Le vélo rouge
Cela fait plusieurs jours que le vélo rouge m’intrigue : il est posé tous les soirs contre le mur de l’immeuble en face du mien, et personne ne l’a volé, étonnant. Je n’ai pas encore vu son propriétaire.
Ce soir-là, je veux en avoir le cœur net : je fais les cent pas dans la rue. Je relève les yeux de mon smartphone, il est là, je ne l’ai pas vu arriver sur son vélo. Surprise, je le connais. C’est le nouveau fleuriste, jeune homme séduisant. J’achète chaque jour un bouquet, juste pour le plaisir de lui dire quelques mots.
— Bonsoir, me dit-il. Vous habitez dans cette rue ? Quel hasard, mon meilleur client !
— Bonsoir, quel hasard, en effet.
— Vous êtes amoureux ?
— Pourquoi ?
— Toutes ces fleurs, vous devez bien les offrir à quelqu’un…
Je ne sais pas ce qui me pousse à lui dire :
— Je suis amoureux… de vous.
Il rit.
— Je m’en étais douté. Montez.
— Mais…
— Si, si, j’insiste, montez. Mon prénom est Than.
— Le mien est Clément.
Je n’en crois pas mes oreilles, il m’invite chez lui, alors que j’ai au moins cinquante ans de plus que lui. Espère-t-il de l’argent ? Se prostitue-t-il ?
J’hésite, puis je le suis. Il habite au troisième étage, sans ascenseur. Je suis essoufflé, une légère douleur dans la poitrine. Il faudra que je retourne voir mon cardiologue, il me dira de maigrir et de faire de l’exercice, comme d’habitude.
Son appartement est simple, même austère, murs blancs, un canapé gris sur lequel il me fait asseoir, une table basse, un bouquet de roses rouges dans un vase de cristal. Il allume quelques bougies, baisse la lumière. Il met de la musique, du classique, religieux.
Je suis mal à l’aise, il fait trop chaud. Than se déshabille lentement, son corps est magnifique. Il s’assied à côté de moi, déboutonne ma chemise, décroche ma ceinture, glisse sa main dans mon pantalon. Je bande sans Viagra, cela ne m’était plus arrivé depuis des années. Il se met entre mes jambes et me suce. Au moment où je jouis, une douleur irradie ma poitrine. Je crie.
— Appelle une ambulance, vite !
— Trop tard, tu es déjà mort.
— Mort ?
— Oui, je suis Than, Thanatos, la Mort, la Grande Faucheuse.
— Ce n’est pas vrai ! Tu n’es pas un squelette, tu n’as pas de faux…
— Serais-tu monté avec moi ? Non. Je m’adapte, un jeune homme, un vélo rouge…
Je me dis que ce serait bien de passer l’éternité avec Than avant de sombrer dans le néant.
*********************************************************
L’ambulance arriva trop tard, l’homme était déjà mort. Le vieux vélo à côté du corps, rouillé, la peinture rouge écaillée, intrigua les enquêteurs. L’autopsie ne révéla rien d’anormal, à part des traces de sperme dans le sous-vêtement. On conclut à une mort naturelle.
Le vélo fut transporté à la fourrière. Personne ne le réclama jamais.
Cela fait plusieurs jours que le vélo rouge m’intrigue : il est posé tous les soirs contre le mur de l’immeuble en face du mien, et personne ne l’a volé, étonnant. Je n’ai pas encore vu son propriétaire.
Ce soir-là, je veux en avoir le cœur net : je fais les cent pas dans la rue. Je relève les yeux de mon smartphone, il est là, je ne l’ai pas vu arriver sur son vélo. Surprise, je le connais. C’est le nouveau fleuriste, jeune homme séduisant. J’achète chaque jour un bouquet, juste pour le plaisir de lui dire quelques mots.
— Bonsoir, me dit-il. Vous habitez dans cette rue ? Quel hasard, mon meilleur client !
— Bonsoir, quel hasard, en effet.
— Vous êtes amoureux ?
— Pourquoi ?
— Toutes ces fleurs, vous devez bien les offrir à quelqu’un…
Je ne sais pas ce qui me pousse à lui dire :
— Je suis amoureux… de vous.
Il rit.
— Je m’en étais douté. Montez.
— Mais…
— Si, si, j’insiste, montez. Mon prénom est Than.
— Le mien est Clément.
Je n’en crois pas mes oreilles, il m’invite chez lui, alors que j’ai au moins cinquante ans de plus que lui. Espère-t-il de l’argent ? Se prostitue-t-il ?
J’hésite, puis je le suis. Il habite au troisième étage, sans ascenseur. Je suis essoufflé, une légère douleur dans la poitrine. Il faudra que je retourne voir mon cardiologue, il me dira de maigrir et de faire de l’exercice, comme d’habitude.
Son appartement est simple, même austère, murs blancs, un canapé gris sur lequel il me fait asseoir, une table basse, un bouquet de roses rouges dans un vase de cristal. Il allume quelques bougies, baisse la lumière. Il met de la musique, du classique, religieux.
Je suis mal à l’aise, il fait trop chaud. Than se déshabille lentement, son corps est magnifique. Il s’assied à côté de moi, déboutonne ma chemise, décroche ma ceinture, glisse sa main dans mon pantalon. Je bande sans Viagra, cela ne m’était plus arrivé depuis des années. Il se met entre mes jambes et me suce. Au moment où je jouis, une douleur irradie ma poitrine. Je crie.
— Appelle une ambulance, vite !
— Trop tard, tu es déjà mort.
— Mort ?
— Oui, je suis Than, Thanatos, la Mort, la Grande Faucheuse.
— Ce n’est pas vrai ! Tu n’es pas un squelette, tu n’as pas de faux…
— Serais-tu monté avec moi ? Non. Je m’adapte, un jeune homme, un vélo rouge…
Je me dis que ce serait bien de passer l’éternité avec Than avant de sombrer dans le néant.
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L’ambulance arriva trop tard, l’homme était déjà mort. Le vieux vélo à côté du corps, rouillé, la peinture rouge écaillée, intrigua les enquêteurs. L’autopsie ne révéla rien d’anormal, à part des traces de sperme dans le sous-vêtement. On conclut à une mort naturelle.
Le vélo fut transporté à la fourrière. Personne ne le réclama jamais.
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Récits de Lange128 indisponibles sur Slygame
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