Chapitre 22
Deux kilomètres à l'est de la Base Noyau, sur une vallée.
Des ouvriers s'activent dans un grand chantier. Les relevés effectués par les scientifiques démontrent la présence de poches gazeuses dans le sol, ce qui a ravi au plus haut point le Seigneur Frégast. Ce gaz permettra le transport aérien par zeppelins. Pour cette raison, des pilotes ont été recrutés en urgence. C'est ainsi que Franz Costa, un pilote d'origine autrichienne, se retrouve embarqué dans cet autre monde.
Comme tous les autres, il est fasciné par ces découvertes et espère bientôt pouvoir regarder ce monde d'en haut, à bord de son appareil. La cabine de l'engin monumental est d'ailleurs en cours de construction, non loin de là.
Pendant ce temps, Franz paresse dans l'herbe, en observant la future base aérienne dans laquelle il passera la plupart de son temps...
Soudainement, il est pris d'une intense migraine et laisse échapper un petit cri de douleur. Il sent une autre conscience s'infiltrer en lui de force, sans qu'il ne sache comment résister à cela.
Il commence à se frapper la tête quand une voix d'homme émane de son esprit :
- Arrête ! Tu vas te faire mal, ça ne me fera rien puisque ce n'est pas mon corps mais tu n'as pas le choix, tu dois m'écouter ! dit l'intrus.
- Vous êtes qui ? Sortez de là immédiatement ! Sortez de ma tête !
- Je vous en prie calmez-vous, je veux juste vous parler...
- Mais qu'est-ce que vous voulez ? C'est de la magie ? panique Franz.
- Je veux qu'une fois le zeppelin en état de marche, vous alliez à ma rencontre, car je dois voir votre chef pour l'avertir d'une terrible menace qui pèse sur les deux mondes. Après m'avoir écouté, je pense qu'il fera cesser les voyages, car vous ne savez pas à quel fléau vous exposez les deux mondes en créant des passages. Et non, ça n'est pas de la magie, c'est moins compliqué, je pourrais vous montrer comment je fais une fois que vous viendrez à ma rencontre.
- C'est hors de question ! Il y a une hiérarchie très stricte ici... Mais quel est ce fléau, au juste ?
- Le Mal. Un Mal qui dépasse notre entendement, même les Valvors trembleraient de peur s'ils les voyaient...
- C'est qui les Valvors ? demande Franz, abasourdi.
- Un peuple hostile vivant dans ce monde. Vous devez m'aider, c'est très important ! insiste l'inconnu.
- Non, je regrette ! Et dès mon retour sur terre, je vais demander un antidépresseur !
- Vous ne serez plus capable d'aligner deux pensées cohérentes et je pourrai aisément vous convaincre... ironise l'intrus.
--- --- ---
Deux semaines plus tard.
Quinzième jour d'un voyage étonnamment sans histoire, si on excepte le vélociraptor solitaire tué par Anthony quelques jours plus tôt.
Au début, Justin et Anthony, pas habitués à de tels voyages se fatiguaient très vite et ils n'étaient pas aussi vigilants qu'Evran, qui a toujours vécu dans ce monde.
Ils ont été surpris de constater qu'en cas de danger, Evran devient furtif, au point de se rendre quasiment invisible aux yeux de ses deux compagnons.
Anthony est présent, sans pour autant être trop collant. Il respecte l'intimité de Justin et s'éclipse de temps à autre, bien que ça représente parfois un risque.
Ils mangent tous les trois, assis à proximité d'un bosquet. Evran, de ses bras puissants brise de jeunes branches pour alimenter un feu de camp, sous l'œil attendri de Justin.
- C'est encore loin, Valtunin ? demande Anthony, comme chaque jour.
- Plus maintenant. On devrait y être dans trois jours au maximum mais je peux me tromper... Je n'y suis jamais allé. Comme je vous l'ai expliqué, mon peuple se sert des étoiles pour voyager et je sais sous quelle étoile se trouve Valtunin.
- Je ne sais pas comment vous faites, les étoiles, ça me parle vraiment pas... Commente Justin.
- Passe-moi une aile de Shuak, demande Anthony, en parlant d'une viande provenant d'un animal étrange ressemblant à une énorme chauve souris.
Alors que Justin lui tend le sac, l'expression d'Evran change du tout au tout, ce qui n'échappe pas à Anthony.
- Oh... Je connais cette grimace, celle qui annonce les ennuis...
- Taisez-vous et rampez pour vous cacher dans le bosquet ! chuchote l'autochtone, d'un ton sans réplique, en renversant sa gourde sur le feu.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demande tout bas Justin.
- Vous ne sentez pas la terre trembler ? C'est un Tarar et il approche.
- Oh merde...
Le sol commence à bouger au rythme des pas d'un grand dinosaure, pendant que les protagonistes observent le monstre qui arrive...
Ce tyrannosaure est un peu moins grand que le premier rencontré mais plus vigoureux, certainement plus jeune. Ceci dit, ils sont conscients que l'affronter est une pure folie.
Ils attendent cachés, craintifs. Le monstre s'approche dangereusement d'eux et vient renifler le feu de camp, puis le sac à dos d'Anthony...
« Tire-toi, y a rien à voir... Voilà, c'est bien, fais demi-tour... Oui... », pense Justin, loin d'être calme. Il faut dire que cette situation lui rappelle les cauchemars qu'il pouvait faire régulièrement lors de son enfance.
Il ne peut contenir un soupir de soulagement quand le dinosaure tourne de dos et s'apprête à partir... Grosse erreur.
« Oh merde... », déchante le jeune homme, lorsque le monstre se retourne et fixe le bosquet d'un œil inquisiteur. Ses tremblements redoublent.
Sa respiration se saccade quand à sa grande horreur il se rend compte qu'il est incapable de contrôler davantage les réactions de son corps.
Inévitablement, le monstrueux reptile pose son regard sur Justin, qui transpire à grosses gouttes et n'est toujours pas capable de maîtriser ses tremblements...
« Non ! Non ! Non ! »
Le regard de la créature se plante dans les yeux de Justin, avant qu'elle ne rugisse férocement, signe qu'elle va passer à l'attaque.
Mais les jambes de Justin ne répondent pas, car le jeune homme est tétanisé.
Le tyrannosaure commence à charger mais Anthony se lève et ouvre le feu. Le dinosaure, surpris, s'arrête mais ça ne durera pas. Il hurle de nouveau et reprend sa course, avant de... couiner de douleur et faire volte-face pour mettre sa tête à l'abri. Justin aperçoit au passage une flèche appartenant à Evran, fichée dans son œil.
- Vite ! Faut se tirer en vitesse, il va reprendre ses esprits dans quelques secondes ! avertit Evran. Ça va Justin ?
- Oui ! Foutons le camp ! dit Justin, si perturbé qu'il en oublie qu'Evran ne comprend pas le français.
Ils ne courent que quarante mètres, avant que le dinosaure ne les prenne en chasse, cette fois salement en pétard.
- Justin ? interpelle Evran, sans cesser de courir.
- Humph !
- Je t'aime et je suis heureux de mourir à tes côtés !
- Vos gueules ! Essayez de rester vivants bien que... Humph ! C'est pas gagné ! réplique Anthony, en donnant une courte rafale de son arme, derrière lui.
Le dinosaure se rapproche dangereusement des fuyards, qui se mettent à hurler sans retenue. Le prédateur est maintenant assez près pour gober Anthony. Le monstre abaisse sa gueule béante, pendant que sa future victime voit sa vie défiler...
Le jeune homme sent la salive du monstre s'écouler sur son épaule, il ferme les yeux et ...
CRACK !
La dernière chose qu'ils perçoivent, pendant que le sol se dérobe sous leurs pieds, est le petit cri du dinosaure. Celui-ci semble surpris mais ils n'ont pas le temps de comprendre pourquoi, car un terrible choc leur fait perdre connaissance.
Deux kilomètres à l'est de la Base Noyau, sur une vallée.
Des ouvriers s'activent dans un grand chantier. Les relevés effectués par les scientifiques démontrent la présence de poches gazeuses dans le sol, ce qui a ravi au plus haut point le Seigneur Frégast. Ce gaz permettra le transport aérien par zeppelins. Pour cette raison, des pilotes ont été recrutés en urgence. C'est ainsi que Franz Costa, un pilote d'origine autrichienne, se retrouve embarqué dans cet autre monde.
Comme tous les autres, il est fasciné par ces découvertes et espère bientôt pouvoir regarder ce monde d'en haut, à bord de son appareil. La cabine de l'engin monumental est d'ailleurs en cours de construction, non loin de là.
Pendant ce temps, Franz paresse dans l'herbe, en observant la future base aérienne dans laquelle il passera la plupart de son temps...
Soudainement, il est pris d'une intense migraine et laisse échapper un petit cri de douleur. Il sent une autre conscience s'infiltrer en lui de force, sans qu'il ne sache comment résister à cela.
Il commence à se frapper la tête quand une voix d'homme émane de son esprit :
- Arrête ! Tu vas te faire mal, ça ne me fera rien puisque ce n'est pas mon corps mais tu n'as pas le choix, tu dois m'écouter ! dit l'intrus.
- Vous êtes qui ? Sortez de là immédiatement ! Sortez de ma tête !
- Je vous en prie calmez-vous, je veux juste vous parler...
- Mais qu'est-ce que vous voulez ? C'est de la magie ? panique Franz.
- Je veux qu'une fois le zeppelin en état de marche, vous alliez à ma rencontre, car je dois voir votre chef pour l'avertir d'une terrible menace qui pèse sur les deux mondes. Après m'avoir écouté, je pense qu'il fera cesser les voyages, car vous ne savez pas à quel fléau vous exposez les deux mondes en créant des passages. Et non, ça n'est pas de la magie, c'est moins compliqué, je pourrais vous montrer comment je fais une fois que vous viendrez à ma rencontre.
- C'est hors de question ! Il y a une hiérarchie très stricte ici... Mais quel est ce fléau, au juste ?
- Le Mal. Un Mal qui dépasse notre entendement, même les Valvors trembleraient de peur s'ils les voyaient...
- C'est qui les Valvors ? demande Franz, abasourdi.
- Un peuple hostile vivant dans ce monde. Vous devez m'aider, c'est très important ! insiste l'inconnu.
- Non, je regrette ! Et dès mon retour sur terre, je vais demander un antidépresseur !
- Vous ne serez plus capable d'aligner deux pensées cohérentes et je pourrai aisément vous convaincre... ironise l'intrus.
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Deux semaines plus tard.
Quinzième jour d'un voyage étonnamment sans histoire, si on excepte le vélociraptor solitaire tué par Anthony quelques jours plus tôt.
Au début, Justin et Anthony, pas habitués à de tels voyages se fatiguaient très vite et ils n'étaient pas aussi vigilants qu'Evran, qui a toujours vécu dans ce monde.
Ils ont été surpris de constater qu'en cas de danger, Evran devient furtif, au point de se rendre quasiment invisible aux yeux de ses deux compagnons.
Anthony est présent, sans pour autant être trop collant. Il respecte l'intimité de Justin et s'éclipse de temps à autre, bien que ça représente parfois un risque.
Ils mangent tous les trois, assis à proximité d'un bosquet. Evran, de ses bras puissants brise de jeunes branches pour alimenter un feu de camp, sous l'œil attendri de Justin.
- C'est encore loin, Valtunin ? demande Anthony, comme chaque jour.
- Plus maintenant. On devrait y être dans trois jours au maximum mais je peux me tromper... Je n'y suis jamais allé. Comme je vous l'ai expliqué, mon peuple se sert des étoiles pour voyager et je sais sous quelle étoile se trouve Valtunin.
- Je ne sais pas comment vous faites, les étoiles, ça me parle vraiment pas... Commente Justin.
- Passe-moi une aile de Shuak, demande Anthony, en parlant d'une viande provenant d'un animal étrange ressemblant à une énorme chauve souris.
Alors que Justin lui tend le sac, l'expression d'Evran change du tout au tout, ce qui n'échappe pas à Anthony.
- Oh... Je connais cette grimace, celle qui annonce les ennuis...
- Taisez-vous et rampez pour vous cacher dans le bosquet ! chuchote l'autochtone, d'un ton sans réplique, en renversant sa gourde sur le feu.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demande tout bas Justin.
- Vous ne sentez pas la terre trembler ? C'est un Tarar et il approche.
- Oh merde...
Le sol commence à bouger au rythme des pas d'un grand dinosaure, pendant que les protagonistes observent le monstre qui arrive...
Ce tyrannosaure est un peu moins grand que le premier rencontré mais plus vigoureux, certainement plus jeune. Ceci dit, ils sont conscients que l'affronter est une pure folie.
Ils attendent cachés, craintifs. Le monstre s'approche dangereusement d'eux et vient renifler le feu de camp, puis le sac à dos d'Anthony...
« Tire-toi, y a rien à voir... Voilà, c'est bien, fais demi-tour... Oui... », pense Justin, loin d'être calme. Il faut dire que cette situation lui rappelle les cauchemars qu'il pouvait faire régulièrement lors de son enfance.
Il ne peut contenir un soupir de soulagement quand le dinosaure tourne de dos et s'apprête à partir... Grosse erreur.
« Oh merde... », déchante le jeune homme, lorsque le monstre se retourne et fixe le bosquet d'un œil inquisiteur. Ses tremblements redoublent.
Sa respiration se saccade quand à sa grande horreur il se rend compte qu'il est incapable de contrôler davantage les réactions de son corps.
Inévitablement, le monstrueux reptile pose son regard sur Justin, qui transpire à grosses gouttes et n'est toujours pas capable de maîtriser ses tremblements...
« Non ! Non ! Non ! »
Le regard de la créature se plante dans les yeux de Justin, avant qu'elle ne rugisse férocement, signe qu'elle va passer à l'attaque.
Mais les jambes de Justin ne répondent pas, car le jeune homme est tétanisé.
Le tyrannosaure commence à charger mais Anthony se lève et ouvre le feu. Le dinosaure, surpris, s'arrête mais ça ne durera pas. Il hurle de nouveau et reprend sa course, avant de... couiner de douleur et faire volte-face pour mettre sa tête à l'abri. Justin aperçoit au passage une flèche appartenant à Evran, fichée dans son œil.
- Vite ! Faut se tirer en vitesse, il va reprendre ses esprits dans quelques secondes ! avertit Evran. Ça va Justin ?
- Oui ! Foutons le camp ! dit Justin, si perturbé qu'il en oublie qu'Evran ne comprend pas le français.
Ils ne courent que quarante mètres, avant que le dinosaure ne les prenne en chasse, cette fois salement en pétard.
- Justin ? interpelle Evran, sans cesser de courir.
- Humph !
- Je t'aime et je suis heureux de mourir à tes côtés !
- Vos gueules ! Essayez de rester vivants bien que... Humph ! C'est pas gagné ! réplique Anthony, en donnant une courte rafale de son arme, derrière lui.
Le dinosaure se rapproche dangereusement des fuyards, qui se mettent à hurler sans retenue. Le prédateur est maintenant assez près pour gober Anthony. Le monstre abaisse sa gueule béante, pendant que sa future victime voit sa vie défiler...
Le jeune homme sent la salive du monstre s'écouler sur son épaule, il ferme les yeux et ...
CRACK !
La dernière chose qu'ils perçoivent, pendant que le sol se dérobe sous leurs pieds, est le petit cri du dinosaure. Celui-ci semble surpris mais ils n'ont pas le temps de comprendre pourquoi, car un terrible choc leur fait perdre connaissance.