24-02-2023, 03:34 PM
Je passais ma permission à manger, rire, manger, me faire engueuler parce que je faisais autant de bêtises que mes neveux et ça passa trop vite.
Je repartis le dimanche après-midi. Je dus faire un détour par chez ma sœur puis chez mon frère pour pouvoir redescendre tous les jouets des petits.
Et je regagnais la caserne. Steeve était allongé sur son lit et lisait en écoutant de la musique. On parla de notre permission et de l'appréhension qu'on avait pour le lendemain. Tom arriva en même temps qu’Armand. Ils s'étaient rencontrés dans le TGV.
Ça y est, c'était le jour J.
Avec Tom on arriva un bon quart d'heure en avance dans la caserne où on avait été muté. On se présenta au chef de la caserne mais ici ce n'était pas si protocolaire. Pas de salut sauf grande exception. On était une dizaine de nouveaux. Après la cérémonie des couleurs, le chef de corps nous présenta au reste des marins pompiers de la caserne en donnant la spécialité de chacun.
Tom et moi, on était à part. On allait travailler en doublon avec un autre infirmier pendant un mois puis on serait dispatché dans deux équipes différentes. Mais on serait du même tour de garde. On fonctionnait sur trois jours. Le premier jour on était d'astreinte c'est à dire qu'on bossait de 7 à 17 heures. Et s'il y avait besoin de renfort en dehors de ces heures on devait retourner à la caserne. Le lendemain on était de garde, c'est à dire qu'on y était de 7 heures à 7 heures le lendemain et on partait à tous les appels. Et le troisième jour on était de repos. Et toutes les deux semaines on avait trois jours de repos.
Ça se passait plutôt bien. L'ambiance était bonne et ce qui me surprit le plus, c'est que tous avaient un surnom. Le toubib ‘’Doc’’, bien sûr, mais il y avait aussi ‘’Turf’’ parce qu'il passait tout son temps à parler courses hippiques, il y avait aussi ‘’Poney’’ parce qu'il en avait une aussi grosse qu'un âne, sans parler de ‘’Vroum-Vroum’’ qui conduisait les ambulances, il y avait aussi ‘’Papy’’ parce que c'était le plus ancien de la caserne. C'est Tom, le premier qui eut le sien. Lors d'une intervention, Tom par sa connaissance des rues de Marseille dont il avait appris le plan par cœur, fut surnommé ‘’Tom-Tom’’ en comparaison du GPS.
Le mien arriva lors d'un repas. Un des toubibs qui avait travaillé longtemps dans cette caserne, celui qui était intervenu lors de l'accident de Jérémy et de Fabien, passa faire un petit coucou.
Il fit le tour et serra la main à tout le monde. Et quand ce fut mon tour, il me regarda et ça dut faire tilt dans sa tête.
Finalement, c'est Turf qui nous parla d'un gars – ancien de la caserne - qu'il connaissait et qui aurait peut-être deux appartements à louer sous peu, sur un même palier, dans son immeuble et en dessous de chez lui. Il y avait aussi un garage au rez-de-chaussée. Et c'était à 10 minutes à pied de la caserne. On lui demanda de se renseigner plus.
Quelques jours après, il nous dit que le proprio voulait bien nous voir en premier et qu'on devait y passer ce soir, sinon il mettra les annonces de location. Il nous accompagnerait. On y alla à pied et c’était un quartier que l’on ne connaissais pas encore. On aurait dit une place de petit village mais en plein centre-ville.
Il y avait une placette avec un bistrot, un tabac, une petite épicerie et même une boulangerie. Turf sonna et l'homme qui vint nous ouvrir devait avoir la soixantaine, bien conservé et souriant. Il nous regarda de la tête aux pieds avant de nous inviter à le suivre.
Le quartier était calme et peu passant. Et les premières nuits, sans vous mentir, le manque de bruit m'empêcha de dormir. On avait pris nos habitudes avec Tom. Quand on rentrait le matin de 24 h de garde, on passait par la boulangerie prendre de quoi se faire un bon petit-déjeuner, puis on dormait avant d'aller courir puis de manger.
On allait aussi au bar quand on rentrait le soir boire un verre, discuter avec les gens du quartier.
Et c'est là que j'ai vu pour la première fois Victoria. Elle avait la vingtaine, était blonde, assez grande, même plutôt grande pour une fille. Elle devait faire pas loin de 1,75 m. Son look sportif et ses jolis 'reliefs' m’attirèrent. Mais vu comme elle envoyait balader tous les mecs - jeunes ou vieux - qui la draguait, avec Tom, on en avait déduit qu'elle devait être lesbienne. Aussi je n'insistais pas avec elle.
Et puis je n'étais pas en manque de sexe car je continuais à aller ponctuellement au sauna. Je m'étais même inscrit sur une appli et un site et souvent j'allais passer quelques heures ou la nuit chez certains gars.
Le premier contact réel que j'ai eu avec elle ça a été un soir où elle glissa dans le bar. On peut dire que je l'ai rattrapé au vol. Elle me tomba littéralement dans les bras. Et heureusement que Tom était derrière moi sinon je me serais retrouvé sur le cul. Elle me remercia d'un bisou sur la joue.
On la voyait arriver le matin quand on partait bosser. Et souvent le soir je la regardais fermer le bar vers 21 h.
Le patron n'était là que pour les heures de pointe. Le reste du temps il était ailleurs … j'allais au bar assez souvent et je commençais à me lier d'amitié avec quelques personnes.
Victoria était un peu moins distante avec moi qu'avec les autres. Et un soir, alors que je rentrais assez tard du sauna, je la croisais alors que j'arrivais chez moi.
On prit la douche ensemble, douche qui fut coquine et câline, et on fit l'amour avec calme et passion. J'avais un peu peur au début que ça ne fonctionne pas parce que depuis 4 ans au moins je n'avais plus touché à une fille mais à première vue le sexe c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !
Et c'est ainsi que petit à petit on se rapprocha. Ce fut d'abord ponctuellement qu'on se rencontra. Et c'est toujours elle qui prenait l'initiative de me demander si ça me ferait plaisir qu'elle vienne.
Ce petit jeu dura presque 6 mois. Je m'étais attaché à elle. Je l'aimais à ma façon et elle se laissait aimer… à sa façon. Elle m'avait demandé de garder le secret sur nos rencontres et notre liaison et même Tom n'était pas au courant. Le seul à qui j'en avais parlé c'était Tim que je savais muet comme une tombe.
Le mois de juin débutait et les touristes affluaient. Les sorties redoublèrent. C'est fou ce que les gens pouvaient être cons. On venait d'emmener un petit jeune, qui avait eu un accident de moto, à l'hôpital quand l'ambulance où était Tom arriva toutes sirènes hurlantes. Le moteur fumait, le pare-chocs pendait la porte, côté conducteur, était enfoncé. Un gars leur était rentré dedans alors qu'ils amenaient une femme sur le point d’accoucher. Leur véhicule était HS et ils avaient eu la chance de parvenir jusqu’à destination, avant que le moteur rende l’âme. Aussi, Tom, son toubib et un autre pompier montèrent dans notre ambulance et Teuf-Teuf pris l'autoroute pour rentrer. Mais très vite on se retrouva coincé dans un bouchon.
Un appel radio nous apprit qu'il y avait un grave accident. Teufteuf mit la sirène en route et remonta la file par la bande d'arrêt d'urgence. Il stoppa, on descendit et on put constater l’étendue des dégâts. Il y avait un semi-remorque, couché en travers des trois voies et des voitures s'étaient encastrées dedans. On alla voir ce qu'il se passait. Dans les premières voitures il n’y avait plus personne à sauver. Et dans ce fatras de tôles écrasées et broyées on entendait des cris, des pleurs, des gémissements.
Teuf-Teuf faisait son rapport par radio et nous on avait entrepris de remonter la file de voitures accidentées. On donnait des soins aux personnes les plus gravement touchées. Bientôt le flux de voitures venant dans l'autre sens stoppa et des collègues de plusieurs casernes arrivèrent en renfort.
Des hélicoptères emportèrent les cas les plus urgents. Et ce n'est que tard dans la soirée qu'on put enfin regagner la caserne. Mon uniforme était pourri. Il y avait du sang de partout dessus sans compter des tâches de je ne sais pas trop quoi. Heureusement que la nuit fut plus calme. Je n'avais qu'une hâte, le lendemain matin, c'était de dormir. Quand je me réveillais, sur le coup des quatorze heures, j'avais faim et bien sûr, il n'y avait rien dans le frigo - pour pas changer. Et j'avais la flemme d'aller faire les courses. J'allais jusqu'à la boulangerie où je pris des pizzas. Le patron les faisait bonnes. Sa femme me les fit réchauffer au four. Et j'allais les manger sur la terrasse du bar. Il n'y avait quasi personne, alors Victoria vint s'asseoir avec moi et on discuta.
J'étais un des rares à réussir à la faire rire et sourire. Ce soir-là, elle passa à la maison et elle y resta la nuit. On fit l'amour avec passion comme on savait le faire tous les deux et un orage éclata. Le tonnerre était assourdissant. Elle se blottit contre moi. Et c'est ainsi qu'on finit la nuit.
Le lendemain elle se leva en même temps que moi. Elle me fit un petit bisou et fila à la salle de bain. Je fis passer du café pour deux, manque de bol, elle buvait du thé. Je n'en avais pas. Elle allait partir et me faisait un bisou quand la porte s'ouvrit sur Tom qui entra.
Durant ce mois de juin, mon passé se rappela à moi. Ce fut d'abord une lettre d'un avocat parisien qui me demandait de lui téléphoner pour affaire me concernant. Puis, deux jours plus tard, c'est ma mère catastrophée qui me téléphona pour me dire que j'avais reçu une lettre du tribunal de Montpellier. Je lui demandais de l'ouvrir et là, c'était une convocation pour aller témoigner au procès d’Éric et de Fred.
Je fis un aller-retour express jusqu'aux Fourches pour récupérer mes courriers. J'en profitais pour appeler l'avocat en présence de mes parents.
Je réussis à m'arranger avec le gars qui me relèverais de ma garde ce jour-là. Il viendrait deux heures plus tôt pour que je puisse prendre le premier TGV pour Paris. On s'arrangeait souvent entre nous et tant qu'il y avait quelqu'un, on nous foutait la paix.
J'allais aussi voir le chef de corps avec ma convocation au tribunal. Je lui résumais rapidement le pourquoi et il en référa à René sur le champ. Je fus placé à disposition de la justice le temps du procès.
Victoria et moi, ça devenait de plus en plus sérieux. Elle passait pratiquement toutes ses nuits chez moi, maintenant. Et un après-midi où je ne bossais pas, je fis du rangement et lui fis de la place dans mes placards.
Ce soir-là, elle rentra épuisée du travail. J'avais fait le repas qu'elle goûta à peine. On alla prendre la douche et on se coucha. Elle se colla à moi. Je passais mon bras par-dessus elle et je lui fis un bisou sur la joue. Au réveil je fis passer mon café et je lui fis chauffer l'eau pour son thé. Eh oui j'avais du thé pour elle. Elle revenait de la douche enroulée dans une serviette de bain.
des baskets. C'était pas du tout le cliché que je me faisais d'un architecte DPLG.
Je repartis le dimanche après-midi. Je dus faire un détour par chez ma sœur puis chez mon frère pour pouvoir redescendre tous les jouets des petits.
Et je regagnais la caserne. Steeve était allongé sur son lit et lisait en écoutant de la musique. On parla de notre permission et de l'appréhension qu'on avait pour le lendemain. Tom arriva en même temps qu’Armand. Ils s'étaient rencontrés dans le TGV.
Ça y est, c'était le jour J.
Avec Tom on arriva un bon quart d'heure en avance dans la caserne où on avait été muté. On se présenta au chef de la caserne mais ici ce n'était pas si protocolaire. Pas de salut sauf grande exception. On était une dizaine de nouveaux. Après la cérémonie des couleurs, le chef de corps nous présenta au reste des marins pompiers de la caserne en donnant la spécialité de chacun.
Tom et moi, on était à part. On allait travailler en doublon avec un autre infirmier pendant un mois puis on serait dispatché dans deux équipes différentes. Mais on serait du même tour de garde. On fonctionnait sur trois jours. Le premier jour on était d'astreinte c'est à dire qu'on bossait de 7 à 17 heures. Et s'il y avait besoin de renfort en dehors de ces heures on devait retourner à la caserne. Le lendemain on était de garde, c'est à dire qu'on y était de 7 heures à 7 heures le lendemain et on partait à tous les appels. Et le troisième jour on était de repos. Et toutes les deux semaines on avait trois jours de repos.
Ça se passait plutôt bien. L'ambiance était bonne et ce qui me surprit le plus, c'est que tous avaient un surnom. Le toubib ‘’Doc’’, bien sûr, mais il y avait aussi ‘’Turf’’ parce qu'il passait tout son temps à parler courses hippiques, il y avait aussi ‘’Poney’’ parce qu'il en avait une aussi grosse qu'un âne, sans parler de ‘’Vroum-Vroum’’ qui conduisait les ambulances, il y avait aussi ‘’Papy’’ parce que c'était le plus ancien de la caserne. C'est Tom, le premier qui eut le sien. Lors d'une intervention, Tom par sa connaissance des rues de Marseille dont il avait appris le plan par cœur, fut surnommé ‘’Tom-Tom’’ en comparaison du GPS.
Le mien arriva lors d'un repas. Un des toubibs qui avait travaillé longtemps dans cette caserne, celui qui était intervenu lors de l'accident de Jérémy et de Fabien, passa faire un petit coucou.
Il fit le tour et serra la main à tout le monde. Et quand ce fut mon tour, il me regarda et ça dut faire tilt dans sa tête.
- Mais je te reconnais toi. Alors tu es finalement devenu marin pompier.
- C'est ça Doc.
- Tu as toujours ton couteau suisse ?
- Pourquoi tu lui poses cette question Doc ?
- Parce que c'est lui qui a fait une trachéotomie avec un couteau suisse à la Mac Gyver.
- Ah putain ! Doc, tu viens de lui trouver son surnom. Vous pensez quoi de Mac pour Jean-François.
- Ça fait un peu maquereau comme surnom.
- Avec sa belle gueule, il pourrait le faire aussi. Lol !
Finalement, c'est Turf qui nous parla d'un gars – ancien de la caserne - qu'il connaissait et qui aurait peut-être deux appartements à louer sous peu, sur un même palier, dans son immeuble et en dessous de chez lui. Il y avait aussi un garage au rez-de-chaussée. Et c'était à 10 minutes à pied de la caserne. On lui demanda de se renseigner plus.
Quelques jours après, il nous dit que le proprio voulait bien nous voir en premier et qu'on devait y passer ce soir, sinon il mettra les annonces de location. Il nous accompagnerait. On y alla à pied et c’était un quartier que l’on ne connaissais pas encore. On aurait dit une place de petit village mais en plein centre-ville.
Il y avait une placette avec un bistrot, un tabac, une petite épicerie et même une boulangerie. Turf sonna et l'homme qui vint nous ouvrir devait avoir la soixantaine, bien conservé et souriant. Il nous regarda de la tête aux pieds avant de nous inviter à le suivre.
- Les deux appartements sont exactement les mêmes. Ils sont meublés.
- Bon, les gars vous me plaisez. Si les appartements vous intéressent ils sont à vous.
- Pour moi ça me va et toi Tom ?
- Pour moi aussi. On peut signer le bail quand ?
- Si vous voulez, j'en ai des vierges chez moi. On peut monter les remplir.
- Vous avez un RIB, je n'ai pas de chéquier. Ça m'arrangerait de vous payer par virement, y compris la caution. Je vous fais le virement des trois mois.
- Ça me va aussi.
Le quartier était calme et peu passant. Et les premières nuits, sans vous mentir, le manque de bruit m'empêcha de dormir. On avait pris nos habitudes avec Tom. Quand on rentrait le matin de 24 h de garde, on passait par la boulangerie prendre de quoi se faire un bon petit-déjeuner, puis on dormait avant d'aller courir puis de manger.
On allait aussi au bar quand on rentrait le soir boire un verre, discuter avec les gens du quartier.
Et c'est là que j'ai vu pour la première fois Victoria. Elle avait la vingtaine, était blonde, assez grande, même plutôt grande pour une fille. Elle devait faire pas loin de 1,75 m. Son look sportif et ses jolis 'reliefs' m’attirèrent. Mais vu comme elle envoyait balader tous les mecs - jeunes ou vieux - qui la draguait, avec Tom, on en avait déduit qu'elle devait être lesbienne. Aussi je n'insistais pas avec elle.
Et puis je n'étais pas en manque de sexe car je continuais à aller ponctuellement au sauna. Je m'étais même inscrit sur une appli et un site et souvent j'allais passer quelques heures ou la nuit chez certains gars.
Le premier contact réel que j'ai eu avec elle ça a été un soir où elle glissa dans le bar. On peut dire que je l'ai rattrapé au vol. Elle me tomba littéralement dans les bras. Et heureusement que Tom était derrière moi sinon je me serais retrouvé sur le cul. Elle me remercia d'un bisou sur la joue.
On la voyait arriver le matin quand on partait bosser. Et souvent le soir je la regardais fermer le bar vers 21 h.
Le patron n'était là que pour les heures de pointe. Le reste du temps il était ailleurs … j'allais au bar assez souvent et je commençais à me lier d'amitié avec quelques personnes.
Victoria était un peu moins distante avec moi qu'avec les autres. Et un soir, alors que je rentrais assez tard du sauna, je la croisais alors que j'arrivais chez moi.
- Bonsoir Jean-François, tu rentres bien tard.
- J'étais allé faire un tour en ville et je suis tombé sur des amis et de fil en aiguille on s'est fait un resto.
On prit la douche ensemble, douche qui fut coquine et câline, et on fit l'amour avec calme et passion. J'avais un peu peur au début que ça ne fonctionne pas parce que depuis 4 ans au moins je n'avais plus touché à une fille mais à première vue le sexe c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !
Et c'est ainsi que petit à petit on se rapprocha. Ce fut d'abord ponctuellement qu'on se rencontra. Et c'est toujours elle qui prenait l'initiative de me demander si ça me ferait plaisir qu'elle vienne.
Ce petit jeu dura presque 6 mois. Je m'étais attaché à elle. Je l'aimais à ma façon et elle se laissait aimer… à sa façon. Elle m'avait demandé de garder le secret sur nos rencontres et notre liaison et même Tom n'était pas au courant. Le seul à qui j'en avais parlé c'était Tim que je savais muet comme une tombe.
Le mois de juin débutait et les touristes affluaient. Les sorties redoublèrent. C'est fou ce que les gens pouvaient être cons. On venait d'emmener un petit jeune, qui avait eu un accident de moto, à l'hôpital quand l'ambulance où était Tom arriva toutes sirènes hurlantes. Le moteur fumait, le pare-chocs pendait la porte, côté conducteur, était enfoncé. Un gars leur était rentré dedans alors qu'ils amenaient une femme sur le point d’accoucher. Leur véhicule était HS et ils avaient eu la chance de parvenir jusqu’à destination, avant que le moteur rende l’âme. Aussi, Tom, son toubib et un autre pompier montèrent dans notre ambulance et Teuf-Teuf pris l'autoroute pour rentrer. Mais très vite on se retrouva coincé dans un bouchon.
Un appel radio nous apprit qu'il y avait un grave accident. Teufteuf mit la sirène en route et remonta la file par la bande d'arrêt d'urgence. Il stoppa, on descendit et on put constater l’étendue des dégâts. Il y avait un semi-remorque, couché en travers des trois voies et des voitures s'étaient encastrées dedans. On alla voir ce qu'il se passait. Dans les premières voitures il n’y avait plus personne à sauver. Et dans ce fatras de tôles écrasées et broyées on entendait des cris, des pleurs, des gémissements.
Teuf-Teuf faisait son rapport par radio et nous on avait entrepris de remonter la file de voitures accidentées. On donnait des soins aux personnes les plus gravement touchées. Bientôt le flux de voitures venant dans l'autre sens stoppa et des collègues de plusieurs casernes arrivèrent en renfort.
Des hélicoptères emportèrent les cas les plus urgents. Et ce n'est que tard dans la soirée qu'on put enfin regagner la caserne. Mon uniforme était pourri. Il y avait du sang de partout dessus sans compter des tâches de je ne sais pas trop quoi. Heureusement que la nuit fut plus calme. Je n'avais qu'une hâte, le lendemain matin, c'était de dormir. Quand je me réveillais, sur le coup des quatorze heures, j'avais faim et bien sûr, il n'y avait rien dans le frigo - pour pas changer. Et j'avais la flemme d'aller faire les courses. J'allais jusqu'à la boulangerie où je pris des pizzas. Le patron les faisait bonnes. Sa femme me les fit réchauffer au four. Et j'allais les manger sur la terrasse du bar. Il n'y avait quasi personne, alors Victoria vint s'asseoir avec moi et on discuta.
J'étais un des rares à réussir à la faire rire et sourire. Ce soir-là, elle passa à la maison et elle y resta la nuit. On fit l'amour avec passion comme on savait le faire tous les deux et un orage éclata. Le tonnerre était assourdissant. Elle se blottit contre moi. Et c'est ainsi qu'on finit la nuit.
Le lendemain elle se leva en même temps que moi. Elle me fit un petit bisou et fila à la salle de bain. Je fis passer du café pour deux, manque de bol, elle buvait du thé. Je n'en avais pas. Elle allait partir et me faisait un bisou quand la porte s'ouvrit sur Tom qui entra.
- Oups, désolé ! Je t'attends en bas Jeff.
- J'y vais aussi, Tom. On se voit ce soir, Jeff ?
- Tu caches bien ton jeu mon salop. Ça fait longtemps que ça dure, entre vous deux ?
- Plus ou moins six mois, mais elle ne voulait pas que ça se sache et elle m'a fait promettre d'en parler à personne.
- D’accord, je comprends. C'est du sérieux où c'est juste du sexe ?
- Très bonne question. Pour ma part j'ai beaucoup d'affection pour elle. Mais on n'a vraiment jamais trop parlé. Je ne sais rien sur elle à part qu'elle bosse au café et qu'elle s'appelle Victoria. C'est peu, pas vrai ?
- Tu crois qu'elle cache quelque chose ?
- Je ne sais pas du tout.
Durant ce mois de juin, mon passé se rappela à moi. Ce fut d'abord une lettre d'un avocat parisien qui me demandait de lui téléphoner pour affaire me concernant. Puis, deux jours plus tard, c'est ma mère catastrophée qui me téléphona pour me dire que j'avais reçu une lettre du tribunal de Montpellier. Je lui demandais de l'ouvrir et là, c'était une convocation pour aller témoigner au procès d’Éric et de Fred.
Je fis un aller-retour express jusqu'aux Fourches pour récupérer mes courriers. J'en profitais pour appeler l'avocat en présence de mes parents.
- Bonjour monsieur. Je suis Jean-François Favre, des Fourches. Vous m'avez envoyé un courrier me demandant de vous appeler pour affaire me concernant. Je viens aux nouvelles.
- Ah, oui ! Bonjour monsieur, j'attendais votre appel. Sa majesté, le cheikh Abdelaziz, est décédée. Et vous êtes l’un de ses légataires.
- C'est à dire ?
- Pour faire simple, elle vous a légué la SCI du champ clos et une somme plus que substantielle pour remettre en état la maison et les terrains. Au cas où vous refuseriez votre héritage, la SCI du champ clos serait vendue aux enchères et la somme de la vente plus l'argent serait reversé à diverses associations caritatives…
- Tu vas accepter l'héritage, Bé ?
- Je crois que oui, Pa. Le champ clos, c'est mon rêve de gamin. Le mur qui l'entourait c'était pour Tim et moi comme les murailles d'un château et la maison le donjon.
- Hé, hé ! Ça y est, ça te reprend comme quand tu étais gosse.
- Bin quoi c'était y'a 20 ans à peine. Je suis encore un grand bébé rêveur.
- Reste comme ça encore longtemps, Bébé. Et sois heureux le plus possible. Tu as déjà eu plus que ta part de malheurs.
Je réussis à m'arranger avec le gars qui me relèverais de ma garde ce jour-là. Il viendrait deux heures plus tôt pour que je puisse prendre le premier TGV pour Paris. On s'arrangeait souvent entre nous et tant qu'il y avait quelqu'un, on nous foutait la paix.
J'allais aussi voir le chef de corps avec ma convocation au tribunal. Je lui résumais rapidement le pourquoi et il en référa à René sur le champ. Je fus placé à disposition de la justice le temps du procès.
Victoria et moi, ça devenait de plus en plus sérieux. Elle passait pratiquement toutes ses nuits chez moi, maintenant. Et un après-midi où je ne bossais pas, je fis du rangement et lui fis de la place dans mes placards.
Ce soir-là, elle rentra épuisée du travail. J'avais fait le repas qu'elle goûta à peine. On alla prendre la douche et on se coucha. Elle se colla à moi. Je passais mon bras par-dessus elle et je lui fis un bisou sur la joue. Au réveil je fis passer mon café et je lui fis chauffer l'eau pour son thé. Eh oui j'avais du thé pour elle. Elle revenait de la douche enroulée dans une serviette de bain.
- Merci pour hier Jeff.
- Merci, pour quelle raison ?
- Merci de m'avoir laissé dormir, j'étais épuisée.
- Oui je m'en suis rendu compte. Vic, j'ai quelque chose pour toi.
- C'est la clef de ton appartement ?
- Oui, Vic et si tu le veux bien, j'aimerai que tu viennes vivre avec moi. Je t'aime, Vic.
- Mais tu ne me connais pas, tu ne sais rien de moi. Je suis peut-être une tueuse en série, ou une voleuse de grand chemin.
- Dans ce cas, tant pis pour moi. Je me serais lourdement trompé sur toi. Prends cette clef et fais-en ce que tu en veux. Je ne te demande pas une réponse de suite. Prends le temps qu'il faudra pour y réfléchir . Je t'ai fait un peu de place dans les placards… au cas où.
- Au cas où vous n'accepteriez pas le legs, le bien mobilier serait vendu aux enchères et l'argent sera reversé à des associations caritatives de votre choix.
- Finalement son altesse aura eu raison de mon refus. J'accepte le legs.
- Dans ce cas je vais chercher le dossier. Je vous demande de patienter quelques secondes. Non ! Je vous demande de bien vouloir me suivre dans une autre pièce où je pourrais plus facilement étaler le plan de la propriété. Voilà, tout ce qui est en blanc vous appartient. Ça représente une soixantaine d'hectares d'un seul tenant plus une maison et une remise dans le village. Le bâtiment principal du champ clos a une surface de 12 par 20 mètres. Il se compose de quatre niveaux. Une cave voûtée qui fait la surface du bâtiment principal, d'un rez-de-chaussée de la même taille avec un portail sur la partie donnant sur la route et d'une porte opposée donnant sur l'arrière de la maison. Le premier étage est de la même surface que le reste de la maison idem pour le second étage . Si on regarde la maison de face sur la gauche il y a un bassin où une source captée coule toute l’année. Et sur la droite, en léger recul, une grange de 5 mètres de large sur 20 de long. Et à l'arrière, appuyé contre la maison d'une part et contre la grange d'autre part, il y a un cabanon en dur contenant un four à pain. Il y a aussi un bout de terrain dans la plaine mais je ne me souviens plus de la surface Je pense que vous allez pouvoir en faire quelque chose de bien.
- Oui, moi aussi. Mais ça fait grand pour moi tout seul. Si seulement je pouvais trouver un architecte qui soit au top pour me faire un truc bien.
- Si vous le désirez, je peux vous présenter mon petit frère qui est architecte. Pendant ses études il devait faire un projet de rénovation d'un bâtiment et, à l'époque, je lui avais donné les plans de votre bâtiment, simplement pour lui fournir une base de travail, sans lui dire où il se situait, ni à qui il appartenait. Ce qu'il avait fait m'avait bien plu… Mais je ne vous impose rien.
- Après tout, pourquoi pas. Vous pouvez me donner ses coordonnées. Croyez-vous qu'il pourrait me voir aujourd’hui ?
- Je l’appelle. Il vient d'ouvrir son cabinet d'architecture et pour le moment ses clients ne sont pas légion, je lui demande s’il est libre.
- Il sera là, d'ici une petite heure. Ça nous laisse le temps de finaliser votre affaire.
des baskets. C'était pas du tout le cliché que je me faisais d'un architecte DPLG.
- Silvio, je te présente Jean-François Favre, le nouveau propriétaire du bâtiment dont tu avais eu les plans et fait le projet de rénovation.
- Si ça ne vous ennuie pas d'aller continuer votre discussion dans la salle de réunion, vous y serez tranquille le temps qu’il vous plaira.
- Ce n'est qu'un avant-projet sur le papier, après, le reste et les détails sont dans mon ordi. Alors voilà, je ne touche pas à la remise parce qu'elle va servir à y mettre la chaudière. Je n'ai pas touché au rez-de-chaussée sauf y couler une dalle. J'ai supprimé le portail en le remplaçant par une porte avec des vitres dépolies pour faire entrer le jour. Et sous l'escalier à gauche qui monte à l’étage, j'y avais mis des toilettes. La cuisine au fond.
- Donc en bas tu ne fais qu'une grande pièce c'est ça ?
- Oui et je me sers d'un trou dans le mur pour y faire passer la gaine pour un poêle à bois. Parce que je trouve qu'il en faut un. Cela étant, ce n'est pas obligatoire.
- Non, ça me va bien aussi.
- Pour l'étage on a plusieurs choix. L'escalier est une contrainte. Alors, j'ai plusieurs choix à te proposer. Celui-là est ce qui me plaît le plus. J'ai optimisé la place et j'ai pu y faire six chambres, plus une chambre parentale un peu plus grande. Je te montre ça.
- Ici, les quatre premières chambres, deux de chaque côté, sont séparées par une salle de bain commune coté des murs et d'un grand placard de l’autre. Les deux chambres qui suivent ont leur propre salle de bain et un dressing. Après j'avais le choix de faire une chambre parentale immense ou de faire une buanderie d'un côté et une salle de bain supplémentaire de l’autre. Comme ça restera un espace ouvert coté buanderie . On pourrait aménager le second étage aussi mais je ne crois pas que ça soit nécessaire, du moins pour le moment. Après, c'est toi qui vois. Il faudra juste y mettre des velux pour avoir de la lumière. De toute façon j'ai prévu les arrivées d'eau , du chauffage et des écoulements aussi . Et enfin la chambre parentale avec sa salle de bain privée avec douche, baignoire et lavabo double vasque, plus la possibilité d'y ajouter un bidet, même si ce n'est plus trop à la mode. Ça te convient comme plan ?
- Oui, très bien même. Tu as su optimiser au mieux l'espace qu'il y avait. En revanche, qu’as-tu prévu comme type de chauffage, parce que ça doit coûter un bras, à chauffer tout ça.
- Pas tant que ça, en fait. Déjà sur le toit côté sud j'avais prévu d'y mettre des panneaux solaires. Puis j'ai pensé aussi à y mettre une pompe à chaleur mais en fait, ce qui coûterait le moins cher, c'est une bonne vieille chaudière à mazout ou une chaudière à bois.
- Et pour la clim ? Parce que l'été ça tape dur là-haut.
- Alors, là, j'ai prévu simple. Comme j'ai opté pour un chauffage au sol, il suffit de creuser derrière le bassin, d'y installer une cuve. L'eau sort à cinq degrés toute l’année. Il suffirait d'y placer une pompe et d'envoyer l'eau fraîche dans la maison l'été et l'eau chaude en hivers. Ça ne nécessiterait que le placement d'une vanne et d'une pompe supplémentaire.
- Ok, cool, et tu as déjà chiffré combien ça coûterait tout ça ?
- Dans les 300 000 euros. Enfin, j'ai fait ça à la louche.
- Et tu pourrais aussi y faire une piscine ?
- Oui, bien sûr. Tu la voudrais où ?
- Derrière la maison, sans vis-à-vis, je voudrais faire une terrasse couverte avec un barbecue et le four à pain. En laissant de la place pour pouvoir circuler autour.
- Oui, bonne idée, et ainsi tu préserves l’aspect originel des bâtiments vu de la route.
- Tout ce que tu m'as proposé me convient. Je te laisse mettre les derniers détails au point et tu me chiffres ça ?
- Oui, je fais ça au plus vite.
- Si ça dépasse un peu, ne te fais pas de souci. J'ai un peu d'argent de côté. En revanche, tu ne lésines pas sur la qualité des matériaux. Je tiens à ce que ce soit solide et durable .