27-02-2023, 08:14 PM
On échangea nos mails, nos téléphones et je lui versais une belle somme pour qu'il puisse
établir ses devis et, dès mon accord, commencer les travaux le plus vite possible. Je rentrais à Marseille. Ce soir-là Victoria ne vint pas, ni le soir suivant. Je n'allais pas non plus au bar.
À Tom qui m'avait demandé pourquoi je devais partir, j'avais dit que je devais régler des histoires de famille. Il ne m'en demanda pas plus. Il était heureux et la tête ailleurs, parce que sa copine serait bientôt là.
La semaine suivante passa vite et je me rendis à Montpellier. Les séances avaient lieu à huis clos car il s'agissait de mineurs. Mon tour arriva de témoigner. Je racontais ce que j'avais vu et fait puis ce qu'il s'était passé ensuite avec Stan. Je témoignais une autre fois contre Fred en disant ce qu'il s'était passé l'année de nos 15 ans. Je fus rappelé pour donner certains détails. Et, enfin, le verdict tomba : quelques longues années derrière les barreaux ! Finalement, j'avais été absent durant deux semaines.
Quand je rentrais déposer mon bagage, je fus surpris de voir des fleurs dans un vase. Je passais par la caserne pour dire que j'étais de nouveau là. Je recommençais le lendemain. J'allais jusqu'au bar. Victoria arriva vers moi en souriant et m'embrassa sur la bouche devant les clients. Je fus surpris par son geste… mais j'en fus, aussi, très ravi.
J'avais proposé à Victoria de venir avec moi mais elle refusa, estimant que c’était mon pèlerinage. Aussi, j'écourtais la durée de mon séjour, puisque je n’y allais pas pour visiter. Cependant, elle accepta de venir passer quelques jours avec moi aux Fourches. Tout le monde était heureux de la connaître et Cyprien, en aparté, me dit que j'avais aussi bon goût pour les filles que pour les garçons.
Silvio m'avait appelé pour me donner l'avancée des travaux. Et je m'étais décidé à dire à Tim, à ses parents et au père Mathieu la vérité. Ils en furent tous heureux pour moi.
Silvio profita du fait que je sois aux Fourches pour y venir et il me montra les quelques modifications qu'il avait fait sur le plan initial. Le gros œuvre était fini. Enfin presque. D'après lui je devrais avoir la maison pour, mars ou avril, l'an prochain. Ça me paraissait long comme délai mais pas le choix.
On arriva vite à la période des fêtes. Avec Tom et ceux qui n'avaient pas d'enfants, on fut désignés pour passer les fêtes de Noël à la caserne. Et on y passa les fêtes de Noël… en couple, comme nos collègues présents avec leurs moitiés. En effet, Caro, la copine de Tom, était là depuis le mois d’août - et moi aussi, je m'étais moqué de sa tête, quand il était venu me chercher, le lendemain de son arrivée. Elle et Victoria avaient vite sympathisé et elles étaient, maintenant, les meilleures amies du monde.
Les jours défilèrent et finalement la maison était finie. Il restait un peu d'argent du budget initial et Silvio en avait profité pour ajouter quelques détails tels un groupe électrogène branché directement sur la cuve à mazout ou une éolienne qui pompait l'eau et me permettait d'arroser tout le champ clos où, avec les conseils de Cyprien et ceux de mon grand-père, il avait fait planter des arbres fruitiers et un petit potager.
Depuis longtemps, avec Victoria, on avait fait des tests pour le HIV et les autres maladies sexuelles et, depuis, on faisait l'amour sans préservatif.
Tom m'avait dit que lui et Sandra avaient décidé d'avoir un enfant. Ça me faisait envie aussi. Mais je n'osais pas en parler à Vic. Sa tablette de pilule était dans sa table de nuit et tous les jours je la voyais en prendre une.
On alla passer quelques jours de vacances dans le Vercors, Victoria et moi. On visita, évidemment. On fit l'amour tous les soirs et parfois, même, en journée… et en plein air.
Ensuite, elle m'aida à meubler la maison. Le château, comme elle l’appelait. On venait de fêter notre ‘’un an ‘’ de vie commune.
Depuis quelques jours je la sentais soucieuse mais, quand je lui demandais ce qui n'allait pas, elle me répondait que ce n'était rien.
Un soir, peu après, quand elle rentra, elle me fit asseoir.
…
Aujourd'hui, au boulot, c'était vraiment LA journée de merde. Notre première intervention fut dans un hôtel F1, où on ramassa deux ados qui s'étaient suicidés parce qu'ils étaient gays et que leurs parents – sinistres connards - les avaient jetés dehors avec pertes et fracas en le découvrant. Après ça, ça avait été un accident de scooter. Encore un ado mort, celui ci parce qu'il n'avait pas de casque. Puis, un appel pour une crise cardiaque sur la voie publique et là, on arriva juste pour constater le décès. Et sur le coup de 17 h on dut partir parce qu'on était la dernière équipe sur place. Une rixe dans les quartiers Nord avec de nombreux blessés.
Quand on arriva c'était la cohue. Ça hurlait de partout, l'air empestait le gaz lacrymogène. Un des gars de la cité avait fait un infarctus et je lui faisais un massage cardiaque pour le maintenir en vie… quand un choc dans la poitrine me fit basculer. Je portais ma main à l’endroit du choc et quand je la regardais, elle était couverte de sang. Je vis mes collègues courir vers moi, avant de tourner de l’œil.
J'entendais parler mais je ne comprenais ce que les gens disaient. Je voyais des lumières blanches je sentais qu'on me manipulait dans tous les sens, j'entendais crier mais je n'arrivais pas à réagir.
Puis ce fut le trou noir…
J'avais l'impression d’étouffer. J'essayais de respirer mais je n'y arrivais pas. Finalement j'ouvris les yeux. Je vis un docteur penché sur moi.
Combien de temps c'était passé depuis que le médecin m'avait endormi ? Je n'en avais pas la moindre idée mais c'est l'impression d'une soif horrible qui me réveilla. Deux personnes parlaient doucement dans la chambre et je réussis à murmurer :
Le docteur leur demanda de sortir, le temps de m’examiner. La brume que j'avais dans mon cerveau se dissipa, enfin.
Elles pleuraient toutes les deux. Puis s'approchant de moi elles me couvrirent de bisous.
Bien sûr quand l'infirmière arriva je me fis engueuler.
Les après-midis je n'étais jamais seul. Vic venait me voir tous les jours et je profitais d'un jour où elle, mes grands-parents et Cyprien soient là pour poser la fameuse question.
Victoria avait cessé de travailler. Elle avait une grossesse à risque, attendant des jumeaux. Et on était ainsi tous les deux à la maison. Sandra et Tom attendaient aussi un bébé. Mais tout comme Tim et Mary ils n'avaient pas voulu savoir le sexe de leur enfant.
Je m'étais remis à courir. Bon, je n'avais plus la même endurance qu'avant mais quand je faisais des tours de stade, j'étais loin d'être ridicule.
Un après-midi alors que je courais, un groupe de jeune se mit à faire également des tours de stade. Ils devaient avoir dans les 16/18 ans. Et je réussis à toujours garder le demi-tour de stade entre nous. J'étais fatigué et je me dirigeais vers les vestiaires où j'allais me doucher. Je les entendis rentrer peu après et chahutaient en riant pendant qu’ils se déshabillaient puis ils vinrent dans les douches. En me voyant ils se turent.
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établir ses devis et, dès mon accord, commencer les travaux le plus vite possible. Je rentrais à Marseille. Ce soir-là Victoria ne vint pas, ni le soir suivant. Je n'allais pas non plus au bar.
À Tom qui m'avait demandé pourquoi je devais partir, j'avais dit que je devais régler des histoires de famille. Il ne m'en demanda pas plus. Il était heureux et la tête ailleurs, parce que sa copine serait bientôt là.
La semaine suivante passa vite et je me rendis à Montpellier. Les séances avaient lieu à huis clos car il s'agissait de mineurs. Mon tour arriva de témoigner. Je racontais ce que j'avais vu et fait puis ce qu'il s'était passé ensuite avec Stan. Je témoignais une autre fois contre Fred en disant ce qu'il s'était passé l'année de nos 15 ans. Je fus rappelé pour donner certains détails. Et, enfin, le verdict tomba : quelques longues années derrière les barreaux ! Finalement, j'avais été absent durant deux semaines.
Quand je rentrais déposer mon bagage, je fus surpris de voir des fleurs dans un vase. Je passais par la caserne pour dire que j'étais de nouveau là. Je recommençais le lendemain. J'allais jusqu'au bar. Victoria arriva vers moi en souriant et m'embrassa sur la bouche devant les clients. Je fus surpris par son geste… mais j'en fus, aussi, très ravi.
- C'est de ta part, les roses à la maison ?
- Oui, j'ai pris ma décision et j'y habite depuis quelques jours. On se voit ce soir.
- Profite en, parce que dès demain, tu ne pourras plus.
- Ho putain ! La tronche que tu as ! Je ne te demande pas ce que tu as fait cette nuit. Y'a qu'à voir ta gueule.
- Bin, on verra quand ta copine sera là, la tête que tu auras.
J'avais proposé à Victoria de venir avec moi mais elle refusa, estimant que c’était mon pèlerinage. Aussi, j'écourtais la durée de mon séjour, puisque je n’y allais pas pour visiter. Cependant, elle accepta de venir passer quelques jours avec moi aux Fourches. Tout le monde était heureux de la connaître et Cyprien, en aparté, me dit que j'avais aussi bon goût pour les filles que pour les garçons.
Silvio m'avait appelé pour me donner l'avancée des travaux. Et je m'étais décidé à dire à Tim, à ses parents et au père Mathieu la vérité. Ils en furent tous heureux pour moi.
Silvio profita du fait que je sois aux Fourches pour y venir et il me montra les quelques modifications qu'il avait fait sur le plan initial. Le gros œuvre était fini. Enfin presque. D'après lui je devrais avoir la maison pour, mars ou avril, l'an prochain. Ça me paraissait long comme délai mais pas le choix.
On arriva vite à la période des fêtes. Avec Tom et ceux qui n'avaient pas d'enfants, on fut désignés pour passer les fêtes de Noël à la caserne. Et on y passa les fêtes de Noël… en couple, comme nos collègues présents avec leurs moitiés. En effet, Caro, la copine de Tom, était là depuis le mois d’août - et moi aussi, je m'étais moqué de sa tête, quand il était venu me chercher, le lendemain de son arrivée. Elle et Victoria avaient vite sympathisé et elles étaient, maintenant, les meilleures amies du monde.
Les jours défilèrent et finalement la maison était finie. Il restait un peu d'argent du budget initial et Silvio en avait profité pour ajouter quelques détails tels un groupe électrogène branché directement sur la cuve à mazout ou une éolienne qui pompait l'eau et me permettait d'arroser tout le champ clos où, avec les conseils de Cyprien et ceux de mon grand-père, il avait fait planter des arbres fruitiers et un petit potager.
Depuis longtemps, avec Victoria, on avait fait des tests pour le HIV et les autres maladies sexuelles et, depuis, on faisait l'amour sans préservatif.
Tom m'avait dit que lui et Sandra avaient décidé d'avoir un enfant. Ça me faisait envie aussi. Mais je n'osais pas en parler à Vic. Sa tablette de pilule était dans sa table de nuit et tous les jours je la voyais en prendre une.
On alla passer quelques jours de vacances dans le Vercors, Victoria et moi. On visita, évidemment. On fit l'amour tous les soirs et parfois, même, en journée… et en plein air.
Ensuite, elle m'aida à meubler la maison. Le château, comme elle l’appelait. On venait de fêter notre ‘’un an ‘’ de vie commune.
Depuis quelques jours je la sentais soucieuse mais, quand je lui demandais ce qui n'allait pas, elle me répondait que ce n'était rien.
Un soir, peu après, quand elle rentra, elle me fit asseoir.
- Jeff, je dois te dire quelque chose d’important.
- Ce n’est rien de grave au moins ?
- Ça risque de chambouler notre vie.
- Mon dieu, c'est si grave que ça ? … Mais parle bordel !
- Je suis enceinte !
- Oh ! Tu en es sûre, Victoria ?
- Oui !
- Mais… c'est merveilleux, ça. Je vais être papa !
- Alors, tu veux qu'on le garde ? Tu es sûr de ton choix ?
- Mais oui, bien sûr. Pourquoi ? tu ne veux pas avoir d’enfants ? Tu veux avorter ?
- C'est ce que je voulais t'entendre dire. Moi aussi je voulais le garder mais je n'étais pas sûre que toi tu en veuilles. Je ne voulais pas te l’imposer.
- Mais tu ne m'imposes absolument rien, Vic, moi aussi je le veux ce bébé… Tu veux un garçon ou une fille ?
- Un garçon et toi ?
- Je prendrai ce qui viendra mais je préférerais une fille…elles préfèrent leurs papas.
- Non, si c’est une fille, tu n'en feras pas une petite princesse.
- Ho, mais dis donc et on en fera quoi, alors ?
- Une sportive.
- Ok, va pour une princesse sportive, alors.
- Pfffff, tu veux toujours avoir le dernier mot. Embrasse-moi, idiot.
- Jeff, je suis enceinte pas mourante, alors, arrête tes bêtises et fais-moi l'amour correctement sinon je vais voir ailleurs si je trouve un meilleur étalon.
…
Aujourd'hui, au boulot, c'était vraiment LA journée de merde. Notre première intervention fut dans un hôtel F1, où on ramassa deux ados qui s'étaient suicidés parce qu'ils étaient gays et que leurs parents – sinistres connards - les avaient jetés dehors avec pertes et fracas en le découvrant. Après ça, ça avait été un accident de scooter. Encore un ado mort, celui ci parce qu'il n'avait pas de casque. Puis, un appel pour une crise cardiaque sur la voie publique et là, on arriva juste pour constater le décès. Et sur le coup de 17 h on dut partir parce qu'on était la dernière équipe sur place. Une rixe dans les quartiers Nord avec de nombreux blessés.
Quand on arriva c'était la cohue. Ça hurlait de partout, l'air empestait le gaz lacrymogène. Un des gars de la cité avait fait un infarctus et je lui faisais un massage cardiaque pour le maintenir en vie… quand un choc dans la poitrine me fit basculer. Je portais ma main à l’endroit du choc et quand je la regardais, elle était couverte de sang. Je vis mes collègues courir vers moi, avant de tourner de l’œil.
J'entendais parler mais je ne comprenais ce que les gens disaient. Je voyais des lumières blanches je sentais qu'on me manipulait dans tous les sens, j'entendais crier mais je n'arrivais pas à réagir.
Puis ce fut le trou noir…
J'avais l'impression d’étouffer. J'essayais de respirer mais je n'y arrivais pas. Finalement j'ouvris les yeux. Je vis un docteur penché sur moi.
- Calme toi Jean-François, on t'avait intubé pour que tu puisses respirer mieux. Je viens de te retirer le tube. C'est pour ça que tu as eu du mal à respirer pendant quelques secondes. Tu vas, aussi, avoir un peu de mal à parler, au début. Tu comprends ce que je te dis ?
- Ce n'est pas grave. Je vais de donner un calmant pour que tu dormes et que tu ne souffres pas trop.
Combien de temps c'était passé depuis que le médecin m'avait endormi ? Je n'en avais pas la moindre idée mais c'est l'impression d'une soif horrible qui me réveilla. Deux personnes parlaient doucement dans la chambre et je réussis à murmurer :
- Soif, à boire.
- Docteur, vite, il vient de se réveiller et il a soif.
- Encore.
Le docteur leur demanda de sortir, le temps de m’examiner. La brume que j'avais dans mon cerveau se dissipa, enfin.
- Tu comprends ce que je te dis, Jean-François ?
- Oui, je vous comprends.
- C'est bien, alors. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? Tu sais où tu es, là ?
- J’étais en intervention et j'ai eu mal à la poitrine. Ma main pleine de sang et… je sais plus.
- Oui, c'est ça, tu étais en intervention et tu as reçu une balle dans la poitrine. Il a fallu qu'on t'opère en urgence et on a dû enlever un morceau de ton poumon droit qui était trop endommagé pour qu'on puisse le soigner.
- Je vais mourir docteur ?
- Oui, un jour, comme tout le monde, mais pas avant quelques décennies, si j’en crois mon diagnostic. On t'a retiré un petit quart du poumon droit. Tu es jeune et sportif et je pense que tu vas vite récupérer. En revanche, on a dû te scier deux côtes pour le faire et tu vas garder une belle balafre dans le dos et la cicatrice d’un trou devant.
- Ça fait combien de temps que je suis là ?
- Ça a fait trois semaines, hier. On t'a maintenu en coma artificiel pour que tu ne souffres pas inutilement. Bien, à présent, je vais appeler l’infirmière. On va refaire ton pansement.
- Je veux voir.
- Ok, on va essayer de te montrer ça.
- Voilà, tu as un pansement tout propre. Tu as des questions ?
- Je vais pouvoir sortir quand, docteur ?
- Tout va dépendre de toi et des résultats de ta rééducation. Tu vas pouvoir vivre pratiquement normalement même si on t'a enlevé un bout de poumon. Pour toi, cependant, les pompiers, du moins le service sur le terrain c'est fini. Il va falloir penser à une reconversion. Mais bientôt tu vas pouvoir marcher, recommencer à courir. Si tu veux t'asseoir dans le fauteuil, c’est déjà possible et ça te changera de ta position allongée. Tu en as envie ?
- Oui, je veux bien.
- On va y mettre un drap. Je vais t'aider à t'asseoir au bord du lit.
- Wow, ça tourne !
- C'est normal, tu dois le savoir, non ? Tu ne bouges surtout pas. On va t'enfiler quelque chose. On ne va pas te laisser tout nu dans le fauteuil.
Elles pleuraient toutes les deux. Puis s'approchant de moi elles me couvrirent de bisous.
- Arrêtez-vous, vous allez m'étouffer à m'embrasser comme ça. Hé, hé
- Ça ne va pas, Vic ?
- Si mon amour, ça va très bien. C'est juste que nos fils sont aussi heureux que ta mère et moi et qu'ils le manifestent en donnant des coups de pied. Tu veux toucher.
- Tu as mal Bé ?
- Non, Maman, c'est juste que c'est la première fois que je sens mes bébés bouger. C'est, c’est…
- Vic, tu m'as dit que c’étaient des garçons. C'est sûr, vraiment sûr ?
- Oui Jeff. Attends, j'ai la photo de l'échographie avec moi. Je te la montre. Tu vois on voit bien que ce sont des garçons. Tu n'es pas trop déçu toi qui voulait une fille ?
- Non pas du tout. Tu as déjà réfléchi à leurs prénoms ?
- Oui mais je voudrais avoir ton avis. J'aimerai qu'on en appelle un comme ton arrière-grand-père Cyprien et l'autre comme ton autre arrière-grand-père Augustin. Tu en penses quoi ?
- Ça me plaît comme prénom. C'est d'accord, va pour Cyprien et Augustin. Mais avant je lui demanderai s'il veut bien qu'il y en ait un autre dans la famille. Mais je ne pense pas qu'il nous le refuse.
Bien sûr quand l'infirmière arriva je me fis engueuler.
- Dis ma belle, je suis infirmier comme toi, alors tu calmes ta joie parce que ça ne m'impressionne pas un brin, tout ce que tu me racontes.
- Non, je m’en doute, mais je te redis que tu n'étais pas prudent. Tu aurais pu tomber et te faire mal. D'ailleurs, tu n'as pas eu trop mal ?
- Un peu si, mais la douleur et moi on est de vieilles connaissances et on se tolère assez bien. Des fois, c'est elle qui gagne et des fois, c'est moi.
- Je vais t'aider à enfiler un tee-shirt. Il ne faudrait pas que tu prennes froid. Tes cotes ne sont pas complètement ressoudées. Et tousser serait un vrai calvaire pour toi.
- Je pourrais prendre une douche ?
- Demain, oui. On le fera avant de refaire ton pansement. On t'enlèvera aussi ta sonde urinaire. Au fait, cet après-midi tu commences ta rééducation. Le kiné va passer te prendre.
Les après-midis je n'étais jamais seul. Vic venait me voir tous les jours et je profitais d'un jour où elle, mes grands-parents et Cyprien soient là pour poser la fameuse question.
- Papé, tu sais que Victoria et moi on attend des jumeaux.
- Bé, je suis vieux mais pas sénile, alors, oui, je sais que vous attendez des jumeaux.
- Papé, on voudrait en appeler un comme toi. On peut ?
- Et pourquoi vous ne pourriez pas l'appeler comme moi ? Et l’autre, vous allez l'appeler comment ?
- On veut l'appeler Augustin.
- C'est un joli prénom aussi. C'est toi qui les as choisis ?
- Non c'est Victoria. Au fait Papé, il t'en reste encore assez pour deux d'un coup ?
- De quoi tu parles ?
- Des cadeaux spéciaux que tu nous fais chaque fois qu'un enfant naît dans la famille.
- Ne t'occupe pas de ça, andouille. Eh oui, j'en ai suffisamment encore. Le stock baisse mais vous pouvez encore en faire quelques-uns chacun avant que je n'en aie plus.
- Oui, bon, on va commencer par élever les deux qui arrivent et on verra d'ici quelques années.
Victoria avait cessé de travailler. Elle avait une grossesse à risque, attendant des jumeaux. Et on était ainsi tous les deux à la maison. Sandra et Tom attendaient aussi un bébé. Mais tout comme Tim et Mary ils n'avaient pas voulu savoir le sexe de leur enfant.
Je m'étais remis à courir. Bon, je n'avais plus la même endurance qu'avant mais quand je faisais des tours de stade, j'étais loin d'être ridicule.
Un après-midi alors que je courais, un groupe de jeune se mit à faire également des tours de stade. Ils devaient avoir dans les 16/18 ans. Et je réussis à toujours garder le demi-tour de stade entre nous. J'étais fatigué et je me dirigeais vers les vestiaires où j'allais me doucher. Je les entendis rentrer peu après et chahutaient en riant pendant qu’ils se déshabillaient puis ils vinrent dans les douches. En me voyant ils se turent.
- Je suis si impressionnant que ça que vous en perdez la voix ?
- Non, Monsieur, c'est juste qu'on s'attendait pas à trouver quelqu'un dans les douches. En général on est les seuls à y venir.
- J'ai bientôt fini. Vous aurez la place pour vous tout seuls.
- Non, non, vous pouvez rester. Ça ne nous dérange pas.
- Vous faites partie d'un groupe ou d'une association ?
- En fait, on est des jeunes pompiers volontaires et on s’entraîne pour devenir des professionnels. Certains veulent même devenir marins pompiers, plus tard.
- Je peux savoir lesquels ?
- Félicitations les gars, les marins pompiers c'est les meilleurs des meilleurs, j’vous l’dis !
- Pourquoi vous dites ça, m’sieur ?
- Parce que j'en suis un, bien sûr.
- Vous êtes sérieux ?
- Eh oui. Je suis de la caserne du quartier nord.
- Monsieur, c'est vous qui avez été blessé lors d'une intervention ?
- Qu'est-ce-qui te fait dire ça ?
- Votre cicatrice dans le dos et la petite qui est devant.
- Oui, c'est bien moi.
- Ça vous fait mal ?
- Encore un peu. Pas trop quand je cours mais quand je fais des pompes et des tractions, ça tire encore, oui.
- Monsieur, je peux vous serrer la main ?
- Oui, mais en quel honneur ?
- Vous êtes un héros monsieur.
- Tu sais, prendre une balle pendant le service ne fait pas de moi un héros mais une victime de la bêtise des gens.
- Monsieur, on vous a croisé régulièrement ces dernières semaines, et maintenant qu’on sait qui vous êtes… vous voudriez bien nous entraîner ? Parce que là, on le fait entre nous mais on n'a pas réellement de coach. En plus, vous vous connaissez les besoins du métier !
- Vous vous entraîner quand ?
- Le mercredi après-midi. Parce que le samedi on va dans les casernes.
- Je ne vous promets rien. On va finir de se doucher et un de vous me donnera son téléphone et je vous donne ma réponse rapidement.
- Salut Jean-François, je suis heureux d'avoir de tes nouvelles. Alors comment tu te sens ?
- Assez bien, René, merci. Ce n’est pas encore la grande forme mais ça revient, petit à petit. En fait, je t'appelle pour te demander une faveur. Cet après-midi je m'entraînais et je suis tombé sur une bande de jeunes pompiers, tu sais des ados entre 16 et 18 ans.
- Oui, et en quoi je peux t'être utile ?
- Ils veulent que je les entraîne mais il n'y a pas toutes les structures nécessaires, au stade où ils courent. Est-ce-que je pourrais utiliser le gymnase de la caserne, le mercredi après midi, de 14 à 17 heures.
- Je ne suis pas contre, il faut juste que je me renseigne pour savoir s'il est libre. Je te rappelle le plus vite possible.
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