06-01-2023, 08:59 PM
Je leur parlais de mon week-end, je leur donnais des nouvelles de mon frère et de sa famille et ce fut les seuls à qui je parlais de l'épisode gendarmerie en ne donnant pas tous les détails.
Il était tard, surtout pour mon père quand on alla se coucher mais le lendemain j'étais frais et dispo pour le boulot.
L'avantage d'être à la machine c'est qu'on était dehors, sans être en plein soleil et qu'on ne pouvait pas trop se parler parce qu'il fallait hurler tellement elle faisait du bruit. Et pour être franc, je n'avais pas trop d'affinité avec mes collègues de boulot, à part Tonin.
On crevait de chaud. Je me mis torse nu. Les autres firent comme moi mais une heure après un des gars me demanda si je voulais changer de place avec lui. Ce blondin avait pris un putain de coup de soleil de ouf. Du coup je passais le reste de l'après-midi à sa place. Et je fis pareil le lendemain.
…
J'avais pris mon fourgon, aujourd’hui. Tonin insista pour que je parte plus tôt. Il nettoierait la machine, seul. Je l'avais déjà fait pour lui quand il était pressé de partir et pas moi. Aussi j’acceptais.
Les jours étant plus longs, on commençait depuis le premier mai une heure plus tôt. Ce qui fait que le soir on finissait à cinq heures. Tim fut surpris de me voir arriver mais comme il était prêt, on partit de suite. On descendait le raidillon quand une voiture tourna au bas de l'épingle à cheveux.
— Encore un qui a dû se perdre ou qui a le Tom-Tom.
En effet ce modèle de GPS indiquait que vous pouviez aller des Fourches au village voisin. Sauf que pour faire ça il fallait un gros 4X4 parce que la route stoppait et se transformait en chemin quelques centaines de mètres après la sortie de notre village.
J'entendis Tim gueuler.
— Putain les cons, ils vont se planter.
Et je vis la BMW qui nous doublait. En voyant la voiture en face le chauffeur donna un coup de volant, il prit le fossé, contrebraqua et partit en tonneaux. La BMW évita de justesse la voiture qui montait, fracassa la barrière de sécurité et plongea dans la pente en dessous.
Tim avait pilé et on partit en courant pour voir la voiture faire son dernier tonneau et retomber sur ses roues. On remonta en courant et on s'arrêta à la voiture. L'homme à l'intérieur était livide et la femme à côté de lui sanglotait.
Le père de Tim arriva peu après l’accident. Tim courut à sa voiture, lui dit ce qu'il venait de se passer et d'aller prévenir les secours. Son père fit demi-tour et repartit à fond.
Une chance qu’il passât par-là, car où on était, c'était zone blanche pour les portables.
— Tim, viens vite on va jusqu'à l'autre virage.
— Mais pourquoi ?
— On va voir si on peut encore faire quelque chose pour eux.
— Tu crois qu'ils sont encore vivants ?
— Je ne sais pas, il faut qu'on aille voir et les aider… si on peut.
On remonta dans le fourgon et on stoppa au bord de la route. On grimpa le talus en courant. C'était pas beau à voir. Tim se retourna et vomit. Je posais mes doigts sur la carotide du chauffeur. Il n'y avait plus rien à faire pour lui. Le gars derrière lui gémissait. Il avait une fracture ouverte du fémur. Je quittais ma ceinture et je lui fis un garrot. Celui de devant côté passager était mort aussi. Et celui à l'arrière suffoquait.
— Tim, tu as ton couteau ?
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Tu as ton couteau suisse ?
— Oui pourquoi ?
— File le moi vite et trouve moi un tube.
— Un tube comment?
— Style un stylo Bic, ça fera l’affaire.
— J'en ai un dans le camion, je vais le chercher.
— Dépêche-toi, après il va falloir que tu m’aides.
Il fit l'aller-retour en un temps record, me tendit le stylo auquel j'enlevais le bouchon et la tige d’encre. Je pris le couteau et sortis la petite lame que je savais coupante comme un rasoir.
— Tim, si je ne fais rien ce mec va mourir étouffé. Je vais avoir besoin de toi pour que tu lui tiennes la tête afin qu'il ne bouge pas.
— D’accord, montre-moi comment faire.
— Regarde comment le maintenir… Bon tu as compris. Moi maintenant je vais planter la lame du couteau à ce niveau-là et j'y mettrai le tube. Comme ça, il pourra respirer à nouveau.
— Tu veux dire que tu vas lui faire un trou dans sa gorge ?
— Oui Tim, si je ne le fais pas, il sera mort étouffé, quand les pompiers arriveront.
— Bé, je peux fermer les yeux.
— Tim, tu fais tout ce que tu veux mais surtout tu lui tiens bien la tête.
Il ferma les yeux au moment où j'enfonçais la lame. Le gars eu un sursaut mais Tim assura sa prise. J'enfonçais le tube du stylo et le gars se remis à respirer avec avidité.
— C'est bon Tim, tu peux le lâcher.
— Bé, je crois que je vais vomir.
Il n'avait pas dit ça qu'il se tournait et vomit. Je lui ébouriffais les cheveux pour le réconforter.
— Tu as assuré mec. Tu devrais aller au bord de la route pour arrêter les pompiers. Moi je reste là pour veiller sur eux.
— Oui, je vais faire ce que tu dis.
Il redescendit au bord de la route et je le vis prendre une bouteille dans le fourgon et se rincer la bouche. Par acquis de conscience je repris le pouls des deux gars à l’avant, j'insistais mais ça ne servit à rien. Je retournais voir celui qui avait la fracture ouverte, je resserrais le garrot, ce qui le fit gémir et j’allais voir le dernier. Il avait repris conscience et il commençait à s’agiter.
— Chut mon gars, Il faut que tu restes tranquille. Tu ne peux pas parler. Pour que tu puisses respirer, j'ai dû te faire une trachéotomie. Si tu comprends ce que je te dis cligne une fois des yeux… Bon, ok, tu comprends. Vous avez eu un accident très grave. Tes amis devant sont dans le coma. Et celui à côté de toi a une fracture ouverte, il vient de tourner de l’œil. Les secours sont en route. Ils ne vont pas tarder à arriver.
Il bougea son bras et tapota sur la poche de sa chemise.
— Tu veux que je prenne ce que tu as dans la poche ?
Il cligna des yeux une fois. Je sortis son portable, un IPhone dernière génération. Il avait une barre réseau dessus.
— Tu veux que je prévienne quelqu’un… D'accord je vais le faire. Je vais réciter l'alphabet et quand je serai sur la bonne lettre tu clignes des yeux.
M, ok… Mi, ok… Mic, ok… Michel ? Tu es le petit fils de Michel, du château ?
Il cligna des yeux. Et j’appelais. Il répondit de suite.
— Jérémy, je ne m'attendais pas à un coup de fil avant ce soir.
— Ce n'est pas Jérémy, Michel, c'est Jean-François.
— Mon dieu, le son de ta voix… qu'est-ce qu’il se passe ?
— Lui et ses amis ont eu un accident grave. Les pompiers sont en route.
— Comment vont ils ?
Je mentis, pour ne pas annoncer les morts.
— Il y en a deux qui sont dans le coma, mais ton petit fils et l’un de ses amis qui est évanoui, sont blessés, assez grièvement.
— Passe le moi, je veux lui parler.
— Il ne pourra pas te répondre. J'ai été obligé de lui faire une trachéotomie parce qu'il ne pouvait plus respirer. Mais il entend et comprend tout.
— Va à côté de lui et met le haut-parleur.
Courage Jérémy. Les secours arrivent. Qui est le garçon qui a la jambe cassé ? Tu veux bien essayer de le dire à Jean-François ?
— Il me fait signe que oui.
F,… Fa,…
— C'est Fabien c'est ça ?
— Il cligne à nouveau oui.
— Je vais raccrocher mais je te promets que je te rappelle de suite après.
Jérémy pleurait. Je pris sa main entre les miennes pour essayer de le réconforter. Les pompiers arrivaient enfin. Tim leur fit signe et ils grimpèrent en courant, le médecin en tête.
— les deux de devant sont des cas Delta Charly Delta. Celui de gauche a une fracture ouverte du tibia apparente, je lui ai fait un garrot que je n'ai pas encore relâché depuis que je l'ai mis, ça fait vingt minutes et celui de droite ne pouvait plus respirer je lui ai fait une trachéotomie. Lui est conscient et comprend ce qu'on lui dit.
— Ok merci. On commence par celui de droite.
Ils mirent en route leurs machines qui découpaient la tôle comme un couteau du beurre mou. Très vite Jérémy fut proche de sortir de la voiture. Son téléphone sonna. Je répondis. C'était Michel.
— Je ne peux pas te le passer. Les pompiers sont en train de le désincarcérer.
— D’accord. Je vais raccrocher et quelqu'un va te rappeler, tu lui passeras immédiatement celui qui commande les pompiers, ok ?
— Oui, ok, je le ferai.
… Oui monsieur je vous le passe.
Le toubib discuta avec l'autre mec que j'avais eu et me rendit le téléphone.
— Changement de programme. Ç’en est où du deuxième ?
— On t'attend pour pouvoir le sortir.
— Ok on y va.
On les charge tous les deux dans l’ambulance. Le champ plat, à côté du champ clos, ça te dit quelque chose.
— Oui, je sais où c’est.
— Tu vas avec eux et tu les guides. Un hélicoptère va venir les récupérer.
Les gendarmes arrivaient. On alla jusqu'au champ clos où un hélicoptère embarqua les blessés et on redescendit jusqu'au lieu de l’accident. Tim avait remonté son fourgon et l'avait remis plus ou moins là où on s'était arrêté. Les gendarmes arrêtèrent l'ambulance des pompiers et me demandèrent de descendre. Il y en avait plusieurs maintenant.
— Bé, les gens c'est des Russes. Il parlent anglais mais je comprends pas tout. Tu veux bien traduire.
— Ok j'y vais.
— … Bon, ils disent qu'ils ont une caméra embarquée et qu'ils ont pu filmer tout l’accident.
— Demande leur s'il peuvent nous donner l’enregistrement ?
— … Oui c'est possible de le transférer sur une clef USB. Ils en ont une, ils vont le faire de suite.
— Tu peux leur dire qu'on les attend demain à la gendarmerie à neuf heures pour prendre leurs témoignages. Ça vous va aussi ?
On rentra. Mes grands-parents, Cyprien, le père Mathieu, les parents de Tim discutaient sur la place. Ma grand-mère avait encore les yeux rouges . Mes parents arrivèrent.
— Heureusement que Bernard m'a dit que ce n'était pas vous qui aviez eu l'accident parce que sinon je mourrai sur place.
— Ça leur pendait au nez de toute façon. Tu as vu comment ils conduisaient ? Comme des malades.
— C'est grave ?
— Il y en a deux qui sont morts sur le coup et les deux autres dont le petit fils de Michel sont pas flamme.
— Y'a même Bébé qui a fait un trou dans la gorge d'un des gars pour qu'il puisse respirer avec mon couteau et il y a mis un bout de stylo.
— En parlant de ton couteau, tiens je te le rends. Je l'avais mis dans ma poche.
— Tu peux le garder, je te le donne.
— Mais pourquoi ?
— Tu crois pas que je vais me resservir d'un couteau avec lequel tu as fait un trou dans la gorge d'un mec, non ?
— Ok, comme tu veux. Merci Tim.
— Attend avant de le remettre dans ta poche Jean-François, quand on te donne un couteau, pour que ça ne coupe pas l’amitié, il faut donner un sou à celui qui te le donne.
— J'ai pas d'argent sur moi.
Cyprien fouilla dans sa poche, sortit son porte monnaie et me donna un euro.
— je te les prête, Bé, il faudra me les rendre sinon ça ne marchera pas.
Je donnais donc la pièce à Tim qui me redonna son couteau.
— Maintenant tu peux le mettre dans ta poche, Bé.
Je fis comme il disait - depuis ce jour j'ai toujours un couteau dans ma poche. J'expliquais à mes parents que j'étais convoqué à la gendarmerie, le lendemain matin et mon père me dit que je n'avais qu'à prendre ma journée.
105
Il était tard, surtout pour mon père quand on alla se coucher mais le lendemain j'étais frais et dispo pour le boulot.
L'avantage d'être à la machine c'est qu'on était dehors, sans être en plein soleil et qu'on ne pouvait pas trop se parler parce qu'il fallait hurler tellement elle faisait du bruit. Et pour être franc, je n'avais pas trop d'affinité avec mes collègues de boulot, à part Tonin.
On crevait de chaud. Je me mis torse nu. Les autres firent comme moi mais une heure après un des gars me demanda si je voulais changer de place avec lui. Ce blondin avait pris un putain de coup de soleil de ouf. Du coup je passais le reste de l'après-midi à sa place. Et je fis pareil le lendemain.
…
J'avais pris mon fourgon, aujourd’hui. Tonin insista pour que je parte plus tôt. Il nettoierait la machine, seul. Je l'avais déjà fait pour lui quand il était pressé de partir et pas moi. Aussi j’acceptais.
Les jours étant plus longs, on commençait depuis le premier mai une heure plus tôt. Ce qui fait que le soir on finissait à cinq heures. Tim fut surpris de me voir arriver mais comme il était prêt, on partit de suite. On descendait le raidillon quand une voiture tourna au bas de l'épingle à cheveux.
— Encore un qui a dû se perdre ou qui a le Tom-Tom.
En effet ce modèle de GPS indiquait que vous pouviez aller des Fourches au village voisin. Sauf que pour faire ça il fallait un gros 4X4 parce que la route stoppait et se transformait en chemin quelques centaines de mètres après la sortie de notre village.
J'entendis Tim gueuler.
— Putain les cons, ils vont se planter.
Et je vis la BMW qui nous doublait. En voyant la voiture en face le chauffeur donna un coup de volant, il prit le fossé, contrebraqua et partit en tonneaux. La BMW évita de justesse la voiture qui montait, fracassa la barrière de sécurité et plongea dans la pente en dessous.
Tim avait pilé et on partit en courant pour voir la voiture faire son dernier tonneau et retomber sur ses roues. On remonta en courant et on s'arrêta à la voiture. L'homme à l'intérieur était livide et la femme à côté de lui sanglotait.
Le père de Tim arriva peu après l’accident. Tim courut à sa voiture, lui dit ce qu'il venait de se passer et d'aller prévenir les secours. Son père fit demi-tour et repartit à fond.
Une chance qu’il passât par-là, car où on était, c'était zone blanche pour les portables.
— Tim, viens vite on va jusqu'à l'autre virage.
— Mais pourquoi ?
— On va voir si on peut encore faire quelque chose pour eux.
— Tu crois qu'ils sont encore vivants ?
— Je ne sais pas, il faut qu'on aille voir et les aider… si on peut.
On remonta dans le fourgon et on stoppa au bord de la route. On grimpa le talus en courant. C'était pas beau à voir. Tim se retourna et vomit. Je posais mes doigts sur la carotide du chauffeur. Il n'y avait plus rien à faire pour lui. Le gars derrière lui gémissait. Il avait une fracture ouverte du fémur. Je quittais ma ceinture et je lui fis un garrot. Celui de devant côté passager était mort aussi. Et celui à l'arrière suffoquait.
— Tim, tu as ton couteau ?
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Tu as ton couteau suisse ?
— Oui pourquoi ?
— File le moi vite et trouve moi un tube.
— Un tube comment?
— Style un stylo Bic, ça fera l’affaire.
— J'en ai un dans le camion, je vais le chercher.
— Dépêche-toi, après il va falloir que tu m’aides.
Il fit l'aller-retour en un temps record, me tendit le stylo auquel j'enlevais le bouchon et la tige d’encre. Je pris le couteau et sortis la petite lame que je savais coupante comme un rasoir.
— Tim, si je ne fais rien ce mec va mourir étouffé. Je vais avoir besoin de toi pour que tu lui tiennes la tête afin qu'il ne bouge pas.
— D’accord, montre-moi comment faire.
— Regarde comment le maintenir… Bon tu as compris. Moi maintenant je vais planter la lame du couteau à ce niveau-là et j'y mettrai le tube. Comme ça, il pourra respirer à nouveau.
— Tu veux dire que tu vas lui faire un trou dans sa gorge ?
— Oui Tim, si je ne le fais pas, il sera mort étouffé, quand les pompiers arriveront.
— Bé, je peux fermer les yeux.
— Tim, tu fais tout ce que tu veux mais surtout tu lui tiens bien la tête.
Il ferma les yeux au moment où j'enfonçais la lame. Le gars eu un sursaut mais Tim assura sa prise. J'enfonçais le tube du stylo et le gars se remis à respirer avec avidité.
— C'est bon Tim, tu peux le lâcher.
— Bé, je crois que je vais vomir.
Il n'avait pas dit ça qu'il se tournait et vomit. Je lui ébouriffais les cheveux pour le réconforter.
— Tu as assuré mec. Tu devrais aller au bord de la route pour arrêter les pompiers. Moi je reste là pour veiller sur eux.
— Oui, je vais faire ce que tu dis.
Il redescendit au bord de la route et je le vis prendre une bouteille dans le fourgon et se rincer la bouche. Par acquis de conscience je repris le pouls des deux gars à l’avant, j'insistais mais ça ne servit à rien. Je retournais voir celui qui avait la fracture ouverte, je resserrais le garrot, ce qui le fit gémir et j’allais voir le dernier. Il avait repris conscience et il commençait à s’agiter.
— Chut mon gars, Il faut que tu restes tranquille. Tu ne peux pas parler. Pour que tu puisses respirer, j'ai dû te faire une trachéotomie. Si tu comprends ce que je te dis cligne une fois des yeux… Bon, ok, tu comprends. Vous avez eu un accident très grave. Tes amis devant sont dans le coma. Et celui à côté de toi a une fracture ouverte, il vient de tourner de l’œil. Les secours sont en route. Ils ne vont pas tarder à arriver.
Il bougea son bras et tapota sur la poche de sa chemise.
— Tu veux que je prenne ce que tu as dans la poche ?
Il cligna des yeux une fois. Je sortis son portable, un IPhone dernière génération. Il avait une barre réseau dessus.
— Tu veux que je prévienne quelqu’un… D'accord je vais le faire. Je vais réciter l'alphabet et quand je serai sur la bonne lettre tu clignes des yeux.
M, ok… Mi, ok… Mic, ok… Michel ? Tu es le petit fils de Michel, du château ?
Il cligna des yeux. Et j’appelais. Il répondit de suite.
— Jérémy, je ne m'attendais pas à un coup de fil avant ce soir.
— Ce n'est pas Jérémy, Michel, c'est Jean-François.
— Mon dieu, le son de ta voix… qu'est-ce qu’il se passe ?
— Lui et ses amis ont eu un accident grave. Les pompiers sont en route.
— Comment vont ils ?
Je mentis, pour ne pas annoncer les morts.
— Il y en a deux qui sont dans le coma, mais ton petit fils et l’un de ses amis qui est évanoui, sont blessés, assez grièvement.
— Passe le moi, je veux lui parler.
— Il ne pourra pas te répondre. J'ai été obligé de lui faire une trachéotomie parce qu'il ne pouvait plus respirer. Mais il entend et comprend tout.
— Va à côté de lui et met le haut-parleur.
Courage Jérémy. Les secours arrivent. Qui est le garçon qui a la jambe cassé ? Tu veux bien essayer de le dire à Jean-François ?
— Il me fait signe que oui.
F,… Fa,…
— C'est Fabien c'est ça ?
— Il cligne à nouveau oui.
— Je vais raccrocher mais je te promets que je te rappelle de suite après.
Jérémy pleurait. Je pris sa main entre les miennes pour essayer de le réconforter. Les pompiers arrivaient enfin. Tim leur fit signe et ils grimpèrent en courant, le médecin en tête.
— les deux de devant sont des cas Delta Charly Delta. Celui de gauche a une fracture ouverte du tibia apparente, je lui ai fait un garrot que je n'ai pas encore relâché depuis que je l'ai mis, ça fait vingt minutes et celui de droite ne pouvait plus respirer je lui ai fait une trachéotomie. Lui est conscient et comprend ce qu'on lui dit.
— Ok merci. On commence par celui de droite.
Ils mirent en route leurs machines qui découpaient la tôle comme un couteau du beurre mou. Très vite Jérémy fut proche de sortir de la voiture. Son téléphone sonna. Je répondis. C'était Michel.
— Je ne peux pas te le passer. Les pompiers sont en train de le désincarcérer.
— D’accord. Je vais raccrocher et quelqu'un va te rappeler, tu lui passeras immédiatement celui qui commande les pompiers, ok ?
— Oui, ok, je le ferai.
… Oui monsieur je vous le passe.
Le toubib discuta avec l'autre mec que j'avais eu et me rendit le téléphone.
— Changement de programme. Ç’en est où du deuxième ?
— On t'attend pour pouvoir le sortir.
— Ok on y va.
On les charge tous les deux dans l’ambulance. Le champ plat, à côté du champ clos, ça te dit quelque chose.
— Oui, je sais où c’est.
— Tu vas avec eux et tu les guides. Un hélicoptère va venir les récupérer.
Les gendarmes arrivaient. On alla jusqu'au champ clos où un hélicoptère embarqua les blessés et on redescendit jusqu'au lieu de l’accident. Tim avait remonté son fourgon et l'avait remis plus ou moins là où on s'était arrêté. Les gendarmes arrêtèrent l'ambulance des pompiers et me demandèrent de descendre. Il y en avait plusieurs maintenant.
— Bé, les gens c'est des Russes. Il parlent anglais mais je comprends pas tout. Tu veux bien traduire.
— Ok j'y vais.
— … Bon, ils disent qu'ils ont une caméra embarquée et qu'ils ont pu filmer tout l’accident.
— Demande leur s'il peuvent nous donner l’enregistrement ?
— … Oui c'est possible de le transférer sur une clef USB. Ils en ont une, ils vont le faire de suite.
— Tu peux leur dire qu'on les attend demain à la gendarmerie à neuf heures pour prendre leurs témoignages. Ça vous va aussi ?
On rentra. Mes grands-parents, Cyprien, le père Mathieu, les parents de Tim discutaient sur la place. Ma grand-mère avait encore les yeux rouges . Mes parents arrivèrent.
— Heureusement que Bernard m'a dit que ce n'était pas vous qui aviez eu l'accident parce que sinon je mourrai sur place.
— Ça leur pendait au nez de toute façon. Tu as vu comment ils conduisaient ? Comme des malades.
— C'est grave ?
— Il y en a deux qui sont morts sur le coup et les deux autres dont le petit fils de Michel sont pas flamme.
— Y'a même Bébé qui a fait un trou dans la gorge d'un des gars pour qu'il puisse respirer avec mon couteau et il y a mis un bout de stylo.
— En parlant de ton couteau, tiens je te le rends. Je l'avais mis dans ma poche.
— Tu peux le garder, je te le donne.
— Mais pourquoi ?
— Tu crois pas que je vais me resservir d'un couteau avec lequel tu as fait un trou dans la gorge d'un mec, non ?
— Ok, comme tu veux. Merci Tim.
— Attend avant de le remettre dans ta poche Jean-François, quand on te donne un couteau, pour que ça ne coupe pas l’amitié, il faut donner un sou à celui qui te le donne.
— J'ai pas d'argent sur moi.
Cyprien fouilla dans sa poche, sortit son porte monnaie et me donna un euro.
— je te les prête, Bé, il faudra me les rendre sinon ça ne marchera pas.
Je donnais donc la pièce à Tim qui me redonna son couteau.
— Maintenant tu peux le mettre dans ta poche, Bé.
Je fis comme il disait - depuis ce jour j'ai toujours un couteau dans ma poche. J'expliquais à mes parents que j'étais convoqué à la gendarmerie, le lendemain matin et mon père me dit que je n'avais qu'à prendre ma journée.
105