Chapitre 19
Après maints échanges de civilités traduits par le diplomate, le groupe se met en marche vers Syl, Bertrand remarque que les hommes qui accompagnent Christophe ont l'air assez fanatiques, voire un peu violents, à l'image d'Adrien. Il appréhende un peu leur comportement envers les villageois mais tant que Christophe sera là pour les canaliser, tout devrait bien se passer...
Une fois aux portes de Syl, le groupe reste longtemps ébahi, absorbé dans la contemplation du village. Avant d'entrer, Bertrand chuchote un mot à l'oreille d'Esso, puis de Christophe, avant de se tourner vers le groupe. L'archonte et son groupe se séparent ici des terriens.
- Anthony et Élodie, allez avertir Jérémy et Justin, j'ai quelques recommandations à donner à nos amis en attendant...
Pendant que les concernés s'éloignent, le septuagénaire se racle la gorge, avant de commencer.
- Écoutez-moi ! Avant d'entrer, je dois vous avertir de plusieurs choses : La première, c'est que tant que vous n'aurez pas, comme moi et mon équipe, gagné la confiance de ce peuple, ils vous prendront vos armes, ce qui me paraît logique. Je vous demanderai de ne pas résister, si leurs lois d'hospitalité vous protègent, moi en revanche, je peux vous renvoyer sur Terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire en cas de problème.
- C'est pas vous qui commandez cette équipe ! Leur donner nos armes et puis quoi encore ? proteste Adrien, qui se fait déjà remarquer.
- Écoute-moi bien, déjà, tu appartiens encore à mon équipe, donc tu feras ce que je demanderai. Quant aux autres, je pense que Chris partagera mon avis.
- Parfaitement ! confirme le scientifique.
Des murmures désapprobateurs se font entendre mais personne ne proteste ouvertement, ce qui est bon signe.
- Bien, ensuite... Vous devez garder à l'esprit que nous sommes chez eux en tant qu'invités, par conséquent vous avez le devoir d'accepter leurs coutumes et leur mode de vie... Et surtout, de vous comporter de manière à ne pas les offenser, les attitudes de rustres sont donc à bannir.
Le diplomate s'arrête un moment et regarde le groupe. Il semble s'assurer que tout le monde soit sur la même longueur d'onde.
- Autre chose maintenant, j'espère que personne n'a quelque chose contre la nudité, les rituels religieux bizarres, ou la bisexualité ?
- Attends, où est le rapport ? demande Christophe, perplexe.
- C'est pour les deux tafioles de votre équipe que vous dites ça ? demande Adrien, trop heureux de pouvoir la ramener.
Instantanément, le silence relatif devient un brouhaha sans nom, tous les hommes présents se mettant à brailler entre-eux. Dans ce chaos, Bertrand parvient à saisir quelques mots, comme « contre-nature » et « dégueulasse », ce qui ne l'enchante pas vraiment.
Il s'inquiète de plus en plus sérieusement en constatant que quasiment toute l'équipe pense plus ou moins la même chose qu'Adrien à ce sujet... Puis il sent la colère monter en lui. Cette expédition et surtout cette rencontre unique avec ce peuple inconnu, c'est le rêve de toute une vie qui se réalise. Il ne laissera personne compromettre cela et certainement pas une bande d'homophobes au QI de bulots cuits.
- Alors, c'est votre choix d'avoir une vision de merde ! commence-il, d'une voix forte.
Son langage crû, couplé à son énervement ramène le silence. Il faut dire qu'en colère, le diplomate l'est beaucoup moins et il en impose.
- Mais vous n'avez pas le droit de l'imposer à qui que ce soit. Donc quand vous entrerez dans le village, je ne veux aucune réflexion désobligeante, pas même un regard de travers. Si vous méprisez les homosexuels, je vous interdit de leur montrer. La population de ce monde est entièrement bisexuelle, alors hors de question de les offenser, suis-je bien clair ?
Les visages qui lui font face sont scandalisés, voire dégoûtés. Seul Christophe paraît seulement surpris.
- Pourquoi on y va ? Pourquoi est-ce qu'on aurait tant besoin d'eux ?
- Quoi encore, monsieur Hube ? soupire Christophe.
- Franchement pourquoi perdre notre temps ici ? Ils sont sous-développés et en plus de ça, décadents !
- T'as gagné le droit de la fermer ! beugle Bertrand, contrarié. Souvenez-vous bien de ce que je vous ai dit, surtout !
--- --- ---
Pendant ce temps, Anthony cherche vainement Justin ; il a entendu parler d'une caverne mais ne sait pas où elle se trouve. Le jeune homme se résigne et part afin de trouver Jérémy.
Lorsqu'il ouvre la porte du dortoir, il tombe nez à nez avec lui, en train de... Coucher avec un homme du village, bien plus musclé que lui. Confus, il referme la porte en vitesse.
- Attends ! On avait fini de toute façon ! l'interpelle Jérémy, en donnant un dernier coup de rein à son amant, en pleine extase.
Sans gêne, il se retire de son partenaire et enfile un boxer, tout en conversant avec Anthony, qui s'est réfugié derrière la porte. Il ne s'embarrasse même pas de sa présence.
- Tu voulais quoi ?
- Heu... Te dire qu'une équipe de la Fondation vient d'arriver.
- Ah ? Les vacances sont finies ? demande Jérémy, avec la voix d'un enfant à qui on aurait retiré son cadeau de Noël.
--- --- ---
Pendant ce temps, dans la caverne secrète, Justin est allongé de tout son long contre Evran. Il ne dort plus mais contemple son petit ami pendant son sommeil.
Après quelques minutes, il ne résiste pas à l'envie de le caresser mais son autochtone s'étire et le fixe d'un regard plein de tendresse.
- Bonjour toi.
- T'es beau quand tu dors...
- Toi aussi.
- Dire que je croyais que tu ne voulais pas de moi...
- Chuuut... Je t'aime, je te l'ai dit. Répond-il en lui posant son index sur les lèvres.
- Faudrait se lever, il doit être tard.
- Encore un peu... Réclame Justin.
- Non, d'autres vont sûrement arriver pour se laver, ou cueillir de la mousse...
- Tu as raison... Concède Justin, en lui déposant un autre baiser sur les lèvres.
Ils s'attardent encore quelques minutes, pour s'embrasser, puis ils s'habillent afin de rentrer au village, heureux.
En arrivant dans l'enceinte de Syl, des gardes et quelques villageois font un signe de la main à Evran, ils sont visiblement au courant et semblent contents pour lui.
- C'est bizarre, comment ils savent ? En tout cas il faudra que je fasse quelque chose pour remercier Shyna... Dit Evran, songeur.
- J'espère que tu penses à une offrande, ou un truc du genre... Répond Justin, qui se rappelle avoir vu un jeune rendre hommage a la déesse en se masturbant devant l'autel, il y a quelque jours.
- Je pensais plus à entretenir la statue ! Je n'aime pas me séparer de biens matériels...
Justin s'étonne souvent de la souplesse de la religion de Sterrn, qui vient encore une fois d'être démontrée. Chaque personne est libre d'y consacrer le temps et les moyens qu'elle veut, sans aucun jugement de valeur de la part d'autrui. Et contrairement aux religions terrestres, former un couple avec un incroyant ne semble pas être proscrit.
« En couple ! Comment j'aurais pu imaginer ça il y a une semaine ? Ça me fait tout drôle de dire ça... », pense le jeune homme, euphorique.
Alors qu'ils avancent vers la maison de Gwornal, le père d'Evran, le couple se retrouve nez à nez avec... Adrien.
- Salut tarlouze, tu dois te plaire ici ! lance-il, en adressant un regard en biais à Evran.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Mon équipe est arrivée ce matin, composée d'hommes, de vrais ! répond Adrien, avec un sourire narquois aux lèvres.
- C'est qui cet emmerdeur ? Qu'est-ce qu'il dit ? demande Evran, qui pour la première fois depuis sa rencontre avec Justin, perd un peu de son calme.
- Regardez ça ! Il s'est trouvé un autre travelo ! Si c'est pas mignon, sans déconner ! renchérit Adrien, avant d'éclater de rire.
- Mais il est en train de m'insulter ce connard ! Pourquoi il se fout de nous comme ça ?
Evran souffle et serre les poings. Toute sa musculature se contracte sous l'effet de l'énervement. Cela semble amuser Adrien, qui est bien plus grand et sans doute plus fort.
- Evran, att...
- Ooooh ! Visiblement c'est un mâle et agressif en plus ! On va voir ça ! LES MECS VENEZ VOIR ! appelle-il.
Après maints échanges de civilités traduits par le diplomate, le groupe se met en marche vers Syl, Bertrand remarque que les hommes qui accompagnent Christophe ont l'air assez fanatiques, voire un peu violents, à l'image d'Adrien. Il appréhende un peu leur comportement envers les villageois mais tant que Christophe sera là pour les canaliser, tout devrait bien se passer...
Une fois aux portes de Syl, le groupe reste longtemps ébahi, absorbé dans la contemplation du village. Avant d'entrer, Bertrand chuchote un mot à l'oreille d'Esso, puis de Christophe, avant de se tourner vers le groupe. L'archonte et son groupe se séparent ici des terriens.
- Anthony et Élodie, allez avertir Jérémy et Justin, j'ai quelques recommandations à donner à nos amis en attendant...
Pendant que les concernés s'éloignent, le septuagénaire se racle la gorge, avant de commencer.
- Écoutez-moi ! Avant d'entrer, je dois vous avertir de plusieurs choses : La première, c'est que tant que vous n'aurez pas, comme moi et mon équipe, gagné la confiance de ce peuple, ils vous prendront vos armes, ce qui me paraît logique. Je vous demanderai de ne pas résister, si leurs lois d'hospitalité vous protègent, moi en revanche, je peux vous renvoyer sur Terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire en cas de problème.
- C'est pas vous qui commandez cette équipe ! Leur donner nos armes et puis quoi encore ? proteste Adrien, qui se fait déjà remarquer.
- Écoute-moi bien, déjà, tu appartiens encore à mon équipe, donc tu feras ce que je demanderai. Quant aux autres, je pense que Chris partagera mon avis.
- Parfaitement ! confirme le scientifique.
Des murmures désapprobateurs se font entendre mais personne ne proteste ouvertement, ce qui est bon signe.
- Bien, ensuite... Vous devez garder à l'esprit que nous sommes chez eux en tant qu'invités, par conséquent vous avez le devoir d'accepter leurs coutumes et leur mode de vie... Et surtout, de vous comporter de manière à ne pas les offenser, les attitudes de rustres sont donc à bannir.
Le diplomate s'arrête un moment et regarde le groupe. Il semble s'assurer que tout le monde soit sur la même longueur d'onde.
- Autre chose maintenant, j'espère que personne n'a quelque chose contre la nudité, les rituels religieux bizarres, ou la bisexualité ?
- Attends, où est le rapport ? demande Christophe, perplexe.
- C'est pour les deux tafioles de votre équipe que vous dites ça ? demande Adrien, trop heureux de pouvoir la ramener.
Instantanément, le silence relatif devient un brouhaha sans nom, tous les hommes présents se mettant à brailler entre-eux. Dans ce chaos, Bertrand parvient à saisir quelques mots, comme « contre-nature » et « dégueulasse », ce qui ne l'enchante pas vraiment.
Il s'inquiète de plus en plus sérieusement en constatant que quasiment toute l'équipe pense plus ou moins la même chose qu'Adrien à ce sujet... Puis il sent la colère monter en lui. Cette expédition et surtout cette rencontre unique avec ce peuple inconnu, c'est le rêve de toute une vie qui se réalise. Il ne laissera personne compromettre cela et certainement pas une bande d'homophobes au QI de bulots cuits.
- Alors, c'est votre choix d'avoir une vision de merde ! commence-il, d'une voix forte.
Son langage crû, couplé à son énervement ramène le silence. Il faut dire qu'en colère, le diplomate l'est beaucoup moins et il en impose.
- Mais vous n'avez pas le droit de l'imposer à qui que ce soit. Donc quand vous entrerez dans le village, je ne veux aucune réflexion désobligeante, pas même un regard de travers. Si vous méprisez les homosexuels, je vous interdit de leur montrer. La population de ce monde est entièrement bisexuelle, alors hors de question de les offenser, suis-je bien clair ?
Les visages qui lui font face sont scandalisés, voire dégoûtés. Seul Christophe paraît seulement surpris.
- Pourquoi on y va ? Pourquoi est-ce qu'on aurait tant besoin d'eux ?
- Quoi encore, monsieur Hube ? soupire Christophe.
- Franchement pourquoi perdre notre temps ici ? Ils sont sous-développés et en plus de ça, décadents !
- T'as gagné le droit de la fermer ! beugle Bertrand, contrarié. Souvenez-vous bien de ce que je vous ai dit, surtout !
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Pendant ce temps, Anthony cherche vainement Justin ; il a entendu parler d'une caverne mais ne sait pas où elle se trouve. Le jeune homme se résigne et part afin de trouver Jérémy.
Lorsqu'il ouvre la porte du dortoir, il tombe nez à nez avec lui, en train de... Coucher avec un homme du village, bien plus musclé que lui. Confus, il referme la porte en vitesse.
- Attends ! On avait fini de toute façon ! l'interpelle Jérémy, en donnant un dernier coup de rein à son amant, en pleine extase.
Sans gêne, il se retire de son partenaire et enfile un boxer, tout en conversant avec Anthony, qui s'est réfugié derrière la porte. Il ne s'embarrasse même pas de sa présence.
- Tu voulais quoi ?
- Heu... Te dire qu'une équipe de la Fondation vient d'arriver.
- Ah ? Les vacances sont finies ? demande Jérémy, avec la voix d'un enfant à qui on aurait retiré son cadeau de Noël.
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Pendant ce temps, dans la caverne secrète, Justin est allongé de tout son long contre Evran. Il ne dort plus mais contemple son petit ami pendant son sommeil.
Après quelques minutes, il ne résiste pas à l'envie de le caresser mais son autochtone s'étire et le fixe d'un regard plein de tendresse.
- Bonjour toi.
- T'es beau quand tu dors...
- Toi aussi.
- Dire que je croyais que tu ne voulais pas de moi...
- Chuuut... Je t'aime, je te l'ai dit. Répond-il en lui posant son index sur les lèvres.
- Faudrait se lever, il doit être tard.
- Encore un peu... Réclame Justin.
- Non, d'autres vont sûrement arriver pour se laver, ou cueillir de la mousse...
- Tu as raison... Concède Justin, en lui déposant un autre baiser sur les lèvres.
Ils s'attardent encore quelques minutes, pour s'embrasser, puis ils s'habillent afin de rentrer au village, heureux.
En arrivant dans l'enceinte de Syl, des gardes et quelques villageois font un signe de la main à Evran, ils sont visiblement au courant et semblent contents pour lui.
- C'est bizarre, comment ils savent ? En tout cas il faudra que je fasse quelque chose pour remercier Shyna... Dit Evran, songeur.
- J'espère que tu penses à une offrande, ou un truc du genre... Répond Justin, qui se rappelle avoir vu un jeune rendre hommage a la déesse en se masturbant devant l'autel, il y a quelque jours.
- Je pensais plus à entretenir la statue ! Je n'aime pas me séparer de biens matériels...
Justin s'étonne souvent de la souplesse de la religion de Sterrn, qui vient encore une fois d'être démontrée. Chaque personne est libre d'y consacrer le temps et les moyens qu'elle veut, sans aucun jugement de valeur de la part d'autrui. Et contrairement aux religions terrestres, former un couple avec un incroyant ne semble pas être proscrit.
« En couple ! Comment j'aurais pu imaginer ça il y a une semaine ? Ça me fait tout drôle de dire ça... », pense le jeune homme, euphorique.
Alors qu'ils avancent vers la maison de Gwornal, le père d'Evran, le couple se retrouve nez à nez avec... Adrien.
- Salut tarlouze, tu dois te plaire ici ! lance-il, en adressant un regard en biais à Evran.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Mon équipe est arrivée ce matin, composée d'hommes, de vrais ! répond Adrien, avec un sourire narquois aux lèvres.
- C'est qui cet emmerdeur ? Qu'est-ce qu'il dit ? demande Evran, qui pour la première fois depuis sa rencontre avec Justin, perd un peu de son calme.
- Regardez ça ! Il s'est trouvé un autre travelo ! Si c'est pas mignon, sans déconner ! renchérit Adrien, avant d'éclater de rire.
- Mais il est en train de m'insulter ce connard ! Pourquoi il se fout de nous comme ça ?
Evran souffle et serre les poings. Toute sa musculature se contracte sous l'effet de l'énervement. Cela semble amuser Adrien, qui est bien plus grand et sans doute plus fort.
- Evran, att...
- Ooooh ! Visiblement c'est un mâle et agressif en plus ! On va voir ça ! LES MECS VENEZ VOIR ! appelle-il.