Chapitre 2 (fin)
Cela fait maintenant une journée et demie que Justin s'est enfui de chez lui.
La réalité de sa situation s'est faite plus saisissante que jamais. Le jeune homme n'est plus que l'ombre de lui-même, ses yeux sont cernés et son visage blafard.
Assurément, Justin ne regarderait plus jamais un SDF de la même manière. Malgré sa condition précaire, Justin se refuse d'appeler son ami Anthony à l'aide. Quand à Andréas, trouver refuge chez lui le rapprocherait trop de son père.
Pendant ses errances, il a reçu deux messages de sa mère. Le premier se voulait rassurant, pour Fiona, Justin est toujours son fils et le restera quoiqu'il arrive. En revanche, le second message était tout autre.
D'après Fiona, Claude s'est retrouvé devant les gendarmes après avoir tenté d'agresser son voisin, avant d'être reconduit chez lui, Andréas n'osant pas porter plainte.
Un peu plus tard, il aurait lui-même chassé le reste de la famille de la maison, désirant être seul. En outre, Fiona a conseillé à son fils de ne pas rentrer tout de suite.
Ce qui a le plus blessé le jeune n'est pas cela, c'est l'absence totale d'inquiétudes de la part de sa mère, d'ordinaire si envahissante... Comme si elle avait déjà bâti un mur entre eux.
Voulant lire l'heure, Justin sort son iPhone de la poche, alors que celui-ci se met à vibrer. Il consulte l'écran, pour découvrir un numéro masqué.
« Le destin me sourit peut- être ... »
- Allo ?
- Justin, c'est Anthony.
- ...
- Je t'appelle parce que j'ai des problèmes avec la police, je me suis débarrassé des... deux choses embarrassantes qui se trouvaient dans ma cuisine, mais apparemment, ça n'a pas suffi. Il va falloir que je disparaisse, très bientôt, mais avant je voulais prendre de tes nouvelles, ainsi que de mon frère.
- Pour moi ça roule ! Mes parents ont découvert que je suis gay, je suis dehors. Mais je crois c'était la seule chose à faire. Répond Justin, d'un ton morne.
- Oh merde ! Souffle Anthony, surpris.
- Comme tu dis.
- Et t'es où là ? Chez Andréas ? Demande-t-il.
- Non, il habite trop près de chez moi.
- T'es où !?
- Aucune idée.
- Comment ça, aucune idée !? S'emporte Anthony.
- Je suis dans la rue, j'ai pris une direction au hasard.
- Depuis quand ?
- Hier.
- Mais t'es le roi des cons ! J'ai de l'argent et tout ce qu'il faut, moi ! Tu dois crever de faim ! T'es complètement irresponsable ! Fallait m'appeler avant, je sers à quoi moi !?
- Désolé, mais tu sais très bien pourquoi je t'ai pas téléphoné. T'es mal placé pour me traiter d'irresponsable.
- Et je m'en balance ! Dis-moi où tu es, je passe te prendre... Si tu raccroches j'envoie des gars que tu n'as pas envie de rencontrer te chercher.
- Heu... Attends, je regarde... Rue du général De Gaule.
- D'accord, bouge pas !
Une demi-heure plus tard, Anthony trouve son ami dans un état lamentable, il comprend à quel point Justin est moralement poussé à bout par cette histoire.
- Tu viens avec moi, et on s'arrête quelque part pour manger et prendre une douche...Tu fais peur à voir !
- Tu vas payer avec quel argent ? demande Justin, l'air absent.
- Tu crois vraiment que c'est le moment d'être exigeant ?
Ils s'arrêtent d'abord dans un restaurant hors de prix, où Justin dévore presque toute la carte. La conversation dévie petit à petit sur les deux derniers jours.
- ... Toute ma vie vient de partir en vrille... Hier je me serais tiré une balle dans la tronche... Résume-t-il.
Devant tant de malheurs, Anthony échafaude un plan.
- Écoute, pour le suicide, tu oublies, mais on peut s'arranger autrement, si tu veux changer de vie... Je voudrais que tu rejoignes la Fondation, au moins, je pourrais veiller sur toi, et tu aurais un but, tu retrouverais une raison de vivre, tu ne peux pas rester ainsi !
- Rejoindre ta secte !? Non, je regrette.
- Attends, si tu me suis, je te promets que tu vas voyager comme personne ne l'a fait, et que tu auras, en plus du confort matériel, une vie vraiment prenante... Et tout ça sans rien faire qui pourrait salir ta dégoulinante bonne conscience... Laisse une chance à la découverte du Seigneur Frégast...
- Ça t'es pas venu à l'esprit qu'il vous mente ? rétorque Justin, en campant sur ses positions.
- Oh que si ! On ne m'a pas recruté en un jour, considère au moins ma proposition au lieu de tout nier en bloc ! Laisse-moi t'emmener jusqu'à notre quartier général de Lille, je te montrerai des preuves concrètes de ce que j'avance et tu feras ton choix. De toute façon, on y va quand même, car il est risqué de retourner chez moi, et tu trouveras tout le confort dont tu as besoin là-bas.
- Je ne sais pas si...
- Mais si, ils ne vont pas te manger, je suis connu là-bas, ils ne trouveront rien à redire.
Une fois installé dans la voiture d'Anthony, Justin regarde sa ville une dernière fois, jusqu'à ce qu'une question ne le fasse tiquer.
- Mais attends, depuis quand t'as le permis ?
- Je l'ai pas. Répond simplement Anthony, en démarrant.
« Génial... »
Cela fait maintenant une journée et demie que Justin s'est enfui de chez lui.
La réalité de sa situation s'est faite plus saisissante que jamais. Le jeune homme n'est plus que l'ombre de lui-même, ses yeux sont cernés et son visage blafard.
Assurément, Justin ne regarderait plus jamais un SDF de la même manière. Malgré sa condition précaire, Justin se refuse d'appeler son ami Anthony à l'aide. Quand à Andréas, trouver refuge chez lui le rapprocherait trop de son père.
Pendant ses errances, il a reçu deux messages de sa mère. Le premier se voulait rassurant, pour Fiona, Justin est toujours son fils et le restera quoiqu'il arrive. En revanche, le second message était tout autre.
D'après Fiona, Claude s'est retrouvé devant les gendarmes après avoir tenté d'agresser son voisin, avant d'être reconduit chez lui, Andréas n'osant pas porter plainte.
Un peu plus tard, il aurait lui-même chassé le reste de la famille de la maison, désirant être seul. En outre, Fiona a conseillé à son fils de ne pas rentrer tout de suite.
Ce qui a le plus blessé le jeune n'est pas cela, c'est l'absence totale d'inquiétudes de la part de sa mère, d'ordinaire si envahissante... Comme si elle avait déjà bâti un mur entre eux.
Voulant lire l'heure, Justin sort son iPhone de la poche, alors que celui-ci se met à vibrer. Il consulte l'écran, pour découvrir un numéro masqué.
« Le destin me sourit peut- être ... »
- Allo ?
- Justin, c'est Anthony.
- ...
- Je t'appelle parce que j'ai des problèmes avec la police, je me suis débarrassé des... deux choses embarrassantes qui se trouvaient dans ma cuisine, mais apparemment, ça n'a pas suffi. Il va falloir que je disparaisse, très bientôt, mais avant je voulais prendre de tes nouvelles, ainsi que de mon frère.
- Pour moi ça roule ! Mes parents ont découvert que je suis gay, je suis dehors. Mais je crois c'était la seule chose à faire. Répond Justin, d'un ton morne.
- Oh merde ! Souffle Anthony, surpris.
- Comme tu dis.
- Et t'es où là ? Chez Andréas ? Demande-t-il.
- Non, il habite trop près de chez moi.
- T'es où !?
- Aucune idée.
- Comment ça, aucune idée !? S'emporte Anthony.
- Je suis dans la rue, j'ai pris une direction au hasard.
- Depuis quand ?
- Hier.
- Mais t'es le roi des cons ! J'ai de l'argent et tout ce qu'il faut, moi ! Tu dois crever de faim ! T'es complètement irresponsable ! Fallait m'appeler avant, je sers à quoi moi !?
- Désolé, mais tu sais très bien pourquoi je t'ai pas téléphoné. T'es mal placé pour me traiter d'irresponsable.
- Et je m'en balance ! Dis-moi où tu es, je passe te prendre... Si tu raccroches j'envoie des gars que tu n'as pas envie de rencontrer te chercher.
- Heu... Attends, je regarde... Rue du général De Gaule.
- D'accord, bouge pas !
Une demi-heure plus tard, Anthony trouve son ami dans un état lamentable, il comprend à quel point Justin est moralement poussé à bout par cette histoire.
- Tu viens avec moi, et on s'arrête quelque part pour manger et prendre une douche...Tu fais peur à voir !
- Tu vas payer avec quel argent ? demande Justin, l'air absent.
- Tu crois vraiment que c'est le moment d'être exigeant ?
Ils s'arrêtent d'abord dans un restaurant hors de prix, où Justin dévore presque toute la carte. La conversation dévie petit à petit sur les deux derniers jours.
- ... Toute ma vie vient de partir en vrille... Hier je me serais tiré une balle dans la tronche... Résume-t-il.
Devant tant de malheurs, Anthony échafaude un plan.
- Écoute, pour le suicide, tu oublies, mais on peut s'arranger autrement, si tu veux changer de vie... Je voudrais que tu rejoignes la Fondation, au moins, je pourrais veiller sur toi, et tu aurais un but, tu retrouverais une raison de vivre, tu ne peux pas rester ainsi !
- Rejoindre ta secte !? Non, je regrette.
- Attends, si tu me suis, je te promets que tu vas voyager comme personne ne l'a fait, et que tu auras, en plus du confort matériel, une vie vraiment prenante... Et tout ça sans rien faire qui pourrait salir ta dégoulinante bonne conscience... Laisse une chance à la découverte du Seigneur Frégast...
- Ça t'es pas venu à l'esprit qu'il vous mente ? rétorque Justin, en campant sur ses positions.
- Oh que si ! On ne m'a pas recruté en un jour, considère au moins ma proposition au lieu de tout nier en bloc ! Laisse-moi t'emmener jusqu'à notre quartier général de Lille, je te montrerai des preuves concrètes de ce que j'avance et tu feras ton choix. De toute façon, on y va quand même, car il est risqué de retourner chez moi, et tu trouveras tout le confort dont tu as besoin là-bas.
- Je ne sais pas si...
- Mais si, ils ne vont pas te manger, je suis connu là-bas, ils ne trouveront rien à redire.
Une fois installé dans la voiture d'Anthony, Justin regarde sa ville une dernière fois, jusqu'à ce qu'une question ne le fasse tiquer.
- Mais attends, depuis quand t'as le permis ?
- Je l'ai pas. Répond simplement Anthony, en démarrant.
« Génial... »