce temps mais soudainement, une lumière bleutée et vive, suivi d'un ignoble bruit de lacération deviennent perceptibles.
- Qu'est-ce que c'est ? demande un homme, près de Franz.
- Aucune idée, allons voir ça ! En avant toute ! ordonne un homme mal rasé, dans la cinquantaine d'une voix autoritaire.
- Capitaine ! C'est peut-être dangereux !
- Raison de plus. On y va ! répond le capitaine, sûr de lui.
Après quelques secondes de silence, le bateau prend de la vitesse, ce qui affole l'équipage.
- Moins vite ! Nous allons percuter l'anomalie ! avertit le capitaine.
- Capitaine ! Le courant nous emporte, il est trop fort pour nous !
- En pleine mer ? Impossible !
- Si, capitaine, qu'est-ce qu'on fait ? QU'EST-CE QU'ON FAIT ? demande le second, qui panique.
- Balancez tout ce qui n'est pas fixé par-dessus bord et vite ! hurle le capitaine de la marine, pendant que l'allure du navire augmente.
Les hommes s'exécutent en vitesse. Franz, toujours incapable de bouger, assiste à cette scène de catastrophe maritime. Les vagues deviennent de plus en plus fortes, inondant le pont, pendant que le capitaine beugle des ordres afin de maintenir une certaine cohésion.
Soudain, le brouillard se dissipe en un clin d'œil, sur une petite fenêtre rectangulaire. Franz et l'équipage entier peuvent contempler un ciel bleu, un soleil, puis plus loin un rivage et une terre, couverte de forêts dont certains arbres sont bleu émeraude...
C'est un passage. Un passage vers un autre monde. Les marins restent bouche bée et semblent oublier l'urgence de la situation. Le capitaine, plus vif d'esprit, se ressaisit en premier.
- Cette porte vers l'autre monde aspire l'eau et nous avec, accrochez-vous, on va passer de l'autre côté, ça va secouer !
Les prévisions du capitaine auraient pu être justes mais c'était sans compter la taille du navire, qui est trop importante pour le passage... Le choc est terrible, une partie du bâtiment se disloque, sous les regards atterrés de Franz. Le bateau n'en a plus pour très longtemps, car des vagues puissantes lui arrachent sa coque.
- ABANDONNEZ LE NAVIRE ! Sautez dans l'autre monde et rassemblez-vous sur la rive ! Tout va être détruit !
L'équipage se rue vers l'avant du navire quand tout à coup, le passage se met à trembler et est parcouru d'arcs électriques... Un claquement sec, similaire au premier, retenti, alors qu'un souffle puissant balaie le pont.
- Oh non... Qu'est-ce qui se passe encore ? soupire le capitaine, pris d'un mauvais pressentiment.
Tout le monde est rassemblé devant le passage, sans oser aller plus loin mais le passage se fait instable, sans doute à cause du navire coincé en travers... D'un coup, on ne voit plus l'horizon de l'autre monde mais un écran de noir intense...
En temps normal, les ténèbres sont une absence de lumière, un vide, quelque chose de réversible.
Cette noirceur n'a rien de ce que la Terre a pu connaître jusqu'à présent : Ces ténèbres sont compactes comme des nuages, terrifiantes comme les enfers et chargées d'une odeur putride. Cette vision glace les hommes de l'équipage, pourtant endurcis par des années de service dans la marine.
Si c'est encore possible, leur peur gagne en intensité lorsqu'ils constatent que les nuages de noirceurs s'avancent vers eux, sur le pont.
- Le diable ! C'est le diable ! panique un homme, aussitôt rejoint par beaucoup d'autres.
Les rares qui restent stoïques prennent finalement leurs jambes à leur cou lorsque des insectes hideux sortent des ténèbres. Ces terrifiantes bêtes allongées de trente centimètres à un mètre de longueur sont pourvues de quatre à huit tentacules ventraux et d'un ou deux yeux jaunes perçants. Elles « courent » vers les hommes les plus proches pour leur sauter à la gorge, puis les dévorent vivants. Dans son immobilité, Franz constate avec répulsion que ces abominations percent les cadavres à l'aide d'un dard, afin d'y introduire des œufs jaunâtres... De nouveaux nuages de ténèbres émanent de ces insectes pendant qu'ils se repaissent de chair humaine.
Heureusement pour Franz, comme l'équipage, ces êtres malsains le laissent en paix, l'ignorant superbement.
Au bout de quelques secondes, ne reste sur la passerelle que le capitaine, qui aperçoit une lumière au-delà des ténèbres... La lumière de l'autre monde !
Il prend son courage à deux mains et court comme il n'a jamais couru, à travers les ténèbres, en piétinant les monstres.
Certains lui sautent au visage, le mordent férocement, d'autres crachent leurs nuages mais le capitaine ne bronche pas et les repousse sans même s'arrêter. Son sang commence à couler le long de son corps. Il atteint finalement la lumière, meurtri mais bien vivant.
Avant de sauter dans l'océan de Sterrn qui lui tend les bras, il se retourne une dernière fois vers Franz et le transperce de son regard.
- Voici le Mal contre lequel nous devons protéger tous les mondes, Franz.
Il écarte les bras et se laisse tomber en arrière, dans la mer, avant que les créatures ne le rattrapent.
Tout à coup, tous les monstres cessent de manger et fixent Franz d'un œil mauvais.
Le pilote réalise que l'usage de ses jambes lui est revenu et il se retourne pour s'enfuir en courant, lorsqu'il sent plusieurs masses atterrir sur son dos, puis d'innombrables morsures et finalement des dards qui s'enfoncent dans sa chair...
Franz se réveille, haletant, le corps couvert de sueur. La première pensée qui lui vient est une bouffée de colère contre l'esprit qui est entré dans sa tête deux semaines plus tôt et n'a de cesse de le harceler depuis.
- Espèce d'ordure ! Tu me pourris mes journées mais ça ne te suffit plus ! vocifère Franz.
- Il fallait que je te montre mon souvenir pour que tu comprennes qu'il est vital d'empêcher le Mal de quitter son monde d'origine...
- La fondation n'a jamais ouvert de passage vers le Mal !
- Il suffit qu'un passage soit un peu instable pour permettre au mal de l'utiliser pour conquérir un monde. Sache qu'une seule de ces choses peut mettre fin à la vie sur tout un monde. Je les combats depuis très longtemps, avec l'aide d'alliés de poids mais c'est vain...
- Alors pourquoi me harceler ? insiste Franz.
- Combattre le Mal est vain, car bien que ce soit très rare, la formation de passage entre les mondes arrive parfois naturellement, comme tu l'as vu dans mon souvenir. Quand ces passages s'ouvrent sur la mer, ça n'est pas bien grave car ces créatures ne savent pas nager et se noient... Mais tôt ou tard, un passage naturel va se former entre le monde du Mal et un autre et ce sera la fin du deuxième. Ceci dit, nous pouvons gagner du temps, en attendant que mes puissants alliés mettent au point le moyen de détruire le Mal à sa source avant qu'il ne soit trop tard. La technologie de la Terre rend cela possible, maintenant. Hélas, je suis vieux, faible et malade. J'ai besoin de toi pour m'aider à poursuivre mon œuvre...
Quelques instants plus tard, la petite équipe se réveille, dans une grotte.
- Justin ? Anthony ? appelle Evran.
- Où sommes-nous ? demande Justin, en émergeant douloureusement.
- J'en sais rien, je me souviens pas de ce qui est arrivé depuis que j'ai senti l'odeur du Tarar ! s'étonne Evran.
- Ça doit être le choc ; on est tombé de haut ! dit Anthony, en pointant du doigt le trou causé par le poids du dinosaure, cinq mètres plus haut.
- Il y avait cette caverne... Et on a traversé le sol... Comprend Justin, un peu étourdi.
- Oh ! regardez, le Tarar a eu moins de chance que nous...
Le dinosaure s'est empalé sur quatre stalagmites à quelques pas. Il baigne dans son propre sang. Justin constate avec horreur qu'il vit toujours. L'animal lance de petites plaintes à peine audible, comme pour supplier qu'on le libère de sa souffrance...
- Donne-moi ton zak, demande Justin à Evran.
Son amoureux lui tend son arme, puis Justin s'avance vers la bête, presque compatissant. Il plonge son regard dans l'œil du dinosaure et il lui semble y voir de la reconnaissance quand il plante la lame dans le cou du Tarar, qui meurt sans un bruit.
- Je crois savoir où nous sommes... Déclare l'autochtone, très inquiet.
- Oh non, tu me fais peur ! Dans quoi on est tombés, encore ?
- Le pire endroit du monde, si c'est bien ce que je crois...
- Mais encore ? Merci de nous rassurer, rétorque Anthony.
Evran les regarde, l'air grave, avant de reprendre.
- L'antre d'Angolliat.
- Tu nous explique ?
- Il y a deux mille ans, Morgal s'est allié avec une créature particulièrement monstrueuse. Une sorte d'araignée immense, la plus grande de sa race...
- Depuis deux mille ans, elle est sûrement morte de faim là-dedans. commente Anthony, très terre à terre.
- Laisse-moi finir ! Cette bête n'a pas l'intelligence d'un humain, ni d'un Valvor mais elle est consumée par une faim insatiable. C'est ce qui la rend aisément manipulable par un génie du mal comme Morgal ou Grohen... Lors de la bataille de Valtunin, pendant la Grande Déroute, des araignées se sont enfuies mais pas avec les Valvors ; elles ont infesté les égouts de Valtunin, qui est relié à l'immense réseau de cavernes des vallées environnantes... Les habitant ont comblé toutes les sorties d'égouts de leur ville, ainsi que les cavernes les plus proches de la cité...
- Peu importe, il faut trouver une sortie avant de rencontrer cette fameuse Angolliat, ou sa descendance, dit Justin, préoccupé.
- Oui et on devrait s'en aller très vite, car l'odeur du Tarar mort va les attirer, sans parler du bruit. Avant cela, je vais quand même prendre un morceau de cuisse, on sera content de le manger plus tard, ces cavernes sont très vastes.
- Espérons que nous passerons inaperçus...
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Franz se trouve sur le pont d'un navire. Le pilote de zeppelin ignore pourquoi et comment il s'est retrouvé là. Sa vision est floue et un épais brouillard enveloppe le mystérieux navire...
Alors que Franz se concentre, sa vue et son ouïe se font plus distinctes.
Il aperçoit maintenant des hommes d'équipage qui s'affairent sur le pont mais il ne peut pas parler et personne ne semble remarquer sa présence.
- Capitaine ! regardez ! hurle un matelot, en pointant du doigt la surface de l'océan.
Rien n'est visible par ce temps mais soudainement, une lumière bleutée et vive, suivi d'un ignoble bruit de lacération deviennent perceptibles.
- Qu'est-ce que c'est ? demande un homme, près de Franz.
- Aucune idée, allons voir ça ! En avant toute ! ordonne un homme mal rasé, dans la cinquantaine d'une voix autoritaire.
- Capitaine ! C'est peut-être dangereux !
- Raison de plus. On y va ! répond le capitaine, sûr de lui.
Après quelques secondes de silence, le bateau prend de la vitesse, ce qui affole l'équipage.
- Moins vite ! Nous allons percuter l'anomalie ! avertit le capitaine.
- Capitaine ! Le courant nous emporte, il est trop fort pour nous !
- En pleine mer ? Impossible !
- Si, capitaine, qu'est-ce qu'on fait ? QU'EST-CE QU'ON FAIT ? demande le second, qui panique.
- Balancez tout ce qui n'est pas fixé par-dessus bord et vite ! hurle le capitaine de la marine, pendant que l'allure du navire augmente.
Les hommes s'exécutent en vitesse. Franz, toujours incapable de bouger, assiste à cette scène de catastrophe maritime. Les vagues deviennent de plus en plus fortes, inondant le pont, pendant que le capitaine beugle des ordres afin de maintenir une certaine cohésion.
Soudain, le brouillard se dissipe en un clin d'œil, sur une petite fenêtre rectangulaire. Franz et l'équipage entier peuvent contempler un ciel bleu, un soleil, puis plus loin un rivage et une terre, couverte de forêts dont certains arbres sont bleu émeraude...
C'est un passage. Un passage vers un autre monde. Les marins restent bouche bée et semblent oublier l'urgence de la situation. Le capitaine, plus vif d'esprit, se ressaisit en premier.
- Cette porte vers l'autre monde aspire l'eau et nous avec, accrochez-vous, on va passer de l'autre côté, ça va secouer !
Les prévisions du capitaine auraient pu être justes mais c'était sans compter la taille du navire, qui est trop importante pour le passage... Le choc est terrible, une partie du bâtiment se disloque, sous les regards atterrés de Franz. Le bateau n'en a plus pour très longtemps, car des vagues puissantes lui arrachent sa coque.
- ABANDONNEZ LE NAVIRE ! Sautez dans l'autre monde et rassemblez-vous sur la rive ! Tout va être détruit !
L'équipage se rue vers l'avant du navire quand tout à coup, le passage se met à trembler et est parcouru d'arcs électriques... Un claquement sec, similaire au premier, retenti, alors qu'un souffle puissant balaie le pont.
- Oh non... Qu'est-ce qui se passe encore ? soupire le capitaine, pris d'un mauvais pressentiment.
Tout le monde est rassemblé devant le passage, sans oser aller plus loin mais le passage se fait instable, sans doute à cause du navire coincé en travers... D'un coup, on ne voit plus l'horizon de l'autre monde mais un écran de noir intense...
En temps normal, les ténèbres sont une absence de lumière, un vide, quelque chose de réversible.
Cette noirceur n'a rien de ce que la Terre a pu connaître jusqu'à présent : Ces ténèbres sont compactes comme des nuages, terrifiantes comme les enfers et chargées d'une odeur putride. Cette vision glace les hommes de l'équipage, pourtant endurcis par des années de service dans la marine.
Si c'est encore possible, leur peur gagne en intensité lorsqu'ils constatent que les nuages de noirceurs s'avancent vers eux, sur le pont.
- Le diable ! C'est le diable ! panique un homme, aussitôt rejoint par beaucoup d'autres.
Les rares qui restent stoïques prennent finalement leurs jambes à leur cou lorsque des insectes hideux sortent des ténèbres. Ces terrifiantes bêtes allongées de trente centimètres à un mètre de longueur sont pourvues de quatre à huit tentacules ventraux et d'un ou deux yeux jaunes perçants. Elles « courent » vers les hommes les plus proches pour leur sauter à la gorge, puis les dévorent vivants. Dans son immobilité, Franz constate avec répulsion que ces abominations percent les cadavres à l'aide d'un dard, afin d'y introduire des œufs jaunâtres... De nouveaux nuages de ténèbres émanent de ces insectes pendant qu'ils se repaissent de chair humaine.
Heureusement pour Franz, comme l'équipage, ces êtres malsains le laissent en paix, l'ignorant superbement.
Au bout de quelques secondes, ne reste sur la passerelle que le capitaine, qui aperçoit une lumière au-delà des ténèbres... La lumière de l'autre monde !
Il prend son courage à deux mains et court comme il n'a jamais couru, à travers les ténèbres, en piétinant les monstres.
Certains lui sautent au visage, le mordent férocement, d'autres crachent leurs nuages mais le capitaine ne bronche pas et les repousse sans même s'arrêter. Son sang commence à couler le long de son corps. Il atteint finalement la lumière, meurtri mais bien vivant.
Avant de sauter dans l'océan de Sterrn qui lui tend les bras, il se retourne une dernière fois vers Franz et le transperce de son regard.
- Voici le Mal contre lequel nous devons protéger tous les mondes, Franz.
Il écarte les bras et se laisse tomber en arrière, dans la mer, avant que les créatures ne le rattrapent.
Tout à coup, tous les monstres cessent de manger et fixent Franz d'un œil mauvais.
Le pilote réalise que l'usage de ses jambes lui est revenu et il se retourne pour s'enfuir en courant, lorsqu'il sent plusieurs masses atterrir sur son dos, puis d'innombrables morsures et finalement des dards qui s'enfoncent dans sa chair...
Franz se réveille, haletant, le corps couvert de sueur. La première pensée qui lui vient est une bouffée de colère contre l'esprit qui est entré dans sa tête deux semaines plus tôt et n'a de cesse de le harceler depuis.
- Espèce d'ordure ! Tu me pourris mes journées mais ça ne te suffit plus ! vocifère Franz.
- Il fallait que je te montre mon souvenir pour que tu comprennes qu'il est vital d'empêcher le Mal de quitter son monde d'origine...
- La fondation n'a jamais ouvert de passage vers le Mal !
- Il suffit qu'un passage soit un peu instable pour permettre au mal de l'utiliser pour conquérir un monde. Sache qu'une seule de ces choses peut mettre fin à la vie sur tout un monde. Je les combats depuis très longtemps, avec l'aide d'alliés de poids mais c'est vain...
- Alors pourquoi me harceler ? insiste Franz.
- Combattre le Mal est vain, car bien que ce soit très rare, la formation de passage entre les mondes arrive parfois naturellement, comme tu l'as vu dans mon souvenir. Quand ces passages s'ouvrent sur la mer, ça n'est pas bien grave car ces créatures ne savent pas nager et se noient... Mais tôt ou tard, un passage naturel va se former entre le monde du Mal et un autre et ce sera la fin du deuxième. Ceci dit, nous pouvons gagner du temps, en attendant que mes puissants alliés mettent au point le moyen de détruire le Mal à sa source avant qu'il ne soit trop tard. La technologie de la Terre rend cela possible, maintenant. Hélas, je suis vieux, faible et malade. J'ai besoin de toi pour m'aider à poursuivre mon œuvre...