16-08-2020, 10:21 AM
Après cette effusion de câlins, nous avions été regarder la télévision. J’étais resté avec maman et Delphine, je voulais être présent avec elles pour passer une soirée en « famille ».
Avant de monter dans ma chambre j’avais demandé à maman si je pouvais inviter Jacques pour le week-end prochain. Tout de suite maman a marqué son accord. J’étais content, j’allais pourvoir le dire à Jacques dès le lendemain matin.
J’avais mis un disque de Léonard Cohen. J’adorais cet artiste complet, il était tant poète, qu’écrivain et en plus auteur, compositeur et interprète. J’adorais le morceau « The Partisan » superbe hommage à ceux qui ont œuvré pour le bien des autres durant la seconde guerre mondiale. Je pouvais rester des heures à écouter de la musique et entre autres Léonard Cohen.
J’étais allé dans la salle de bain pour prendre ma douche. Je pensais à Jacques et puis c’était à mon père que je pensais. Je ne savais pas sur quel pied danser. J’aimais mon père, mais pas comme il avait été ces derniers temps. Je m’en voulais finalement d’avoir réagi comme je l’avais fait, ce qui a provoqué la crise. Mais d’un autre côté j’avais le droit de vivre ma vie comme je l’entendais et d’aimer qui je voulais, même si c’était un garçon ! J’étais une nouvelle fois perdu dans mes pensées quand ma sœur Delphine était entrée dans la salle de bain. Elle avait bien vu que j’étais une nouvelle fois parti dans mes pensées. Elle m’avait dit d’arrêter et de songer à l’avenir, de songer à mon ami Jacques et que de toute façon elle et maman étaient de mon côté. Bref je m’étais ressaisi et je m’étais séché et j’étais allé me mettre au lit.
Le réveil avait sonné comme d’habitude à 07h00. Je m’étais levé, petite douche, habillage et petit-déjeuner, puis le bus. Jacques était déjà à l’école il avait dû prendre le bus précédent. Il y avait Joseph ainsi qu’Amandine. Nous nous étions tous fait la bise. Puis j’avais fait un clin d’œil à Jacques. Il se demandait ce qui se passait. Puis juste avant d’entrer en classe je lui avais glissé à l’oreille que c’était ok pour le week-end prochain, qu’il pouvait venir chez moi. Un large sourire en forme de banane ornait son visage.
La matinée s’était bien passée. Pas de problème particulier. Même les profs avaient l’air plus sympa que d’habitude. Est-ce parce que j’étais heureux, ou alors que l’ambiance était bonne, qui va savoir !
A midi, c’était comme la veille, un tas d’élèves voulaient être près de notre table. Je ne savais que penser. Était-ce par curiosité, par bravade envers certains autres, ou alors juste par envie de se sentir un peu moins exclu comme souvent les homos le sont. Je n’avais pas de réponse. Je voulais seulement vivre, vivre comme un garçon normal qui fait ses études. Le reste ne regardait que moi et celui que j’aimais.
L’après-midi était un peu plus ennuyeuse. Les cours ne me bottaient pas trop. J’avais un peu peur du cours de philo où nous devions également aborder le sujet de l’homosexualité dans le monde actuel. Je savais que nous allions encore devoir expliquer, argumenter et bien sûr avoir des remarques parfois assez piquantes. Mais cela devait être vu dans quelques jours.
Enfin, la fin des cours. Amandine nous avait accompagné Jacques et moi jusqu’à l’arrêt de bus. Nous nous étions souhaités une bonne soirée. Une bise et nous voilà dans le bus.
J’étais une nouvelle fois content de voir maman et ma sœur qui m’attendaient pour le gouter. C’était l’occasion de parler entre nous.
A peine arrivé, j’avais vu que maman tirait quelque peu la tête. Delphine ne disait rien et son visage était sans expression, bien que dans son regard, j’eusse vu comme une expression de regret.
Maman me tendait une enveloppe timbrée, elle m’était adressée. L’adresse était manuscrite et j’avais immédiatement reconnu l’écriture de mon père. J’avais posé la lettre sur la table de la cuisine, là devant moi. Je ne savais que faire, fallait-il que je l’ouvre ou alors la laisser fermée ? J’étais dans le doute ; une partie de moi disait de l’ouvrir et l’autre non.
Finalement avec courage et en présence de maman et de Delphine, j’avais décacheté l’enveloppe. Elle contenait une feuille manuscrite qui disait :
Mon cher Phil,
Je t’écris cette lettre car c’est la seule façon actuellement de pouvoir entrer en contact avec toi.
Je ne sais pas si tu vas oui ou non lire ce que je t’écris.
Je suis très mal dans ma peau à la suite de ce que je t’ai fait subir. L’autre jour, dans la salle de bain, j’avais réagi au quart de tour. Je croyais que tu courtisais avec une fille et puis cet aveu de ta part, tu es gay !
Le lendemain, ne sachant pas où tu étais et dans un accès de colère, en te voyant à l’école, je me suis rué sur toi. C’était comme un geste irrépressible. Mais comment ai-je pu agir de la sorte, je ne me reconnais plus !
Je m’en suis voulu, je m’en veux toujours. Je ne me suis plus reconnu, je n’ose plus me regarder dans un miroir. Je me dégoute.
J’avais envisagé de te demander pardon lorsque j’ai été arrêté devant l’école l’autre jour.
J’ai pu me rendre compte à quel point je t’avais fait souffrir. Je ne sais pas tout expliquer pour le moment, mais je sais que je ne suis plus digne d’être considéré comme un père, comme ton père.
Je ne sais pas si tu pourras un jour encore me faire confiance, mais je tâcherai de faire tout ce que je peux pour qu’il en soit ainsi, pour que tu puisses avoir à nouveau confiance en moi.
Je ne te l’ai pas assez dit mon fils, mais je t’aime.
Je ne souhaite qu’une seule chose, c’est que tu puisses vivre heureux. Que tu puisses être heureux, même si c’est avec un garçon.
Je te demande seulement d’être toi. Si tu veux me parler, dans quinze jours, je serai à ton écoute pour tout entendre et si tu le souhaites pour tout te dire.
Je t’embrasse.
Ton papa qui s’en veut. Je t’aime.
Papa.
Après cette lecture j’avais des larmes qui coulaient sur mes joues. Pourtant je m’étais juré de ne plus verser de larme.
J’avais passé la lettre à maman. Pendant que maman en faisait la lecture, Delphine m’avait pris dans ses bras. Elle ne savait pas encore ce qu’il y avait d’écrit, mais elle supposait que ça devait avoir été assez fort pour que je sois dans un état pareil.
Maman était mal à l’aise, on voyait qu’elle ne savait que penser de ce qu’elle avait lu. Elle ne savait pas si cette missive était écrite avec le cœur et les tripes ou alors était-ce une manœuvre en vue de me faire avaler la pilule. Maman ne m’avait rien dit, elle m’avait seulement donné un baiser sur la joue.
J’avais repris cette lettre et je l’avais donnée en lecture à Delphine. Elle s’était mise à la lire. Puis à la fin de sa lecture elle avait les yeux humides. Mais elle aussi était dans l’incertitude. Elle m’a alors dit :
Del : Oh Phil, je ne sais pas si tout ce que papa a écrit est vrai. Je pense que maman pense la même chose. Tu vas devoir être fort et peser le pour et le contre. Je ne voudrai pas être à ta place mon Philou.
Mam : Oui mon fils, oui Phil, je t’aime, mais tu vas encore devoir être fort. Je serai derrière toi pour t’aider, pour te remonter le moral. Et je suis certaine que ta sœur fera de même pour toi.
Moi : Oh maman, mais je suis perdu. Je ne sais plus où j’en suis. Je m’en veux d’être comme je suis, je ne fais que rendre les choses tellement compliquées !
Mam : Ah non, ne va pas dire ça Phil, ah non tu n’en es nullement responsable. Tu vas retirer ça de ta tête, ce n’est pas possible, je ne le supporterai pas.
Del : Mais Phil, mon frère, je ne te reconnais plus, mais tu ne mérites pas de te dénigrer comme tu le fait. Tu es un battant, réagit, bouge ton cul, c’est ton père qui a tout faux et tu dois être toi, tu dois avoir tes convictions. Tu dois être plus fort que lui et dire que tu es comme tu es que ça plaise ou pas, un point c’est tout !
Moi : Mais je suis quand même perdu dans mes sentiments envers papa. Pourtant je l’aime, je l’ai toujours aimé, mais j’en ai peur !
Mam : Écoute Phil, on va penser à autre chose, il faut que tu te changes les idées. On va préparer à manger. Puis après la soirée tu iras dormir. Demain tu iras voir la psy, il faut que tu puisses faire le point avec de l’aide auprès de personnes plus qualifiées que nous. Je te demande de faire attention à toi. Je t’aime mon Philou, ne fait pas de bêtises, je t’en conjure.
Moi : Mais maman, ne t’inquiète pas, je veux vivre moi, mais je suis un peu perdu. Je ne sais pas ce que je dois faire. Soit je réponds à cette lettre ou alors je fais le mort et je ne réagit pas. Mais c’est difficile, je ne sais plus où j’en suis, c’est tout !
Maman : Bon, on se prépare ce repas !
Del : Mais oui, j’ai faim et toi Phil ?
Moi : Bien sûr que je vais manger, je ne compte pas me laisser dépérir !
Maman m’avait une nouvelle fois pris dans ses bras. Elle me faisait un gros câlin. Puis elle m’avait demandé ce que je voulais pour manger au cas où ce qu’elle avait prévu ne m’aurai pas gouté. Elle avait prévu de faire un vol au vent avec des frites. Comme j’aimais bien, je lui avais dit que c’était bon pour moi et que de toute façon, elle cuisinait bien.
J’étais monté dans ma chambre où j’avais mis un disque des Beatles. Je m’étais couché sur mon lit et je m’étais une nouvelle fois à penser. Je ne savais pas quoi faire et je me disais que j’allais demander à Amandine ce qu’elle en pensait demain à l’école.
Je m’étais assoupi au son de la musique.
Vers 19h00 Delphine était venue dans ma chambre pour me chercher pour venir manger. Nous avions mangé sans trop parler. Ensuite j’avais téléphoné à Jacques pour lui communiquer les dernières nouvelles, soit la lettre que j’avais reçue de la part de mon père.
J’étais sur le chemin de l’école. J’avais pris la lettre de mon père avec moi. J’avais décidé de la montrer à Amandine. Je voulais savoir ce qu’elle en pensait. De plus je savais que maman allait téléphoner à la psy pour que je puisse avoir un entretien avec elle au sujet de cette même lettre. Voilà, j’étais arrivé à l’école. Jacques m’attendait, il avait l’air inquiet. J’avais été à sa rencontre, nous nous sommes fait la bise comme chaque matin. Il me demandait comment j’allais, si j’avais passé une bonne nuit malgré la lettre. Je lui avais dit que finalement j’avais pu dormir sans trop de problème. Je lui avais confié que j’allais surement être vu par la psy.
Sur cette entrefaite Amandine était arrivée avec Joseph. Nous nous sommes fait la bise. Amandine me regardait et elle voyait que je n’étais quand même pas dans mon assiette. Elle me posa une question en vue savoir comment j’allais. Je lui avais dit que je voulais lui parler durant la journée, probablement à la récré.
Le début de la matinée s’était déroulé comme d’habitude. Puis vers 10h00 j’avais été appelé à me rendre chez la psy. J’avais pris la lettre avec moi. Une fois dans le local de l’infirmerie, j’avais proposé à la psy de lire la lettre que mon père m’avait écrite. Elle l’avait lue attentivement. Puis, en me regardant elle m’avait demandé ce que j’en pensais. J’avais exprimé mon doute quant à la sincérité de cette lettre, bien que j’aimais mon père, mais qu’il me faisait peur. La psy m’a alors demandé en quelle proportion je pensais que la lettre était sincère ou pas. J’avais penché pour 60% de vérité et 40% de fausseté. Puis la psy m’a dit de réfléchir et de faire comme mon cœur allait décider en toute indépendance, laissant évidement une part de sentiment interagir. Et qu’après cela j’allais pouvoir prendre une décision.
Bref je n’étais pas trop avancé, si ce n’est que j’avais pu faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre. Le côté vers lequel la balance penchait c’était du positif.
Après le repas de midi, j’avais retrouvé Amandine dans un coin du préau. Je lui avais expliqué que mon père m’avait envoyé une lettre et je la lui donnais à lire.
Puis après un temps de réflexion Amandine m’a dit :
Aman : Oh Phil, c’est une belle lettre. Évidemment tu te poses la question de savoir si celle-ci est le reflet d’une sincérité non feinte. Pour moi, je n’ai pas non plus la science infuse, mais pour moi tu peux avoir confiance, tu peux répondre à ton père.
Moi : Merci Amandine, merci de m’avoir dit ça. Je vais attendre demain ou après-demain avant de lui répondre. Je pense que la nuit me sera utile pour faire le point.
Aman : Tu sais Phil, je crois sincèrement que ton père va encore t’aimer plus qu’avant. Et puis tu dois aussi rester toi-même, tu es ce que tu es et rien ni personne n’y changera quelque chose.
Moi : Oh merci pour ces belles paroles. Je t’adore Amandine.
Nous nous sommes fait un gros câlin. J’étais un peu moins anxieux depuis que j’avais vu la psy et que j’avais parlé avec Amandine.
Le reste de la journée s’était très bien déroulé. Jacques avait fait le trajet jusqu’à l’arrêt de bus avec moi. Il voulait savoir si c’était toujours bon pour le week-end, car il avait peur que d’un changement de programme à la suite de la lettre reçue. Je lui avais bien confirmé qu’il avait intérêt à être présent.
J’avais pris le bus pour rentrer à la maison. J’étais moins stressé après l’entrevue avec la psy et la discussion avec Amandine.
J’étais content de rentrer à la maison et de revoir maman et ma sœur. Tout semblait vouloir revenir dans l’ordre des choses. Seul papa qui était absent. Je savais que j’allais pouvoir normalement répondre à sa lettre, mais je le ferai dans un ou deux jours, le temps de laisser un peu de temps au temps pour réfléchir.
Avant de monter dans ma chambre j’avais demandé à maman si je pouvais inviter Jacques pour le week-end prochain. Tout de suite maman a marqué son accord. J’étais content, j’allais pourvoir le dire à Jacques dès le lendemain matin.
J’avais mis un disque de Léonard Cohen. J’adorais cet artiste complet, il était tant poète, qu’écrivain et en plus auteur, compositeur et interprète. J’adorais le morceau « The Partisan » superbe hommage à ceux qui ont œuvré pour le bien des autres durant la seconde guerre mondiale. Je pouvais rester des heures à écouter de la musique et entre autres Léonard Cohen.
J’étais allé dans la salle de bain pour prendre ma douche. Je pensais à Jacques et puis c’était à mon père que je pensais. Je ne savais pas sur quel pied danser. J’aimais mon père, mais pas comme il avait été ces derniers temps. Je m’en voulais finalement d’avoir réagi comme je l’avais fait, ce qui a provoqué la crise. Mais d’un autre côté j’avais le droit de vivre ma vie comme je l’entendais et d’aimer qui je voulais, même si c’était un garçon ! J’étais une nouvelle fois perdu dans mes pensées quand ma sœur Delphine était entrée dans la salle de bain. Elle avait bien vu que j’étais une nouvelle fois parti dans mes pensées. Elle m’avait dit d’arrêter et de songer à l’avenir, de songer à mon ami Jacques et que de toute façon elle et maman étaient de mon côté. Bref je m’étais ressaisi et je m’étais séché et j’étais allé me mettre au lit.
Le réveil avait sonné comme d’habitude à 07h00. Je m’étais levé, petite douche, habillage et petit-déjeuner, puis le bus. Jacques était déjà à l’école il avait dû prendre le bus précédent. Il y avait Joseph ainsi qu’Amandine. Nous nous étions tous fait la bise. Puis j’avais fait un clin d’œil à Jacques. Il se demandait ce qui se passait. Puis juste avant d’entrer en classe je lui avais glissé à l’oreille que c’était ok pour le week-end prochain, qu’il pouvait venir chez moi. Un large sourire en forme de banane ornait son visage.
La matinée s’était bien passée. Pas de problème particulier. Même les profs avaient l’air plus sympa que d’habitude. Est-ce parce que j’étais heureux, ou alors que l’ambiance était bonne, qui va savoir !
A midi, c’était comme la veille, un tas d’élèves voulaient être près de notre table. Je ne savais que penser. Était-ce par curiosité, par bravade envers certains autres, ou alors juste par envie de se sentir un peu moins exclu comme souvent les homos le sont. Je n’avais pas de réponse. Je voulais seulement vivre, vivre comme un garçon normal qui fait ses études. Le reste ne regardait que moi et celui que j’aimais.
L’après-midi était un peu plus ennuyeuse. Les cours ne me bottaient pas trop. J’avais un peu peur du cours de philo où nous devions également aborder le sujet de l’homosexualité dans le monde actuel. Je savais que nous allions encore devoir expliquer, argumenter et bien sûr avoir des remarques parfois assez piquantes. Mais cela devait être vu dans quelques jours.
Enfin, la fin des cours. Amandine nous avait accompagné Jacques et moi jusqu’à l’arrêt de bus. Nous nous étions souhaités une bonne soirée. Une bise et nous voilà dans le bus.
J’étais une nouvelle fois content de voir maman et ma sœur qui m’attendaient pour le gouter. C’était l’occasion de parler entre nous.
A peine arrivé, j’avais vu que maman tirait quelque peu la tête. Delphine ne disait rien et son visage était sans expression, bien que dans son regard, j’eusse vu comme une expression de regret.
Maman me tendait une enveloppe timbrée, elle m’était adressée. L’adresse était manuscrite et j’avais immédiatement reconnu l’écriture de mon père. J’avais posé la lettre sur la table de la cuisine, là devant moi. Je ne savais que faire, fallait-il que je l’ouvre ou alors la laisser fermée ? J’étais dans le doute ; une partie de moi disait de l’ouvrir et l’autre non.
Finalement avec courage et en présence de maman et de Delphine, j’avais décacheté l’enveloppe. Elle contenait une feuille manuscrite qui disait :
Mon cher Phil,
Je t’écris cette lettre car c’est la seule façon actuellement de pouvoir entrer en contact avec toi.
Je ne sais pas si tu vas oui ou non lire ce que je t’écris.
Je suis très mal dans ma peau à la suite de ce que je t’ai fait subir. L’autre jour, dans la salle de bain, j’avais réagi au quart de tour. Je croyais que tu courtisais avec une fille et puis cet aveu de ta part, tu es gay !
Le lendemain, ne sachant pas où tu étais et dans un accès de colère, en te voyant à l’école, je me suis rué sur toi. C’était comme un geste irrépressible. Mais comment ai-je pu agir de la sorte, je ne me reconnais plus !
Je m’en suis voulu, je m’en veux toujours. Je ne me suis plus reconnu, je n’ose plus me regarder dans un miroir. Je me dégoute.
J’avais envisagé de te demander pardon lorsque j’ai été arrêté devant l’école l’autre jour.
J’ai pu me rendre compte à quel point je t’avais fait souffrir. Je ne sais pas tout expliquer pour le moment, mais je sais que je ne suis plus digne d’être considéré comme un père, comme ton père.
Je ne sais pas si tu pourras un jour encore me faire confiance, mais je tâcherai de faire tout ce que je peux pour qu’il en soit ainsi, pour que tu puisses avoir à nouveau confiance en moi.
Je ne te l’ai pas assez dit mon fils, mais je t’aime.
Je ne souhaite qu’une seule chose, c’est que tu puisses vivre heureux. Que tu puisses être heureux, même si c’est avec un garçon.
Je te demande seulement d’être toi. Si tu veux me parler, dans quinze jours, je serai à ton écoute pour tout entendre et si tu le souhaites pour tout te dire.
Je t’embrasse.
Ton papa qui s’en veut. Je t’aime.
Papa.
Après cette lecture j’avais des larmes qui coulaient sur mes joues. Pourtant je m’étais juré de ne plus verser de larme.
J’avais passé la lettre à maman. Pendant que maman en faisait la lecture, Delphine m’avait pris dans ses bras. Elle ne savait pas encore ce qu’il y avait d’écrit, mais elle supposait que ça devait avoir été assez fort pour que je sois dans un état pareil.
Maman était mal à l’aise, on voyait qu’elle ne savait que penser de ce qu’elle avait lu. Elle ne savait pas si cette missive était écrite avec le cœur et les tripes ou alors était-ce une manœuvre en vue de me faire avaler la pilule. Maman ne m’avait rien dit, elle m’avait seulement donné un baiser sur la joue.
J’avais repris cette lettre et je l’avais donnée en lecture à Delphine. Elle s’était mise à la lire. Puis à la fin de sa lecture elle avait les yeux humides. Mais elle aussi était dans l’incertitude. Elle m’a alors dit :
Del : Oh Phil, je ne sais pas si tout ce que papa a écrit est vrai. Je pense que maman pense la même chose. Tu vas devoir être fort et peser le pour et le contre. Je ne voudrai pas être à ta place mon Philou.
Mam : Oui mon fils, oui Phil, je t’aime, mais tu vas encore devoir être fort. Je serai derrière toi pour t’aider, pour te remonter le moral. Et je suis certaine que ta sœur fera de même pour toi.
Moi : Oh maman, mais je suis perdu. Je ne sais plus où j’en suis. Je m’en veux d’être comme je suis, je ne fais que rendre les choses tellement compliquées !
Mam : Ah non, ne va pas dire ça Phil, ah non tu n’en es nullement responsable. Tu vas retirer ça de ta tête, ce n’est pas possible, je ne le supporterai pas.
Del : Mais Phil, mon frère, je ne te reconnais plus, mais tu ne mérites pas de te dénigrer comme tu le fait. Tu es un battant, réagit, bouge ton cul, c’est ton père qui a tout faux et tu dois être toi, tu dois avoir tes convictions. Tu dois être plus fort que lui et dire que tu es comme tu es que ça plaise ou pas, un point c’est tout !
Moi : Mais je suis quand même perdu dans mes sentiments envers papa. Pourtant je l’aime, je l’ai toujours aimé, mais j’en ai peur !
Mam : Écoute Phil, on va penser à autre chose, il faut que tu te changes les idées. On va préparer à manger. Puis après la soirée tu iras dormir. Demain tu iras voir la psy, il faut que tu puisses faire le point avec de l’aide auprès de personnes plus qualifiées que nous. Je te demande de faire attention à toi. Je t’aime mon Philou, ne fait pas de bêtises, je t’en conjure.
Moi : Mais maman, ne t’inquiète pas, je veux vivre moi, mais je suis un peu perdu. Je ne sais pas ce que je dois faire. Soit je réponds à cette lettre ou alors je fais le mort et je ne réagit pas. Mais c’est difficile, je ne sais plus où j’en suis, c’est tout !
Maman : Bon, on se prépare ce repas !
Del : Mais oui, j’ai faim et toi Phil ?
Moi : Bien sûr que je vais manger, je ne compte pas me laisser dépérir !
Maman m’avait une nouvelle fois pris dans ses bras. Elle me faisait un gros câlin. Puis elle m’avait demandé ce que je voulais pour manger au cas où ce qu’elle avait prévu ne m’aurai pas gouté. Elle avait prévu de faire un vol au vent avec des frites. Comme j’aimais bien, je lui avais dit que c’était bon pour moi et que de toute façon, elle cuisinait bien.
J’étais monté dans ma chambre où j’avais mis un disque des Beatles. Je m’étais couché sur mon lit et je m’étais une nouvelle fois à penser. Je ne savais pas quoi faire et je me disais que j’allais demander à Amandine ce qu’elle en pensait demain à l’école.
Je m’étais assoupi au son de la musique.
Vers 19h00 Delphine était venue dans ma chambre pour me chercher pour venir manger. Nous avions mangé sans trop parler. Ensuite j’avais téléphoné à Jacques pour lui communiquer les dernières nouvelles, soit la lettre que j’avais reçue de la part de mon père.
J’étais sur le chemin de l’école. J’avais pris la lettre de mon père avec moi. J’avais décidé de la montrer à Amandine. Je voulais savoir ce qu’elle en pensait. De plus je savais que maman allait téléphoner à la psy pour que je puisse avoir un entretien avec elle au sujet de cette même lettre. Voilà, j’étais arrivé à l’école. Jacques m’attendait, il avait l’air inquiet. J’avais été à sa rencontre, nous nous sommes fait la bise comme chaque matin. Il me demandait comment j’allais, si j’avais passé une bonne nuit malgré la lettre. Je lui avais dit que finalement j’avais pu dormir sans trop de problème. Je lui avais confié que j’allais surement être vu par la psy.
Sur cette entrefaite Amandine était arrivée avec Joseph. Nous nous sommes fait la bise. Amandine me regardait et elle voyait que je n’étais quand même pas dans mon assiette. Elle me posa une question en vue savoir comment j’allais. Je lui avais dit que je voulais lui parler durant la journée, probablement à la récré.
Le début de la matinée s’était déroulé comme d’habitude. Puis vers 10h00 j’avais été appelé à me rendre chez la psy. J’avais pris la lettre avec moi. Une fois dans le local de l’infirmerie, j’avais proposé à la psy de lire la lettre que mon père m’avait écrite. Elle l’avait lue attentivement. Puis, en me regardant elle m’avait demandé ce que j’en pensais. J’avais exprimé mon doute quant à la sincérité de cette lettre, bien que j’aimais mon père, mais qu’il me faisait peur. La psy m’a alors demandé en quelle proportion je pensais que la lettre était sincère ou pas. J’avais penché pour 60% de vérité et 40% de fausseté. Puis la psy m’a dit de réfléchir et de faire comme mon cœur allait décider en toute indépendance, laissant évidement une part de sentiment interagir. Et qu’après cela j’allais pouvoir prendre une décision.
Bref je n’étais pas trop avancé, si ce n’est que j’avais pu faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre. Le côté vers lequel la balance penchait c’était du positif.
Après le repas de midi, j’avais retrouvé Amandine dans un coin du préau. Je lui avais expliqué que mon père m’avait envoyé une lettre et je la lui donnais à lire.
Puis après un temps de réflexion Amandine m’a dit :
Aman : Oh Phil, c’est une belle lettre. Évidemment tu te poses la question de savoir si celle-ci est le reflet d’une sincérité non feinte. Pour moi, je n’ai pas non plus la science infuse, mais pour moi tu peux avoir confiance, tu peux répondre à ton père.
Moi : Merci Amandine, merci de m’avoir dit ça. Je vais attendre demain ou après-demain avant de lui répondre. Je pense que la nuit me sera utile pour faire le point.
Aman : Tu sais Phil, je crois sincèrement que ton père va encore t’aimer plus qu’avant. Et puis tu dois aussi rester toi-même, tu es ce que tu es et rien ni personne n’y changera quelque chose.
Moi : Oh merci pour ces belles paroles. Je t’adore Amandine.
Nous nous sommes fait un gros câlin. J’étais un peu moins anxieux depuis que j’avais vu la psy et que j’avais parlé avec Amandine.
Le reste de la journée s’était très bien déroulé. Jacques avait fait le trajet jusqu’à l’arrêt de bus avec moi. Il voulait savoir si c’était toujours bon pour le week-end, car il avait peur que d’un changement de programme à la suite de la lettre reçue. Je lui avais bien confirmé qu’il avait intérêt à être présent.
J’avais pris le bus pour rentrer à la maison. J’étais moins stressé après l’entrevue avec la psy et la discussion avec Amandine.
J’étais content de rentrer à la maison et de revoir maman et ma sœur. Tout semblait vouloir revenir dans l’ordre des choses. Seul papa qui était absent. Je savais que j’allais pouvoir normalement répondre à sa lettre, mais je le ferai dans un ou deux jours, le temps de laisser un peu de temps au temps pour réfléchir.